Rain does not clean sins, it hides Vengeance [Terminé - Intrigue I]

Batman & Vicki Vale

Rain does not clean sins, it hides Vengeance

Le tonnerre résonna, manquant de la faire sursauter. Elle leva les yeux vers le ciel crépusculaire qui s'étendait juste au-dessus d'elle pour voir d'où la menace venait et si elle aurait le temps de rentrer chez elle avant d'avoir le droit de prendre une douche gratuite. Elle resta là, un long moment, à fixer les nuages menaçants, espérant d'une certaine façon qu'il se mette à pleuvoir, comme si le ciel lui-même se mettait à pleurer, et que toutes ses larmes viennent à laver la misère et la violence qui étaient devenues le quotidien de Gotham. Comme quoi, on pouvait toujours faire pire dans l'existence. Elle avait toujours apprécié l'odeur de la pluie, comme si cela annonçait le renouveau, même pour quelques secondes. Pour autant, même si elle n'avait rien contre un peu de mélancolie à regarder l'orage s'abattre derrière les vitres de son appartement, elle n'avait clairement pas envie de se retrouver dessus quand il finirait par éclater. Elle pressa donc le pas autant qu'elle le pouvait vu la hauteur des talons qu'elle portait et la courte taille de la robe dont elle était affublée pour le service. Vicki aurait sans doute beaucoup de chose à redire sur l'image de la femme dans un tel établissement, malheureusement cela était bien le cadet des soucis de la population de la sombre cité et elle n'avait nullement envie de griller sa couverture pour des revendications qui n'avaient pas leur place pour le moment. Son père lui avait dit un jour qu'il fallait parfois choisir ses combats et il était bien trop nombreux ici pour s'attarder sur celui-ci.

La pluie s’abattit malheureusement trop rapidement à son goût et elle n'eut aucun moyen de se protéger de la pluie qui battait avec violence le pavé. Super, elle allait ressembler à un caniche tout mouillé. Au moins avait-elle la protection de sa perruque sur ses cheveux. Resserrant un peu plus son sac à main contre elle, elle n'était jamais sereine quand elle venait à quitter le travail. Les bruits de la rue n'avaient rien de commun avec les autres villes. Ici, chaque bruissement, chaque craquement, chaque fois qu'un chat feulait, qu'une sirène de police retentissait, semblait presque une menace pour celui qui se déplaçait à pied. Elle ne se souvenait pas de la dernière fois où elle s'était sentie en sécurité réellement, mais cela remontait à une éternité maintenant. Elle bifurqua deux ou trois fois, changeant autant que possible son parcours pour regagner son domicile au cas où on viendrait à la suivre. Enfin, elle repéra le porche de son immeuble et elle pénétra à l'intérieur, poussant un soupir de soulagement. Cela faisait bien longtemps que personne n'était venu réparé ce maudit ascenseur ou plutôt cette cage à poule, mais ce soir elle aurait aimé regagner les étages sans y aller à pied. Retirant ses engins de torture qu'elle portait aux pieds, et la perruque par la même occasion, elle vint à gravir les marches jusqu'à atteindre enfin le seuil de sa porte.

Elle tourna la clé dans la serrure et pénétra dans son studio avant d'allumer la lumière. C'est là qu'elle vit l'homme présent. Et bien avant de reconnaître qui s'était, elle avait lâché ce qu'elle tenait dans ses mains pour pouvoir sortir un revolver de son sac et de le pointer en direction de l'intrus. « Comment puis-je être sûr que c'est vous ?! » Elle poussa ses affaires à l'intérieur de l'appartement d'un coup sec, puis referma la porte. Gardant toujours l'arme tourné vers lui, elle fit quelques pas pour allumer la stéréo présente dans la pièce, après tout même sans ça, si on désirait l'agresser, personne ne viendrait à son secours. « Beaucoup se sont prétendus être Batman au cours des derniers mois, en hommage à lui, ou pour le discréditer. Certains plus vrai que nature … Alors vous m'excuserez d'être sur la défensive. »

