Interview with a magician - Metropolis. Octobre 2016. [Terminé - Flashback]

Interview with a magician

La solitude n’était pas en soit un sentiment dévorant ou déplaisant tant il pouvait exister de personnes en ce monde, chérissant leur solitude tout en s’accordant des moments sociaux. Il s’agissait généralement des sentiments et des pensées qui étaient liés à la solitude qui pouvaient dévorer toute envie ou volonté positive et ainsi rendre cette condition insupportable. Bien nombreuses étaient les causes de la solitudes, volontaires ou imposées par la force des choses. Si elle cherchait à combler sa solitude en se plongeant dans ses livres ou en se joignant aux mondanités qu’offraient les différentes villes dans lesquelles elle était de passage, un part de Zatanna continuait à se sentir seule. Il y avait tout d’abord eu John Constantine. Ce détective de l’occulte qui s’il ne partageait pas ses pouvoirs, avait ce côté rebelle teinté d’accent britannique qui l’avait bien rapidement séduite. Cet homme auprès duquel elle avait étudié, poursuivit puis combattu une force démoniaque avant que ce dernier ne parte sans le moindre mot, la laissant le cœur brisé. Puis il y avait eu Giovanni Zatara, son mentor, son père qui avait définitivement quitté ce monde emporté par la vieillesse et une longue maladie.

Trois mois. Trois longs mois s’étaient écoulés, voyant Zatanna entrer régulièrement dans le cimetière de Gotham, marchant entre les tombes pour venir déposer un petit bouquet d’iris bleues au pied de la stèle de son père. Restant par la suite de longues minutes dans un parfait silence ambiant, seule à écouter ce qui l’entourait et repoussant peu à peu dans un coin de son esprits toutes les pensées qui pouvaient venir la déconcentrer le lendemain lors de sa représentation à Metropolis. Cette grande et riche cité bâtie de l’autre coté de la baie où nombreux étaient ceux qui courraient après les progrès technologiques, où les laboratoires, les centres de recherche et des usines robotisées à la pointe de la technologie avaient fleurit au fil des années. Une même baie, deux villes se faisant face mais dont les caractéristiques et le cœur étaient bien différents. La pensée quant à cette représentation qu’elle avait tant pu repousser, ne se sentant pas encore prête à remonter sur scène, lui rappela un point d’importance qui lui fit rouvrir les yeux subitement. Elle sortit son téléphone de son sac et consulta l’heure : si elle ne partait pas dès à présent, elle serait en retard pour son interview.

- Souhaite-moi bonne chance, Père, dit-elle avant de se lever et de s’éloigner d’un pas déterminé afin de quitter les lieux plus rapidement qu’elle n’était arrivée et rejoindre sa moto stationnée non loin de l’entrée.

Une fois prête, Zatanna mis le moteur en marche et elle se mis tout de suite en route pour rejoindre Metropolis. Il y avait de grandes différences entre les deux villes, l’architecture était ce point visible faisant passer tout un chacun d’un univers à un autre en moins d’une heure. Jetant un coup d’œil à son GPS, elle suivit alors consciencieusement l’itinéraire indiqué et ce jusqu’à ce qu’elle trouve le point de stationnement le plus proche de son lieu de rendez-vous. Le temps qu’elle puisse se stationner, il ne lui restait désormais que le temps d’effectuer le trajet jusqu’au salon de thé avant qu’elle ne soit en retard. Chose qu’elle avait en horreur, surtout lorsqu’elle risquait d’être impliquée dans ledit retard. Casque de moto en main, sac sur l’épaule, elle pressa alors le pas pour arriver jusqu’à sa destination.

- Bonjour, j’ai une table de réservé au nom de Zatara, se présenta-t-elle auprès du personnel qui vint l’accueillir, la délestant de ce qui pouvait l’encombrer. Pour deux, précisa-t-elle avant que l’homme ne l’invite à le suivre vers le fond de la salle, là où elle comme le journaliste pourrait discuter librement sans se préoccuper des oreilles indiscrètes. Il déposa deux cartes sur la table, laissant s’installer librement avant de prendre congé. Posant son téléphone sur la table avant de déposer son sac à ses pieds, la brune commença à observer les alentours, les visages discutant entre eux, la décoration des lieux puis ses yeux bleus se posèrent sur le visage d’un homme de haute stature portant des lunettes, qui marchait en sa direction. Il avait définitivement l’air d’un journaliste. Zatanna se leva alors qu’il parcourait les derniers mètres les séparant puis tandis la main, un grand sourire venant étirer ses lèvres. Monsieur Kent, je suis ravie de faire votre connaissance !

