The Devil's Daughter and the Champion of the Gods † Black Adam

"The Devil's Daughter and the Champion of the Gods"

La Mort est une chienne qui n'embrasse que ceux qui la craignent, mais se refuse à voir les illuminés prêts à recevoir son baiser. - Faith Cross

Pourquoi ce bâtard m’en veut, quand je rate il dit que c’est moi, quand je réussis il dit que c’est Dieu...

Bois de Salem, 10 octobre 2022...

         Si j’en croyais ma mémoire, celle issue de mon âme plusieurs fois réincarnée, cela faisait plus de 4 siècles depuis la dernière fois que j’avais posé les pieds dans cette vielle cabane perdue dans les bois d'une Salem plus moderne. D'après les vieilles histoires qui circulaient encore en ville, ce fut autrefois la sinistre demeure de la vieille sorcière de Salem et de sa progéniture impie. Malgré les siècles passés, la bâtisse semblait toujours tenir, comme préserver du temps par l’obscur magie qui continuait à résider, bien que ma mère et moi-même avions quitté les lieux après les nombreux procès qui eurent lieu au 17e siècle dans le village, désormais une ville. Je fixais mon journal intime, du moins celui de mon alter-ego précédent, c’était ce que j’avais inscrit ici dans ma vie antérieure qui m’avait permis de trouver cet endroit. Mais une fois l’intérieur, je fus inondée de souvenirs. Je me croyais un monstre aujourd'hui et je pensais que mère était une sorcière bien trop soft à vouloir ainsi que je grandisse et je vive une vie humaine.
         Mais je réalisais que je n’étais rien par rapport à celle que j’étais en cette ère, tandis que mère était sans once de pitié. Elle avait terriblement changé et je réalisais que je ne la connaissais pas et qu’il y avait sans doute bien des raisons pour lesquelles elle voulait m’écarter de cette vie, celle qui me faisait toucher à la sorcellerie. Mais les choses ne pouvaient pas simplement tourner comme elle le désirait, j’étais condamnée à mourir et renaître peu importe la vie que je menais. Mais surtout, j’étais condamnée à me rappeler de ce que j’étais, vouée à recommencer les mêmes choses dans un cycle sans fin, si bien que je commençais à croire que c’était cela mon enfer. Telle était ma malédiction, celle que le diable m'avait imposée. Pourquoi étais-je dans un lieu comme celui-ci ? La raison de ma présence portait à confusion. Mère m’avait posé une question ? Ce que j’espérais obtenir en retrouvant mes pouvoirs originels, quel avenir je visais... Je n’ai pas su répondre, parce que j’avais le cul entre deux chaises.  

          D’un côté, je cherchais à suivre l’exemple de ses justiciers masqués, puisque je détenais du pouvoir, je me disais que je pouvais aussi m’en servir à des fins dédiées aux vigilantismes. Mais en réalité, je me rendais compte que je ne faisais cela que parce que je n’avais pas de but précis et que j’étais telle une Junkie, dépendant de la magie, il me fallait toujours une raison même minable et peu crédible de faire usage de la sorcellerie. Oui, j’en avais besoin à l’image d’une drogue dont je ne pouvais guère me passer. Et plus que tout, je comprenais que mes principes étaient bâtis sur des piliers grandement fébriles, je l’avais ainsi réalisé lors de ma rencontre avec cette déesse. Pour ne pas qu’elle me tue ou qu’elle tente du moins de le faire, je m’étais rabaissée à un niveau qui n’était rien de plus que l’humiliation. Je n’avais même pas osé parler de cette rencontre à ma mère, car rien de bon ne pouvait sortir de cette histoire si je la mêlais à cette dernière.
          Le pire, c’était que je ne savais même pas ce qu'elle voulait réellement de moi, tout ce que je retenais, c’était que la déesse était intéressée par qui j’étais, plus que je ne l’étais moi-même. Voulait-elle réellement m’aider à me remémorer mon histoire ou bien, avait-elle d’autres projets ? J’étais dans l’obscurité quant à mon avenir auprès d’elle, je devais trouver une solution. Pour autant, j’étais là aujourd’hui, parce que je n’avais pas su donner une réponse satisfaisante à ma pauvre mère. Que m’avait-elle envoyé chercher ici ? Je fixais mon très vieux journal intime, dont les pages avaient été jaunies par le temps, bien qu’elles étaient aussi préservées par une vieille magie. Il n’y avait aucune indication quelconque dans le journal. Cependant, après avoir marché à travers la cabane qui se révélait plus immense à l’intérieur que ce qu’elle montrait l’extérieur. Je réalisais que les pièces et les couloirs changeaient et se déplaçaient.  

