Un Casse peut en Cacher un Autre

Ft. Oliver Queen

Détourner l’attention.

C’était là tout le but de cette opération. Un grand classique, en soi, le braquage pour couvrir ses traces, et cacher ce qu’on est vraiment venu chercher. Mais ce n’est pas parce que c’est un classique que ça n’est pas efficace. Quand on fait correctement les choses, ça marche parfaitement bien. Et Santi était passé maître dans l’art de faire les choses correctement. Il avait monté toute cette opération pour couvrir ses traces. Pour détourner l’attention. Son plan était d’une terrible simplicité. Il allait droit à l’essentiel, pas besoin de détours alambiqués, de rebondissements en tout genre. Quelque chose de clair, de net, de précis, un but à atteindre, quelque chose qui ne devrait pas prendre de temps.

Santi avait tout préparé en amont. Il avait tout calculé, tout minuté. Il savait très bien que lorsqu’ils rentreraient dans la banque, ils n’auraient que quelques minutes avant que la police n’arrive, alertée par l’alarme silencieuse. Tout était parfaitement millimétré, chronométré même. Les hommes qu’il avait engagés pour l’accompagner savaient parfaitement ce qu’ils avaient à faire. La seule chose qu’ils ne savaient pas, c’était ce que Santi était vraiment venu chercher. Le mercenaire avait été engagé pour récupérer des documents dans un coffre-fort bien précis. Enfin, pas vraiment les récupérer, car il ne fallait pas qu’ils disparaissent. Il devait juste récupérer les informations que contenaient ces documents, pour les ramener à son employeur. Le fait que son équipe ne soit au courant de rien était une sécurité. Ils ne pouvaient pas le trahir, ni même raconter à la police ce qui se tramait réellement en cas d’arrestation.

Ça, c’était dans le pire des cas.

Enfin, plutôt, ce qu’il croyait être le pire des cas.

Car au début, tout se passait parfaitement bien. Tout se passait comme Santi l’avait prévu, ils étaient entrés dans la banque, avaient neutralisé le gardien de nuit, et Santi avait lancé son minuteur, avant de se rendre à la salle des coffres-forts particuliers. Il avait laissé ses comparses s’occuper du coffre-fort principal, ils pouvaient prendre ce qu’ils voulaient. Bijoux, argent, objets de valeur, tant qu’ils se servaient et que toute l’opération ressemblait à un vrai casse, Santi les laissait faire. Au moins, il était tranquille pour faire ce qu’il avait à faire. Il avait très vite trouvé le coffre qu’il lui fallait, et l’ouvrir n’était pas si compliqué que ça quand on savait comment faire. Les gens ont tendance à penser qu’un coffre-fort est impénétrable, mais c’est faux. D’ailleurs, pour une banque qui se targuait d’offrir la meilleure sécurité possible à ses clients, les coffres étaient de très mauvaise qualité. Santi était en avance de 30 secondes sur son planning. Ça ne paraissait pas être beaucoup, mais chaque seconde était cruciale. Il avait enfin mis la main sur ce qu’il cherchait. Juste le temps de sortir son téléphone et de caler la petite lampe torche avec laquelle il s’éclairait entre ses dents, et il scanna tous les documents, un par un. Alors qu’il en était arrivé au dernier, il entendit la radio grésiller. Puis, l’alerte.

« Hijo de puta ! »

Forcément. Il aurait dû prendre ça en compte. Grosse erreur de sa part. Le problème était qu’il était coincé. Il n’y avait aucune sortie du côté de la salle des coffres, aucun moyen de filer par là et de laisser l’archer à ses coéquipiers. S’il voulait s’échapper, il allait devoir affronter le justicier. L’idée ne lui plaisait pas, il n’avait pas envie de se retrouver pris en sandwich entre la police et un justicier un peu trop zélé. C’était beaucoup trop risqué. Santi avait l’habitude de disparaître, une fois le contrat terminé. D’être un véritable fantôme, ne laissant aucune trace de son passage ou presque. Là, ça serait impossible. Il allait devoir improviser, et il détestait ça. Ça voulait dire qu’il n’avait aucun contrôle sur la situation.

Il détestait perdre le contrôle.

Mais bon, s’il voulait s’en sortir, il allait devoir reprendre le contrôle de la situation. Le temps qu’il sorte de la salle des coffres, une épaisse fumée opaque avait envahi les lieux. Santi se cacha derrière un meuble et sorti son arme. Il fallait qu’il repère l’archer pour essayer de s’en débarrasser au plus vite, mais pour l’instant, il ne voyait rien. Plus personne ne bougeait, attendant ce qui allait se passer. Puis, il entendit la voix de l’archer, et leva les yeux au ciel.

« T’es venu tout seul, pendejo ? Dommage, quitte à me battre, j’aurais préféré que ce soit avec ta copine, au moins j’aurais pu admirer la vue ! »