Initiation aux armes [Parvati]

Initiation aux armes

Quelque part, dans la périphérie de Gotham City…


Je l’avais lâché à environ cinq kilomètres de là avec une bouteille d’eau et un gps. Un petit échauffement matinal sans prétention, je ne voulais pas trop l’user pour le véritable exercice qui l’attendait… plus loin.

Cela faisait plus d’un mois que la gamine m’avait demandé de l'entraîner. J’avais cédé assez rapidement en voyant à quel point elle était désespérée. J’aurais pu l’abandonner à son sort après l’épisode du bar qui m’avait fait sacrément galérer, j’avais hésité à le faire. Cette fille était une source à emmerdes et une bombe à retardement vivante… Mais elle m’avait rappelé ma propre situation, il y a longtemps de ça. J’avais dû gérer toute seule une fois échappée du Centre. J’avais planté les dents et galéré comme une chienne pour m’en sortir et m’intégrer à ce monde auquel j’étais complètement étrangère. Je savais ce que c’était de devoir mentir à tout le monde et de devoir cacher sa nature, j’étais mieux placée que n’importe qui pour comprendre ce qu’on ressentait en étant traquée, à craindre pour son avenir, sa liberté et sa vie.

Je ne me sentais pas responsable de Parvati. Je ne prenais pas son fardeau sur mes épaules. Son histoire, son problème. J’avais cédé à sa demande en pensant la faire renoncer au bout d’un entraînement ou deux, à dire vrai. Je l’avais prévenue et j’avais été fidèle à ma parole, j’avais commencé par une première séance d'exercices draconien : cardio et renforcement musculaire. Elle était aussi flasque qu’un mollusque et crachait comme un asthmatique en pleine crise alors qu’elle s’agitait à peine… Quoi j’abusais ? A peine. J’avais définitivement voulu la décourager… Et je n’avais pas réussi. Elle avait craché ses poumons, elle avait continué à en vomir, à la limite du malaise… Au ralenti parfois, mais elle s’était relevée. Et au bout d’une semaine, j’avais fini par comprendre qu’elle n’allait pas renoncer.

A partir de là, j’avais commencé à la prendre au sérieux. Elle n’était peut-être pas formée ni capable de quoi que ce soit pour l’heure, mais elle avait la volonté pour progresser… Et qui disait volonté, disait potentiel. Je respectais la force de caractère et les personnes qui se donnaient les moyens d'aller au bout de leurs objectifs, c'était une qualité cruciale à mes yeux.

De là, j’avais commencé à adapter les exercices à son niveau. J’étais toujours très exigeante et je la poussais dans ses retranchements, mais je ne cherchais pas à la détruire. Quatre-vingt pourcents de l'entraînement était dédié au renforcement musculaire et à l’amélioration de son endurance, le reste servait à l’initier à des techniques de base de self-défense. Il lui faudrait du temps pour réellement progresser, mais j’avais espoir en quelques mois de réussir à donner à ce petit diamant la première impulsion pour gagner en autonomie.

Je ne lui avais pas demandé d’argent. Je n’attendais d’elle que son respect et sa loyauté en échange de mon investissement. J’avais fixé les limites : pas de question trop intrusive de sa part sur mon passé ou la vie que je menais. “Icare” était le nom avec lequel je m’étais présentée à elle.

Du reste, les entraînements se faisaient plutôt dans une ambiance ludique. Je faisais les exercices avec elle, la plupart du temps, pour lui montrer que c’était possible et parce que j’avais moi-même désespérément besoin de me défouler chaque jour pour me sentir bien. Et je déconnais, beaucoup. Elle me trouvait peut-être cinglée, qui sait ? Mais elle revenait, pourtant. J’en venais à me demander qui était la plus tarée des deux, au final.

Cinq kilomètres à parcourir aujourd’hui. Je l’avais largué là en lui laissant des coordonnées GPS, elle devait me rejoindre le plus vite possible… Et au bout du parcours, un terrain isolé au milieu des arbres, sur lequel j’avais installé des cibles et entreposé diverses armes. Aujourd’hui et pour la première fois, j’allais la faire tirer.

Après avoir tout installé, je m’assis sur une souche d’arbre pour siroter une tasse de café bien chaud que j’avais emporté. Et lorsqu’elle déboula enfin, mon premier réflexe fut de jeter un coup d’oeil à ma montre pour voir l’heure et mesurer sa performance.

-Pas trop mal, commentai-je. Tu progresses. Respire un peu. Tu veux une tasse de café ? Ou de thé ?

Je lui laissai tout le loisir de prendre un petit déjeuner bien mérité, avant de lui montrer mon installation.

-Aujourd’hui, je t’initie aux armes à feu. Ce sont des outils mortels, alors tu respectes bien les consignes. Ne t’attends pas à devenir une pro de la gâchette en quelques jours… L’objectif de la journée sera de te faire tester différents modèles et de voir avec lequel tu te sens le plus à l’aise. De là, on pourra commencer un vrai entraînement. Il y a au moins un avantage à vivre aux Etats-Unis… Obtenir un port d’arme est presque aussi simple que d’aller faire ses courses au supermarché.