            Tantôt neuf, tantôt recouvert de feuillage, de mousses et racines desséchées... Ce que je cherchais était bien dans cette cabane, mais probablement cacher à travers le temps. Et à peine avais-je pensé ses mots, que celui-ci sembla comme se figer, alors qu’une pièce était éclairée par une lueur. À l’intérieur, se trouvait un grimoire, bien différent de celui que mère gardait à l’hôtel, il semblait plus ancien encore. Se pouvait-il qu’il s'agissait de la sainte bible des enfers que mère aurait dérobée en fuyant le Coven ? Le prenant en main, je ressentais toute l’agonie qu’il dégageait, point de doute, ces pages avaient été écrites dans le tourment par les martyres saints rejetés par les apôtres du seigneur, prophètes des Enfers. Père, Baphomet, dont l’identité d’origine restait encore un mystère, était lui aussi un de ses prophètes au service de Satan, puis de Lucifer, avant d’être lui-même hissée au rang de “Diable”. Mais plutôt que de chercher à s’emparer du trône des enfers, il fit le choix d’influencer cette dimension devenant l'une des figures satanistes la plus représentée par les humains, le fameux diable à tête de bouc.  
        Notamment en faisait descendre sur cette dimension un exemplaire des écrits infernales, plusieurs milliers d’années auparavant. Une partie de ce qui se trouvait dans ce livre, sera à l'origine reprise pour former les écrits de la mer morte, que les humains rebaptiseront plus tard, le livre d’Enoch. Un tel livre est souvent tenue par père en personne durant la Messe Noire des nuits de Sabbat. Dedans se trouvait une science impie ne pouvant que séduire le plus érudit des magiciennes et la plus avare des sorcières. Le livre était grand et lourd, mais entrait malgré tout dans mon sac.

Gotham, 14 octobre 2022...

          La porte reliant la cabane dans les bois de Salem et les chiottes du restaurant Asian Paradise de l’avenue 66 Heaven Street, simulacre de la Chinatown de Los Angeles, se referma derrière moi. Dès lors que j’avais récupéré le livre, j’utilisais un sortilège de téléportation pour rentrer au plus vite. Mon phone se mit à vibrer dans ma poche comme s’il recevait plusieurs messages d’un coup. Maintenant, que j’y pensais, à l’intérieur de la cabane, il avait perdu tout réseau... Non... Je dirais même que dès l'instant où j’étais rentrée dans la forêt, il avait cessé de capter quoi que ce soit. Bois maudit par les horreurs que mère et moi y avions fait par le passé. Mais je fus surprise en observant mon phone se mettre à jour avec le réseau internet. Changeant subitement sa date... Passant du 10 octobre au 14... Je n’avais été dans cette cabane que quelques minutes et pourtant, j’y avais perdu quatre longs jours. Que se passait-il si un non-mage pénétrait ces lieux... Il était fort possible qu’il se retrouve piégé dans un nœud temporel, avec toutes les entités que mère y avait laissé...  
           Ou peut-être pire, s’il réussissait à sortir de cette cabane indemne, piégée dans une époque qui n’était aucunement la sienne, passée comme futur. Ce livre va me permettre d’utiliser des sortilèges plus complexes, mais aussi plus raffinée que la sorcellerie que j’utilisais de base. Je l’espérais en tout cas. Je sortis du restaurant sans me soucier du regard des employés ou des clients qui ne m’avaient pas vu entrée, alors même que je n'avais pas un look qui passait inaperçu. Mon téléphone vibra à nouveau une seule fois alors que je marchais dans les rues de Gotham en direction de l’hôtel de baba. Moone... C’était, si je ne me trompais pas, le nom humain de la déesse qui m’avait entre ses mains. Ce n’était aucunement une bonne idée que de l’ignorer... Elle m’indiqua de la rejoindre à l'adresse qu'elle venait de m'envoyer, sans précision aucune. Bordel... Qu’est-ce qu’elle me voulait ? Je fis demi-tour... Au moins, ce n’était pas loin de l’endroit où j’étais, mais j’aurais préféré déposer ce livre à l’hôtel.  

