Depuis quand les collants se prennent pour des RH ? ♦ FEAT. Superman [Terminé - Intrigue III]

Son pouvoir est splendide et époustouflant à bien des égards ! Jouer avec le temps n’est pas une mince affaire ! Certains peuvent voir des opportunités, d’autres des menaces considérables ! Flash et Batman nous ont assez prévenu de tous les risques liés voyages spatio-temporels. Changer un infime détail du passé peut entraîner de désastreuses ou bénéfiques conséquences. Quelles qu’elles soient, nous n’existerons plus – ou du moins, pas tel qu’aujourd’hui. Certes, la demoiselle n’a pas exactement un tel pouvoir mais il n’en reste pas moins dans un domaine équivalent. L’expérience m’a largement prouvé que les mutations peuvent surprendre plus d’un, soit en développant nouvelles branches, soit en approfondissant celles qui existent déjà.

Je l’ai remarqué à quelques reprises, en patrouillant ou en surveillant les lieux de conflits. Bien des profils m’ont frappé à l’œil, mais elle est assurément tout en haut de cette pile de volontaires ou de potentielles recrues. Le tri initial a déjà été un véritable casse-tête. Les candidats sont nombreux mais peu sont véritablement éligibles : manque de motivation ou motivation douteuse, rêveur ou pragmatique … Il est rare de trouver ceux qui sont prêts à tout sacrifier, jusqu’à leur vie, pour une cause désintéressée. L’argent, le pouvoir ou l’amour s’en mêlent bien souvent, pervertissant bien des âmes. Dans quelques rares cas, ces trois fléaux peuvent devenir des bénédictions et être une motivation solide pour tout super-héros ou héros du quotidien.

Finalement, je l’ai rencontré et je lui ai dessiné grossièrement l’offre faite. Elle ne m’a pas posé beaucoup de questions, à l’exception de celles qui sont essentielles évidemment. Elle me surprend, en me proposant une seconde rencontre à une heure et un lieu précis. J’arque les sourcils, me demandant sincèrement quels sont ses objectifs. Si elle désire jouer un quelconque numéro de charmes, peine perdue. Si elle se révèle être une sbire d’Enchantress, tant mieux ! Il est grand temps de confronter cette entité cachotière.

J’arrive, quoiqu’en vérifiant les environs au préalable. Rien à signaler. Je ne sais pas quoi en penser. Joie ou déception ?

Lorsque j’atterris, je suis accueilli par deux personnes : la demoiselle et un parfait inconnu. Je fronce les sourcils, me demandant ce qu’il se passait. Qui est-il ? Que fait-il là ? La réponse ne tarde pas à tomber.

- Vous êtes enfin tous réunis ! Avant de commencer, que diriez-vous qu’on se détend et qu’on papote un peu ?

La confusion n’en est que plus grande. Je suis divisé entre rire et accepter ou montrer mon mécontentement et être sévère. C’est une chose que de croisière une personne adorable et parler de la pluie et du beau temps, c’est tout autre que d’avoir été presque manipulé pour parler de la pluie et du beau temps comme hors d’œuvres de sujets plus graves et importants !

- Nous pouvons commencer par les présentations.

C’est un tantinet ridicule pour moi. Peu de personnes ignore mon existence. J’ai failli couter la terre entière. Par contre, je ne sais rien de ce brun. Évidemment, je ne me sens pas légitime de souligner ce détail. Sans l’intervention de Dru-Zod, j’aurais continué mes petites ou grandes missions sauvetages à secrètement et à l’abri des regards. Ma super vitesse me le permet.

- Enfin, je veux connaître l’objet de cette réunion. Il semble que l’invitation reçue est soit erronée, soit incomplète.

J’ai la réponse à ma question bien vite : l’invitation est imprécise. La demoiselle sous-entend, plus ou moins, qu’il y a une affaire de compétition. Je la veux à Metropolis en tant qu’apprentie, il la veut dans les forces de l’ordre de Gotham City.