29 Octobre 2016 - un salon de thé sur Metropolis

- Clark, vous êtes en charge de l’interview de notre miss paillette et glamour. Je veux le papier demain, ordonne l’éditeur.

Affable, je ne le contredis pas et je prends déjà connaissance des informations fournies. J’avais droit à une biographie sommaire au sujet de la demoiselle, ainsi qu’à un modèle de script standard que j’avais à adapter aux circonstances ou à l’activité de la personne interrogée. En somme, le travail était assez banal, voire basique. A moins que la « miss paillette et glamour » soit une gamine capricieuse, nulle difficulté à l’horizon !

Mes collègues me lancent quelques sourires amusés : j’étais puni pour un article des plus décevants, que j’avais soumis malgré moi au chef, très récemment. Si mes capacités hors-du-commun me menaient tout droit à d’excellents sujets, je manquais cruellement de sources ou de preuves irréfutables pour les rendre crédibles aux yeux du public. D’ordinaire, les photos suffisaient. Puis, il y avait ces cas exceptionnels où il fallait plus que quelques petits clichés.

Conscient que l’heure du rendez-vous approche, je me dépêche à quitter les bureaux et à me frayer un chemin, par bus ou metro, jusqu’à l’adresse convenue – un salon de thé. Je pourrais voler, mais je freine cette envie. Un homme volant ne passait pas vraiment inaperçu dans le ciel de Metropolis, et je faisais déjà l’objet de quelques rumeurs suite à quelques actions héroïques et anonymes. Ce n’était qu’une question de temps avant que je devienne une réalité aux yeux du monde, surtout lorsque c’était Lois Lane qui se penchait sérieusement sur ce sujet. Rien ne l’arrêtait. Je ne savais pas si je devais être admiratif, ou agacé.

Arrivé, on me conduit aussitôt à la table réservée. La magicienne était déjà arrivée. Je ne peux pas m’empêcher de jeter un coup d’œil à une vieille montre, heureux de constater que j’étais bien à l’heure – et non en retard. Ce n’était pas très professionnel, et surtout peu courtois, de faire attendre. Mon père aimait dire qu’être à l’heure à un rendez-vous était déjà être en retard : il fallait toujours se rendre quelques minutes à l’avance.

- Mademoiselle Zatara, tout le plaisir est pour moi, répondis-je, en lui serrant délicatement les mains.

A force de patience, et après la destruction de nombreux objets ou de troncs d’arbres dans la ferme, j’avais appris à trouver ce délicat équilibre entre fermeté, puissance et délicatesse, et à l’adapter aux circonstances. Aujourd’hui, j’étais capable de maîtriser cette force pour pouvoir broyer quelques portes à ma convenance ou pour échanger une simple poignet de mains avec une brunette. Fille ou garçon, qu’importe, ils étaient tous logés à la même enseigne avec moi.

- J’espère que je n’ai pas écorché votre nom, continuais-je, un sourire gêné aux lèvres.

Je savais à quel point nous, les Américains, pouvions déformer un nom ou un prénom « étranger ». Si certains s’en fichaient, ce n’était pas mon cas. J’enviais ces hommes et ces femmes qui avaient un nom et un prénom propre dès leurs plus jeunes âges, et qui l’apprenaient aux côtés de leurs parents ou de leur entourage. Pour ma part, pendant longtemps, je ne savais rien de mes origines, de mes parents biologiques ou de ma véritable identité. Aujourd’hui, j’avais pu obtenir plus de réponses. Pour le meilleur, et pour le pire.

- Vous pouvez m’appeler Clark, suggérais-je, ne sachant pas si elle voudrait se plier à cet usage, ou si elle souhaitait rester formelle. Elle était le centre de cet interview : je n’en étais que le scribe des temps modernes. Je ne connaissais pas ce salon. C’est une agréable surprise. Vous avez de bons goûts, dis-je, balayant la pièce du regard, remarquant déjà quelques détails que d’autres ne pouvaient pas voir.

Lorsque je vois les prix sur la carte, je comprends bien vite la raison de ma méconnaissance. Certes, j’étais « Superman » mais je ne faisais pas ces actes d’héroïsme pour être « payé ». Je me contentais de ma petite paie de journaliste pour payer mes courses, mes factures et mon loyer, dilapidant ce qu’il pouvait me rester pour dépanner ma mère dans ses prêts ou pour payer quelques verres en compagnie de collègues ou de quelques rares amis – de Smallville, ou de Metropolis.

Que représente le S ?

