@Bruce Wayne

On ne parlait plus que de ça. Depuis des jours et des jours. voire même des semaines. Batman avait été arrêté et son identité réelle était connue de tous. Bruce Wayne. Il en avait fallu du temps pour l'attraper, mais désormais, il était temps de le juger pour ses crimes. Enfin, s'il était apte. Une bonne question n'est-ce pas ? Batman, le protecteur de cette ville devenue peu à peu l'un de ses pires cauchemars, c'était assez ironique et il était de mon devoir de comprendre ce qui s'était passé, pour que la justice et les familles des victimes puissent avoir des réponses. Et ils étaient nombreux à attendre mon rapport. Je savais que je serais sous pression et j'en avais l'habitude, je suis un psychiatre dans un asile après tout. Mais là, c'est différent. Et j'étais curieux d'avoir le fin mot de cette histoire. L'histoire de Bruce Wayne, tout le monde la connaissait, peut-être pas en détail, mais qu'importe, ce nom faisait écho dans cette ville. De même que Batman, qui jadis avait inspiré l'espoir et aujourd'hui la crainte, la colère, la haine aussi dans certains cas.

Lors des premières séances, il n'avait pas été très bavard, ce qui ne m'avait pas étonné. Il n'était pas très loquace, mais avec ou sans son aide, il faudra quand même que je fournisse des réponses. Je sais qu'il est dans une aile spéciale de l'hôpital, à l'écart des autres patients. Plus pour leur sécurité que la sienne d'ailleurs. Tous en avaient peur, ou presque tous et on voulait éviter une autre purge de préférence. J'attendais dans mon bureau qu'on me l'amène et j'avais toujours cette dose d'appréhension en ce qui concernait ces rendez-vous. Allait-il être coopératif ? Oh ! j'en doutais. Allait-il être violent ? Pas dans cette camisole spécialement conçue pour lui, mais sait-on jamais après tout. On attendait de moi que je trouve la faille, celle qui le fera parler. Mais cela demandait de la patience, chose dont les avocats et les familles sont dépourvus désormais. Tous demandaient qu'il soit jugé le plus vite possible, mais je savais que la réalité était plus complexe qu'il n'y paraissait et il est probable que je prenne mon temps exprès. Je voulais comprendre, j'aimais les défis et il en était un de taille à mes yeux.

J'entends du bruit venant du couloir et mon regard se pose sur l'horloge. Pile à l'heure. Je laisse les gardes entrés, et asseoir mon patient sur sa chaise. Il a une sale tête aujourd'hui. Manque de sommeil ? Possible, j'avais cru comprendre qu'il dormait peu et qu'il était sujet aux migraines. Deux d'entre eux quittent la pièce et le troisième part s'installer sur une chaise dans un coin de la pièce. Je soupire légèrement. " Vous pouvez attendre dehors avec les autres. Ceci est un entretien privé, entre mon patient et moi-même, combien de fois vais je devoir vous le dire ?" L'homme hésite et je lui montre la porte du doigt. " Il ne va pas s'envoler ! Allez dehors !" L'homme s'en va et je pose mon regard sur l'homme en face de moi. " Bonjour, comment dois je vous appeler aujourd'hui ?" Batman ou Monsieur Wayne ? J'imagine que ça varie selon son humeur. Autant commencer sur de bonnes bases. " Comment allez vous ? Toujours sujet aux migraines malgré le traitement que je vous ais donné ?" Que je sache si c'est efficace ou pas.

The Crazy and the Doctor

 @Bruce Wayne

Chassant le garde de la pièce sous couvert de la confidentialité de notre entretien, je me retrouve donc en tête à tête avec celui que tout Gotham redoutait désormais. Redoutait et haïssait, mais de ce que j'avais compris, il n'avait jamais endossé le rôle de justicier pour être aimé des autres. Il ne manquerait plus que cela tient, mais ça ne faisait pas partie du personnage. Je n'étais pas intimidé par ce qu'il dégageait, des patients dans cet asile, il y en avait de toutes sortes, mais lui était vraiment à part des autres. Il n'était pas fou, pas au sens clinique du terme en tout cas, mais il avait plus ou moins sa place en ce lieu. Tant pour le garder sous contrôle qu'en vie je suppose. Je pose alors les yeux sur lui et l'observe. A le voir ainsi dans une camisole, ça me fait penser à un très gros chien à qui on aurait mis une muselière pour l'empêcher d'être dangereux. L'image est peu flatteuse, j'en conviens, mais c'est tout à fait représentatif de la réalité. Batman est dangereux. Il l'a toujours été même si à une époque il contenait sa rage et sa violence un peu mieux.