Ça pourrait être un poil plus compliqué quand on était étranger, mais même là…

C’était un pays de cinglés, je l'adorais.

-C’est bon pour toi ? lui demandai-je pour vérifier qu’elle n’avait pas d’angoisses particulières à l’idée de manipuler une arme à feu.

Et si c’était ok, je commençai par lui expliquer les consignes de sécurité élémentaires, prenant le temps de répéter s’il fallait. Et je la laisserai observer les modèles et attraper celui qui l'attirerai le plus au premier coup d'oeil. C'était toujours un moment intéressant... Le lien qui pouvait se créer entre une arme et son utilisateur. Quasi affectif, en ce qui me concernait... Mais j'avais conscience de ne pas vraiment raisonner comme les autres.

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-C’est quoi le soucis ? lui demandai-je frontalement.

Il n’y avait rien de pire que les non-dits. Si quelque chose la perturbait, elle allait être moins efficace à l'entraînement. Je préférais jouer cartes sur tables et avoir tous les éléments en main pour adapter les choses et gérer en connaissance de cause.

Une fois la question réglée, je lui donnai les règles de sécurité inhérente à la manipulation de toute arme à feu avant de la laisser toucher, manipuler, et tester ses affinités avec les différents modèles. Elle aurait l’occasion d’en expérimenter plusieurs aujourd’hui, mais je trouvais intéressant de lui laisser faire ses premiers pas à l’instinct. Je serai là pour la conseiller à tout moment.

Un Beretta 92 FS pour premier choix. Intéressant.

-Va pour le beretta.

J’entrepris de lui expliquer les spécificités de l’arme et lui montrais patiemment comment glisser le chargeur et armer. De là, je lui montrais comment se positionner face aux cibles que j’avais installée à différentes distances, la plaçant face aux plus proches. Un tas de boîtes de conserve vides empilées les unes sur les autres.

-Dans un premier temps, tu apprends à toucher une cible immobile. Si un jour tu es assez à l’aise avec ça, on passera aux mobiles.

On y était pas ! Loin de là…

-L’objectif aujourd’hui c’est que tu te familiarises avec le recul de quelques armes, que tu saches, charger, décharger facilement, et bien sûr, que tu touches au moins une cible. On va voir à quel point tu es douée avec une arme à feu…

Je lui sourit.

-T’en fais pas, personne n’est bon au début.

Je ne me souvenais pas de mes débuts, personnellement. Du plus loin que je me rappelle, j’avais toujours manipulé des armes…

-Si tu arrives à toucher la cible, là-bas, avant ce soir, lui dis-je en lui montrant l’objectif le plus éloigné de nous. Je t’invite au restaurant.

J’avais cru comprendre que la demoiselle avait bon appétit et appréciait de manger. J’étais un professeur sévère, mais il m’arrivait de temps à autre de faire preuve d’attention envers mon élève. C’était ma première après tout… Il fallait bien la bichonner de temps en temps.

-Un où il n’y a pas une armada de sorciers pyromanes, de préférence.


Je la laissai se mettre en place, corrigeant en douceur sa posture du bout des doigts, lui expliquant comment placer ses bras et ses yeux pour viser.

-Prends ton temps.

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Initiation aux armes

Quelque part, dans la périphérie de Gotham City…

La brunette croisa le regard de son mentor, son attitude changeant du tout au tout au souvenir de la première fois que sa famille et elle avaient fait les frais d’une arme à feu. Son corps se raidit quelques instants. Le temps avait laissé des cicatrices, mais ces dernières pouvaient parfois s’ouvrir, rappelant à la jeune femme que l’on ne guérit jamais totalement de ses traumatismes. On apprend à vivre avec, au mieux.

« Mes parents sont morts, tués par la mafia de la Côte Ouest. J’y serai restée aussi sans … mes pouvoirs. Rien de grave, c’est du passé. » déclara-t-elle d’un ton froid.

Sitôt l’explication fournie, son mentor entreprit de lui expliquer les fondamentaux du maniement des armes à feu. Tout d’abord, le démontage de l’arme, le remontage, charger, décharger, entretenir, … Sous ses conseils patients, Parvati apprit qu’une arme était un outil dont on se devait de prendre soin pour ne pas se retrouver démuni au plus mauvais moment. La jeune femme mémorisa autant que faire se peut les termes techniques et les différentes étapes de montage afin de pouvoir les reproduire. Elle dut s’y reprendre à trois fois avant de réussir à remonter l’arme proprement, ce qui n’était pas si mal au vu de sa méconnaissance des armes à feu. Elle ne pouvait s’empêcher de regarder la manière dont « Icare » montait et démontait l’arme à feu avec une certaine dose de jalousie. Elle était douée … diablement douée. Ses gestes étaient précis, sûrs et visiblement rompus à ce genre d’exercice. Venait-elle de la surprendre en train de remonter l’arme les yeux fermés ? Elle avait sûrement rêvé.

Puis vint la séance de tir.

