Mais quelle courge !

Tout ça me dépassait, et s’il y avait bien une chose que j’avais en horreur c’était de ne pas avoir le contrôle sur une chose. J’avais été façonnée pour penser de manière pragmatique, éradiquer l’émotionnel pour être le plus efficace possible. Il y avait certes quelques ratés dans l’affaire mais malgré mes tentatives de déconstruction de l’endoctrinement, des choses demeurraient. Parmi ces dernières, ce besoin d’aller au fond des choses et de comprendre. L’essence de mon pouvoir reposaient sur la connaissance : j’avais besoin d’appréhender toutes les facettes d’un phénomène pour pouvoir lui donner vie avec mes dessins et obtenir un résultat satisfaisant. J’avais été préparée à affronter toutes sortes de situations. Des forces armées, des méta-humains… Mais la magie ? Ca c’était quelque chose que je ne saisissais pas.

Ces hommes qui avaient brandis leurs baguettes ou leurs sceptres pour créer des boules de feu dans le bar ou me balancer un boulet de canon dans le ventre ? Je ne comprenais pas d’où ils tiraient leur force. Et la gamine (de mon âge certe, mais incapable de se défendre donc le surnom lui collait comme un gant) qui me balançait que les démons existaient ? Que des sorciers maléfiques menaient des rituels étranges à la manière des films ?

J'exècrai les religions. On m’avait bassiné pendant dix-neuf ans toutes sortes de règles à réciter comme des mantras, on m’avait poussé à vouer un culte à un homme tout puissant qui n’avait jamais fait autre chose que nous faire entendre le son de sa voix pour nous exhorter à obéir… Trahir Père avait été la décision la plus dure de ma vie et encore aujourd’hui, j'aimais autant cette figure paternelle que je la haïssais. Il avait été le pivot de ma vie, j’avais cherché à le rendre fier tout ce temps. Et puis j’avais réalisé que la situation n’était plus viable. Nous avions été forgés pour survivre en milieu hostile, nous avions donc répliqué en conséquence en comprenant que le Centre ou ce qui nous était destiné par la suite allait finir par avoir notre peau. De là, j’avais eu plus d’une décennie pour réfléchir, analyser, prendre de la distance… Je les voyais en partie, les mécanismes d’endoctrinement : la figure sainte et centrale du culte, les fidèles qui se pressaient autour et qui régissaient l’intégralité de leur vie pour tenter d’attirer le regard de leur dieu et mendier son amour… Comment ne pas établir de parallèle ?

Je n’aimais pas les religions, elles me rappelaient une existence que je voulais oublier.

Mais la gamine était persuadée que les démons existaient. Et si un mangemort levait un bout de bois, criait “abracadabra” et me faisait faire un vol plané, pourquoi pas tout le reste… Ça avait fait le déclic dans ma tête. “Putain de merde”. Si démons il y avait, anges aussi  peut-être, et donc l’Unique ? J’avais toujours cru que la mort serait la fin de tout. Je m’accrochais à la vie comme une sangsue boulimique, mais j’étais sereine à l’idée de “partir”. Je vivais une existence à crédit. J’avais arraché mes chaînes par la force, conserver cette pseudo liberté que je chérissais tant était un combat du quotidien : les déménagements perpétuels, les changements d’identité, l’impossibilité de créer des liens durables… Chaque nouveau levé de soleil était un cadeau, je n’étais pas née pour profiter d’un tel trésor, on ne m’avait pas destiné à ça… Et je savais que cela ne durerait pas. Un jour, je ne serai pas assez bonne. Un jour, je ferai une erreur et ils me retrouveraient. C’était d’autant plus vrai que je tentais depuis quelques mois de remonter la piste, de savoir qui portait le masque de Père… Qui je devais éradiquer pour gagner le droit d’exister en plein jour sans craindre mon ombre.

J’étais en paix. J’avais vécu onze années de liberté belles à en pleurer. Si demain devait marquer la fin du voyage, je préfèrerai me tirer une balle dans la tête et mettre un terme à tout ça plutôt que de porter à nouveau les chaînes de l’asservissement.

Plus jamais esclave. Plus jamais cette vie de souffrance et de terreur.

Mais la mort aurait dû être la fin de tout. L’opportunité, enfin, de trouver la paix et de m’effacer de ce monde. J’étais une scientifique, terre à terre, l’ésotérisme n’avait jamais vraiment eu de place dans ma vie. Jusqu’à ce que la gosse parle de magie et de l’enfer. Comment ne pas penser à l’Unique, alors, et au jugement qui surviendrait quand j’aurai passé l’arme à gauche ?

“Putain de connard !”. Si un être omnipotent existait, ça voulait dire qu’il avait choisi intentionnellement de me faire vivre tout ça ? Et qu’il allait en plus juger mon âme pour me punir de ce que j’étais ? C'était dégueulasse ! Je méritais de crever en paix, de m’effacer pour de bon et de trouver le repos !

Foutus sorciers de mes deux ! Je doutais, maintenant ! Je détestais ça, j’avais ce besoin de contrôler ce qu’il se passait autour de moi. J’avais été témoin passive au Centre, subissant sans rien maîtriser. Avec le temps, j’avais acquis la conviction que l’anticipation, la planification et la connaissance étaient des gages de sécurité. Je n’avais pas envie de vénérer un nouveau dieu pour gagner son affection, la simple idée me donnait de l’urticaire et me mettait hors de moi. Mais je n'avais pas non plus envie de vivre à nouveau un enfer… et pour l’éternité, du reste ?!

Il fallait que je sache ce qu’il advenait des âmes après la mort. Je devais absolument savoir pour gérer la situation. S’il y avait réellement un après, s’il y avait un jugement… S’il y avait un moyen de contourner ça, de me coller une bonne grosse grenade mystique et annihiler mon âme définitivement pour m’épargner. J’étais pourrie jusqu’à la moelle, je le savais. Qu’importe le comment et la faute à qui j’étais devenue comme ça, j’étais ainsi et j’assumais ma nature. Cet esprit instable que j’avais, cette tendance au chaos et à la violence quand je cessais de me retenir et que j’enlevais mon masque pour épouser mon “vrai moi”...

Bref, je devais reprendre le contrôle, comprendre.

Et puisqu’il avait fallu commencer quelque part, j’avais traqué les phénomènes mystiques de la région. C’est fou ce qu’internet pouvait raconter comme conneries ! Enfin… C’est ce que je me serai dit avant, mais maintenant j’en venais à m’interroger sur un possible fond de vérité. Je n’étais pas impressionnable pour un sous et je voulais des réponses, j’avais donc tenté de passer la nuit dans deux-trois coins réputés hantés et constaté qu’il s’agissait d’une terrible perte de temps.

Il y avait ce manoir dont j’avais entendu au cours de l’une de mes petites investigations… À Gotham, pas très loin donc. Ma dernière visite programmée. Si je n’obtenais toujours aucun résultat, je changerai mon fusil d’épaule et je tenterai une autre approche. Les maisons hantées étaient malheureusement plus faciles à trouver que les véritables covens de magiciens ou de sorciers. Il allait pourtant bien falloir que quelqu’un me donne des réponses pour confirmer ou infirmer les dires démentiels de Parvati. Je pourrai toujours tenter d’utiliser la gamine pour attirer des adeptes de magie et de démonologie à moi, mais… Je risquais de perdre Parvati. Ça faisait plus d’un mois que j’entrainais la gamine. J’avais cru qu’elle abandonnerait au bout de quelques jours tant je l’avais malmené, mais elle s’accrochait… Ce serait du gâchis de la sacrifier maintenant, après tout l’investissement que j’avais fait sur elle ! Je devais admettre qu’elle avait du potentiel, la petite princesse. Elle avait la volonté qu’il fallait pour devenir forte et je respectais les individus qui se donnaient les moyens d’atteindre leurs objectifs.

Et comme toujours, je préparais soigneusement mon sac et l’arsenal plus discret mais conséquent, que j’emportais avec moi sous forme de dessins. Ca craignait quoi les fantômes et les démons, au juste ? A défaut de pouvoir répondre, j’avais pris avec moi des armes conventionnelles, mais aussi un fusil à gros sel et j’avais même poussé le vice à piquer quelques flasques d’eau bénite dans des églises. Ben quoi ? On ne savait ce qui pouvait se passer si j’étais réellement témoin d’un événement paranormal, je tentais d’anticiper quelque chose qui me dépassait de très loin. Si le machin était hostile…

J’allais passer vingt-quatre heures dans cette baraque, il me fallait donc de quoi m’occuper. J’allais probablement perdre mon temps et m’ennuyer comme un rat mort, je pris donc le soin d’emporter avec quoi quelques affaires supplémentaires et de faire un saut chez le primeur…

La saison des citrouilles, youpiiii !

Escalader le mur d’enceinte et crocheter la serrure de la porte fut un jeu d’enfant. Le manoir était poussiéreux, les meubles avaient été laissés en état et recouvert de draps pour certains. Je devinais quelques signes de squat par ci par là, je n’étais pas la première à être passée… Le coin était propre pourtant. Pas de rave party ici, les intrus avaient été respectueux de leur environnement… Ou avaient détalé trop vite pour avoir le temps de salir. Qui sait ? Avec Halloween qui approchait, les gosses avaient envie de se mettre à l’épreuve… Et moi j’étais la bonne poire qui vérifiait leurs conneries.

Je commençai par faire le tour du propriétaire, repérant attentivement les lieux et inspectant chaque pièce. C’était une maison assez ancienne mais plutôt bien entretenue. Je ne savais pas pourquoi elle avait été déserté, sûrement un quelconque drame ou - plus réaliste - des héritiers qui refusaient de s’installer à Gotham et qui n’arrivaient pas à vendre…

Bon… Pas le moindre signe de fantôme à l’horizon. Mais, paraissait-il qu’ils sortaient plutôt une fois  la nuit tombée. C’était bien connu que les esprits avaient une horloge interne et appréciaient tout particulièrement de faire des screamers pour effrayer les vivants. Qu’est-ce que ça avait l’air chiant d’être mort, quand même !

Je sortis donc tout mon petit attirail pour occuper ces longues heures à venir… Une petite courge qui tenait dans la paume de ma main, un concombre, de la corde, du tissu, quelques branches mortes…  

___

Quelques heures plus tard :  

-T’en penses quoi Brigitte ? On se fait sérieusement chier par ici hein ?

Je tenais un concombre sur lequel j’avais juchée une petite tête de citrouille vidée et sculptée par mes soins à la manière d’un visage d’halloween. J’avais planté quelques bâtons dans le concombre pour former des bras et fixé un bout de tissu sur pour bricoler une robe. Le tout tenait plutôt bien avec un morceau de ficelle.

-Oh oui, quel enfer ! Je frisssssssonne d’ennuie ! dis-je en imitant une petite voix.
-Mais pourquoi tu siffles comme un serpent, Micheline ? interrogeais-je la citrouille.
-Parce qu’il fait un froid de canard d’un coup, le proprio a oublié de régler la facture d’électricité ou quoi ?

