Too many feathers in this world ♦ FEAT. Aleck & Michel & Gabriel

♱ Too many feathers in this world ♱

All you are to me is a bleak sadness... I am the mark intent on burning your melancholic world - Calypso

Gotham, Mardi 15 novembre 2022...

           Gabriel était perplexe et se demandait ce qu’on attendait de lui... Le fait est que le chef accepte que leur consultante non-qualifier en tant qu’agent de terrain, se mette en danger dans une mission d’infiltration, c'était bizarrement louche. Goyle avait dû dire cracher le morceau. Tout cela montrait aussi Ô combien instable était la police de Gotham. Bon en vérité, l’archange faisait déjà ce genre de chose loin de la supervision du GCPD afin de trouver des éléments impliquant de résoudre une affaire, parce que les moyens trop conventionnels étaient pour elle trop long. Elle n'enfreignait aucune loi, elle la contournait méthodiquement, c'était différent. Pourquoi attendre une perquisition, quand le malfrat pouvait, gentiment, l'invité de lui-même à entrer dans la demeure ? Ahah. Ce qui avait un temps agacé son ancien partenaire qui avait fini par ne plus porter une quelconque attention à ses excentricités. Mais de là à ce que le chef du GCPD accepte que leur consultante s’infiltre de manière plus officielle, cela avait évidemment surpris le concerné qui avait l’impression de corrompre un peu plus cette institution. Bon d’un contexte plus innocent, peut-être que l'équipe avait tout simplement confiance en leur consultante et aux capacités qui lui étaient propres.  
         Mais du coup, s’il devait s’infiltrer, de manière officielle cette fois, mieux valait le faire dans de bonnes circonstances. Le déchu mit au placard son habituel costard, cravate de tous les jours qui lui donnait une apparence androgyne, pour une tenue cette fois un peu plus féminine. L’Hornblower portait une combinaison en Jean un peu moulant, qui avait l’allure d’une robe. Il s’observa un moment d’un air perplexe, Gabriel n'était pas ignorant des goûts vestimentaires des êtres humains et de la mode, mais ne pouvait s'empêcher de la mépriser. Il passa l’éternité à les observer évoluer, il fallait donc être un imbécile pour ne pas comprendre certaine chose du comportement humain. Surtout venant de celui qui avait d’infiltré le monde humain, bien avant, ce dernier avait passé des siècles à le faire parmi les Panthéons divins, d’où le fait qu’il était aussi connu pour être Calypso. Pour autant, c’était son expertise qui lui permettait aussi de tenir un tel job, comment traquer un psychopathe sans déjà connaître comment fonctionne au préalable l’esprit humain.  

       Et c’était sans doute parce qu’elle en savait trop sur l’esprit humain, que l’archange avait un jour dans son existence, tenue grandement à relâcher les enfers sur Terre. Quoi qu’il en soit, la mode n’était pas non plus un problème, autrement le céleste n’aurait jamais pu apprécier de porter le smoking, n’est-ce pas ? Elle considérait ce style comme étant le plus raffiné à ses yeux, elle pourrait avec cette apparence, porter des tenues distinguées plus féminines. Mais ses goûts l’avaient poussé à cette masculinité vestimentaire, ni plus, ni moins. Pour cette infiltration, cependant, il n’avait pas à prendre en compte ses goûts dans l’équation de la mission. Il devait être une autre personne, par conséquent, il ne sera pas Gabriel, mais Whittier Wyatt Paterson. Whittier est une femme coquette, mais elle a toujours aimé le goût du risque, jusqu'à dans ses fréquentations. C'est pourtant une fille à papa qui n’a jamais manqué de rien, une gosse de riche qui n’a jamais rien compris à ce que pouvait subir ceux et celles vivant dans la pauvreté.
       Whittier était autrefois une pompom girl, la fille plus populaire de son lycée. Son premier petit copain était bien sûr le meilleur joueur de l’équipe de football, quarterback et capitaine de l’équipe avant de le larguer à la fin de leur parcours scolaire. Mais Whittier est une blonde typique, Gabriel a donc usé de son essence divine pour changer les racines de ses cheveux et faire de son brun sombre, une chevelure aux mèches d’or typique de l’Américain moyen. Il avait évidemment inventé de A à Z cette identité. Aussi, il entra dans son rôle dès l'instant où Aleck vint le chercher. La consultante lui avait déjà envoyé par texto son identité. Pour la mission, ils avaient convenu que les deux seraient “amant” un peu à la Bonnie and Clyde. Parce que Whittier est juste très belle, mais pas très futé, le personnage d’Aleck serait donc la mauvaise fréquentation qui aura initié la blonde à ce monde dangereux, elle n'était que sa Barbie la suivant partout dans ses folies. « Tellement excité, bébé. » Dit-elle en posant un baiser sur sa joue... Oh que oui, l’excentricité de Gabriel ne pouvait s’empêcher d’exploser ici.

