Our Smoke on their water

Mari et Selina

Dans le fond, Métropolis n'était pas si différente de Gotham. Les mêmes problématiques, les mêmes merdes, des criminels un peu différents, mais qui ont tous pour but de foutre le chaos sur leur passage. Du classique en somme. Je suis presque résignée, blasée même, mais je sais que Superman fait de son mieux et je ne peux pas lui retirer ce fait. Je n'en ai pas le droit. Je ne suis qu'une criminelle comme tant d'autres, profitant du chaos encore un peu plus chaque jour qui passe. Cela serait si simple si je ne devais me résumer qu'à cela, mais dans les faits, je ne sais plus de quel côté de la barrière me placer. Toutes mes certitudes ont volé en éclats ces dernières semaines et ce que je croyais être impossible était désormais dans l'ordre du possible. C'est compliqué d'y voir clair dans tout ce bordel. C'est donc pour ça que j'étais venue là, pour changer d'air, pour passer du temps avec mon amie journaliste et voulant pousser le vice un peu plus loin n'étant absolument pas pressé de rentrer à Gotham, j'avais contacté Mari. Cela faisait longtemps que je ne l'avais pas vue et l'occasion était trop belle pour passer à côté. Par chance, elle était en ville et je me réjouissais de la voir, le rendez-vous étant prit.

Il y a de ces rencontres qui sont marquantes et celle-ci en fait réellement partie. On ne se voyait pas beaucoup, mais j'avais une affection et une confiance sincère pour elle. Elle ne me juge pas, quoi que je puisse faire et inversement. Autant dire que part les temps qui courent, c'est appréciable. Je suis assez douée pour me reprocher les choses toute seule, quand bien même je continue d'avancer. Reconnaître ses erreurs est une chose, rester bloqué dessus en est une autre. Et si je fais du sur place, je suis condamnée à mourir. Au sens littéral du terme. Ma situation n'est pas enviable et elle offre plus d'emmerdes que de solutions, mais au moins je m'amuse parfois. Et j'ai mon cabaret. Avec l'argent volé à Bat, c'est vrai, mais tout de même. Et j'en suis assez fière. Aujourd'hui je suis habillé simplement. Pas de robe de haute couture ou des talons de quinze centimètres. Non, un jean, des bottes, un pull et une veste, c'est qu'il fait frais pour un mois de novembre. Je m'approche du lieu de rendez-vous et je souris quand je l'aperçois me faire un signe de la main. Elle n'avait pas changé, du moins, je n'avais pas l'impression. Mari était d'une beauté peu commune, que beaucoup qualifieraient d'exotique. Mais elle était bien plus que ça. Je m'approche et l'embrasse sur la joue à mon tour. " Oh tu sais, Gotham n'est pas mieux !" Je la suis donc à l'intérieur de ce café.

Je souris, amusée par ses propos. " C'est certain, pourquoi s'arrêter en si bon chemin, autant finir l'année de la même manière qu'elle a commencée." Dans mon cas du moins, même si avec le retour surprise de la Justice League les choses ont pas mal bougées et pas forcément dans le bon sens. Une serveuse s'occupe de nous et nous emène à une des rares tables encore libre. Je ne connaissais pas cet endroit, mais visiblement, vu le monde, c'est très prisé. Je ne mettais que trop rarement dans les endroits de ce genre, mais je devais bien admettre que l'endroit avait une ambiance sympathique et j'avais vraiment besoin de me lâcher un peu. De décompresser, de penser à autre chose l'espace de quelques heures. Cela a l'air tout bête pour une personne normale, mais je ne suis pas comme les autres. Mon parcourt est singulier, fille des rues, ancienne prostituée, ancienne fiancée d'un playboy milliardaire et justicier, et désormais patronne d'un cabaret ou les filles sont libres d'accepter ou non des prestations en plus des danses classiques. Je ne les force à rien, j'offre juste un cadre sécurisé, ce que je n'avais pas quand je faisais le tapin à l'époque.