Je sais d'ores et déjà que ce qui marche généralement avec les autres n'aura aucun effet sur lui. Chaque patient est différent et lui est vraiment un cas hors normes. Le comprendre serait une bonne chose, à condition qu'il veuille bien parler, mais il semble résigné, comme s'il savait depuis longtemps que c'était la seule issue possible à ces longues années. Peut-être. Il n'évitera pas la prison ni l'asile, l'un dans l'autre, il ne retrouvera jamais la liberté. Une bonne chose d'ailleurs quand on sait de quoi il est réellement capable. Je plains mes confrères qui doivent écouter les plaintes des adolescents qui se sentent trahis par leur idole. Je n'aurais pas la patience d'écouter ces jérémiades. Il n'a sans doute jamais été bon, mais cette ville avait tellement besoin d'un héros qu'il a été idéalisé, sans doute en a-t-il profité au passage, mais désormais, cette réalité semble bien plus macabre que joyeuse.

Il parle et je hoche la tête. " Parfait." Il est plus Batman que Bruce Wayne apparemment. Qu'importe si je n'ai pas la réponse tout de suite. Il reprend la parole et j'eus un sourire à ses dires. " C'est bien pour cela que vous avez cette camisole, pour éviter d'allonger la liste de vos méfaits et éviter d'autres morts." Autant être clair sur ce point. Même si certains des pensionnaires de cet endroit sont des criminels endurcis, ils ne m'étitent pas de mourir et encore moins de sa main. Il a perdu ce droit il y a bien longtemps. " Voulez vous un autre traitement ou conserver celui-ci ?" Je sais que les migraines sont handicapantes et j'ai besoin d'avoir son attention et surtout qu'il soit assez lucide pour répondre à mes questions. J'eus un froncement de sourcils et remets du bout du doigt mes lunettes en place sur mon nez et reprends. " Rien de bon n'en sortira pour vous effectivement. Mais il n'est pas question de vous en réalité. Même si vous avez eu le temps de purger cette ville de criminels notoires, votre guerre à pris la vie de bons nombres d'innocents. C'est pour eux que vous êtes là et que vous allez répondre aux questions posées." Je soupire. " Du moins, s'il vous reste une once de bon sens et d'empathie." Et en le regardant je commençais sincèrement à en douter. Qu'importe le temps que ça va prendre, la justice exige des réponses et elle les auras d'une manière ou d'une autre. " Reprenons. Je ne vous poserais pas de questions sur votre enfance, ce n'est pas le sujet. Venons en directement aux faits, on gagnera du temps vous et moi." Et puis l'histoire de Bruce Wayne tout le monde la connaissait. Celle de Batman en revanche est plus trouble. " J'aimerais savoir ce qui s'est passer pour que vous passiez du statut de justicier à celui de bourreau." Parce que la marche était quand même haute.

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 @Bruce Wayne

Il n'y a plus que lui et moi dans cette pièce. Il est impressionnant, même dans cette camisole, mais je n'ai pas peur. Cela fait bien trop longtemps que je fais ce travail sans doute. J'en ai vu et entendu des choses entre ces murs. J'ai vu des gens complètement fous, d'autres qui assumaient ce qu'ils avaient fait avec un aplomb qui fait froid dans le dos, mais qui traîne une panoplie de problèmes psychiatrique. Mais lui ? C'est une énigme. Il n'est pas fou, c'est la seule certitude que j'ai à son sujet. Batman sait parfaitement ce qu'il fait et quand il le fait, mais le reste est un mystère. Et je suis là pour essayer d'en savoir plus et je me rends compte que ce n'est pas gagné. Je hausse un sourcil, surpris quand il reprend la parole. Le dessin aurait été une activité plus saine très clairement. " Le dessin aurait été une activité plus saine, en effet." L'ironie était palpable, mais ce n'était que la vérité. Mais imaginer Gotham sans son justicier, c'est compliqué. Il faut dire qu'il a su se rendre indispensable à une époque, qu'il avait fait le ménage d'une manière efficace, mais le revirement avait été plus spectaculaire encore. Plus problématique et plus dangereux. Est-ce que cela lui a monté à la tête ? Possible, mais je ne pense pas.

