Petit papa Adam, quand tu descendras du ciel [Terminé - Intrigue I]

Définitivement des gens étaient passés par-là. Il ne savait pas qui ils étaient et la lumière les dessinaient avec un flou particulièrement caractéristique à un négatif des plus âgés. Plusieurs heures s’étaient écoulées depuis que les derniers clients s’étaient présentés dans la superette. Un des nombreux effets du temps qu’il avait appris à déchiffrer depuis que ses pouvoirs s’étaient déclarés à la suite de l’explosion du générateur. Gnomon. Qu’est-ce qu’il pouvait le haïr cet enfoiré… dire que cette sombre raclure avait posé les mains sur sa mère… Rien qu’à cette pensée, Duke frissonna d’odeur avant de rapidement reprendre ses esprits pour ne pas perdre cette concentration qui lui permettrait de se trouver quoi se nourrir lui ce soir. Seul Andre savait ce que c’était de ne plus avoir de parents, de tenter de survivre par ses propres moyens tout en cherchant une vie normale à travers les études et l’amitié qui le liait avec les Robin.

Son ventre gronda tandis que son regard se promenait sur les différentes étagères qui présentaient soit du nécessaire à hygiène soit d’autres trucs dont il n’avait absolument pas besoin dans l’immédiat. La discrétion devait être de mise car non seulement les autres lui reprocheraient ce qu’il aurait fait mais il ne voulait surtout pas se retrouver embarqué par la police avec un casier judiciaire relativement fournit. Il continua à déambuler dans les rayons comme la pauvre âme en peine qu’il était, cherchant à se faire oublier pour s’assurer que le cassier et le vigile non loin de lui ne lui portaient pas attention. Panier en main, il commença à le remplir de fruits secs, de viande séchée puis arrivant au rayon des chips il prit en paquet qu’il ouvrit et commença à manger tout en poursuivant sa pitoyable quête pour trouver de la nourriture qui lui conviendrait.

Il prit plusieurs sandwiches préparés puis entama son chemin jusqu’à la caisse, terminant ses chips avant d’aplanir soigneusement le paquet et de la placer précautionneusement sur le haut de son panier tandis que devant lui le vigile s’éloignait vers le fond du magasin. Probablement sa pause clope. Un ombre passa sur son visage, fugace sourire de satisfaction alors que se profilait manœuvre bien plus aisé sans la présence d’un homme attitré pour ce genre de cas. Il posa son panier sur le comptoir, prenant plusieurs briquets sur lequel il les laissa tomber avant d’y ajouter un paquet de chewing-gum tandis que le caissier commençait à scanner minutieusement les différents articles qu’il posa un à un devant lui jusqu’à ce que le panier soit vide.

- Trente-huit dollars et quatre-vingt-quinze cents, finit-il par annoncer d’un ton laconique. Duke cru s’étouffer avec sa salive, écarquillant légèrement les yeux. Comment pouvait-on décemment payer une telle somme pour aussi peu d’articles ? Oui il avait pris de la viande et des fruits mais quand même… c’était du vol ! Il s’entendit rire à cette pensée fort drôle au vu de ce qu’il s’apprêtait à faire. Prétextant de chercher son portefeuille tandis que le caissier rangeait les courses dans le panier, Duke tira de la poche intérieure de sa veste un couteau à cran d’arrêt avant de mettre en joue l’homme en face de lui.

- T’as pas l’impression de voler les gens avec tes marges à la con ? Donne-moi le contenu de ta caisse maintenant ou je te refais le portrait ! dit-il en se montrant suffisamment menaçant pour être pris au sérieux. Il observa silencieusement le caissier s’exécuter. Vu la montée de la criminalité depuis deux ans, vigile ou pas, mieux valait obéir que de se faire planter et de faire un tour à l’hôpital… si toutefois ce n’était un aller sans retour pour la morgue. D’une main il pris les billets qu’il rangea dans ses poches mais alors qu’il posait la main sur son panier, prêt à repartir, le bruit d’une porte qui s’ouvre attira son attention. Détournant son regard du caissier, il le posa sur ce foutu vigile puant la clope à plein nez. Ce dernier écarquilla les yeux avant que ses traits ne se durcissent et qu’il ne mette la main sur son bâton de maton. Se précipitant sur lui il rugit un « Ne bouge pas » alors que Duke faisait volte-face pour se précipiter vers la porte tandis que l’alarme se mettait à retentir. Putain ! Il vint s’écraser contre la porte, entraîné par son poids et sa vitesse, et le vigile était presque sur lui lorsqu’il réussit à ouvrir la porte, se précipitant au dehors. Mais alors qu’il s’apprêtait à reprendre sa course, il senti une de ses jambes rester en arrière, il chuta.

