Sometimes the Darkness cry too [Terminé - Intrigue III]

† Sometimes the Darkness cry too †

Personne à qui dire je t’aime, mais tout le monde sur qui cracher ma haine… - Faith Cross

Gotham, 16 septembre 2022...

          Le son des vagues sur la roche avait toujours su apaiser l'esprit qui était le mien, à l’image du doux tintement des berceuses traditionnelles. Et elles fanaient à l’entente de leur va-et-vient aqueux, ces voix dans ma tête, celles provenant de toutes ses vies que j’avais perdu encore et encore au cours des siècles, mais aussi les voix de ces ombres qui ne cessaient d’attendre de moi encore et toujours de cette viande innocente qu'ils dévoreraient tels les charognard qu’elles étaient. Ce soir encore, ce peuple des ténèbres, spectre de l’avarice, observait la scène de leurs yeux couleur carmin, attendant d’être servies, leur appétit les rendait audacieuses, perfides. Osant jusqu’à chuchoter à mon oreille, de presser le pas, de les nourrir rapidement de cette âme juteuse et accablée par le péché. Comme si ce que je faisais, se devait d’être fait en leur bien et sous le sentier de mon père, leur maître, leur créateur. Il n’en était pourtant rien. C’était du moins ce que j’essayais de me convaincre… Toutefois, et si par mes actions, que je pensais être légitime, je servais indirectement mon père et qu’il le savait, qu'il l'avait toujours su.
          Le soleil n’allait pas tarder à se coucher et à disparaître à l’horizon, tandis que la lune quant à elle, montait peu à peu dans le ciel, ramenant avec elle, la marée océanique. Elle se réveillait enfin, ses gémissements témoignaient de cette confusion et de cette angoisse qui la gagnaient soudainement. Sa réaction avait tout d’une victime innocente et victime, elle l’était… Mais innocente, c’était une bien autre histoire. D’un geste de la main, une série de photos sortit du sac à mes pieds, survolant l’espace où se trouvait attachée la jeune femme ligotée, s’arrêtant justement devant elle. « J’ai commis bien des horreurs, alors je suis sans doute très mal placée pour te juger. » Avouais-je, prenant le temps d’éclairer à la lampe torche, les photos qui lévitaient devant la jeune femme, qui devait être à peine un an plus âgée que moi. Ces derniers montraient un cadavre dans un sac-poubelle, repêcher par mes soins quelques jours plus tôt.

          « J’ai sacrifié aussi des nourrissons qui n’avaient à peine que quelques mois de vie. Peut-être que cette malédiction est ma pénitence pour ce que je suis par nature. » Elle ne devait absolument pas comprendre de quoi je parlais, elle devait même sans doute me prendre pour une hypocrite pour ainsi la condamnée pour un crime que j’avouais moi-même avoir commis. Mais j’avais payé le prix et je continuais à le payer… J’étais morte plus d’une fois et dans de si atroces souffrances qu’il m’était impossible d’en guérir mentalement. Elle devait mourir à son tour pour que justice soit rendue. Et alors qu’elle gémissait de toute l’âme qui était la tienne, mettant du cœur dans ses hurlements malgré sa bouche obstruée, dans l'espoir vain d’être entendue par une pauvre âme qui passerait par là. Mais un sortilège isolait toute sonorité qui ne se répercutait qu’à l’intérieur de cette bulle invisible dans laquelle nous nous trouvions elle et moi.
         « En temps normal, je t’aurais laissé me justicier tes raisons… Mais… Tu n’es pas la première jeune mère que je rencontre à avoir jeté son gosse à l’eau, ou dans un vide ordure. Vos excuses sont très souvent les mêmes. » Alors je n’avais pas besoin de l’entendre. Leur comportement était souvent le même, comme si par nature elles étaient programmer aux mêmes instincts. Une fois le bâillon retiré, elles se mettaient toutes à hurler à l’aide pendant un moment, puis elle réalisait après un temps de leur pauvre solitude face au terrible silence, absence de toute réponse libératrice qui embrassait la réalité crue dans laquelle elles se trouvaient. Alors, face à ce fait lourd de sens, elles abandonnaient fierté et dignité, commençant à me supplier, à expliquer qu’elle ne voulait pas faire de mal à l’enfant, rajoutant contradictoirement qu’elles ne supportaient plus de les voir, de les entendre, d'être leur mère. Parfois, elle accusait le père de ne pas avoir pris leur responsabilité, ou bien qu’elles étaient mentalement malades. Toutes excuses étaient pour elles bonnes à entendre ou à dire, tant qu’elles pouvaient survivre.

         J’étais lasse d’en écouter les mots vides de sincérité, la peur les rendait plus hideuses qu’elles ne l’étaient déjà. Avoir le courage et l’audace de tuer une vie aussi fragile, mais la lâcheté de ne pas en assumer les conséquences, cela les faisait d'elles des êtres indignes à cette vie. Elles me donnaient envie de vomir, pourtant, j’étais celle dont l’âme était noircie par des actions plus horribles encore. La marée montait, les vagues menaçaient déjà d’engloutir son visage, levant le nez pour tenter de respirer. Dans quelques minutes, elle serait complètement sous l’eau, enchaînée. Et je me contentais de simplement écouter en silence ces vagues si apaisant, jusqu’à ce que tout gémissement cesse, noyé sous le son des va-et-vient. Je restais un moment assise au bord du ponton, les pieds pataugeants dans l'eau… Mais je fus, soudainement assaillie de doute. Avais-je eu tort de lui prendre la vie ? Si c’était le cas, en quoi avais-je agi de la mauvaise des manières ? Pourquoi même songeais-je que j’étais encore une fois dans le mal. Ce n’était pas la première fois que je ressentais cet étrange malaise, dont je ne situais guère l’origine.
         C'est comme si, peu importait mes efforts pour servir la justice, il y avait toujours cette impression que quoique je puisse faire, je serais toujours un monstre aux yeux des autres qui pourraient découvrir ma nature. Et je venais alors à me demander, pourquoi avais-je choisi d'agir ainsi, comme une justicière ? Pourquoi ne pouvais-je pas simplement arrêter de retenir cette nature et redevenir simplement celle que j'avais toujours été ?


Metropolis, 18 septembre 2022...

        Comme un écho distant de cette nuit fatidique, j’étais assise au bord du vide, les pensées tourmentées par des idées qui me semblaient étrangères, et ce, depuis les sommets d’un des gratte-ciel de Metropolis. Ma présence ici n’était aucunement anticipée, tout ne partait que d’une simple pulsion, une envie soudaine de réponse. Agissais-je bien comme le ferait un champion de la justice, héros et bourreau de ces quelques âmes aussi putrides que pourries ? Je n'en avais aucune idée. Je me rappelais alors de ma rencontre avec cet ange de Metropolis dans cet arène, alors même que Xio et moi-même, nous nous battions en son nom. Peut-être qu’il pourrait répondre à mes questions, peut-être qui pourrait me guider… Peut-être pas. Comment le contacter… Je réfléchissais, tandis que mes pieds se balançaient dans le vide. En dessous, la ville était des plus vivantes, piétons comme véhicule circulaient activement. C’était comme si la ville ne dormait jamais, jour comme nuit les voix de toutes ces âmes s’élevaient dans un bruit de foule qui ne cessait aucunement.
          Je me souvins alors que pour que cet homme puisse ainsi intervenir partout à travers le globe, il devait forcément avoir une ouïe... Eh bien inouïe. Winston de 30 sans S posé à mes contactés, je prononçais une petite incantation avant d’inspirer une bonne quantité d’air dans mes poumons. Relâchant le tout dans un sifflement pourtant inaudible à première vue. Cependant, les vibrations que subissaient les vitres des bâtiments sur des kilomètres à la ronde et qui menaçaient de les briser, indiquaient la présence du terrible son qui sortait de ma bouche, perçu par les chiens dans leur malheur et sans aucun doute, par Superman lui-même.   
      

