Sorrow

Calée sur ma banquette de bar dans une posture décontractée, je jouais doucement avec le collier que j’avais détaché de mon cou. Des lanières de cuire, enroulées autour d’une chaîne en métal Themysciran. En son bout, une forme arrondie aux nuances de couleur verdâtre, sculptée dans la dent d’une chimère de Una, l’un des rares vestiges que j’ai ramené avec moi du multivers… J’avais fais renforcer les attaches pour ne jamais risquer de le perdre. Le cuir pouvait céder dans le feu de l’action, mais pas pas le métal des amazones… Ce collier, c’était Djarta qui me l’avait confectionné. Cette femme que j’avais aimé, mère d’une fillette que j’adorais… Je les avais vues toutes les deux se faire massacrer par les monstres  il y a quatre ans. J’avais bercé le corps démembré de l’enfant dans mes bras alors que le dernier bastion de l’humanité s’était effondré en quelques heures sous l’attaque de la horde. Les démons étaient répartis en ne laissant que des ruines fumantes et des cadavres… Ce peuple que j’avais aimé de tout mon coeur et que j’avais adopté… Après ça, il n’y avait plus eu que Bruce et moi, errant comme des âmes en peine qui se savaient condamnés. Nous nous étions fixés la mission de remonter à l’origine des monstres, de trouver ceux qui les avaient envoyés, tout en sachant que nous nous ferions tuer dans notre entreprise. Quelle importance ? Mon âme était morte avec les unagrs… Je préférais encore mourir au combat que de survivre à Bruce et d’errer seule et sans but sur cette planète qui subissait une invasion.

Quatre ans d’ermitage, de survie et de combat acharné. Quatre ans à être traqués par les chimères, à alterner les tours de garde et à sursauter au moins bruit, à nous empoisonner avec une faune et une flore qui n’étaient pas adaptées à nos organismes… A nous demander quand ces terres allaient nous emporter pour de bon. Un peu plus de dix ans au total à vivre sur Una pour Bruce, huit pour moi… Le dernier univers, la fin de mon errance, après un siècle à sauter de monde en monde… La technologie avait finit par rendre l’âme sur Una où j’avais retrouvé le chevalier noir. Je m’étais accrochée à la vie, j’avais survécu pour lui, pour le protéger, parce qu’il était tout ce que j’avais…

Et un jour, Flash était venu à nous.

Je levai les yeux, observant la petite scène, proche, sur laquelle une chanteuse se produisait. Elle était magnifique et son chant se révélait aussi envoûtant que celui des sirènes du détroit de Messine. J’étais rentrée pour boire un verre, me poser quelques instants, cherchant un maigre réconfort… Je ne l’avais finalement pas trouvé dans l’alcool qui ne produisait guère plus d’effet sur moi qu’une eau pétillante mais dans la voix de cette petite qui m’apaisait…

Mes yeux se posèrent un bref instant sur mon verre. J’avais demandé l’alcool le plus fort… Les immortels produisaient de vrais breuvages, ici tout était plus léger, plus… adapté à l’organisme des autochtones.

Oh, bon sang… Comment pouvais-je me morfondre de la sorte alors que j’étais rentrée ? J’avais retrouvé le chemin de ma planète alors que j’avais cessé d’y croire depuis de nombreuses années. Ces retrouvailles avaient été les plus belles de ma vie. J’en avais pleuré de joie… Et puis les nouvelles s’étaient enchainées. Le meurtre de la parente à Clark, celui d’Alfred, de Jason, les comptes vidés de Bruce et la trahison de Cat, la situation désespéré du père à Barry, le retour en force des adversaires que nous avions fait reculer,  The Darkness…

Et cela n'arrêtait plus. L’évasion du général Dru-Zod de la zone fantôme, son association possible avec The Darkness et l’assaut de Métropolis, Gotham attaqué encore et encore par ses gangs et le Joker,  Bruce qui s’était emparé de la Ligue des Ombres…

J’avalai une gorgée d’eau de vie, fit une grimace. Le goût était immonde, pourquoi étais-je en train de boire ça ? Même ma boisson me paraissait amère, songeai-je avec l’envie de pleurer. Je ne devais pas, j’avais déjà versé trop de larmes… Il ne les méritait pas.

