FB - Nerium Oleander [Terminé - Intrigue I]

«Nerium oleander »

ft. Clark Kent

Janvier 2022 / Quelques part entre Métropolis & Star City

Travailler pour la ligue représentait quand même des avantages : Avoir un code d'honneur, certes particulier mais qui était important pour chacun de ses membres, être entraînée et même surentraînée mais surtout voyager. Car, parfois les missions se trouvaient aux quatre coins du monde. En tout cas, aujourd'hui Jade Nguyen n'avait pas pris cet avion pour Métropolis pour exécuter une mission de Ligue des Ombres, enfin du moins, pas directement. Établie à Star City, l'assassin surveillait de près Green Arrow et ses autres alliés et... pour des cibles spéciales, il fallait une arme spéciale. Elle s'était donc renseignée et à Métropolis se trouvait un fleuriste spécialisé en fleurs exotiques et autres plantes. Une plante en particulier l'intéressait, le Laurier Rose et les recherches de la jeune brune l'avait conduite jusqu'à cette boutique. Même si le chemin était long, elle avait accepté de le faire, car cette plante était parfaite pour elle. Bien utilisée (ou mal dirons certains) elle pourrait offrir à l'archer vert quelques petites brûlures chimiques qui lui feraient le plus grand bien. Une punition pour avoir cherché les problèmes avec la ligue et avec elle. C'était vraiment dommage que cette plante ne se trouvait actuellement qu'à Métropolis, mais bon, ce fleuriste avait, d'après internet une serre qui simulait les conditions de vie en Méditerranée, là où grandissait la dite plante. Ce n'était pas le plus écologique, mais Jade s'en contrefichait, elle n'était pas écoterroriste. Elle voulait juste sa plante.

Dans sa valise ne se trouvait rien d'étrange, elle n'avait pris que des vêtements et des gants, pour manipuler la plante. Elle ne savait pas si le retour serait aussi facile, elle avait peur que la sécurité locale lui demande pourquoi avait-elle cette plante, mais elle aurait un plan B sur le moment. S'il elle avait pris cet avion c'était pour éviter d'être trop longtemps loin de Star City, histoire que son départ n'arrive pas aux oreilles d'Oliver Queen, histoire qu'il n'en profite pas pour attaquer ses hommes. Mais bon, elle avait confiance en eux et surtout en leurs compétences.

Finalement, après de très longues heures de vol, installée à côté d'un homme à qui elle avait envie de tordre le cou plus de cinquante fois tellement les ronflements l'agaçait elle, et les autres personnes de l'avion, elle put poser pied sur la terre ferme. Elle ferma les yeux, profita de l'air frais... L'air n'était pas tant différent qu'à Star City où Gotham, enfin, peut-être moins pollué et pourri, mais aucun air n'était aussi frais que celui des montages de Nanda Parbat.  Elle quitta l'aéroport et admira la ville de Superman. C'était plus beau que Gotham, plus moderne que Star City, mais ce n'était la ville de rêve non plus se disait-elle, entre des malfrats déguisé en clowns, des héros en collant se prenant pour des chauves-souris et des menaces aliens... Elle préférait quand même vivre dans un endroit où les méchants avaient des faiblesses humaines. Elle leva la tête pour observer le ciel, bleu, dégagé, un jour parfait pour espérer observer l'homme de fer dans le ciel. Mais Jade n'était pas là pour faire du tourisme, elle n'était pas là pour observer la grande statue qu'il avait sûrement érigé quelque part dans la ville, elle ne venait pas célébrer ce super-héros. Elle s'en contrefichait de Superman. Vraiment. Le voir aujourd'hui n'était pas dans ces plans. Elle voulait juste sa plante.

La jeune femme posa une casquette noir sur sa tête, fourra dans sa poche les gants qu'elle avait prévu pour manipuler sa plante, emprunta un taxi jaune jusqu'à la boutique. Elle était totalement méconnaissable, le conducteur du taxi ne voyait en elle qu'une touriste qui visitait la ville, pas une assassin hors du commun qui allait acheter une plante dangereux et toxique, dont les alcaloïdes servaient à la fabrication de la mort aux rats.

