No rest for the weaklings (PV Gabriel)

No rest for the weaklings.

We fight, we fall. Duty calls, it calls. Say we choose, but it's no choice at all. Duty calls, it calls. We rise, standing tall, steady hand for the draw. Swing the sword, see them fall. Duty calls, it calls. --  feat. @Gabriel Hornblower

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♱ No rest for the weaklings ♱

All you are to me is a bleak sadness... I am the mark intent on burning your melancholic world - Calypso

13,7 milliards d’année av. J.C...  

          Des ténèbres, j’émerge sous le souffle d’éternité de l’unique, cette grande présence primordiale. Apparaissant sous quelques incertitudes aux côtés de mes ainées, oui, bouleversé et plongé dans la confusion d’une naissance brève et soudaine. Sans savoir à quoi peut bien servir l’existence qui est mienne, davantage face à cette contemplation silencieuse, me révélant Ô combien impuissant, j’étais face à celui qui était à la fois infiniment grand et partout à la fois. Pourquoi un être d'une telle existence avait décidé de me créer quand, à lui seul, il pouvait de toute évidence, tout faire, tout créer ? Silencieux, j’écoutais l’échange entre lui et Samael, étonné et fasciné par sa capacité à déjà défier l'être qui nous dominait par sa simple présence... Et d'un côté, fasse au propos de Samael s'insurgeant d'être esclave de sa condition, je ne comprenais pas moi-même pourquoi le Primordial nous avait chargé de façon l’univers. Pourtant, oui, seul Samael, ici et en cet instant, avait eu le courage d’exprimer ses pensées sans craindre la colère de celui qui n’hésita pas à nous mettre en garde. S’il nous a créés, il n’aura aucune difficulté à nous détruire.  
     Naïvement, sans doute, je n’ai vu en ses mots durs et cruels, que les paroles d’un père démontrant son autorité parentale, par la suprématie d’un fait qui n’était pas à remettre en question. J’avais été créé sans libre-arbitre, j’étais ce que je devais être peu importe ma volonté. Et même lorsque Lucifer mit en évidence le fait que les créatures d’argile avaient eu le droit à ce libre-arbitre, malgré l’injustice évidente dont père faisait preuve envers ses premiers enfants, j’ai toujours aveuglément songé que les voies du seigneur était impénétrable. Qu’il y avait forcément une sagesse et un plan derrière ses décisions. Fidèle brebis que j’étais. Si fidèle, si apte à boire ses paroles que ce fut à moi qu’il confia les décisions les plus ridicules, les plus terribles. Père était un créateur de mondes et de vies, insufflant l’âme immortelle dans le corps. Mais il avait fait de moi son destructeur de mondes et de vies que je prenais sans remettre en doute ses ordres. Les vies de ceux qui le mécontentaient.  

          Oui, tous les indices étaient là pour m’annoncer dès ma naissance que ce dernier n’était qu’un expérimentateur fou. Le multivers qu’il nous avait poussé à façon avec Samael et Michael, n’était que son terrain de jeu. Mais seul Lucifer avait su voir la folie derrière ses actes. Est-ce qu’avoir foi, est-ce qu’être fidèle, fait de vous quelqu'un de bien ? J’ai toujours pensé que la loyauté était une forme de sagesse, mais en réalité l’un et l’autre étaient grandement incompatible. La loyauté fait de vous un bon soldat obéissant, tandis que la sagesse vous pousse à être meilleur en remettant parfois les décisions de vos maîtres en question. Lucifer, avait-il alors été le plus sage d’entre nous à l’aube de la création ?  

2022, Metropolis...