Je sors de mes pensées quand j'entends le son de sa voix et je repose les yeux sur elle avec un sourire sur le coin des lèvres. " J'te dirais que ça varie en fonction des jours et de l'ennui de certaines personnes qui viennent de ce fait m'emmerder." Et plus ça allait, moins j'avais de patience pour ces gens, en plus d'un ras le bol général et une colère, une rage qui ne demandait qu'à être exprimée, sans que je n'y parvienne. " Et toi, comment vont les affaires ?" Elle aussi est partie de rien et a réussi a se construire. Nous sommes différentes, moi je suis une voleuse et elle une justicière autoproclamée, mais nous arrivions à nous comprendre et ça faisait du bien.

Our Smoke on their water

Mari et Selina

Gotham avait toujours été un nid à problèmes, du moins d'aussi loin que je me souvienne et je sais parfaitement que ce problème ne datait pas d'hier. Y faire le ménage consisterait à se salir les mains, à les tâcher de sang de manière indélébile et c'est bien dans cette croisade que Bat s'était véritablement engagé. Avec des alliés pour le moins discutable, mais ça c'est un autre débat. En tout cas, en comparaison, Métropolis à l'air d'être un havre de paix, même si je sais que ce n'est pas la réalité. Les deux villes ont des problèmes, mais radicalement différents, même si au fond, la racaille reste la racaille. Et j'en fais partie. Même si je me donne une image bien plus respectable que la moyenne des criminels de chez moi, je ne reste qu'une voleuse. Et une bonne, évidemment. Mais tout ça s'envole presque à la seconde même ou je retrouve mon amie. Quoi qu'il en soit de mes problème ou des siens, nous avons bien mérité cette journée pour nous. Une journée placée sous le signe de la détente. Parce que mine de rien, gérer un cabaret demande énormément d'investissement et l'amusement passe souvent au second plan et c'est d'autant plus vrai ces derniers temps.

Une fois à l'intérieur et installée, la conversation reprend et je ris de bon coeur quant à sa suggestion. Les emmerdeurs sont très nombreux, c'est vrai, mais la plupart ne sont pas de mauvais bougres au fond, mais ils payent pour les autres qui sont nettement plus insistants et irritant. Mais c'est la vie que j'ai choisie après tout, enfin je crois. " En voilà une brillante idée Mari !" Bon seulement les plus riches viendront me prendre la tête, mais ça sera déjà un beau tri. Et je ne parle pas du quidam qui vient juste boire quelques bières et mater de jolies filles, non je parle de ceux qui sont la pour les affaires et qui me prennent le chou quand je dis non. C'est pas parce que je suis l'une des banquières du crime que je dois dire oui à tout. " Avec un peu de chance, ils préfèreront garder leur argent pour boire et mater des filles, plutôt que de m'emmerder ! Je vais essayer, je te tiendrais au courant." Si seulement ça pouvait être aussi simple... La vie serait plus facile et je serais moins sur les nerfs. Et de toute façon a Gotham les seuls a avoir de grosses liasses de billets ce sont les patrons de la pègre qui payent des gorilles pour s'assurer que leur intégrité physique ne soit pas mis à mal par le premier désespéré qui passe.

Je lui demande alors comment ça se passe pour elle, espérant aussi qu'elle s'en sorte bien. Je hausse les sourcils quand à la tournure de sa phrase, surprise. Oui je me souviens dans les grandes lignes de cette discussion. " Oh vraiment ? Raconte !" Elle poursuit et je ne peux m'empêcher de sourire légèrement. Je sais parfaitement ce qu'elle ressent, je suis plus ou moins passer par là. Aimer Bruce avait été à la fois si facile et si compliqué. Et il en est de même avec Helena actuellement, sans compter que j'aime les deux, de manière différente, mais j'ai des sentiments pour les deux. " Tu va en chier, c'est certain, mais si ça en vaut la peine, alors crois moi fonce, n'hésite pas." Qu'elle ne fasse pas les mêmes erreurs que moi. Le coeur à ses raisons que la raison ignore après tout. Ce n'est jamais simple et parfois, les histoires les plus compliquées sont aussi les plus belles à vivre au bout du compte. C'est le seul conseil que je peux lui donner au vu du désastre qu'est ma vie sentimentale en ce moment.