Enfin, elle arriva devant la dite boutique, qui se trouvait au cœur de Midtown à Métropolis, la boutique était très belle, assez moderne, la devanture était une grande baie vitrée où on pouvait apercevoir déjà quelques plantes. Elle plissa les yeux, et au loin on pouvait apercevoir la serre où devait se trouver son précieux. Elle attrapa ses gants, les glissa sur ses mains et entra la boutique, prête à avancer jusqu'au Laurier Rose. Elle croisa les chemin de quelques gens, une femme d'une soixantaine d'année, un couple de jeunes gens assez bruyants, une mère et son fils. Bref, des gens normaux venu pour acheter des fleurs normales, dans un but normal. Elle n'avait aucune raison de les calculer.

Mais, alors qu'elle allait franchir la serre, des cris commencèrent à se faire entendre suivi très rapidement par des coups de feu. Elle tourna la tête. Un groupe de deux hommes venaient de rentrer dans la boutique, sûrement pour récupérer la caisse du vendeur. Elle fronça les yeux, même si Jade était une tueuse, elle avait envie d'attraper une arme blanche pour s'occuper de ces gens armés. Surtout s’ils s’en prenaient à des gens normaux, qui erraient à la recherche de fleurs. Ils n'étaient pas une menace, ni des victimes collatérales d'un grand plan de la ligue. Il ne méritait pas de mourir ici, parce que deux gens avaient décidé de voler. Mais elle était ici, discrètement, elle ne devait pas se faire remarquer... Un sacré dilemme se posait à elle. Devait-elle défendre ses gens ? Attendre que l’attaque passe ? Les attaquer pour se protéger, prendre sa plante et s'en aller ?

Codage by TAC

Si je ressemblais physiquement à un Terrien, ma constitution différait considérablement de ce dernier. Là où il doit manger et boire pour renouveler des forces, j’avais à me baigner dans les rayons du soleil – par-dessus la couche d’ozone, me laissant planer dans l’espace même. Là où il dort pour recharger ses batteries, je m’appuyais sur une réserve considérable d’énergie solaire stockée. Je bénéficie donc d’une grande endurance, me permettant de pourchasser le crime de jour comme de nuit, par la voie des airs ou par la voie de la terre.

Si mes méthodes étaient critiquées, je me tenais malgré tout à ma ligne de conduite. De mon point de vue, je suis celui qui apporte la protection à Monde lorsque les armées ou les forces de l’ordre en sont incapables, ce qui est régulièrement le cas face à des menaces méta-humains. Depuis que la Justice League s’était formée, leurs nombres avaient drastiquement chutés. Nous nous sommes efficacement organisés pour les traquer, les enfermer dans les prisons les plus adaptées et les adaptées à leurs conditions ou assurer un statut quo avec eux.

Pour autant, je ne restais pas sourd et aveugle à la détresse de victimes de crimes moins « costauds » et plus « banals » - c’est-à-dire des crimes commis par des humains, contre des humains. Il m’était impossible de rester indifférent, tout bonnement ! Je vois et j’entends tout, absolument tout. Aujourd’hui ne fait pas exception. Durant mon inspection de routine, j’aide autant la mamie ayant perdue son chat que les forces de l’ordre qui doivent gérer une prise d’otages corsée. Tant qu’il n’y avait pas de kryptonite, de magie ou d’armes divines en jeu, j’étais assuré de venir à bout de toute menace tout en sauvant les innocents sur place.

Était-ce présomptueux ? Sûrement. Etais-je fier ? Non, pas tant que ça. Je ne me considérais pas comme un héros. Dans la balance des forces, j’étais clairement avantagé avec ma constitution particulière. En quelques mots, je mettais simplement cette différence au service d’une Humanité que j’avais appris à aimer, pour ses qualités comme pour ses défauts. Car, Elle était bien admirable, surtout ces hommes et ces femmes qui n’hésitent pas à s’enrôler dans ces fonctions publiques dangereuses, malgré toute leur fragilité, leur faiblesse et leur mortalité. Ils vont au front, en sachant pertinemment qu’ils pourraient se prendre une balle perdue des plus fatales.

Je m’arrête, en plein vol, subitement. Non loin, j’entends très distinctement les cris de détresse d’une poignée de personnes. Je ne perds pas mon temps, et me dirige tout droit vers la source de ce bordel naissant. Lorsque j’approche du bâtiment, malgré les murs et les portes closes, je peux voir bien des détails. Une serre. Une poignée d’hommes – quatre, au total. Et une petite poignée de clients effrayés – à l’exception d’une dont le rythme cardiaque est plutôt calme. Je ne peux pas m’empêcher de froncer les sourcils. Pourquoi attaquent-ils une serre, en plein jour et avec autant de personnes ? Des quatre hommes, seul un doit rester à l’entrée, à effrayer davantage cette pauvre population avec un flingue mal tenue. Il demande, vaguement, que l’employée ouvre la caisse.