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Je ne réponds pas immédiatement, que ce soit aux petites invitations ou remarques de Link ou aux piques et accusations implicites de l’inspecteur. Je me contente de fixer l’un et l’autre attentivement, cherchant à comprendre la situation exactement. Des arènes clandestins, des figures du passé et, maintenant, des opportunistes … toutes mes craintes se vérifient tour à tour, me faisant regretter toujours plus mon appel. Malheureusement, je ne peux plus défaire ce qui est déjà fait – et véhiculé dans tous les journaux nationaux. J’ai à gérer les conséquences.

- Link, à travers cet entretien assez particulier, quels besoins espères-tu combler ?

Il y a tant de motivations.

- Si c’est une question d’argent, alors tu seras déçue par tout le monde. La police de Gotham n’a pas les fonds considérables pour t’offrir un salaire extraordinaire et la Justice League n’est pas une organisation privée lucrative qui brasse des milliards et qui distribue autant de zéro à ses membres. Nous agissons pour une idée, pour un idéal.

La pierre n’est pas jetée uniquement sur la police mais également sur la Justice League. Le compliment n’est pas plus réservée à l’un et à l’autre. Je me permets, au risque de m’attirer les foudres du brun, de mettre les deux institutions sur un même pied d’égalité.

- Si c’est de la reconnaissance que tu désires, c’est également une idée fausse, du moins pour la Justice League. Nous n’agissons pas dans le but de récolter les lauriers. Nous agissons parce que nous pensons que c’est juste. Certains membres ont pris une direction inattendue, que nous essayons de comprendre nous-mêmes.

Je ne peux pas me désolidariser complètement vis-à-vis de Batman. D’une part, il reste un ami. D’autre part, l’attitude pourrait être perçue comme lâche par la majorité. Jusqu’à ce que nous nous entendions ensemble, en tant que groupe, je ne m’avancerai pas publiquement sur la question du Chevalier Noir.

- S’il y a de l’admiration, pour l’un ou pour l’autre, penses-tu que nous sommes ravis d’une telle situation ?

Je gratifie la demoiselle d’un long regard interrogateur. Je la laisse réfléchir sur ses réponses, reportant toute mon attention sur l’inspecteur furax.  

- Ce sont nos méthodes qui diffèrent, et non notre cause. Vous et moi avons à cœur la protection des innocents.

Jusqu’à ce que Zod n’arrive, je n’étais qu’une ombre parmi les ombres. J’aidais mais toujours loin des regards grâce à ma super force. J’aurais pu continuer ainsi jusqu’à mon dernier souffle. Malheureusement, j’ai été démasqué. Depuis, je suis plus visible non pas pour briller sous le feu des projecteurs, mais pour rassurer tout le monde que tout kryptonien n’est pas un monstre, qu’il peut se mêler aux humains et aider ces derniers. Je pourrais conter cette petite anecdote à l’homme mais je me retiens. Ma présence divise considérablement la populace, entre ceux qui me voient comme un danger ambulant – à raison – et ceux qui m’adorent sans limite – une admiration troublante.

- De quelle association parlez-vous ? Est-ce que vos supérieurs et vos gouvernements ont accepté cette idée ?

L’idée a retenu mon attention, mon ton est plein de surprises et d’étonnement. Si je n’aide pas un gouvernement en particulier, c’est dû aux nombreuses restrictions – les missions, les méthodes ou encore son identité à dévoiler à tout prix – et cette grande ségrégation d’information entre département, pouvant m’amener à être la cible de parfaits inconnus à tout instant. Du moins, ca a été le cas il y a deux ans de cela. Est-ce que cet aspect du monde a également changé entre temps ? Je repense à cette scientifique. Je doute. Dès lors, de quoi est-ce qu’il peut bien parler?

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Depuis mon retour du multivers, je me surprends à montrer davantage d’empathie à autrui, qu’importe ses agissements et son pédigrée. Jadis, il aurait fallu bien moins pour que je me dresse contre Batman et sa croisade. Que je rabroue cette pauvre fille perdue et hésitante. Que je me lance dans quelques débats enfiévrés avec l’inspecteur.  