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Le temps semblait totalement suspendu. Elle était bien consciente qu'elle ne pourrait pas grand chose face à l'homme à la carrure imposante. Elle était tout simplement une brindille face à un arbre profondément ancré et qui avait été sculpté, sans aucun doute, par des années et des années d'entraînement, ce qui n'était clairement pas son cas. Vicki avait toujours du compenser le fait qu'elle était faible physiquement par le travail intellectuel, la recherche, le questionnement, la curiosité, tenter de modeler les choses pour finir par les tourner à son avantage. Si cela avait été suffisant, ou presque suffisant il y a quelques années de cela, aujourd'hui, l'intelligence allait avec la manigance, le trafic et surtout la loi du plus fort. C'est-à-dire que si on n'avait pas le corps pour pouvoir se défendre, ou la technique pour cela, il fallait avoir les moyens de s'acheter des gorilles pour pouvoir servir de service d'ordre. Mais là encore, elle n'avait pas non plus une bourse très bien remplie et donc elle ne pouvait clairement pas se permettre une telle folie. Alors que lui restait-il pour pouvoir survivre dans ce monde, dans cette époque ? Elle avait suivi quelques séances d'entraînement physique avec son frère, elle avait acheté une arme et avait commencé à utiliser le revolver pour pouvoir tirer sur des canettes de fer blanc. Malheureusement ce n'était pas grand chose, c'était même rien du tout. Elle essayait de garder une certaine constance, une certaine prestance. Elle n'avait pas peur, ou pas autant qu'elle aurait dû sans doute, mais une partie d'elle, une partie plus ou moins consciente, se disait que l'homme qui se trouvait en face d'elle était réellement la personne qu'il prétendait être.

C'est sans doute pour ça qu'elle avait fait ce qu'il avait demandé, bien qu'elle ne pouvait dire qu'elle était réellement rassurée que Batman ou qui que soit d'autre puisse pénétrer aussi facilement dans son appartement. Elle avait certes une grande connaissance informatique, mais le manque de moyen faisait qu'elle ne pouvait pas transformer son lieu de vie en un bunker impénétrable par l'extérieur et où elle pourrait se sentir véritablement à l'abri. Il n'y avait aucun endroit où elle pouvait réellement avoir l'impression d'être en sécurité, même dans le nid douillet qu'elle avait essayé de construire pour elle. La sécurité était un terme impossible à Gotham aujourd'hui. La musique mise, elle baissa quelque peu son arme pour pouvoir observer un peu plus l'homme chauve-souris, ayant du mal à assimiler qu'il pouvait être vraiment de retour après tant d'absence. Elle se sentait à nouveau comme une gamine devant lui, pareille que la seule fois où il s'était directement adressé à elle. Elle vint à sourire de lassitude à sa phrase. « Les gens de bien sont une espèce en voie de disparition, et je dirais même plus d'extermination. Mais je pense que vous vous en êtes déjà rendu compte ... » Elle le laissa faire un pas après l'autre dans sa direction et un instant, elle fut prête à relever son arme juste pour mettre une distance entre eux bien qu'elle savait que cela était inutile. « Il y a toujours des pistes à suivre. Aujourd'hui, il y en a même dans tous les sens. Tout le monde utilise tout le monde … C'est le chaos le plus total, mais cela n'empêche pas de rendre les pièces du puzzle plus intéressantes à rechercher et surtout à comprendre le schéma global. »

Elle finit par baisser totalement son arme et par le poser sur une petite table derrière elle pour pouvoir garder toute son attention sur les images qu'il se mit à lui montrer. Elle referma ses bras autour d'elle alors qu'un long frisson venait à parcourir son corps. Elle garda le silence quelques instants avant de relever les yeux vers lui, plongeant son regard dans le sien. « J'ai été passé à tabac peu après votre départ … Et je n'ai pas arrêtée pour autant. J'essaie de déménager régulièrement mais ils retrouvent toujours ma trace. Je le sais … Oui, j'ai peur. Il serait idiot de prétendre le contraire. Mais je ne veux pas changer celle que je suis, je ne veux pas me laisser bouffer par cette peur. Si je dois disparaître, je veux pouvoir faire le plus de dégâts possibles, pas juste des étincelles, mais un véritable feu. Comme je vous l'ai dit, je vous laisse le costume, les armes et le côté obscur de la force et moi je m'occupe du reste. » Elle se mordit un instant la lèvre. « Mais en votre absence, je n'ai pas réussi à faire de miracles. »