Gotham city, une ville qui n'était pas encore notre cible principale. Il y avait beaucoup à faire avant cela, néanmoins cela ne m'empêchait pas de m'y promener en quelque sorte. Aujourd'hui j'étais en fait à la recherche de quelqu'un, ou plutôt de signes pouvant me permettre de trouver une piste vers lui. Il y avait une cible potentielle ici, même si ce ne serait pas à moi de l'éliminer. Mon implication était plus comme une aide que comme un exécutant, et cela nécessitait donc quelques recherches de mon côté. Pour l'heure je n'obtenais rien de concluant, aussi continuais-je à voler à la recherche d'un début de quelque chose. Bon clairement je galérais donc lorsqu'une alarme passa dans mon champs auditif, cela me tira de mon ennui et de ma frustration.

En toute logique je je me dirigeai vers la source de cette alarme, ce qui me fit atterrir devant la porte d'un magasin, un semblant d'épicerie à première vue. Il semblerait que je venais d'arriver en plein braquage. Parfait pour tromper l'ennui. Je pris un court instant pour analyser au mieux la situation. Un individu au sol, un autre derrière lui en tenue de vigile, en train de lui gueuler après et courant vers lui. La distraction était trop belle, aussi sans plus réfléchir je m'engouffrai à grande vitesse sur l'employé chargé de la sécurité des lieux et lui enfonçai la cage thoracique d'un violent coup de poing. Son cadavre resta fiché sur mon bras, comme un bracelet ensanglanté, avant que je ne le jette dans les étals. Je posai ensuite mon regard sur celui qui se planquait derrière son comptoir, sentant l'urine qu'il avait évacuée. Un peu émotif le vendeur non? M'avançant vers lui je lui assénai une attaque du tranchant de la main sur le côté de la nuque. Je ne m'attardai pas davantage auprès de lui, ne me souciant pas le moins du monde de son état de santé.

Tu peux te relever. Tu n'as personne aux basques maintenant. dis-je ensuite à celui qui était au sol à mon arrivée après l'avoir rejoint. Enfin peut-être les flics bientôt mais bon, on ne va peut-être pas rester là non? Sauf si tu veux les affronter. ajoutai-je sans chercher à lui offrir une quelconque salutation en cet instant. Non pas par souhait mais parce que je n'y avais pas songé, tout simplement.

C'est ton job de braquer des magasins? Parce que si c'est le cas il va falloir revoir ta technique non? lui dis-je en laissant échapper un bref rire. Tu me réponds ici ou tu préfères aller faire un tour loin des autorités que l'on commence à entendre? demandai-je encore avant de porter un doigt à mon oreille pour appuyer mon propos.

Etait-ce de la simple malchance, le vigile revenant au moment moment ou Duke avait-il tout simplement merdé quelque part ? Même s'il ferait en sorte qu'elle ne soit pas au courant, il voyait suffisamment régulièrement le docteur Thompkins pour entendre sa voix dans sa tête, désapprouvant grandement ses méthodes pour se nourir alors qu'il pouvait faire l'effort de trouver un travail. Mais il était trop tard et la fuite était devenue nécessaire, immuable. Ce fut alors les poches remplies de billets, son panier de courses dans la main que le jeune homme fuya vers la sortie, manquant de s'éclater le nez contre la porte vitrée alors qu'il venait de s'écraser dessus entraîné par sa vitesse et son poids.

Il se reprit, posant sa main sur la poignée et l'abaissant pour ouvrir la porte en grand et s'échapper. Malheureusement pour lui ou un signe de quelqu'un là-haut pour voulait le punir, il senti sa jambe se tendre vers l'arrière alors que la seconde poursuivait sa foulée, le faisant se retamer sur le sol. La douleur qui se diffusait dans l'arrière de sa cuisse lui arracha un cri de surprise alors que l'inertie le faisait glisser sur le sol. Putain de bordel de merde, ça fait un mal de chien pensa-t-il alors que sa main libre venait saisir sa cuisse. Une crampe. Manquait plus que ça. Un bruit de clochette accompagnée d'une voix rauque qui jurait comme un poissonier attira son attention, son regard se posant sur un vigile passablement en colère qui sortait pour le pourchasser. Le coeur battant à tout rompre dans sa poitrine, il se redressa sur ses genoux, rassemblant avec empressement ses articles qui s'étaient éparpillés sur le sol alors que son esprit se laissait voguer sur la lumière ambiante, prêt à l'écouter pour régir.

