Article saison 2 - Les Vampires attaquent la Nuit

Deux jours. Il n’aura fallu que deux jours pour que Batman et ses ombres attaquent à nouveau. Alors que Gotham est déjà dans l’effervescence du retour violent de son plus ancien protecteur, elle entre presque en ébullition au moment où les caméras arrivent dans une série d’entrepôts sur les quais de la ville. La police a été appelée par une source anonyme, indiquant des coups de feu et une attaque en cours. Les policiers seront tous montrés sous un jour qui ne rassure personne, dans l’équipe d’investigation qui les suit. La peur se lit sur leur visage. L’appréhension de ce à quoi ils vont encore se retrouver opposés. La caméra embarquée montre les gyrophares qui déchirent la nuit. Au loin, les lumières de la ville, et de ses plus hautes tours. Quelques grues des docks, encore en route. Un éclairage public aléatoire, beaucoup de réverbères ne fonctionnant plus. Un vaste entrepôt laisse s’échapper par ses fenêtres et aérations d’épais panaches de fumée sombre. Les véhicules s’immobilisent, freins qui crissent, policiers qui dégainent déjà et braquent le bâtiment de leurs armes.


Une équipe d’intervention est appelée. Le commissaire Gordon est en route. La caméra de GNC capture tout ; les silhouettes que l’on aperçoit par-delà les baies vitrées des bureaux, une mêlée indescriptible. Les éclats de coups de feu. Leur claquement sec, leur pétarade mortelle. Isolés d’abord, et des rafales automatiques ensuite. Des cris terrifiés. Des appels à la pitié, que l’on entend d’ici, malgré le vacarme. De véritables hurlements où se mêlent la peur et la douleur. Les flics se crispent tous. Ils attendent des renforts ; le chef de patrouille refuse carrément d’intervenir sans le SWAT, sans Gordon, sans le putain de renfort de la Garde Nationale s’il le faut. Deux fusées éclairantes sont tirées dans le ciel depuis le toit, et sifflent en embrasant la nuit de Gotham. Encore des coups de feu.

Une grenade flashbang explose, renvoyant une lumière aveuglante par toutes les ouvertures du bâtiment. Il y a des chocs sourds. Acier contre chair. Un groupe d’ombres passe un couloir vitré en courant, lames au poing, trop vite et sans crier gare ; personne n’a le temps de voir distinctement ce qu’il vient de se passer, mais la pièce où ils sont entrés résonne de nouveaux cris déchirants. D’autres coups de feu, plus dispersés dans le bâtiment.

Gordon déboule, imper sur le dos, flingue en main. Ni une ni deux, il incendie les équipes d’intervention qui peinent à se mettre en formation. On alerte sur le fait que des civils armés remontent l’escalier vitré vers là où les espèces de ninjas viennent d’entrer ; tous flingues dehors, les employés semblent vouloir se défendre par eux-mêmes et ne semblent pas craindre l’apparition de la police. Ou craignent plus fort encore ce qui les menace directement, dans le bâtiment. On les voit progresser dans le couloir et l’escalier. Deux d’entre eux aident un blessé à se relever, en sang, sur lequel les projecteurs de la police se posent. Couvert de sang, la main en charpie. Il pleure et tambourine en criant contre la vitre, appelant à l’aide. Ses camarades le tirent en arrière.

Dehors, Gordon fulmine. Il manque les boucliers, et les lance-grenades fumigènes. « Là ! » crie un policier. Une ombre plus grande que les autres est apparue en haut du couloir, au sommet des marches. Le cœur de tous se fige ; Batman. Des objets roulent, et même au dehors, on entend les « clang-clang » de petites formes noires qui dévalent l’escalier. Détonations qui soufflent les vitres et projettent des débris dans la rue, cris de surprise dans le couloir, flics à couvert. Les cris deviennent des hurlements.