Interview with a magician

Les interview n’étaient guère un exercice dans lequel la jeune femme aimait se prêter. Répondre aux même questions, sourire, se montrer prudente tout donnant suffisamment d’informations intéressantes pour ne pas faire perdre son temps au journaliste. Elles se faisaient donc rare pour Zatanna qui retrouvait un semblant de confiance en elle et de ce fait, le chemin de la scène. Ce rendez-vous était donc pour elle une première depuis la départ de John, depuis la mort de son père, et elle y voyait là une occasion de retrouver une confiance supplémentaire qui lui était tant utile pour sa magie.

Si elle savait qu’un homme répondant au nom de Clark Kent se présenterait à elle, elle ignorait cependant ce à quoi il pouvait ressembler. Préférant cependant ne pas imaginer quoi que ce soit, elle se concernant alors sur ce qui l’entourait, se préférant ainsi de trouver un semblant d’apaisement avant qu’elle ne soit confrontée à des questions en tout genre. Elle n’eut cependant pas suffisamment de temps seule pour se mettre à examiner distraitement la carte car arrivait dans sa direction un homme de haute stature et d’une carrure qu’elle n’aurait pas attribuée à un journaliste. Lui adressant un grand sourire, elle l’observait avec attention, son regard ne pouvant s’empêcher d’observer cette âme. Âme dont se dégageait quelque chose de simple par rapport à la sophistication qui caractérisait Metropolis, une impression rassurante et une volonté de justice… qui correspondait à cet emploi qu’il occupait. En somme il s’agissait d’un homme dont elle n’avait que peu de choses à craindre hormis le fait de se tromper. Sans retenue elle lui tendit la main et il la serra avec délicatesse tout en la saluant à son tour. Un léger rire quitta la gorge de Zatanna lorsque le brun poursuivit.

- Aucunement, répondit-elle chaleureusement alors que le contact se rompit et qu’elle l’invita à s’asseoir. Ainsi il préférait qu’elle se réfère à lui par son prénom au lieu de son nom de famille, un point qui la soulageait quelque peu et permettait ainsi de briser cette barrière que représentaient les titres « mademoiselle » et « monsieur ». Lorsqu’il émit un compliment sur le choix du lieu, la jeune femme haussa les épaules. Clark vous pouvez m'appeler Zatanna. Merci pour votre compliment mais je ne connais que trop peu Metropolis. J'ai choisi ce salon de thé parce qu'il me semblait autant être une bonne adresse qu’un lieu serein pour que nous puissions discuter, répondit-elle avant d’ouvrir à son tour la carte… pour y découvrir les prix pratiqués par la maison. Se retenant d’écarquiller les yeux, Zatanna parcouru rapidement la carte avant que son choix ne se porte sur un chocolat chaud viennois et posa à nouveau son regard sur Clark. Vous préférez attendre que l’on soit venu prendre notre commande pour commencer ou maintenant serait préférable ? demanda-t-elle.

La brunette avait plus ou moins mon âge. Quoique, si mes souvenirs sont bons, selon la petite biographie fournie par mon éditeur, elle était ma cadette d’une petite poignée d’années. Dans un souci de précision, et de professionnalisme, je me décide à faire un usage discret de mes dons. Déjà, je cherche le descriptif à travers l’épais cuir de mon sac. Lorsque je le trouve, je le survole assez rapidement, en m’attardant un tantinet sur quelques détails – date et lieu de naissance, début de carrière etc …. Elle avait bel et bien cinq ans de moins que moi. C’était assez rassurant, car cela signifiait que je n’allais pas faire face à un quelconque gouffre générationnel. Si ce type d’interview pouvait être très enrichissant humainement parlant, que ce soit pour découvrir les codes de la nouvelle génération née après 2000 ou encore pour se rappeler de quelques vieilles traditions auprès de nos ainés, il était aussi particulièrement ardu à conduire. Il n’était pas question d’adapter son langage – ou d’interpréter un langage différent – uniquement, mais de le maîtriser sans trop tarder pour éviter tout quiproquo ou pour pouvoir établir un lien de confiance avec l’autre !

- Votre premier choix est bien excellent, vis-à-vis de ces critères, dis-je, me demandant sincèrement si j’allais pouvoir passer un tel prix – pour un thé – en note de frais. Si le journal se portait plus ou moins bien, nous n’avions pas non plus un budget très florissant, ou des revenus très stables, continuellement positifs. Si je connais bien Metropolis, je dois reconnaitre que mes établissements favoris sont autour du bureau ou de mon appartement. Et c’est souvent assez bruyant. Et pas aussi propre qu’ici, je m’en rends compte maintenant, avouais-je. C’est votre interview. Vous en décidez son cours. Nous pouvons faire connaissance ou je peux me présenter. Il est toujours plus agréable d’échanger avec une personne qui est plus qu’un prénom, un nom et un job, soufflais-je, sourire aux lèvres. La seconde pierre était lancée. Si la pétillante magicienne avait été heureuse que nous nous appelions par nos prénoms, acceptera-t-elle cette nouvelle proposition ? Ou alors vous manquez de temps, ou parce que vous êtes plus à l’aise avec cette méthode, je vous pose les questions, et vous répondez tout simplement, conclus-je, sans le moindre jugement dans mon regard ou mon ton.