Je me concentre, un court instant, sur les trois autres gaillards. Que souhaitaient-ils ? Laurier Rose. Clathrus archeri. Deux plantes que je ne connaissais pas, mais qui ne m’inspiraient pas confiance à cet instant. J’avais ce sentiment urgent que je devais faire sortir tout le monde avant qu’ils ne ressortent de l’arrière-boutique. J’assomme la personne à l’entrée sans cérémonie, et plie l’arme au passage pour m’assurer que personne ne tentera de la prendre, et de causer un malheureux accident. La panique pouvait faire agir d’une façon irrationnelle et dangereuse.

- La situation va être sous contrôle. Je vous prie de sortir, ordonnais-je mais tardivement. Trois hommes étaient venus, curieux de comprendre pourquoi ce grabuge. Deux gars de l’arrière arrivent et, aussitôt qu’ils me reconnaissent, prennent deux otages. La poignée de chanceux quittait déjà la serre.
- Ollie ! Il est là ! Il est là ! Ramène le poison ! hurle l’un des gars, tremblant entièrement.

Ma vision hors du commun me permettait de capter et de saisir d’infimes détails. Je pouvais clairement identifier toutes les armes que ces hommes dissimulés sous leurs jackets, remarquer le léger tremblement de main de l’un d’eux ou encore entrapercevoir le larcin d’une brunette aux traits asiatiques. Décidément, cette dernière ne perdait pas son Nord. Ayant attisé ma curiosité, je me promets de l’interroger lorsque cette première affaire sera résolue. En effet, quelle plante pouvait mériter le risque de prolonger ce tête-à-tête avec des types armés ? Quelle motivation pouvait transcender cet instinct de survie propre à tout homme et à toute femme ?

Et voilà que ladite voleuse était prise en otage. Je ne panique pas, mais je ne souris pas pour autant. Certes, j’étais appelé l’Homme d’Acier et je pourrais la sauver d’un clignement de l’œil. Malheureusement, toutes ces qualités concernaient uniquement ma personne, ne pouvant pas l’étendre – ou partager – avec d’autres temporairement ou définitivement. Dès lors, mon entourage – sauf exception, comme Wonder Woman ou Aquaman – était assez fragile. Je devais prendre des précautions pour eux, pour toutes ces vies humaines pour lesquelles je me sentais responsable.

Ma décision est enfin prise, et je m’exécute. D’un bon, j’arrache la dame au canon de l’homme et la dépose un peu plus loin dans la serre. D’un second bon, j’assomme deux hommes. D’un troisième bond, je mets KO les derniers encore debout. Les mouvements sont rapides, presqu’aussi rapides que ceux du Flash, et impossible à suivre pour l’œil d’un Terrien. Lorsque j’ai l’assurance que ces nuisances ne causeront plus le moindre souci, je me retourne vers l’ex-otage et plante mon regard bleu dans le sien.

- Allez-vous bien ? demandais-je, davantage par courtoisie.

Je savais qu’elle allait bien. Son cœur battait convenablement, et aucune hémorragie à l’horizon. Le seul risque était le traumatisme qu’un tel événement pouvait avoir sur des esprits simples, habitués à une routine bien huilée et agencée.

- Je vous ai vu prendre une plante. En quoi est-elle si importante ?

Du menton, j’indique le sac qu’elle porte.

- Vous ne semblez pas être de Metropolis , finis-je par dire.

Lorsque nous habitons une grande ville comme Metropolis, et que nous sillonnons cette dernière de long en large, on commence à deviner ce genre de chose instinctivement. Inconsciemment, ou consciemment, une population partageait bien des caractéristiques communs, allant de la mode vestimentaire jusqu’à cet air dégagé.

PS : si besoin, nous pouvons faire un ellipse sur la soirée, où Jade tente de récupérer de nouvelles plantes. Et Superman se ramène pour discuter hihihi.

«Nerium oleander »

ft. Clark Kent

Le problème avec les super-héros comme ce Superman, c'était qu'ils étaient imprévisibles, enfin, il ne ressemblait pas des héros classique comme Green Arrow qu'elle avait pris le temps d'analyser, ainsi, prévoir ses actions était plus dur, si son idée d'être prise en otage semblait génial sur le papier, ça ne l'était pas vraiment sur le terrain. En une petite fraction de seconde, elle fut libérée du joug du preneur d'otage, les criminels étaient à terre, et le super-héros se trouvait devant elle.

