Mon petit si tu n'es pas sage l'Homme viendra pour te mettre en cage

Mon petit si tu n'es pas sage l'Homme viendra pour te mettre en cageJonathan Mills et Rouge

Ce fut comme si le temps avait recommencé, chez elle, à s’écouler comme pour le reste du commun des mortels, lorsqu’en allant au petit coin elle croisa, enfin, le reflet de son visage dans le miroir. L’image qu’il lui renvoyait lui semblait étrangère et lui fit peur. Ses cheveux avaient poussé, étaient gras, ternes, sans vie ni éclat, misérable sur ses épaules, devant ses yeux et dans son dos. Son regard avait perdu de son éclat, de grandes cernes noires et violettes lui donnaient un air de morte-vivante et elle était bouffie… Combien de jours s’étaient écoulés depuis ce contrat que cette outre bouffie d’orgueil de Superman avait fait capoter ? Elle ne savait pas. Malgré la visite de Théo elle était restée enfermée chez elle, à se gaver de malbouffe, à se faire livrer en fast-food, sucreries, soda, chocolat et autres tout en restant dans son plaid, allongée sur son canapé, à regarder à la télévision des films et des séries les plus débiles les uns que les autres.

Quand, effarée, elle sortit de la salle de bain ce fut comme si un voile se levant de devant son regard et elle put constater les dégâts : son salon et sa cuisine étaient dans un état lamentable, doux euphémisme ! Elle n’avait rien nettoyé, rien jeté à la poubelle et le sol était jonché de détritus, emballages et canettes en tout genre. Le monde s’ouvrit sous elle en constatant sa propre déchéance. Elle envisagea de se recoucher et faire semblant de ne rien voir mais ENFIN son orgueil refit surface et un regain d’énergie s’empara de la jeune femme qui s’attacha les cheveux, se muni d’un rouleau de sacs poubelles et entreprit de tout nettoyer.

Son grand nettoyage de printemps dura de longues heures mais quand enfin elle eut terminé elle était fière d’elle, tout était étincelant et sentait bon les produits ménagers. C’est dans son jogging déformé, tâché et troué par endroits (chose qu’elle n’avait pas vu), qu’elle sorti, faisant des allers-retours pour porter tous ses sacs dehors dans la grande poubelle, se foutant royalement que l’on puisse la voir. Elle n’avait plus donné signe de vie à quiconque si ce n’est aux livreurs lui ayant apporté ses commandes et s’attendait à ce que des paparazzis soient dehors aux aguets mais la rue était tranquille. Ce qui lui allait parfaitement, d’ailleurs.

Elle s’apprêtait à refermer la porte derrière elle quand un pied se glissa pour l’empêcher d’accomplir son geste et lorsqu’elle sentit la résistance dans son dos, elle se retourna pour tomber nez-à-nez avec…Jonathan Mills. La surprise fut grande qu’il se présente chez elle en civil et en plein jour. Sans mot dire elle ouvrit la porte pour le laisser entrer, le regardant suspicieuse mais sans pour autant s’inquiéter de sa présence. S’il était venu pour la tuer il ne se serait pas présenté ainsi, au grand jour. Néanmoins elle resta sur ses gardes tandis qu’elle le faisait passer, l’invitant à s’installer dans le salon. Elle alla dans la cuisine et lui apporta une bouteille de bière, décapsulée et se regarda. Elle était… immonde.

-Je reviens. Lui dit-elle simplement avant de monter à l’étage, dans sa salle de bains, pour prendre une bonne douche bien chaude, ce qu’elle n’avait plus fait, honte à elle, depuis un long moment… Après avoir lavé ses cheveux elle saisit une paire de ciseaux dont elle s’était munie auparavant et de longues mèches tombèrent dans la cabine de douche. Une fois qu’elle en fut sortie, devant le miroir, elle se regarda dans le miroir et usa son pouvoir pour égaliser sa coupe, ce qu’elle aurait pu faire de prime abord…

Quand elle redescendit, cheveux séchés, elle était habillée d’un top noir, sans soutien-gorge et d’un legging de même couleur. Elle avait l’air extrêmement fragile avec ses cernes et son absence de maquillage. Mais dans ses yeux brillait à nouveau une étincelle de vie qui l’avait quittée.

Elle rejoignit Jonathan et demanda, de but-en-blanc :

-Qu’est-ce que tu fais là ?

Pas de bonjour, pas de grande amabilité dans sa voix. Pour elle, peut-être injustement, il était aussi coupable qu’Enchantress de l’avoir abandonnée à une mort presque certaine face à Superman, Constantine et Zatara.

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Mon petit si tu n'es pas sage l'Homme viendra pour te mettre en cage

Jonathan Mills & Laura de Mille

« Maison de Laura de Mille, Palisades, Gotham City, 18 octobre 2022 »

Comment se remet-on d’un traumatisme ? Comment fait-on pour passer outre, aller au travers, plus loin que ce qu’on se sent capable d’accomplir ? Ce n’est pas le premier que j’endure. En vérité, ce n’est même sans doute pas le pire. Loin de là. J’ai déjà vu des types se faire trucider à l’arme blanche, d’autres exploser et finir en marmelade. J’ai vu des gosses les tripes à l’air dans des ruelles sordides d’une ville du bout du monde, et des femmes ravagées par les externalités les plus affreuses d’une guerre. J’ai vu les pires affres de la mort et du sang, des crimes de haine les plus atroces. Et pourtant, ce qui aura le plus chamboulé mon existence, ça reste la révélation du divin. De la puissance la plus brute du monde, et aussi, de la plus absolue. C’est cette révélation là qui bouleverse mon existence, maintenant.

Et tout ma vision du monde.

Etrangement, dans ce moment de perte totale de repères, je me raccroche à la seule chose que je comprenne encore. La folie des Hommes je la connais et je la comprends. Je la conçois plus que les autres. C’est mon seul refuge. Mon dernier carré à moi. Si les Dieux existence et qu’ils marchent parmi les hommes, alors il ne nous reste plus que la pleine et entière liberté d’exercer ce qu’il nous reste de libre arbitre avant que les puissances colossales de cette galaxie ne viennent chercher leur dû, et leur tribut d’âmes en peine.

Laura de Mille m’ouvre. Elle a une sale gueule, contrairement à son habitude. Regard cave, teint blafard, tenue négligée. Sa maison a l’air nickel, toutefois, alors qu’elle me fait entrer et me conduit en silence dans son salon. Je ne sais pas vraiment ce que je fous ici, concrètement. Mais je sais que j’en ai besoin. Je suis venu comme un officier retourne voir son supérieur, ou le médecin du bataillon. L’occasion de faire le point sans venir donner le moindre compte. La belle me dit qu’elle revient… Ne s’attendant pas à la visite, j’imagine qu’elle va se rafraîchir. J’attends assis, immobile, comme si c’est tout naturel pour moi d’être sur ce canapé hors de prix. Me frotte le visage, et le menton. Réfléchis. Médite sur les horreurs qui me tenaillent l’esprit et l’âme.