La récompense proposée par Icare était alléchante. Il en fallait peu pour satisfaire et motiver Parvati. La perspective d’un bon repas était suffisante pour lui donner envie de se dépasser. C’était au fond une femme simple avec des goûts simples : du repos, de la nourriture et du soleil suffisaient à son existence et si elle n’avait pas été affligée dès la naissance par la Source, elle aurait probablement passé ses jours sur une plage à siroter des Cuba Libre en lisant des romans policiers.

Parvati écouta attentivement les explications d’Icare et mémorisa les différentes étapes lui permettant de tirer sans se blesser et sans subir un recul trop important. Cela ne semblait pas … si difficile que ça à première vue. Parvati finit par se positionner sur le pas de tir et mettre en joue la première boite de conserve. Icare corrigea sa position et la jeune femme inspira profondément.

Le premier coup de feu retentit dans la forêt.

Quelques étourneaux s’envolèrent en piaffant tandis que le son de la balle dans le fût du canon se réverbérait entre les arbres. Lorsque Parvati rouvrit les yeux, la douleur commença à sourdre dans ses avant-bras. Elle avait réussi à maintenir sa position, mais le manque de souplesse dans son tir avait endolori ses os et ses muscles. Les mains crispées contre la crosse de l’arme, elle découvrit que son tir avait loupé la boite de conserve d’un bon mètre, se fichant dans le cœur d’un chêne quelques mètres plus loin.

Elle expira ce qu’il restait d’air dans ses poumons et reprit une grande inspiration, essayant de reprendre sa contenance. Silencieusement, elle fit le calme dans son esprit et reprit le contrôle de son corps en alerte. Le chargeur était encore plein … et la journée avait à peine commencé. Lentement, elle repositionna son viseur vers la cible …

Un deuxième coup de feu retentit.

Il fallut 27 balles avant que Parvati ne parvienne à toucher la première boite de conserve. Lorsqu’elle y parvint, elle laissa s’échapper un cri de victoire. Au vu de la distance et de son manque d’expérience, c’était plutôt un bon score. Au fur et à mesure de ses tirs, Icare avait progressivement corrigé la posture de la magicienne jusqu’à ce qu’elle prenne le pli. Le trou dans la boite de conserve témoignait de la réussite de cet enseignement … Il ne restait qu’à s’améliorer à partir de cette base.

Malheureusement pour Parvati, l’entrainement ne s’arrêta pas à cette petite victoire. Il lui fallut continuer jusqu’au soir, sans relâche, jusqu’à ce que toutes les cibles fussent abattues et que son corps soit suffisamment adapté au son et aux secousses produites par un tir de pistolet. Au final, ce n’était pas moins de 356 douilles qui gisaient sur le sol … et en face une trentaine de cibles abattues. Une bonne dizaine de balles par cibles, avec une précision qui s’améliorait d’heures en heures. Ce n’était pas si mal pour une apprentie. Bien entendu, Parvati, exténuée, doutait que cela soit suffisant aux yeux d’Icare, mais elle s’accrocherait … comme d’habitude.

Epuisée par l’effort, elle dut quand même ramasser l’intégralité des douilles perdues sur le sol. Il était hors de question de laisser des cochonneries dans la nature et un tel festival de balles finirait par attirer l’attention. Après quelques minutes à ramasser les douilles dans un sac poubelle, elle finit par pouvoir souffler un peu.

« C’est bon ... J’ai terminé »

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Initiation aux armes

-Ca a l’air plutôt grave, pourtant.

A quoi ça servait de minimiser les faits ? On trainait tous nos cadavres dans le placard, certains souvenirs nous suivaient constamment et dictaient notre comportement au quotidien.

-Ce sera une bonne motivation, alors. Devient plus forte pour pouvoir te protéger toi, ainsi que tes proches… Ou pour te venger, si tu en ressens le besoin.

Je n’étais pas d’un naturel empathique, je n’allais pas pleurer avec elle la disparition de ses parents. En revanche, j’avais aussi connu le deuil, je savais ce que ça faisait d’être terrassée par le chagrin et la rage… Les forts survivaient et pouvaient imposer leur philosophie, les autres subissaient. Se victimiser ne changeaient rien à la situation, contrairement au fait de s'entraîner et d’avoir la volonté de progresser. Elle avait le bon état d’esprit.

-Tu as un grand potentiel. Un jour, c’est peut-être toi qui fera peur aux autres.

Mais il y avait du boulot avant d’en arriver là, pensai-je en la regardant s’exercer, heure après heure. Je m’étais installée non loin, surveillant et donnant des conseils de temps à autre pour améliorer sa vitesse ou lui rappeler comment procéder. Je passai l'essentiel de mon propre temps à lire un ouvrage de vulgarisation scientifique. Je m’intéressais à la physique quantique en ce moment, cherchant des réponses à certaines questions que je me posais sur mon propre pouvoir. J’avais été élevée de la manière la plus cartésienne possible. Pragmatique, cotoyant plus encore de scientifique que de maitres d’armes. J’avais beaucoup appris au Centre et je continuais sans cesse d’enrichir mon esprit de nouvelles connaissances, consciente que la clé de voûte de mon pouvoir reposait sur la compréhension de mon environnement.

« C’est bon... J’ai terminé »

Je posai le livre et levai les yeux, toisant le paysage.