C’est vrai qu’il faisait froid tout à coup… La nuit était tombée depuis un moment déjà, j’imaginais que les températures allaient encore chuter au fil de la soirée. J’avais trop de mal à admettre l’existence des fantômes pour imaginer que l’un d’eux puisse être la cause de tout ça. Il y avait une explication bien plus rationnelle : l’automne et l’humidité.
Je me levai de temps à autre pour faire des rondes, pas inquiète pour deux sous mais consciencieuse et prudente… Au vu de l’obscurité importante qui s’était installée et à défaut de réussir à faire tourner le compteur, j’avais finalement invoqué mes propres lumières. Mon dessin avait pris vie, emplissant le salon ou je me trouvais de petites lueurs flottantes.

-Tu sais, Mireille… Il faut que je t’avoue un truc ?

Je fixai intensément la citrouille et son visage me dévisagea avec une attention avide. Je sentais qu’elle attendait ma révélation avec une grande impatience.

-J’ai raté ton sourcil.

Un craquement retentit. En deux temps trois mouvements, j’avais bondis sur mes pieds. La maison était bruyante, on sentait qu’elle avait vécu… Mais ça… C’était différent.

-Tu crois que les fantômes sont capables de faire craquer le parquet ?

Oeillade rapide vers ma citrouille. La pauvre, elle tremblait de peur.

-Ne t’en fais pas, je te couvre. Au premier signe de fantôme, tu cours, chuchotai-je.

Oh merde !! J’avais oublié de lui faire des jambes.

Je posai délicatement mon amie imaginaire sur le fauteuil pour libérer mes mains et me tenir prête à recevoir l’intru, quel qu'il soit… Probablement un autre squatteur qui venait prendre sa dose de frayeur, mais on était à Gotham et je préférais être prudente… Dans cette ville, même les gamins étaient parfois fous à lier.

Non mais quelle courge !

Sia & John

La soirée s'annonçait tranquille, ce qui m'arrangeait quelque peu. Cela faisait plusieurs nuits d'affilée que je courrais après toutes sortes de monstres et mes journées étaient également bien remplies. Les choses avançaient de plus en plus rapidement désormais et la volonté d'atteindre et d'abattre l'Enchanteress n'avait pas d'égal. Nous n'étions pas encore prêts, mais le plan commençait à se dessiner progressivement. C'était mieux que rien. Et malgré la fatigue, je continuais de chasser les démons et toutes les choses réelles ou imaginaires des gens qui faisaient appel à moi. Il n'était pas seulement question de vengeance, mais aussi et surtout de justice. Il fallait la renvoyer à l'Oubli, cet endroit duquel elle n'aurait jamais dû sortir. Et parmi toutes ces choses à mettre en place, je devais prévoir une petite visite en enfer pour voir Nergal et lui dire d'arrêter de me faire chier avec ces démons de pacotille. Pour le moment, c'était gérable, mais à ce rythme, je risquais fort d'être débordé un moment ou à un autre et ce n'est pas le but. Autant dire que ça ne m'enchantait pas réellement, mais peut-être que je lui manquais, allez savoir. Verre de bourbon entre les mains, la bouteille posée sur la grande table du salon, je lisais et relisais tout ce qu'on avait pu ressembler sur la déesse, autant dire,; pas grand-chose, mais peut-être qu'un détail me sauterait aux yeux. Mais rien. Je repense alors à ce pacte avec la divinité païenne qu'on avait finalement refusée avec Zee, parce que le prix à payer était trop élever pour une réponse qui pourrait tout aussi bien nous mener dans une impasse. J'aurais été seul, j'aurais accepté, je n'étais plus à un pacte près après tout, mais la raison l'avait emporté sur ce coup et dans un sens, heureusement.

Je soupire profondément et je sens alors une présence. Je me retourne et remarque Minouschka, ce satané chat démon. Un moment que je ne l'avais pas vu en plus. Il avance tranquillement vers moi, sans se presser et je soupire légèrement, sachant par avance que ma soirée n'allait pas être si tranquille que ça. " Tiens, tu daignes enfin revenir. Où t'étais passé ?" " Tu ne veux pas savoir." En effet, parce que j'en avais clairement rien à foutre de son emploi du temps, tant qu'il me donnait des informations fiables sur ce qui se passait du côté du monde des démons et des les coins les plus sombres de cette ville, le reste m'importait peu. " D'ailleurs, tu va être content, j'ai un truc pour toi." Je pose les yeux sur le chat noir et attends la suite tout en buvant une gorgée de mon verre de bourbon. " Tu te souviens de cette vieille demeure abandonnée dans le quartier de Downtown ?" " Ouais celle où j'ai trouver une créature hybride qui tuait ceux qui osaient s'y aventurer ?" " Oui celle-là. Apparemment, il y a du nouveau concernant cet endroit." " Tu peux être plus précis ?" " Non." Je hausse un sourcil et soupire. " Non t'en sais rien ou non t'as la flemme ?" Il ne me répond pas dans un premier temps, préférant faire sa toilette. Je soupire, m'avance et l'attrape par la peau du cou et le soulève de la table. " Tu veux que je te renvoie de là ou tu viens le matou ?" " Je manquerais à Zatanna, tu veux rendre triste ta future femme toi ?" " Connard." " Ouais, je sais. Lâche-moi maintenant." Ce que je fais et il tombe sur le sol sur ses pattes. " Pour répondre à ta question, je n'en sais rien, il faudra que tu ailles voir. Ce ne sont que des rumeurs, mais elles sont persistantes. On ne sait jamais." Puis il quitte le salon pour monter à l'étage. Merde, je peux dire au revoir à ma soirée tranquille.

Une fois devant la maison, je sens sans peine que quelque chose y rôde, mais ce n'est pas un démon. Cette maison avait un lourd passif en matière d'apparitions et choses démoniaques. Comme quoi, il y avait des endroits plus attirants que d'autres pour ces dégénérés de première. Non parce que les démons, ils n'ont pas la lumière a tous les étages, enfin ceux de base, ceux qui forment cette masse indistincte d'âmes damnées et autres choses de ce genre. Et puis il y avait les autres, ceux qu'on ne voyait que rarement et heureusement. Ceux-là étaient plus vicieux et difficiles à combattre. Et puis il y avait Lucifer ou Satan, quel que soit son nom. Lui il était de la pire des engeances. Mais je ne sentais pas de présence démoniaque. Je soupire et avance vers la porte avec mon sac en main. Pourvu que ce ne soit pas un fantôme ou un truc du genre parce que je détestais m'occuper de cela, bien que ça fasse partit de mon travail. Mais dans le fond, je suis plus un exorciste qu'un chasseur de fantôme a deux balles.

Une fois à l'intérieur,  je me rappelle assez bien de la configuration des pièces. Je pars sur la gauche vers le salon et y jette un rapide coup d'oeil avant de faire demi-tour pour revenir dans l'entrée et aller vers la droite cette fois, vers la cuisine, mais là non plus, il n'y avait rien à voir pour le moment. De retour dans l'entrée,  j'entends alors un craquement venant de l'étage et je lève la tête. Il y a quelque chose ici, je le sens bien, mais je ne sais pas encore ce que c'est. J'emprunte alors l'escalier qui grince sous mes pas et j'arrive à l'étage. A première vue, rien à signaler. J'avance donc, toujours sur mes gardes, ne sachant pas à quoi ou à qui j'allais avoir à faire dans les prochaines minutes. La maison était encore en bon état, il n'y avait pas de trace de squatteurs récents, mais au vu de ce qu'il s'y était passé, ce n'était pas vraiment étonnant. J'ouvre une porte et il me faut quelques secondes pour comprendre ce que je voyais. C'était une sorte de salon, avec des fauteuils, mais le plus étrange, c'étaient ces petites lumières et la chose que je voyais sur l'un des fauteuils. Je m'approche alors de quelques pas et je sens que je ne suis pas seul dans cette pièce. " Je sais pas qui tu es, mais je te conseille de sortir de ta cachette et de fuir cette maison. Maintenant." Et m'approchant du fauteuil, je vois une espèce de... Je 'n'en sais rien en fait. Une seconde, c'est un concombre ça, non ? " Tu as des occupations étranges..." Ouais ce légume n'était pas venu là tout seul après tout. " J'ai autre chose à faire que gérer un gamin en manque de sensations fortes, alors sors de là et sors d'ici, ça vaudrait mieux pour toi." Parce que je sentais quelque chose qui ne nous voulait pas que du bien. Mais c'était une sensation assez confuse, il y avait autre chose, mais je ne savais pas réellement ce que c'était. J'aurais dû finir la bouteille avant de partir, parce que je sens que la nuit va être longue. Au moins, j'ai mes cigarettes, mais c'est pas vraiment conseillé dans ce genre de moment.

Mais quelle courge !

Gertrude tremblait de tout son long, abandonnée sur son fauteuil en cuir. La pauvre avait peur pour deux, en ce qui me concernait j’étais dans un état de calme que n’importe qui aurait probablement trouvé anormal dans un tel contexte. Je m’étais déplacée à pas de velours pour me positionner de sorte à me trouver hors du champ de vision de l’individu qui allait pénétrer dans la pièce. Les oreilles grandes ouvertes, parfaitement concentrée sur chaque bruit que je percevais. Je ne croyais pas un seul instant tomber nez à nez avec un fantôme… Et j’identifiai clairement les pas d’une seule et unique personne. Pas de quoi s’alarmer, donc. Si la personne était armée, je profiterai de la surprise pour prendre le dessus. Si c’était juste un pauvre type ou un gosse en manque de sensations fortes et bien… J’allais me marrer. Il y avait un vieux téléviseur cathodique dans un coin et j’avais la gueule de l’emploi pour jouer le rôle de la gosse sortie du puits. Je riais d’avance à l’idée de devenir un monstre de film d’horreur.

Mais ce n’était pas un enfant qui pénétra dans le salon, loin de là. Un brun de belle stature, l’air sûr de lui, m’interpella en croyant avoir affaire à un gamin en manque de sensations. Comme c’était ironique !

Des menaces ?

Non… Je le sentais plutôt pressant dans sa démarche, pas malveillant. Le mot “fuir” était un peu fort, non ? De quoi avait-il peur au juste ?

-Oui, papa ! lançai-je avec un petit rire en poussant doucement la porte du pied pour me dévoiler à lui.

Je me détachai du mur pour me positionner de sorte à l’avoir dans mon champ de vision, ainsi que la porte au cas où quelqu’un déboulerait tout à coup.

-Et bien, tu n’aimes pas Albertine ? demandai-je en coulant un très bref regard vers ma création à base de légumes. Regarde la, la pauvre,! Tu vois bien que tu lui fais peur ! dis-je en feignant le désappointement.

Petit gabarit à l’allure mignonne, les gens me sous-estimait toujours en voyant ma bouille d’ange. Ils le faisaient d’autant plus quand j’affichais un peu trop mon excentricité. Et pendant qu’il se focalisait sur ma santé mentale, se demandant si j’étais bonne pour un séjour à l’asile d'arkham, il me laissait le temps de le sonder, lui. J’avais vite remarqué qu’il ne portait pas d’arme, rien de dangereux en apparence…

-Et je dois fuir quoi, au juste ?