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Personne à qui dire je t’aime, mais tout le monde sur qui cracher ma haine… - Faith Cross

          La justice était intrinsèquement liée à son temps, elle n’était jamais là même, et même dans une même période, elle différait d’une culture à une autre ou d’une tradition à une autre. Les lois n’étaient jamais identiques entre chaque pays, très souvent changeante en fonction d’un mandat présidentiel spécifique au sein d'une même nation. Pourtant, aujourd’hui, tous avaient une vision presque similaire de ce qu’était la justice et pourquoi elle était différente d’une vengeance. Pour autant, à une époque plus chaotique, moins civilisé, les deux ne possédaient aucune distinction particulière. Si la vengeance était justifiable, alors le crime n’était plus. Et qu’était-ce que le crime ? Il paraît que si la loi était le crime, alors le crime n’était plus ? Étrange comme concept et pourtant, il suffisait d’observer l’histoire pour comprendre cette métaphore qui pouvait ne pas en être une. Un génocide n’avait pas bien d’importance, si c’était la guerre ou pour un peu de pétrole.
            Pouvait-on juger nos ancêtres pour avoir assujetti des hommes et des femmes pour leur couleur de peau ? C’était l’époque et la mentalité soi-disant qui excusait ce genre d’action, toujours est-il que la loi était crime. Comme elle l’avait été plus récemment entre le 19 et 20e siècle, alors qu’elle avait permis la vente d’opium et autre drogue dure afin que l’économie du pays puisse à nouveau gagner de sa splendeur. Où est-ce que les Justiciers se plaçaient désormais ? Est-ce qu’il était crime d’agir à la place de l’autorité ? Le justicier par essence était un vigilante, une personne qui se faisait justice lui-même et qui, par conséquent, commettait le délit de se soustraire à la loi et à son autorité. Je dirais donc que c’était bien un crime, du moins en cette époque spécifique. Pourtant, les règles avaient quelque peu changé avec l’apparition d’être comme Superman et Zod, comment l’autorité pouvait réagir face à des menaces qui étaient quasi d’ordre divin ?

             Que pouvait la justice quand le crime n’était plus à l’échelle humaine ? Mon existence même rendait leur système judiciaire obsolète. Et les Américains l’avaient assurément très vite compris, ayant dû accepter de faire quelques concessions. Les premiers justiciers d’hier étaient désormais les héros d’aujourd’hui. Ces êtres qui avaient l’approbation ouvertement non-explicite de l’état pour intervenir lorsque la menace dépassait l’entendement. La justice League était née et elle était indépendante, mais quasi au-dessus des lois. Son apparition, poussant paradoxalement à une étrange inflation de la criminalité. Puisque si certain, par leur pouvoir était capable de se mettre au-dessus des lois, par leur vision biaisé et corrompue, ils songeaient qu’ils pouvaient utiliser les leurs pour commettre leur crime en toute impunité, guidé par l’extase de leur pouvoir. La police était ainsi dépassée et pourtant une inflation qui était ridiculement contenue par la Justice League.            
         Leur départ avait laissé le monde et le pays sans défense face aux plus sinistres des ambitions… Beaucoup avaient cherché à suivre leur exemple, sans doute eux-mêmes, témoins ou victimes d’une corruption qui ne cessait de s’étendre et de s’envenimer. Beaucoup étaient morts. Mais moi, j'étais encore différente... Moi, j’étais un monstre… Je le suis probablement toujours encore. Je tuais parce que c’était dans ma nature de leur faire, du moins, je m’évertuais à le penser sans doute pour trouver une excuse à toutes mes erreurs passées. Au final, j’étais à l’image des humains, douée aussi d’un libre-arbitre, je n'avais donc pas d'excuse. Je me pensais justicière, car je jugeais ceux dont les crimes n’étaient aucunement punis, car rien ne prouvait leurs actes. Comme une mère qui noyait son enfant à peine né, pour ne pas avoir à assumer les dures responsabilités qui accompagnait la maternité pendant 18 longues années. Ou bien, ses pédophiles qui avaient réussi à briser bien de petites vies sans se faire détecter par la justice ou parce qu'ils étaient en mesure d’étouffer leurs actions à coup de billets verts bien gras et bien corruptible.

           Je tuais ces personnes-là, sans le moindre remord, sans aucune haine particulière, puisqu’il ne s’agissait aucunement d’une vendetta personnelle. Souvent, en de très rares cas, les esprits des victimes s’accrochaient à ce monde et particulièrement à la main qui les avait arrachées à la vie. Combien de personnages que l'on pouvait qualifier de tueurs en série avais-je envoyé au bon Dieu ? En effet, parce que la plupart d'entre eux, pas tous, était hanté par leur propre victime à accrocher à eux dans une agonie sans fin ? Combien d’âmes avais-je libéré à leur sort sans que je n'en tire le mérite d’une action héroïque ? Parce qu’au final, tuer et prendre une vie, me mettait aujourd’hui au même niveau que ce que je jugeais. Et au début, je me disais que ce que je faisais, était tout à fait normal. Pourquoi épargner un homme qui avait commis les pires atrocités ? La rédemption ? Quelle blague... Ne pouvait-il pas chercher cette rédemption en enfer ? Sa mort, devait-elle me condamner au regard des autres ? Au final, il y avait une vérité… Ce que je sais, c’est que je ne sais rien.
         Et je n’étais même plus certaine d’agir véritablement pour venger les victimes que je rencontrais, j’avais l’impression que tout ce que je tuais, je m’imprégnais indubitablement de leur mort. J’avais le sentiment d’agir non pas pour les victimes, souvent déjà mortes, mais davantage pour mon père qui se nourrissait indirectement du mal que je faisais aux autres. Comment devais-je alors réagir ? C’était la raison de cet appel, il me fallait des réponses. Sinon, comment véritablement grandir comme il le fallait cette fois. Mère n’était pas de bons conseils, elle préférait simplement que je vive telle une humaine. Mais je n’étais pas humaine, je ne ressentais pas et ne voyais pas le monde de la même manière qu’eux. Je n’étais pas une magicienne, j’étais la fille d’un être comparé aux Diable par l’église. Mes ailes invisibles et impalpables dans mon dos étaient la preuve de cette nature impie qui était la mienne.    