J’attends un temps indéfini, qu’elle finisse par revenir. Lavée, cheveux remis en ordre et séchés. Mais je sens d’ici l’odeur de son savon, et de son corps. Corps que je connaissais, pour l’avoir baisée une fois après avoir manqué de la tuer. Ou avant. Je ne sais plus bien, parfois. Mes moments de descente psychotique me laissent parfois pantelant avec un souci de chronologie tenace. La jeune femme a l’air encore très fatiguée, mais elle a en quelque sorte repris apparence humaine. Je la regarde, alors qu’elle semble hésiter avant de se lancer.

| Je suis venu voir comme tu allais. |

Et pourtant, drôle de souci n’est-ce pas ? Alors que je l’ai presque tuée, et qu’elle, elle m’a à demi violé. Et que nous avons pourtant travaillé ensemble sur un coup horrible qui a mal fini.

| Je suis content de voir que tu t’en es sortie. |

Et c’est vrai, contre toute attente. Même si je ne saurais pas très bien dire pourquoi.

| Comment as-tu réussi à te sortir de ce guêpier ? Superman ne t’a pas suivie ? |

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Jonathan Mills - Mirror

Through dark and light I fight to be. Shadows and lies mask you from me. Bath my skin, the darkness within. The war of our lives no one can win. A Killer (c)codage - Kanala - texte (c)So Close, Olafur Arnalds

Mon petit si tu n'es pas sage l'Homme viendra pour te mettre en cageJonathan Mills et Rouge

Elle n’eut pas la moindre réaction lorsqu’il lui fit savoir que s’il était venu lui rendre visite c’était pour voir comment elle allait alors que la femme qu’elle était avant toute cette histoire aurait eu un ricanement de mépris, lui aurait intimé l’ordre de prendre la porte et de ne plus revenir. C’était un peu comme si elle était devenue une autre Rouge, un peu plus posée, un peu plus calme mais sans savoir elle-même si l’orage qu’elle avait toujours couvé en elle serait un jour de retour ou s’il s’était éteint à jamais. Elle lui restait hostile en ce sens où elle le considérait toujours comme coupable de l’avoir abandonnée et pourtant la partie rationnelle de son esprit lui soufflait que Enchantress était de ces êtres divins à qui l’on ne peut rien imposer et qui n’agit que selon ses propres envies, ses propres penchants.

Si son visage resta impassible, si son expression corporelle n’en laissa rien transparaître, elle fut surprise de ressentir une vague de chaleur la submerger lorsqu’il lui fit savoir qu’il était content de voir qu’elle s’était sortie du merdier dans lequel elle avait été laissée. Comme si, à son corps défendant, elle désirait le croire et lui faire confiance. Peut-être, finalement, que Laura avait sur elle plus d’impact qu’elle ne l’avait cru jusqu’à alors. Ou bien elle avait changé plus profondément encore ce qu’elle avait pu constater… Elle ne dit rien, toutefois, et alla à la cuisine pour en revenir avec deux bières décapsulées à la main. En silence elle en tendit une au jeune homme, prit place face à lui sur un fauteuil, se pencha et bu au goulot, sans répondre ni même le regarder. Elle trouvait bizarre qu’il soit là, sincèrement inquiet pour elle, alors qu’avant de faire équipe ils avaient tenté de se faire du mal mutuellement, lui y réussissant avec plus de succès qu’elle, honnêtement. Et pourtant… Et pourtant c’était un peu comme si un lien les unissait étrangement depuis la nuit qui fut fatale à la famille de Jonathan… Ou alors peut-être que les délires de Laura lui polluaient l’esprit, tout simplement…

-J’ai eu de la chance. Parvint-elle à dire après avoir bu de sa bière. Elle n’avait pas vraiment idée de l’heure qu’il pouvait être, réalisa-t-elle, et peut-être que ce n’était pas le choix idéal de boisson pour un invité (même s’il s’était invité seul) mais elle s’en foutait royalement. Au diable les conventions établies !

-Quand Enchantress est intervenue pour sauver ton petit cul elle a crée un effet de surprise dont je pense avoir été la première à m’en remettre et j’ai réussi à les prendre de vitesse. Ouais… J’ai réussi à prendre Superman de vitesse, quel exploit ! Ironisa-t-elle. -J’ai balancé Constantine blessé contre lui et je me suis tirée en courant vers les bagnoles et j’ai conduit comme une folle le plus loin possible avant de changer d’apparence, de fringues et de bagnole… Quand j’ai été sûre de ne pas avoir été suivie je suis rentrée chez moi… Je pense que Superman, comme Enchantress, a estimé que j’étais quantité négligeable et que les otages étaient plus importants que moi… J’ai eu de la chance… Je crois… Dit-elle, amère. Elle n’alla pas jusqu’à lui dire qu’elle aurait préféré que Superman la bute parce qu’au moins elle aurait été en paix mais c’était une pensée qui n’avait eu de cesse de tourner dans son esprit alors même qu’elle tentait de s’anesthésier avec des programmes débiles.

-Elle t’a demandé quelque chose en échange de t’avoir sauvé la vie ? Ou c’était prévu depuis le début ? Questionna-t-elle tout en repensant aux propos que Théo avait tenu alors qu’il était venu la voir quand elle avait eu envie de tout envoyer balader et qu’il avait tenté de la sortir de sa léthargie.

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Mon petit si tu n'es pas sage l'Homme viendra pour te mettre en cage

Jonathan Mills & Laura de Mille

« Maison de Laura de Mille, Palisades, Gotham City, 18 octobre 2022 »

L’inquiétude est réelle. Elle n’est pas à me bouleverser, mais quand même. Elle est bien présente. Je ne peux certainement pas dire que je m’en fous. Et les souvenirs de cette soirée-là m’ont bien hanté à mon tour et pas que pour ce que j’y ai vu. Ses conséquences et tout ce qui m’a échappé m’a aussi clairement et profondément remué. Je ne peux pas m’attendre à ce que les choses aient pris une super tournure pour Rouge, mais je n’avais pas vu les jours précédents de mentions d’événements précis concernant Laura de Mille, ni Superman, ni quoi que ce soit d’autre qui pourrait expliquer ce qu’il s’est passé après le départ d’Enchantress qui m’emportait dans ses bras et dans sa magie.

Rassuré, je l’ai été dès qu’elle a ouvert.

Peut être que je m’inquiète pour Laura, alors que je suis presque sûr que c’est Rouge qui m’a ouvert. Rouge aussi, même si elle mérite de mourir, ne mérite sans doute pas un destin plus funeste. Pas comme ça en tout cas. Pas à mes ordres sur une mission qui n’a pour but que la Terreur et rien de plus. Sa vénalité ou pire, son sadisme, peuvent bien lui valoir la mort… Mais étrangement, curieusement, je préfère qu’elle n’ait pas lieu sous ma responsabilité. Je m’en voudrais. Et ce constat m’est assez atypique pour paraître inconcevable.

Je dois encore définir pourquoi je suis là exactement, sinon je vais tourner en rond. J’accepte la bière d’un signe de tête. D’un hochement, et pas que. Pas de sourire, mais un regard qui n’a rien d’inamical. Pour moi, c’est beaucoup. Silencieux comme je suis depuis des années, ça compte forcément. Je bois un peu de bière, sans plus. J’écoute, concentré.

De la chance. J’arque un sourcil.

| Tu crois que c’est encore de la chance, avec tout ce qui nous est arrivé depuis l’accident ? |

La question est lâchée d’un ton neutre, presque monocorde. Et pourtant l’intonation de la question y est, et il n’y a aucune malice dans mon attitude parfaitement neutre, parfaitement rigide. Je pense moi, qu’il y a quelque chose à voir avec une vilaine destinée, avec une horreur de notre nature qui nous maudit depuis toujours. Nous souffrons. C’est un fait. Et nous endurons collectivement tous ces problèmes-là comme nous le pouvons, souffrant, et souffrant encore. Pour moi, l’addition est salée. Mais pas imméritée. Quant à Laura, c’est injuste. Mais Rouge est une garce. Elle aime le pouvoir, et elle a le meurtre dans le sang. Elle aussi doit payer. J’entends alors les explications. Enchantress, diversion, voitures et le reste.

| En effet. Il a dû comprendre que malgré tes capacités –qu’il n’a peut être pas identifiées- tu es humaine. Est-ce qu’il t’a vue te re-changer en toi, ou pas du tout ? |