Derrière lui, un bang sonore et le bruit du verre qui se brise en mille morceaux et lorsqu'il se retourna à nouveau, le vigile avait disparu du trottoir et la porte était tout autant inexistante. Si ses paupières s'écarquillèrent dans un premier temps, ses fourcils se froncèrent bien rapidement. Que venait-il de se passer ? Un super venait-il de se tromper de cible ? Est-ce qu'un gros bonnet cherchait à lui trouver une raison de lui obéir et de faire son sale travail ? Avançant à quatre pattes, Duke chercha à observer ce qu'il se passait à l'intérieur, devant se concentrer pour que les reflets ne viennent pas le perturber et il pu voir le silhouette du vigile voler à travers un rayon avant qu'une carrure impressionnante n'attire son regard vers la caisse et l'employé qui ne semblait pas faire de vieux os. Merde de merde. Pensa-t-il alors que son regard aperçurent cette fugace vision de cette éclair sur le torse de l'inconnu. Il avait déjà vu ça quelque part, un petit article sur Philadelphie, comment s'appelait le type ? L'inconnu s'approcha dangereusement de la sortie, amenant Duke à se reculer, s'attelant à étirer son muscle douloureu pour détourner son attention : que se passerait-il qu'il avait assisté au funeste sort du vigile et du caissier.

L'inconnu était une véritable armoire à glace, impressionnant par toute sa hauteur et sa carrure et lorsqu'il s'adressa à lui, Duke haussa les sourcils surpris par la teneur de ses paroles.

- Ouais, allons faire un tour loin de la police. J'ai un abonnement chez eux, j'ai pas envie d'y aller aujourd'hui, répondit-il en se relevant péniblement. Foutu vigile pas foutu de mettre une plombe à fumer sa clope... Hé mais j'y pense, t'as le même éclair que Shazam mais t'as pas sa gueule. Y'a un lien ou il a juste piqué ton look ? poursuivit-il en s'époustant avant de grimacer en se redressant pleinement.

Posant mon regard sur le gamin qui se massait la cuisse, peut-être s'était-il fait mal en se vautrant comme un jeune oisillon maladroit, je le dévisageai un instant. Sa réponse me fit étirer un sourire mauvais à l'évocation de mon vieil ennemi, que je n'avais pas vu depuis un moment maintenant, ce qui n'était pas pour me déplaire. Pendant un court moment je repensai à notre dernière rencontre, lorsqu'il m'avait amené à reprendre forme civile après des siècles sans le faire. Il m'avait bien eu le morveux et cela m'avait coûté la vie. Le temps rattrapait toujours son dû. J'étais mort pendant quatre ans, jusqu'à ce que des fidèles me ressuscitent. C'était là que j'avais décidé de revenir mais de manière plus discrète.

Les sirènes se rapprochant, elles me sortirent de mes souvenirs, aussi reportai-je mon attention sur mon nouvel ami d'un soir. Enfin ami, ce n'était qu'une façon de parler car je n'en avais aucun. A part Enchantress en quelque sorte.

On peut dire ça, il avait tellement hâte de pouvoir mettre son slip par-dessus son collant lui aussi. dis-je en riant une seconde avant de jeter un oeil autour de nous. Plusieurs voitures de police arrivaient au bout de la rue, je pris donc la décision de nous faire quitter les lieux sans plus tarder.

Accroche-toi à ton petit panier. lui dis-je simplement avant de l'attraper par le col et de décoller l'instant d'après. Après quelques minutes de vol, je nous posai sur l'herbe d'un parc d'un autre quartier assez loin pour ne pas être dans le champ de recherche des autorités.

Tu fous quoi dans la vie pour devoir voler de la nourriture dans une épicerie? lui demandai-je en attendant qu'il se remette des émotions d'un vol inattendu. Si tu as besoin d'un travail, je peux peut-être t'aider, à moins que tu ne mettes déjà tes "prouesses" de cambriolage au service d'un gros bonnet de Gotham. ajoutai-je en poursuivant mes questions sans me soucier d'y mettre plus de forme.