          Je l’observais arriver, il avait un physique qui imposait. Je ne ressentais aucune puissance magique qui pouvait ne serait-ce que m’indiquer sa dangerosité et pourtant, cet homme était considérablement puissant. C’était ce que je trouvais étrange… Cependant, je n’avais pas non plus deviné la puissance de Michel, qui était un archange et par extension, l’une des entités la plus puissante de la création. Ce qui était divin était souvent difficile à reconnaître. Superman était toutefois encore différent, il n’était même pas de ce monde, ces pouvoirs avaient une part purement biologique due à sa nature extraterrestre. J’avais misé sur ce sifflement pour l’attirer sans vraiment savoir si cela allait véritablement suffire. Il était bien plus débordé que la plupart d’entre nous, ces actions ne s’arrêtaient nullement à de simples crimes humains. Il avait aussi ce besoin de protéger les victimes de la colère de la terre elle-même. Combien de personnes prétendaient avoir été sauvé par l’ange de Metropolis lors d’un Tsunami frappant pourtant un village en Asie.
            C’était bien le seul à faire une chose pareille dans la Justice League… Je m’étais levée sans craindre de chuter du haut de ce building, bien que le vent soufflait fort à cette hauteur. Je sentais les plumes impies de mes ailes balayaient par d'autre forme de vents, des vents non-naturel qui les faisait ainsi frémir… Il s'agissait de la magie qui circulait dans l’air au travers de courants mystiques. Superman savait que je pouvais voler, alors je ne chercherais aucunement à dissimuler cette capacité en cas de perte improbable d’équilibre. J’acquiesçais au début simplement de la tête avant de répondre en retour. « Bonsoir, Superman. » Ma voix était calme et détendue, m’adressant à lui avec le respect qu’il méritait. Parce que si j’étais de ceux qui trouvaient les actions de certains héros hypocrites, lui faisait partie de ceux dont les valeurs n’étaient pas encore brisées par leur nature et condition humaine. « Je... » J’eus un moment d’hésitation qui me forçait bien vite au silence lorsqu’il était question de mes autres facultés.

             Ce n’était pas la peur, mais j’ignorais comment lui expliquer ma nature… Si je voulais des conseils, j’étais prête à lui révéler ce que j’étais, mais… Comment être sûr qu’il puisse croire en ce que je pourrais potentiellement lui dire ? Si j’étais née dans le monde surnaturel, je ne devais absolument pas oublier que c’était un univers méconnu du monde ordinaire et même la plupart des méta-humains n’avaient aucune idée de l’existence du surnaturel. Le pire qui puisse arriver durant cette conversation, c’était qu’il me prenne pour une illuminée. Bizarrement, je partais du principe qu’il devait connaître ce que j’étais, mais simple à cause du fait qu’il incarnait une valeur indomptable. « Oui, j’avais besoin de vous voir… » J’eus un autre moment d’hésitation, mais cette fois parce que je cherchais mes mots qui ne tardèrent pas à arriver. « Vous aviez dit lors de notre dernière rencontre : ‘‘Le but de votre appel était d’apporter un souffle nouveau, une cohésion au cœur de Metropolis entre ceux qui avaient des pouvoirs et ceux qui n’en avaient pas et surtout, de réfléchir à de nouvelles façons d’endiguer cette vague de criminalités.’’ »
           Je ramassais ce paquet de clopes que je tapotais un moment, mais sans l’ouvrir… « J’ai fait ce que j’ai cru bon de faire de mon côté... Mais j’ai toujours cette impression que mes actions sont une aberration, que je m’y prends mal. Je commençais à penser dernièrement que c’était à cause de ce que j’étais… Une sorcière. » Révélais-je simplement sans volonté d’être métaphorique, même s’il pouvait le croire. Je préférais attendre de voir comment il réagissait déjà à cela avant de tenter une explication plus approfondit de ma nature.   
      

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Personne à qui dire je t’aime, mais tout le monde sur qui cracher ma haine… - Faith Cross

          Cela demandait énormément de courage que de reconnaître le fait que si problème subsistait, elle pouvait être causée par nul autre que nous-mêmes. On n’aimait guère reconnaître nos défauts, souvent, car l’on se positionnait dans une comparaison absurde avec les autres. Était-ce la peur du marginal incompris qui en était la cause ou bien celle d’une fierté mal placée ? Je n’en avais aucune idée. Toujours est-il que je réalisais qu’il m’avait fallu traverser toute une région aride intérieur de cette volonté qui était la mienne, pour accepter l’évidence et par conséquent, chercher éventuellement une solution du point de vue d’une autre personne que moi-même. Sa première phrase était ainsi une belle introduction à sa vie, pourtant parallèlement opposée à la mienne, mettant le doigt sur ce qui nous caractérisait. Cette différence marquante que l’on avait avec les humains de par nos origines. Oui. Ce n’était jamais simple d’être différent, même pour les humains eux-mêmes, entre eux, face à leurs relations qui s’entremêlaient.
           Quand j’étais petite, j’ignorais ce que j’étais, ce dont j’étais capable et la raison pour laquelle ma propre mère me cachait la vérité. Mais cela ne m’avait pas empêché de voir le monde différemment des êtres humains, car les expériences que je vivais, étaient bien loin différentes de celle des enfants de mon âge vivait ordinairement. Le fait que je voyais dans le noir comme en plein jour dû à cette nyctalopie, me gardait de savoir ce que pouvait bien partager tous mes autres camarades lorsqu’il était mention de cette fameuse peur du noir. Mais je voyais des choses que personne d’autre que moi ne voyait, l’on m’avait longtemps fait croire qu’il s’agissait de mon imagination, alors même que je discernais les spectres d’au-delà du voile, ces entités d’outre-tombe qui les effrayait tant. J’ai donc grandi sans pouvoir partager avec qui que ce soit mes découvertes, mes joies ou toutes ces tristes situations que je subissais, car le surnaturel n’existait pas à leurs yeux.

          J’avais sept ans quand j’ai vu pour la première fois un esprit, déformé par la souffrance qui le retenait en ce monde, son apparence était celle qu’il avait au moment de rendre son dernier souffle. La moitié du visage fondu, le corps distordu… Il s’était suicidé en se jetant du haut d’un immeuble. Mais aller faire comprendre à une gosse de sept pige ce qu’elle voyait à cette époque. J’étais seule pour toutes ses raisons, même en faisant l’effort de m’ouvrir aux autres, je restais celle qui était bizarre à regarder dans le vide, ou à parler tout seule. Pourtant, il y avait d’autre figure plus ordinaire qui était des incompris qu’on laissait à leur solitude, comme si le contacte avec ces derniers pouvaient rendre malade. Certains d’entre eux étaient pourtant juste plus matures, plus timides ou autistes… Mais cette légère différence suffisait à creuser l’écart avec les autres, socialement parlant. Mais mon cas et celui de l’homme ou l’être en face de moi, étaient encore quelque peu différent. Nous étions des étrangetés de la nature, du moins celle issue de ce monde et de ses règles physiques.  
          Pour autant, sans doute, lui comme moi n’avions pas eu le choix que de nous adapter et cacher ce que nous étions réellement. Du moins, jusqu’à ce que Zod le force à se révéler au monde, je suppose. Quoi que il avait déjà commencé à agir bien avant l’arrivée de Zod, si l’on se souvient des première rumeur de son apparition qui s’avérait finalement bien fondée. La suite de ce qu’il disait s’adressait d’autant plus à cette particularité qui nous empêchait de vivre complètement une vie ordinaire. La détresse des opprimés dans son cas, celle des morts dans le mien. Il disait que ce que nous étions ne déterminés pas si nous étions bons ou mouvais et c’était là que le doute prenait place dans mon cœur. Est-ce qu’il garderait le même discours s’il savait de qui j’étais la fille ? Une part de moi se rappelait encore du mépris et de la haine des hommes quant à l’idée de respirer le même air que l’engeance du Malin.