Je m’étais tenue à l’écart pendant trois mois. En dépit de notre rapprochement et de la nouvelle affection qui nous liait, j’avais fait le choix de me retirer pour laisser à Bruce la possibilité de reconstruire sa relation avec Sélina. Il l’avait aimé si fort, je ne voulais pas l’entraver… J’étais revenue à Gotham il y a peu, passage obligé après mon retour de Themyscira. J’avais voulu prendre de ses nouvelles, m’assurer qu’il allait bien en dépit de tous ces drames qui l’avaient frappé. J’étais prête à le soutenir en tant qu’amie et sœur d’arme, à l’épauler. Nous devions reconstruire la Justice League, nous soutenir les uns les autres. J’avais besoin de lui moi aussi… Il était le seul à savoir ce que nous avions traversé, le seul en qui j’avais une foi et une confiance aveugle, inébranlable… Et il m’avait jeté.

Mes yeux se posèrent sur la chanteuse que je ne voyais pas vraiment, plongée dans mes souvenirs. Nos sentiments avoués et le mur, pourtant, qu’il avait dressé entre nous, prétextant que j’étais devenue une faiblesse à ses yeux, que je risquais de le détourner de sa folie vengeresse… La ligue des ombres était devenue son foyer, il tournait le dos à sa famille, à la Justice League… Il me tournait le dos, à moi . Je peinais toujours à comprendre, j’étais tombée de haut. Je l’aurais soutenue, j’aurais marché à ses côtés pour l’aider… Mais j’étais trop morale pour lui. Bruce était en train de sombrer et il tenait à le faire seul.

Je poussai un profond soupir, tentant d’évacuer le poids sur mon coeur, ce sentiment de mal-être et de souffrance. J’avais trop perdu en quelques années, l’abandon de Bruce était un coup de couteau de plus porté à un cœur déjà trop endeuillé.

J’étais pourtant incapable de l’abandonner. Je devais essayer de le sauver, qu’importe qu’il me déteste pour ça… Je m’étais rapprochée de ses enfants et protégés, à Gotham, à qui il avait également tourné le dos. J’avais voulu leur faire comprendre ce qu’avait vécu le chevalier noir dans le multivers, leur expliquer que leur père s’enfonçait dans une depression post-traumatique meurtrière et qu’il avait désespérément besoin d’eux quand bien même il n’en avait pas conscience. Et voilà que je débarquais à Star City. Je devais parler à Oliver de la Justice League, de Bruce, de la Ligue des Ombres. Il y avait trop à faire et trop peu de temps… Et j’étais là, à tromper l’ennui dans un bar à la recherche d’une distraction, d’un moment de détente où je pourrai tenter d’oublier ce chaos…

Le silence, les applaudissements… Je relevai les yeux après un moment, aperçu ma sirène qui passait non loin.

-C’était magnifique, lançai-je à la volée. Merci pour ce moment.

La beauté était rare et éphémère, elle soulageait mon âme.

Sorrow

Elle était souriante, ma sirène. Une présence qui me sortait doucement du fil de mes pensées pour m’ancrer dans le présent. C’était bien ainsi, je ne pouvais pas me laisser aller à la déprime. J’étais celle qui guidait et qui montrait la voie, l’inébranlable dont les mortels s’inspiraient. Je savais le genre d’image qu’ils avaient de moi. Bruce ne m’avait-il pas projeté toutes ces choses il y a quelques jours, dressant un portrait de moi que je peinais à reconnaître tant je doutais de moi-même à l’instanté ? Le multivers était une parenthèse dans ma vie. Quid d’un siècle à l’échelle d’une longévité telle que la mienne ? Je savais que je rebondirais et que j’irai de l’avant. Je savais aussi que tous ces problèmes que nous affrontions ne dureraient pas. Ils se règleraient, puis viendraient d’autres problèmes, plus tard. Telle était la vie, en constant mouvement. L’ombre n’existait pas sans la lumière et la lumière ne brillerait pas avec autant d’éclat sans les ténèbres pour la mettre en valeur.

J’étais revenue sur Terre, tournant le dos à une planète à l’agonie, abandonnant ce qu’il restait peut-être d’humanité à une mort certaine - si tant qu’il reste encore des humains quelque part… J’avais vu les dernières poches de survivants périr sur le continent où j’évoluais, mais qu’en était-il des autres ?  
A quoi bon me torturer l’esprit ? Ces gens, s’ils existaient encore, avaient un pied dans la tombe. Je les avais laissé tomber pour me réfugier ici, pour rentrer chez moi. La culpabilité m’etouffait.

Je souris en retour à la jeune femme. Mes yeux étaient peut-être tristes et je me sentais accablée, mais je savais aussi me concentrer sur l’essentiel, sur un moment, une personne… Je m’ancrais dans ce regard bleu et plein de sympathie qui me fixait.