Ton abonnement, c'est parce que tu comptes toujours sur le temps nécessaire pour fumer une clope? repris-je en le taquinant un peu tout en gardant un oeil sur les environs. On n'était jamais prudent, après tout je m'étais déjà fait avoir par un gosse par le passé.

S'il remerciait secrètement l'intervention de l'homme-volant qui, si elle était innespérée, se révélait tout à fait salvatrice tant il ne se trouvait pas en capacité de combattre qui que ce soit dans ce quartier. Et surtout si ses actions se révélaient borderline, il s'attelait qu'à se battre contre des délinquants ou des criminels quand il tombait dessus. Le regard de Pas-Shazam sur lui ne semblait pas moqueur ou paternaliste, ce que le soulageait quelque peu tant il pouvait excécrer ce genre de regards. Il y avait eu le droit les premières fois où il s'était retrouvé au poste, depuis c'était bien quelque chose qui pouvait éveiller ses muscles et lui donner envie de se battre. Mais il fallait avoir une once d'instinct de survie et dans l'immédiat si l'armoire à glace n'était guère rassurante dans sa démonstration de puissance en ayant tué deux innocents, il était le seul à même de le sortir de ce mauvais pas. De toute manière il ne pourrait pas aller très loin avec une cramp à l'arrière de la cuisse.

Duke se releva péniblement, demandant à son sauveur du jour s'il avait quelque chose à voir avec Shazam et ce dernier eut un sourire. Venait-il de dire un connerie ou bien les deux partageaient un lien quelconque ? Tout était possible et le jeune adulte qu'il était ne pouvait pas se permettre de juger un quidam sur ses préférences, aussi impressionnant soit-il. A la réponse du type, Duke eut un léger rire. C'était peut-être plus pratique mais quelle était cette manie de porter des combinaisons aussi moulantes ? Bonjour les frottements et les problèmes de respiration de la peau. Peut-être s'agissait-il de costumes spéciaux dont le tissus était resistant et respirant ? Dans tous les cas, à moins que tous les super bénéficiaient d'un partenariat privilégié avec un costumier, ça devait quand même leur coûter cher en matière à force de se battre plusieurs fois par semaines.

Accroche-toi à ton petit panier. La phrase aurait pu le faire sourire s'il en avait eu le temps mais il pu tout juste raffermir sa prise sur les poignées de son panier car il fut rapidemment saisit par le col, d'un geste ferme, et le voilà qui quittait la terre ferme. Une sensation étrange le saisit, affecté par la vitesse de l'homme qui le tenait, comme si toutes ses entrailles faisaient subitement l'ascenseur dans son buste. S'il avait su qu'un jour il ferait son baptème de l'air de la main du Presque-Shazam et non de Superman, il ne l'aurait jamais cru ! La durée du vol lui paru interminable alors que sous lui défilaient les immeubles de sa ville et tout aussi rapidement qu'il n'avait quitté la sécurité du sol bitumeux, ses chaussures retrouvèrent cette fois le sol meuble d'un parc plus loin qu'il ne l'aurait cru de son lieu de braquage.

Lâché par leToujours-Inconnu, mains sur les genoux, Duke chercha à reprendre son souffle et surtout calmer cette sensation désagréable qu'il le mènerait pas vider ses tripes devant s'il n'y prenait pas garde. Inspirant profondément par le nez, les mâchoires serrées, il observa le type du coin de l'oeil alors que ce dernier s'adressait à nouveau à lui. Se redressant il désséra ses mâchoires et se tourna pleinement vers lui.

- Je suis étudiant mais comme toute ma bourse passe dans l'université, je crèche là où je peux et je me débrouille pour grailler, répondit-il tout d'abord avant de prendre son menton entre ses doigts. Un travail si toutefois il ne bossait pas une des Saloperies de Gotham ? Je travaille pour moi, pas pour ces enflures qui ont vu plus souvent les murs d'Arkham et Black Gate qu'un orphelin ses parents. T'es un super toi, non ? Quel genre de travail tu pourrais donner à un gamin comme moi ?

Plantés dans ce parc où nous étions seuls visiblement pour le moment, je ne pouvais m'empêcher d'observer constamment autour de nous. Je n'étais pas des plus familiers de Gotham, n'y ayant fait que quelques escapades. Néanmoins de ce que j'avais pu voir jusque-là, le climat n'était pas bien différent de celui de Metropolis, si ce n'était que la criminalité portait ici la patte du Joker. Si un jour la ville devenait notre cible, nul doute qu'il ferait un adversaire de taille vu sa puissance de frappe. D'ici-là, il pourrait représenter s un atout sous la forme d'un aimant à justiciers, pour ce qu'il en restait.