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Trouver un inconnu chez soi n'était jamais une bonne chose, et quelque soit l'endroit de la planète où l'on se trouvait. Il était certain qu'à Gotham, c'était généralement plus le signe avant coureur d'une mort imminente. Ensuite, il fallait quand même prendre conscience que Vicki n'avait pas vu l'homme depuis une éternité, et surtout qu'il était porté disparu depuis maintenant deux années complètes. Toute la ville avait sombré, et pourtant quand on voyait déjà le point de départ, on ne pouvait que se dire qu'il était déjà bien bas. Mais la population avait réussi à creuser un peu plus encore, et toute la vermine qui végétait encore, tapie dans l'obscurité avait fait son entrée dans la cour des grands et ils rivalisaient d'ingéniosité pour essayer de gravir les marches de l'horreur, en écrasant tout et tout le monde sur le passage. Il serait facile de la briser en mille morceaux si on le désirait, mais personne ne pourrait venir à éteindre la flamme qui brûlait en elle. Une flamme vacillante parfois devant l'ampleur de la tâche, et même si pour beaucoup, Gotham était une cause perdue, elle désirait encore y croire. Et il était certain qu'il était bien plus facile d'y croire quand l'ange gardien de la cité faisait sa réapparition alors … Alors qu'on pouvait le croire définitivement disparu à l'autre bout de la galaxie. Mais c'était une chose de le croiser dans la rue, en se doutant qu'il serait présent dans le secteur après une intervention, c'était une autre de le retrouver dans votre espace intime à vous attendre dans le noir total. Entre le costume, et la mise en scène notamment vocal, sans parler de l'heure tardive, il y avait de quoi surréagir à cet instant. Bien qu'effectivement, elle doutait qu'il puisse être une menace pour elle.

Le retour du grand héros cela faisait quelque chose, mais elle s'appliqua néanmoins à ne pas devenir totalement hystérique face à lui et surtout, de pouvoir lui donner des raisons de lui faire confiance. S'il avait fait un détour par son appartement, c'est qu'il attendait quelque chose d'elle et il était clair qu'elle ne voulait pas le décevoir. Elle aurait pu sans doute jouer beaucoup de cartes différentes pour dissimuler son jeu ou son état d'esprit, mais elle préféra l'honnêteté plutôt que tout le reste. Elle se mit à rire doucement. « Ne vous sous-estimez pas, ni ne sous-estimez pas ce que vous avez fait pour Gotham. Tout le monde ne peut pas être un alien venu d'ailleurs ou une femme ayant des millénaires derrière elle. Et puis, les gens ont besoin d'une figure forte qui vient du commun des mortels, qui semble un peu plus accessible. Je n'aurai jamais de force-surhumaine ou des yeux qui lancent des lasers. Je n'arrive néanmoins toujours pas à m'en remettre de ne pas savoir voler, j'aurai adoré ça. » Elle lui fit un clin d'oeil avant de lui proposer de s'asseoir dans son ridicule studio, d'un geste de la main. Elle se tourna alors vers le mur opposé de l'entrée, où se trouvait de nombreuses coupures de presse qu'elle avait accroché, des notes un peu partout, ayant toujours besoin d'expliciter ses pensées.

Elle se mit à chercher son ordinateur portable, qui pour le coup était lui un bunker impénétrable. « Je viens tout juste de commencer à étudier de façon plus sérieuse le cas du Joker et essayer de comprendre comment il arrive à recruter ses cabots. Car il n'est pas seulement question de protéger les siens en le servant, mais je suis certaine qu'il y a un certain profil psychologie qui vient expliquer pourquoi ils se reconnaissent en lui, et pourquoi ils ont ainsi tourné … Pour le moment, le gros dossier sur lequel je travaille, c'est le krach de Wayne Entreprise. Vous avez disparu, vous et vos petits camarades et une fraction de seconde, l'argent de l'entreprise s'est fait également la belle. Il n'y a jamais de coïncidence dans la vie, il faut juste savoir jusqu'où remonter le fil. Personne ne peut totalement faire disparaître ces traces et aujourd'hui tout passe par le biais de l'informatique. C'est bien plus discret que de grosses valises remplies de billets ou de pièces sonnantes et trébuchantes. Deux ans que je remonte la piste, et elle m'a mené au Black Cat. »