Huit milliard d’être vivants ici… Une planète grouillant de vie, resplendissante. L’espoir d’un nouveau départ. Cette femme aussi, je la protègerai. Envers et contre tout, je ne laisserai personne me prendre la Terre.

-Je ne ferai pas une très bonne compagnie, lui dis-je en douceur, mais le sourire aux lèvres. Mais je vous en prie.

Elle pouvait s’asseoir, bien sûr. J’avais perdu de vue beaucoup de monde, en deux ans d’absence, n’avais pas vraiment eu le temps de reprendre contact. J’étais un peu isolée, en fin de compte. Au point de chuter seule dans un bar, un soir. Cela ne me dérangeait pas vraiment, c’était un lieu de rencontre. Il y a avait toujours quelqu’un pour s’arrêter, venir échanger. Peut-être qu’au fond c’était de ça dont j’avais envie. Retrouver un semblant de vie sociale, découvrir de nouveaux visages, me lier à nouveau à des personnes. Ces quatre années d’ermitage m’avaient carencé, moi qui m’épanouissait au contact d’autrui. J’aimais trop être entourée pour me sentir bien dans l’isolement.

Je vis le barman s’approcher, profitai pour commander une boisson un peu plus à mon goût que la précédente et glissai un billet pour payer la consommation de ma voisine, au passage.

-Je m’appelle Diana, dis-je à la blondinette.

Et comment s’appelait donc ma jolie sirène ?

-Vous avez une jolie voix. Vous êtes chanteuse professionnelle ?

Un métier dont il était difficile de vivre, à cette époque. Jadis, la musique avait une place prépondérante dans nos cultures, les mécènes étaient plus nombreux et les musiciens arrivaient plus facilement à joindre les deux bouts. Ils étaient reconnus par la société. Aujourd’hui, seule une très petite élite perçait et la gloire était souvent éphémère.

-Personne ne vous attend ? lui demandai-je courtoise. Une demoiselle aussi sympathique doit attirer son lot d’admirateurs, non ?


Je la taquinais gentiment, sourire aux lèvres. Nous faisions connaissance après tout. Puisqu’elle s’était assise à ma table, j’étais curieuse de savoir qui j’avais en face de moi.

Sorrow

Il arrivait parfois que les gens viennent à ma rencontre lorsque je me trouvais seule. Ils s’asseyaient sur mon banc, venaient parler, me raconter leurs mésaventures. Je me demandais si la bénédiction d’Aphrodite poussaient les Hommes à m’accorder facilement leur confiance… J’aimais plutôt à penser que les mortels étaient naturellement des êtres sociaux à qui la solitude des villes pesait. Un sourire parfois suffisait à transformer leur visage, un peu de temps et de bienveillance pouvaient changer leur vie. Je l’avais ressenti plus d’une fois, alors que je les écoutais patiemment sans rien attendre en retour… Et ils me le rendaient bien, souvent. J’avais fait de merveilleuses rencontres ainsi. Comme il était drôle de voir que les rôles s’inversaient aujourd’hui.

-Ravie de vous connaître, Dinah, répondis-je chaleureusement.

Cette jolie sirène qui venait à moi recherchait aussi la compagnie, mais c’était elle qui semblait prête à me tendre l’oreille. Moi l’immortelle, la sage, celle qui conseillait en temps normal… C’était peut-être tout ce dont j’avais besoin ce soir. Parler. Faire du tris dans mes pensées, chercher l’apaisement…

Je la vis s’emparer de son verre avec une volonté bien visible. De toute évidence, elle avait soif. Je lui souris avec un brin d’amusement. Ce que je faisais dans la vie ? Vaste question…

-Je suis historienne, répondis-je d’une voix tranquille.

J’en avais fait des métiers, en tant que civile. Et que dire de mon activité, celle que je n’ébruitais dans la presse que depuis une petite poignée d’années ? Wonder Woman était apparue récemment, mais je marchais parmi les mortels depuis plus d’un siècle de cette temporalité.

-Spécialisée en histoire antique, précisai-je. Mais… J’ai fais une pause dans ma carrière. Je reviens tout juste d’un long voyage… humanitaire, dis-je après une très brève hésitation.

Le mot me semblait raisonnable pour décrire notre absence. Sans la Justice League, il n’y aurait peut-être plus d’humanité dans cette dimension à l’heure actuelle. Je n’aimais pas mentir, mais je n’avais guère envie de trahir mon anonymat. La tranquillité me semblait bien plus attirante que ce qui risquait d’arriver si j’ébruitais mon identité. Une demi-vérité semblait être le bon compromis.