T'acceptes de me donner davantage de détails sur ta débrouille? lui demandai-je avant de développer ma question. En ce moment j'suis comme une agence de l'emploi, mais pas pour les bras cassés. dis-je encore avant de lui apporter une petite précision. Tu as pu le voir tout à l'heure, je ne m'embarrasse pas de bagages inutiles. Je peux te proposer quelque chose, mais à toi de voir quel risque tu es prêt à prendre.

Si à première vue je l'estimais pouvant avoir son utilité dans le domaine du cambriolage, sa démonstration inattendue n'était guère engageante. Néanmoins de mon expérience dans mon pays natal il y a de cela plusieurs millénaires, ceux qui devaient se débrouiller jour après jour pour survivre avaient bien souvent des compétences toutes particulières. Encore fallait-il qu'il accepte le concept qu'il pourrait le payer de sa vie en cas d'échec ou de trahison. Ma propre démonstration dans l'épicerie lui permettrait assurément de comprendre que je n'avais aucun souci à mettre fin à l'existence de quelqu'un.

Serais-tu capable de récupérer un objet pour moi, dans un environnement ou l'échec te coutera la vie sans même que je n'ai besoin d'intervenir? lui dis-je sans détour. Ce ne sera pas à Gotham, ce qui t'éviterait d'avoir à t'infiltrer chez les enflures dont tu parles. ajoutai-je avant de décider de ne pas me présenter pour le moment mais de lui poser une nouvelle question. Comment te débrouilles-tu lorsque tu dois agir en terrain inconnu?

La douleur de la crampe était toujours présente et permettait à Duke de rester accrocher à une certaine réalité à peine croyable, dans laquelle il venait d'être tiré d'un mauvais pas d'un sombre inconnu vêtu d'une cape et de collants. Comment devait-il réagir face à ce qu'il venait de se passer ? Même s'il était loin d'être un démeuré, il n'en avait pas la moindre idée. Il n'avait pas l'air mauvais mais être né à Gotham et y avoir vécu toute sa vie permettait d'étoffer relativement facilement, un spectre de bons versus méchants dont le curseur pouvait s'agiter comme un lapin sous amphétamines. Rien n'était jamais simple dans la vie et trouver des gens vraiment bons qui ne commettaient pas des impairs par nécessité était une denrée rare, très rare. Debout comme ça dans le parc face à l'armoire à glace, Duke avait l'impression d'être face à un examinateur qui le jaugeait à l'aide d'un barème bien personnel qui n'était bien sûr pas porté à sa connaissance.

Donner d'avantage de détails sur la manière dont il se débrouillait dans la vie ? Et pour quoi faire : le sermonner comme un enfant ou l'encourager à poursuivre dans cette voie ? Il ne pu répondre car Collants-Noirs continua à parler. Une agence d'emploi faite de chair et de sang ? C'était nouveau ça, enfin si on omettait les recruteurs mafieux ou des gros caïds de la ville. Duke haussa une sourcil sans toutefois l'interrompre... Effectivement il ne s'embarassait pas de bagages inutile ni de morale d'ailleurs, point qui commençait à faire sonner son l'alarme interne : tuer qui que ce soit n'avait jamais été dans sa feuille de route pour traquer les tueurs de ses parents. Prenant son menton entre ses doigts, il commença à faire les cent pas en boitillant autours du super qui poursuivit ses palabres. Voler un objet. Le jeune homme s'arrêta net. Etait-il sérieux le vieux ? Voler un objet dans un lieu hyper dangereux ? Inconsciemment il s'examina. Le prenait-on pour Catwoman, celle qui était spécialisée dans le vol de richesses ? Ouf il ne s'était changé en femme le temps du vol. Il fallait qu'il en apprenne un peu plus, si c'était dangereux il ne pouvait pas se lancer à l'aveugle sans savoir quoi que ce soit.