          Je n’étais pas certaine qu’une déesse s’intéresse à des écrits antédiluviens, remettant en cause sa suprématie divine des plus éphémères. Mais ça restait un livre infernal contenant les tabous de l'existence. Cependant, il était plus que suicidaire que d’arriver en retard. Je soufflais en songeant que réutiliser un sortilège de Télé-transportation serait bien idéal, mais le dernier m’avait déjà bien fatigué. Je n’aimais pas en faire usage, mais je n’avais probablement pas d’autre choix que de m'en remettre à ma nature impie, si je tenais à arriver à l’heure. Entrant dans une ruelle, je prononçais une formule faisant réagir ma part démoniaque... Mes ailes qui étaient en temps normal invisible et impalpable, essence et reflet de mon âme, noires comme le plus obscur néant indicible, se déployaient, insufflées par l'aberration mystique. D’un battement de ces derniers, j’étais déjà au-dessus d'une Gotham nocturne, fendant l’air à l’image de ces anges arrogants sillant les cieux. L’image m’en dégoûtait... Pourquoi diable avait-il fallu que j’aie des plumes ? Et même si elles étaient noires, j’avais quand même cette apparence chérubin, voire séraphin de nos ennemis célestes. Moi, une démi-démone. Sans doute une blague très peu amusante du tout-puissant.        

"The Devil's Daughter and the Champion of the Gods"

La Mort est une chienne qui n'embrasse que ceux qui la craignent, mais se refuse à voir les illuminés prêts à recevoir son baiser. - Faith Cross

Pourquoi ce bâtard m’en veut, quand je rate il dit que c’est moi, quand je réussis il dit que c’est Dieu...

           Cela faisait mal... Oui. Mes ailes étaient intrinsèquement liées à mon âme, mon essence démoniaque, c’était pour cette raison qu’elles étaient invisibles et intangibles en temps normal. Les rendre physiques, ancrées dans la réalité, c’était comme si mon âme était devenue physique et vulnérable, ressentant la caresse de l’air de ma plume couleur de Jais, jusqu’à sein même de mon cœur. Mais la sensation physique de mes ailes, ce contact justement avec l’air était désagréable, douloureux. Je pouvais voler même quand même mes ailes étaient impalpables et indiscernables, mais je le faisais sans la moindre puissance. Là, en cet instant, je pouvais traverser le ciel de Gotham en quelques secondes pour atteindre mon lieu de rendez-vous. La fragilité de mon corps me forçait toutefois à créer une barrière pour éviter le frottement de l’air, tout en faisait circuler ma magie aux seins même de mon corps pour maintenir ce dernier chaud.  
         Plus en montait en altitude, plus il faisait froid, plus en se déplaçait vite plus le vent empêchait la chaleur du corps de se conserver. Bref... Je n’étais pas Kryptonienne et je n’étais qu’à moitié démon, ma part humaine avait besoin d’être entretenue et préservée. Je sentais une aura magique étrange au bout d'un moment ? Je ne saurais expliquée de quel type de magie, il était question ? Cela ne ressemblait pas à celle que j’utilisais, ni même à celle qu’employaient John et Zatanna. Il était étrange que je puisse ressentir progressivement cette dernière au fur et à mesure que j’approchais du lieu du rendez-vous. Normalement, j’aurais déjà dû ressentir l'essence divine de l'Enchanteresse. Il était toutefois hors de question que je m’arrête par simple curiosité. Le tempérament de cette déesse m’empêchait de faire une quelconque escale. Si j’avais du retard, je risquais d’être la victime de son ego démesuré, blessé dans son orgueil sans limite.