         Diable, ça lui rappelait quand elle embêtait aussi de la sorte le vieux Goyle, dans leur propre mission officieuse et parfois non autorisé d’infiltration. Elle le voyait déjà bégayer “Mais... Mais bon dieu, Gaby, il y a que nous deux pour le moment.” Mais pourquoi attendre d’être en présence des cibles pour faire ce qu’on a à faire, c’était stupide. « Oh chouchou... Tu sais bien que ce n'est pas bon pour ma ligne. » Dit-elle, en essuyant l’air complice le rouge à lèvre qu’elle avait laissé sur sa joue. Assurément, après la mission, Gabriel allait se goinfrer pour sa part, heureux du geste de la part de son collègue. Cela changeait des canettes de bière qu’apportait Goyle pour les filatures de plusieurs heures en bagnole. Ce type était-il vraiment flic ? La question pouvait être légitime au vu parfois du comportement du bonhomme. Elle soupira avant de sortir de son rôle un instant, prenant un ton plus habituel, indifférent et froid. « Bon, où doit-on retrouver ta source déjà ? Est-ce qu’on doit directement se rendre à l'adresse qu'elle nous a indiqué dans son message où on va la chercher avant ? »

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All you are to me is a bleak sadness... I am the mark intent on burning your melancholic world - Calypso

Gotham, Mardi 15 novembre 2022...

           Assis confortablement, sur le siège passager, Gabriel dégusta sa pâtisserie, son prendre en compte la dernière question de son partenaire. La réponse lui semblait évidente. Un moment des plus paisible si des voix lointaines n’en avaient pas interrompu douloureusement l’instant. En tant qu’archange, il lui était facile d’en ignorer les psaumes lointains, mais depuis sa chute elle en était désormais si sensible et si influençable que s'en était presque insupportable. Il devait encore s’agir de ses Atlantes, vouant un culte à celle que le déchu fut autrefois, lors d’une mission d’infiltration faite au nom de Dieu. Évidemment, avec l’aide d’Atlas, Gabriel avait créé cette personnalité dans le simple but d’observer l’Olympe sans pour autant y prendre part majeure. Pourquoi diable une partie des Atlantes voyait en lui une déesse à qui vouer un culte. Pourtant, en tant que Calypso, ses actions avaient toujours été mineures, et ce, de manière calculée et réfléchie, de la moindre importance divine. L’archange a l’impression que le pacte qu’il a pu passer avec Ulysse, jadis, a été plus décisive que ce qu’il aurait pu le prévoir. Ou peut-être, était dû à Atlas lui-même ? Le problème étant qu’aujourd’hui, il avait l’impression d’être comme ses étrangetés de la création qu’il exécrait, ses divinités païennes
        Déchu en tant qu’Archange, elle s’éveillait ironiquement en tant que Calypso, cette fois de manière plus réelle qu’autrefois. Car n’étant plus un démiurge, il devenait simplement la déesse qu’il avait fabriquée. Le nom avait un grand pouvoir, une grande influence à l’échelle cosmique, spirituelle et divin, elle faisait leur force des êtres célestes et maintenait des panthéons au-dessus des mondes. Les pouvoirs sacrés de Gabriel étaient destinés à s’éteindre avec sa chute, mais à présent, ils se maintenaient parce qu’il avait aussi pour nom divin ‘’Calypso”. Chaque croyant prononçant son nom à travers l’existence, dans l’espoir de l’invoquer à travers une prière, Gabriel en percevait les voix multiples, l'essence pure de leur foi, nourrissant la sienne. Mais jusqu’à maintenant, les voix étaient paisibles, pourquoi aujourd’hui semblaient-elles en détresse ? Cela lui donnait un léger mal de crânes. Sans doute, beaucoup auraient été ravis d’être à la position de Gabriel, d'être encore en mesure de manifester des miracles, même si l’échelle de puissance n’était plus cyclopéenne. Mais Gabriel détestait les dieux, elle était un archange, elle n'avait en aucun cas envie d'être leur égale par arrogance, certes.