- Ce que tu as vu tout à l'heure n'est qu'un grain de sable dans mon rouage. Depuis mes douze ans je me débrouille tout seul parce que personne n'a jamais su s'occuper de moi autrement que pour servir de babysitter ou de boniche pour le ménage, commença-t-il en reprennant sa marche. Je casse des gueules en allant à la pêche aux infos parce que deux fils de pute ont trouvé drôle de tuer mes parents tout ça pour se battre avec Batman ! Et toi tu demandes à un gamin comme moi d'aller voler un truc dans un endroit dangereux sans me donner les tenants et aboutissants ? Il fit claquer plusieurs fois sa langue contre son palais. Je connais Gotham comme ma poche donc les terrains inconnus sont rares mais lorsqu'ils existent je m'assure un minimum d'avoir des connaissances dessus pour ne pas me faire avoir. Toujours repérer les sorties de secours en premier ! dit-il avant de s'arrêter devant l'amoire à glace et de croiser les bras sur son torse, se balançant légèrement sur la pointe de ses pieds avant s'arrêter. Puisque tu as des pouvoirs je suppose que je peux te le dire... je ne suis pas un humain normal, j'ai moi aussi mes pouvoirs et je ne doute pas que tu trouveras tout de suite ma faiblesse. La lumière. Elle me donne beaucoup d'informations mais surtout je peux la manipuler, alors si tu m'envoies faire ton cambriolage en pleine journée nul ne me verras entrer... J'ai trois questions : Qui es-tu ? Quel cet objet ? A qui je vole ?

S'il était resté plutôt discret jusqu'à présent, le môme se montrait d'un coup plus loquace et m'apporta plusieurs informations intéressantes. Celle que je relevai avec plus d'intérêt était le fait qu'il était lui aussi un méta. Il s'agissait là d'un élément qui pouvait être utile, mais encore fallait-il qu'il accepte de s'acquitter de l'offre que je lui faisais. Cependant malgré cela je préférais me montrer prudent, je ne voulais pas à nouveau me prendre une rouste par un gosse.

Tu les a retrouvé ces deux-là? lui demandai-je sans chercher à le préserver de ma question. Je peux t'aider si tel est ton souhait. Comme un cadeau de bienvenue si mon offre d'emploi te satisfait. ajoutai-je avant de reprendre après son dernier point.

Adam, Black Adam. lui dis-je en faisant le choix de lui donner mon nom de scène. Après tout, comme aux échecs, il fallait savoir s'exposer pour remporter d'autres batailles. A moi d'être malin et de prendre soin de me préparer à autant de possibilités que possible.

Un livre de compte, chez le comptable de Dent. lui dis-je à nouveau sans détour. Dent n'était pas un individu altruiste et certaines de ses activités étaient de notoriété publique à Metropolis pour qui ne se voilait pas la face.

Et ta lumière, que peut-être t'apporter comme informations à mon sujet? lui demandai-je pour revenir sur son pouvoir. Si elle peut te rendre invisible à quelques yeux observateurs, son absence te rend-elle "inactif"? Par exemple si je te crève les yeux, ton pouvoir fonctionne encore? lui dis-je encore en réfléchissant à haute voix dans l'éventualité d'un combat futur entre nous deux. Il n'était jamais trop tard pour réfléchir à cette éventualité. En même temps, il pouvait tout aussi bien ne pas me répondre franchement, par souci de prudence étant donné que l'on venait seulement de se rencontrer pour la première fois.

S’il les avait retrouvés ? Ô qu’il aurait aimé pouvoir répondre à cette question par l’affirmative mais si cela avait été le cas il n’aurait probablement pas été là, en train de discuter Monsieur Muscles dans ce parc de la ville. Il savait qu’ils avaient fait un séjour en prison durant quelques années mais ces salopards avaient réussi à sortir pour bon comportement. Il haussa alors un sourcil, étonné qu’on lui propose de l’aide pour les retrouver en guise de cadeau de bienvenue. C’était bien la première fois qu’on lui faisait une telle proposition et il devait bien l’avouer : elle était alléchante.

- Je suis sur leur trace mais ces connards se font plus discrets depuis quelques temps et non, c’est mon combat je veux le continuer seul, répondit-il avant d’hocher la tête lorsque la Montagne lui révéla son nom de sortie en collants. Black Adam. Un pseudonyme qui envoyait du pâté avec cette carrure et ce costume noir avec un éclair sur la poitrine. Mais il fallait se concentrer sur ce qu’il y avait d’important et cela commençait par en apprendre plus sur ce qui devrait être volé si toutefois il acceptait de prendre des risques pour le subtiliser.