         Pour autant, malgré mon allure, je ressentis cette présence me suivre et me rattraper avec grande aisance... L’odeur de son âme était humaine, j'en étais persuadée. Pourtant, ce que dégageait son corps me semblait de plus en plus divin à mesure que mes sens se concentraient sur lui... Mais je n’en étais pas certaine. L’essence divine n'était pas de mon domaine d’expertise. Les essences que je connaissais étaient celles de l’Enchanteresse et de cet Ange que j’ai rencontré le mois dernier... Pour autant, aucun des trois n'était identique. Mon regard se posa sur lui quand il arriva à mon niveau... Si son visage ne me disait rien, sa tenue quant à elle me rappelait celui d’un héros avec un costume rouge, il avait cet éclair aussi sur le torse. Je m’arrêtais alors à sa seconde phrase, comprenant immédiatement qu’il mentionnait ici Enchanteresse. Mes ailes se volatilisèrent alors, pour autant, je restais immobile dans les airs comme porter par une force invisible. Évidemment, elles étaient toujours présentes, redevenant simplement invisibles, intangibles et spirituelles à l’image de mon âme.      
          « Et pourquoi, vous aurait-elle envoyé ? Que recherchez-vous exactement ? » Je n’étais pas certaine de comprendre ce qu’il attendait de moi. Ma seule rencontre avec Enchanteresse fut le jour où elle a tenté de me dérober mon âme, sans succès. La seule raison pour laquelle, elle m’a gardé en vie suite à cela, c’était pour comprendre ce que j’étais et pour quelle raison elle n’avait pas réussi son entreprise. J’avais évidemment la réponse, cela ne pouvait être qu'à cause de cette malédiction à laquelle j’étais rattachée, condamnée. Pour autant, j’ai su trouver un mensonge approprié pour ne pas avoir à lui révéler la vérité et ainsi, assouvir trop rapidement sa curiosité à mon encontre. Puisque si c’était l’intérêt qu’elle me portait qui l’empêchait de prendre ma vie d’une autre manière que dévorer mon âme, alors je devais entretenir cet intérêt. Mais je n’avais pas encore d’occasion de la rencontrer à nouveau depuis ce jour-là et voilà que maintenant, elle m’envoyait un autre dieu ? Cela n’avait pas de sens...       

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La Mort est une chienne qui n'embrasse que ceux qui la craignent, mais se refuse à voir les illuminés prêts à recevoir son baiser. - Faith Cross

Pourquoi ce bâtard m’en veut, quand je rate il dit que c’est moi, quand je réussis il dit que c’est Dieu...