La question est importante. Pour sa survie, et puisqu’elle peut très bien être interrogée, la mienne aussi. Je suis factuel et précis, et je n’ai pas envie ni la patience pour tourner longtemps autour du pot. Je la toise d’un coup d’œil, alors que je ne sais pas si sa rancœur vis-à-vis d’Enchantress s’étend à moi, ou pas vraiment.

| Je ne sais pas pourquoi elle l’a fait. Je pensais n’être qu’un outil, de la chair à canon en quelque sorte ; elle m’a sauvé, et elle s’est tirée. Et c’est tout. Depuis, je n’ai pas plus de nouvelles que ça. |

Je fronce les sourcils. Finis la bière.

| J’ai tout de suite demandé à Enchantress pourquoi elle ne t’a pas emmenée. Elle m’a simplement répondu qu’elle ne pouvait pas revenir une seconde fois face à Superman. Que ce n’était pas le moment. J’imagine que c’est parce que c’était moi qu’elle avait engagé au départ… |

Je pose la cannette vide sur la table basse.

| Je suis désolé. Je pensais qu’on s’en sortirait ou qu’on paierait le prix de nos crimes ensemble. Ce n’était pas ma volonté de t’abandonner là. |

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Mon petit si tu n'es pas sage l'Homme viendra pour te mettre en cageJonathan Mills et Rouge

Nuls remords ou regrets n’entachaient la conscience de Rouge mais une pointe acérée vint se planter en son cœur alors que Mills faisait référence à l’accident qui hantait encore les cauchemars de Laura. Rouge, pour la première fois lorsqu’ils se retrouvaient face à face et parlaient de cela, baissa les yeux, pensive, sur le carrelage. Laura était si aveuglément persuadée d’être éprise de Mike, qui la tenait juste sous son emprise, que pour éviter de la faire souffrir encore plus qu’il ne le faisait déjà, que Rouge avait toujours retenu sa main alors qu’elle était prête, maintes et maintes fois, à le tuer. Jamais encore elle n’avait regretté de ne pas l’avoir fait avant qu’il ne provoque ce terrible accident de voiture, jamais avant ce jour…

Elle se leva, fit le tour du canapé où il était assis et alla à la fenêtre regarder dehors. Il lui semblait qu’elle ne pouvait supporter son regard sur elle alors qu’elle avait une nouvelle vision du passé qui s’offrait soudainement à elle. Elle pensait protéger Laura alors qu’elle la mettait en danger mais en réalité elle avait été lâche. Si elle avait écouté ses instincts elle aurait eu à affronter la colère de son alter-ego mais celle-ci se serait calmée et Mills serait moins brisé, il aurait toujours femme et enfants, la flamme de vivre… Elle sentit une larme perler à ses yeux et l’essuya très vite, se maudissant d’être vulnérable comme elle ne l’avait jamais été auparavant… Elle ne prononça pas un mot, ne répondit pas durant un long instant. Il avait attaqué et fait mouche.

-Je suis désolée…pour ta famille… Murmura-t-elle, prononçant les trois derniers mots de façon presque inaudible. Elle ne jouait pas à l’actrice et ne feignait pas la sincérité de ses propos. Elle la ressentait, tout simplement. Et ce fut un soulagement qu’il ne continue pas plus avant sur le sujet.

-Je ne peux pas en être certaine à 100%, bien évidemment, mais je suis presque sûre qu’il ne m’a pas vu reprendre ma véritable apparence et qu’il n’a, par conséquent, pas pu faire le lien avec Laura. J’ai essayé de prendre toutes les précautions possibles et imaginables pour m’en assurer mais je pense qu’il est resté auprès de Constantine et sa petite chérie…

Sa bière, elle la buvait plus lentement que Mills, savourant chaque gorgée comme si c’était la dernière, ayant pris conscience de la nature éphémère de son existence. Elle ne se tourna pas vers Mills, ne le regarda pas, les yeux toujours tourné vers l’extérieur de sa maison qu’elle ne voyait pourtant pas. C’étaient les images de la venue de Superman et de l’intervention d’Enchantress qui défilaient devant elle. Elle se remémorait sa fuite, tentant de se souvenir si elle n’avait pas vu une infime image de Superman dans un rétroviseur mais non…La nuit était noire et aucun bouffon en collant ne polluait le ciel.

-Elle doit sûrement avoir des projets pour toi. J’imagine que c’est pour cela qu’elle t’a choisi ce soir-là. Répondit-elle finalement, sans amertume dans la voix à son égard. Il n’avait pas demandé à être sauvé et à ce qu’elle soit sacrifiée, elle en était sûre désormais. Étrangement elle faisait confiance à cet homme qui voulait pourtant la tuer.

Une impulsion subite à laquelle elle ne put résister la poussa à quitter la fenêtre, poser sa bière à moitié vide sur la table basse et à prendre place aux côtés de Mills. Elle posa doucement sa main sur la sienne, presque craintivement.

-Je suis contente qu’elle t’ai sauvée… S’entendit-elle dire en fronçant les sourcils. Oui. Elle était contente qu’il s’en soit sorti mais elle n’avait pourtant pas prévu de le lui dire… -Je ne voulais pas que tu tombes entre les griffes de Superman… Quand il est arrivé avec la délicatesse d’un éléphant dans un magasin de porcelaine j’aurais pu prendre la fuite et t’abandonner mais… je voulais te sauver. Je ne sais pas vraiment pourquoi… souffla-t-elle en osant à nouveau poser les yeux sur lui, plongeant, enfin, son regard dans le sien.

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Jonathan Mills & Laura de Mille

« Maison de Laura de Mille, Palisades, Gotham City, 18 octobre 2022 »

Je ne dois rien, humainement parlant, à Rouge. Rien non plus à Laura de Mille, qui n'aura été que la compagne faible, voire pire encore, d'un homme stupide et abusif à plusieurs points de vue, qui n'aura du coup rien fait d'autre que mériter son destin. Mais j'ai entraîné Rouge dans cette embuscade. Et si je n'ai pas eu beaucoup de scrupules à l'emmener dans ce qui serait un enfer au moins pour deux personnes, sinon pour quatre, j'en ai eu à ce que ça se termine comme ça. L'abandon involontaire travaille toujours les gens qui en bénéficient surtout quand d'autres sont totalement incapables de saisir l'occasion et sont laissés dérrière par un tiers. Dans tous les cas, je suis venu pour ça. Et aussi, Mirror est venu pour voir à quel point il est en danger. Je ne vais pas me dédoubler, non plus... Pas maintenant.

John Mills est mort avec sa famille. Ne reste plus que le tueur au miroir. Il est temps de l'assumer tout à fait.

J'ai heurté Rouge. Ou Laura. Je ne sais pas bien, je ne sais jamais. Parfois il n'y en a qu'une tout du long, j'en suis persuadé. Mais même quand je parle à Laura je sais que Rouge n'est pas loin. Et que peut-être c'est même Rouge qui joue tout du long. Voire, qui se ment à elle-même dans sa folie. Je ne sais pas.