       Aujourd’hui... J’étais un déchu et je nourrissais de la rancœur envers le créateur, le tout-puissant, mon père éternel. Un acte de foi pouvait parfois mener à un bien funeste sort. Les victimes d’un culte pouvaient en subir les frais, parfois de leur plein gré et je pouvais désormais moi-même en parler par expérience. Oui. Depuis que mes ailes avaient été arrachées par les flammes infernales, chose qui ne serait jamais arrivée si père ne m’avait pas dérobé ma grâce. Ma vie était devenue similaire aux créatures d’agile. J’étais physique, j'étais de chair et de sang, mortel. Tout ce qui me restait, c’étaient les vestiges de mon essence démiurgique. L’omnipotence était toujours présente, mais je n’avais pas l’énergie divine pour en faire désormais pleinement usage. Qu’étais-je en l’état ? Pour mes frères, un de plus qui avait chuté et qui avait rejoint les exilés. Mais pour les créatures de ce monde ? Oh... À leur échelle, je restais sans doute quelque chose de comparable à l’infiniment grand. Quand bien même, j'étais devenu infiniment petit.  
        J’ai pourtant, sous les ordres de père, porté divers masques et diverse identité durant différentes périodes cosmique où je devais observer la vermine païenne et la détruire si celle-ci se révélait une menace pour la création. Ankar sur Tamarran, Danakor sur Mars, Sion sur Krypton, Calypso sur Terre. J’étais un messager, parfois une épée de Damoclès, ou bien un simple visiteur. Mais pour la plupart, notamment sur Krypton et sur Terre, j’étais une déesse malgré moi. Qu’était-ce que les dieux, à mes yeux, rien de plus que des vautours comparés à ce que je fus à la création. L’arrogance m’aurait poussé à me conduire comme eux, à devenir comme eux. Je n’étais plus un démiurge, je n'étais désormais qu'une déité, archange brisé, forcé de mendier un peu de foi pour survivre et regagner de la force. C’était triste. C’était humiliant. Mais... Je n’avais plus tellement le choix, une menace planait par ma faute. Et sans doute, ressentais-je ici, une forme de responsabilité mal placée, de résoudre mes propres erreurs.

         C’était la raison de ma présence dans un lieu comme celui-ci, j’étais à la recherche d’individus particuliers dont la foi pouvait considérablement me faire gagner un gain de temps. Je fixais la Kryptonienne durant son combat... La civilisation Kryptonienne avait plus de 100 milles ans d’évolutions, j’étais apparu sur leur monde quand leur espèce était encore jeune et primitif. Est-ce que toutefois, la jeune femme avait pu entendre parler de Sion. Les dieux mineurs étaient souvent bien vite relégués à un second plan, parfois oubliés, jusqu’à ce qu’une œuvre fasse d’eux, les héros des nouvelles générations. Qui connaissait concrètement Kratos, fils de Zeus avant la sortie de la série de jeu God of War ? Et qui pensait que ce dernier n’est qu’un personnage inventé pour le jeu ? Alors que Kratos à bel et bien était mentionné dans la mythologie par les hommes. Je l'ai même rencontré sous mon identité de déesse marine. Les mineurs étaient oubliables et c'était justement pour cette raison que j'en prenais le rôle, pour être oublié dès ma mission terminée.  
       Être une divinité mineure était un rôle qui me convenait, je pouvais observer les panthéons sans être dérangé, sans être craint. Parce qu’un démiurge, était plus qu’un dieu mineur, plus qu'un dieu majeur... Un démiurge était un primordial. Oui, j’étais un primordial. Le mentionner au passé me déchirait le cœur, car je n'étais plus qu'Homme, plein de rancœur. Le bonsoir me surprit, m’arrachant à mes lourdes pensées. Que c’était étrange... Je n’avais pourtant encore rien fait pour ne serait-ce que me démarquer des autres. Pourtant, elle m’adressa la parole. Était-elle sensible à la faible énergie divine que je dégageais en l’état ? Que percevait-elle de cette aura céleste ? Ce dernier était différent d’un individu à un autre. Un sage musulman était capable de voir en moi Djibrïl, un Atlante ressentirait par intuition que j’étais lié à la mer, à Calypso, les chrétiens “sensibles” penseraient voir ma lumière, celle du saint esprit, celle de Gabriel... Possible que pour elle, si elle était tout aussi sensible, elle verrait quelque chose de familier à son monde.

         Quoique, ça, je l’ignorais... Je pouvais le déterminer à l’aide de l’omniscience, mais je n’étais plus en position de gaspiller mes pouvoirs pour assouvir une simple curiosité éphémère. « Bonsoir. » Répondis-je en retour, lui offrant un simple sourire. Je ne pouvais pas lui dire que j’étais là ce soir pour elle, simplement comme ça, n’est-ce pas ? La voir prendre la vie d’un individu si simplement me laisser perplexe, mais pas au point de la juger, moi qui ai fait pire par le passé. Si mon père pardonnait même à la pire des ordures, pourquoi la jugerait, elle avait tout le temps de changer avant sa mort et ce n'était pas à moi de la forcer à prendre un chemin, sinon, le jugement n'aurait aucun sens à la mort... Si je voulais devenir sa déesse, alors je me montrerais aussi impartial que l’est père envers les mortels. « Voilà un combat que personne n’oubliera ce soir, n’est-ce pas ? »