“Tu es venu faire un trafic c’est ça ? Et je suis le témoin gênant.”

Solution la plus plausible à Gotham où les gangs étaient légion : il attendait quelqu’un pour dealer je ne sais trop quoi et j’étais dans ses basques. Je dérangeais.

-Toi ?

Mais c’est qu’il n’était pas vilain, le bougre ! pensai-je en coulant un regard appréciateur. Je me demandai d’où il allait sortir l’arme qui allait lui permettre de me faire sortir d’ici de force, cela dit. De ses petites fesses, peut-être ? Oh chouette chouette chouette ! Je voulais bien voir ça !
Une petite voix chantonna dans ma tête.

“Il en faut peu pour être heureux, vraiment très peu pour être heureux…”

Ce serait impoli de me mettre à chanter à voix haute maintenant ? Oh j’avais envie pourtant. Barbara aussi avait besoin d’un divertissement, je le sentais bien en la voyant jucher sur son fauteuil. Elle dévisageait l’intru avec curiosité.

“T’inquiète pas ma biche. On s’emmerde comme un rat mort depuis des heures mais ce beau brun nous apporte une jolie distraction, non ?”

Je devrais peut-être le remercier pour ça.

Et soudain, je sentis les murs trembler. Encore. C’était déjà arrivé plus tôt dans la journée, plus légèrement. Plusieurs fois.

-Gotham est sur une faille sismique ou c’est la maison qui respire ? me demandai-je à voix haute, l’air pensif.

C’était comme si la maison respirait. Mais quoi de plus normal, j’imagine. Les vieilles demeure vivaient. Les matériaux travaillaient, faisaient du bruit…

Je fis un sourire à l’illustre inconnu. Exagéré, un brin provocateur. J’aimais bien sourire ! C’était ma petite revanche sur le monde, la preuve que j’étais libre et que j’emmerdais tout le reste. Je ne souriais pas au Centre jadis, jamais. Nous étions tous apathiques, le plus effacé possible, comme si tout éclat de vie nous avait déserté depuis longtemps. Et puis j’étais sortie, j’avais fini par assumer ma rébellion, j’avais découvert une palette d’émotions, de sensations, de plaisir… Et je m’étais mise à sourire pour tout et rien : parce que j’étais contente ou triste, parce que je voulais cogner sur quelqu’un, parce que je voulais provoquer, énerver… J’étais juste heureuse de pouvoir le faire. Ce droit je l’avais acquis en faisant couler le sang, il m’appartenait.

-Hmm, tu… ?

J’avais bien envie de l’interroger, ce monsieur. Lui demander pourquoi il avait déboulé ici, combien de personnes allaient participer à son petit trafic et si je pouvais me joindre à eux pour le thé. Mais à quoi bon tenir une conversation si sérieuse quand on pouvait se foutre de la gueule de quelqu’un ?

-C’est l’histoire d’un chien qui rentre dans un café, et plouf !

Crac.

Je me retournai brusquement en posture de combat, le poing fermé et prêt à en coller une à l’énergumène qui s’était faufilé dans mon dos et me figeai. Il n’y avait rien. Rien du tout. J’entendais pourtant distinctement le parquet grincer comme si quelqu’un marchait.

Pas comme si. Quelqu’un marchait. Un petit souci demeurait pourtant… Il n’y avait personne ici en dehors du beau gosse et de moi. J’abandonnai aussitôt mon expression de troll ambulant pour me focaliser sur le son, attentive.

-Tiens donc… murmurai-je fascinée par le phénomène que j’étais bien incapable d’expliquer.

Mon esprit hyperactif tentait pourtant d'échafauder un millier de théories pour justifier la chose.

Les craquements se poursuivirent jusqu'au fauteuil où patientait tranquillement Augustine. La suite ôta alors toute forme de rationalité de mon esprit.

Ma création s’envola soudainement et traversa la pièce sur quelques mètres avant de se figer au centre d’un grand miroir qui surplombait une cheminée. La création se mit alors à tressauter violemment comme si elle convulsait. Les bâtons qui formaient les bras s’arrachèrent et chutèrent, puis ce fut au tour du concombre de tomber par terre. Ne restait plus que le visage de la citrouille et le morceau de loque qui lui servait de robe, le tout illuminé d’une étrange lueur rouge qui donnait l’impression que le cucurbitacé allait nous bouffer tout cru. Le miroir se troubla et une image se distordit pour s'étirer et gagner toute la surface réfléchissante. Un énorme sourire, glauque à souhait, et un rire guttural et dissonant raisonna et gagna en intensité…

Tout ça était beaucoup trop sérieux. En outre, je ne savais pas comment réagir devant une telle scène. Ça n'aurait pas dû exister, je ne croyais pas aux fantômes, j’étais clairement dépassée. Alors je fis ce que je faisais de mieux…
Je pris un air faussement horrifié en observant la scène.

-OH MON DIEU !! ILS ONT TUE KENNY !!! m’exclamai-je.

Mon pauvre bébé, écartelé et démembré…

Bref, j'arrêtais de jouer. Ca puait la mort, cette histoire.

D’un geste, je matérialisai mon arme de poing préférée dans ma main et tirai. La balle percuta la citrouille et l’explosa, avant de finir sa course dans le miroir qui se fracassa en morceaux. Il y avait des limites à ma propre connerie, il ne fallait pas être stupide pour voir que cette chose ne nous voulait pas bien… Quoi qu’elle soit. PUTAIN DE MERDE ! La gosse avait bien raison, en fin de compte.

Le sourire avait disparu des fragments de verre, je n’entendais plus craquement de parquet… Mon regard accrocha celui du beau gosse, je pointai le canon de mon arme vers le sol.

-Je te prenais pour un trafiquant, mais… T’es qui, au juste ?

Mon regard se posa sur les éclats de verre et la chair déchiqueté de la courge.

-Je suis à peu près sûre que je n’ai pas tué ce… truc. Tu es là pour ça, j’imagine ?

Ça pourrait expliquer son empressement à me faire dégager. C’était marrant quand même… Ca faisait des heures que j’étais ici à guetter, mais il avait fallu qu’il débarque pour que la présence se manifeste physiquement… À croire qu’il l’avait attiré. Je lui lançai un regard curieux.

“Mais qui es-tu au juste ?”.

Le bruit d’un verrou qui se fermait raisonna dans toute la maison. Ça venait d’en bras. L’entité nous faisait savoir qu’elle nous avait enfermé ? Si je tentais d’ouvrir les volets ils allaient rester coincés ?

-Mais c’est qu’il a de l’humour en plus…

Je ne pus retenir un sourire franchement amusé. Cette histoire puait la merde… J’adorais ça !

-Tu crois que je l’ai fâché ?



Mauvais joueur, le fantôme !

Non mais quelle courge !

Sia & John

Cette maison avait quelque chose de sinistre, exactement comme la première fois où je suis venu. Mais cette fois, le sentiment qui était le mien était différent, même si je ne savais pas à quoi m'attendre, je devais voir ce qui se tramait. Je me dirige au premier car il me semblait y avoir entendu quelque chose, c'était léger, mais je me fiais à mon instinct. Les marches grincent légèrement, mais rien ne bougeait, pas un bruit. Peut-être que mon imagination me joue des tours, mais je sens que je suis ici pour une bonne raison. Le chat a bien des défauts, mais il ne ment pas. J'avais envie de fumer une cigarette et de boire un verre d'alcool, mais je soupire légèrement, avant de passer la porte de cette pièce. Dans un premier temps, je ne voyais rien, mis à part une espèce de... poupée faite avec une citrouille et un concombre. Un peu trop sérieusement, avec une certaine forme d'autorité, je demande à la personne qui se cache de se montrer et de foutre le camp. Je n'avais pas le temps à perdre avec un gosse en manque de sensation forte. Il se tramait réellement un truc ici.

Mais une voix plaine d'ironie me répond et je me retourne sur une jeune femme, qui semble loin de l'adolescence. Je hausse un sourcil, mais j'eus un léger sourire amusé sur les lèvres." C'est ça, sois une bonne fifille à son papa." Dieu merci, j'ai pas de gosse. Pas pour le moment du moins. C'est pas en projet avec Zatanna non plus, du moins tant que la menace Enchanteress planait, après on avisera si on s'en sort. " Ca tombe bien, il me manque une citrouille pour faire de la soupe..." Sérieusement, elle était venue là pour faire ça ? J'avais du mal à le croire. Je pose les yeux sur elle quand elle demanda ce qu'elle devait suivre. En ajoutant si c'était moi avec une pointe de défi. Je souris plus largement. " Peut-être bien. Je pourrais très bien être ton pire cauchemar pour les heures à venir...." L'ironie était palpable. Mais qu'elle s'en aille serait une bonne chose. Je l'observe, joli brin de fille, pas mon genre cependant. Mais si je n'avais pas été avec Zatanna, alors pourquoi pas ? Mais il n'en sera rien. Elle semblait assez perchée comme fille, sa manière de se comporter, ses paroles, tout me disait que ça pourrait être sympa de passer une soirée avec elle, mais pas dans ces circonstances.

Et puis soudainement, les murs commencèrent à trembler. Eh bah nous y voilà ! Je n'étais pas venu pour rien il semblerait. Mais je pouvais décidément dire adieu à ma soirée tranquille. Lorsque ça s'arrête, je soupire profondément, secouant la tête. Je cherche mon paquet de cigarettes dans l'une de mes poches et en coince une entre mes lèvres. Mon regard se pose brièvement sur elle. " A ton avis ?" Nous n'étions pas seuls dans cette maison, c'était définitif. Il ne restait plus qu'à savoir qui était cet autre invité, ou ces invités. Mais je commençais a avoir une idée sur la question. Je me tourne vers la citrouille. " Albertine à peut-être une idée sur la situation. Je serais curieux de connaître son avis sur la question." Une citrouille comme consultante, c'est pas banal. Mais bon après un chat démoniaque, pourquoi pas. Si la réponse n'est pas concluante, elle fera un bon repas.

Je me détourne de la donzelle dont je ne savais toujours pas le nom pour observer la pièce. Je l'entends commencer une phrase, avant de se couper et partir sur autre chose. J'allume ma cigarette avec un léger sourire sur les lèvres. Cette fille était complètement perchée. J'entends moi aussi le bruit et je tourne la tête mais rien. Elle par contre avait une posture intéressante. Mais elle ne semblait pas avoir peur. Mais j'entendais aussi le parquet grincer autour de nous. D'accord, j'avais à faire aux fantômes, ou peu importe comment on les appelle. Je soupire de nouveau, parce que la tâche n'allait pas être aisée. " Génial..." Non, ça me soule d'avance, mais ça fait partit de mon travail, alors autant bien le faire. Et en plus la chose était d'humeur taquine et la poupée de légume s'éleva dans les airs et je ne peux que la suivre du regard, avec un air désabusé et lassé à travers la pièce.