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Vicki se sentait scruter dans les moindres détails. Il la jaugeait de pieds en cap, elle n'était pas assez stupide pour ne pas le remarquer, son métier même était d'observer le moindre élément pour pouvoir trouver la faille ou d'obtenir la dernière pièce du puzzle pour enfin voir le schéma complet. Il avait décidé de venir voir une personne qu'il avait connu gamine des années auparavant et qu'il n'avait croisé que cinq minutes dans son existence. Visiblement, il avait continué à la suivre de loin alors que le temps s'écoulait, sans qu'elle ne se rende jamais compte de cet œil sur elle, incapable de penser qu'elle puisse avoir attiré véritablement son attention pour avoir marqué son esprit. Mais sa présence dans son appartement, à la questionner sur ce qu'elle avait découvert, venait à démontrer tout le contraire et c'était clairement valorisant pour tout le travail qu'elle avait fait au cours des dernières années. Vicki ne rêvait pas de gloire, elle ne rêvait pas de prix. Elle ne disait pas qu'elle ne viendrait pas à apprécier cela, mais elle n'attendait pas la reconnaissance de ses pairs, tant qu'elle obtenait l'écoute de la plus large partie de la population. Si les gens n'osaient pas élever leur voix pour se faire entendre, pour parler de leur crainte, de leur désespoir, de leur colère, voir de leur rage, elle serait là pour le faire pour eux. Même si cela comportait des risques. Elle tenta une petite blague en direction de Batman, elle savait rester professionnelle en accompagnant le tout d'une pointe d'humour, sans toute en partie pour gérer le stress et la pression qu'elle sentait monter en elle malgré tout. Elle reprit soudainement son sérieux à la réponse de l'homme en noir, et elle capta à nouveau son regard et le soutint avec détermination. « Je ne vous demande pas de me promettre de me protéger, mais promettez-moi que si un jour je deviens un des monstres que je cherche à dénoncer, vous serez celui qui m'arrêtera. » Elle pensait réellement ses paroles.

Après avoir récupéré son ordinateur, elle s'installa au pied de son canapé, posant ce dernier sur la table basse et elle commença alors à farfouiller dans les dossiers qui s'y trouvaient, après avoir retiré les sécurités pour y accéder. « Comment ça, ça ne sera bientôt plus le cas ? Ici, on fonctionne au donnant-donnant. Si je vous passe les informations que j'ai de mon côté, il faut aussi me rendre la pareille. Que je ne fasse pas des heures supplémentaires au Black Cat à recevoir des mains aux fesses, si vous avez déjà les cartes en main. La pègre se presse là-bas, les plus petits poissons sont accueillis directement dans le club par Selina Kyle. En ce qui concerne les gros bonnets, ils sont reçus dans un espace bien plus privé … Mais en tout cas, ça circule. Et si cela circule, c'est qu'ils ont besoin d'elle. Et je doute qu'ils viennent aussi régulièrement pour mes talents de barmaid ou juste pour les danseuses qui s'y trouvent ... » Elle secoua la tête à sa nouvelle question concernant Bruce Wayne. « Si vous voulez être un bon journaliste, il faut vérifier toutes les pistes, même celles qui sont les plus farfelues. Mais si on parle du krach de Wayne Entreprise, il faut vérifier les informations sur celui qui en porte le nom. »

Elle pianotait à toute vitesse sur son clavier d'ordinateur. « Je ne dis pas que les vidéos n'ont pas de style mais … Je n'ai pas réussi à valider la propagande si joliment orchestrée. Les Wayne ont trop investit pour tout laisser tomber comme ça. Et vu la somme colossale d'argent dont il a été dépouillé, comment il arrive à se payer son tour du monde paradisiaque ? J'ai fait de longues recherches, et personne ne l'a trouvé, ni vu, ni parlé dans les différents endroits que j'ai pu identifier. Je doute qu'il soit perdu au milieu de nulle part sans avoir au moins quelques domestiques, au minimum. Nous vivons à l'air du numérique, Bruce Wayne ne peut pas contrôler toute sa communication sur internet. J'ai lancé une reconnaissance faciale sur les photos prises par des personnes qui auraient été présentes dans les mêmes lieux à la même date et rien. Je ne suis pas une chatte en chaleur et pourtant, j'ai publié un article sur vous après une interview. Se taper un milliardaire, ça vous pousse à vous en vanter, et prendre des photos volées, quoique ce soit pour rendre votre histoire crédible, encore plus si cette personne joue à cache-cache. L'absence titille encore plus la curiosité et je sais de quoi je parle. » Elle tourna à nouveau la tête vers Batman. « Et surtout, pourquoi aurait-il laissé Alfred Pennyworth se faire massacrer sans un mot pour lui après sa disparition ? J'espère réellement pour lui qu'il est en train de faire le plus beau voyage de sa vie. Car si ce n'est pas le cas, je crains le pire pour lui. »