Un livre de compte. En soit, ce n’était pas bien dangereux et surtout ce n’avait pas la même importance qu’une formule chimique ou de s’introduire chez le Pingouin. Duke prit à nouveau son menton entre ses doigts, reprenant ses cent pas. Le comptable d’Harvey Dent. Il senti un frisson lui parcourir l’échine. Déjà le type n’avait pas une tête de vainqueur avec la moitié de son visage rongée par ce qui avait été une attaque à l’acide mais il avait bien changé, lui l’avocat qui avait voulu combattre le crime au grand jour dans un tribunal.

Une fois l’existence de ses pouvoirs mentionnée, Duke senti l’intérêt de Black Adam se réveiller et cela ne manqua pas avec les questions qu’il lui posa à ce sujet. Peut-être aurait-il dû se taire, occulter cette information pour que cela reste un atout de dernière minute pour se tirer d’un mauvais pas ? Voler le livre de compte de Dent et voilà qu’on lui demandait comment ses pouvoirs réagissaient en l’absence de lumière, s’ils fonctionneraient toujours s’il était privé de la vue… enfin si Black Adam lui crevait les yeux, qu’est-ce qu’il se passerait… Le jeune homme lui-même ignorait ce qu’il adviendrait. Devait-il en parler à Nightwing d’abord et ainsi risquer que le Grand Chauve ne l’apprenne ? Devait-il d’abord voler le livre de compte et aller le confier au héro ? Mais il était certain que plus la conversation se poursuivait, plus il se sentait prendre un chemin des plus sombres. Quel genre de super-héros tue deux innocents ? Quel genre de super parle de crever les yeux de quelqu’un devant ce dernier ? Et pour le livre… bah il imaginait bien un héro en cape noire le faire pour mieux abattre la pièce maîtresse de son adversaire.

- Ce n’est pas comme ça que ça fonctionne mais ce qu’il faut retenir c’est qu’elle communique avec moi. Inactif genre croco sous un soleil de plomb ? Non. Et pour ce qui est des yeux, t’as pas envie de savoir si mon pouvoir peut évoluer en braille magique ou en informations auditives… Ce serait pour quand ton job ? Metropolis c’est juste en face mais quand on a pas de voiture ou de vol intrigué au package, c’est pas la porte à côté.

C'est une bonne manière de voir les choses. lui dis-je d'abord avant d'y apporter néanmoins une précision. Mais il est important de connaitre ses limites. Une leçon que j'avais appris il y a quelques années de la plus douloureuse des façons. Je l'avais payé de ma vie, en me laissant berner par un simple mioche. Le temps m'avait rattrapé et avec lui les nombreuses décennies auxquelles j'avais échappé jusque-là. En un instant j'avais alors compris que de ne pas avoir conscience de mes limites avait été ma plus grande erreur, avant de disparaître dans le néant de la mort. Lorsque j'avais repris conscience au cours de ma résurrection, j'avais pris la décision de ne plus commettre la même erreur.

Simple curiosité scientifique. lui dis-je en souriant, m'imaginant lui sauter dessus en une seconde et lui enfonçant mes deux pouces dans ses orbites. J'avais déjà fait cette expérience sur plusieurs de mes adversaires à travers les millénaires, et ce petit plop poisseux était somme toute bien particulier. Comme ces bulles de plastiques que certains éclataient avec une addiction des plus intrigantes.

Dans un mois, cela te laisse le temps de te préparer. En revanche, tu n'auras le droit à aucune aide extérieure. Une petite précision pourtant importante. Il s'agissait autant d'une épreuve pour lui, que d'une mesure de sécurité. A plusieurs titres il fallait que cette action reste secrète, autant pour lui que pour moi.

Dent ne doit rien suspecter. Sinon lui et ses alliés pourraient renforcer leur sécurité ainsi que leurs actions sur Metropolis. Qui pourrait souhaitez cela? ajoutai-je en prenant un air des plus sérieux. Si je lui en cachais la raison, une telle opportunité serait une réelle contrariété, néanmoins je comptais bien faire ce qu'il fallait pour que cela n'arrive pas.

Alors dis-moi, euh c'est quoi ton nom déjà? lui demandai-je afin qu'il se présente à son tour. Es-tu partant pour ce job?

