"If we'd go again all the way from the start, I would try to change things that killed our love"

Il y avait au final assez peu de cartons, alors que ça commençait à faire des années que Dinah vivait ici. Il fallait dire qu’elle n’avait jamais pris le temps de vraiment personnaliser cet appartement, malgré le fait qu’elle le voyait comme son refuge, son cocon. Il fallait dire que cet appartement l’avait vue dans tous les états possibles et inimaginables, il avait été témoin d’un long combat contre elle-même et contre ses démons, combat qu’elle n’avait toujours pas remporté et qu’elle devait donc emporter avec elle. Maintenant que tout était emballé, empilé dans un coin de son salon et prêt à être emmené, elle se demandait si elle n’était pas en train de faire une erreur. Est-ce qu’Oliver et elle n’allait pas finir comme ils avaient fini la dernière fois ? Est-ce que c’était vraiment une bonne idée, toute cette histoire d’emménager ensemble ? C’était trop tard pour faire marche arrière, de toute façon. Et elle en avait envie, vraiment, mais elle avait toujours cette voix qui lui soufflait que les choses allaient finir par mal tourner. Elle ferait mieux de l’ignorer. Cette fois, ça allait être la bonne, tout se passerait pour le mieux. Elle n’avait rien à craindre.

Il était encore tôt, le jour se levait à peine mais Dinah ne s’était même pas couchée. Elle était rentrée à peine quelques heures auparavant, et n’avait pas réussi à fermer les yeux. Il était encore un peu tôt pour un verre, même si ça lui aurait permis d’y voir plus clair. Elle devait se contenter d’une cigarette, assise sur l’escalier de secours qui donnait sur la fenêtre de sa cuisine. Elle avait passé beaucoup de temps ici, juste assise à profiter des quelques rayons de soleil qui arrivaient à se faufiler entre les immeubles alentour. Dinah ferma les yeux quelques instants. C’était vraiment étrange de se dire qu’elle allait quitter cet endroit et qu’elle allait vivre avec Oliver désormais. C’était comme si elle allait retrouver la vie qu’elle avait perdue, sauf que tout avait changé. La Dinah d’avant et celle qu’elle était désormais étaient deux personnes totalement différentes.  Elle avait beau essayer de repousser ses pensées négatives, elles revenaient au galop. C’en était épuisant. Elle avait d’y aller les yeux fermés, tête baissée, sans réfléchir. Si seulement c’était si simple…

Le temps avait filé à toute vitesse, et lorsque Dinah jeta un coup d’œil à l’heure, elle se rendit compte de deux choses. Tout d’abord, Oliver était en retard. Si c’était ce qui aurait dû l’achever dans son stress, ça la fit en fait sourire. C’était un petit goût d’autrefois, quand tout allait bien. Ensuite, ça voulait aussi dire que les déménageurs allaient arriver d’une minute à l’autre. Dinah se sentait un peu ridicule de faire venir toute une équipe pour le peu d’affaire qu’elle avait. Il devait y avoir au grand maximum une quinzaine de carton, ses guitares soigneusement emballées dans leurs étuis, une ou deux valises et pas grand-chose de plus. En espérant qu’ils n’allaient pas venir avec un semi-remorque. La sonnerie de son téléphone la tira de ses réflexions, et elle ouvrit le message qu’elle venait de recevoir d’Oliver. Il était en effet, bien en retard.

« Dépêche toi, sinon je pars sans toi ! »

Les déménageurs arrivèrent avant Oliver, pour emporter le peu de choses qui faisaient de cet endroit l’appartement de Dinah. C’était étrange. Un endroit n’est rien d’autre qu’un endroit, pas un chez-soi, mais de voir ce lieu être vidé, ça lui faisait vraiment bizarre. Elle avait emménagé ici en espérant tourner la page, tirer un trait sur tout ce qu’il s’était passé, mais c’était maintenant qu’elle ressentait que la page se tournait. La voix d’Oliver la sortit de ses pensées, et elle se tourna vers lui, effaçant ses angoisses avec un grand sourire sur ses lèvres. Le bouquet qu’il avait apporté était sublime, de magnifiques roses rouges. Elle avait dû faire un bon millier de bouquets similaires lorsqu’elle avait la boutique, mais des roses aussi belles faisaient toujours leur effet.