-Quelqu’un comme moi ? m’étonnai-je sans saisir.

Il est vrai que les gens préféraient généralement boire un verre en groupe, il était plus rare de les trouver seuls. Les femmes encore plus…

-Ca vous est déjà arrivé de rentrer chez vous après une longue absence et de vous sentir  perdue ? Comme si… tout était à la fois semblable à vos souvenirs et complètement différent. Comme si vous ne saviez plus vraiment qui vous étiez et quelle était votre place dans tout ça ?

Je soupirai.

-Et la personne en qui vous avez une foi totale, la seule qui peut vraiment vous comprendre et vous soutenir vous tourne le dos en prétextant que vous êtes trop bien pour elle, qu’elle doit se concentrer sur… sa carrière professionnelle, hésitai-je à nouveau en choisissant le terme.

“Sur la réappropriation d’une société secrète d’assassins qui régule le monde des mortels dans l’ombre depuis des siècles”

Je fis tourner le contenu de mon cocktail dans mon verre, les yeux distraitement rivés sur les glaçons. Bruce m’avait plaqué, après m’avoir dit à quel point il tenait à moi. Ironique, sachant que nous n’étions même pas vraiment ensemble. Ce n’était pas tant la fin prématurée de notre histoire qui m’énervait que son choix de me sortir de sa vie après tout ce que nous avions traversé ensemble… Je réalisais que j’étais devenue l’une de ses faiblesses, et qu’il m’avait jeté pour cette raison. Parce qu’il savait que je serai la morale perchée sur son épaule qui le détournerait de la voie qu’il avait choisi d’emprunter. J’avais le pouvoir de l’influencer.

Mais qu’importe. Faire comme si je n’existais plus ne m’empêcherait pas d’agir pour lui. J’avais rencontré une partie de ses protégés, je savais qu’il leur avait aussi tourné le dos. J’entendais bien reconstruire secrètement les liens qu’il s’efforçait de briser, de l’aider à se relever du deuil qu’il affrontait d’une manière si violente. Il pouvait reconstruire sa vie sans moi, ce n’était pas grave. Je veillerai sur lui, de loin. J’essaierai, en tout cas.

-Tout est en train de vriller… Je sens que je suis à un tournant décisif et j’ai peur de faire les mauvais choix. Je m'inquiète des conséquences.

“J’ignore comment réagira le monde quand je ferai ma réapparition officielle. Il s’est agité quand Superman est revenu. Il s’agite un peu plus avec le retour sanglant de Batman… Pour chacun de nos gestes, le gouvernement et nos adversaires agissent en conséquence. Nous sommes sur un échiquier gigantesque dont je peine à cerner les contours”.

J’étais intervenue à Gotham, après qu’un lieutenant de police ait pris le parti d’usurper mon apparence pour résoudre des enquêtes plus facilement. A quoi bon me cacher, là-bas ? Mais une poignée d’apparitions ne signifiaient pas que j'avais franchi le pas. Je pouvais rendre ça officiel, ce serait facile… Une conférence de presse devant les chaines de télévision mondiales, une reprise de contact avec le gouvernement… Réactiver certains réseaux…
Ou je pouvais continuer à œuvrer dans l’ombre, ne frappant qu’au moment opportun et espérant que cette discrétion relative limite les contre- attaques adverses. Quelque soit ma décision, je devrai en assumer les conséquences…

-Je crois que je me sens juste un peu seule, lui dis-je avec un sourire doux.

Très paradoxal, sachant que je n’avais cessé d’être entourée depuis deux mois et demi. Et pourtant…

Pourtant, mon peuple se trouvait à des milliers de kilomètres. Quant aux américains, ils ignoraient tout de ce que j’avais vécu dans le multivers. La Justice League s’était dispersée, chacun devant faire face à ses propres traumatismes et problèmes. Nous étions isolés… Nous devions nous réunir. Je devais les réunir. Et recruter du sang neuf. Voilà au moins un avis que je partageais avec Clark.

-A ton tour, Dinah, dis-je pour changer de sujet, passant spontannément au tutoiement, plus naturel pour moi. Parle moi donc un peu de toi, lui proposai-je avec un sourire.

Sorrow

-Ah oui ? demandai-je poliment.