           Même lorsque je prenais soin d’ignorer la vie humaine, de n’être qu’une ombre dans ce monde qu’il s’était auto-accaparé comme si ce dernier était de droit le leur, ils trouvaient toujours un moyen de m’accuser de tout le mal qu’il subissait. Une pauvre fillette violée et tuée par son pédophile de père, était forcément pour eux l’œuvre du diable, par conséquent, celle de sa fille qui avait dû participer par un moyen méconnu. Quelle blague. C’était sans doute une autre époque, une autre mentalité, Salem n’a pas fait que tuer la pauvre sorcière que j’étais après tout, mais bien d’innocentes jeunes victimes. Pourtant, c’était dans la nature humaine que d’accuser les autres des erreurs qui étaient pourtant siennes, pour ne pas avoir à assumer l’immonde réalité de sa propre âme. Il était si simple lorsque je n’avais pas à me soucier de la vie humaine… Il était plus simple d’être le monstre que l’on disait que j’étais, je n’avais pas à pleurer la solitude qui devait avoir émergé au sein de ce cœur torturé qui était le mien.
         Du moins, je le supposais, d’après le sentiment que je ressentais en me réveillant de ces cauchemars où j’étais confrontée à mes morts violentes. Les précédentes versions de moi, celle qui avait subi leur vie jusqu’à leur mort, n’avaient pas eu non plus à s’interroger sur cet aspect de bien et de mal… Ce n’était pas tellement mon cas en cette ère. Puisque ma propre mère voulait que j’évite de reprendre une trajectoire similaire à mes précédentes vies. Elle voulait que je m’adapte à l’humanité, que je cesse d’être leur croquemitaine comme il en fut de l’époque de Salem. Elle prétendait que c’était pour mon bien qu’elle m’avait caché mes origines. Elle pensait que c’était la solution face à cette nature qui cherchait à me pousser à me nourrir de leurs âmes, de leur vitalité. Pensait-elle comme Superman ? Pensait-elle que ce n’était aucunement ma nature qui déterminait mes actes ? Pourtant, c'était un fait qu'un lion ne pouvait être herbivore, c’était dans sa nature que de consommer de la chair.

             Sa condition physique lui imposait ce genre de régime, les humains avaient beau prétendre avoir le choix, ce n’était que par la complexité de leur esprit que leur nature se révélait, simplement plus difficile à déterminer. Ils inventaient des concepts pour ériger des droits ou pour punir l’injustice qu’ils subissaient. Mais le bien n’était que la carence du mal et inversement. Il n’y avait pas de créature faite de bonté pur ou de mal incarné… Même les anges étaient des créatures arrogantes et les démons, de simple crapule avide de pouvoir cherchant à se hisser au rang des anges et de l'archange déchu qui leur servait de roi. Il n’y avait pas de démon existant pour faire le mal, juste des opportunistes égocentriques à l’existence autre que celle humaine. Toutefois, il y avait malgré tout, une particularité qui poussait à agir d’une façon qui n’avait rien avoir avec ce soi-disant libre-arbitre. Même en enfer Lucifer restait un archange, même face à la dépravation, il était pureté. Un démon, restait un démon. Et un humain, un humain.
            La pulsion à l’image de l’instinct, était ce qui caractérisait toute créature, même les êtres-humains qui avaient beau se maquiller de bonnes intentions, restait un animal aux plus étranges et aux plus perverses des pulsions. Ils s’inventaient des monstres dans leur histoire qui s’inspirait en premier lieu de ce qu’ils étaient eux-mêmes par nature. Pourquoi vouloir un Dracula à Londres, si ce n’était que pour oublier Jack L’éventreur ? Pourtant, mes pensées ici rejoignaient aussi l’homme d’acier… C’étaient aussi les expériences qui forgeaient l’identité profonde d’un individu, c’était ce qu’il subissait à l’enfance qui allait déterminer ce qu’il deviendrait plus tard. La violence, la haine ou même la folie, ne partaient pas simplement de rien, même chez les créatures dites inférieures intellectuellement. Il y avait toujours un déterminisme qui poussait une certaine réaction chimique, et ce, même au sein de la cellule ou de la plante.

             Pourtant, par nature, la plante restait un végétal cloisonné à une existence qui lui était imposée. Elle n’avait pas conscience d’être à l’image d’une autre créature plus organique. « Je suis même d’accord… Oui. L’expérience détermine qui nous sommes, ainsi que notre éducation. Mais cela ne prouve-t-il pas au fond que le choix n’est qu’une vague chimère ? Si nous sommes le produit de l’expérience que nous vivons, alors nous n'avons pas le choix que d’être ce que nous sommes ? » Je fixais le vide, où il y avait une circulation identique à ce que l’on pouvait voir à New-York ou Gotham à cette heure-ci. Je rajoutais… « On ne choisit pas nos parents, on ne choisit pas nos camarades de classe, leur caractère, ni même leur choix de nous harceler ou non. On peut choisir de subir ou de répondre avec violence. Mais qu’importe ce choix, elle fut imposée par une expérience pas forcément désirée qui nous aura conduites à changer intérieurement avec peur ou violence. Parce qu'on aurait ressenti cette détresse. »
        Je relève la tête vers Superman… « J’ai subi assez tard la découverte de mes origines, une expérience qui continue encore à bouleverser les décisions que je suis amenées à prendre… Je suis la fille d’un être que les hommes nomment Baphomet, l’une des figures du diable pour l’église. » Oui, en une phrase, je venais de trahir le secret de LaSombra, une raison de plus d’être farouchement traqué par mes sœurs, véritable suppôt du diable. Mais si je désirais obtenir des réponses, alors je ne voyais pas d’autre solution que de lui révéler ce lourd secret. « Faire le choix de garder cela secret pour ne pas subir le mépris ou la violence de ceux qui pourraient avoir peur de ce que je suis, est-ce vraiment un choix ? Et si au fond, toutes nos décisions n’étaient qu’une illusion, comment alors savoir que ce que je fais pour combattre le crime, n’est pas finalement qu’un long chemin sur le sentier de ce père auquel je suis associée contre mon gré, de par ma naissance ? »  
      

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Personne à qui dire je t’aime, mais tout le monde sur qui cracher ma haine… - Faith Cross