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Il semblait que l'époque changeait bien plus rapidement qu'elle ne le faisait elle. Les métas-humains avaient fait leur entrée dans cette existence, certains avaient profité de leurs capacités pour pouvoir aider le monde et d'autres pour pouvoir s'enrichir sur le dos du monde. Mais elle savait que la transformation était bien souvent une réaction involontaire à une exposition toute particulière et que cela pouvait faire basculer la personne dans un sens ou dans l'autre, quand elle survivait au choc du changement. Vicki ne voulait pas renier ce qu'elle était, et même si elle venait à finir sa vie dans la pauvreté la plus totale, elle ne voulait en aucun se vendre d'une façon ou d'une autre pour tenter de survivre, plutôt que de vivre. Alors si elle devait être touchée par une quelconque réaction chimique, éclair électromagnétique ou elle ne savait quoi encore et qu'elle venait à devenir une toute autre personne, elle voulait être certaine que quelqu'un viendrait mettre un terme à toute cette folie, pour son bien et surtout pour le bien des autres. Elle ne rebondit pas sur les paroles de Batman quand il lui fit la promesse de répondre à sa demande s'il devenait réellement nécessaire de le faire. Elle hocha juste la tête avec une certaine gravité mais aussi une reconnaissance à son égard pour ce qu'il s'engageait à faire pour elle. Cela la touchait sincèrement, mais ce n'était clairement pas le plus important ce soir, et ce n'était sans doute pas pour cela qu'il était là. Il fallait se remettre et le plus tôt possible serait le mieux.

Alors que son interrogatoire commence en bonne et due forme, et que Vicki se retrouve à cet instant dans la peau de la personne qui était interviewer plutôt que l'inverse, elle se permet de lui rappeler que ce petit jeu se passe dans les deux sens. Elle était une journaliste avant tout et elle ne pouvait pas se permettre de tout lui raconter juste pour ses beaux yeux, ce qui était certes le cas, mais qui n'était nullement dans sa nature. Si elle venait à lui faire un brainstorming sur ce qu'elle avait réussi à collecter pendant ses deux ans d'absence, elle était consciente qu'il avait sans doute d'autres pistes, ou d'autres indices plus à jour que les siens. Et le sujet dévia sur Bruce Wayne et sa disparition toute aussi inquiétante que celle des héros de ce temps. Et c'est là qu'il vient à lui lâcher la nouvelle. En quelques instants, elle se retrouve à pianoter avec frénésie les informations qu'il était en train de lui donner. Vanaver Corporation, elle ne connaissait nullement cette entreprise, mais elle allait se renseigner au plus vite. « Vous semblez bien connaître Bruce Wayne ? Vous faites comme avec moi et vous le suivez à la trace ou vous êtes plus intimes que cela ? » Lança-t-elle avec un peu de malice dans la voix, alors qu'il avait réussi à en savoir plus sur les agissements d'un milliardaire déchu qu'elle, en si peu de temps. « Pensez-vous que je pourrai obtenir une interview avec Bruce Wayne et cette miss Vanaver ? » Cela ferait une pierre, deux coups et c'était certainement l'une des plus grosses opérations financières depuis de nombreuses années.

Elle resta silencieuse alors qu'elle le voyait tourner la tête en direction de la porte de son appartement. Elle entendait le bruit des conversations dans le couloir tout comme lui, mais il semblait plus inquiet qu'elle ne l'était. Peut-être devrait-elle songer à déménager une nouvelle fois. Elle attendit donc qu'il reconcentre son attention sur elle et elle haussa un sourcil en entendant ses paroles sur la patronne du Black Cat. « Sérieusement, vous allez me faire le discours, du tout n'est pas blanc et tout n'est pas noir. Je ne sais pas quelle relation vous entretenez avec elle et ça ne me regarde pas. Je n'ai peut-être pas toutes les cartes en main, mais si on vient la voir là-bas, ce n'est pas seulement pour sa taille de guêpe et son regard incendiaire, ni pour les danseuses légères qui se trémoussent. Elle collabore dans les deux sens, mais ce genre de personne pensera toujours à son intérêt en premier. Si vous êtes le sien alors tant mieux, si vous ne l'êtes plus il est déjà trop tard … Je sais qu'il y a cette autre femme, cette Rosa Asaros qui donne des ordres également au Black Cat et j'ai fait des recherches sur elle, les Asaros ne sont pas des enfants de cœur, loin de là, ils sont mêlés au milieu de la mafia, connus pour leurs crimes à Gotham, comme à Star-City. » Elle soupira doucement. « Mais c'est vous le boss, alors je vous accorde le bénéfice du doute la concernant alors. » Elle se tourna vers lui à sa dernière parole. « Allez-y je vous écoute. » »