« C’était sûr qu’il y aurait du monde, c’est toujours plein les fleuristes, j’en sais quelque chose. »

Elle déposa le bouquet sur une pile de cartons, en faisant soigneusement attention de ne pas l’abîmer.

« Moi aussi. Longue nuit ? J’ai hâte que tu me racontes. »

"If we'd go again all the way from the start, I would try to change things that killed our love"

La vue de l’appartement vide fit un pincement au cœur à Dinah. C’était à la fois une fin et un début, et elle ressentait des sentiments contradictoires. Il y avait d’un côté un sentiment libérateur, l’impression d’enfin avancer et de commencer à voir le bout du tunnel, de bouger de cet état statique dans lequel elle se complaisait depuis un long moment, et de l’autre, l’angoisse de faire un saut vers l’inconnu, de quitter sa zone de confort, la peur de foncer droit dans le mur et de gâcher tout ce qu’elle venait de retrouver. Elle se battait intérieurement pour que les sentiments négatifs ne prennent pas le dessus sur les positifs, comme ça arrivait si souvent. Quand c’était le cas, elle devait alors se battre pour que l’angoisse ne se transforme pas en colère et ne la rende pas totalement incontrôlable. Aujourd’hui était une bonne journée, devait être une bonne journée. Elle ne pouvait pas se permettre de tout gâcher avec ses états d’âme.

Son sourire avait glissé un court instant, trahissant ses pensées, mais elle se dépêcha de le remettre en place et de faire comme si de rien n’était. Les déménageurs étaient en train d’emmener les derniers cartons, laissant Dinah et Oliver entièrement seuls dans cette pièce qui, maintenant complètement vide, paraissait tellement immense. A voix basse, Oliver évoqua la nuit qu’il avait passé, l’altercation qu’il avait eue et la blessure qui en avait découlé. Instinctivement, Dinah porta sa main à ce qui n’était maintenant plus qu’une cicatrice barrant son bas-ventre, mais qui il y a encore quelques semaines était une blessure assez sérieuse qui l’avait immobilisée le temps de la guérison. Décidément, il n’y en avait pas un pour récupérer l’autre. Heureusement, la blessure d’Oliver avait l’air un peu moins grave que celle qu’avait eue Dinah. Elle passa doucement sa main sur le bras d’Oliver, pour jauger de la taille du pansement.

« Tu aurais dû m’appeler, je serais venue tout de suite.  »

Assez cocasse, sachant qu’elle s’était cachée plusieurs jours avant de lui dire qu’elle avait été blessée, et qu’elle avait préféré aller demander de l’aide au Black Cat. C’était sa spécialité, à Dinah, dire aux autres de ne pas faire comme elle faisait. Elle donnait de très bons conseils sans jamais les suivre. Elle se blottit dans les bras d’Oliver, alors qu’il lui proposait de prendre un peu de temps pour eux deux une fois toute cette histoire terminée. Une proposition très tentante, vraiment, mais…

« On sait très bien qu’on en aura jamais fini avec eux, ils trouveront toujours un moyen de revenir…. »

Ça pouvait sonner très pessimiste, dis comme ça, mais pour Dinah c’était plutôt un point de vue réaliste. Elle rêvait de se poser, de prendre enfin un peu de temps pour elle, de pouvoir oublier tout ce qu’il se passait partout. Mais si elle l’avait pu, elle l’aurait déjà fait depuis bien longtemps. Elle était totalement incapable de lever le pied sans se retrouver submergée par sa noirceur intérieure, de toute façon. Si elle voulait prendre du temps pour se reposer, elle allait devoir apprendre à la faire de façon saine, et arrêter d’attendre de s’écrouler de fatigue. Elle dirait bien qu’elle se reposerait quand elle serait morte, mais elle était déjà morte une fois et ça ne l’avait pas reposée plus que ça.