          C’était presque un peu ironique, qu’il mentionne une citation avec Dieu dedans... Quand il y a quelques jours, un ange chercha à me convaincre que j’étais tout aussi l’enfant de ce même Dieu qu'il l'était lui-même. Et quelque part, c’était probablement vrai... C’était étrange de se dire qu’une démone, même en partie humaine, était l’un de ses enfants. Mais au final, il avait créé l’univers et toutes ses réalités voisines, paradis comme enfer. Humain, divinité, alien, monstre, ange et démon, tout était de sa main, celle de la présence, créateur de toute chose. Mais j’ai grandi humainement, presque religieusement au vu du pays où j’étais revenue au monde. Pour moi, le concept de bien et de mal, devait forcément être séparé. Nous étions les enfants du Diable, pas ceux de Dieu dans notre orgueil, presque similaire à l’homme qui eux, allaient jusqu’à rejeter son existence pour la science, dont il cherchait à devenir maître.  
       Malheureusement, il existait d’autres espèces sur d’autres mondes qui les avaient déjà longtemps devancés à ce niveau. C’était d’un ridicule et d’une tristesse. Vouloir être maître d'un destin qu'ils ne contrôleraient jamais, tant pour s’approcher du divin à laquelle ils ne pourront jamais non plus aspirer. Je ne comprenais pas cette présence primordiale qui observait notre existence... Que cherchait-il vraiment ? Pourquoi même avoir permis la naissance d'être divin différent de lui, tel que Zeus et son panthéon ? Est-ce tout ce qui se passait n’était rien de plus qu’un divertissement pour lui ? Je ne saurais le dire, mais me poser ce genre de questionnement ne pouvait que me nuire davantage et obscurcir un peu plus mon cœur à l'idée que ma vie n'était qu'un divertissement du Tout-puissant. Pour autant, la citation ne pouvait que me parler tant pour sa profondeur, que pour ce que ces propos signifiaient concrètement. Je devais accepter beaucoup de choses me concernant, que ce soit ma nature ou bien ma malédiction.  

        Comment pouvais-je espérer avancer, en rejetant ce qui touchait à même mon âme ? Mais en soit, cette nature était une épreuve difficile à affronter. Et j’en écoutais les propos de Superman qui me faisait l’honneur de me comparer à lui, alors même qu'il était tout de même tout ce que j’espérais devenir sans pour autant en être capable. Puisque j’avais déjà franchi bien des limites, souillées mon âme avec des décisions irréversibles et probablement stupide, immature. J’avais beau tuer un criminel de la pire espèce, je faisais le choix de tuer. Et me voilà que je cherchais à savoir si mes actions n’étaient finalement pas guidées par cette nature même. Mais commettre un mal pour un bien, c’était toujours commettre un mal. Et au final, cette décision était venue de moi, pas de ma nature. Je comprenais que j’étais peut-être déjà perdue, que je ne pouvais pas être sauvée si ce n’est qu’en souffrant d’une énième mort qui me ferait renaître en ce monde, vide de toute mémoire, de tout péché, dans le corps d’un nourrisson incapable de subsister sans l’aide de sa mère.
       Je ne voulais pas faire souffrir Kassandra de la sorte à nouveau... Elle voulait un meilleur avenir pour moi et je la trahissais de nouveau, par faiblesse, par cette incapacité à être juste. Mais je relevais alors mes yeux, lorsqu’il mentionna la nécessité d'être bien entouré... Devais-je alors accepter de rencontrer à nouveau cet ange malgré notre première rencontre presque désastreuse ? Devais-je tenter de reprendre le contact avec Zatanna ? Mais pauvre de moi, je lui avais fait endurer le pire, pourquoi voudrait-elle me venir en aide ou me guider ? Je ne devais être pour elle, qu’une pauvre petite adolescente perturbée, que l’on devait enfermer. Après tout, ces personnes que je cherchais à tuer, je l’envoyais les sauver pour finalement lui avouer qu’elle avait sauvé et remit en liberté les pires psychopathes, pédophiles et autre dégénérés dégoûtant que ce monde puisse porter. Et pourquoi ? Rien de plus que d’avoir un peu d’attention d’elle, parce que j’étais une petite "fan" qui ne savait pas tellement comment exprimer humainement ses émotions.  

       Je n’avais que 15 ans à l’époque où j’ai commencé à la harceler de messages fanatiques... Était-il possible qu’elle trouve en elle la force de me pardonner ? Je l’ignorais, je n’avais pas envie de le savoir, parce qu’au fond, j’étais effrayée à l’idée qu’on me rappelle mes erreurs. Un peu comme le fait de céder à l'envie de devenir un monstre, à cause de la peur d’être vu de la sorte. Pourquoi craindre d’être rejetée, si l’on rejetait les autres en premier ? C’était stupide, mais c'était ma façon de penser... Et puis, je n’ai que 19 ans putain, je suis stupide. Et être hantée par les souvenirs de mes précédentes vies ne changeait pas grand-chose, ça ne m'apporte aucune sagesse quelconque, si ce n’est que de me bousiller un peu plus l’esprit. Ses dernières questions furent posées et je pris le temps de réfléchir... « J’ai commis des erreurs avec les rares personnes que j’ai rencontrées par le passé... J’ai commencé à toucher à la sorcellerie alors même que je sortais à peine du collège pour entrer au lycée. Une adolescente qui avait accès des pouvoirs sans la surveillance d’un adulte, je vous laisse imaginer la catastrophe. »
       Être une adolescente, souffrant de solitude et de harcèlement scolaire, ce n’était pas facile... Cela l’était encore moins, quand ce harcèlement était sexuel et à l’époque, j’ignorais que j’étais en partie succube puisque ma mère n’avait même pas tenu à me dire quoi que ce soit sur mes origines soi-disant pour me protéger et protéger les autres. Je l’ai confronté quand j’ai découvert le grimoire qu’elle gardait caché et scellé... Quand elle a voulu m’interdire l’accès au pouvoir, j’ai fait ce que tout adolescente à ma place aurait fait... J’ai désobéi à ma mère, voler le grimoire dans son dos et appris la magie. Par envie au début, de simplement me défendre contre mes harceleurs. Et puis ça évoluer, je ne savais même plus comment j’avais fini par faire ce que je faisais aujourd’hui. J’avais l’impression que cela avait toujours été là, comme une routine bien huilée. « Ma mère est sorcière, mais sa solution, c’était que je ne pratique pas la magie, que je vive comme une humaine. »

        Mais c’était impossible, puisque même en ne faisant rien... Les spectres de la mort frappaient à porte de leur aura d’outre-tombe suintant la détresse macabre et le désespoir. « Mais même sans apprendre la sorcellerie, la magie coule dans mes veines, elle m’octroie les sens de percevoir ce que je ne peux ignorer. Du coup, je ne peux pas me tourner vers ma mère, sa solution est trop radicale pour moi. » Je fixais un moment, le ciel, l’air semblait porter l’odeur de l’humidité, les nuages semblaient se charger. Oui. Il allait peut-être pleuvoir sous peu. « Je connais une magicienne, mais je les rencontrais à une période de ma vie où... Où j’étais perturbée et plus jeune encore, je le suis là. Je ne suis pas certaine qu’elle veuille me revoir. Je n’ai donc personne... Qu’est-ce qu’on peut faire ? Pour moi, je l’ignore, je me cherche encore. Mais pour ce monde, j’essaye tout ce que je peux dans la limite raisonnable de mes capacités. » Mais je n’étais même pas certaine de le faire de la meilleure des manières.  
      