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Batman se faisait plus silencieux à mesure que le temps passait, comme s'il lui était nécessaire de faire le point avec lui-même, comme s'il était toujours nécessaire pour lui de déterminer s'il pouvait réellement lui confier des informations ou même une quelconque tâche sans qu'elle ne vienne à tromper totalement sa confiance en elle, si on pouvait parler de confiance. A moins qu'il ne faisait le point avec lui-même et avec les éléments que la jeune journaliste venait de lui confier. S'il y avait bien un autre pouvoir qu'elle aurait désiré avoir, c'était sans doute de pouvoir lire dans l'esprit des gens, et elle aurait adoré comprendre la mécanique de l'esprit du justicier masqué, car il fallait bien le dire, cela devait être un joyeux bordel. Néanmoins, elle ne faisait aucun commentaire de son côté sur son attitude et elle prenait en note tous les éléments qui lui donnaient sur cette entreprise Vanaver, sur sa propriétaire et sur l'opération financière qui était en train de se préparer avec Bruce Wayne pour retrouver le contrôle de Wayne Entreprise. Bien que Vicki se demandait ce qu'il pouvait rester à sauver là-dedans quand on prenait en compte les sommes et les parts qui avaient été volé et sans doute largement dilapidé au cours des deux dernières années. A moins que Selina Kyle soit une parfaite banquière à la hauteur du statut de voleuse de haut niveau qu'elle pouvait avoir, et surtout une personne qui savait se montrer ferme avec son client quand les projets se trouvaient trop démesurés. En tout cas, elle était sincèrement intriguée par ce retour surprise de l'héritier de Gotham après deux longues années de silence et d'introspection de sa part. Son esprit ne cessait de tourner dans tous les sens et elle venait réellement à se demander quelle était la véritable raison de cette fuite ou de cette disparition, si joliment orchestrée par des vidéos d'un homme profitant de la vie à travers le monde. Qu'il puisse ainsi tout laisser tomber, son héritage, le labeur de ses parents avant lui, et son majordome. Quelque chose clochait à n'en pas douter et elle ferait en sorte de mettre le doigt pile dessus et d'en apprendre plus.

« Vous pouvez être sûr qu'un jour ou l'autre, je réussirai à mettre la main sur Bruce Wayne et à obtenir les réponses à mes questions. Je peux être extrêmement persuasive quand je le désire ! » Elle se tourna vers lui pour lui faire un clin d'oeil avant de s'arrêter. Elle fronça néanmoins les sourcils en voyant l'homme devant elle se masser les tempes des deux mains à présent. Elle finit par se redresser pour pouvoir prendre un verre d'eau et de lui ramener de l'aspirine, et elle posa le tout sur la table basse juste devant lui. « Vous semblez en avoir besoin. » Et sans doute avoir besoin d'autre chose, comme de pouvoir se reposer un peu et dormir. Elle ne doutait pas un seul instant qu'il devait être ce genre d'hommes à se torturer l'esprit et à décider qu'il était celui qui devait porter tous les maux de la terre sur ses épaules. C'était bien trop pour un seul homme. Elle vint s'installer à nouveau devant son ordinateur alors qu'elle avait lancé le sujet de Rosa Asaros sur la table. Il ne pouvait connaître toutes les personnes qui traînaient de près ou de loin de la mafia, ils étaient bien trop nombreux. Elle haussa légèrement les épaules à sa question. « Généralement, quand vous laissez une personne prendre une place plus grande dans un tel business, il n'y a pour moi que deux raisons possibles. Soit vous devez quelque chose à cette personne, soit vous couchez avec, voir les deux. Dans tous les cas, je ne pense pas que Selina Kyle la laisserait agir si elle n'avait pas une certaine confiance en elle, vous ne croyez pas ? » Après tout, il semblait connaître la patronne du Black Cat. Elle hocha doucement la tête avec un sourire décidé sur les lèvres. « J'accepte volontiers, j'aime semer le trouble ! Vous avez une date précise pour commencer, ou je m'y mets tout de suite ? » C'était une seconde nature chez elle.