J'eus un sourire qui fait écho au sien et je regarde la carte. " Un massage de pieds et une faciale ? J'en suis !" Après tout c'était écrit sur la carte, on inventait rien. Je regarde autour de nous et vois un jeune homme qui semble un peu perdu, premier jour ? Tant pis, les autres sont pas disponibles. Je lui fais signe. " Bonjour, vous pouvez prendre notre commande ? Nous avons choisie." Il hoche timidement la tête,; il est presque mignon comme ça. " On prend le pack massage de pieds et faciale." Et là, il bug complètement. Je vois le rouge lui monter aux joues alors qu'il nous regarde, l'une et l'autre. Et j'éclate de rire. " Tout va bien mon grand ? C'est ton premier jour ?" C'est amusant et ça fait du bien. " Tu veux boire quelque chose Mari pendant le massage de pieds ? Parce que pour la faciale, ça va être plus compliqué... Je crois." Le rouge sur ses joues devient plus foncé.

Our Smoke on their water

Mari et Selina

Elle comme moi on en avait chié dans la vie. Parties de rien, nous voilà toutes les deux devenues des femmes fortes et influentes. Dans deux domaines radicalement différents, mais ça compte. Et plus que tout, nous avons su nous lier d'amitié et je sais que je peux compter sur elle, quelle que soit la panade dans laquelle je suis. Et dans le pétrin, je le suis plus ou moins. A force de jouer avec la limite du bien et du mal, à force de jouer double jeu, je me suis cramé les doigts et pas qu'une fois. Et quand je réalise tout ce que j'ai à perdre, ou tout ce que j'ai déjà perdu, je sais qu'il faut que je redresse la barre, mais c'est plus compliqué qu'il n'y paraît. A Gotham tout est devenu compliqué. Mais il se pourrait bien que j'aie besoin de son aide un jour, même si je sais dans quel merdier je vais l'entraînée. C'est une option que je garde en dernier recourt, je ne veux pas lui attirer plus d'ennuis et d'ennemis qu'elle n'a déjà. Et ce qui se passe à Gotham est mon problème pour le moment et encore dans les limites de ce que je peux maîtriser. Je suis Catwoman, je ne suis pas une illustre inconnue après tout et je ne m'avoue pas vaincue malgré les récents revers qui ont été les miens. Mais ça, c'est une autre histoire et pour l'heure, il est temps de se concentrer sur des choses plus intéressantes.

Je l'écoute et souris légèrement. L'amour est un étrange sentiment et puissant qui plus est. " C'est vrai que c'est tellement plus simple, mais ce n'est pas la même chose." Je ne sais pas si je suis claire. Un coup d'un soir c'est sans prise de tête et si par chance c'est un bon coup on peut y retourner de temps en temps. Après mon avis sur l'amour a été biaisé pendant des années, parce que des hommes j'en ai connu beaucoup trop quand je j'étais forcée de faire le trottoir. Et même si je n'ai pas honte de cette expérience, ça m'avait rendue plus forte au final, même si j'ai pris des coups en retour. Et puis j'ai finis par m'en sortir et je suis devenue Catwoman et puis ma vie avait prit un nouveau tournant en recroisant Bruce par la suite. Et comme si elle lisait dans mes pensées, elle m'explique ce qui lui arrive et ça fait écho avec ma propre expérience avec Bruce. Avec lui j'ai découvert tellement de choses grâce à lui et jamais je n'ai aimé quelqu'un comme je l'aime. Mon sourire se fait plus complice et je hoche la tête légèrement. " Tu sais, à t'entendre, j'ai l'impression que ta situation est très similaire à celle qui fut la mienne quand j'ai retrouvé Bruce." Elle connaissait notre histoire dans les grandes lignes. De ces retrouvailles lorsque nous étions adultes avait résulté une relation complexe, mais intense, un mariage qui n'avait jamais eu lieu pour des raisons très claires, mais un amour si fort qu'il persiste encore aujourd'hui malgré tout ce que la vie et nos choix respectifs nous imposent. Elle ajoute qu'elle compte bien saisir sa chance et je ne peux que l'encourager dans ce sens. Bruce avait été, est et restera l'amour de ma vie quoi qu'il arrive. Mais dernièrement c'est compliqué et ma relation avec Helena n'aide en rien. Je soupire légèrement et sors de mes pensées. " Tiens c'est marrant, il m'est arrivé la même chose, mais sur les toits de Gotham..." Un sourire malicieux se dessine sur mes lèvres et je n'en dis pas plus. " Ne le laisse surtout pas filer, tu le regretterais. Mais je ne vais pas te donner plus de conseils vu que je suis incapable de les appliquer à mon propre cas. Ma vie sentimentale est un désastre." Je pourrais presque en rire si au fond ça ne me faisait pas aussi mal.