Alors, oui, l'assassin était assez agacée, mais elle essayait de garder son calme, de garder les apparences, il ne fallait pas que le héros devine pourquoi elle était vraiment là. Normalement, une personne normale, enfin, qui n'était pas une assassin hors pair devrait se réjouir d'avoir été sauvée par Superman, surtout dans une prise d'otage « classique » qui n'impliquait pas d'aliens ou de méta humains. Alors, lorsque Superman planta son regard dans le sien, elle sourit, un sourire faux, mais ça, il ne fallait pas que le héros le devine.

« Je vais bien, merci à vous pour votre aide... Je n'imagine pas ce qu'on serait devenus », C'était faux. Elle s'en serait sortie, enfin, c'est ce qu'elle pensait au fond d'elle. Peut-être que ça aurait été très compliqué à cause des nombreuses armes à feu, mais dans sa tête, elle s'en sortait, avec sa plante et son corps non blessé.

Merde. Il savait. Il avait tout vu. Merde, quel mensonge pourrait-elle sortir cette fois ? Il fallait qu'elle continue sa comédie, qu'elle joue une autre personne. Elle devait repartir avec sa plante et revenir plus tard. Alors, à nouveau, un grand sourire se dessina sur son visage.

« Je suis venue pour récupérer cette plante dangereuse. Elle n'a rien à faire chez un marchand de fleurs. » C'était assez vrai, elle avait décidé de dire la vérité tout en omettant certains détails... Ce n'était qu'un demi-mensonge du coup, n'est-ce pas ? « Je vais la déposer dans un laboratoire de Star City, à l'abri de la foule. Nous travaillerons dessus dans de bonnes conditions, mieux qu'ici. »
Elle avait comme cela, répondu à sa deuxième question, non, elle ne venait pas de Métropolis. Il avait raison. Mais elle n'avait pas le temps pour plus de conversation. « Merci encore pour votre aide, je vais rentrer désormais, je suis attendue. » Elle avança vers la porte de la boutique, marchant le plus vite possible pour sortir, même si elle savait qu'il fallait moins de temps à l'homme pour la rejoindre. Le bruit de la clochette retentit, et elle pouvait sentir le vent dans ses cheveux. C'est bon, elle était dehors, elle n'avait qu'à aller quelque part en attendant le coucher du soleil où elle pourrait récupérer plus de plantes et fleurs encore, un vrai jackpot pour ses prochains poisons.

_____________________

Le soir était-là. Et Jade aussi. Elle n'était pas en costume de Cheshire, ayant laissé toutes ses affaires à Star City, après tout, aujourd'hui ne devait être qu'un aller-retour, long, mais un aller-retour quand même. Elle regardait les environs, il n'y avait personne, c'était calme, très calme. Bizarre. Mais elle n'allait pas s'en plaindre, elle pourrait rentrer dans la boutique sans problème, récupérer les plantes et partir vers Star City, une bonne fois pour toutes.

Elle avança devant la porte, enroula sa main dans un morceau de tissus qui lui avait servi d'écharpe plus tôt dans la soirée. Elle mit un coup-de-poing dans la petite porte en bois de derrière, elle donnait directement sur la serre. Elle l'avait vu, tout à l'heure dans la journée. C'était l'endroit parfait pour rentrer sans faire trop de dégâts matériels et être discrète.

Une fois dans la boutique, elle sourit. Elle avait réussi et aucune 'alarme n'avait retendit. Tant mieux. Maintenant, ce n'était plus qu'elle et ces plantes, elle posa un masque sur sa bouche, parce qu'on ne savait pas à quoi s'attendre avec les plantes toxiques, on pouvait ingérer une substance dangereuse sans le réaliser, elle avait aussi préparé des gants, toujours pour éviter les contacts cutanés.


Elle commença à récolter les objets de sa convoitise, se pensant définitivement seule. Si la journée avait mal commencé, la soirée finissait sur une bonne note. Une note parfaite.

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J’aimais croire en la bonté humaine, mais je n’étais pas fou au point d’avaler tous les mensonges et les bêtises de criminels. Si j’accordais le bénéfice du doute à la brunette, je n’étais pas encore prêt à la laisser partir avec cette plante : je préférais la confier moi-même à un laboratoire compétent. J’aurais pu, si un appel urgent de la Ligue ne m’interrompt pas : Elle avait besoin de moi, pour une mission urgente incluant des méta-humains et des aliens. Je soupire et lui adresse un simple sourire.