Le reflet dans le miroir me donna une indication importante sur la nature de l'entité. En tout cas, elle avait une sale gueule, on ne pouvait pas dire le contraire. Ce rire me fit tout de même froid dans le dos. Mais la jeune femme hurle et cette référence m'arrache un sourire. Fan de South Park où elle l'avait juste entendu parce que c'était devenu une référence de la pop culture, peu importe, mais ça sonnait assez juste, même si le ton était clairement exagéré. Mais avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, une arme se matérialisa dans sa main ?! Une seconde, je venais bien de voir ça ? Le projectile explose la citrouille et le miroir, mais mon regard ne regardait qu'elle. Putain, c'était qui cette nana ? Mais cela a au moins le mérite de nous accorder un répit. " Sérieusement, celle-là, on me l'avait jamais faite." Un trafiquant, cette blague, pour un peu, j'en serais mort de rire. Ca fera bien rire mon lutin. " Et toi t'es quoi ?" La question est sans pincettes.

Un bruit de verrou résonne dans toute la maison. Putain de merde. " J'sais pas, mais t'as l'air d'être un sacrée clown, tout le contraire de notre hôte." Elle avait de l'humour et ça pouvait être sympa, mais plus encore elle semblait avoir quelque chose de spécial, ce qui pourrait probablement m'être utile au vu des circonstances. " Mais oui, je suis là pour régler le problème. Mais je ne pensais pas tomber sur quelqu'un qui s'ennuyait assez pour squatter dans cette baraque. J'entends un rire venant du rez-de-chaussée. " Fâché, non. Par contre, je crois que notre présence lui fait plaisir. Enfin ma présence du coup." Parce que je suis un exorciste et que la chose doit savoir que je suis là pour elle. Mais avant, je devais m'assurer d'une chose. " Qu'est-ce que t'es venue foutre ici d'ailleurs ? Je doute que la chasse aux fantôme soit l'un de tes hobbies." Elle n'en avait pas l'air. Et moi avec ma dégaine, ma clope au bec, mon accent anglais, j'avais pas non plus l'air d'un exorciste et pourtant... Les apparances sont parfois trompeuses.

Mais quelle courge !

" Peut-être bien. Je pourrais très bien être ton pire cauchemar pour les heures à venir...."

Je ricanais. Oh oui, il me terrorisait tellement avec son petit costard cravate… Il y en avait des énergumènes à Gotham City (je comptais parmi l’une d’elle). Je savais qu’il ne fallait pas juger une personne à son apparence car lesdites apparences étaient parfois trompeuses. Ceci étant, l’homme qui me faisait face ne dégageait pas de malveillance comme le faisaient les prédateurs. Je sentais que ma présence l’importunais, mais pas au point de dégainer une arme pour me faire quitter les lieux par la force. Sous mon masque de farceuse, je demeurais néanmoins prudente et prête à réagir.

Et voilà que ma sculpture décollait soudainement pour venir nous faire une scène assez spectaculaire devant le miroir en son et lumière… Sculpture que je fis exploser d’une balle dans la tête, brisant par là-même le miroir et la tête de ma pauvre Albertine et mettant fin au manège.

Bon… La bonne nouvelle, c’est que j’avais enfin trouvé quelque chose. La mauvaise nouvelle, c’est que j’avais enfin trouvé quelque chose.

Putain de merde ! Parvati ne mentait pas !

" Et toi t'es quoi ?"

-”Quoi”, carrément ?

Je lui souris.
Ironique. Provocatrice.

-Le Père-Noël ! T’as été bien sage, mon petit ?

J’eus une petite moue.

-Il en faut bien un qui rigole ici…

Le fantôme manquait d’humour ? C’était bien un fantôme au moins ? La vérité c’est que je n’avais aucune idée de ce dans quoi j'avais mis les pieds. Il allait peut-être être temps de m’inquiéter un peu, non ? Parce que la situation m’échappait complètement. Mais je savais deux choses, néanmoins : premièrement, le gars en face de moi avait l’air de savoir, lui, et d’être préparé à ce genre de perturbations. Deuxièmement, si je finissais par me lasser et vouloir sortir, je me taillerai un chemin à coup de grenades s'il le fallait. Et si ça ne fonctionnait pas, il serait toujours temps de me dire que j’étais sérieusement dansla merde.

Un rire raisonna d’en bas.

-Aaaah, tu vois bien qu’il se marre !

A nos dépends, cela dit.
Détails, détails…

-Oui. Il ne s’est manifesté significativement qu’après ton arrivée. Pourquoi ? Il te connait ?

Qu’est-ce qui le rendait si spécial ? Qui était-il ? Je voulais savoir !

Ce que j’étais venue foutre ici ? Très bonne question… Qu’est-ce qui m’avait pris de sauter à pieds joints dans un poltergeist ? Ma foi… Peut-être un gros besoin d’adrénaline, doublé d’un sang-froid quasi surnaturel qui me poussait à me foutre régulièrement dans des situations impossibles ?

Je pris le parti de répondre sérieusement, pour une fois. J’avais besoin de réponses, ce qui nécessitait de concéder quelques informations en échange.

-Une source crédible m’a laissé entendre l’existence d’un monde ésotérique caché… De démons, de créatures comme celle-là… L’athée que je suis s’en est retrouvé quelque peu… bouleversée.

D’une main, je balayai une poussière sur mon épaule, montrant par là même à quel point j’avais l’air “bouleversée”. Ahum.

-J’ai donc pris le parti d’aller vérifier par moi-même la véracité de ces affirmations. Et j’ai perdu mon temps… Jusqu’à maintenant. On dirait que j’ai trouvé à la fois un phénomène, et une personne pour répondre à mes questions !

Je le gratifiai d’un grand sourire.

-Chouette !

L’arme dans ma main s’effrita comme si elle se pixélisait et finit par disparaître totalement.

-C’est quoi, ce truc qui fait du bruit et qui cherche à nous faire peur ? Est-ce que c’est dangereux ?

On avait joué jusque là. Notre hôte était un petit farceur, mais il n’avait pas cherché à nous faire de mal.

-Tu es venu ici pour t’en débarrasser ?

Non mais quelle courge !

Sia & John

Elle ricane la petite, grand bien lui fasse. Je me fiche bien de lui faire peur ou d'être son pire cauchemar, ce n'est pas le but. Quoique à bien y réfléchir, je dois bien être le cauchemar de quelques démons, mais ce n'est pas comparable. Et puis on avait tous peur de quelque chose après tout, mais la question de ce soir n'était pas de savoir ce qu'il en était pour elle. Alors je laisse simplement un léger sourire se dessiner sur mes lèvres, avant que nous ayons affaire a notre première manifestation. Je vois dans lme miroir que ce "quelque chose" n'était clairement pas là juste pour nous amuser. Non. Même si je ne savais pas encore qui c'était ou ce que c'était, il allait falloir faire attention. Puis la jeune femme met fin à ce premier numéro d'une manière assez inattendue et la question abrupte, sans pincette, fuse à travers la pièce. Qui était elle ? Une sorte de mage ? Non je ne ressens rien et pourtant elle a fait apparaitre cette arme. Alors la question était légitime. Mais c'est qu'elle provoque en plus la petite. " J'préfère la mère noël à choisir." Enfin là n'est pas vraiment la question. Le truc, c'est qu'elle a pas l'air de comprendre dans quel bordel elle venait de mettre les pieds. La nuit allait être longue bordel.

L'entité se marre au rez-de-chaussée. Ouais, la nuit va être sacrément compliqué. Même s'il ne se contentait que de se marrer pour le moment, le reflet que j'avais vu dans le miroir ne me disait franchement rien qui vaille. Les fantômes, ce n'était pas tellement mon rayon en temps normal, mais ça faisait partie de ce que j'étais amené à traité, rarement cela dit et franchement c'était tant mieux. " Non, mais il sent que je suis là pour lui. S'il est relativement inoffensif pour le moment, ça ne le sera plus pour très longtemps." Mais ce que je voulais savoir, c'était la raison de sa présence à elle en ce lieu. Et sa réponse me laisse... Quelque peu amusé. Je ricane,, savant mélange entre amusement et ironie. Les humains, pour la plupart veulent ignorer, ce monde, parce qu'ils en ont peur tout simplement. Il y en a d'autres que ça fascine, à tel point parfois que c'est obsessionnel et dangereux pour autrui. Et puis il y a les illuminés. Difficile de dire dans quel catégorie elle se trouvait. " T'as vraiment choisi le bon jour pour ça." Elle semblait heureuse d'avoir trouver ce qu'elle cherchait. Son sourire en disait long. Mais elle me semblait étrangement sympathique, sans que je ne sache même pourquoi. Sans doute cette légère méconnaissance de mon monde, couplé au fait qu'elle semblait elle même avoir quelques petits secrets et des aptitudes qui ne vont pas de paire avec un humain lambda.

D'ailleurs, l'arme qu'elle avait entre les mains disparut d'une manière assez originale et je hausse un sourcil, réellement intrigué par elle et ce qui se passait sous mes yeux. Quand elle me demanda si je savais à quoi on avait à faire, je fais quelques pas à travers la pièce. " Je n'en suis pas certain. Mais vu le reflet dans le miroir, rien de franchement sympathique." Elle demande ensuite si je suis là pour m'en occuper, je me retourne vers elle avec un sourire sur les lèvres. " C'est mon boulot de traqué les anomalies dans ce genre, même si cela ne représente qu'une infime partie de mon emploi du temps." Je soupire et reprends. Je ne suis pas un chasseur de fantôme à la base, de toute façon tout ce que tu peux voir à la télé, c'est clairement du cinéma." J'en ai croisé des apprentis chasseurs ou même d'autres personnes qui pensaient pouvoir parler avec les fantômes et ça ne c'est jamais bien terminé.

" J'ai pas mal de questions qui me traverse l'esprit à ton sujet..." J'entends des bruits sourds au rez-de-chaussée, comme des portes qui claquent. " Mais notre ami nous attends très certainement pour jouer à cache-cache." Je passe devant elle et regarde ce qu'il se passe dans le couloir. " Soit tu m'aide, soit tu reste à l'écart. Mais dans tous les cas, une fois qu'on en a fini ici, j'te paye un verre et tu me dis qui tu es." Je tourne la tête vers elle. " En échange, je te dis tout ce que tu veux savoir sur le monde occulte. Deal ?" L'entité se manifeste encore et sans attendre de réponse, je reprends l'escalier pour rejoindre le rez-de-chaussé. Tout semble silencieux, mais au vu du désordre qui régnait désormais, je savais qu'il était passé par là. Mon sac était toujours là ou je l'avais posé et je vais donc l'ouvrir pour savoir si j'avais quelque chose d'efficace contre les entités fantomatiques. " Viens jouer à Cache-cache avec moi ! Si tu perds, tu restera avec moi pour toujours !" Je ricane. " C'est ça, compte la-dessus. J'autre autre chose à foutre que de m'occuper de toi, viens là qu'on en finisse !" " NON ! Je veux jouer ! " " T'es quoi ? Un gosse de dix ans ?" Pas de réponse, mais la porte du salon claque fortement. Putain de fantôme ou j'sais pas quoi, tu va vraiment me foutre de mauvais poil.