Fort heureusement, la discussion redevient un peu plus légère et j'interpelle un serveur pour qu'il prenne notre commande. Un jeune homme un peu gauche, timide et je sens très rapidement qu'il n'est pas très à l'aise au vu du rouge qui lui monte aux joues très rapidement. Mari en rajoute une couche et je souris amusée par toute cette situation. Loin de nous l'idée de mettre à mal ce pauvre garçon et très vite on essaye de le rassurer sur le fait que ce n'était que de la malice. Elle donne sa commande et je passe la mienne également. " Je vais prendre la même chose." Il pianote vite sur son pad et détalle aussi vite qu'il le peux. Songeuse, je le suis du regard quelques secondes. Mignon à croquer, mais timide, je me demande s'il a du succès auprès des filles de son âge. Puis cette pensée s'évapore à la seconde même où je croise le regard se Mari et qu'un fou rire nous prenne subitement. J'avais bien fait d'accepter son invitation, il n'y avait rien de mieux qu'une journée entre filles pour se changer les idées. Seulement, je m'aperçois qu'elle n'était pas dupe. " Le pauvre chaton, il était rouge comme une tomate bien mûre." Ce qui nous diverstissais bien, il faut l'admettre.

Le fou rire s'arrête progressivement et je soupire légèrement, ne sachant pas réellement par où commencer. " Beaucoup trop de choses me préoccupent pour mon propre bien tu sais." Je joue quelques secondes avec la carte histoire de m'occuper les mains. " La situation à Gotham est préoccupante et ma propre position n'est pas au beau fixe non plus." Depuis quelque temps, j'ai perdue en influence, suite à l'attaque de Joker sur mon cabaret pour trouver Bat ou encore pour d'autres faits qui sont les miens. Et si je perds trop en influence, je ne peux plus protéger les miens efficacement. " Depuis le retour des héros du multivers, c'est le bordel et particulièrement sur Gotham. Et j'en prends pour mon grade, mais c'est dans la logique des choses j'imagine." Je reste évasive et lui fit un sourire qui se voulait rassurant. " Mais je suis Catwoman, je survivrais quoi qu'il arrive !" Il faut bien rester optimiste un peu.

Our Smoke on their water

Mari et Selina

L'amour est un puissant sentiment qu'il est plaisant de connaître au moins une fois dans sa vie. J'avais connu ça avec Bat, mais de là à dire que c'était suffisant pour tout sauver, je n'en savais rien. Je l'aimais toujours en tout cas, mais la vie est pleine de surprises. C'est toujours comme ça, mais la vie est aussi pleine de regrets et même si je n'en avais jamais vraiment eu par le passé, ce n'est plus le cas présentement. Mais je ne pouvais plus rien changer désormais. Heureusement, j'avais un peu plus de chance niveau amitié. Je m'ouvrais un peu plus aux autres, choses que je n'avais jamais réellement faite dans le passé. Pas que je me ramollisse, mais on a tous besoins d'amis, de vrais amis je veux dire et même si je ne la connais pas depuis aussi longtemps que Holly, je l'estimais beaucoup Mari. C'était une amie qui m'était chère et que je prenais plaisir à voir dès que l'occasion se présentait.  Et c'est pour cette raison que nous sommes là, à embêter ce pauvre serveur qui n'avait rien demandé à personne. Mais ça faisait un bien fou de rire, de faire comme si rien n'avait d'importance en cet instant précis. Je pose les yeux sur elle et eus un léger rictus sur le coin des lèvres. " Je sais, mais ça ne change pas grand-chose les regrets tu sais..." Je n'aime pas me lamenter sur mes erreurs, sur mes égarements. Je sais que je n'ai pas été à la hauteur de ce que voulait Alfred pour Bruce, même si je suis la seule qu'il a pleinement acceptée dans la vie de son protégé. Je n'imagine même pas la soufflante qu'on se prendrait l'un comme l'autre si ce dernier aurait encore été en vie. Mais il ne l'était plus. Et le navire avait coulé, alors même que je l'avais bien saborder. J'eus une légère grimace quand elle ajouta que ce n'était pas un désastre. Pas de mon point de vue. Mais lorsqu'elle reprend la parole, j'eus un éclat de rire parce que la comparaison était valable. " Sans doute que tu as raison..." Oui sans doute.