Je continue de regarder un point imaginaire, entre ses omoplates. Juste en dessous, à gauche, je pourrais y enfoncer une lame, un de ses couteaux de cuisine. Elle serait morte avant de toucher le sol. Ou alors, de serrer, de presser son cou avec mon avant-bras. Ca pourrait vite être fini, dans tous les cas. Mais ce n'est pas pour ça que je suis venu. Pas du tout. Et pourtant, la jolie brune s'excuse. Ou plutôt, elle dit qu'elle est désolée, ce qui est encore un peu différent.

| Moi aussi. |

C'est gentil, mais je n'ai rien à ajouter. Moi, je ne suis pas désolé pour son mec. Pour le reste, je comprends bien l'incertitude de la jeune femme. Difficile de savoir ce qu'il se passe exactement dans le feu de l'action, ce n'est jamais bien aisé. Je hoche la tête.

| C'est le plus plausible. Il avait d'autres choix à fouetter que deux humains, alors qu'Enchantress venait d'apparaître et qu'il avait deux blessés sur les bras. |

Je la fixe du regard.

| Tes capacités sont tout de même... Impressionnantes. |

Et sacrément utiles. Plus encore que son talent incroyable pour la scène, ses capacités physiologiques -confinant au surnaturel- sont tout de même assez rares et déterminantes pour avoir un impact notable sur le reste. Quant à ce qu'elle conclut... Je me rappelle aussi avoir constaté en direct les dégâts provoqués par les kryptoniens, ou par Enchantress. Et d'avoir vu la ruine de toute une de nos plus grandes cités, Metropolis, qui avait failli finir entièrement par terre à cause de deux aliens incontrolables.

| Parce qu'on est liés, d'une façon ou d'une autre, depuis cette nuit-là. |

C'est une conviction maintenant chevillée au corps.

| Tu dois reprendre une vie normale, en attendant. Continuer de tourner. De faire des séances photos, des autographes, des émissions, tout ce que tu fais d'habitude. Tu dois continuer d'être et d'incarner ce que tu es. Sinon, tu prends le risque qu'ils te tombent tous dessus. Et s'ils te tombent dessus, ils m'ont aussi sur le râble. |

(c) DΛNDELION

Jonathan Mills - Mirror

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Mon petit si tu n'es pas sage l'Homme viendra pour te mettre en cageJonathan Mills et Rouge

Alors qu’elle avait plongé son regard dans le sien Rouge se sentit soudainement perdue, comme si elle perdait pied avec la réalité car elle réalisa subitement que si elle n’avait pas voulu que Superman puisse faire du mal à Mirror ce n’était pas dans l’idée de le garder pour elle-même le tuer lorsqu’elle en aurait eu assez de jouer avec lui mais simplement parce qu’elle ne le détestait plus alors qu’elle avait, normalement, la rancune tenace. Lorsqu’il lui avait dit qu’il était venu voir comment elle allait, qu’il était content qu’elle se soit sortie du guêpier dans lequel elle se trouvait, elle s’était demandé si elle aurait eu le courage de lui faire face si elle avait pris la suite quand son instinct le lui soufflait. Et la réponse avait été non. Elle ne doutait pas de son courage, elle ne pensait pas qu’elle aurait été honteuse, elle pensait juste que cela lui aurait été indifférent. Elle se voilait sottement la face. Mais pourquoi ? Elle ne comprenait pas pourquoi ce sentiment avait disparu. Alors qu’il n’attendait que ça, en fait. Avoir l’opportunité de la tuer. Pour venger ses disparues. Comme si cela pourrait les faire revenir…

Troublée, elle baissa le regard, se frotta les cuisses, termina sa bière, et alla jeter la bouteille dans la poubelle de la cuisine, pour essayer de reprendre contenance tout en se réprimandant mentalement. Elle n’était pas la faible et romantique Laura, elle était Rouge, que diable ! Elle n’avait toujours pas jeté le moindre coup d’œil à la moindre pendule mais son estomac, lui, décida qu’il était l’heure de manger car il se mis à crier famine. Dans un monde idéal, ou dans un monde littéraire, la jeune femme aurait eu quelque chose dans son réfrigérateur mais le fait est qu’à part des boissons, il était vide. Elle récupéra son téléphone portable et remerciant le ciel d’avoir créé les applications de livraison à domicile et tandis qu’elle écoutait Jonathan lui dire qu’elle devait reprendre une vie normale, elle passa commande. Pour la première fois depuis allez savoir combien de temps, elle demanda des ingrédients afin de préparer elle-même un repas.

-Tu as raison. Il est grand temps que Laura de Mille fasse une réapparition publique. J’enverrais un message à mon agent pour lui dire que j’étais malade mais que je vais beaucoup mieux et que je pourrais assister à la soirée d’anniversaire mondaine qu’une célèbre chanteuse organise pour les 4 ans de son Loulou de Poméranie adoré auquel j’ai été conviée et… que je ne comptais certainement pas honorer de ma présence… Fêter l’anniversaire de son chien…Bon à la rigueur pourquoi pas ? C’est mignon, une preuve d’amour… Mais pas en faire l’évènement mondain de la saison quand même ! C’est d’un ridicule…

La jeune femme sembla se diriger vers le salon de nouveau mais, après une légère hésitation, choisit de s’installer sur le bar, regardant le jeune homme tout en balançant ses jambes. Il lui semblait que la dernière fois que Mills était venu chez elle la cuisine était encore fermée…Elle ne savait plus. Elle avait fait faire une cuisine à l’américaine, chose que détestait Laura mais qui offrait plus d’espace et de luminosité.

-Tu veux manger avec moi ? J’ai passé une commande mais c’est moi qui vais cuisiner. Lui proposa-t-elle tout en pianotant à nouveau sur son téléphone pour faire savoir qu’elle avait eu une très mauvaise grippe mais qu’elle était guérie et qu’elle irait à la sauterie mondaine de l’année.

Elle n’avait rien répondu à sa réflexion sur ses capacités surhumaines car…que pouvait-elle répondre à cela ? Ses dons, elle ne les avait pas choisis, elle n’avait pas travaillé non plus pour les acquérir aussi ne pouvait-elle rien dire… Peut-être un simple « merci » ? Mais à quoi bon ?

-Nous sommes liés… Répéta-t-elle à voix basse, chuchotant, pensive. Elle eut un rire empli d’amertume. -N’importe quelle femme serait plus que ravie d’être liée à un homme aussi séduisant… Tu parles d’une veine… dit-elle avec dépit tout en se maudissant. Si seulement…

-J’ai tellement de regrets par rapport à cette nuit… Confessa-t-elle sans le regarder en face. Elle n’était pas encore redevenue la Rouge d’antan, celle qui n’avait peur de rien. Elle craignait sa réaction et se sentait pourtant dans l’obligation de lui avouer ce qu’elle ressentait… -J’aimerais… J’aurais voulu… que cette haine entre nous n’existe pas… Même si moi je ne te hais pas.. confessa-t-elle encore, lui ouvrant son cœur plus qu’elle ne l’aurait jamais cru possible. Elle se releva du bar pour retourner au frigo et prendre deux autres bières qu’elle décapsula.

-Tiens. lui tendit-elle en prenant un ton plus enjoué tout en lui demandant. -S’ils me tombent dessus ils t’auront sur le dos pour te réserver le privilège de me tuer, n’est-ce pas ? Demanda-t-elle d’un ton un peu trop joyeux et amusé pour être vrai.

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Jonathan Mills & Laura de Mille

« Maison de Laura de Mille, Palisades, Gotham City, 18 octobre 2022 »

Toujours pragmatique, et jusqu'au bout des ongles. Nous n'avons en vérité plus grand chose à défendre dans nos vies, et plus grand chose non plus sur quoi veiller en dehors de notre identité civile. Elle n'a en soi que peu d'importance ; à quel moment prend-t-elle vraiment du plaisir à être Laura de Mille, et comment en prendrais-je quant à moi en restant Jonathan Mills plutôt que Mirror ? Dans les deux cas, nous avons beaucoup perdu. Dans le sien, elle doit constamment cacher sa véritable nature... Car c'est ce que j'ai conclu qu'elle était au fond d'elle depuis un moment, maintenant. Rouge, c'est la femme que souhaiterait être Laura... Sans ses défauts, évidemment. Une sorte d'idéal sacralisé mais créature qui échappe des mains de son créateur. Ca apparaît parfois semble-t-il, surtout dans ceux qui ont pour habitude de se projeter dans la tête de quelqu'un d'autre que la leur ; acteurs, psychiatres, médecins et analystes en tous genres... Je n'y connais pas grand chose, en dehors de quelques articles que j'ai lus ça et là pour mieux comprendre comment certaines des plus grosses têtes du monde ont pu vriller et représenter une menace aux yeux de la DIA, que je servais encore jusqu'à récemment. Et quant à moi et bien c'est tout de suite plus évident. Moi, je ne charrie que ma peine et ma rancoeur, mon désespoir et ma culpabilité, quand je suis Jon Mills. Il suffit que je me remette le masque de Mirror et d'un coup, je respire.