Aujourd’hui, j’interrogeais une innocente et honnête magicienne, nullement mêlée à quelques obscures histoires de trafics, d’escroqueries ou de meurtres. Il n’était pas nécessaire de la presser comme un citron, ou d’être particulièrement agressif ou menaçant à son encontre. De surcroît, elle ne semblait pas spécialement agaçante ou capricieuse. Elle méritait amplement qu’on s’ajuste, un peu, pour qu’elle soit davantage à son aise. Ainsi, quel que soit son choix, je le respecterai.

Je profite qu’elle réfléchisse, ou qu’elle prenne une décision, pour balayer à nouveau le menu des yeux. J’hésitais entre prendre la boisson la moins chère de la carte, ou celle que j’affectionnais assez malgré un prix assez scandaleux. En raison de ma condition de Kryptonien, je dois avouer que je n’expérimentais pas beaucoup la faim ou la soif, comme les humains. Dès lors, très souvent, tout ce que je mangeais ou buvais tenaient plus de la gourmandise que de la nécessité. Et cette dernière l’emporte bien vite sur la raison. Décision prise, je referme le menu avec un air satisfait.

- Si je ne me trompe pas, vous allez donner un spectacle bientôt. Vous devez être impatiente.

Que représente le S ?

Interview with a magician

Ce qu’elle percevait du journaliste commençait peu à peu à détendre une Zatanna prête à débuter l’interview au plus tôt pour que cet exercice ne s’éternise pas. Il était poli et ne cherchait aucunement à la mettre dans une position inconfortable où elle pourrait perdre ses moyens et le fait qu’il la complimente sur son choix pour leur rendez-vous aidait tout autant que la vision de cette âme bonne qui s’offrait à elle. Un sourire vint à nouveau étirer ses lèvres alors qu’elle lui adressait un hochement de tête en guise de remerciement, peut-être n’était-ce pas nécessaire mais la politesse était importante.

L’aveu de Clark lui fit hausser un sourcil de surprise. Il connaissait la ville mais ce qu’il préférait se trouvait autours de ses lieux de vie, c’était surprenant pour un journaliste mais ce n’était cependant pas si dénué de sens. A la mention du bruit qu’il pouvait avoir dans ces lieux, un léger s’échappa de la bouche de la magicienne : si cela se trouvait dans le centre névralgique de la ville, cela devait effectivement être bruyant. Heureusement elle avait fait un bon choix en prenant ce salon de thé et non un quelconque café aux abords du Daily Planet. Mais pour leur entrevue, comment procéder ? Dès maintenant ? Attendre qu’ils soient servis de leur boisson ? Elle l’ignorait totalement et lui en faisant part, elle espérait qu’il lui apporterait une réponse qui saurait apaiser pleinement l’appréhension qu’elle s’attelait à occulter à chaque seconde qui s’écoulait depuis l’arrivée du journaliste. Il lui répondit avec un beau sourire qui venait éclairer son visage, soulignant le bleu de ses yeux, et Zatanna haussa les épaules. Du temps elle en avait, commencer au plus vite lui permettrait de ne pas avoir envie de s’y soustraire en lui donnant un quelconque prétexte.

- Alors échangeons, Clark. Nous sommes là pour ça, non ? répondit-elle avant que le serveur ne vienne prendre leur commande. Elle, un chocolat chaud viennois. Lui, un thé. Un choix simple et de goût tant il pouvait exister une multitude de thés aux parfums uniques. Elle demanda une carafe d’eau en supplément puis elle observa le serveur s’éloigner avant de reporter son attention sur son interlocuteur du jour qui s’adressait à elle. Oui elle allait se représenter bientôt, le lendemain était un terme plus exact mais elle ne pouvait se permettre de le reprendre à ce sujet. Si elle était impatiente ? Sans le moindre doute, elle éprouvait l’impatience de remonter sur scène et d’à nouveau éblouir les regards avec sa magie. Entendre l’émerveillement d’autant d’enfants que d’adultes. Et elle avait mis du temps avant de refermer cette faille ouverte par le départ de John puis la mort de son père. Il était plus que temps d’être à nouveau elle-même, de recevoir les applaudissements.