- Faites attention à vous, en chemin vers Starcity. Cette plante est vraiment dangereuse, pour les autres et pour vous également , l’avertissais-je, l’abandonnant là à contre cœur.

***

Plus la nuit s’abattait sur la ville, et plus les sirènes se multipliaient. Metropolis ne dormait jamais, ni moi, tant que je baignais dans les rayons UV du soleil. La seule raison qui me forçait à adopter un quelconque rythme normal ou décent était Lois. Je profitais de chaque occasion pour passer du temps avec, ou lui arracher quelques rires. Le seul appel qui pourrait me séparer était celui du danger, et de la Justice.

Ce soir promettait d’être une nuit calme et déjà je vole tranquillement vers mon appartement. Par hasard, je dévie légèrement pour survoler cette serre aux plantes exotiques et particulières. Je voulais repasser en revue l’inventaire de ce lieu, et m’assurer qu’il ne restait rien de dangereux, ou de toxiques, pour la population environnante ou pour les futurs intervenants. Lorsque j’atterris, je fronce aussitôt les sourcils.

Il y avait quelqu’un.

Je plisse les yeux, me concentrant en direction du bruit. A travers les murs, une silhouette familière se dessine. C’était la prétendue otage de cet après-midi. Je soupire de regrets. Elle faisait donc partie de ces nombreuses personnes qui aimaient mentir et briser la loi. Le pas calme, les traits imprégnés par la déception, je m’approche d’elle.

- Est-ce que vous récoltez de nouvelles plantes vénéneuses pour les emporter dans un laboratoire de Starcity ? l’interrogeais-je. Je ne savais pas que les laboratoires envoient des équipes de nuit, pour piller quelques serres discrètement. Voilà une drôle de pratique, me moquais-je.

J’use de ma vision laser pour bruler la plante qu’elle s’apprêtait à toucher.

- Je vous invite à ne plus toucher à rien. Qui êtes-vous et que voulez-vous ? demandais-je, cherchant déjà à scanner une quelconque carte d’identité – quoique je crains qu’elle ne soit fausse.

«Nerium oleander »

ft. Clark Kent

Le silence était lourd, presque pesant, mais Jade ne voyait jamais le silence comme handicapant, comme quelque chose d’oppressant, non, pour elle il s'agissait presque d'un allié. Comme ce soir, par exemple. Elle se savait seule dans cette grande pièce entourée de toutes ses plantes et si le lourd silence venait à se rompre alors elle pourrait se mettre en garde, pourrait se préparer aux combats. Elle voulait les plantes et autres végétaux qui se trouvait ici, mais le but était quand même de rentrer chez elle entière, saine et sauve. Elle avait déjà la plante qu'elle voulait, le laurier rose, la raison de sa présence à Métropolis, alors être ici à cette heure à tenter de récupérer d'autres choses ce n'était que du plus, elle n'avait pas forcément envie de se battre pour rentrer avec ses trouvailles actuelles, même si, il fallait avouer que c'était du gâchis de laisser ça ici, laisser ses végétaux se faire acheter par des gens qui n'aurait pas envie de les utiliser pour faire quelque chose de grandiose, comme des poisons de hautes qualité... Par exemple, mais le pouvoir de ses fleurs, étaient énorme, et peu de gens le savait malheureusement... Ou heureusement pour Jade, d'ailleurs, elle pouvait attaquer en étant sûr que personne n'avait l'antidote à portée de mains.

Mais, même si elle était attentive, lui, elle ne l'avait pas entendu arriver jusqu'à elle, ce super-homme était bien trop rapide pour être entendu, bien trop rapide pour Jade. Elle ne l'avait pas entendu rompre ce si lourd silence, elle n'avait pas entendu le bruit de ses pas calmes, mais lourds arriver vers elle. Lorsque sa lourde voix rompit ce silence, elle ne sursauta pas, par miracle, elle avait juste envie de jurer, elle était agacée que ce héros vienne interrompre dans ses courses nocturnes.

Elle se retourna doucement vers lui, ne cachant pas son air ennuyé de le voir ici. Elle était dans de beaux draps, oui. Elle ne savait pas quel mensonge inventé encore pour s'en sortir. Oh, ça allait lui venir, mais peu importe ce qu'elle allait dire, elle savait que Superman n'allait pas du tout la croire.