Mais quelle courge !

-La version avec la mini jupe, j’imagine ?

Je rétorquai du tac-o-tac au sujet de la mère-noël. J’aimais bien les gens qui avaient de l’humour. Tout semblait beaucoup moins dramatique et effrayant quand on collait une petite blague par ci par là. Les dieux (s’ils existent) savaient à quel point l’humour et l’ironie m’aidaient à me préserver mentalement de tout ce qui hantait ma vie et mon esprit.

-Il te sent ? Le sale pervers !

J’étais perplexe. Ça devait sûrement être un truc d’exorciste. Je me demandai soudain si l’eau bénite avait une odeur… Ça me donnait envie d’entrer dans un prieuré pour aller vérifier.
Il se marrait de ma réponse. Pour une fois que je parlais sérieusement… Je sentais toute l’ironie dans sa phrase.

-Cool !

Et oui, j’avais ENFIN choisi le bon jour et le bon endroit. C’est pas que je n’aimais pas perdre inutilement mon temps mais bon… Non pas que je sois particulièrement enthousiaste à l’idée d’affronter cette manifestation de… je ne savais trop quoi (mort, fantôme, esprit, démon ?), mais j’avais au moins le sentiment d’avancer dans ma quête et c’était très satisfaisant.

Ah, “anomalie”, c’était donc comme ça que ce type appelait ce genre de phénomène. Allons-y pour ce terme, alors !

-Et moi qui pensait que cette entité était juste fan des pub Colgate !

Je l’avais ressentie moi aussi, ce sourire malsain et particulièrement morbide qui n’avait rien de bienveillant… La créature cherchait à nous faire peur. Je ne pouvais pas dire que j’étais rassurée, j’étais complètement hors de ma zone de confort et je n’avais aucune idée de la nature de ce que je m’apprêtais à affronter, ni de comment la combattre. Par chance, j’avais un sang-froid à toute épreuve et une réactivité qui m’empêchait de me morfondre et me poussait à chercher des solutions plutôt qu’à me laisser envahir par la peur. Je rangeais mes émotions à double-tour pour me focaliser sur ma mission. J’aurais tout le temps de capitaliser et de hurler un bon coup ce soir.

-Bon je résume, on chasse un fantôme, là… ? Du genre, d’un type mort qui se met à hanter un endroit comme dans les histoires.

On avait pas ce genre de légendes, au Centre. Dans ma jeunesse, les vivants me terrorisaient bien assez pour que je n'appréhende pas la question d’une vie après la mort. Pour moi, l’arrêt du cerveau marquait définitivement le bout du chemin. J’avais dû attendre d’avoir la vingtaine pour découvrir les histoires de fantômes. Je prenais ça pour du délire jusqu’à récemment…

-Ok, et tu fais quoi le reste du temps alors si tu ne chasse pas les fantômes ?

Le mot “démon” me revient en tête. Parvati m’avait parlé d’eux, ça m'obsédait depuis… Je m’interrogeais sur ce que leur existence cachait… Honnêtement, s’il existait un enfer, je n’avais aucune envie d’y atterrir. Le truc, c’est que les démons apparaissaient dans un certain nombre de mythologies différentes… Peut-être qu’ils étaient là en premier, qu’ils avaient inspiré tout le reste… Quelle était la part de vérité dans tout ça ?

Des portes claquèrent en bas. J’entendis le plancher grincer à travers les murs… Quelque chose s’était réveillé et semblait de mauvaise humeur… Ou de trop bonne peut-être, au vu du sourire aperçu dans le miroir.

Je l’intriguais sérieusement. C’était bien ça, ça me donnait un avantage pour négocier. Je réalisai cependant, au vu de sa proposition, que les négociations seraient inutiles. Si ça pouvait toujours être aussi simple pour obtenir la coopération des gens !

-Deal, dis-je après un temps de fausse réflexion en lui emboitant le pas.

Il allait volontairement me livrer de son plein gré les informations que je cherchais, comme la vie était bien faite !
Les lueurs de la pièce s’effacèrent progressivement derrière nous pour réapparaitre et éclairer notre route, nous encerclant sans nous éblouir. Pas question qu’un espèce de truc morbide profite de l’obscurité totale pour venir crier  “BOUH” dans mon oreille. J’évoluais, les sens aux aguets. J’aurais préféré pouvoir allumer le disjoncteur et allumer toutes les lumières de la maison, malheureusement la maison ne présentait pas la moindre once de courant, l’abonnement électrique avait dû être résilié depuis longtemps.

-Dis moi comment je peux t’aider, je ferai ce que je peux.

J’étais ignorante mais j’avais un peu de ressource. En outre, j’étais réellement curieuse d’en apprendre plus sur tout ça.

-Comment on exorcise un fantôme ? J’imagine que ça ne se fait pas avec du sel et de l’eau bénite…

Je comprenais mieux l’origine du raffut à présent. Tout était sens dessus dessous, une force s’était déchainée ici… J’en eu des frissons.
Je balançai mon sac à dos par terre pour me laisser le champ libre. Soudain, les murs se mirent à trembler et quelques livres fusèrent à toute vitesse. Je fis un bond sur le côté, poussant avec ma main le côté de la couverture pour dévier la trajectoire de l’ouvrage encyclopédique qui alla s’exploser contre un vase. Réflexe, réflexe…

-Aah… soupirai-je. Le fameux poids de la culture.

Je me raccrochais à l’humour comme à une bouée de sauvetage. Ce qui se passait ici me dépassait de très loin et m’inquiétait.

-C’est peut-être vraiment l’esprit d’un gosse… supposai-je perplexe après avoir entendu l’échange.

Je lançai un regard en direction du type. C’était possible ?
Jouer ? A cache-cache ?

-1… 2… 3… fis-je mine de compter lorsque j'aperçu soudain une silhouette se profiler dans mon angle mort.

Je me tournai par pur réflexe pour balancer mon poing dans la figure de la créature et me retrouvai emportée par mon élan. J’avais traversé de l’air… La chose avait disparu.

Je demeurai un instant crispée, les yeux écarquillés d’effroi et le cœur battant la chamade. Un épouvantail. L’apparence de cette entité à peine entraperçue avait fait ressurgir une vieille image, un souvenir cauchemardesque vieux de deux mois que j’avais enterré au plus profond de mon esprit.

-Foutu épouvantail, murmurai-je entre mes dents.

J’aurais sa peau, un jour !

“Contrôle ta peur, XXVI. Contrôle toi !”

Non mais quelle courge !

Sia & John

J'eus un sourire amusé sur les lèvres, mais je ne réponds pas. Je n'ai jamais compris le délire autour du Père Noël et encore moins de son équivalent féminin. C'est bon pour les gosses et les pervers ça. Après faut voir à quoi elle ressemble la mère noël, mais je mets ma main au feu qu'elle n'est pas aussi canon que Zatanna. Après je suis peut-être pas objectif, mais après toutes les merdes qu'on a traversées ces derniers temps, j'irais certainement pas voir ailleurs alors que je suis enfin avec celle que j'aime. Mais je m'égare. Je ne suis pas ici pour penser à elle, mais pour faire mon boulot et je me reprends immédiatement. Une seule erreur et je ne sortirais pas entier de cette maison. Je regarde la jeune femme quand elle reprends la parole et j'eus un léger rictus sur les lèvres. " Il sent que je suis là pour lui et que je ne lui veut pas que du bien." Si la méthode traditionnelle ne marche pas, alors il va falloir que je ruse, mais je ne sais même pas si cette baraque restera debout en fin de compte, mais qu'importe. Ce n'est pas comme si quelqu'un allait l'habiter de nouveau. " Avec un sourire comme le sien tu m'étonne qu'il doit avoir essayer de passer les casting pour cette pub." Vu la malveillance que je ressens, j'en doute fort.

Pour le moment, il fallait que je sache à qui et à quoi on avait à faire et pour ça, il fallait que je le retrouve. Ce qui ne sera pas difficile, vu qu'il semblait joueur. Les fantômes, les esprits, tout ce qui touche à ce domaine, ce n'est pas ma tasse de thé généralement, mais là, je n'ai pas le choix. Cherchant mon paquet de cigarettes dans mes poches, j'en coince une entre mes lèvres et l'allume d'un claquement de doigt. La magie c'est super, même si je l'utilise vraiment pour n'importe quoi de temps à autre. Pourquoi s'emmerder ? Je repose les yeux sur elle. Elle ne semble pas paniquée, même devant l'étrangeté de la scène, ce qui est une bonne chose. Je n'aurais pas le temps de la gérer et de gérer cette chose en même temps. " Dans son cas, c'est un peu plus compliqué je dirais, mais ouais, en résumé, c'est ça." Le problème, c'est qu'il existe des tas d'histoires et les gens qui s'improvisent chasseurs de fantômes parce qu'ils pensent que rien ne peut leur arriver se plante lourdement. Certains en payent le prix fort. Le monde de l'occulte regorge de danger et il ne suffit pas d'avoir vu un tutoriel sur Youtube pour savoir comment on fait. Mais bon, heureusement qu'il existe des types comme moi pour équilibrer les choses. Enfin, après les purges d'Enchanteresse, il reste plus grand monde. " Oh trois fois rien, je poutre du démon quand j'en ai l'occasion. Et toi ?" La partie de mon travail que je préfère, même si ça a demander beaucoup trop de sacrifices pour en arriver là.

Elle m'intrigue et je le lui fais savoir, proposant même d'aller boire un verre ou plusieurs, si on arrive à sortir de cette baraque en un seul morceau. Puis je lui indique que si elle ne pouvait pas m'aider, qu'elle reste en retrait, l'entité se focaliserait très certainement sur moi dans tous les cas, donc elle n'aurait sans doute pas grand-chose à craindre. Mais elle accepte le deal et alors que je rejoins le rez-de-chaussée, je l'entends me suivre. Je ne me laisse pas distraire par ce qui se passait autour de nous, bien que je reste attentif. Mégot de cigarette entre les lèvres, je l'écrase et le jette au loin dans la maison. Le rez-de-chaussée était sans dessus dessous, mais mon sac était toujours là et intact. Et le fantôme nous nargue, arguant qu'il voulait jouer. Et pendant une seconde, j'ai un doute. Un enfant ? Et l'image d'Astra s'imprime dans mon esprit l'espace d'une seconde. Cette gamine qui est en Enfer par ma seule faute. Je ferme les yeux et inspire profondément avant de reprendre. " Non c'est pas un gosse. Sinon imagine un peu le degré de souffrance pour qu'il en arrive a ressembler à ça." Un peu de sérieux quand même dans tout ce bordel.