« C’est pas que je veux pas, au contraire, mais toi comme moi on sait très bien qu’on ne trouvera jamais le temps. Ou alors quand on sera très vieux et qu’on aura été obligés de passer le flambeau, peut-être. »

Elle avait dit ça sur le ton de la blague, mais c’était une éventualité à laquelle ils allaient devoir se préparer. Techniquement, Dinah avait déjà pris les devants en commençant à entraîner la prochaine génération, mais elle n’avait pas vraiment envie de penser au moment où elle allait devoir à nouveau raccrocher le costume, et pour de bon cette fois. Heureusement qu’il lui restait encore du temps. Oliver ramassa quelques-unes des affaires qui restaient, et Dinah attrapa sa guitare préférée et le bouquet qu’Oliver lui avait donné. C’était l’heure de partir.

« Bonne idée, je meurs de faim ! Je pourrais avaler n’importe quoi, je crois. »

Elle emboîta le pas à Oliver, mais se retourna pour contempler une dernière fois cet appartement. Elle balaya tout le stress qu’elle pouvait ressentir, ne laissant que la légèreté et l’anticipation d’un nouveau départ. Puis, elle verrouilla la porte.

Une fois en bas, elle déposa ses affaires dans la voiture d’Oliver, avant de prendre place sur le siège passager. Elle avait déjà laissé sa moto chez lui de toute façon. Mais alors qu’ils allaient partir, Dinah entendit des hurlements, et vit trois hommes sortir en courant de l’épicerie en bas de son immeuble. Clairement, le petit déjeuner allait devoir attendre. Elle sortit en trombe de la voiture et se lança à leur poursuite.

« Bon faisons ça vite, j’ai vraiment trop faim ! »

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S’il y avait bien quelqu’un qui avait conscience de ne pas être immortelle, c’était Dinah. Et pourtant, elle avait beau être déjà morte une fois, ça ne l’avait pas forcément rendue plus prudente. Elle avait encore largement tendance à foncer tête baissée ou à frapper avant de poser les questions. Non pas qu’elle agisse sans réfléchir, mais elle essayait toujours d’aller au plus vite dans l’action, quitte à se mettre en danger. Et elle était consciente d’être en danger, mais si sa sécurité n’était pas ce qui importait le plus à ce moment-là, alors ça n’était pas si grave. Quoi qu’il arrive, elle sauverait toujours les autres avant de se sauver elle-même. Quant à prendre du repos… Elle n’avait même pas réussi à fermer l’œil de la nuit, qui aurait été courte de toute façon.  Mais de toute façon, elle ne pouvait pas s’arrêter. Elle n’en était pas capable. Il fallait qu’elle soit là, qu’elle reste occupée, sinon elle allait devenir folle. Hors de question qu’elle laisse à nouveau tomber le costume, elle ne le supporterait pas.

Les trois braqueurs sortaient de l’épicerie de M. Kahan, un vieil homme que Dinah connaissait bien. Après tout, ça commençait à faire un moment qu’elle vivait au-dessus de sa boutique, et qu’elle y allait quasiment tous les jours faire le plein. Elle avait beaucoup d’affection pour ce monsieur, qui adorait lui raconter sa vie. Elle avait jeté un coup d’œil vers le magasin pour vérifier qu’il n’était pas blessé avant de se lancer à la poursuite de ses assaillants. Arrêter un braquage n’était pas vraiment ce qu’elle avait prévu pour la journée, mais au moins ça lui permettrait de se détendre un peu et de penser à autre chose. Enfin, tant qu’elle ne merdait pas comme la dernière fois qu’elle avait voulu empêcher un abruti de braquer un épicier qui n’avait rien demandé.