           J’appartiens à un monde qui baigne dans l’agonie, le désespoir et la mort. Je vis condamner à me rappeler de la souffrance de mes vies passées et sachant que je ne serais jamais en paix face à ce qui m’attendait dans le futur. Je savais que je continuerais à réapparaître au travers d’une existence désolée, plongée dans les abominables ténèbres froides et nauséabonde où ne vivent que les monstres abandonnés par la lumière. Est-ce que j’avais peur de la mort ? Comment le pouvais-je ? Je ne faisais que ça de mourir, encore et encore. Je ne saurais qu’être immensément reconnaissante envers celui qui réussirait à rendre ma mort définitive. J’ignorais qui était ce type, mais de toute évidence, l’Enchanteresse n’avait clairement pas partager avec lui la raison pour laquelle j’étais encore en vie aujourd’hui. Bouffer mon âme qu'il dit ? Il semblerait que la malédiction que le Diable m'a imposée soit bien plus terrible encore que la faim de cette déesse païenne. Ce n’était pas ainsi que j’allais mourir, non. Mon corps mourait oui, mais mon âme appartenait au Diable, elle ne pouvait être dévorée.
        Pour autant, je me demandais... Pourquoi ceux qui prétendaient servir des causes douteuses, pensaient toujours que la menace serait le plus approprier des méthodes dans un dialogue ? Des monstres, j’en ai connu, j'en suis moi-même un et même si j’essayais de renier par moment mes origines démoniaques, c’était quelque chose que je ne pouvais changer. J’étais née ainsi. Et vous savez, les monstres n’ont pas à questionner leurs émotions, les monstres ne font que suivre leurs instincts aussi tristement impies soient-ils. Mais il arrive que ses monstres puissent faire preuve de bon sens et de loyauté, mais en aucun cas celle-ci était gagner par la menace. J'ignorais la raison pour laquelle il était présent et j’étais tout à fait en droit de le questionner à ce sujet ? Est-ce que c’était un crime qui méritait une quelconque hostilité à peine camouflée ? Je l’ignorais, sa façon de penser, me paraissait en cet instant bien grotesque, mais assurément approprier pour un tyran à la petitesse d'esprit. Je me doutais qu’il devait être important, mais il n’était rien à mes yeux, au même titre que cette déesse...

         Tout cela me poussait à lâcher un soupir d'agacement. Si je ne voulais pas mourir, c’était simplement parce que je ne tenais aucunement à faire souffrir ma mère, même psychologiquement parlant, et ce, en lui imposant une grossesse qui lui fera indubitablement réaliser que j’étais morte à nouveau, qu’elle avait encore échoué à me protéger, qu'elle allait devoir me porter neuf long mois avec cette culpabilité maternelle qui la rongeait déjà un peu plus chaque siècle qui passait. Oui. Ce n’était pas moi que je protégeais, j’étais condamnée à mourir de toute façon ! Naître, souffrir, mourir et renaître à nouveau, c’était cela ma malédiction... Mon âme était rattachée à cette dimension de force, je n’avais ni le droit au paradis, ni le droit à l’enfer, le repos éternel m'était interdit. J’étais coincée dans un cycle de réincarnation malsain sans fin, impuissante et toujours plus meurtrie par chacune de mes morts, condamnée à vivre chacune d’elles lorsque je dormais. Aussi, j’avais cessé de la craindre. « Je pense... » Commençais-je, en gardant malgré tout mon calme et mon indifférence. « Que si l’Enchanteresse voulait me dévorer, elle l’aurait fait à notre première rencontre... Il semblerait que vous ignorez "entièrement" les détails de ce qui me lie à la Déesse et je sais que si je respire encore aujourd’hui, ce n’est que grâce à moi. »
          Annonçant ici que j’ai amadoué la bête bien avant qu'il cherche à jouer aujourd'hui cette carte du protecteur magnanime. Croisant les bras, je rajoutais. « Je ne serais pas votre outil sous prétexte que vous allez faire ce que j’ai déjà réussi à négocier avec Enchanteresse. De toute évidence, vous ne semblez pas rechercher la loyauté chez vos sujets au vu de votre manière de m’aborder... Dans ce cas, si vous voulez mes services, il vous faudra les acheter. Vendez-moi la nature de ma mission et ce que j’ai à y gagner... Ensuite, je vous dirais de quoi je suis capable. » Je levais les mains, haussant les épaules avant de poursuivre sur un ton nonchalant. « Où alors, faites dans le cliché, menacez-moi, utilisez la force... » Comme le font les gros méchants qui se pensent au-dessus de tout... Quoi que, lui n’était rien à côté du Diable et pourtant, le diable se montrait bien plus séduisant quand il était question d’offrir quelque chose pour avoir la loyauté de ses suppôts. Toujours est-il, qu’utiliser la force sur moi ne fera que lui priver d’un temps précieux, en plus de perdre toute opportunité de faire affaire avec moi. Oui... Sans doute, était-il plus puissant et sans doute, pouvait-il me tuer ? Et alors ? Je suis sorcière, une semi-démone de surcroît, pas une pauvre humaine apeurée.     