Il rebondit sur le traitement que je lui avais prescrit. J'eus un sourire aux lèvres. " Peut-être bien pour les autres, mais je ne suis pas le genre a assommer mes patients pour qu'ils soient plus dociles. Si vous estimez que vous pouvez vous en passer alors soit." Mais je sens qu'il sait de quoi il parle et je n'ai pas envie de m'engouffrer dans cette brèche. Je soupire légèrement et me note d'arrêter les ordonnances le concernant. Si médicament il doit y avoir, cela ne viendra pas de moi, mais de l'asile et je n'avais pas spécialement mon mot à dire là-dessus. " Si vous changez d'avis, faites le moi savoir." Que dire de plus à ce sujet de toute façon ? Je préférais l'avoir lucide en face de moi.

Quand il est question de bon sens, je le regarde et je l'écoute et j'eus un léger rictus sur les lèvres. Il n'avait pas tord au fond. " En effet, c'est une certitude." Mais il poursuit et son point de vue est pour le moins intéressant. La justice n'est pas toujours digne, pas toujours juste. A Gotham, rien n'est juste, ce n'était pas nouveau, mais qu'il se serve de cela pour justifier le revirement de la situation, je trouve cela un peu trop facile. Même si au fond, il y a certainement du vrai dans ce qu'il avance. " Ce n'est pas parce que je cherche à comprendre que j'excuse ce qui se passe. Vous ou un autre, c'est du pareil au même. Vous êtes coupable et responsable de vos actes, que vous le regrettiez ou pas ne change rien à la réalité des faits." J'écris sur mon carnet quelques lignes et repose les yeux sur lui alors qu'il continuait de parler. " Je le sais parfaitement, vous n'êtes pas fou, vous êtes différent. Et c'est bien cette différence et le statut qui vous a été accordé par les habitants de cette ville qui rends vos actes encore plus incompréhensibles." Je garde le silence de longues secondes, l'observant. " Il y avait certainement d'autres solutions moins sanglantes." Ou pas, la situation à Gotham était critique et l'est toujours en réalité. " C'est donc ça que vous vous dites ? Que tout ça c'est pour le bien commun parce que ce n'est que justice ? Vous arrivez vraiment à dormir la nuit avec un tel raisonnement ?" Je suis étonné et curieux.

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 @Bruce Wayne

L'avoir en face de moi me faisait me poser plus de questions que je n'avais de réponses. Il n'était pas bavard, mais ça je m'y attendais tout à fait. Il ne fait pas partie de ceux qui clament haut et fort leurs agissements. Non, parce que tout le monde savait plus ou moins ce que le Batman était devenu, ce qu'il avait fait. La grande question, c'était vraiment le pourquoi. Pourquoi est-ce qu'il avait dérapé à ce point ? Je hausse un sourcil surpris de sa réponse. " Essayez, on aura la réponse dans ce cas." Je serais bien curieux de savoir ce qui pourrait en ressortir. Mais j'ai vu suffisamment de criminels de tout genre pour savoir qu'il ne faut pas en attendre grand-chose. Si certains s'avèrent doués et expriment une forme d'art, ce n'est pas le cas de tout le monde. Mais je sais que j'ai quelqu'un de très intelligent en face de moi, ce n'est pas l'idiot du coin. Et je le trouve fascinant d'un point de vue psychiatrique, mais il reste une énigme. Et il ne semble pas décider à donner les clefs pour un début de compréhension. En soi, j'ai déjà mon avis sur la question et pas mal de preuves pour étayer ce que je sais déjà.

Je souris légèrement lorsqu'il reprend la parole et je hoche la tête." Non, vous êtes à part. Bien que l'on parle de criminels assez hors normes, vous les surpassez tous." Ce n'était pas un compliment pour autant. Mais je pose les yeux sur lui quand il reprend plus sérieusement que je ne comprenais pas les gens de cette ville. C'est peut-être vrai, mais ce n'est pas mon travail. " Je cherche juste à comprendre, vos agissements. Mais je ne suis pas sûr qu'ajouter plus de violence et de peur à l'ambiance actuelle soit la meilleure idée du siècle." Bien que je conçois parfaitement qu'il faut combattre le feu par le feu. Cette ville sombre chaque jour un peu plus et les gens attendaient autre chose de leur justicier que plus de violence, de morts et de chaos. Je n'ai pas la prétention de croire que je vaux mieux que les autres, je n'ai pas la prétention de croire que j'ai toutes les réponses aux questions qu'on se pose à son sujet.