Il se moquait d'elle en plus ? Forcément, c'était facile pour lui, il était en position de supériorité. Elle ne pouvait rien faire contre lui, aucun poison ne marcherait, enfin, aucun qu'elle connaissait du moins, aucun poignard ne pouvait l'empêcher de vivre, rien... Elle ne pouvait rien faire. Elle roula des yeux et soupira légèrement, se comportant comme une vraie enfant prise la main dans le sac, une enfant qui venait de voler le jouet de son petit camarade.

Elle laissa tomber le pot de la plante que venait de brûler Superman, en lâchant un petit cri de surprise, elle ne s'attendait pas à ça, elle attrapa son poignet droite et le massa avec sa main gauche, dieu merci l'homme ne lui avait pas brûler les mains. Elle fronça les sourcils, il ne pensait pas qu'il pouvait la blesser en faisant ça ? De plusieurs façons, d'ailleurs, directes et indirectes.

Mais elle ne pouvait pas se taire infiniment, évidemment, l'homme de fer voudrait des réponses et aurait des questions sur ses agissements, elle n'avait toujours pas trouvé de mensonge assez crédible. Elle ne pouvait pas répondre la vérité, c'était l'assurance d'avoir encore plus de problèmes. Et puis même si cela allait la libérer de ce problème elle n'allait jamais dire qu'elle travaillait pour la Ligue et était ici pour trouver de quoi blesser Green Arrow et ses petits copains justiciers. Alors que dire ? Elle n'avait pas d'idées, elle ne pensait qu'à s'échapper.

« Qui je suis ? Cela n'a plus d'importance maintenant. Croyez-moi. » Elle posa son regard sur le pot qui continuait de fumer. « Je vais m'en aller, puisqu'il n'y a rien d'intéressant ici, vous avez tout brûlé. »

Elle soupira de nouveau, toujours en se massant les poignets, chacun à leur tour. « Loin de moi, l'idée de vous donne des ordres ou des conseils, mais c'est dangereux de brûler des plantes comme ça, vous ne savez pas ce qu'elles peuvent laisser échapper. »  Lui, il s'en fichait, rien ne pouvait l'atteindre, si une toxine s'échappait d'une plante ça ne le touchait pas, Jade elle, était pleinement concernée en tant que simple humain. Par exemple une plante comme de la sève de la Berce du Caucase pouvait lui brûler les yeux si on l'exposait trop aux ultraviolets. Heureusement, ce n'était pas le cas de la plante qu'il venait de sacrifier. Mais bon, ça il ne pouvait pas le savoir, à moins que l'homme d'acier était botaniste à ses heures perdues.

Elle croisa les bras, elle avait un peu peur des conséquences à venir avec cette rencontre, mais elle ne pouvait pas s'empêcher d'être un peu insolente. Cela pouvait éventuellement brûler les pistes vis à vis de ses liens avec la Ligue des Ombres, qui, normalement comprenait des membres assez posées et calmes.  

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Gamin, j’étais avide de comprendre mes origines et mes pouvoirs. Je m’étais particulièrement intéressé à l’histoire, dans l’espoir de trouver les traces d’une civilisation perdue constituée de surhommes, ou aux sciences, craignant d’être une anomalie ou une bizarrerie génétique. Evidemment, je n’avais trouvé aucune réponse. D’une part j’avais regardé au mauvais endroit, soit la planète Terre, et d’autre part les réponses que je cherchais n’existaient plus, détruites avec la planète Krypton. Cependant, entre cette frénésie et cette capacité propre aux Kryptoniens d’apprendre assez vite, j’avais cumulé suffisamment de connaissances sur de multiples et divers domaines, comme la biologie, la géologie, l’astronomie, l’histoire des civilisations perdues etc.

La leçon de botanique de la petite voleuse m’arrache un sourire amusé. A ses yeux, je ne suis qu’une petite cervelle surmontée par une montagne de muscles indestructibles. Je pourrais être vexé, mais ce n’est pas le cas. L’avis d’autrui, criminel ou non, m’importe peu en toute honnêteté. Tout ce qui compte est que je sois en paix avec moi-même. Et je ne le suis qu’en restant fidèle aux valeurs enseignées par mes parents, adoptifs comme biologiques : aider son prochain, travailler dur pour un monde meilleur, et défendre ses idéaux.

- Pensez-vous que je vais vous laisser partir alors que vous avez cherché à piller une serre ?, glissais-je. La police sera très curieuse d’entendre votre explication sur cet intérêt particulier pour des plantes extrêmement toxiques.