Tout est plus froid, plus vide. Mais infiniment plus clair et plus simple, presque transparent en réalité au regard de ce que je vis sous la carapace de Mills. Je ne fais pourtant pas de schizophrénie, ni de dédoublement de personnalité. Je me sens juste différent. Comme à l'époque où je revêtais l'uniforme, sans doute. Sous Mills, je reste détaché du monde, subissant la plaie ouverte de ce qu'on m'a arraché un soir d'été sur une autoroute en bordure de Gotham. Insensible à ce qui m'entoure, pas même à Rouge qui pourtant, je l'ai noté de façon ténue plusieurs fois depuis mon arrivée, semble différente. Ou joue différente.

Je ne sais jamais avec elle.

Et pour être honnête, je ne veux pas vraiment savoir.

La belle acquiesce. Elle se rallie à la première ébauche de plan que je confie. L'anecdote a peu d'intérêt ; son existence est à des années lumières des considérations que je partage d'ordinaire avec mes congénères, du moins ceux qui me ressemblent en terme de statut et de niveau de vie. Rouge a du recul, sur ça aussi. Sans doute bien plus que Laura. Je n'ai en vérité rien à y redire, au contraire. Et acquiesce, d'un signe de tête.

| Ce serait parfait, en tout cas. |

Pour la suite, je fais la moue. Une commande, avec elle mais qui va pourtant cuisiner ? Je ne suis pas sûr de comprendre. Et fronce les sourcils.

| Je n'ai rien mangé, aujourd'hui. Enfin... Quasiment. Oui. |

Mais je la pose, la question.

| Mais qu'est-ce que tu vas cuisiner si tu as déjà commandé? |

La question est simple, basique. On ne vit dans le même monde en aucune façon ; rien que la pièce dans laquelle on se trouve est fondamentalement différente de ma maison de ville, même si elle est de taille respectable. Officier et marié à une avocate, on vit quand même grand train par rapport à tous les pauvres hères des Narrows. Mais par rapport à une actrice mondialement connue et reconnue ; on pourrait mettre plusieurs fois ma maison dans la sienne. Je fronce les sourcils, à la suite.

| Tu te trompes, sur toute la ligne. Et tu peux cesser ton petit jeu, aussi. Je n'ai pas oublié ce que tu m'as fait, ni comment tu la fais. Que tu oublies ce que je t'ai infligé en retour ne veut dire qu'une chose, Rouge ; que tu es folle à lier. Au moins autant que moi. |

Et pour cause ; elle a pris le visage de ma femme pour me baiser et m'infliger une leçon, et moi, je l'ai prise en retour, de force au début, avant qu'elle ne me laisse faire et y prenne même goût, comble de la folie furieuse partagée et renversant toutes les conventions.

| Je ne te hais pas non plus. Tu es folle à lier. Et Laura n'est qu'une cible. Nous n'avons pas l'importance nécessaire pour susciter de la haine... Merci. |

Concluais-je en prenant les deux bières. Et salue, d'un mince sourire.

| Evidemment. Sitôt que tu auras foutu le camp de la conscience de Laura, j'abrège ses souffrances et je répare son destin. | amusé pour être vrai.

(c) DΛNDELION

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Jonathan Mills - Mirror

Through dark and light I fight to be. Shadows and lies mask you from me. Bath my skin, the darkness within. The war of our lives no one can win. A Killer (c)codage - Kanala - texte (c)So Close, Olafur Arnalds

Mon petit si tu n'es pas sage l'Homme viendra pour te mettre en cageJonathan Mills et Rouge
Comme si son âme était sortie de son corps elle eut l’impression de pouvoir s’observer et elle se sentit submergée, comme par une vague, une sensation d’étouffer, de ne pas être à sa place chez elle, dans sa cuisine, sous le regard de cet homme à qui elle était liée pour le pire sans jamais pouvoir attendre le meilleur… Elle était elle, Rouge, et pourtant elle se sentait devenir Laura sans que cette dernière ne reprenne le dessus sur elle : idiote et ridicule. Le gouffre qui les séparait ne pourrait jamais être comblé elle avait une certitude dure comme fer : Jonathan Mills la haïssait et ne rêvait que d’une chose lorsqu’il s’agissait d’elle : la voir morte. Mais pas de n’importe quelle façon, de ses propres mains. Mais que pouvait-il bien lui arriver pour qu’elle veuille que les choses changent entre eux ? Et ce n’était pas seulement parce qu’elle avait envie de coucher avec lui… « Pauvre cruche ! Il voulait juste s’assurer que tu étais vivante pour avoir LUI le plaisir de mettre fin à tes jours… Tu t’imaginais quoi ? » Se réprimanda-t-elle intérieurement, le regard perdu dans le vague. Le regardant sans le vraiment voir.

Le cœur n’y était subitement plus mais la jeune femme plaqua un sourire d’actrice sur son visage et expliqua à Jonathan qu’elle avait passé commande d’ingrédients pour cuisiner. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait plus cuisiné et cela lui manquait un peu. D’autant plus qu’elle était plutôt douée. Par contre pour la pâtisserie elle était plutôt moyenne… Comme quoi… Mais cela elle ne le raconta certes pas à Jonathan… Quel intérêt de lui faire savoir qu’elle pouvait être, parfois, une femme normale ? Il ne la voyait même pas comme telle…

-J’ai prévu de faire un poulet sauté aux amandes…J’espère que tu n’as pas d’allergies alimentaires Lui expliqua-t-elle tout en se disant qu’elle aurait tenté d’en profiter, s’il en avait, pour l’occire… Avant…Mais avant quoi au juste ? Avant de devenir une chiffe molle ? Peut-être.

-Et si je ne quittais jamais le corps de Laura ? Si… Rouge restait pour toujours et si Laura elle s’éteignait ? Songerais-tu toujours à… Comment dis-tu déjà ? Réparer le destin ? Ou pourrait-on… Elle n’acheva pas sa question car elle en connaissait déjà la réponse et parce qu’elle s’était déjà montrée bien assez faible comme ça. Non mais que diable ! Elle était madame Rouge, elle était une femme forte, indépendante, une tueuse, un fantasme ambulant pouvant prendre toutes les formes humaines lui passant par la tête. Une femme exceptionnelle. Devait-il être benêt pour ne pas se rendre compte qu’il avait de la chance qu’elle s’intéresse à lui !

Elle avait besoin d’une boisson plus forte qu’une simple bière… Ne serait-ce que pour chasser le goût amer que lui laissait leur conversation… « Mais bon sang, Rouge ! Reprends-toi un peu ! » S’intima-t-elle tout en se rendant vers le bar dans le salon, cherchant dans ses bouteilles, hésitant entre Chartreuse, Armagnac ou Whisky… et opta pour un Armagnac venu directement de France. Se servit un verre plus que généreux qu’elle avala cul-sec. Et un deuxième. Elle allait en prendre un troisième lorsque la sonnette retentit. Le ciel soit loué ! Aurait-elle pu penser si elle avait été une fervente croyante… L’idée la fit sourire. Rouge, pieuse, en pleine prière… à mourir de rire. C’est d’un pas plus qu’empressé qu’elle se dirigea vers la porte pour ouvrir à un livreur chargé de chez chargé ! Il du faire pas moins de 4 voyages pour porter tous les sacs et paquets pour Rouge qui, parce qu’il l’avait reconnue et la fixait d’un air ébahi, lui donna un généreux pourboire. En espèces histoire qu’il puisse l’empocher sans en avoir à en référer à ses supérieurs.