" C'est vrai, les ombres sont votre terrain de chasse." La chauve-souris de Gotham n'agit que la nuit et donc clairement, il ne devait pas dormir beaucoup. Il pourrait maintenant qu'il n'est plus obligé d'appliquer son idée de la justice aux gens de cette ville, mais visiblement, il n'en fait rien. Tant pis pour lui, ce n'est pas réellement mon problème. " Il faut dire que vous ne m'aidez pas beaucoup. Il faut bien meubler, sinon on peut rester là pendant une heure en silence." Je sais que ça ne le dérangerait pas plus que ça, moi non plus dans un sens. On a pas forcément besoin de mots pour comprendre un autre être humain. L'observation joue beaucoup.

" Vous guérir ? Parce que vous pensez être malade Batman ? Nous savons tous les deux que ce n'est pas le cas." Non, il n'était pas malade, ni fou, d'aucune manière que ce soit. Il avait prit une décision et s'y était tenu envers et contre tout. Se mettant les siens a dos, se mettant une partie de la population à dos, mais il avait tenu bon. " De mon point de vue, vous êtes tout à fait saint d'esprit. Et c'est ça qui est le pire, c'est que vous savez tout à fait ce que vous faites. Que vous estimiez que ce soit nécessaire, ne justifie en rien la perte des civils au court de vos actes." Pour le reste il verra avec sa propre conscience, si tant est qu'il en est encore une.

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 @Bruce Wayne

Je sais que je n'en tirerais rien.Pour lui la psychologie n'a pas réellement de valeur je suppose et il est vrai que vouloir quelqu'un comme lui est plus que suspect. De toute façon, il est coupable des actes qu'on lui reproche, il ne s'en cache pas, alors à quoi bon ? Je n'en sais rien. Je savais que ça serait compliqué, que je ne suis ni le premier, ni même le dernier à venir le chercher pour lui poser des questions encore et encore. Pourtant, je n'abandonne pas. Poussé par je ne sais quel espoir de comprendre enfin pourquoi. C'est la question que tout le monde se pose. Mais ça semble mal barré. Et au fond je ne suis qu'un petit psychiatre, un parmi tant d'autres dans cette ville. Tout ce que je peux dire sur lui, c'est juste confirmé ce que l'on sait déjà. Et ce n'est absolument pas rassurant, d'aucune manière. Je souris légèrement à sa question. En quoi est-il à part ? Sur tous les points je dirais et ce n'est pas un compliment, loin de là. " Je ne suis pas là pour flatter votre ego. Vous le savez parfaitement que vous n'êtes pas comme les autres criminels de cette ville." Que son statut lui as sans doute value une immunité au début, quand il a commencer à tuer des gens, on essayait de lui trouver des excuses. On disait que ceux qui étaient morts de sa main le méritaient. Sauf que criminels ou pas, il n'avait pas le droit de vie ou de mort sur les autres. Et il en est de même pour tous les criminels.

" Je n'en sais rien." Peut-être que j'aurais agit autrement, peut-être que j'aurais pris le même chemin que lui, mais ce n'est que de la pure théorie, parce qu'en pratique, je suis très loin d'avoir ce désir. " Je ne sais pas ce que j'aurais fais si j'avais été à votre place. Nous ne le saurons jamais de toute évidence." Mais j'ai comme l'impression de le surprendre et j'eus un léger rictus sur les lèvres. " A dire vrai, je commence a me demander ce que je fous ici." Jaurais pu remplir mon rapport sur mon étude du Batman sans même prendre la peine de le rencontrer, j'avais assez de matière pour broder sans avoir à venir ici. " La curiosité sans doute, l'envie de comprendre. Un sentiment tout à fait humain." Je ne suis pas infaillible, mais lorsque je suis devant un mystère, un problème, j'essaye toujours d'en trouver la clef. Ici, ça sera complexe parce que je doute qu'il existe encore une personne vivante qui puisse le comprendre actuellement." Vous avez tort sur ce point. Vous n'êtes un cas désespéré que si vous décidez de l'être. Et c'est loin d'être votre cas. Vous avez pris une décision et vous vous y êtes tenu contre vents et marées. Quand j'aurais décidé que je ne peux rien faire pour vous aider, vous serez le premier à le savoir." Et je suis du genre tenace.