Mais la jeune femme ne semblait pas décidée à en dire plus. Nous étions deux étrangères après tout. Deux vies différentes qui ne se recroiseraient probablement jamais… Et c’était là paradoxalement ce qui pouvait faciliter l’échange et nous donner envie de parler.

J’étais las… J’avais du pain sur la planche pour reconstruire ma vie civile, réapprendre à vivre dans cette société moderne et civilisée, renouer avec ceux que j’aimais et reconstruire des relations qui ne seraient peut-être plus jamais comme avant… Les problèmes fusaient de toute part, je hiérarchisais comme je pouvais tout en me demandant si j’en verrai jamais la fin.

Clark avait peut-être raison en disant qu’il était temps de former une nouvelle génération pour prendre la relève. Je le comprenais, lui et ses désirs de retraite. J’étais incapable de me retirer, personnellement, mais je sentais que j’avais besoin d’une longue pause pour ne penser qu’à moi, me reprendre en main, me réapproprier ma vie et dépasser tous ces cauchemars qui me hantaient chaque nuit…

Mon corps était revenu sur Terre mais une partie de mon esprit vivait encore à Una sur une planète à l’agonie peuplée de monstres sanguinaires. Il m’arrivait encore fréquemment de sursauter en entendant un bruit ou de chercher dans les buissons les créatures posées en embuscade. Il n'y a pas si longtemps, le moindre instant d'égarement pouvait me couter la vie. Les chimères avaient été envoyées sur Una pour éradiquer méthodiquement chaque être humain de la planète et elles avaient remarquablement réussi leur mission...

-C’est une belle manière de s’exprimer, les arts. La musique a un grand pouvoir sur les gens.

J’avalai ce qu’il restait du contenu de mon verre et le posai sur la table.

-Je ne m’attendais pas à profiter d’un concert en m’installant dans ce bar, c’était une belle surprise. Tu connais bien Starcity? lui demandai-je. Il y a des coins sympas pour s’amuser ici ?

Je pouvais bien m’accorder une soirée pour relâcher la pression après tout. Je n’avais rien d’autre à faire de toute façon en attendant mon rendez-vous avec Oliver. M’aérer et me divertir me ferait le plus grand bien.

-Si ça te dit… Et si tu n’as pas d’autres projets pour ce soir, lui dis-je avec un sourire.

Sorrow

J'acquiesçai. La musique était un art appréciable. Pour ma part, j’aimais aussi beaucoup le théâtre, la catharsis par excellence. Les amazones plébiscitaient également le sport. Dans le monde des Hommes aussi, le sport était apprécié… Mais il me semblait bien fade en comparaison des activités de mes terres natales. Il n’y avait pas de prises de risque, pas de spectacle… A Themyscira, les amazones donnaient tellement plus d’elles-mêmes dans ce qu’elles faisaient ! Les spectatrices ressortaient vidées des tribunes, elles avaient engagé toutes leurs émotions avec les compétitrices.

Et j’étais là, à penser à mes sœurs, en remuant le contenu de mon verre tout en discutant musique avec une illustre inconnue après m’être faite jeter par mon frère d’arme… Quel triste spectacle je devais être à voir…

-Oh, tout me va pourvu que je puisse me dépenser jusqu’à oublier mes tracas.

L’alcool n’allait clairement pas être d’une grande aide… Chez mes soeurs, il fallait de belles quantités pour m’émécher. Ici ? Il était si peu fort qu’il m’affectait autant que du sirop de grenadine. J’aimais bien le sirop, mais objectivement, ce n’était pas vraiment la chose que l'on consommait pour s'oublier.

Je réfléchis un moment. De quoi avais-je envie à l'instanté ? Me défouler, me changer les idées… J’étais en bonne compagnie, elle semblait partante pour rester et me montrer les coins divertissants de Star City… Autant en profiter !

Je terminai mon verre cul sec.

-J’ai envie d’aller danser. Tu connais un bon club ?

Une boite de nuit où nous entrerions, anonymes… Je profitai de mes derniers moments de calme avant la tempête, consciente que mon visage serait à nouveau scruté dès lors que je retournerai au devant des caméras.

Ma jolie sirène tint parole, m’amenant dans une boite de nuit où nous eûmes tout le loisir de danser, encore et encore, de faire des rencontres et de nous vider la tête. Un moment plaisant qui eut le mérite de me changer les idées. Cela me fit du bien…

Je remerciai ma sirène en partant, échangeant nos numéros de téléphone pour garder un contact. Je ne passais pas souvent à Star City mais il suffisait d’une fois après tout !