- C’est exact. La scène c’est presque toute ma vie même si quand j’étais petite j’étais plus souvent dans les coulisses ou au premier rang, qu’au côté de mon père pour l’assister dans ses tours ! répondit-elle tout d’abord avant qu’elle ne se rende compte de la pointe de nostalgie qui venait de s’échapper dans sa voix. Qu’en est-il de vous Clark ? Partagiez-vous des activités avec vos parents ?

- En effet, votre père était lui-même un grand prestidigitateur. Il serait être extrêmement fier de votre accomplissement, soulignais-je, le ton respectueux et un brin solennel.

Un parent peut avoir décédé récemment, ou il y a bien longtemps, il n’est jamais facile d’en parler. Son absence vous prend aux tripes, et réveillant ce petit gosse orphelin. Les parents représentent, bien souvent, tout votre monde jusqu’à ce que vous vous réveilliez, un beau jour, sans eux. Aussitôt, vous vous sentez vide, désorienté, abandonné et perdu. La vie devient une montagne gigantesque, ombrageuse, menaçante et effrayante. Les routes qui mènent à ce sommet sont tortueuses et tordues. Et vous n’avez plus ce soutien rassurant. Les enseignements de ce parent disparu sont votre seul héritage, cette torche qui éclaire votre chemin, tentant de vous aider à faire la différence entre le bien et le mal, la justice et l’injustice, la morale et l’erreur. Enfin, vous êtes subitement seuls. Vous tombez, vous vous rétamez, vous devez vous relever seuls constamment.

Puis, un beau jour, avant même que vous ne vous rendez compte, vous devenez ce rocher solide pour quelqu’un d’autre. Vous n’êtes plus seuls, mais accompagnés. Vous avancez « ensemble », avec une ou plusieurs personnes, que vous respectez ou que vous aimez passionnément. Lorsque mon père est décédé, et que je me suis jeté sur les routes de l’Amérique pour obtenir quelques réponses, j’en ai fait de belles et décisives rencontres. Celles qui vous apprennent que vous ne serez jamais une âme solitaire, celles qui vous dissipent quelques nuages noirs qui planent sur vous, celles qui vous invitent à retourner à la maison ou encore celles qui vous inspirent l’espoir d’un lendemain meilleur.

- J’ai grandi à Smallville, dans la ferme familiale. Tout naturellement, j’aidais mon père avec quelques travaux, soulignais-je, le ton respectueux et un brin solennel.

J’occulte, volontairement, la question de la « naissance ». Je ne dis jamais que je suis né à Smallville. C’est un mensonge que je refuse de dire à haute voix. Clairement je suis « d’ailleurs ». Mes capacités en témoignent. Mon « arrivée » sur la planète Terre tout autant ! Quel enfant tombe du ciel, dans une capsule faite d’une matière inconnue ? Personne. Du moins, personne qui habite cette Terre. J’étais l’étranger, le marginal, l’alien.

- Aujourd’hui, j’ai effectivement moins le temps, avec mon emploi, mais je tente d’être disponible pour les gros travaux, ou pour les périodes clés pour être sûr d’avoir quelques à récolter dans quelques mois.

Le soleil est ma source d’énergie inépuisable, et constante. Grâce à ses rayons, j’ai besoin de très peu de sommeil ou de nourriture. Ma mère s’inquiète, constamment, mais les faits étaient là, indéniables. Je pouvais avoir une longue journée à Metropolis, entre le journalisme et les petits criminels à attraper, que j’avais encore suffisamment d’énergie pour labourer tout un terrain agricole. Et même après cet effort, je pouvais encore tenir debout.

- Je pense que je reprendrai la ferme familiale, à terme. Mais pour le moment, j’ai envie d’avancer ma carrière dans le journalisme, révéler quelques vérités au monde.

J’avais pris goût au journalisme au lycée, lorsque mes deux seuls, et véritables, amis m’avaient trainé contre mon gré. Si je n’aimais pas les investigations qui durent, il faut avouer que ma vision et mon ouïe étaient un avantage indéniable dans ce domaine. Ajoutons à cela que j’arrivais effectivement à dénicher quelques affaires intéressantes, et presque choquantes, que je ne pouvais pas tolérer. C’était ma façon de combattre pour la Justice et la Vérité aux yeux du monde entier. Cependant, mes efforts ou mes talents étaient bien maigres, en comparaison de la passion – enflammée – et de la curiosité extrême de ma séduisante et intenable collègue : Lois. Malgré moi, un sourire benêt et niais se dessine sur mes lèvres en pensant à elle. Elle ne me laisse pas indifférente, depuis le premier jour où je l’ai rencontré.