J'étais en train de fouiller dans mon sac quand je la vois donner un coup dans le vide et je pose les yeux sur elle quelques secondes. J'eus un léger froncement de sourcils et je me redresse pour lui faire face. " La plupart des fantômes, ou esprits sont inoffensifs, ils sont restés sur terre pour une raison ou une autre et en temps normal, ils sont discrets." Ou du moins ils disparaissent généralement quand on les aide. " Et il en existe d'autres, qui sont plus rares, comme celui qu'on a avec nous ce soir. Il a du être rappeler par quelqu'un de peu scrupuleux, ou du moins avec des intentions réellement malsaines. Ce sont les plus difficiles a chasser. Ils n'ont pas d'attaches dans le monde physique, ils sont juste là pour faire peur, pour faire mal." Et celui-là en faisait partie, même si pour le moment, il voulait jouer. " Je ne sais pas ce qui te fait peur, mais il saura s'en servir contre toi au moment qui lui semblera le plus propice." Je soupire profondément et reprends. " L'idéal serait de purifier cette maison, mais ça ne va pas pouvoir être possible, cela nous prendrait trop de temps vu les horreurs commises ici. On va donc ruser. Mais je n'ai aucune idée de ce que ça va donner." Comme d'habitude. " Toujours partante ?" Parce que ça risque réellement de partir en couilles rapidement cette histoire.

Mais quelle courge !

-Et ça a l’air réciproque.

Ce truc n’avait pas l’air sympathique, quoi qu’il puisse bien être. Personne n’affichait un sourire et un rire pareil sans arrière-pensée, même les pub Colgate mettaient plus en confiance que cette énergumène.

-Il ferait fureur à la télévision…

J’arquai un sourcil.

-Du démon hein…

Le fameux. Le point de départ de tout ce bazar, la raison qui m’avait poussé à venir ici.

-Tu te promènes avec une bible et tu récites des prières pour faire des exorcismes, comme dans les films ?

Des chasseurs de démons… Ça existait vraiment ce truc là ? J’avais toujours pris ça pour un pur fantasme issu de la tradition chrétienne et descendant directement de l’époque de la chasse aux sorcières. Les hommes inventaient des tas d’excuses pour persécuter les femmes, jadis. Du moins je croyais. J’en venais à remettre beaucoup de choses en doute en ce moment…

-Moi ? Je fais parler les chasseurs de démon… Les courges aussi, parfois, quand je m’ennuie.

Pauvre Mireille, elle ne parlerait plus jamais à présent…

Nous descendîmes et j’arquai un sourcil.

“Sinon imagine un peu le degré de souffrance pour qu'il en arrive à ressembler à ça."

-Oui j’imagine très bien, répondis-je d’un air très sérieux.

L’idée me laissait pensive. Fallait-il avoir souffert de son vivant pour ressembler à ça une fois mort ? Aurai-je été ainsi pervertie si j’avais perdue la vie au Centre ?
Et le Centre, était-il hanté par les fantômes qu’il avait laissés derrière lui ?

Perdue dans mes pensées, j’esquivais de peu le livre et finis par voir l’apparition… Qui disparu aussitôt. L’avais-je rêvé ?

-Dans quel but quelqu’un invoquerait une telle entité ?

Je n’avais fait qu’effleurer la surface, à peine eu un vague aperçu de ce monde occulte…

-Super… marmonnai-je alors qu’il m’expliquait que l’entité retournerait mes peurs contre moi.

Cet homme n’avait pas idée du nombre d’angoisses viscérales tapies au fond de ma tête.

-Oui… bien sûr, répondis-je très sérieusement. Je t’aiderai autant que possible, mais…  Je te perturbe plus qu’autre chose, non ?

Je le faisais parler, parler et parler depuis tout à l’heure. Cet homme détenait tellement de réponses à des questions que je me posais ! Je ferai tout mon possible pour le protéger, j’avais besoin de lui.

-Je suis douée pour me battre contre des choses matérielles, mais ça c’est nouveau pour moi. Il va falloir me dire quoi faire.

Je me penchai pour fouiller dans mon sac et en extirpai une baguette volée à un sorcier. Ou à un magicien. Ou… Roh, je n’en savais rien ! Une de ces énergumènes qui s’était attaquée à Parvati dans ce bar, il y a quelques semaines de ça. J’avais récupéré la baguette dans un premier temps pour désarmer mon adversaire… Puis je l’avais gardé. Un objet de curiosité que j’étudiais depuis quelque temps dans l’espoir d’en comprendre le fonctionnement. Comment ces types arrivaient-ils à utiliser cette petite chose pour créer des boules de feu ou des ondes de choc ? L’une d’elle m’avait envoyé un moment au tapis… C’était comme si un boulet de canon m’avait percuté.

-Est-ce que ça peut t’aider ? lui demandai-je curieuse.

Non mais quelle courge !

Sia & John

Il y avait un truc qui m'échappait. Ce genre de fantôme ou d'entité, n'apparait pas comme ça par hasard, surtout que celle-ci puait la malveillance à plein nez. Son sourire n'est qu'un aperçu et quand bien même, je ne sais pas exactement à quoi j'ai à faire. Les apparitions de ce genre ne sont qu'une infime partie de mon travail et je ne suis pas un spécialiste en la matière. Mais il faudra bien que ça passe. J'eus un sourire à sa remarque sur le fait que notre nouvel ami fera fureur à la télé pour une pub de dentifrice, avant d'entendre sa phrase laissée en suspens. Oui les démons. Bah oui ma petite, l'Enfer existe. " Plus ou moins. Et quand ils sont pas coopératifs, je les fracasse jusqu'à ce qu'ils se disent que l'Enfer c'est mieux." C'est pas exact, mais ce n'est pas faux non plus. La magie est une aide précieuse, mais pas toujours suffisante. De même que la Bible et autres objets saints. Si ça marche sur les démons inférieurs, sur Lucifer ça lui fait l'effet d'une chatouille et encore. Enfin je suppose qu'on ne devient pas le boss de l'Enfer en étant allergique à la Bible et aux écritures saintes. Peut importe, ce n'est pas le sujet du jour de toute manière.

J'eus un sourire amusé sur les lèvres à sa réponse, mais n'ajoute rien et rejoint le rez-de-chaussée. Je ne sais pas ce que cette chose était de son vivant, mais maintenant, je sais qu'elle va bien me casser les pieds pour la faire disparaître. Son ton sérieux me laisse légèrement perplexe, mais pas le temps de chercher à savoir de quoi il en retournait. Je sais que la vie ce n'est pas toujours un cadeau, que l'on a tous nos lots d'épreuves et que comparer est ridicule. Je vois son geste et je regarde autour de nous rapidement, aucune trace de notre nouveau copain de jeu, mais je sais que ça ne va pas tarder. " Je ne sais pas, certains invocateurs sont désespérés et veulent quelque chose en échange sans savoir ce qu'ils invoquent réellement." Et ça arrive souvent. Gotham est une ville au bord du gouffre depuis longtemps, pire encore, elle est complètement en train de sombrer, alors forcément, certains essayent des choses je suppose. " Et d'autres le font consciemment. Ils veulent le chaos, le pouvoir ou que sais-je encore." Parce que l'humain est ainsi fait, qu'on le veuille ou non d'ailleurs. " Mais ne t'en fais pas, tu n'es pas sa cible, tout au plus tu es un jouet à ses yeux." Rassurant ou pas, je n'en sais rien, mais ce sont les faits.

Bien maintenant, il fallait chasser cette entité et avec les moyens du bord. Ce qui allait être un peu compliqué. Heureusement, je suis un mage et je peux compter sur mes pouvoirs et elle, elle ne semble pas non plus être sans ressources. Je lui jette un coup d'oeil quand elle demande si elle est une gêne. " Tu ne semble pas être sans ressources si j'en crois la démonstration que tu m'a fait. En cas de problème, si je te dis de fuir, tu fuis, je m'occuperais du reste." Parce que je ne savais pas comment ça allait se passer concrètement. " Mais si je vois que tu peux faire quelque chose, je te le ferais comprendre. Pour le moment, reste près de moi, tu surveille mes arrières." Au moins je sais qu'il ne me prendra pas spécialement par surprise ce petit con. Et pendant que je regarde autour de nous, pour avoir une idée de comment attirer notre copain sans avoir à la chercher, elle fouille dans son sac et en sort une baguette. Surpris, je pose les yeux sur elle. " Où est-ce que tu as déniché un truc pareil ?" A la réflexion, je crois que je ne préfère pas savoir. " Ouais ça pourrait me servir je pense." Je n'en sais rien, vu que je n'en utilise pas, mais pourquoi pas.

" Bien allons-y qu'on en finisse." C'est pas que j'en avais marre, mais je ne comptais pas passé toute la nuit dans cette maison non plus. Je vois un aspirateur dans le coin de la pièce et j'eus un sourire. " Je sais pas si t'as vu le film Ghostbusters, mais en tout cas, le coup de l'aspirateur de fantôme, ça ne marche pas." Je le sais parce que pendant longtemps, une rumeur avait circuler dans les rues de Londres. Deux jeunes chasseurs de fantômes du dimanche avaient essayer et ça c'était mal fini. Je m'avance donc dans la pièce suivante, les sens en alerte, à la recherche de la moindre trace, du moindre indice qui me permettrait de comprendre comment bannir cette chose. Mais tout semble en ordre pour l'instant, c'est même trop bien rangé en réalité. " Reste sur tes gardes. Il va nous tester un bon moment à moins qu'on lui mette la main dessus." Et le plus tôt sera le mieux. Un truc tombe à l'étage et je lève automatiquement la tête vers le plafond et j'écoute. Un autre bruit, puis un autre. Il est à l'étag visiblement et semble vouloir qu'on y retourne.

Mais quelle courge !

Il ne payait pas de mine, ce gars. Mais j’avais vu des magiciens à l’oeuvre avec leur baguette magiques et leurs sceptres, ils pouvaient faire des choses complètement folles. Ils m’avaient brisé quelques os et moi les leurs, nous étions quittes - plus ou moins.
Non, nous ne l’étions pas. Si je recroisais un jour ces gars je les massacrerai. J’avais été prise dans une rixe qui ne me concernait pas, j’avais souffert… J’étais rancunière. Qui aurait cru que je sortirai de cet affrontement avec une élève collée aux basques ? Parvati était une drôle d’énergumène, elle aussi.

-Donc ce sont des gens qui “ramènent” ces créatures ici, volontairement ou en perdant le contrôle…

Un peu comme ces speech de films ou des gens invoquaient des trucs sans savoir ce qu’ils faisaient, en espérant obtenir un voeux ou une vengeance…
Je n’avais jamais imaginé que ces trucs là puissent avoir un fond de vérité… Jusqu’à aujourd’hui.

-Je ne suis pas inquiète, dis-je en haussant les épaules.

Pas vraiment. Je n’aimais pas me retrouver dans un environnement inconnu et les situations que je ne maîtrisais pas étaient source de stress, certes, mais à part ces screamers et ces bruitages, l’entité n’avait pas encore menacé ma vie.

-Je le serai peut-être quand il cherchera réellement à nous faire du mal.

J’avais du sang-froid à revendre cependant, un arsenal dans la poche, et un expert chasseur de démon à côté de moi. Tout se passerait bien.

-D’accord, dis-je peu contrariante.