Duke ne savait pas vraiment quoi penser de tout ce que venait de lui dire le dénommé Black Adam. Une telle mission était effectivement dangereuse, grisante à n'en point douter, mais d'un péril dont il était certain de faire les frais qu'il réussisse ou non. Madame V n'était déjà pas bien ravie quand ses notes ne suivaient pas alors si elle apprenait qu'il était en pourparlers pour aller voler le livre de comptes du comptable d'Harvey Dent, il pouvait dire adieu à sa bourse et dire adieu aux études. Ce qui était certain, c'était qu'à mesure que les secondes s'égrainaient et devenaient des minutes, l'instinct de Duke réagissait telle une alarme. Oui il existait des super relativement étranges, avec une morale aussi fluide que de l'eau, mais celui qui se tenait en face de lui commençait réellement à devenir effrayant. Déjà voler, c'était quelque peu bordeline mais certains héros pouvaient voler des informations pour s'en servir pour faire tomber le méchant, ici c'était voler un candidat aux élections municipales de Metropolis. Enfin poser des questions sur ses pouvoirs pouvaient être logique pour savoir s'il réussirait la mission avec plus ou moins de difficultés, pour le coup le jeune homme voyait des drapeaux rouges se dresser devant lui. Important de connaître ses limites, oui, mais se méfier d'un type qui passait ses questions pour une curiosité scientifique, encore plus. La dernière expérience scientifique qu'il avait connue, à son insu, c'était l'explosion du générateur qui avait activé ses pouvoirs qui avaient été dormant.

- Ouais ça peut se comprendre, faudrait pas que je me foire, répondit-il simplement avant de mettre une main dans sa poche.

L'autre point important était de savoir combien de temps il avait pour se préparer, s'il acceptait... enfin vu les informations fournies il ne pouvait qu'accepter, sinon il ne donnait pas cher de sa peau : à part les Robin, qui le chercherait ? Nightwing s'il était prévenu ? Mais que pourrait-il contre Monsieur Muscles ? Un mois. Bon ça lui laissait le temps de faire des recherches, de s'entraîner plus spécifiquement. Sans aide extérieure, soit. Bon faudrait qu'il la joue fine, si Black Adam avait les même pouvoirs que Shazam, il n'avait peut-être pas une ouïe surhumaine et ça c'était important pour Duke. Sans ouïe super fine, il ne pourrait savoir si le méta qu'il était contacterait untel pour une aide temporaire. Tous les Robin n'avaient pas à être impliqués, juste celui qui touchait sa bille en technologie pour lui donner les outils nécessaires pour quelques copies salvatrices. Duke hocha rapidement la tête.

- Un mois ? Hmm ça fera l'affaire ! répondit-il avant d'opiner derechef. Oui, je comprends. Un sourire finit par étirer ses lèvres alors que Black Adam lui demandait son nom et s'il acceptait le travail proposé. Appelle-moi Lark. Et oui je suis partant pour ce job !

Parfait. lui dis-je après sa rapide présentation, prenant quelques secondes pour réfléchir à propos de ce jeune homme. Il serait désormais un lien entre Dent et moi. Qu'il me trahisse ou se foire me ferait connaître auprès de Dent et d'autres, mais c'était là une chose nécessaire. Je ne pouvais ni ne voulais rester dans l'ombre indéfiniment, il était temps que l'on commence à parler de nous. Autant que mon nom attire l'attention plutôt que le reste de notre groupe. J'étais capable de me défendre et d'affronter une bonne partie de nos ennemis, bien que le reste du groupe le soit aussi, pour la plupart.

Bon je vais te laisser tranquille, je dois encore aller récupérer les vidéos de surveillance avec ta tronche en train de faire tes courses. Pour ton casier. lui dis-je en me tapant la tempe d'un doigt, comme si je venais seulement d'y penser. Je ne connaissais rien de lui et il me fallait trouver un moyen de pression contre lui, au cas où la peur ne suffirait pas.

Je te recontacterai si besoin, Gotham est une petite ville et j'ai quelques amis ici qui sauront me dire où te retrouver si jamais il faut annuler cette mission. ajoutai-je avec une petite précision. Il était souvent nécessaire de prendre des risques, se cacher n'était pas toujours possible, tout comme pouvoir faire confiance à qui que ce soit.

Dernière chose. débutai-je avant de me tourner vers lui, cet fois sans aucun sourire ni visage amical. Joue pas au con avec moi. Après quoi je m'adressai à nouveau à lui, de nouveau avec un visage souriant et plus jovial.

On se revoit bientôt. dis-je avant de décoller dans un petit nuage de poussière, le laissant seul dans sur son banc tandis que je me redirigeai vers l'épicerie d'où je l'avais extrait. Si la police y avait déjà récupéré les bandes, je me débrouillerai pour les récupérer autrement, d'une manière ou d'une autre.