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Personne à qui dire je t’aime, mais tout le monde sur qui cracher ma haine… - Faith Cross

          Est-ce qu’il existait une solution à mon problème ? C’est la question que je m’étais posée... Même si je cessais de faire ce que je faisais, j’avais un doute considérable quant au fait que les êtres d'outre-tombe acceptent ou aient conscience que je veuille être tenue loin de leur réalité. Certain n’avait même conscience d'être mort, le premier qui est venue me hanter, n’avait même pas cherché à comprendre que je n'étais qu'une gamine de 7 ans qu'il traumatisait par l’apparence qu’il avait, celui de sa mort récente. Ces êtres étaient déboussolés, effrayés, plongés dans une solitude de plus en plus malsaine, plus le temps passait et plus ils étaient incapables de suivre la Mort vers l’autre côté. Leurs émotions les rattachant à cette dimension où il n’était qu’énergie néfaste, hantant un lieu en particulier. Il y avait malheureusement des vecteurs qui canalisaient cette énergie néfaste, j’étais alors comme un phare dans la nuit, attirant ce genre de spectre.  
      Que je pratique ou non la sorcellerie, j’attirais ces choses... La sorcellerie au moins me permettait de me défendre si l’un des deux avait déjà franchi le seuil de non-retour. Un esprit déformé par la colère et la souffrance étaient proches d’une essence démoniaque, les humains les appelaient de toute sorte de nom : esprit frappeur, esprit vengeur, Poltergeist et j’en passe. Superman reprit la parole, je l’écoutais attentivement et respectueusement. Il s’était assis à côté de moi, un geste qui pouvait paraître anodin, mais qui bizarrement me semblait très symbolique. Aussi symbolique qu’une personne avançant vers son ennemi en laissant tomber les armes, se rendant vulnérable à cette rencontre. À mes yeux, ce n’était pas dérisoire comme attitude parce qu'il était Superman... Je sentais qu’il n’avait sur lui aucune protection magique et je doutais qu’un héros de sa stature ignore ses faiblesses et pourtant, il se rendait vulnérable pour discuter plus confortablement.

        Le geste... Me touchait. Quand il se tut de nouveau... Je pris le temps de réfléchir pour renouer avec la gamine que j’étais, pour mieux me souvenir de mon enfance. « Toute sorcière est médium de naissance avant l'apparition des dons télékinétiques... Ces dons médiumniques se révèlent au début en des rêves qui perçoivent l’énergie des morts ou des vivants. On voit alors le passé, le présent ou l’avenir de celui ou de celle qui nous envoie cette énergie de manière consciente ou inconsciente. Plus ces dons grandissent et plus on est sensible à ces énergies qui finissent par devenir perceptibles même quand on est éveillée. Un jour, j’ai fini par percevoir l’énergie des morts que vous appelez ‘’esprit’’ ou “fantôme”. » Les médiums étaient en grande partie associés au charlatanisme, beaucoup faisait du cinéma pour dépouiller les personnes de leurs frics. Une bien triste réalité dans laquelle je n’avais pas su assumer ce rôle quand j'ai pris conscience de ce que c'était.
      Je ne pouvais parler de cette chose qui m’aurait décrédibilisé aux yeux de ceux qui s’acharnaient à cause de cette part succube en moi. « J’ai perçu un jour le destin d’une camarade de classe sans savoir ce que cela voulait dire, je n'étais que cette gamine de sept ans qui percevait de manière floue la mort d’une personne qui ne l’était pas encore... Et ma mère qui s’obstinait à me dire que ce n’est qu’un cauchemar qui pourtant se répétait jusqu’au jour où cette camarade fut retrouvé morte de la même manière que dans mon rêve. Cela m'a marquée... Terriblement. » Je restais silencieuse un moment, observant le paysage urbain devant nous, alors que les premières gouttes commençaient à tomber. Je rajoutais. « Et si ce n’était que cela... Quand j’ai commencé à voir les spectres, j’étais toujours et encore un plus chaque jour confronté à la mort, mais je ne savais pas que j'étais une sorcière, donc je me croyais folle, perturbée. Je voyais des choses et entendais leur voix sans comprendre après tout. Et ils continuaient à me hanter jusqu’à ce que je cède et jusqu'à ce que j’écoute leurs messages, jusqu'à ce que je fasse quelque chose pour que leur mort ne reste pas impuni. Mais... Il m’avait fallu attendre de pouvoir touché à la sorcellerie pour enfin être en mesure de répondre aux attentes de ces spectres, soit à mes 15 ans. J'ai donc passé 8 ans être harcelée par les vivants et par les morts sans réaliser ce que j'étais. »

        Est-ce je cherchais une excuse à ce que j’avais fini par commettre dès lors que j’ai commencé à toucher à la sorcellerie. Sans doute... Probablement, je n’en savais rien. J’avais besoin de lui raconter tout ça... Puisque je n’avais jamais eu l’occasion de le faire avec qui ce soit d’autre. Et c’était si soulageant de parler que je sentais qu’un poids commençait à se libérer... Elle m’emplissait d’une émotion qui remontait jusqu'à mes yeux et qui étreignait ma gorge, déformant ma voix par moment. Alors même que je n’étais pas forcément quelqu’un de très sentimental ou émotionnel. « La police n’avait jamais retrouvé le violeur et l’assassin de ma camarade classe, un pédophile qui courait toujours... Mais je savais depuis mes sept ans qui c’était... Je l’avais vu agir en rêve, puis quand je fus hantée par ma camarade, elle me rappelait en m’envoyant des visions, comment elle était morte jusqu’à ce que je fasse quelque chose huit ans plus tard. Le directeur de notre école maternelle avait soi-disant un alibi, mais en réalité, il avait un complice qui l’aidait à faire ce qu’il faisait. Quand je l'ai confronté il y a quatre ans, j’étais galvanisée par le pouvoir que je venais d’obtenir dans le dos de ma mère et la colère d’avoir subi en rêve ce qu’il a fait à sa victime, à ma camarade. »
       Parce que oui, je voyais tout du point de vue de la victime. Je n’étais pas une spectatrice qui voyait tout à distance. Je ressentais la peur, la souffrance de ma camarade et le touché de salaud sur mon corps. C'était un cauchemar plus vrai que nature. « Il est mort avant même que je réalise ce que je lui faisais. Je voulais le pousser à avouer ce qu’il a commis et qu'il souffre pour le restant de sa vie... Mais... Mais je n’avais pas conscience de l’étendue de ma force magique et de la fragilité du corps humain. Cette simple mort est la raison de ma présence. J’ai peur qu’elle ait affecté ma manière de percevoir le monde ces quatre dernières années. Et quand vous êtes partie avec la Justice League, tout est devenu pire... Si bien que j’ai fini par penser que le seul moyen de rendre justice où le crime était devenu loi, c’était par la vengeance elle-même. » Mais aujourd’hui, je n’étais plus sûre de rien. J’avais l’impression d’être simplement plongée dans une vendetta qui ne faisait que m’enfoncer un peu plus vers les abysses que ma mère avait pourtant cherché à m’en tenir éloigner.

        « Bref... J’avais voulu accomplir la justice, je pensais que ce que je faisais jusqu'à maintenant, c'était de la justice... Mais dernièrement, j'ai tendance à croire que ça ne ressemble qu’à de la vengeance. Je pensais ressentir de la satisfaction, mais... Je souffre d’un doute qui me range un peu plus à chaque fois. J’espère pouvoir un jour suivre une voie qui me conforte dans ce que je tente d’appliquer. » Autrement, si je n’y arrivais pas, je forcerais mon cœur à cesser d’émettre la moindre émotion, pour ne plus que mes décisions me rendent si incertaine et confuse. Seulement, si j'hésitais encore à le faire, c’était justement parce que je ne voulais pas oublier l’amour que je portais pour ma mère. Cet amour, la seule lumière que j’avais dans un environnement plongé dans les ténèbres. Je soufflais... J’en avais trop dit. « Pour répondre à votre dernière question... Oui. Je suis prête à m'ouvrir aux autres. Tout comme je suis prête à ne pas commettre les mêmes erreurs. » Mais avais-je un moyen d'aider les esprits autrement qu'en vengeant leur mort ?
      