Je hausse un sourcil à ses dires. Je l'observe de longues secondes, cherchant ce que je pouvais répondre à cela. " Il y a d'autres facteurs, mais je ne vous apprends rien. A moins que vous ne savez pas ce que ressens la population de Gotham." La peur, la fatalité, sont autant de facteurs qui ont joué sur cette pseudo impuissance. Comment lutter contre le crime alors qu'on est juste un homme parmi tant d'autre, pris aux tripes par la peur et l'inquiétude par rapport à cette situation ? Gotham est gangrénée par le crime depuis longtemps et le sera sans doute encore un moment. Même s'il a bien fait le ménage avant d'être pris. " Que pensent vos proches de tout cela ? Du moins, ceux qui sont encore en vie." Et il n'en reste pas beaucoup de ce que j'ai cru comprendre.

The Crazy and the Doctor

 @Bruce Wayne

Je savais que l'étude de son cas serait compliquée, mais pas à ce point. C'est soit un challenge, soit un cas qui restera à jamais incompris pour le commun des mortels. J'utilise ses arguments contre lui pour lui prouver que ça ne tient pas la route, du moins en partit. Le pourquoi ne sert presque à rien, il n'y a que le résultat qui compte, mais j'ai besoin de savoir, de comprendre, je suis comme ça. J'ai du mal a savoir à quoi il joue concrètement, il n'est pas malade, nous le savons tous les deux, mais quoi ? Comment décrire son cas ? C'était ça mon boulot et pour la première fois, j'en étais bien incapable. Il y avait quelque chose chez lui qui m'incitait à la prudence, mais pour autant, même sans avoir les clefs en main pour réussir à le déchiffrer, je peux toujours me prêter à cet exercice et on verra bien ce qu'il en ressortira. Rien de bon, mais rien de forcément mal non plus. La frontière est maigre entre les deux. J'eus un rictus à sa réponse et j'enlève mes lunettes pour me frotter l'arrête du nez avant de les remettre à leur place. " Je ne vous le fais pas dire, mais ce n'est pas pour autant que c'est la meilleure défense qui soit." Mais je peux comprendre que certaines actions vécues, supportées, nous pousse dans nos retranchements. J'ai vu de bons pères de familles bien sous tous rapports tuer femme et enfants, comme j'ai pu voir des psychopathes sans foi ni loi. Et lui, il était où dans tout ça ?

Je pose les yeux sur lui sans répondre dans un premier temps. Je suis quelqu'un de patient, je sais très bien qu'il ne se mettra pas à table aujourd'hui, juste parce que c'est moi. J'aimerais être aussi doué, mais ça n'est pas la réalité. " Pour que je puisse faire mon travail, il faudrait déjà que vous soyez malade. Je vous le répète encore, vous ne l'êtes pas. Vous êtes même plus sain que tous vos autres camarades." Il faut dire aussi que ce n'est pas bien compliqué. Il se paye le luxe d'être sarcastique en plus, bien, on progresse un peu. " Mais je ne perds pas mon temps avec vous pour autant." Avoir une discussion construite, c'est tout à fait appréciable, même si je ne sais absolument pas ce qu'il cherche à faire. Il me faudra beaucoup de séances pour espérer percevoir un schéma plus clair de sa psychée, mais le temps va me manquer. La ville veut le juger au plus vite.

En revanche, je ne me doutais pas que ma dernière question allait réveiller chez lui ce côté violent. Et avant même que je puisse faire quoi que ce soit, il se jette sur moi, je sens ses mains autour de mon cou. Et les gardes mettent plusieurs secondes à réagir. Il a de la force dans les mains et je sens que je manque d'air, alors que j'entends les cris, les coups donnés, mais il ne lâche pas. Je suis au bord de l'inconscience quand enfin l'emprise se relâche. J'inspire et l'air entre douloureusement. Les coups ont finalement raison de lui et il est traîné vers sa cellule. Je reprends difficilement mes esprits et surtout ma respiration. J'ai la trace de ses mains sur ma peau et je me rends alors compte qu'il n'est pas fou, mais tout simplement dangereux, autant pour lui que pour les autres. Je reste un moment, assis sur ma chaise à me reprendre, puis je retourne à mon bureau et rédige mon rapport qui fait plusieurs pages. J'en conclus alors qu'il est dangereux et qu'il faut à tout prix le garder loin de l'humanité. Et qu'Arkham n'est pas assez sécurisé pour un détenu comme lui. A titre personnel, je doute qu'il existe un endroit au monde qui puisse retenir le Batman.