Aujourd’hui, il n’est rien. Observateur silencieux de ce monde, mes préoccupations sont différentes. J’essaie de reprendre mes repères dans ce monde bouillonnant de vie, où le mal règne davantage que le bien. Je tente de me redéfinir, tentant de trouver une logique à cette attitude ambiguë que j’adopte. Enfin, surtout, je suis davantage préoccupé à assurer un futur qu’à coller un pansement au présent.

Je vais vivre très longtemps. Autant en faire bon usage. Je laisse l’effervescence de l’actualité aux terriens et tourne mon regard au lendemain. Il le faut si je ne veux pas reproduire les mêmes erreurs, si je désire léguer un monde convenable aux générations futures.

Kryptonien impassible, je ne laisse rien paraître vis-à-vis de la question de Batman. Elle revient régulièrement. Tout le monde s’interroge, incluant les membres de la Justice League. Pour ma part, je préfère jouer la politique de l’autruche, en accordant encore une pleine confiance au Chevalier Noir. Il est tout sauf mauvais. Mais ce chemin qu’il emprunte pourrait bien lui coûter sa raison. J’aimerai faire plus, mais je sais que je gêne plus qu’autre chose. Rester hors de son chemin, m’informer, voilà mes seules actions.

Je ne sourcille pas davantage lorsque l’inspecteur souligne l’injuste traitement entre les membres de la Justice League et les membres des forces de l’ordre. Je n’ai pas cœur à le corriger. Notre absence de deux ans a causé bien des dommages tant à ladite image qu’à la confiance accordée par les citoyens. En prime, le multivers a causé assez de dégâts, poussant certains à des actions extrêmes, d’autres à une passivité déstabilisante.

- L’inspecteur a tout dit, je n’ai rien à ajouter.

L’homme s’éloigne, me laissant en tête à tête avec Link. La petite s’excuse, s’exclame, se justifie. Si je n’ai pas encore de certitudes vis-à-vis de son honnêteté, comme avec Morgan, je n’ai pas encore cœur à la refouler.

- Je vais te suivre attentivement, Link. Agis comme ton cœur le dicte. C’est le plus important. Et si nous nous accordons véritablement, je le saurais et je te retrouverai.

Une dizaine de minutes passe encore avant que nous accordons nos violons et arrivons à un accord qui l’arrange davantage elle que moi. Finalement, elle part, aussi gênée que libre , me laissant seul avec ce brun. Je ne vole pas, je marche tranquillement jusqu’à le rattraper.

- Pour ce que cela vaut pour vous, inspecteur, vous êtes les véritables héros à mes yeux. Il est facile d’aller au devant du crime quand on est invulnérable aux balles. L’histoire est autre quand elles traversent la chair.

Ma véritable utilité est face aux menaces à l’image de Zod ou d’Enchantress. Le premier se dissimule pour planifier une belle attaque. La seconde se cache car elle sait qu’elle peut tomber face à Diana ou moi. Or, ces menaces arrivent rarement. A l’inverse, les vols armés, les fous furieux avec des bombes sont monnaie courante, des cas récurrents et fréquents.

- Vous n’avez pas répondu à ma réponse. Je suis également curieux de savoir comment vous avez eu cette idée. Quelque part, j’ai l’impression que nous recherchons la même chose. Un groupe humains et méta humains travaillant main dans la main pour combattre le crime, quelle que soit sa nature.

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J’ai grandi dans une ferme, au milieu de vaches et de blés. J’ai été élevé par des parents aimants et honnêtes, qui ont tenu à élever leur fils dans des principes aussi honorables que simples. Respecter toute vie, incluant la sienne. Aimer et aider son prochain. Défendre les plus faibles et les plus démunis. Défendre la justice, combattre l’injustice.

Jamais, ô grand jamais, il n’a été question que je sois un Dieu ou un don pour l’Humanité ou tout autre chose. Au contraire ! Jonathan et Martha Kent m’ont prévenu et mis en garde. Ma simple existence va ébranler les croyances de multiples hommes et femmes. Certains vont me haïr, certains vont m’accepter, d’autres vont me confondre à un dieu. Et ils ont eu bien raison.