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Personne à qui dire je t’aime, mais tout le monde sur qui cracher ma haine… - Faith Cross

          Dire la vérité était bizarrement soulageant, mais je me sentais à présent vulnérable. Ce que j’avais commis jusqu’à présent était terrible, même si mes cibles étaient des monstres de la pire espèce. C'était un secret connu que de moi-même et de Zatanna. Et la magicienne s’était bien chargée de me rappeler que mes actes n'étaient sans doute pas idéals en sauvant ces gens, malgré le fait qu'ils n’allaient aucunement être jugés par la justice humaine, faute de preuves concernant leurs crimes respectifs. En avouant, je m’exposais à quelque chose sur laquelle je n’aurais probablement aucun contrôle. Et cela m’effrayait quelques peu sous l’incertitude des conséquences que mes révélations pouvaient causer. Le silence n’avait rien de malaisant, mais elle faisait naître une forme d'anxiété que je ressentais au creux de mon ventre. Je ne pouvais m’empêcher de me demander durant ce moment, quel genre de pensées traversait l’esprit de l’homme d’acier ? Me forçant à bloquer comme je le pouvais l’énergie psychique issue justement de sa conscience, pour ne pas avoir à ressentir ou à voir ce qu’il ne m’avait pas invité à voir.
        M’étonnant d’ailleurs à nouveau, quant au fait qu’il n’avait réellement aucune protection magique pour empêcher ne serait qu'une simple lecture de l'esprit. Une telle confiance, je ne tenais aucunement à la trahir. Aussi, je forçais mon esprit à bloquer toute intrusion inconsciente de l’homme, respectant sa vie privée. Je n’avais pas eu à attendre longtemps et quand il reprit la parole, c’était pour démontrer qu’il était resté attentif à mon histoire. Ce qui veut dire qu’il avait réellement prêter à attention à ce que je disais, là où il aurait pu focaliser ses pensées sur le fait que je n’étais peut-être juste pas bien dans ma tête. Naturellement, il avait déjà dû rencontrer des êtres appartenant au monde de l’occulte ce qui rendait sa position que plus curieuse. Je me contentais d’acquiescer de la tête pour lui répondre, il avait vu juste. À sa seconde phrase, je ne pus m’empêcher d'ouvrir grand les yeux, comme frapper par un déclic soudain.

        Je n’avais jamais imaginé que j’aurais pu être une victime... Comme si souffrir était devenu inconsciemment normal pour moi. Après tout, peu avant que mes dons médiumniques n'émergent, je faisais des rêves qui me dévoilaient morceaux par morceaux mes anciennes vies. Et ces rêves en question se terminaient toujours en me montrant mes derniers instants. Des morts dignes de la sorcière que je fus, que je suis et que je continuerais à être. La mort par le feu. Puis les visions, les manifestations, j’ai fini par me soumettre à ce que je considérais être l'ordre des choses. Je n’avais jamais vraiment réalisé que j’étais une victime. Je me voyais bizarrement comme l’instrument des êtres d'outre-tombe. Et ça montre finalement, Ô combien dans le mal j'étais, si je ne réalisais cela que maintenant. Il me demanda, s’il avait raison ou bien tort... « Je... Je... Je n’en avais pas conscience... D’être... Une victime. » Et c’était ce qui était le plus triste... Maman aurait pu m’éviter ça si... Si elle ne m’avait pas éloigné de la magie, si elle m’avait éduqué sainement pour comprendre les spectres comme elle les comprenait elle-même.
       Parce que mère voyait aussi les morts, mais ces derniers ne la hantaient pas comme il me hantait aujourd’hui. Et je ne savais pas comment elle faisait, si c’était naturel ou bien lié à un sortilège. Comme lui demander, si tout ce qu’elle voulait, c’était que je ne lui pose aucune question concernant l’occulte. Au moins, elle avait commencé à me laisser prendre part aux affaires de l’hôtel de Baba, mais ce n’était pas grand-chose, ce n’était pas suffisant. Et c’était pourquoi j’étais ici, à la recherche d’un espoir que j’étais pour le moment incapable de trouver auprès d’elle. À sa dernière question, je relève mon regard vers lui un instant, avant de fixer de nouveau l’horizon urbain. « Je l’ignore... Un héros sa sauve des vies. Mais ceux et celles qui me demandent mon aide, ne sont déjà plus de ce monde. La plupart des esprits viennent simplement me voir pour que je transmettre un dernier message à leurs proches afin de trouver la paix et de passer de l’autre côté. »

        Oui, je n’attirais pas que les âmes torturées, certaines ne savaient simplement pas qu’elles étaient mortes, elles avaient juste besoin d’être guidées. « Je considère que c’est en soit une justice que de leur permettre de gagner la lumière quel que soit ce qui les bloques sur terre. Même quand ce qui le retient ici, est une mort terrible et irrésolue. La police ne fait pas confiance aux médiums, je doute qu’elle puisse croire en la sorcellerie, je ne peux donc pas travailler avec eux. Même si je connaissais la vérité sur un suspect, sans preuve, l'autorité ne peut rien faire... Alors, j’ai l’impression que je ne peux que me débrouiller seul pour punir les coupables désignés par les spectres. Oui... C'est cela ma justice. »  
      

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          L’ange de Metropolis... Il portait admirablement bien ce surnom. Ce qui était étrange contenu du fait que ses paroles m’inspiraient bien plus que celles du véritable ange que j’ai rencontré plusieurs jours avant. J’étais encore un peu confuse quant à l’idée que j’étais moi-même une victime, sans doute ayant trop longtemps considéré que j’étais le monstre de l’histoire. Le monstre chargé de traquer et exécuter d’autres monstruosités que Gotham ou que l’humanité avait fini par engendrer. Si je voulais changer... Qu’est-ce que je voudrais changer ? Une question qui me plongea dans un mutisme soudain, je fixais le vide, perdu dans les tréfonds de mes pensées à la recherche de la réponse en question. Au début, incertaine... Je finissais par songer que ce qui me gênait le plus, c’était finalement de causer la mort sans être affecté par celle, insensible aux pertes que je causais définitivement. Sinon, pourquoi est-ce que cela me travaillait autant au point d’être assise auprès de lui aujourd’hui ?  
        Oui... Et pourquoi aurais-je songé que j’étais indubitablement soumise à servir ainsi le sentier du diable ? Je n’aimais pas ma situation... Je n’aimais pas ce que j’étais ou l’idée que l’éthique de certains héros m’échappaient. Par moments, je ressentais même le besoin de tout effacer pour n’être qu'une simple adolescente comme les autres. Mais il avait raison, ce que j’avais fait, ne pouvait être occulté. Et la malédiction, ne me laisserait jamais en paix, même si je décidais de vivre comme une adolescente. Ce n’était pas la morale ou un bon fond qui empêcherait mes vies passées de ressurgir la nuit en des souvenirs horrifiques, me rappelant principalement la manière dont j’avais été tuée, brûlée, assassinée dans mes précédentes vies. Au fond, je n’avais aucune réponse à cette question, sans doute étais-je trop conne pour ou trop pourri de l’intérieur pour comprendre comment agir de manière différente. Je n’osais pas répondre... Je n’osais pas avouer mon incapacité à savoir comment me remettre en question.