         Pour le moment, il n'était pas mon ennemi... Je ne désirais pas qu'il le soit. Avoir à manipuler une déesse pour ma survie, c'était déjà beaucoup trop. S'il m'attaquait, tant pis... Je préférais fuir ou mourir ici plutôt que de continuer plus longtemps cette mascarade. Et si on en arrivait là, il devrait alors expliquer à Enchanteresse pourquoi je n'allais plus répondre à ses textos et me cacher d'elle et de lui, si je survivais à cette nuit.   

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La Mort est une chienne qui n'embrasse que ceux qui la craignent, mais se refuse à voir les illuminés prêts à recevoir son baiser. - Faith Cross

Pourquoi ce bâtard m’en veut, quand je rate il dit que c’est moi, quand je réussis il dit que c’est Dieu...

           Je baissais les mains, croisant les bras à nouveau lorsque j’entendis sa réponse. Il semblait presque soulager de m’entendre dire que je n’avais pas besoin de lui pour me protéger d’Enchanteresse. Ce qui me laissait penser qu’il cherchait peut-être à me tester ici. Je n’en savais rien. Ce qui était sûr, c’est que j’ignorais comment aller évoluer ma relation avec cette déesse. Je préférais la caresser dans le sens du poil et lui donner l’illusion qu’elle me tenait par la gorge, il n’y avait qu’on se montrant malin et rusé que l’on pouvait comme David, tuer un géant bien plus puissant que soit. Et de toute évidence, Enchanteresse était mon Goliath, je ne la surpasserais pas avec ma force, autant être patiente et intelligente quant à l'attitude que je devais avoir avec elle. Le temps que je trouve une solution pour ne plus l’avoir sur mon dos. Et peut-être... Bien qu’avec beaucoup de maladresse, cette solution se présentait à moi.  
         Pour autant, je devais rester vigilante. Parce que je n’aurais pas la bêtise de jeter mon énième vie pour une cause perdue. Ma réaction lui semblait divertissante... Ce qui me semblait bien étrange, mais peut-être pas non plus incohérent avec le personnage. J’imagine qu’en étant un allié de cette Déesse qui manquait cruellement de patience et de retenue, il avait adopté un style cruel de meneur de troupe. Cependant, régner par la terreur ne fonctionnait que sur ceux qui tenaient à la vie et dans un très court terme. Parce qu’à la moindre occasion, s’ils trouvaient l’opportunité de retourner leur veste, ils le feraient. Oui. Je parlais de loyauté et j’étais bien triste d’entendre sa réponse. Une réponse typique d’un homme incapable d’inspirer et de devenir un modèle pour ceux qui suivraient ses valeurs et sa cause. Je ne m’étais sans doute pas trompée à son sujet, il était bien un humain et non guère un dieu même si ce je ressentais cette essence divine en lui.
 