Un peu comme si Jonathan n’était plus présent, elle s’attela à ranger les courses, conservant sur le plan de travail les ingrédients dont elle avait besoin pour son sauté de poulets aux amandes, et commença sa recette. Pensive. Elle se demandait… Et si elle avait tué le fiancé de Laura avant cette nuit fatidique, le mariage de Jonathan se serait-il brisé ? Se seraient-ils rencontrés ? Aurait-il rejoint The Darkness ? Si sa femme avait toujours été de ce monde aurait-il été attiré par elle ?

-Et merde ! S’exclama-t-elle à haute-voix sans le vouloir. Il fallait vraiment qu’elle le sorte de sa tête. Ou alors qu’il redevienne une obsession de sa rancune. Pourquoi Laura s’était-elle amourachée de ce mec ? Elle l’avait contaminée c’était sûr et certain.

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Mon petit si tu n'es pas sage l'Homme viendra pour te mettre en cage

Jonathan Mills & Laura de Mille

« Maison de Laura de Mille, Palisades, Gotham City, 18 octobre 2022 »

Je suis sincère, et sensible quelque part à l’idée qu’un organisme vivant souhaite mener sa propre survie aussi loin que possible. J’ai toujours aimé le beau, j’ai toujours aimé la paix. Quel dommage en fin de compte, de n’avoir jamais été formé que pour la guerre et la plus grande des violences. Cela ne suffit pas, évidemment, pour nourrir chez moi une pitié ou une compassion suffisantes pour que je ne passe pas à l’action. J’ai le devoir chevillé au corps ; j’ai été formaté pour ça. Et pourtant, j’entrevois autre chose, parfois. Je me laisse caresser par la réminiscence d’une humanité qui m’a autrement très longtemps fuit. Je ne peux pas me rendre compte à quel point c’est futile et fugace, en fin de compte, car j’exécuterais toujours la mission que je me suis assignée.

Je continue de noter de subtils changements, chez Rouge. Beaucoup moins mordante, beaucoup moins sûre d’elle. Une entrevue avec des dieux, dont une qui l’est peut être véritablement, a sans doute de quoi secouer… Mais quelque chose manque. Cette assurance folle et furieuse avait un côté je ne sais pas, pas réconfortant, mais peut être extrêmement tangible et prégnant. Une forme de force créée par le chaos, et marquée par lui. Quelque chose qui reste pérenne, qu’importent les incidences du monde. J’ai perdu ce repère-là aussi. A moins… A moins que le message et la punition envoyés droit dans les dents de Rouge, via Laura, aient porté leurs fruits. Ce qui expliquerait son changement de comportement, voire sa prévenance. On a beau dire ce qu’on dit, Laura n’est pas qu’une victime. C’est aussi une vraie malade mentale à sa façon, appréciant chaque instant et chaque caresse d’un homme qui l’abuse sciemment et qui n’en fait aucun secret. Elle aime le stupre et toutes ses fatales nuances ; elle se complait dans une forme d’abandon et de soumission à qui veut lui imposer un nouveau destin.

Rouge est touchée, aussi. Devant l’absurdité du monde et de notre place dedans, rencontrer un autre fou a quelque chose de vaguement réconfortant.

L’actrice me parle de poulet sauté aux amandes. Je me retrouve alors brutalement ramené à une échelle de réalité que je n’ai plus connue depuis longtemps. Un repas. Cuisiné. Une anormalité presque crue qui me ramène à une vie d’avant. Je reste stoïque et parfaitement coi, masquant ma surprise par quelque chose de purement neutre, mais je parviens à sourire malgré tout. Vive moi.

| Ca fait des années que je n’en ai pas mangé. |

C’était quand la dernière fois ? Peut être même pas ici, aux Etats-Unis, mais peut être plutôt en Syrie?

| C’est gentil, merci. |

Je la fixe, regard intense, quand la belle évoque la possibilité que Rouge reste toujours en place, et plus jamais Laura. J’ai déjà pensé à la question, évidemment. Mais certainement pas formulée ainsi. J’ai un vague sourire qui se dessine ; je n’ai pas interrogé des centaines de types en vingt ans pour ne pas comprendre quand quelqu’un essaie de venir à un sujet spécifique, et que je peux avoir une certaine idée du dit sujet.

| Si Laura disparaît, je n’ai plus de raisons de te tuer. Sauf si tu continues de m’énerver. |

Un brin de taquinerie dans la voix. Et reprends, plus sérieux, mais un air toujours un brin goguenard et provocateur, canaille sur le visage.

| Pourrait-on quoi, Rouge ? Dis-le. Tu parles devant les caméras du monde entier à chaque apparition publique, tu es l’idole de toute une génération. Tu me connais mieux que n’importe quelle autre personne en vie, aujourd’hui. Tu peux y aller ; crache le morceau. |

Je note que l’actrice se sert un sacré verre d’eau de vie, une bouteille que je reconnais comme française ; ils avaient toujours le chic en opérations pour ramener leur tord boyaux local et faire en sorte de brûler l’oesophage à la moitié de la compagnie. Guère mieux que des mecs d’Europe de l’Est en vrai, sauf que leur alcool à eux a du goût et que s’ils se la collent à l’envers, ça les rend plutôt festifs. Je me rapproche d’elle, alors, dans son dos quand elle range les affaires dans ses placards et laisse sur ses hanches mes mains, presser sa peau sous le tissu.

| C’est ça qui te perturbe? |

Mon nez remonte sa nuque et hume l’odeur de ses cheveux.

| La grande Rouge aka Laura de Mille, une tueuse sans vergogne, la fille qui trompe et ment, qui embobine le monde entier… A moins que tu ne joues un rôle? |

Je saisis devant son ventre le couteau, qui frôle de sa lame le dessous de l’un de ses seins, par-dessus le vêtement.

| C’est un test? |

L’autre main redescend son aine par le devant.

| Un autre de tes sales petits jeux? |

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Jonathan Mills - Mirror

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Mon petit si tu n'es pas sage l'Homme viendra pour te mettre en cageJonathan Mills et Rouge
C’est souvent derrière les personnes qui semblent le plus sûres d’elles que se dissimulent des failles, des fêlures, dont elles-mêmes peuvent ne pas avoir conscience. La boisson n’était qu’une excuse pour lui éviter de répondre à Mills, elle en avait conscience car, d’une certaine façon, tant qu’elle ne prononçait pas les mots qui flottaient dans sa tête alors son désir ne prendrait pas forme. Elle n’assumait pas ce qu’elle ressentait en cet instant précis. Elle ignora sciemment la question tout en sachant pertinemment que si elle avait dû lui répondre alors elle aurait dit la vérité. Et cette vérité, d’une certaine façon, la terrifiait. Elle aimait assez le jeu du chat et de la souris mais elle ne voulait plus d’une rivalité à la vie à la mort avec Mills. Elle ne s’en était pas éprise, elle n’était pas aussi faible d’esprit que Laura quand même, mais d’une certaine façon elle se sentait proche de lui et voulait qu’ils soient…en paix. Non. Elle voulait plus. C’était étrange. Elle le voulait dans sa vie, que le lien les unissant se défasse du négatif pour se draper de positif… Elle ne rêvait pas, elle délirait. Cet homme, jamais elle ne pourrait passer outre l’armure que le deuil, la mort et la souffrance avaient forgé autour de lui.