- Pour votre part, vous continuez l’œuvre familiale et vous y excellez même. Vous êtes extrêmement appréciés par le public et même par vos pairs, relevais-je. On sent que c’était le coup de foudre avec ce monde de magie, dès le premier jour. Ou est-ce que vous avez décidé d’épouser cette carrière, suite à un autre épisode, ou une révélation ? Enfin, et surtout, qu’est-ce qui garde cette passion pour ce métier ou ce monde ?

Que représente le S ?

Interview with a magician

Un léger sourire aux lèvres, la discussion était à présent lancée, venant ainsi effacer l'appréhension qui guettait la jeune femme. Clark, si toutefois il ne s'agissait que d'une question logique, était prévenant de s'enquérir de son sentiment quant à son retour sur scène car si cela pouvait être positif cela pouvait tout autant mettre en lumière un sentiment négatif. Elle avait déjà prouvé qu'elle était à la hauteur de son père, si ce n'était plus. La crainte de ne plus disposer d'une épaule sur laquelle se reposer au besoin ? Peut-être existait-elle dans les tréfonds du cœur de la jeune femme qui s'attelait à la faire taire, gardant à l'esprit la possibilité d'invoquer l'esprit de son père en cas de besoin. L'important était de se projeter sur ce qu'elle aimait et de se concentrer sur ce qu'elle aurait à faire, fixé au millimètre près. Mais la réaction que lui apporta Clark vint se percuter à l'armure que la jeune femme s'était attelée à forger alors même que la terre recouvrait peu à peu le cercueil. Malgré elle, elle senti ses traits se décomposer alors qu'elle détournait le regard. Fier de ce qu'elle accomplissait... Retrouvant un semblant de contenance, elle braqua à nouveau son regard sur le journaliste, lui adressant un demi-sourire.

- Merci pour vos mots Clark, ils me font chaud au cœur, répondit-elle avec douceur avant d'écouter la réponse de Clark à la question qu'elle lui avait retourné.

Smallville. Une ville qu'elle ne connaissait que peu, un nom parmi tant d'autres qu'elle se laissa à imaginer alors que les mots du journaliste lui parvenaient. Petite ville, comme son nom semblait l'indiquer, entourée de champs et de maisons bâties dans le bois. Un lieu d'un calme qui devait grandement contraster avec les incessantes sollicitations de villes telles que Metropolis et Gotham. Une ferme familliale, une grande proximité avec ses parents... Une vie simple.

- Vous n'avez peut-être pas le temps que vous souhaitez pour y retourner mais au moins ça vous permet de vous éloigner de tout ce tumulte ambiant, réagit-elle avant qu'elle ne hausse un sourcil, surprise par cette annonce et impressionnée par cette détermination qu'il exprimait en lieu et place de la laisser l'observer par l'intermédiaire de son âme. C'est un beau projet, cette ferme à une valeur inestimable à vos yeux et je suis certaine que vous ne voudriez pas la voir aux mains d'un entrepreneur. Pour ce qui est de votre carrière je ne que vous saurez être exemplaire et exposer de nombreuses vérités... le pays et le monde à besoin de journalistes comme vous, justes et déterminés ! répondit-elle avant qu'elle ne remarque ce sourire qui venait étirer les lèvres du brun. A quoi venait-il de penser ? La jeune femme était bien incapable de lire dans les pensées mais il fallait être aveugle pour ne pas voir que cela plaisait à Clark.

Alors que le journaliste poursuivait, le serveur revint avec leurs consommation, leur indiquant qu'ils pouvaient faire appel à lui en cas de besoin, et les mains posées autours de la tasse, Zatanna pu pleinement se concentrer sur ce qu'il venait de lui dire. Un grand sourire vint cette fois étirer ses lèvres. Son excellence venait de l'apprentissage minutieux prodigué par son père, ses découvertes auprès de Nick et au sein de bibliothèques arcaniques de par le monde. Oui elle aimait la magie, depuis aussi longtemps qu'elle se souvenait, elle en connaissait aussi bien les avantages que les inconvénients et elle la prenait telle qu'elle était.

- Je ne saurais pas le dire avec certitude, j'ai appris très tôt que j'y étais prédisposée et mon père m'a enseigné tout son savoir. Quant a savoir ce qui continue d'alimenter cette flamme... je dirais que c'est avant tout l'imagination, tant qu'elle est fertile et humainement possible je l'accompli. Aussi remise en question puisse-t-elle, pour moi la vraie magie existe, mes confrères dans leur grande majorité ne sont que des prestidigitateurs suffisamment habiles et bien entourés pour mener à bien leurs tours.