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Batman ne semblait pas au meilleur de sa forme et elle s'arrêta un long moment pour pouvoir l'observer, se posant mille et une question sur ce qu'il avait bien pu vivre pendant ces deux années où il était parti vers un ailleurs qu'elle ne connaîtrait jamais. En tout cas, il était certain qu'il avait été marqué par cette expérience, mais il continuait néanmoins à donner le change, restant fidèle à celui qu'elle avait rencontré brièvement quelques années auparavant. S'il voulait jouer les héros même face à un simple mal de tête, elle n'allait pas lui dire quelque chose à ce propos, mais d'une certaine façon, elle aurait envie de lui faire comprendre qu'ici, il pouvait « tomber le masque » un court instant. Il n'était pas en territoire ennemi ici, alors certes, elle n'était pas dans l'endroit le plus sécurisé du monde et il avait réussi à le lui prouver par quelques images très rapides de son quotidien. Pour autant, elle ne se permettrait pas de vendre la mèche à qui que ce soit sur cette rencontre, et même si un jour elle venait à découvrir qui se cachait derrière le personnage sombre, autant par la tenue que par la psychologie, qui se trouvait dans la même pièce qu'elle actuellement. Elle serait une tombe pour une noble cause, même si celle-ci frôlait parfois des limites qui n'étaient clairement pas bonnes. De son côté, il était certain qu'elle ne pouvait pas travailler convenablement si sa tête commençait à la marteler douloureusement, et s'il refusa l'aspirine, elle décida de le prendre pour elle, alors qu'elle sentait que la nuit allait être difficile et qu'elle aurait sans aucun doute du pain sur la planche pour répondre à la demande de l'homme chauve-souris. Elle décocha néanmoins un petit sourire à son égard, essayant toujours d'ajouter une pointe d'humour pour rendre toute cette situation un peu moins obscure qu'elle ne l'était en réalité. « Si vous venez à croiser Monsieur Wayne, dit-lui que je peux être incroyablement tenace quand j'ai un gros poisson devant moi. »

Mais même si Wayne serait un sujet intéressant à traiter, autant l'homme que l'entreprise, pour le moment, ce n'était pas son objectif premier. Batman avait une commande spéciale pour elle, et elle ferait en sorte de répondre à ses attentes concernant tout le petit trafic d'informations qu'elle n'allait pas tarder à balancer un peu partout. « Pour vous, je vous fais le service intégral, réseaux sociaux, blog, et bien évidemment presse papier et presse numérique. On va faire en sorte de relayer la rumeur le plus vite possible et au plus de personnes possibles. Je crois que je vais devoir lancer une cafetière, car à mon avis je vais avoir du travail au cours de la nuit si je veux être le plus efficace possible. » Elle se releva, se dirigeant vers la cuisine et se mettant à préparer de quoi faire plusieurs tasses de café. « J'ai néanmoins une petite question de mon côté ... » Elle jeta un regard dans sa direction par dessus son épaule. « Puisque nous entamons une collaboration, est-ce que je vais disposer d'un moyen pour pouvoir communiquer avec vous ? Je ne parle pas de passer mon temps à vous harceler, je ne suis pas comme ça, mais je ne suis pas certaine que les petits rendez-vous dans le noir à l'improviste dans mon appartement soit la meilleure des solutions. J'ai bien pensé au batsignal mais j'ai peur que ça fasse un peu voyant. Bien que si vous voulez mon avis, il faudrait ressortir ce truc du placard, ça participerait sans nul doute à faire une coïncidence de plus avec mon travail ... » Elle termina de préparer sa boisson et elle s'adossa contre le plan de travail. « Je n'ai plus rien à perdre … Tous les gens qui comptaient à mes yeux se sont retirés petit à petit de ma vie, trop flippé de ce qu'il se passait et de l'intérêt que je pouvais susciter chez certains fans si vous voyez ce que je veux dire. » Elle soupira, reprenant pleinement son sérieux. « Non je ne dirais rien. Et surtout pas que j'ai peur de vous. J'irai au bout s'il le faut. »