-C’est bien. Allons manger un morceau. De quoi as-tu envie ?

Une promesse était une promesse
Le trajet du retour dû paraître autrement plus reposant à Parvati. Plus tard, quand je l’estimerai apte, je n’hésiterai pas à la faire courir également le soir, pour lui enseigner à repousser un peu plus loin ses limites. Mais il était trop tôt.

Je lui proposai de la ramener chez elle si elle le souhaitait pour prendre une douche. Sitôt prête, direction le restaurant !

Nous n’eumes guère de mal à obtenir une place, il était encore tôt, mais mon intuition me soufflait que la demoiselle allait dévorer son repas.

Je pris place et jetai un coup d’oeil sur la carte.

-Alors, tes impressions sur cette journée ?

J’aimais prendre un temps après les entraînements pour avoir un feedback. Ca me permettait d’appréhender l’état d’esprit de la jeune femme et de m’adapter.

-Est-ce que tu as l’impression d’avoir progressé depuis notre rencontre ?


Etait-elle satisfaite ? J’avais dans l’idée que ça n’avait pas été facile pour elle d’utiliser une arme à feu. Affronter ses vieux traumatismes était une preuve de courage.

Je me tue un moment pour lire la carte et arrêter mon choix sur un plat et une boisson.

-Est-ce que les personnes qui te cherchaient se sont remanifestées depuis l'incident du bar ?

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Initiation aux armes

Quelque part, dans la périphérie de Gotham City…

Les yeux de Parvati s’illuminèrent quand son mentor respecta sa promesse de l’emmener au restaurant. Ni une, ni deux, la jeune femme avait proposé un restaurant indien situé dans le cœur de Gotham. C’était typiquement le genre de restaurant où elle aurait été un peu idiote de venir seule … le restaurant était suffisamment chic pour rendre mal à l’aise les personnes venues déguster seules un plat végétarien.

Après s’être douchée et purgée de l’odeur de poudre mélangée à la sueur qui lui collait au corps, la jeune femme avait choisi de mettre l’une des robes qu’elle avait eu en remerciement de la vente du tableau de la Cosa Nostra, il y a quelques temps. C’était une belle robe noire, assez discrète, qui contrastait avec les vêtements de sports dans lesquels son mentor était habitué à la voir. La robe sentait encore le pressing, ce qui, après l’odeur de poudre, était une véritable amélioration. Parvati compléta sa tenue avec des collants noirs et des bottines à talons. Ce n’était pas du grand art, mais au moins … c’était passe-partout.

La carte du restaurant proposait des plats végétariens pour la plus grande part, comme toute bonne cuisine indienne. Dans l’ambiance feutrée du restaurant, les deux femmes avaient opté pour une table discrète, où des raffraichissements avaient été servis dans l’attente de leur choix de plats. Parvati, toujours d’excellente humeur quand il s’agissait de manger, guida Icare sur la nature des plats proposés sur le menu à la fois écrit en anglais et en hindi.

Il ne fallut pas longtemps avant que son mentor ne revienne au cœur du sujet, tandis que le serveur repartait vers les cuisines avec leur commande sur sa tablette. Elle prit une gorgée de sa boisson.

« Je suis toujours en vie et je ne sens pas que mon corps me hurle de l’achever. Je pense que c’est un signe d’amélioration, non ? » dit-elle en riant.

Les progrès de Parvati étaient certains. Elle en rigolerait un peu moins demain au réveil, quand ses muscles lui rappelleraient leur existence, mais au final, ses progrès étaient tangibles de jours en jours. Icare était une chic femme et un bon professeur et si Parvati ne parvenait à acquérir qu’un dixième de ses compétences, elle pourrait s’estimer chanceuse !

Elle n’avait pas conscience – pour son plus grand malheur – qu’elle n’était qu’au pied de la colline que s’apprêtait à lui faire gravir Sia. Ces entrainements n’étaient qu’une mise en bouche et si pour l’instant, elle tenait le coup, Sia ne lui avait pas encore retiré les roulettes.

« Oh ! Tu veux dire, ceux du bar ? Je pense qu’ils sont plus occupés à s’étriper entre eux qu’à penser à moi. Dans leur tête, je ne suis qu’une jeune femme sans défense. Par contre … je crains que notre petite échauffourée de l’autre jour n’ait attiré d’autres sorciers. C’est le problème avec les sorciers. Dès qu’ils sentent de la magie, il faut qu’ils rappliquent. Je pense qu’ils ont senti la magie de nos « amis » et veulent s’en emparer. C’est assez courant je crois … Ils s’entredévorent pour gagner en puissance. Ca leur évite de bosser sur leurs talents. »

Il était vrai que la recrudescence de sorciers à Gotham n’était pas naturelle. Les sorciers étaient attirés par la magie, mais l’augmentation du nombre d’utilisateurs de la magie dans une métropole comme Gotham ne présageait rien de bon, bien que Parvati n’en soit pas la cause. La magie attirait la magie et les sorciers en voulaient toujours plus. Si Gotham avait déjà fort à faire avec les criminels de bas étage, que se passerait-il lorsque les rues seraient bombardées de sortilèges lancés par des sorciers en plein règlement de compte ?