D’ailleurs, le trio n’avait pas vraiment l’air très futé non plus, vu la ruelle dans laquelle ils s’étaient engouffrés. Ils n’allaient pas pouvoir aller loin, surtout qu’ils n’avaient aucune idée de qui les poursuivaient. Quand Dinah avait dit qu’elle voulait faire ça vite, elle ne pensait pas que ce serait aussi facile. Elle regarda Oliver récupérer le couvercle d’une poubelle pour s’en servir de frisbee géant. Il ne lui manquait plus qu’une tenue aux couleurs du drapeau pour que l’imitation soit parfaite. Il laissa à Dinah le soin de s’occuper des deux autres, qui n’avaient pas vraiment apprécié de se faire arrêter dans leur fuite comme ça. Dinah se précipita sur celui de gauche dans un premier temps et lui envoya son coude dans le nez. Il recula de trois pas, et Dinah en profita pour le faire tomber avec un croche-pied bien placé. Lorsqu’elle se retourna, elle vit son collègue sortir un couteau de sa poche. Encore ?

« On m’a déjà fait ce coup-là, mon grand. »

Cette fois, elle eut le temps de le désarmer d’un coup de pied, puis en une pirouette gracieuse, lui envoya son autre pied en plein dans le visage, assez fort pour qu’il décolle du sol et aille s’écraser un peu plus loin. Et voilà une bonne chose de faite. Entre temps, Oliver avait récupéré le sac, qui ne contenait pas grand-chose au final.

« Pour quelqu’un d’épuisé, je me débrouille plutôt bien, tu trouves pas ? »

Elle récupéra le sac pendant qu’Oliver appelait la police, et alla le rendre à M. Kahan. Le vieil homme la remercia longuement, tellement que Dinah n’arrivait même pas à en placer une. Il insistait pour lui offrir un cadeau, et se lamentait sur le fait qu’il perdait sa meilleure cliente. Lorsqu’il eut enfin fini sa tirade, Dinah passa de l’autre côté du comptoir pour le serrer dans ses bras, en lui promettant de passer autant de fois qu’elle le pourrait. Mais pour le moment, Oliver l’attendait et elle devait partir. Elle le rejoignit dans la voiture et s’installa en soupirant longuement. Ils n’avaient pas encore pris le petit déjeuner que la journée était déjà bien remplie. Quand Oliver commença à parler de la Barbade, Dinah lui lança un regard en coin, se retenant de soupirer une nouvelle fois.

« Commençons déjà par nous installer ensemble avant de parler d’une maison à l’étranger. Et puis, on a déjà assez à faire avec les criminels ici, non ? Pas besoin d’aller voir ailleurs.»

D’aussi loin qu’elle s’en souvienne, Dinah ne s’était jamais imaginée quitter Star City pour de bon. C’était sa ville, et quoi qu’il arrive, ça le resterait. Partir, ce serait comme l’abandonner. Elle ne pouvait pas s’y résoudre. Même l’idée de juste partir pour des vacances lui donnait l’impression qu’elle laissait tomber ceux qui avaient besoin d’elle. Mais est-ce qu’Oliver arriverait à le comprendre ?

"If we'd go again all the way from the start, I would try to change things that killed our love"

Dinah n’avait pas l’impression d’être trop sérieuse. En fait, c’était surtout que ce sujet était un poil trop sensible, elle réagissait au quart de tour. Elle avait passé sa vie à se battre pour Starcity, bec et ongles, et elle avait encore l’impression que ça n’était pas assez, qu’elle pouvait faire mieux. Qu’il fallait qu’elle fasse mieux. Et derrière tout ça, il y avait son incapacité à lâcher prise. Quelque part, peut-être que sa réaction par rapport à toute cette histoire cachait le fait qu’elle angoissait. Constamment. Elle était devenue maîtresse en l’art de le cacher, de mentir et de coller un joli sourire sur son visage pour prétendre que tout allait bien, mais plus le temps passait, et plus le masque se fissurait. Puis, parfois, sourire et dire amen à tout n’était pas la bonne solution. Oliver avait beau être bardé de bonnes intentions, Dinah n’entendait que des promesses aussi belles que l’océan, mais impossibles à tenir. Bien évidemment qu’elle aimerait s’échapper, souffler, ne plus avoir à penser à quoi que ce soit, mais elle en était incapable.