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Peut-être que la jeune femme n'avait pas encore passé la trentaine, âge crucial qui semblait marquer un véritable tournant pour pouvoir être réellement prise au sérieux dans la société, et encore plus quand on était du sexe féminin. Pour autant, elle n'allait pas se laisser impressionner comme une enfant malgré toutes les recommandations qu'on pouvait lui faire. Elle était idéaliste, jusqu'à l'absolu sans doute, et c'était clairement un problème dans certains cas, mais on ne pouvait malheureusement plus compter sur grand monde aujourd'hui à Gotham et elle continuait à croire qu'il était possible de faire quelque chose pour la ville comme pour ses habitants également. Même si cela pouvait donner le vertige, et aussi à cet instant, le début d'un mal de crâne. Son esprit tournait déjà à mille à l'heure alors qu'elle était en train d'élaborer son petit programme pour pouvoir insinuer petit à petit dans l'esprit de tout à chacun ici que Batman était sur le retour et que bientôt, il viendrait à nouveau à faire régner la terreur parmi les malfrats et les mafieux qui avaient pris le contrôle de la ville en son absence. Et par la même occasion, il faudrait également traiter du sujet de Bruce Wayne et de son retour sous les projecteurs. Qu'est-ce que le milliardaire avait-il vraiment fait au cours des deux dernières années ? C'était une question toute aussi importante à traiter. Néanmoins, il était certain qu'il était bien plus long de s'organiser pour réaliser une opération financière que de parcourir Gotham en pleine nuit et de frapper là où cela faisait réellement mal. En tout cas, si elle avait l'opportunité de croiser l'homme et de l'interroger, elle ne manquerait pas de le faire.

Elle finit donc par se lever et se diriger en quelques pas à peine vers sa cuisine pour pouvoir préparer un peu de café. Pendant que l'eau et le grain moulu étaient en train de se mélanger pour donner le breuvage essentiel à sa nouvelle activité nocturne, elle en profita pour continuer son interrogatoire, en bonne et dû forme. Elle avait besoin d'une vision d'ensemble le plus rapidement possible, et savoir malgré tout quelle serait la prochaine étape dans cette collaboration. « J'ai certaines connaissances informatiques qui pourraient sans doute vous être utiles un jour, mais pour autant, je suis plus ou moins à sec également. Je ne vis pas dans ce trou à rat par plaisir. J'en viens même à plaindre les hommes qui me suivent, ce n'est pas une existence très trépidante à surveiller. Mais alors partons sur cette proposition pour faire appel à vous si je me retrouve dans la merde jusqu'au cou … Et vu notre discussion, cela arrivera tôt ou tard ... » Elle était pleinement consciente des risques qu'elle prenait et de ceux qu'elle allait prendre à partir du moment où elle viendrait à publier son premier post sur le retour de l'homme en noir. Elle se tourna pour se servir une tasse de café, et alors elle le regarda. « Vous en voulez une ou vous préférez vous abstenir ? Ce n'est certes pas un grain de Colombie, ou un Italien corsé à souhait mais ça fait malgré tout son petit effet. »

Elle lui laissa une tasse propre sur le comptoir et elle retourna s'installer devant son ordinateur. Restant silencieuse pendant un long moment à fixer le liquide brun qui se trouvait dans la tasse, elle vint finalement à le porter à ses lèvres et elle en but une gorgée tout en continuant à réfléchir à ses paroles. « La ville est polluée par les salauds, par la crasse et par les drogues en tout genre. Il n'est pas si compliqué de trouver quelque chose à se mettre sous la dent pour pouvoir expirer son dernier souffle avant qu'ils ne me mettent la main dessus. Morte, je ne leur servirai plus à rien … » Elle plongea son regard dans le sien. « Je ne suis pas fataliste, ni suicidaire, je sais que de vous suivre comporte un risque non négligeable. Mais à quoi se résume l'existence si on ne mène aucun combat ? » Elle reposa la tasse non loin de l'ordinateur. « Tant que je vous tiens, vous êtes le seul à être revenu ou les autres sont dans le secteur également ? La Dream team est-elle à nouveau réunie ? » Il était certain qu'il comprendrait de qui elle parlait. »