« T’inquièterais-tu pour moi ? Je suis tout à fait capable de me défendre tu sais ? » dit-elle sur le ton de la blague en montrant son biceps gauche, afin de détendre l’atmosphère.

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J’étais toujours amusée de voir le regain d’énergie qui semblait gagner Parvati à chaque fois qu’il était question de nourriture. La jeune femme devait avoir une machine à convertir l’énergie cachée quelque part dans son estomac.

Elle avait choisi un restaurant indien. Pas très dépaysant pour elle, songeai-je. Mais après tout, ça devait surement faire du bien de temps en temps de consommer des produits qu’on aimait quand on avait une double culture ou qu’on était expatrié. Je ne pouvais que supposer, n’ayant aucune attache culturelle. J’allais où me portais le vent sans ressentir de gêne en passant la frontière. Ma culture était celle du Centre, j’étais une apatride et je le resterai probablement toute ma vie.

-C’est mieux que de ne plus rien ressentir du tout, ça veut dire que tu es vivante, répondis-je narquoise.

Je fis tournoyer ma limonade dans mon verre, jouant à tapoter les glaçons et les citrons avec ma paille. 

-Mais l’un d’eux en avait après toi spécifiquement, non ? Celui-là n’est pas revenu à la charge ?

Apparemment pas. Je doutais qu’elle me cache une telle information. Les émotions de Parvati se lisaient sur son visage, elle était pleine et entière. Je l’aurais senti si elle avait été particulièrement stressée ou angoissée.

J’eus une grimace écoeurée.

-C’est une forme de cannibalisme ? Ça fonctionne comme ça chez les magiciens, ils se bouffent entre eux pour devenir plus fort ?

Ça avait l’air particulièrement dégueulasse. Une vraie bande de piranhas !

-Oh, je te connais un talent certain pour filer des coups de pieds aux types qui sont déjà à terre… dis-je en tendant le doigt pour toucher le muscle que me montrait la jeune femme.

J’eus un sourire. Il y avait encore du boulot…

-J’espère que tu seras bientôt capable de frapper quelqu’un qui est en pleine forme.

Et de préférence sans finir au tapis à la première riposte.

-Est-ce que tu as trouvé un maître pour t’enseigner les arts occultes ?

Un professeur, ça voulait dire une personne de confiance pour la cadrer, l’aider à devenir plus forte sans qu’elle perde le contrôle et surtout pour la protéger si les choses venaient à dégénérer ou si elle était prise pour cible. Elle en avait terriblement besoin.

-Apprendre à discipliner ton corps, c'est bien. Apprendre à maitriser et à utiliser ton pouvoir, c'est mieux.

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Quelque part, dans la périphérie de Gotham City…

La jeune femme prit le temps de répondre aux interrogations d’Icare, sans rien lui cacher. Parvati était suffisamment en confiance pour s’ouvrir à son mentor, quand bien même cette dernière gardait une immense part de mystère. Ce n’était pas gênant … tout le monde avait ses secrets et dans une ville comme Gotham City, il était sage de ne pas trop creuser dans le passé des gens si l’on n’y était pas expressément invité.

« Oh non, il n’est pas encore revenu à la charge. Pour ça, il faudrait qu’il me retrouve et je suis assez confiance sur ma capacité à semer les mages. Une fois révélés, ils laissent une sorte d’odeur … ou une impression de magie. S’il passait la porte à cet instant, je le sentirai et j’irai dans la direction opposée … ou bien, je pourrai lui mettre un nouveau coup dans les valseuses, ha ha ha ! » déclara-t-elle d’un ton enjoué.

Les mages vivaient cachés et nombreux étaient ceux qui cachaient leur aura, mais une fois cette dernière révélée, il leur était plus difficile de se dissimuler aux yeux des autres mages. Ils avaient fait l’erreur de se révéler à Parvati et de faire étalage de leurs pouvoirs. Elle avait désormais connaissance de la nature de leur aura … Elle ne se ferait plus prendre de court. Et puis, elle avait vu leur visage …

« Voler les pouvoirs des autres est une pratique courante chez les mages. C’est un peu comme du cannibalisme si tu veux. La plupart des mages n’ont pas le temps de raffiner et de travailler leur art – il faut bien gagner sa vie - et il s’avère que la méthode la plus rapide pour gagner en puissance est de dévorer la magie d’un autre sorcier. Ca laisse des marques dans l’âme de ceux qui s’y essaient, mais c’est une manière efficace pour augmenter sa puissance sans trop se fouler. » ajouta-t-elle alors qu’on leur servait les plats.