Je sais pertinemment que cette virée nocturne n’est pas un crime « grave ». De plus, je n’ai aucune preuve qu’elle ait commis quelque chose de pire – ou qu’elle veut commettre quoi que ce soit de terrible. Au mieux, elle va remplir quelques paperasses dans un poste de police. Au pire, elle sera retenue quelques petites heures. Pourquoi est-ce que j’insiste, dans ce cas ? Parce qu’elle ne m’inspire rien de bon. Une personne qui refuse de répondre à la simple question « Qui êtes-vous ? » est une personne qui tient à l’anonymat de son identité. Or, ces gens-là sont soient des personnalités politiques, soit des criminels, soit des hommes et des femmes naturellement méfiants. Je classerai la demoiselle dans la seconde catégorie : après quelques années à pourchasser des criminels, on commence à développer un sixième sens pour les dénicher.

- Si vous n’avez absolument rien à vous reprocher, alors vous ne verrez aucun inconvénient à vous rendre au poste de police le plus proche, décliner votre identité et défendre votre point de vue, soufflais-je, surveillant attentivement ses réactions ou ses mimiques.

Je doute sincèrement que mon bluff puisse fonctionner. Si j’ai beaucoup de connaissances, et que je suis assez puissant, je manque du sens de l’observation et de la déduction de Batman. Lui, il aurait su trouver quelques combines pour vérifier l’identité de cette dame et, surtout, deviner ses véritables intentions. Un court instant, je regrette d’avoir décliné l’offre de porter quelques lentilles spéciales enregistrant ma journée. Le Chevalier Noir a soutenu que c’est pour mieux collaborer. J’ai répliqué que c’est une potentielle atteinte à la vie privée. Bref. Nul besoin de ruminer les décisions passées : on fait avec ce que l’on a aujourd’hui.

«Nerium oleander »

ft. Clark Kent

Encore une fois, cette soif de toujours avoir plus l’avait plongé au cœur d’un problème… Et pas des moindres : elle se retrouvait sans rien, à devoir repartir bredouilles après cette sortie nocturne. Sa seule récompense ? Une leçon de moral venait de Superman en personne, super. Se battre contre des adversaires plus coriaces qu’elle aurait été plus agréable, sincèrement. Elle croisait les bras. Non, les policiers n’avaient rien contre elle, elle n’avait aucune plante avec elle, puisque ce justicier avait pris la peine de brûler l’objet de sa convoitise. La seule chose qu’on pouvait lui reprocher, c’était probablement l’infiltration dans cette boutique, mais elle pouvait s’en sortir haut la main en payant une caution. Ou une nuit au poste. Bref, juste un petit « imprévu » mais rien qui ne pourrait l’envoyer en prison. Alors, suite au blabla du super-héros elle ne pouvait s’empêcher de rouler des yeux. Elle jouait avec le feu, elle n’était pas à l’abri d’un coup de colère de cette montagne de muscle, et hop, il la brûlait sur place, mais après tout, Jade restait fidèle à elle-même, malgré les événements : toujours cette attitude désinvolte, agaçante à souhait.

Cette montagne de muscles était agaçante, il pensait faire le bien en l’arrêtant ici, dans cette boutique, mais combien d’autres personnes étaient en train de commettre un crime ? Un crime vraiment plus odieux qu’un simple vol : Oui, c’était un simple vol, voilà comment elle se défendrait s'il voulait vraiment aller au poste, elle ne pouvait nier les traces d’effraction et sa présence ici. Mais elle pouvait totalement mentir sur son intérêt pour la plante : après tout, il n’y avait aucune traces vidéos, enfin, il lui semblait ne pas avoir remarqué de caméras de surveillances. Et cette plante… Elle n’était même pas si dangereuse que celle qu’elle avait déjà prise plus tôt, alors, prouver qu’elle volait des plantes toxiques : bon courage. Et peut-être qu’elle aurait de la chance, peut-être qu’elle tomberait sur un lot de policiers fatigués, qui n’aurait aucun intérêt dans cette histoire, qui ne vouait pas un culte à Superman et donc, ne mordrait dans son histoire comme dans un donut bien gourmand. Peut-être au contraire, ils se retrouveraient face à des fans de l’Alien et là, ça allait être long, une longue soirée. Elle soupira. Que faire donc ? Que voulait-il ? Qu’elle avoue son identité ? Qu’elle avoue son envie de tuer Green Arrow ? Bien sûr, et puis encore ? Inventer une identité, elle pouvait le faire, auprès de la police, elle devait bien avoir une fausse carte d’identité qui trainait dans ses affaires.