Je n’avais pas le complexe du super-héros, loin de là. Si ce type estimait que le danger me dépassait, je le croyais volontier. C’était lui le spécialiste et ma curiosité ne prenait absolument pas le pas sur mon instinct de survie.

-Je nous taillerai une sortie hors de ces murs si nécessaire.

Il ne voulait probablement pas savoir comment.

" Où est-ce que tu as déniché un truc pareil ?"

-Euh…

Il allait se fâcher si je lui racontais l’histoire ? J’espérais que ce n’était pas sur ses copains que j’avais tapé.

-Des types m’ont cassé quelques côtes. J’ai cogné plus fort.

Voilà, un résumé court et succinct. S’il en voulait plus, il devrait m’offrir ce verre comme promis et répondre à mes propres questions. Je lui tendis la baguette.

-Je te la prête si tu veux. J’ai bien essayé un “wingardium leviosa” avec, mais ça ne donne rien. Je crois que je devrais la ramener au magasin, elle est cassée, charriai-je.

Je n’avais aucune idée de comment utiliser cet objet. Je l’avais conservé par curiosité, songeant qu'elle me servirait peut-être un jour. Si ce n’était pas pour m’en servir, peut-être pour la vendre ou la troquer contre quelque chose d’utile. Pourquoi pas des informations.

-Noooon !

Je le regardai avec des yeux déçues.

-J’ai toujours voulu avoir un aspirateur exorciste, tu brises mes rêves !

Il était marrant ce mec.

Je le talonnai, alors qu’il parcourait la maison, tous mes sens en éveil. Et puis le bruit raisonna à l’étage. Merde à la fin, on n’allait pas passer la nuit à lui courir après !

-On ne va quand même pas répondre à tous ses caprices ! Allons dans le salon, je t’offre une bière.

Je tirai deux petites bouteilles de mon sac et lui proposai spontanément de s’installer sur le canapé.

-Sur un malentendu, ça va finir par l’agacer et le ramener ici.

Je m’installai et lui tendit une bouteille.

Quelques minutes plus tard, je vis une bibliothèque s’effondrer à quelques mètres de nous et ricannai.

-Le voilà le sale gosse !

Et je me baissai dans un réflexe rapide pour esquiver le plateau qui fonçai droit sur ma tête. “Oooh bichon, tu es vexé qu’on ne soit pas venu jouer ?”.

-Je plaisante ! Il ne faut pas être susceptible comme ça ! m’exclamai-je en m’adressant au fantôme.

Et puis soudain, l’air commença à se refroidir considérablement dans notre dos…

Non mais quelle courge !

Sia & John

Je suis bien placé pour savoir que la plupart des gens ne savent pas ce qu'ils invoquent. Parce que généralement, je ramasse les pots cassés et j'essaye de limiter la casse du mieux possible. Parfois ça marche et parfois pas et je me retrouve à traquer ces choses sans savoir exactement ce que je cherche. Et ce genre de cas de figure me fatigue. Après, il est vrai que s'il n'y avait pas des gens complètement con pour croire qu'ils peuvent contrôler ce qu'ils invoquent, je serais au chômage. Ah les hommes... La magie ça ne s'improvise pas, mais ça visiblement, le commun des mortels avait du mal à comprendre cette notion. Combien de fois est-ce que j'ai du intervenir au début de ma carrière parce que des adolescents avaient essayer de faire un truc cool dans leur soirée et que ça avait mal tourner ? Si on dit que la magie n'est pas un jeu, ce n'est pas pour rien, malheureusement. Enfin, moi ça m'fait du travail, mais je n'ai pas que ça a foutre, surtout ces temps-ci avec l'Enchanteresse dans le coin. " C'est ce qui arrive la plupart du temps. Après ceux qui savent exactement ce qu'ils font sont plus rares et heureusement." Sinon l'enfer serait déjà sur terre. Et vu ce qui m'attends après ma mort, je veux profiter de ma vie sur terre autant que possible parce que la suite ne sera pas agréable du tout. Et c'est pour ça que je me suis spécialisé dans l'occultisme, pour renvoyer ces choses chez eux.

Elle semble calme et ça me va parfaitement, je préfère ça à une gamine paniquée. Chacun réagit différemment à l'inconnu et au surnaturel. M'assurant qu'elle avait compris ce que j'attendais d'elle, je continue de me préparer sans savoir exactement ce qui va m'attendre. Mais lorsqu'elle me montre une baguette, je hausse un sourcil intrigué. On en voit assez peu au final et lorsque je lui demande comment elle l'a obtenu, elle me raconte en une phrase et je ricane, amusé. " Faut pas te chercher des problèmes visiblement, j'aime bien." Parce que je n'ai rien d'un sorcier conventionnel. Mon parcours est franchement atypique et je tape plus que je n'utilise la magie. Enfin je l'utilise mais parfois pour des conneries. Un bon combat a mains nues, c'est super vivifiant. " Ouais on est pas dans l'univers d'Harry Potter non plus, désolé." Je prends la baguette et je souris légèrement quand elle se dit déçue de la non réalité de l'utilité d'un aspirateur pour fantôme. La culture pop est bien gentille, mais la réalité dépasse absolument tout ce que les gens s'imaginent. Et elle est bien plus cruelle.

J'arpente le rez-de-chaussée avant d'entendre du bruit à l'étage et je me retourne vers elle quand elle reprend la parole. Une bière est toujours la bienvenue. Je prends la bouteille qu'elle me tend, l'ouvre et en bois une gorgée. Bien fraîche en plus. Mon regard se pose sur la petite et je reste songeur quelques secondes. Elle pourrait faire une bonne assistante, enfin, dans la pratique ceux qui me suivent de trop près finissent par mourir dans d'atroces souffrances et se retrouvent en enfer par la suite. Rien de très reluisant en somme. Je prends une seconde gorgée. " Tu cherches pas un boulot par hasard ? Tu me serais bien..." Je ne termine pas ma phrase, notre ami ayant décidé de faire son retour. Les livres de la bibliothèques tombent, suivis du meuble en question. Il n'était pas content qu'on ne joue pas à cache-cache visiblement. J'esquive un vase qui s'écrase contre le mur derrière moi. Puis assez rapidement, la température chute drastiquement. " Te voilà, viens mon petit." Il était encore plus hideux maintenant qu'il était en colère.

Tout en le gardant dans mon champ de vision, je commence à marmonner des incantations, il fallait en finir au plus vite avec lui. " Tu va trouver cette pseudo lumière de merde de gré ou de force j'te préviens." Le fantôme hurle alors et ça me vrille les tympans, mais je reste concentré sur ce que je faisais. Je ne savais même pas si j'allais réussir, parce qu'il avait eu le temps de devenir plus puissant et que je n'avais pas spécialement le matériel adhéquat pour ce cas de figure. Mais pas question d'abandonner pour l'instant. Si j'arrivais à l'immobiliser, je pourrais alors agir plus efficacement. Ce qui marche sur les démons ne marche pas forcément sur un fantôme, mais dans le doute, autant essayer. " Cache toi derrière le canapé, ferme les yeux et bouche-toi les oreilles." En espérant que le canapé suffisait à la protéger un minimum. Le fantôme toujours en mouvement en face de moi, je coince une cigarette entre mes lèvres, l'allume et craque mes doigts. On va en finir, d'une manière ou d'une autre.

Mais quelle courge !

Il était dingue ce mec ! C’était pas courant, les gens qui se marraient quand je leur expliquais que j’avais démoli des personnes et conservé un trophée. Je l’aimais bien.

-Vu ton sang-froid, je dirai qu’à toi non plus.

J’avais suffisamment l’expérience de la vie pour repérer ce genre de détails, faire la différence entre un fanfaron et un gars qui savait ce qu’il faisait. Je n’avais aucune idée de l’emploi de cet homme ni de son identité, mais je le croyais bien volontaire quand il affirmait avoir l’habitude de se frotter à des monstres en tout genre, fantôme, démon ou je ne sais trop quoi. Comment se battait-il ? Avec quoi ? De la magie ? Des capacités surhumaines ? Des prières ? J’étais impatiente de voir ça.

-Putain de merde ! Pas d’aspirateur, pas d’Harry Potter… Tu vas aussi me dire que l’anneau magique ne rend pas invisible ?! fis-je mine de m’insurger.

Je m’étais gavée de pop culture ces dernières années. J’adorais ça. Quel meilleur moyen pour découvrir un monde inconnu et la culture d’un pays que de s’approprier ses livres et ses films cultes ? J’avais grandi à l’écart du monde, déconnectée de la réalité… Internet, la télévision, la littérature, autant de médias qui m’avaient servi de fenêtre pour comprendre dans quoi je foutais les pieds et me fondre dans la masse. Et puis, honnêtement, la fantasy et la science-fiction étaient des sources infinies d’inspiration pour mes dessins.

Mon petit Polochon eut l’air d’apprécier ma proposition et me rejoignit pour picoler sa bière. Ce n’était pas bien dur de le détourner de sa traque, apparemment.

Du boulot ? Je lui lançai un regard curieux, mais il ne finit jamais sa phrase. Le spectre était vite revenu, comme je l’avais prédit.

Et j’entendis soudain psalmodier. J’observai mon voisin avec curiosité, croyant identifier là quelques mots de latin. Alors c’était comme ça qu’il se battait ? Avec des mots ? J’étais un peu déçue…

-Euh… Ok.

L’idée de me priver de mes repères sensoriels en présence d’une entité maléfique et d’un presque étranger me mettait très mal à l’aise, mais le gars avait l’air de connaitre son affaire… S’il y avait un quelconque danger vital pour moi…

Je fis un bon et me glissai derrière le meuble, obéissant à contrecœur.

Et j’attendis. Malgré mes doigts plaqués contre mes tympans, je captai un vacarme du diable…
Lorsque j’en eut assez, je finis par ouvrir les yeux… Puis décoller tout doucement mes mains de mes oreilles, avant de jeter un coup d'œil par-dessus bord. La chose était en train de se disloquer dans un bruit strident et finit par se disséminer dans les airs. Le froid se dissipa anormalement vite.

-J’ai loupé tout le spectacle ? demandai-je, l'air déçu.

Une tornade s’était déchaînée dans la pièce. Trois fois rien.

-On va boire ce verre ? Et tu me raconteras ce que tu viens de faire ?

Il m’avait promis.
Je me rapprochai d’une fenêtre brisée, marchai sur le verre d’un pas tranquille avant de tendre la main pour ouvrir les volets en bois. Ils n’opposèrent aucune résistance. De toute évidence, l’entité avait bel et bien disparu.

-On dirait qu’on va pouvoir sortir.

Je me tournai vers le brun et le toisai avec une curiosité nouvelle.

-C’est quoi ton nom, monsieur l’exorciste ?

Comment faisait-on pour finir par faire un job pareil ? Je doutais que de tels emplois figuraient sur les sites de recrutement.

Mon sac à dos était déchiré, son contenu répandu un peu partout. Je soupirai. Peu importe, ce qui comptait se trouvait dans mes poches.

Non mais quelle courge !