La demoiselle ne se fit pas prier pour commencer son plat. Après une rapide prière en remerciements à ses dieux, elle attaqua son repas et le dévora avec une vitesse surprenante. Tout cet entrainement avait mis Parvati en appétit, c’était indéniable. Quant à la question du maître …

« Ah oui ... j’ai bien un mage qui m’enseigne ce que je dois savoir. C’est un vieil alcoolique souvent plongé dans ses souvenirs mais … dans les moments où il n’est que légèrement pompette, il est … potable, je suppose … »

Constantine était un professeur étrange, mais pas dénué de compétences, ça, c’était sûr. L’homme était un sorcier exceptionnel, mais perclus de problèmes et de fantômes qui l’empêchaient de déployer son potentiel. Il avait mis Parvati à l’épreuve et si son entrainement n’était pas aussi intense que celui d’Icare, il n’était pas moins dangereux. Si elle hésitait encore à retirer son anneau, Parvati savait que désormais, elle était capable de maîtriser suffisamment la Source pour l’empêcher d’exploser, et même, lancer quelques sorts sans détruire le voisinage.

« Un certain Constantine … Je ne sais pas si ça te dit quelque chose … »

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J’affichai un sourire amusé.

-Le coup dans les valseuses, ce serait avant ou après que je lui casse le bras?

Je me rappelais du comportement de Parvati dans le bar. Courageuse, mais pas téméraire. Peut-être que les leçons que je lui donnais l’aidait à prendre confiance en elle… J’espérais qu’elle ne prendrait pas trop confiance non plus, cependant. Elle n’était pas encore prête à affronter physiquement un adversaire plus solide et mieux entraîné. Sur le plan magique en revanche, je n’en avais aucune idée ce n’était pas mon domaine.

-Mais toi, tu ne laisse pas aussi “d’odeur magique” ? Si tu es si puissante que tu le prétend, ça doit sentir fort…

Je l’imaginais telle une fleur, attirant toutes les abeilles… La métaphore n’avait peut-être aucun sens dans ce contexte donné. Une fois encore, je ne connaissais rien aux règles de la magie.

Du cannibalisme magique… Le concept sonnait bien dégueulasse.

-Super… Heureusement que les métas-humains ne peuvent pas faire la même chose entre eux où le pays serait à feu et à sang. Ça tue les victimes, j’imagine ?

Je regardai mon élève ingurgiter son repas avec un certain amusement. Parvati et la nourriture, c’était une sacré histoire…
Je saisis à mon tour ma fourchette et la piquai dans mon plat.

Alors elle s’était trouvé un maître…
C’était une bonne chose, j’imagine. Qu’une bombe vivante apprenne à ne pas exploser, ça ne pouvait pas faire de mal. Surtout quand ladite bombe vivait dans la même ville que moi… J’avais bien imaginé déménagé à quelques reprises depuis ma rencontre avec Parvati. J’aimais bien Gotham mais je n’avais jamais été une sédentaire et ma vie m’importait plus que les quelques relations que j’avais pu tisser là-bas. Cela dit… Je préférais garder la bombe à portée de regard et m’assurer. On m’avait appris à me confronter aux problèmes, certainement pas à me cacher la tête dans le sable en espérant que le mal disparaisse tout seul. Je pouvais former cette jeune femme, renforcer son mental et son corps, l’aider à survivre. Et un jour, peut-être qu’elle aurait l’occasion de me rendre la pareille.

-Le type qui t’apprend la magie est un alcoolique ? demandai-je perplexe. Tu n’as pas l’air très convaincue, tu apprends des choses avec lui ?

Constantine… Je réfléchis un moment avant de secouer la tête.

-Non, inconnu au bataillon. Comment as-tu fait sa connaissance ?

“Es-tu bien sûre qu’il ne t’approche pas par intérêt ?”

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Toujours dans le restaurant


Parvati éclata d’un rire sonore et franc.

« Je ne pense pas qu’il s’en remettrait de toute façon. Avec la leçon qu’il a pris, il ne risque pas de revenir de sitôt. Par contre, ces gens-là ont la rancune tenace. Il risque de revenir à la charge dans quelques temps, mais je serai prête d’ici-là. » ajouta-t-elle en reprenant une gorgée dans son verre.

La demoiselle montra alors à Icare l’anneau de bronze qu’elle portait à l’index de la main droite. Un anneau tout simple, poli par les années et parfaitement lisse. Il ne payait pas de mine comme ça, mais il était le seul objet qui permettait à la demoiselle de ne pas exploser la moitié de Gotham dans l’heure. Elle agita sa main devant son mentor.

« Ca ... C’est un anneau qui dévore la magie de son porteur. Il n’a pas l’air bien méchant, mais cette petite saleté fait en sorte que toute la magie que je génère naturellement soit dissipée.  »

Elle passa son doigt sur l’anneau, d’un air pensif.

« On me l’a donné il y a quelques années. Sans lui, je serai probablement morte à l’heure qu’il est. Le gros avantage, c’est que comme il dévore ma magie, il me fait apparaître comme parfaitement normale aux yeux des sorciers. A moins que je ne commence à lancer des sorts ou à libérer ma magie, un sorcier me voit comme tout à fait humaine. Après … tous les sorciers ne tuent pas leurs victimes en les cannibalisant. Enfin … disons qu’une personne vidée de toute sa magie et coupée de son contact avec la Source, ce n’est pas beau à voir. »

Parvati avait déjà vu des photos et des rapports de personnes vidées de leur magie. La simple possibilité que l’on puisse couper une personne d’une force aussi puissante et vitale que la magie lui faisait froid dans le dos. Elle avait vu les photos de ces personnes complètement dévastées, au bord du suicide … clairement, la mort, à ce stade-là, était une miséricorde. De toute façon, un sorcier coupé de son accès à la magie ne durait jamais très longtemps. Ils finissaient tous par mettre fin à leurs jours.