       Toutefois, après avoir observé les dieux à la demande de son père, l’archange déchu a naturellement fini par les haïr, au même titre que les humains. Ces êtres d'ego, rongés par l’arrogance et l’avarice, la luxure et la convoitise, n'avait rien de désintéresser comme pouvaient l'être, les anges et le père de toute chose. Les païens ne voulaient l'âme des fidèles que pour assurée la pérennité de leur puissance personnelle. Voués donc à ronger l’âme humaine à l'image des démons pour gagner en puissance, mais en ayant la folie et la tromperie de se faire passer pour leur créateur, oui, Gabriel les exécrait... Et voilà qu’il... ou plutôt, “elle”, était en train de devenir comme eux à cause d’un malheureux pacte passé, c'était injuste. Elle ne voulait pas être déesse de quoi que ce soit, aussi, en tant que Calypso, elle ignorait volontairement toutes les prières qu'elle entendait. Omniscient à l’époque, Gabriel avait choisi d’être la fille d’Atlas parce que cela représenterait une existence de moindre importance pour les humains comme pour les dieux. Il avait même choisi de s'isoler sur une île afin que son nom ne se propage pas au-delà des sept mers et des continents. Un échec qui n'était pas normal. Elle n'avait pas vu dans ses visions l'obsession qu'avait Poséidon pour Calypso, ce dernier voulait à tout prix faire de l'archange à l'époque son épouse. De plus, Gabriel vit davantage celle que le dieu de mer avait pour Ulysse. Son nom avait atteint le monde, tant de la surface que celle des abysses.
        Mais pourquoi son omniscience n’avait pas su voir les rifts de cet avenir... Est-ce que son père était intervenu à travers sa clairvoyance ? Lui seul en avait le pouvoir. Et si ce fut le cas, voulait-il lui-même que Gabriel devienne Calypso, qu’elle en aurait été la raison ? Quand les voix cessèrent, le céleste souffla songeant que le pire était passé et qu’il pouvait reprendre la dégustation de sa pâtisserie sans problème. Mais cette fois, oui, cette fois, ce furent les vestiges de son essence démiurgique qui vinrent à réagir, faisant frémir désagréablement son être comme si des milliers de vers parcouraient les fibres de ses muscles sous sa chair. L’enchaînement du premier événement, puis désormais celui-ci, força l’archange déchu à abandonner pour le moment sa dégustation, laissant tomber sa pâtisserie dans sa boîte. Il lui fallut quelques instants toutefois, pour comprendre la raison même de ce soudain soubresaut primordial.

       L’un de ses frères aînés était présent non loin, cela semblait improbable... Oui, que ce soit Micheal ou bien Lucifer. Micheal avait une obligation primordiale, celle de garder l’entrée de la cité d’argent et Lucifer, de maintenir l’ordre dans le Chaoplasme. Ni l’un, ni l’autre n’avait le temps de manquer à ses devoirs. En réalité, parmi les démiurges de la création, le plus libre était justement Gabriel qui avait un devoir de “messager” et/ou de “porte-parole” de la voix de Dieu à travers les mondes de la création. Toutefois, Gabriel était aussi conscient que Lucifer pouvait avoir ses moments de susceptibilité, il n’avait aucun mal à imaginer que son aîné, sous un caprice soudain, puisse vouloir quitter les enfers. Le déchu sentait la présence démiurgique approcher dans sa direction, laissant son esprit se diluer à travers diverses questions sous la nervosité grandissante. Mais surtout, il se demandait pourquoi cette présence cherchait-il à la rejoindre. Si c'était Lucifer, pourquoi revenir la voir après avoir brûlé ses ailes ? Avait-il envie de voir le résultat de son œuvre ?  
       Et puis une “femme” apparue, de toute évidence, elle connaissait son partenaire. Lui donnant un surnom aussi douteux que ceux que pouvait donner Aleck lui-même. Le regard bleuté de l’archange s’attarda sur la silhouette son prendre en compte ses paroles. Elle ne dégageait aucune aura céleste, et pourtant, l’essence démiurgique détruite de Gabriel résonnait indubitablement avec cette femme. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Il ne pouvait s’agir d’un changement de forme angélique, car le déchu pouvait à l’instant observer l’âme “torturée” de cette humaine à travers son véhicule de chair. Une Nephilim qui serait directement le descendant d’un de ses frères ? Non, l’âme était purement humaine et surtout, elle n'avait aucune aura angélique ? Là, même Gabriel ne sentait rien. La dernière hypothèse et la plus improbable, seraient la possession et que l’être à l'intérieur camouflait volontairement sa présence céleste.

         Micheal ne serait pas assez fou pour commettre une telle hérésie envers le libre-arbitre, c’était l’œuvre et le jeu du démon. Par conséquent, ça lui semblait plus raisonnable de songer que c’était bien Lucifer, cacher à l’intérieur de cette pauvre enveloppe. Mais pourquoi ? Lucifer n'avait aucunement besoin de prendre possession pour se manifester sur terre. Ses propres démons le faisaient uniquement parce que leur apparence originelle trahissait leur nature démoniaque, la chair humaine était en plus une protection contre un exorciste novice. Avait-il vraiment quitté les enfers par pur caprice ? Tout cela n’était que des hypothèses, car c’était bien l’âme humaine au contrôle du corps d’argile en cet instant. L’incertitude, l’incompréhension, la confusion vinrent brouiller l’esprit du déchu qui ne sut guère comment réagir en cet instant.
          Et pour sûr, elle ne pouvait pas provoquer Lucifer en l’état, si c’était bien un cas de possession par ce dernier. Même à son Prime, Gabriel n’était pas en mesure de vaincre complètement Lucifer, car à l’échelle de puissance, ce dernier avait été créé par Dieu de manière à n'avoir aucun réel rival, alors que pouvait concrètement faire le déchu face à son aîné, à présent qu’il n’était plus qu'une ruine de lui-même. Gabriel souffla... Et se força à reporter son attention sur sa pâtisserie. Il rajouta tout de même. « Déjà, je ne suis pas flic, mais libraire pour commencer et je ne suis que consultante pour le GCPD... Jeune femme. »