Je hoche la tête quand elle ajoute qu'elle était là pour moi. Et je la savais sincère. Mari était une bonne amie, alors que moi... Moi j'avais des progrès à faire, comme quoi rien n'est impossible dans la vie. Mais au vu des problèmes qui assombrissent mon horizon, je serais peut-être mieux toute seule, même si c'est plus facile à dire qu'à faire. Il se trouve que je compte pour des gens et qu'ils ne sont pas prêts a me laisser seule. Soit je coupe les ponts, soit... Soit je vais devoir ruser pour ne pas les mettre plus en danger qu'ils ne le sont possiblement. J'ouvre la bouche quand elle ajoute que brûler Gotham ou Métropolis ne servirait à rien et je proteste. " T'es pas drôle !" Je fais une légère moue, comme une enfant qui n'a pas sa friandise ou qui venait de se faire gronder. " De toute façon, même si je le voulais, je ne pourrais pas, on m'en empêcherait !" Et pas qu'un peu. C'est alors que notre petit bouffon personnel revient et le pauvre, je le plaignais presque de tomber sur nous aujourd'hui. Mais il avait au moins le mérite de nous changer les idées à l'une comme à l'autre. Mais d'autres personnes arrivent pour mettre en place la machine qui allait nous masser les pieds. Je les observe sans rien dire, concentrée et me disant que ça pourrait être pas mal de mettre un fauteuil comme ça dans mon bureau. Marcher tous les jours sur des talons de plus de dix cm, c'est un sacré exercice et il m'arrivait d'avoir mal aux pieds de temps à autre. Sans compter mes escapades nocturnes.

Une fois que ce fut fait, je pose mes pieds dans le bac et je soupire d'aise quand je sens les vibrations sous la plante des pieds. Je m'installe plus confortablement et je jette un regard à Mari qui avait aussi prise ses aises. " Oh que oui ! Cela va nous faire le plus grand bien !" Je bois une gorgée de mon café glacé et reprends. " Je veux la même chose dans mon bureau, ou chez moi." Il m'en fallait un, je ne pourrais plus m'en passer assurément. "T'imagine si j'en mets au club ? Les hommes seraient privés de massages de pieds par les petites mains de mes filles !" C'était à moitié ironique, parce que certains hommes étaient de sacrés pervers.

Our Smoke on their water

Mari et Selina

J'ai toujours voulu croire que j'étais forte et sure bien des points, je le suis. Ma rancoeur s'était cristallisée sur un groupe, mais au fond, est-ce que c'était autant mérité ? Oui et non, je n'en savais rien. Je ne savais même plus si j'avais le droit d'être furieuse et frustrée de cette situation étant donné que je l'avais directement amenée à ce point. J'ai toujours été du genre à ne pas avoir de remords, mais bien des fois j'ai été m'excuser auprès des gens que j'aimais, auprès de Bat, d'Alfred ou même des enfants. Aujourd'hui, tout ça me revient en pleine gueule d'une manière que je ne suis pas sûre d'apprécier et mes choix, me pousse toujours plus dans la confrontation. Je crois que je n'ai même plus cet instinct de survie pour me préserver. Me préserver de quoi d'ailleurs ? Pourquoi ? Pour qui ? Je repose les yeux sur elle, mais reste silencieuse de longues secondes, ne sachant pas quoi répondre. Je ne suis pas folle, je sais pleinement ce que je suis en train de faire et pourtant je sais que ça va mal se terminer. Je le sais très bien, alors pourquoi continuer ? " Ne t'en fais pas pour ma santé mentale, ça ira." Je souris de cette affirmation, sachant déjà que non ça n'ira pas et que tout ça va avoir une issue des plus tragiques.