Ce qu’il y avait de bien avec le fait de devoir ranger les courses c’était qu’elle avait les mains et l’esprit occupé car tout en ouvrant les placards en hauteur pour ranger des boites d’épices elle pouvait penser à la recette qu’elle devait suivre pour préparer le repas promis à Mills. Une normalité étrange pour tous deux qui évoluaient dans des mondes où elle n’avait guère sa place. Et parce qu’elle pensait à quelque chose d’aussi terre-à-terre qu’un sauté de poulet aux amandes tout en essayant de se concentrer sur cela et non pas sur ce qu’elle ressentait, elle ne l’entendit pas venir derrière elle. Lorsque Mills posa ses mains sur ses hanches, elle sursauta et laissa tomber le paquet d’amandes qu’elle s’apprêtait à ranger (alors qu’elle en avait besoin) sur la planche à découper qui était posée sur le plan de travail, avec un couteau.

Les pulsations de son cœur s’accélérèrent douloureusement tandis que l’air ne parvenait plus à entrer dans ses poumons qui lui semblèrent en feu, un feu qui se propagea à tout son cœur, alors que le nez de Mills se fit sentir dans sa nuque avant qu’il ne hume l’odeur de ses cheveux. Et sa voix…Cette voix… Était-ce son imagination qui lui faisait croire qu’elle était plus rauque que précédemment ? Elle l’entendit ainsi, plus basse, plus profonde, plus… pénétrante. Il jouait avec ses sens alors que, pour la première fois depuis longtemps, peut-être même depuis qu’elle avait d’une certaine façon vu le jour, elle, elle ne jouait pas.

Elle n’était pas normale, elle le savait déjà, mais pour la première fois depuis très longtemps elle se fit la réflexion qu’elle était vraiment malsaine dans son esprit car lorsqu’elle ressentit la lame du couteau frôler son sein, ce furent ses reins qui s’embrasèrent. Elle le voulait dans sa vie mais elle le voulait en elle. Et ce n’était plus par esprit de revanche, de vengeance…C’était un désir pur, bestial… Animal. Elle ferma les yeux en sentant la main de Mills sur son corps. Ce corps qui lui comme enfiévré. Elle déglutit, en silence avant de rouvrir les yeux. Elle ne s’était même pas aperçue qu’elle avait saisi le bord du plan de travail et qu’elle le serrait au point où la jointure de ses doigts en était devenue blanche.

-Je ne joue pas. Dit-elle dans un souffle alors qu’il lui semblait qu’elle avait perdu le contrôle de sa voix sans qu’aucune sorcière des mers ne vienne la lui voler pour l’enfermer dans un coquillage pendu autour de son cou. Elle inspira, posa une main sur celle de Mills pour l’écarter d’elle le temps qu’elle puisse se retourner. Elle lui fit face et reposa sa main sur son corps, et le regarda droit dans les yeux.

-Que veux-tu de moi ? Questionna-t-elle, en parvenant à élever un peu le volume de sa voix alors que son cerveau lui imposait des images où elle se jetait sur ses lèvres. Rouge, en temps normal, était une prédatrice, une séductrice qui n’avait pas peur de faire le premier pas mais face à Mills, en ce jour, elle se sentait presque comme une pucelle ayant peur de la suite des évènements tout en la désirant ardemment.

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Jonathan Mills & Laura de Mille

« Maison de Laura de Mille, Palisades, Gotham City, 18 octobre 2022 »

Oui, presque déçu, quelque part. J’aime la difficulté, et plus que tout je dois bien avouer que j’ai la sale habitude de vouloir me challenger sans cesse pour me sentir un tout petit peu en vie. Ca n’a rien d’agréable en soi mais c’est comme ça ; je dois miser ce que je suis, sans arrêt, pour faire en sorte que tout ce que je ressente m’éloigne du contact froid du canon de mon arme, coincé entre les dents. Je sais aussi que Rouge est du même genre. Du moins je l’ai cru. Et maintenant, je ne sais plus très bien. Rouge a l’air plus fragile qu’il n’y paraît, quand Mirror lui, reste dur et inflexible, impénitent à tout jamais. Déçu, alors. Quelque part, qu’elle ne soit pas à la mesure de l’espèce de génie du mal que je considère quand je la vois, de cet arbitre de paix et de mensonge que je distingue sous ses traits pourtant angéliques.

Je sens son rythme cardiaque s’accélérer encore. Je sens la peur, et l’appréhension. Et autre chose aussi, que je reconnais bien plus chez elle.

Je la sens sur la défensive pour la première fois depuis notre rencontre. Pas soumise, mais pourtant sous mon emprise, et sous mon contrôle total. Je la sens se tendre. Son anormalité à elle s’exprimer, par ces gestes et cette posture qui l’ouvre à la plus concupiscente des attentions. La belle serre le plan de travail, comme pour s’y raccrocher, comme pour y attendre sa sentence. Elle souffle alors qu’elle ne joue pas, et écarte ma main, celle qui porte la lame contre elle.

| C’est bien là que le bât blesse. J’ai besoin que tu joues, que tu joues sans cesse. |

La lame glisse à nouveau contre son ventre , s’insinue à l’intérieur, surfant sur sa peau avec la délicatesse d’une menace certes mortelle et pourtant langoureuse, jamais arrêtée, jamais stoppée en aucune manière. La pointe vient sous son sein et pique, d’un rien, avant que le tranchant effilé ne passe au travers de son haut comme dans du beurre et l’arrache, tombe au sol, dévoile la chair de son ventre, de la naissance de sa poitrine.

| Je veux que tu prennes l’apparence qui te convient le mieux. Ta première apparence, si elle est différente de ce que tu montres en public. |

La lame glisse sur sa hanche, écarte l’élastique de son jogging, et tranche à son tour, faisant tomber le pantalon.

| Celle avec laquelle tu te sentirais d’être ma partenaire. |

Je lui souris, sous ma moustache.

| Oublie Superman. Tu as vu comment nous avons géré la sorcière et son toy boy ? On peut faire mieux. On mérite mieux. De toute façon, ce monde est un cul de basse fosse dans lequel les gens doivent s’écraser les uns les autres pour survivre. |

Je secoue la tête, glissant ma main entre ses cuisses, sous le tissu.

| On se fout de The Darkness. Ce sont peut être des dieux. Peut-être pas. Mais ils se joueront de nous comme les autres. |

Souffle, contre ses lèvres.

| Tu es folle, autant que je le suis. On se mérite l’un l’autre. On peut prendre ce qui nous plait, ici. Et valoriser nos capacités, nos compétences. |

Je souffle au creux de son oreille.

| Tu dois gagner un autre oscar, mais tu dois surtout créer le drame qui fera ta légende. Et moi et bien, de t’y aider. Et de te protéger. |

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Jonathan Mills - Mirror

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Mon petit si tu n'es pas sage l'Homme viendra pour te mettre en cageJonathan Mills et Rouge
Elle avait toujours mené la danse avec les hommes, toujours dès le moment où elle avait pris corps en tant qu’entité, sans jamais plus laisser quiconque faire d’elle ce qu’elle n’avait pas désiré ni décidé, imposant sa volonté avec charme et douceur ou au contraire avec brutalité. Elle perdait pied, avec Mills, ne sachant plus comment réagir. Son cerveau s’embrumait d’un désir qui montait malgré elle dans corps alors qu’avec la lame du couteau qu’il avait pris il déchirait les vêtements qu’elle portait.

La voix de Mills s’insinuait en elle comme si de son membre viril il s’agissait, résonnant dans son cerveau et paralysant toute volonté, jouant de ses sens comme si elle était une marionnette dont il tirait les ficelles. Elle ne comprenait plus, elle qui se pensait intelligente, l’homme qui se trouvait avec elle dans sa cuisine, qui lui parlait de devenir sa partenaire, elle qu’il voulait pourtant voir morte, aux dernières nouvelles.