Il y eut un blanc de quelques secondes avant qu’Oliver ne reprenne la parole, sur un ton plus sérieux cette fois. Dinah l’écouta, sans l’interrompre. Est-ce qu’elle l’aurait rejoint, s’il lui avait juste laissé un message et une adresse ? La réponse était assez évidente. Même si au moment où Oliver avait disparu, Dinah et lui n’étaient plus ensemble depuis un bon moment déjà, elle avait quand même était ébranlée. Dévastée, même. Mais il lui avait fallu mettre toute sa peine de côté, et avancer. Reprendre le costume, reprendre le combat, former de nouvelles équipes et de nouvelles alliances. Rester active, s’occuper pour ne pas penser, ne pas sombrer. Encore maintenant, alors qu’Oliver était revenu, elle n’arrivait pas à se défaire de ses démons, elle en était encore à se surmener juste pour tenir le coup. Et elle se consolait en se disant que de toute façon, il y avait de bien pires façons de rester en vie.

C’était la première fois qu’Oliver évoquait ce qu’il lui était arrivé pendant ces deux années où il avait disparu. Plutôt que de le presser de questions, Dinah préféra le laisser parler à son rythme. En parlait devait sûrement être encore compliqué pour lui. Elle en savait quelque chose, il y avait encore bien des sujets qu’elle n’arrivait pas à aborder. Des choses qu’elle n’avait jamais dites, et qu’elle ne savait pas si elle arriverait à les sortir un jour. Peut-être qu’elle finirait par se confier à Oliver un jour, qui sait ? Ou à quelqu’un d’autre, à n’importe qui. Elle prit la main d’Oliver, un sourire rassurant aux lèvres. Elle aussi avait vu un monde sans Oliver, et elle n’en voulait pas non plus.

« Alors on se battra. Ensemble. »

Le reste du trajet se fit en silence, tous les deux étant plongés dans leurs pensées. Plus le temps avançait, plus tout ce qu’il se passait autour d’eux devenait de plus en plus compliqué, mais au moins, ils seraient là l’un pour l’autre. C’était rassurant. Dinah n’était pas seule, loin de là, elle était même très bien entourée. Quoiqu’il arrive, elle avait les Birds. Mais pendant un long moment, elle n’avait pas cru possible qu’elle aurait à nouveau Oliver avec elle.

Et toujours sans un mot, ils arrivèrent devant le café. Dinah eut un sourire nostalgique en voyant la devanture. C’était un endroit où ils venaient souvent, à l’époque. Un endroit chargé de souvenirs en tous genres. Dinah n’y avait pas mis les pieds depuis un bon moment. Elle avait l’impression de faire un bond dans le passé, l’endroit n’avait pas changé. Pas comme eux.

« Je sais, je sais… Je crois qu’au point où on en est, ça va être dur de nous changer. Et, je meurs de faim, je pense qu’il me faut un petit déjeuner complet. »

Dinah sortit de la voiture et s’étira longuement. Avec toute cette conversation, le trajet lui avait paru plus long qu’il ne l’avait vraiment été. Ou alors, la fatigue finissait enfin par la rattraper. Dans tous les cas, elle avait besoin d’un bon café pour se remettre d’aplomb. Lorsqu’elle entra, elle eut l’impression de se revoir, des années auparavant. Elle eut le vertige l’espace d’un instant, avant de se ressaisir. Elle avait l’impression d’avoir vécu un million d’autres vies entre la dernière fois où elle avait mis les pieds dans ce café et maintenant. Une fois assise avec son café et son petit-déjeuner, elle se dépêcha d’engloutir une ou deux bouchées avant de répondre à Oliver.

« J’aimerais bien te dire que je me sens parfaitement bien, mais… Comment dire… J’ai beau me dire que cette fois, c’est la bonne, j’ai toujours une petite voix qui me souffle qu’on risque de tout foirer, encore une fois. J’ai hâte, vraiment, mais… Tu vois ce que je veux dire ? »