« Mon mentor en matière de magie est un alcoolique notoire, mais c’est apparemment le meilleur que l’on peut avoir sous la main sur la Côte Est. Il n’est amer que quand il est sobre. Le reste du temps, c’est un excellent sorcier. Du moins … depuis que j’apprends avec lui, j’ai l’impression que je peux souffler un peu sans risquer de démolir un quartier. C’était un ami de mon ancienne tutrice, qui a disparu récemment. Depuis, je gère sa collection, le temps qu’elle revienne. »

La gamine en disait toujours un peu trop, mais elle se sentait en confiance. Jusqu’à présent, son professeur de self-défense avait été particulièrement honnête avec elle et elle sentait instinctivement qu’elle pouvait relâcher sa vigilance.  

« Mmmh … Mais sinon, vous ne m’avez toujours pas dit … Que comptez-vous faire après m’avoir entrainé ? Vous allez quitter Gotham ? »

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-J’imagine que déménager n’est pas une option pour toi ? l’interrogeai-je.

Elle aurait fait ses bagages depuis longtemps autrement. C’était pourtant le meilleur moyen de brouiller les pistes quand on était poursuivi. Enfin… La jeune femme ne semblait pas angoissé pour un sous. Soit elle ne craignait vraiment rien, soit elle sous-estimait ses adversaires. Personnellement, je me rappelais très bien de leur force de frappe, quelques côtes m’avaient dit merde ce jour là, et ma tablette avait explosé…

Je regardai son bijou. Elle m’en avait vaguement parlé, je crois. Entre ça et l’information comme quoi elle pouvait bousiller un pâté de maison à elle seule. Ce jour-là, j’avais hésité à foutre le camp de Gotham… Et puis finalement, je m’étais dit qu’il valait mieux garder la bombe vivante dans mon champ de vision et sous contrôle.

-Ok, un anneau brouilleur de piste… dis-je en mastiquant. C’est ton ancien mentor qui l’a enchanté pour toi ? Tu sais faire ce genre de chose, toi ?

Il y en avait d’autres, des bijoux enchantés ? Des machins qui pouvaient donner quelques capacités surhumaines ? Ça devait être bien pratique… Ou pas, si ça rameutait tous les timbrés du coin.

Quant à son nouveau maître… Je ne savais trop quel avis me faire à son sujet. Un alcoolique notoire au fort tempérament, ça ne sonnait pas très rassurant. Mais si Parvati apprenait au moins un peu à se contrôler en sa présence, c’était une très bonne chose.

-Présente le moi à l’occasion.

J’aurais l’occasion de vérifier que ce type était sérieux. Parvati était beaucoup trop naïve pour son propre bien... Et puis… Ce monde de magie m’intriguait réellement. Je me posais beaucoup de questions et la demoiselle n’était pas capable de répondre à toutes. Peut-être que je pourrai en apprendre plus en parlant avec d’autres magiciens.

-Je partirai un jour, oui.

Pour ce qui était du “quand”, je n’en avais pas la moindre idée.

-Quand je me lasserai de Gotham.

“Quand le niveau d’emmerdes que j’aurai aura largement dépassé le plaisir de vivre dans cette ville corrompue et chaotique”

-Pourquoi, tu as peur que je m’en aille bientôt ?

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Initiation aux armes

Toujours dans le restaurant


La demoiselle passa son index sur l’anneau, d’un air pensif. Effectivement, déménager, ce n’était pas une option. Gotham était une cité assez singulière. Tout ce que la Côte Est comptait de super héros et de super vilains convergeait vers la métropole, tant et si bien qu’il s’agissait à la fois de l’endroit le plus dangereux et le plus sûr pour quelqu’un comme Parvati. Sans cette concentration de vigilants, elle n’aura jamais été sauvée par Icare l’autre jour.

« Soyons sérieuses un instant. Mieux vaut que je vive dans une ville remplie de vigilants pour me sauver plutôt que de me planquer dans les forêts du Montana. Et puis, si c’est pour finir au milieu d’un ranch en santiags, très peu pour moi ! Je préfère le charme crasseux des villes de la Côte Est. Et s’il y a bien un endroit où je pourrai trouver un moyen de contrôler ma Source, c’est bien à Gotham. »

Parvati était totalement inconsciente des véritables activités d’Icare. Comment cette jeune femme naïve aurait-elle pu imaginer que devant elle se trouvait l’une des voleuses les plus expérimentées du monde, mais aussi une tueuse expérimentée ? A ses yeux, elle aurait pu être une mercenaire, ou encore une simple self-made woman avec un sérieux penchant pour les armes. Bon … Cela faisait quand même d’Icare quelqu’un de raisonnablement dangereux, mais pour l’instant, leur relation était plutôt au beau fixe.

Trempant ses lèvres dans sa boisson, la jeune femme continua à répondre aux interrogations de son professeur attitré.