Mes capacités kryptoniennes avaient bien des avantages, dont vivre sans faire des concessions considérables. D’un bond, je pouvais me projeter à mille et une endroits – visiter la barrière de corail en Australie, ou tenter d’arrêter un massacre dans quelques coins reculés du Monde. Je n’avais aucune limite ou obstacle qui m’en empêcherait – un vol raté, les aléas de la météo, par exemple – si ce n’est ma propre volonté. Cette liberté est aussi enivrante qu’effrayante. Un jour ne passait pas sans que je me demande si je n’avais pas abusé de mes talents hors normes, perturbant la balance particulière de ce monde. De fil en aiguille, j’avais créé mes propres limites, me forçant à m’y tenir par la seule force de ma volonté. Un travail qui tenait plus du mental que du physique, et qui m’épuisait considérablement certains jours. J’enviais les Hommes qui n’avaient pas à s’inquiéter de telles considérations, passant leur existence soit à se complaire dans leurs faiblesses, soit à repousser leurs limites ! Leur nature fragile et mortelle à la fois assurait cet équilibre particulier nécessaire à la survie de toute civilisation. Et j’aimais cette dernière. Je la chérissais. Je voulais la protéger.

- Oui, il fait du bien de s’éloigner du tumulte de la ville, mentis-je, à nouveau.

Oh, le tumulte ne me quittait jamais. Sans contrôle, je suis assailli par tous les sons du monde entier, qu’importe que je sois à Smallville ou dans un Bunker. Même dans l’espace, j’entendais des bruits – mais d’une autre nature, et source. Le contrôle de mon ouïe a été ma première limite, me forçant à ignorer certains bruits ou appels – de détresse. Je suis obligé, ou autrement je ne pourrais pas me tenir à ces règles que je me suis imposé. Je veux aider, et non bouleverser toute l’organisation actuelle en place. A bien réfléchir, non, les notions de « paix » et de « silence » étaient inexistantes pour moi.

- On va faire de son mieux, pour que la ferme tienne debout, répondis-je, cachant plus ou moins un malaise naissant.

Ah, qu’importe que je sois l’un des hommes les plus puissants, je n’échappais pas aux lois de l’économie et, surtout, aux conséquences du réchauffement climatique. Selon les années, les récoltes pouvaient être exceptionnelles ou catastrophiques. Malheureusement, les dépenses étaient moins fluctuantes, augmentant même d’années en années. Je savais que ma mère s’était considérablement endettée, et vivait un peu sur le fil du rasoir. Que faire ? Des considérations que je me force à remettre à plus tard. J’ai un article à sortir, ou sinon j’allais payer de ma paie – ou de mon poste. Ce n’était pas le moment de m’attirer davantage les foudres de mon éditeur.

- Qu’entendez-vous par « vraie » magie ?, glissais-je, sans une once de scepticisme dans la voix.

Alien d’une autre planète, et Super-héros discret et sans nom à mes heures perdues, j’étais la preuve vivante que tout était possible ; de plus, j’avais déjà vu quelques discrets magiciens à l’œuvre. Alors, oui, je croyais aussi à la « vraie magie ». Reste à voir si elle et moi parlions de la même chose, ou si j’avais en face de moi un quelconque charlatan. Malgré moi, j’active ma vision, me concentrant sur ce cœur pompant à allure constante du sang. Je m’habitue au rythme, je l’enregistre. Et je suis aux aguets, prêt à savoir si elle mentait, si elle était une lunatique qui croyait à ses propres mensonges ou, une possibilité, si elle disait la vérité et était belle et bien une vraie magicienne.

Que représente le S ?

Interview with a magician

Un léger rire s’échappa de sa bouche. Elle avait appris comme tous les autres prestidigitateurs à être habile de ses mains, rapide dans l’exécution de ses tours pour détourner l’attention des spectateurs et cela composait la majeure partie de ses spectacles, l’usage de sa propre magie était cette touche de venait donner cette dimension mystique et époustouflante qui faisait tant son succès. L’imagination était donc très importante pour entretenir cette flamme de passion mais aussi continuer à attirer les regard sur elle, à plaire et impressionner durant de nombreuses années. Elle n’aurait probablement pas dû parler de « vraie magie » étant donné que le journaliste n’avait pas abordé ses croyances en la question ni remis en question ce qu’elle faisait. Mais tant pis, dans le pire des cas elle passerait pour une illuminée. Elle porta sa tasse à sa bouche, prenant quelques gorgées de sa boisson, puis la reposa devant elle avant de se pencher légèrement en avant. Si à la suite de cet article elle aurait ses détracteurs, elle devait déjà en avoir quelques-uns, elle serait gagnante quoi que Clark puisse écrire à son sujet : s’il l’encensait, elle gagnerait des spectateurs et des fans, s’il cherchait à tempérer ce qu’elle faisait ou bien à la détruire, nombreux seraient les curieux à vouloir vérifier par eux-même la véracité des propos.