Nous sommes là pour nous détendre et même si je sais que je pourrais lui parler, me confier, je ne le fais pas. Pas par manque de confiance, mais bel et bien parce qu'elle serait capable de se compromettre pour moi et ce n'est pas ce que je veux pour elle. Ce massage des pieds est divin et je me demande ce que cela ferait si je mettais ce genre de fauteuil en lieu et place de mes filles, qui voient bien pire que des fétichistes des pieds ou encore des adeptes des massages en tous genres. Elle ronronne et je ris légèrement, me posant réellement cette question. " Certains vendraient leurs enfants pour pouvoir profiter de ce genre de service. Des cinglés, il y en a plus qu'on ne le crois et les fétichistes sont un sacré fléau." Je dis pas, ça peut être une bonne chose si c'est consentit des deux côtés, mais dans le cas de mes filles, c'est plus subi qu'autre chose. Même si je leur ais donner le droit de dire non si elles le voulaient. Ces filles travaillent pour moi, mais je ne suis pas le genre de maquerelle a faire passer l'argent et les clients avant ses filles. Jamais de la vie, je sais ce que c'est et je ne le leur souhaite pas.

Et après un temps qui a mes yeux était trop court, cela s'arrête. Mais je me sentais bien mieux. On quitte l'endroit, mais avant je vois mon amie s'adresser au serveur et lui tends sa carte. Je souris amusée, mais cela ne me surprends pas spécialement non plus. Nous sommes taquines, mais nous ne sommes pas méchantes non plus et des femmes, il en verra passer un bon paquet dans sa carrière et dans sa vie. On sort ensemble, je me sens plus légère et on flâne un peu en ville, faisant un peu de lèche-vitrine sans pour entant entrer. Je ne trouvais pas grand-chose à mon goût. Même si j'étais souvent habillée avec des robes de haute couture, je pouvais aussi aisément être dans un jean bas de gamme, déchiré par endroits et un vieux débardeur que je traîne depuis des années. Je sais que les apparences sont importantes. Mais tout ça, les robes, les chaussures à talons, ce n'est pas franchement moi. On arrive finalement dans un second endroit et dès qu'on y entre, je suis un peu surprise par l'ambiance, bien que le lieu m'est agréable. Mari semble être une habituée des lieux et la serveuse nous conduit à une table un peu à l'écart. " Va pour la recette maison !" Ce n'était pas quelque chose qui entrait dans mes habitudes. Autant l'alcool n'était pas un réel problème, autant le reste non.Une heure et demi ça me semblait bien.

Je reste silencieuse quand elle reprend la parole, je savais que je n'y couperais pas, qu'à elle, il serait difficile de mentir. Je soutiens son regard sans ciller, aussi sérieusement qu'elle sans doute. Il fallait que ça bouge oui, mais dans quelle direction ? Et après avoir poser son téléphone et son calepin elle me demanda si j'avais besoin d'aide. J'eus un léger rictus sur le coin des lèvres. " De l'aide à quel sujet?" La question était vaste ou alors, c'est moi qui ne voulait pas comprendre pour ne pas la foutre dans des emmerdes qu'elle ne devrait en aucun cas rencontrée.

Our Smoke on their water

Mari et Selina

Cette parenthèse de légèreté était la bienvenue, une lueur dans cet océan de noirceur dans lequel je nageais. Non, dans lequel j'essayais de nager. Si cela avait été relativement simple pendant deux ans, c'était bien plus compliqué depuis le retour de la Justice League. C'était bien plus compliqué, depuis que Bat était parti en croisade. Pour autant, c'était ça, ma vie, malgré les difficultés, malgré le danger, je vis dans les ombres et c'est là que j'aurais dû rester. Et c'est là que je vais commencer à retourner dans les prochaines semaines, les prochains mois. Je serais plus en sécurité dans l'obscurité malgré le danger que cela représente pour moi.

Je feins alors l'ignorance, ou le déni sans aucun doute, face à elle. Parce que même moi je veux croire que j'ai encore une porte de sortie, que j'ai encore plusieurs coups à jouer avant d'être mise en échec à un moment ou à un autre. Un silence flotte quelques longues secondes, pendant lesquelles nous nous observions. Avant qu'elle ne reprenne la parole et je soupire légèrement, ayant un léger rictus sur le coin des lèvres. Elle s'inquiète pour mon club, pour mes actions et pour moi .Il faut dire qu'il y avait de quoi se poser des questions. Elle pose une main sur la table et je ne bouge pas dans un premier temps, cherchant une réponse adaptée à lui donner. Elle ajoute qu'elle connaît la situation à Gotham et je soupire légèrement en secouant légèrement la tête sur le côté. Je ne sais pas si elle saisit l'ampleur de la situation qui règne actuellement dans cette ville qui m'a vu naître et grandir.