Sa main, glissant entre ses cuisses, sous le tissu, lui fit prendre conscience que son intimité réagissait un peu trop à ce contact qui aurait effrayé une femme normale. Mais elle ne l’était pas, elle, normale, elle était complètement folle même si elle tentait désespérément de se convaincre du contraire, et elle la façon dont Mills agissait avec elle l’excitait, furieusement alors qu’elle pensait que cela ne lui arriverait plus, avec lui.

Elle aurait pu, s’il n’avait allumé tous ses sens, tiquer lorsqu’il parla de la protéger, lui demander pourquoi il changeait soudainement d’idée lorsqu’il avait si clairement établi qu’il voulait sa mort, la sienne ou celle de Laura c’était du pareil au même elles étaient les deux faces d’un même astre, mais elle le voulait. Elle voulait qu’il la pénètre comme sa voix l’avait fait avec son esprit. Elle avait regardé ses lèvres lorsqu’il avait souffle contre les siennes, son regard s’était assombri d’un furieux désir alors qu’il soufflait au creux de son oreille et avec un grondement sourd elle l’attrapa par la nuque, un peu trop brusquement, peut-être, pour l’éloigner assez afin qu’il lui fasse à nouveau face.

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Mon petit si tu n'es pas sage l'Homme viendra pour te mettre en cageJonathan Mills et Rouge

Elle s’était perdue dans les méandres du plaisir qu’elle ressentait durant leur bestial accouplement, de sorte que la voix de Mirror, lui sembla si lointaine que les mots qu’il prononça semblèrent dénuer de tout sens, comme s’il avait soudainement usé de la langue elfique inventée par Tokien en son temps. Toute l’attention de Rouge était portée sur ce qu’elle ressentait, sur cette main entourant son cou sans qu’elle n’y oppose la moindre résistance ni qu’elle ne ressente la moindre peur alors qu’il aurait pu l’étrangler avec aisance. La conscience du danger mortel qu’elle encourrait fut le déclencheur de l’orgasme qui la terrassa au point qu’elle dut se saisir du bord du plan de travail de la cuisine pour que ses jambes ne se dérobent pas sous elle, avant que Mirror n’atteigne lui aussi le climax de leur copulation sauvage.

Elle était essoufflée, comme si elle avait couru le marathon, et pendant un temps qui lui parut être une éternité elle garda silence pour que son rythme respiratoire, et cardiaque, par la même occasion, redevienne normal.

Si la pitié était un sentiment qui désertait, généralement, le cœur de Rouge c’était pourtant celui qu’elle ressentait lorsqu’elle pensait à Laura car son double était faible et vulnérable et c’était précisément ce qui avait causé l’accident qui avait à tout jamais changé la vie de l’homme qui les avait baisées toutes les deux et qui désirait les séparer définitivement. Il avait accumulé contre Laura haine et rancœur alors qu’elle était, des deux, celle qui semblait la moins encline à les provoquer.

Elle avait toujours voulu la protéger. Jusqu’à ce fameux soir où elle s’était introduite chez Mills. Ce qu’elle avait pu haïr Laura de réussir où elle avait échoué ! Elle avait désiré sa mort alors que son double développait comme un syndrome de Stockholm pour Jonathan qu’elle désirait ardemment revoir, soigné son âme meurtrie, réparer son cœur brisé. Elle l’avait de nouveau prise en pitié lorsqu’il devint évident pour toutes deux que Mills ne voulait pas que Laura le sauve.

Et c’était Rouge qui soudain le considérait comme un partenaire de crime et de vie. Non pas qu’elle fut amoureuse de lui, elle pensait que ce genre de sentiments n’étaient pas fait pour elle, mais ils se ressemblaient, sur certains points. Laura était une faiblesse, une faille dans sa carapace, Laura vivante était un danger constant. Mirror avait raison. Laura devait disparaître à tout jamais. Pour que Rouge devienne Laura de Mille, sans plus jamais changer de caractère, de personnalité. L’idée était tentante.

Elle se retourna vers lui, toujours en appuie sur le plan de travail derrière elle où elle avait pensé préparer un repas et non pas se faire fourrer comme une dinde. Cette petite partie de baise avait été plaisante parce qu’il était un bon amant et aussi parce qu’elle n’avait pas été calculé : tout avait été spontané.

-Comment ? Demanda-t-elle d’une voix rauque qui trahissait le plaisir qu’elle avait ressenti, du moins est-ce qu’il lui semblait à s’entendre parler. Elle avait tenté de se défaire de Laura, et celle-ci d’elle, mais toujours elles revenaient hanter l’autre.

Lorsqu’elle se sentit suffisamment en confiance elle s’agenouilla pour récupérer les lambeaux des vêtements qu’elle avait porté avant leur petit tango, et dans la superbe de sa nudité, les mis à la poubelle.

-Je suis bonne pour une nouvelle douche avant de me rhabiller… Tu voudras en prendre une ?

Parce que cuisiner toute nue…merci mais non merci.

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Jonathan Mills & Laura de Mille

« Maison de Laura de Mille, Palisades, Gotham City, 18 octobre 2022 »

Je ne sais pas si ce que j'ai fait était bien. Ou si c'était juste. Sans doute que dans les deux cas la réponse est négative. Je ne suis pas venu pour la tuer mais pour voir comment elle allait. Et voilà que je suis rentré dans sa tête. Par conviction mais aussi par utilitarisme. La belle a des ressources insoupçonnables clairement mobilisables pour quelqu'un comme moi. Argent, influence, sont déjà deux revers d'une pièce dangereuse et mortelle que je ne peux jamais vraiment cesser de jouer. J'ai mis le doigt dans l'engrenage. Je suis allé dans les profondeurs des plus épaisses ténèbres et je n'en suis jamais revenu. Alors, je vais l'utiliser. Et la laisser m'utiliser. Avec toujours le pragmatique calcul de faire en sorte que je retire plus d'elle qu'elle ne retirera de moi. Au fond, ce n'est pas tant par son inventaire qu'elle m'intéresse. Mais par ses capacités.

Dans mon unité précédente, est-ce que j'aurais pu rêver meilleure alliée ? Elle peut tout incarner, pas seulement dans son esprit mais jusque dans chaque détail de son apparence. Elle peut se faire passer pour un super héros, ou le patron d'une agence mondiale de lutte contre le terrorisme. N'importe quoi.

Je ne sais pas si elle se rend bien compte du champ des possibles, des potentialités cachées par sa mignonne bouille, et son joli petit cul ?

Je l'ai prise sans retenue. Pour la posséder suffisamment pour me permettre d'instiller en elle la graine tant désirée de la folie et de l'expansion erratique et furieuse de nos consciences abîmées. Je continue de manoeuvrer, nu contre elle, ou peu s'en faut, profitant de l'ascendant physique qu'elle m'a trop volontiers laissé. Je comprends que je la tente ; j'avais déjà compris plus tôt ce que je devais faire pour que ça marche.

La belle se réappuie sur le plan de travail. Nue. Encore offerte, et pourtant meurtrie par mes premières attentions.

| Je ne sais pas encore. J'ai ma petite idée. Mais ta conscience est elle suffisamment forte pour endurer ça ? Je ne sais pas. On peut trouver en tout cas, ensemble. |

Et la regarde faire son ouvrage, mettant un brin d'ordre dans le chaos qui nous a vus nous rapprocher.

| D'accord, alors. |

Mais si je suis déjà venu chez elle, je suis ici... En tant qu'invité, en quelque sorte. Alors poli, civil, je la laisse me guider.

| Pourquoi as-tu changé d'avis, concernant Laura? |

(c) DΛNDELION

Jonathan Mills - Mirror

Through dark and light I fight to be. Shadows and lies mask you from me. Bath my skin, the darkness within. The war of our lives no one can win. A Killer (c)codage - Kanala - texte (c)So Close, Olafur Arnalds

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Mon petit si tu n'es pas sage l'Homme viendra pour te mettre en cage

I see hell in your eyes

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