J’aimerais dire tout cela, mais je ne peux pas.

- Si je ne suis pas né sur terre, j’y ai grandi. J’ai appris à aimer cette planète et l’Humanité, avec ses qualités et ses défauts. En grandissant, j’ai compris que j’avais la possibilité d’aider. Et je l’ai fait, durant de nombreuses années. Si Dru-Zod n’avait pas débarqué sur terre, j’aurais continué à agir dans l’ombre et à être une légende urbaine. Alors, non, je ne me considère pas comme un dieu observateur, mais un citoyen engagé pour cette terre.

Un citoyen considérablement gêné par toute cette attention et toutes ces polémiques. Cependant, je ne dis rien à ce sujet-ci. Il n’est ni mon ami, ni une ponte politique, ni une grande figure médiatique. Hormis accuser la plainte, l’accepter ou la rejeter, il ne fera rien de plus. Je ravale donc mes jérémiades, et me concentre sur les explications données par le brun.

- La Justice League est une organisation. Et comme toute organisation, son avenir dépend des efforts déployés pour la maintenir à flot ou non. Soit elle va continuer à se développer et à devenir quelque chose de plus grand et de plus différent, soit elle va disparaître et être l’engrais nécessaire pour une nouvelle idée ou organisation plus forte et plus durable.

Nulle émotion ne m’anime. Je constate un fait.

- Personnellement, je pense que la Justice League est, aujourd’hui, qu’un embryon d’une plus grande œuvre. Des humains et des méta-humains qui travaillent, main dans la main, pour une cause commune … Notre monde change. Les méta-humains ne se cachent plus. Certains usent de leurs talents pour le crime, d’autres pour la justice. Je ne sais pas si vous et moi serons témoins de ce que la Justice League va devenir sous l’impulsion de cette nouvelle génération. Qui sait …

Hormis Wonder Woman, les amazones, les dieux et autres êtres du même acabit, personne n’est immortelle.

- Mais mon appel se heurte à plusieurs problématiques. Et votre idée se heurte tout autant à ses propres problématiques. Je ne peux pas recruter de parfaits débutants ou amateurs, mais avec de belles promesses comme Link, et les envoyer sur des missions très dangereuses. Quant à vous, vous ne disposez pas de l’environnement légal nécessaire pour une telle idée. Ai-je tort ?

Je glisse un regard bleu vers lui. Au fond de mes prunelles, une lueur brille. Celle d’une idée saugrenue, mais une idée inédite pour autant.

- Et si … ces belles promesses créent une société de conseils et d’expertise sur la question méta-humaine, est-ce que la police accepterait leur aide pour des missions ponctuelles ?

Tout un embranchement se dessine dans les tréfonds de mon esprit.

- Officiellement, ils n’agiront qu’avec l’accord de la police ou du gouvernement dans les différentes affaires et ils seront identifiables comme n’importe quel agent des forces de l’ordre ou un citoyen lambda.

Je m’humecte les lèvres, pose un doigt sur le menton carré.

- Vous pouvez être le pont entre cette agence à venir et les forces de l’ordre et les guider dans les enquêtes. Je peux aider à gonfler les rangs d’éléments prometteurs et les préparer au mieux face à la menace méta-humaine.

Un sourire se dessine sur mes lèvres.

- L’idée est brouillonne et nécessite de la travailler. Mais, je pense que vous et moi avons davantage à gagner à trouver une solution commune, qu’à jouer les loups solitaires. Nous avons un même objectif, nous sommes dans deux villes très proches et voisines et nous butons à pas mal de difficultés. Si vous arrivez à monter cette équipe, vous allez buter à la difficulté de jauger convenablement une menace méta humaine. Si j’arrive à monter cette équipe, je vais buter à un gouvernement entier, si ce n’est pas déjà le cas avec des groupes comme la Justice League et les Titans.

Je me tais, j’attends sa réaction.
Il peut éclater de rire et m’envoyer chier.
Ou il peut considérer sérieusement la question.

Codage par Magma.