Elle s'excuse alors de ne pas avoir été plus présente, mais je savais que les siens avaient aussi besoin d'elle. Plus que moi dans tous les cas. Je tends la main et m'empare de la sienne. " Ne t'excuses pas. Ce que tu fais pour eux est honorable et important." Il faut que cela continue. Je ne veux pas qu'elle soit distraite à cause de ma situation et je ne suis pas une princesse en détresse. Certes, je ne suis pas dans une position idéale, mais les choses sont ainsi et je compte bien retrouver ma place en ville dans très peu de temps. Je retire ma main et pousse un léger soupir de nouveau. On vient alors nous voir pour savoir ce qu'on avait choisit et une fois fait, je repose les yeux sur mon amie. " Je sais que ma position actuelle peut soulever plusieurs questions." Je regarde un moment ailleurs avant de reprendre. " Je vais quitter le club temporairement, Holly en sera la gérante pendant ce temps là. J'ai toute confiance en elle." Malgré notre passif qui a pu être tumultueux, j'ai confiance en mon amie d'enfance. Elle a fait amende honorable et lui en vouloir ne sert plus à rien. Même si à cause d'elle, j'ai vécu un bordel que je n'aurais jamais cru possible et que c'était en lien avec la Ligue des Ombres. Que je ne supporte pas depuis ce jour-là. Et si je ne suis pas quelqu'un de foncièrement rancunière, en ce qui concerne la Ligue c'est différent. Et les voilà en train de gagner du terrain dans ma ville grâce à Bat. Un vrai cauchemar.

" Pour le reste, honnêtement, je n'en sais rien." Je hausse légèrement les épaules, mais sans me départir de ce petit sourire en coin. " Je suis dans cette situation par ma seule faute Mari et rien de ce que tu pourra faire ne changera la donne." Ce sont mes choix, voulus ou non qui me conduise directement à être concernée par tous les problèmes qui sont les miens. " Qu'est-ce que tu sais de la situation d'ailleurs ?" Que je sache ce qu'elle sait, que je sache quoi lui répondre.

Our Smoke on their water

Mari et Selina

Je ne crois plus en rien et encore moins au fait que j'ai une possibilité de m'en sortir la tête haute. Ou m'en sortir tout court en fait. Toute cette histoire va mal se terminer, les alliances se font et défont par nécessité, par instinct de survie, ou bien comme dans mon cas, parce qu'on a pas d'autres choix et qu'on cherche à protéger ce qui nous reste, peu importe le prix demandé. Et il est élevé, je le sais bien. Pourtant, une part de moi espère que ça sera suffisant pour renverser le jeu, sans savoir où je mets les pieds. Je suis entré dans une danse ou je ne connais aucun mouvement, ou je ne connais pas encore le rythme à suivre et je vais devoir apprendre rapidement. Les croyances ne font pas partie de mon monde et si jamais j'y aie cru un moment, cela ne m'a pas franchement réussi. Comment croire à un rétablissement des choses quand celui qui doit incarner cette image à franchi plus de la moitié des limites qu'il s'était imposé durant des années ? Comment croire alors que mon monde changeait radicalement depuis deux ans ? Je ne sais pas. Est-ce que l'espoir est bon ou toutes croyances pour pouvoir réussir à se lever le matin et pas se jeter du haut du plus haut immeuble de Gotham ? La dernière option serait celle de la facilité, de la lâcheté et je suis beaucoup de choses, mais certainement pas ça. J'ai choisis de me battre, mais peut-être pas de la bonne façon, mais quand on est à court d'option viable, on prend la première qui nous tombe sous la main et c'est ce que j'ai fais, bien qu'elle ne le sache pas.