          Oui, si les pouvoirs divins étaient propre à cette essence, l'existence même des dieux païens, leur force, dépendait principalement de la foi des hommes, leur loyauté envers leur divinité respective... C’est pourquoi beaucoup de dieux cherchaient encore à négocier avec les primordiaux pour obtenir des âmes humaines qui entretiendraient la puissance de leur essence. Mais même sans mentionner les dieux, les hommes savaient que sans loyauté, ils ne pourraient gérer les hommes à leur service. L’armée utilisait l’amour de la patrie, de la liberté ou n’importe quelle autre motivation pour envoyer des hommes à la mort, certains utilisait même la foi religieuse comme moyen d'obtenir une loyauté. Indirectement, j’étais moi-même devenue loyale envers la déesse, car je voulais la laisser loin de ma vie, loin de ma mère par amour pour elle. Il a vécu des centaines d’années et pourtant, il semblait encore bien incapable de comprendre le cœur des hommes.
           Même le Joker arrivait à entretenir la loyauté de son étrange gang, faisant parler de lui dans les journaux. Il échouait donc là où un homme qui n’avait pas toute sa tête avait réussi ? Quelle tristesse. Dans ce monde, être puissant ne signifiait rien. On ne changeait pas le monde seul, c’étaient les efforts de tous qui révolutionnaient les choses. Superman avait beau être un dieu vivant, que pouvait-il faire si le monde le rejetait ? Détruire la planète ? Le pouvait-il ? Alors même que ce monde portait en son sein des choses bien pire que sa propre existence, Enchanteresse et cet homme devant moi en étaient la preuve. Je préférais toutefois garder le silence, il n’y avait rien à ajouter à cela. Sa dernière question me fit lever un sourcil... « Cela dépend de quel enfer il est question... » Commençais-je... Oui, car l’apparition des divinités païennes avait permis l’existence de sous-poche dimensionnelle liée à leurs panthéons respectifs comme l'Olympe et Tartare pour les dieux de la Grèce... Et avant leur apparition, il y avait l’enfer originel, là où vont toutes les âmes damnées, humaines comme extraterrestres... Celle qui n'ont pas suivit les dieux païens.  

            C’était là, l’Enfer où trônait le grand Lucifer Morningstar, la seconde entité la plus puissante du multivers après la Présence, connu sous l’appellation de Dieu ou du Tout-puissant. « Si tu parles de la porte qui mène au Chaoplasme, l’enfer biblique, le grand Pandémonium... Alors ouvrir l’une de ses portes, pourrait indubitablement provoquer la fin des temps comme décrit dans la bible. » Décroisant les bras, je rajoutais. « Dieu et Lucifer ont parié nos âmes, y compris celle que je sens en toi, mais sous certaines conditions. Si je mène une vie pieuse, j’irai au paradis, si je fous la merde, j’irai en enfer... Tu vois le topo. En réalité, tout ceci, n'est qu'un prétexte pour éviter que les légions infernales de Lucifer et la cohorte d’anges de Dieu entre ouvertement en guerre. Cette dimension ne survivrait pas à cette bataille. Dieu a alors imposé un traité de paix, où les anges et les démons devraient respecter un tabou qui les empêchait de toucher aux créatures douées du libre-arbitre, ce qui inclue les dieux ou les déesses comme Enchanteresse. Lucifer, lui veille à ce que ses démons restent en enfer, hormis lorsqu’un humain a la bêtise d’en invoquer un de sa propre volonté. »
          Ici, les possessions démoniaques n’étaient alors pas considérées par Lucifer ou par Dieu comme quelque chose qui allait à l’encontre du libre-arbitre puisque c’est de sa propre liberté que l’humain aurait invoquer une entité démoniaque et signer le contrat qui lui aurait fait perdre son âme et son corps. Je poursuivis. « Toutefois, ouvrir l’une des portes du Chaoplasme et libéré les légions infernales sur terre, irait à l’encontre du tabou imposé par Dieu, ce qui briserait la paix fragile entre le Paradis et l’Enfer. Ce serait la fin des temps... » Et je ne parle pas uniquement des humains, les anges sont des êtres en possession d’arme divine capable de terrasser un dieu du niveau de Zeus... C’est d’ailleurs pourquoi beaucoup d’entre eux comme Susanoo, d’après ma mère, traite soit avec les anges, soit avec Lucifer pour préparer leur camp si cette guerre sainte venait à éclater de nouveau.  

           Les hybrides comme moi, ne seraient aucunement épargnées non plus si je refusais de prendre part à un camp. D’ailleurs, tout est écrit dans la bible infernale que je portais dans mon sac actuellement. Mais il était hors de question que je lui révèle cela. « En-tout-cas, je sais que beaucoup de mes congénères, depuis que cette paix existe, cherchent à ouvrir l’une de ses portes autour de nombreux rituels qui n'ont jamais abouti... Beaucoup, veulent cette guerre. »