Sia & John

J'ai vu suffisamment de choses étranges dans ma vie pour pouvoir écrire une encyclopédie. Il en est de même avec les gens. J'ai croisé toutes sortes de personnes et je serais amené à en croiser d'autres avant que je ne meure. Alors son attitude ne me fait pas peur, bien au contraire. Elle pourrait être un danger pour moi, c'est plausible, mais pour le moment, ce n'est pas le cas. J'ai eu un aperçu de ses capacités et elle ne va pas tarder à voir une partie des miennes. Mais elle me plaît bien la petite, elle n'a pas froid aux yeux et ça peut être un profil intéressant. J'eus un léger sourire à ses dires. Je n'ai pas peur de grand-chose en effet, parce que je n'ai rien à perdre ou du moins, pas énormément. J'ai déjà perdu mon âme, je ne vois pas ce qu'on pourrait m'enlever de plus à part Zatanna. Et là, très clairement, ça me ferait réellement péter un câble. On ne peut plus avoir peur de grand-chose quand on a déjà été en enfer. Je ricane légèrement à ses dires en haussant les épaules. " Oh je suis certain qu'un tel objet existe, mais c'est pas Sauron qui l'a et il n'y aura pas de Hobbit pour aller dans le trou du cul du monde pour aller le détruire." Comme quoi la pop culture et la magie, entres autres choses, c'est une grande histoire d'amour. Or nous existons réellement.

Alors qu'on était en train de boire une bière, parce que c'était toujours plus sympa pour faire passer l'attente, je commence à lui proposer un travail, un peu sur le ton de l'humour, mais au fond, pourquoi pas ? Mais je n'ai pas le temps d'aller plus dans les détails que notre ami daigne se remontrer. Visiblement, il prend assez mal le fait qu'on l'ignore. Comme toutes les entitées au final. Je commence a marmonner en latin et je vois que ça l'emmerde. Mais je ne vais pas me baser uniquement sur ça. Je demande alors à mon accolye du moment de se planquer parce que la suite n'allait pas être très belle. Une fois qu'elle était cachée, je me concentre sur cette chose et autant dire que je n'y vais pas par quatre chemins. J'enchaîne les sorts et le pousse dans un coin de la pièce où je peux l'emprisonner le temps de le renvoyer dans le trou de l'au-delà où il n'aurait pas dû sortir. Et dire que le monde pullule d'être de la sorte sans que la plupart des gens n'y prêtent attention. On ne peut pas vivre en cohabitation avec de telles choses, même si c'est assez rare d'en voir un avec un tel niveau de violence. Il hurle, il me provoque, mais je ne me laisse pas berner et je reste concentré sur ce qui se passe. Et finalement, je gagne et il disparaît.

La pièce est en bordel et je me tourne vers la jeune femme lorsque cette dernière reprend la parole. J'eus un rictus, tout en fouillant dans mes poches à la recherche de mon paquet de cigarettes. " Je tiens à garder mes petits secrets, c'est pour ça." Non, mais c'était pour sa sécurité à elle. Comme ça la chose était restée focus sur moi et on a limiter les risques. Elle propose qu'on sorte et qu'on aille boire le verre que je lui avais promis. J'allume ma cigarette et tire une longue bouffée dessus, alors qu'elle s'approche de la fenêtre. Il y avait du verre partout sur le sol, vu que les fenêtres avaient explosées. " D'accord." Je ne sais pas quelle heure il est, mais on est à Gotham et quand on sait où chercher, on trouve tout ce qu'on veut. Y compris un bar ouvert. On va pouvoir sortir, c'est une bonne nouvelle, ça veut dire que c'est terminé. Elle demande mon nom et il est vrai qu'on avait pas eu le temps de faire les présentations avant ce moment. " John Constantine. Et toi ?" Je sais depuis longtemps que ça ne sert à rien de cacher mon identité parce qu'il est assez simple de me retrouver quand on s'en donne les moyens. " Ramasse tes affaires, on se casse. Je connais un bar pas loin et normalement il est encore ouvert si ça te dit." Je ne la force pas, ce bar est un peu douteux, mais au moins on y sera tranquille. Je termine ma cigarette et écrase le mégot. Je ramasse mes affaires et l'attends, tout en restant silencieux. Il n'y avait plus rien d'anormal dans cette maison et tant mieux. Pour le moment du moins.

Mais quelle courge !

-Le jardin secret d’un homme qui chasse les fantômes… Ça ferait un bon titre de livre.

C’est un nouveau monde que je vois s’ouvrir ce soir. La confirmation que Parvati n’a pas disjoncté et me raconte bien la vérité, la naissance d’inquiétudes réelles quant à ce qui vient ensuite… Si je pensais que la mort marquait une pause bien méritée, je réalise tout à coup qu’il n’en est peut-être rien. Cette idée m’est particulièrement détestable. Faut-il que le décès soit autant sinon plus pénible encore que la vie ? J’en ai suffisamment chier, je veux qu’on me foute la paix !

-Constantine hein…

Tiens donc. Voilà un nom qui raisonne à mes oreilles… Parvati m’a parlé de son nouveau maître à l’école des sorciers. L’alcoolique notoire au caractère bien trempé. Que m’avait dit la jeunette déjà ? “Qu’il était plus supportable bourré que sobre”, quelque chose de ce genre-là. Je ne le trouvais pas si pénible que ça, moi. Il était plutôt sympa. Il avait de l’humour en tout cas.

-On a une amie en commun. Tu es moins grincheux que j’imaginais.

Je ramasse mon sac et marche d’un pas tranquille jusqu’à la porte, esquivant les nombreux débris et obstacles avec une agilité presque féline.

-Allons boire, alors, dis-je en passant devant lui. Tu peux m’appeler Icare.

Et j’en profite pour récupérer ma petite baguette de sorcier qui me sert plus de presse papier que d’objet utilitaire. La magie et moi, ça fait deux. Mais c’est un trophée qui a peut-être un semblant de valeur alors autant le garder avec moi pour le monnayer un jour.

Et me voilà à suivre un inconnu dans les rues de l’une des villes les plus malfamées du pays. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.

-Tu t’es réveillé un matin en te disant “hééé les mecs, j’ai envie de consacrer ma vie à chasser des fantômes et des démons !” ? C’est une drôle de carrière que t’as choisie.

Ça rapportait au moins ?

-Y a des gens qui te paient pour ça ?

Qu’est-ce que ça pouvait bien me foutre au fond ? Ooh, allez ! J’étais très curieuse, je devais bien l’admettre. Ce monde caché dont je ne savais presque rien m’attirait. Je préférais en apprendre le plus possible pour m’en protéger autant que possible.

-Les démons, c’est au sens biblique du terme ? Y a une vie après la mort ?


La voilà, la question qui me tracassait.

Non mais quelle courge !

Sia & John

J'ai un léger rictus à sa réponse. Tout le monde à des secrets, qu'on le veuille ou non, elle, moi, le voisin, les inconnus qu'on croisera dans la rue. Mais il est vrai que dans mon cas, j'ai sans doute une sacrée collection de secret sur tout un tat de choses qu'elle n'imagine même pas. Et dans un sens, tant mieux pour elle, réellement, parce que le monde est plus compliqué qu'il n'en a l'air. Elle s'étonne sur mon nom et je comprends que visiblement, ce n'est pas la première fois qu'elle l'entend. Elle ajoute qu'on a une amie en commun et je hausse un sourcil. Parce que des amis je n'en ai plus beaucoup et que la plupart sont des gens assez peu recommandables, même s'il y a quelques exceptions, comme Zatanna et Aleck qui eux sont des gens bons. " T'es tombé sur un bon jour il faut croire." Ouais je sais que j'ai parfois un caractère de merde, que je ne suis pas facile à vivre, mais bon je suis comme ça, je ne vais pas changer. Je sais être tout à fait charmant quand j'en ai envie cela dit. " Tiens ? Et qui ça ?" En vrai peut importe la réponse. En tous cas, cette rencontre était agréable pour l'instant. Elle qui voulait savoir si le paranormal existe, j'espère qu'elle n'est pas déçue de la réponse. Tout le monde cherche des réponses sur ce qu'on ne comprend pas et par moments, ce n'est pas une bonne idée. Parfois l'ignorance est la meilleure des choses. Et j'aurais bien aimé être ignorant sur pas mal de sujets, mais malheureusement, ce n'est pas le cas. Avec du recul, ce sont des choses que j'ai appris à combattre et je suis assez doué dans mon domaine.

On ramasse nos affaires pour se mettre en route pour un bar pas loin. Icare ? Drôle de surnom qui a une symbolique assez forte. " Va pour Icare." En vrai je m'en fiche bien d'avoir son vrai blaze ou pas. Dans les basfonds de Gotham et de n'importe quelle autre ville ou le crime règne presque en roi, il n'est pas rare que les gens donnent des pseudonymes. Il y a juste les débiles comme moi qui n'ont pas envie de se cacher qui donnent leur nom. Après c'est vrai que c'est mieux pour me trouver quand on a besoin de moi. Nous voilà partis loin de cette maison où j'espérais d'ailleurs ne pas avoir à remettre les pieds, mais comme le disait si bien le dicton "jamais deux sans trois" sauf que la prochaine fois j'y foutrais le feu. Elle reprend la parole et je ricane légèrement. " Ouais j'me suis dis que ça serait un passe temps sympa. C'est quoi le pire qui puisse m'arriver au juste ? Mourir ? Comme tout le monde je dirais." Bon j'ai perdu mon âme, mais ça c'est une autre histoire. Mais la leçon la plus importante à retenir c'est qu'on ne fait pas n'importe quoi avec les démons et autres joyeusetés qui peuplaient ce monde. " Puis j'aime bien taper sur des trucs, vaut mieux les démons que des gens, au moins c'est d'une utilité publique, même si y'a pas grand-monde qui sait réellement ce que je fais. Et ce n'est sans doute pas plus mal. " En général oui." Pas toujours, mais je m'en sors très bien. Après c'est vrai que je dépense beaucoup dans l'alcool, mais ça c'est autre chose.

Sa question suivante me fait sourire. Je la regarde quelques secondes tout en marchant, mais sans répondre dans l'immédiat. C'était une vague question à laquelle il est difficile de répondre. Je sors mon paquet de clopes et en coince une entre mes lèvres et l'allume. " Les démons au sens strict du terme oui. Lucifer, Satan, Belzébuth et j'en passe, existent. Heureusement, pour moi et surtout pour vous, tous ne rêvent pas de venir en personne nous rendre visite." On arrive au bar et j'élude momentanément la seconde partie de sa question. J'ouvre la porte et la laisse entrer en première. Il était tard et il n'y avait plus grand-monde, mais ça m'allait parfaitement. On s'installe, je prends une pinte de bière et la laisse choisir avant de reprendre. " Il existe bien quelque chose après la mort, mais c'est une expérience qui est propre à chacun je dirais. Après c'est une question que beaucoup se posent et personne n'a réellement la réponse. Pas même moi." Et tant mieux je suppose. " Tout dépent aussi des folklores et des croyances, mais c'est un sacré bordel." C'est toujours le cas avec les religions.