La silhouette noire du bat-justicier apparaît et disparaît dans les volutes de fumée épaisse dégagées par ses projectiles. Des coups de feu jaunissent le fumigène. D’autres cris. La cape déchire plusieurs fois le voile de fumée, des poings s’abattent. Les hommes trébuchent, chutent au sol, disparaissent. Un type semble vouloir sauter de l’escalier par-dessus les débris du couloir, quitte à se fracasser les deux jambes ; il regarde derrière lui, trébuche, enjambe la main courante de l’escalier pour sauter dans la rue, devant des dizaines de policiers médusés. Quelque chose le stoppe, et le tire violement en arrière dans la fumée. Un cri, suivi d’un choc sourd et violent.

Le silence revient.

Rien ne bouge. Gordon engueule ses hommes, dont l’escouade tactique progresse à couvert, armes au poing, et enfonce la porte encore verrouillée de l’entrepôt. A l’intérieur, ils trouvent encore une dizaine d’hommes, haletants, le regard fou, dont le propriétaire des lieux, Roman Sionis. La caméra captera encore la discussion entre Sionis et les agents Ramirez et Bronson. Plus tard, on évoquera le rôle trouble de cet entrepreneur privé, et son passé sulfureux. Il expliquera avoir été victime d’une tentative d’extorsion par des individus masqués, cagoulés et porteurs d’armes blanches qu’il identifie comme des lames orientales, peut-être des sabres. Qu’on a essayé de le voler, et alors que ses équipes sont sur le pont cette semaine suite à de grosses commandes, ses employés –armés pour ceux qui ont le permis- ont essayé de se défendre, Batman est intervenu. Plusieurs des employés de l’entreprise de Sionis doivent être évacués sur brancards, blessés sérieusement à coups de lames ou de poings. L’un d’entre eux a perdu sa main. Un autre a été projeté du haut des bureaux dominants les quais de stockage, et s’est pulvérisé le dos. Certains sont encore profondément choqués, tiennent des propos incohérents. L’un d’eux hurle sur son brancard :  « Ils arrivent ! Ils boivent le sang des Pénitents ! Ils emmènent les Pécheurs jusqu’en Enfer, ils les engloutissent dans le monde du Dessous ! Les vampires attaquent la nuit ! » s’égosille-t-il, couvert de sang, le regard fou.

On ne retrouve pas de trace de sept employés. Les murs et le sol sont par endroits maculés de sang. Quelques survivants arborent sur le visage la marque encore fumante, imprimée à même leur chair par le fer chauffé à blanc, l’emblème de Batman. Ceux là aussi sont dirigés vers l’hopital le plus proche. La police évoque une intrusion par une vieille cache de contrebande, sous les docks, datant de l’ère de la Prohibition. Pas de traces de Batman ou de ses funestes acolytes.

Les images sont, comme l’avant-veille, diffusées en boucle. Certains commentateurs jettent le voile trouble sur les actions de Sionis, qui fut jadis condamné. Roman menace aussitôt, publiquement et sur les réseaux sociaux, d’attaquer en diffamation tous ceux qui remettent en question son honneur et sa probité : la police n’a trouvé aucune marchandise illégale, aucune arme non enregistrée, aucun permis falsifié ou manquant à son entreprise de logistique.

La presse est relativement unanime ; Batman a pété les plombs, et moleste des individus au casier judiciaire vierge. Certains des employés étaient même désarmés, d’autres se seraient immédiatement rendus et auraient été quand même emportés ! Avec toujours la même question, qui revient sur toutes les lèvres.

Où sont passés ceux qui ont été emmenés ?

Dans les milieux criminels, c’est le branlebas de combat. Black Mask veut se venger, il appelle d’autres empires du crime, fait jouer ses contacts. Si Batman veut jouer avec le feu, alors ils sont prêts à foutre le feu à la ville pour débusquer la chauve-souris enragée.

Un entrepôt des entreprises Sionis est pris d’assaut par des agents de la Ligue des Ombres, menés par Batman. Sept employés sont capturés, plusieurs autres blessés dont certains grièvement. L’un devient fou.
Sionis affiche un visage honorable et revanchard, il se dépeint comme la victime des exactions de Batman.  Black Mask rassemble donc ses acolytes et alliés à Gotham, et jure la perte de Batman pour le bien commun de leurs organisations.
Les exactions de Batman lui valent une véritable défiance de la police et des médias, qui craignent la perte de sa raison.