Je hoche légèrement la tête, avec pourtant, l'ébauche d'un sourire sur le coin des lèvres. " Oui, mais je ne serais jamais vraiment loin en cas de gros problèmes." Holly a eu une période compliqué et ça m'avait poser de très gros problèmes à l'époque, alors je comptais bien garder un oeil sur elle malgré tout. Ce n'était pas un manque de confiance, cela n'avait rien à voir, mais elle était l'une de mes amis les plus proches et je m'en voudrais s'il lui arrivait quelque chose. " En effet." Rien à dire de plus, je sais qu'elle sait ce que ça signifie, sans pour autant en savoir plus sur ce que je compte bien faire. Je vais déjà en profiter pour me cacher un moment, me faire un peu oublier, mais je ne serais pas inactive pour autant. Je dois obtenir certaines informations pour mener le plan à bien. J'eus pourtant un silence après ce qu'elle venait de dire. " J'ai déjà déraper Mari, je fais du hors piste depuis deux ans." Et c'est pire depuis quelques mois. Et je n'étais même pas triste de ce constat, parce que quelque part ça m'arrangeait aussi, me laissant une liberté d'agir comme jadis, mais aussi un danger plus persistant et une épée de Damoclès au dessus de la tête.

Le silence s'installe pendant que le serveur vient s'occuper de nous et une bonne odeur ne tarde pas à se faire sentir. Mais malgré tout, le ton de la discussion ne change pas. Nous sommes dans le type même d'une discussion que nous n'avons pas envie d'avoir et qui est pourtant nécessaire. Nous le savons toutes les deux. Et lorsqu'elle reprend la parole, c'est pour établir une nouvelle vérité. Je hoche légèrement la tête tout en gardant mon regard sur elle." La moitié de la ville sait qui je suis, l'autre moitié l'ignore sciemment je suppose." Et ce n'était pas plus mal quelque part, comme ça, je peux encore venir à des soirées dans les plus belles demeures de la ville et faire du repérage , plus part ennui que par nécessité. Je suis à l'abri du besoin pour plusieurs vies. Pourtant, je lui demande ce qu'elle sait exactement de la situation en ville. On entend pas mal de choses, mais il y a à boire et à manger niveau informations et je sais très bien qu'il ne faut pas tout prendre comme argent comptant.

Elle me tend le tuyau et je tire dessus inspirant le tabac arromatisé et je l'écoute sans l'interrompre. La situation à Gotham avait toujours tenue sur un fil, un savant équilibre qui était désormais rompu et chacun tentait de survivre comme il le pouvait. Je tire une bouffée supplémentaire et lui repasse le tuyau. " Ce ne serait pas la première guerre civile à Gotham, mais ça sera surement la plus sanglante." Je ne fais que confirmer un fait, on s'en approche de plus en plus, attisée par tout ce qui se passe. Je serre les dents une seconde avant de continuer sur le sujet de Batman. " Notre justicier à choisit une autre voie. Qu'il estime légitime au vu des menaces qui planent sur Gotham. Et il fut un temps où j'aurais été d'accord avec lui et je l'aurais sans doute suivis les yeux fermés..."i Je soupire. " Mais ce n'est pas ce qui se passe. Si toi aussi tu t'en ai rendu compte, c'est que la situation est plus que critique." Je ricane légèrement, mais plus par amertume que par amusement. Qu'est-ce que tu fous Bat ? Dans quelle merdier tu nous a tous projeter, bien qu'on en soit les principaux responsables ?

Elle reprend la parole et je repense alors à tout ce que j'ai fais ces deux dernières années. Est-ce qu'il est seulement possible que j'ai omis cette possibilité avant de rejoindre Joker, toute drapée de colère et d'amertume ? C'est bien possible. Mais je ne peux pas faire machine arrière en ce qui le concerne, j'ai trop à y perdre et pas assez à gagner dans l'immédiat. " Je... Je ne suis pas seule, mais il s'agit de ma guerre, de ma ville Mari et je ne peux pas rester les bras croisés à attendre que l'orage passe. Parce qu'il ne s'agit pas d'un orage mais bel et bien d'un ouragan cette fois." Il n'y a que deux possibilités, soit la Ligue prends le contrôle de Gotham, soit non. Et de manière plus large, il s'agit également d'une guerre plus ou moins ouverte entre criminels. " Je n'ai plus de raison de croire en quoi que ce soit Mari. Mais je te remercie pour ton soutien qui me fait un bien fou malgré tout." Peut-être que c'est elle qui me sauvera en bout de course, à moins que je ne puisse plus être sauver, comme Bat, comme bien d'autres.