- C’est très simple. Comme je vous le disais, l’imagination est la principale limite à la magie et à cela il faut ajouter la nécromancie alors si je marche sur l’eau, c’est grâce à la magie et non des plaques de verre installées sous la surface. Si je vole, ce n’est pas grâce à des filins cachés par un jeu de lumière. Si je fais apparaître un animal exotique sur scène, ce n’est pas grâce à une trappe située sur scène. Peut-être qu’une démonstration vous aidera à vous forger votre avis sur moi ? expliqua-t-elle avant d’attirer la carafe d’eau devant elle et de placer sa main au-dessus, se concentrant mentalement sur ce qu'elle voulait faire apparaître. titeP nossiop, euq ettec efarac enneived at nosiam, murmura-t-elle avant qu’un poisson clown n’apparaisse dans l’eau. Soupirant légèrement, elle poussa doucement la carafe vers Clark puis elle prit une autre gorgée de sa boisson. Pourquoi ? Vous souhaitez révéler des vérités au monde et pourtant vous êtes ici, à discuter avec moi pour écrire votre article. Pourquoi vous et pas un autre ? finit-elle par demander au journaliste. Elle était curieuse d'entendre sa réponse, il semblait être animé d'une volonté sincère et il faisait quelque chose qui semblait être à des années lumières de ce qu'il souhaitait.

*Petit poisson, que cette carafe devienne ta maison

Elle parlait, elle argumentait … et elle s’exécutait. Durant tout ce temps, j’avais embrassé convenablement mon environnement, à l’affût de la moindre supercherie. Nul hallucinogène, nulle technique d’hypnose et surtout nulle trappe ou jeu de miroirs ! Lorsque ce petit poisson apparaît dans la carafe d’eau, je savais instantanément que c’était de la véritable magie. Aussitôt, mon regard s’illumine, brillant sûrement d’émerveillement et d’intérêt à la fois ! De tels talents n’étaient jamais en trop, surtout lorsque nous avons affaire à des entités faites dans la magie, insensibles à nos armes, ou à nos pouvoirs !

- J’ai vu suffisamment de choses pour savoir qu’il y a toujours des forces qui nous dépassent. Et je sais les reconnaître lorsque je les croise, lui confiais-je. Aujourd’hui, vous êtes la vérité à révéler au monde, soufflais-je, avec sincérité et franchise. Cependant, comme vous l’avez si bien souligné, les gens sont perdus entre le vrai et le faux, dis-je, pris d’une certaine fièvre. Comment est-ce que je pourrais sortir un article satisfaisant, capable de relater cette vérité et de plaire à mon éditeur pointilleux et critique ?

Deux gamines avaient vu le tour de magie de la brunette et s’étaient déjà agglutinées à notre table pour admirer le poisson, ou noyer la magicienne sous mille et une questions ou requêtes. Aussitôt, d’autres personnes tournent leur regard. A nouveau, une ou deux personnes reconnaissent la prestidigitatrice et s’approchent pour demander quelques petits autographes. Pour ma part, je ne dis rien, et je n’exprime rien, si ce n’est un sourire amusé. En parallèle, je griffonne quelques mots sur cette scène supplémentaire.

Lorsque les quatre personnes s’éloignent enfin, nos boissons ont refroidi et, surtout, le temps alloué à cet interview s’était écoulé. Etais-je déçu ? Nullement ! Dorénavant, je savais qui elle était et je saurais que je pourrais faire appel à son aide, le temps venu, sous les traits de Superman, ou de Clark Kent, qu’importe ! Elle pourrait accepter, ou refuser, mais c’était une autre histoire, une autre affaire !

- Je ne peux pas vous retenir plus longtemps, vous avez un spectacle à préparer assurément. Voici ma carte de visite, si vous vous sentez d’humeur à donner quelques interviews. Qui sait, peut-être nous reverrons-nous bien avant, dis-je. Sachez, en tout cas, que vous m’avez convaincu.

Je paie pour nous deux, assurant à la brunette que j’allais passer le tout en note de frais. Entre temps, nous arrivons aux portes de ce café. Je la salue, sourire aux lèvres. Je la laisse partir, ne pouvant pas m’empêcher de la garder dans mon champ de vision quelques temps avant de m’en détacher. Oui, nous allons sûrement nous revoir. Reste à voir si c’est autour d’une mission aux accents mystiques, ou au détour d’un simple spectacle de magie.

Que représente le S ?

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