       Pourtant, c’était l’idée... Celle qu’un guide pour m’aider à percevoir un chemin dont j’ignorais l’existence. C’était l’idée que d’être en mesure de rencontrer une personne capable de m’enseigner une manière plus juste de faire ce que je faisais. Il m’annonça que quelle que puisse être la méthode de faire justice, que ce soit en sauvant des vies ou en courant derrière les criminels, c’était toujours dans le respect des lois et des valeurs. Et là, je compris ce qui me faisait défaut, comme si je venais de recevoir un coup de massue en plein milieu de l’estomac. Je ne connaissais justement aucune valeur à défendre. Mère ne m’avait rien enseigné, m’avait simplement abandonné aux mains de l’enseignement scolaire le plus tôt possible, songeant sans doute que j’apprendrais à être humain qu'en côtoyant d'autres humains. Mais la vie scolaire était un bien terrible No Man’s land pour enfant... Les profs, quant à eux, s’en tenaient à un programme le plus neutre et éducatif possible.
       Le bien et le mal n’avaient pas sa place dans l’enseignement, si ce n’était que pour l’en disséquer autour d’un sujet issu de la matière dédié à la philosophie. C’était le rôle de ma mère de m'apprendre la différence entre le bien et le mal, mais elle-même était encore, sans doute, en train de l’apprendre. Elle qui fut pendant des centaines d’années l’épouse et l’instrument du Mal. Et le fait est que son hôtel abritait des monstres de diverses Folklores, la rendait toujours très ambiguë d’un point de vue moral. Quant à la loi, elle était quant à elle, discutable... Il y avait un dicton qui disait : “Si la loi devenait crime, le crime n’était plus.” Une belle façon de dire que ceux à la tête du gouvernement pouvaient rendre quelque chose d’affreux, complètement acceptable si l’amendement était validé. Le port d’arme en était la preuve... La purge du film American Nightmare était aussi une sorte de satyre d’anticipation, quelque chose qui pouvait potentiellement arriver si c’était validé et voté.

       C’était donc difficile de savoir quand agir selon les lois, surtout que c’était à cause d’elle que beaucoup de psychopathes n’étaient pas considérés comme telle. J'étais perdu... Toujours muée dans un mutisme, poussé par la réflexion intérieure. Puis vint sa dernière phrase... Cette fois, je relevais mon regard vers lui, un peu triste. « J’imagine qu’avec de la persévérance, c’est possible... Mais hormis ces pouvoirs, je ne suis pas très douée pour prendre des décisions intelligentes. La preuve étant l'endroit de notre première rencontre. » Avouais-je... « Il y a aussi le fait que Gotham est une ville gangrenée par la corruption, beaucoup de flics ne sont pas dignes de confiance là-bas, beaucoup protège ceux qui méritent d'être puni. » Je rebaissais mon regard, avant d’ajouter... « Mais... Je peux essayer de faire les choses cette fois... Sans punir. » Et puis tous les flics ne bossaient pas pour le Pingouin. Il y en avait forcément quelques-uns qui pourraient m’aider.
      

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Personne à qui dire je t’aime, mais tout le monde sur qui cracher ma haine… - Faith Cross

          Quelle fin de soirée... C’était la pensée qui me traversait l’esprit alors que je prenais le bus long trajet pour retourner à Gotham, un voyage qui allait durer plusieurs heures. Pas de magie, pas de téléportation, je ne carburais pas à l'essence céleste, le simple fait d'avoir jeté ce sortilège sonore pour convoquer Superman m'a coûté une bonne partie de mes forces. La tête posée contre la vitre, observant le paysage défiler devant moi. Cela avait l’effet de renforcer le sommeil qui m’avait saisi juste après la discussion avec le héros de la Terre. Comme si m’ouvrir ainsi et me rendre vulnérable de la sorte m’avaient psychologiquement épuisé. Je m’efforçais pourtant de rester éveillée, car j’avais besoin de revoir toute la scène de cette conversion, de cette discussion. M’interroger sur ce que je devrais entreprendre pour ne pas refaire les mêmes conneries. Assurément, je n’avais plus tellement le choix de demander à ma mère quel genre de sortilège ou de talisman elle utilisait pour empêcher les esprits de l’approcher. Oui, je pouvais faire usage de la nécromancie pour asservir un spectre dans une certaine mesure, mais ce serait pire encore que commettre un meurtre à mon sens.
     C’était de la magie corruptrice, destructrice qui profiterait de la confusion et de la fragilité de l’esprit pour l’enchaîner à ce monde de la pire des manières. Ce serait grandement hypocrite de ma part d’en faire usage, alors que j’avais puni bien des monstres justement pour libérer certains spectres de leur terrible tourment. Il fallait que je passe par le fait de cesser de répondre aux esprits, pour bien entamer cette rédemption, si l’on pouvait appeler ça ainsi. Non. Le terme me paraissait inapproprié. Il serait plus exact d’utiliser plutôt, le mot “résolution”. Comment ne pas succomber à mes vieux travers si je ressentais, voyais ou subissais à travers la vision médiumnique envoyer par les esprits ou autre force tellurique, ce qu’une victime a pu potentiellement traverser. Je n’avais pas la moindre idée de si je pouvais me montrer assez dure envers moi-même pour éviter d’exercer une justice sanguinaire. C'est vrai.    

       D'après moi, il était probable que je puisse y arriver sans mal, c’était l’idée que je m’en faisais, là assise dans ce bus, en faisant rien de plus que me projeter dans un futur finalement incertain. Mais toujours est-il, que je savais que je ne pourrais pas renoncer à la sorcellerie, elle agissait sur moi comme une drogue à laquelle j’étais déjà dépendante. Je savais que si j’essayais de m’en écarter, je ne ferais qu’empirer ma manière d’être. Je ne tenais franchement pas à être un monstre, pire encore que ce que je croyais être. La preuve étant que de toute façon, tout me ramenait à la magie, que je le veuille ou non. Ma mère avait tenté de retarder le retour de mes souvenirs, avait fait en sorte que je ne sache rien de ce que j’étais et au final, j’avais trouvé le moyen d’accéder à mes pouvoirs sans son aide. Un mauvais calcul de sa part dont je payais encore le prix aujourd’hui. Je soufflais un moment, me tapotant les joues. J’avais un mois pour observer si cette promesse pouvait être tenue, si j’étais capable de changer, de faire les choses mieux.  
      Et un mois, ça me paraissait, bizarrement, relativement cours comme délai, mais cela me rassurait paradoxalement. En une journée, j’étais confrontée à diverses mésaventures, la rencontre avec Parvati en était une preuve solide, de même que celle avait l'ange. Un mois, c’était donc amplement suffisant pour m’éprouver, me tester et je comptais bien accepter ce challenge.