« L’anneau appartenait à mon ancien mentor. Elle ne s’en servait pas et je ne sais même pas d’où il vient. Quant à moi, disons que ma Source a tendance à absorber la magie qui me cible. Ca ne fonctionne pas tout le temps, mais disons qu’elle est gourmande quand elle s’y met. Oh … désolée, voila que j’en parle comme d’une humaine. »

Le fait de vivre en permanence avec une entité magique dans son corps amenait généralement à de drôles de comportements. Le fait de l’humaniser en était un. Après tout, la Source avait toujours été là. Elle était à la fois sa meilleure amie et sa pire ennemie, tant elle impactait sa vie quotidienne. Il n’était donc pas surprenant qu’après tant d’années, la jeune femme la voit comme quelque chose de presque « humain », si tant était que ce qualificatif pouvait résumer à lui seul ce qu’était la Source.

Lorsque Icare évoqua la possibilité de partir, la jeune femme eut un petit pincement au cœur. Elle se mordit imperceptiblement les lèvres. Elle avait du mal à l’avouer à haute voix, mais Icare était ce qu’elle avait de plus proche d’une amie. C’était idiot hein … mais Parvati n’avait jamais réussi à former des liens autres que professionnels avec les habitants de Gotham. Son secret … enfin … ses secrets … l’empêchaient de former des relations stables avec les gens. Par conséquent, l’idée même que Icare puisse s’en aller lui laissa un goût amer dans la bouche.

« Je … Enfin … tu comptes partir ? Enfin … c’est pas que je m’en soucie ou … ah ah … enfin … Non mais sérieusement … Tu ne vas pas me laisser toute seule hein ? »

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Initiation aux armes

Le raisonnement de Parvati me fit sourire. Simple, efficace. Le nombre de vigilants avaient néanmoins chuté en flèche avec la recrudescence de criminalité à Gotham City depuis la disparition de Batman. C’était bien la raison qui m’avait d’abord poussé à aménager dans cette ville. Je me sentais à ma place dans le chaos, quand la loi du plus fort régnait. Le retour du justicier masqué tendait à rééquilibrer un peu les forces et je me faisais discrète depuis. La chauve-souris n’était pas mon ennemi, je n’étais qu’une opportuniste qui avait besoin d’argent et qui avait profité d’une brèche pour s’engouffrer.

-Ouais… Quoi de mieux qu’une plaque tournante du crime pour se sentir en sécurité, m’amusai-je.

Je ressentais les choses comme elle. Il y avait tant de bordel ici que je me fondais dans le décor et c’était un gage de sécurité pour moi. J’aimais beaucoup cette région du monde, ce n’était pas pour rien que j’y étais restée aussi longtemps alors que j’avais pour habitude de déménager bien plus fréquemment.

-Et tu es née avec cet espèce de trou noir en toi ? demandai-je perplexe.

Le bébé de l’horreur par excellence, songeais-je intriguée. S’il avait fallu attendre que son mentor lui donne cette bague… Qu’était-il arrivé avant pendant tout le temps où elle ne l’avait pas ?

« Oh … désolée, voila que j’en parle comme d’une humaine. »

-Hmm… Tu n’entends pas des voix dans ta tête au moins ? demandai-je en penchant légèrement la tête, perplexe.

Je fus surprise de la réaction de Parvati à l’annonce d’un éventuel départ. Je n’avais jamais été du genre à créer d’attaches pour un tas de raisons: la première étant la nécessité de mensonge permanent sur ma vie, la seconde étant que toute forme de lien représentait une faiblesse qui pouvait être exploitée contre moi… A tout instant je pouvais être appelée à déguerpir pour fuir une menace.


-Tu as peur de perdre ton maître d’armes ? le charriai-je.

Pragmatique, c’était la première chose qui me venait en tête. Parvati était encore faible et peu débrouillarde, elle avait besoin de se sentir protégée en s’entourant de personnalités aptes au combat. Elle l’avait concédé de sa propre voix quelques minutes plus tôt, Gotham était une ville remplie de vigilents qui pouvaient la sauver…

-Tu en trouveras d’autres, il y en a plein des gens badass à Gotham, dis-je avec un sourire. Et puis je n’ai pas l’intention de partir dans un futur proche… Mais… Ça pourrait arriver.

Du jour au lendemain, sans prévenir, l’obligation de me couper du monde et de me planquer pour une durée indéterminée

Je fronçai les sourcils. J’avais l’impression que le problème était plus profond que ça… Je l’aimais bien, cette petite. Elle était nature, spontanée, amusante… J’allais lui faire du mal. Ca finissait toujours par arriver, parce que j’étais incapable d’alimenter un lien profond avec quelqu’un… Je déguerpissais comme une lache parce que j’avais bien trop peur de m’attacher à qui que ce soit.

-Tu ne devrais pas t’attacher à moi, Parvati… Je suis un nid à emmerdes, je fais une très mauvaise amie…

Un conseil.
Un avertissement.

-Profite de mes connaissances et de mon expérience… Utilise moi autant que tu peux... Un jour tu éclateras les sales gars toute seule comme une grande et tu n'auras plus besoin de moi, dis-je en feignant l'enthousiasme.

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