« Je refuse de vous décliner mon identité, il est vrai, je n’ai aucun souci à me retrouver face à la police et dévoiler qui je suis. » Elle tentait de garder son sang-froid, en apparence, c’était parfait, mais elle ne pouvait pas se douter que le héros analysait en direct chacune de ses attitudes. Bon, que faire ? Partir au poste et attendre que la police laisse partir Jade ou essayer de le convaincre ? Même avec tous les bons mensonges du monde, Superman ne la laisserait pas partir. Elle restait les bras croisés, engager un combat avec lui, c’était perdre, s’enfuir ? Impossible. Il fallait rester pacifiste. Elle plongea son regard dans le sien, en se perdant dans ses pensées, est-ce qu’un poison pouvait l’atteindre, même ? Était-il possible de le mettre hors d’état de nuire ? Comment ? Quelles plantes ? Quels mélanges ? Ça pouvait être une question très intéressante, si elle avait le temps, la motivation et surtout… Aucun autre chat à fouetter.

« Si vous me trouvez dangereuse, parce que je récupère les plantes de cette serre, je pense que vous devriez la faire fermer ? Je ne suis pas la seule cliente intéressée en plantes rares, beaucoup ne vienne pas que pour les roses. Plus elle le regardait, plus elle se demandait si c’était gratifiant de bosser du côté des gentils. On y gagnait quoi ? Le sourire d’une veuve et de son orphelin ? Elle, elle avait le respect d’autrui elle faisait régner l’ordre, enfin, avec sa pierre à l’édifice, elle aidait la Ligue des Assassins à purifier Star City : à vraiment purifier cette ville. Ce que faisait ce Superman et ce Green Arrow, c’était juste mettre un pied dans la fourmilière, ce n’était pas éradiquer le vrai mal. Alors, la réponse à sa question… Oui. Elle avait choisi la bonne voie, elle faisait le bien, mais mieux que ces idiots avec des principes moraux vraiment vieu jeu.

« Alors on fait quoi ? On dérange la police pour une simple effraction ? »   

Codage by TAC

J’ai assez combattu le crime sur ses dernières années pour développer un sixième sens. Et cette femme dégage une aura peu rassurante. Et pourtant, elle a bien raison. Qu’ai-je exactement contre elle ? Pillage d’une serre déjà démolie, soit par les malfaiteurs, soit par moi-même. Au mieux, elle écopera d’une amende et d’une note dans son casier judiciaire. Au pire, elle sera en garde à vous quelques heures – ou jours. Or, quel intérêt ? Mon but n’a jamais été d’enfermer des hommes et des femmes pour des crimes que je considère risible … Ces pouvoirs qui sont miens doivent servir à protéger la Terre d’ennemis puissants, ou d’envahisseurs de différents univers. Tout autre problématique est affaire des Terriens – les forces de l’ordre, la justice, les juges, les avocats et j’en passe –, et non le mien.

Et la demoiselle me pose un ultimatum. Que répondre ?

Oui. Déranger un commissariat quelconque pour une affaire quelconque, alors que des méta-humains peu amicaux sévissent ici et là.
Non. Un crime n’en reste pas moins un, et mes tripes me disent que je ferais une grave erreur à ne pas pousser davantage mon investigation au sujet de cette inconnue.

Finalement, le destin répond à ma place. Non loin, j’entends les radios de la police émettre un code d’alerte de haut niveau. Quelqu’un, ayant des capacités spéciales, a eu cette stupide idée de cambrioler une banque. L’idée peut être bonne … si je ne surveille pas la ville. Pourtant, beaucoup tente, pensant sûrement être celui ou celle qui pourrait me surpasser et me coiffer au poteau.

- Je vous invite à ne plus renouveler votre infraction et à quitter le lieu sans rien toucher. Je garde un œil dans les parages.

J’espère qu’elle comprend que je ne mens pas, et que je risque de revenir. Dans le doute, glanant le regard dans les parages, je me décide à brûler les plantes que je considère trop dangereuses – ou à m’en saisir pour les mettre hors de sa portée. Mes longues nuits blanches sur les matières organiques portent, bien souvent, leurs fruits. Il faut dire que j’en ai bouffé des livres de science, d’histoire ou de géographie dans ma jeunesse, dans le vain espoir de comprendre qui je suis, d’où je viens ou pourquoi je suis si différent des autres.

Quant à ce visage, je me le grave dans un coin de mon esprit.
Il n’est jamais rare de retomber sur des adversaires, qu’on laisse partir par miséricorde ou par ignorance.