- Je n’ai jamais voulu manipuler qui que ce soit. J’ai eu à me cacher car le monde n’était pas prêt à accepter l’idée d’une vie extra-terrestre, surtout une vie hors norme ayant grandi en son sein. Le Général Dru-Zod représente toute la hantise de l’Homme sur ces vies extra-terrestres. Quant à moi, autant que je sache, je ne fais pas l’unanimité. J’ai autant d’admirateurs que de détracteurs et dans toutes les strates de la société.  

Je pense notamment à Lex Luthor. Il a un talent certain pour s’extirper de toutes les situations. Sans être kryptonien, l’homme a le génie et la ruse nécessaire pour tenir en respect un monde entier et des demi-dieux. Je l’admire autant que je l’exècre. Encore aujourd’hui, je ne peux pas lui pardonner la création de cette abomination qui a failli couter la vie à un univers entier – et qui m’a couté la vie également. Lui qui critique nos pouvoirs et notre constitution, il s’est abrogé les droits d’un divin en créant une vie monstrueuse et destructrice. C’est immoral et malsain. Il est fou, fou à lier.

- Vous et moi pouvons être les parrains, attirer l’attention et offrir une légitimité. Les journalistes Loïs Lane et Vicky Vale peuvent écrire des articles dans leurs journaux respectifs, le Daily Planet de Metropolis et le journal quotidien de Gotham, et permettent une reconnaissance plus médiatique. Je n’ai malheureusement pas de levier politique au sein des gouvernements. Wonder Woman a davantage de contacts que moi. Nous pouvons essayer de pousser l’idée pour en faire une institution légale. Mais, au cas où nous échouons, il faut que l’agence agisse et réussisse quelques missions en consultants et experts. Qu’en pensez—vous ?

En somme, lui comme moi allons mouiller nos chemises pour ce projet. Si c’est une réussite, alors nous pouvons sortir le champagne. Si c’est un cruel échec, avec un scandale ne prime, nous allons nous en mordre les doigts bien longtemps. Le pari est très risqué mais il en vaut la chandelle.

- Cependant, nous devons être réalistes. Ces jeunes pourraient être tentés de porter une cape, de nuit et de leur plein gré. Nous ne leur demanderons pas une telle chose de facto, mais nous ne pourrons pas l’empêcher pour autant. Il faut accepter cette possibilité que les employés de l’agence mènent une double vie, à leurs risques et périls.

Être parrain ne veut pas dire être père. Nous ne pouvons pas imposer un style de vie, juger leur façon de vivre. Et ainsi de suite. Si l’idée plait toujours à l’inspecteur, lui et moi  sommes des guides avant tout. Nous apportons l’expérience et les conseils à des jeunes pour réussir leurs missions, leurs objectifs et grandir. Et avec ces outils fournis, ils prennent leur propre décision.

Est-ce que cette perspective lui convient ou, au contraire, elle le dérange totalement ? Bruce Wayne et Oliver Queen sont des exemples de milliardaires ayant mis leur fortune au service du combat contre le crime. Les jeunes  Barry Allen et Dick Grayson profitent de leurs accès aux forces de l’ordre pour mener leurs propres missions et leur propre justice.

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- Il est tout naturel de mettre en place un cadre légal qui respecte les lois des Etat-Unis et qui inspire la confiance à autrui. Nous pouvons rédiger un brouillon, mais il devra être lu et validé par les premiers membres de l’agence, les premiers concernés par ces clauses. Ils peuvent apporter un éclairage nouveau.

Ni Aleck, ni moi ne pouvons écrire tout un règlement et l’imposer arbitrairement aux premiers employés. Pour que ce projet fonctionne, chaque étape de sa construction doit être collaboratif. Autrement, nous allons perdre davantage de temps à pinailler sur les détails, au lieu de nous plonger corps et âmes sur le projet en question.

- Mais, je me note bien que cette double vie est un point non négociable pour vous. Et je ne doute pas un instant que ce détail l’est tout autant à d’autres institutions publiques.

Je peux comprendre le mécontentement des forces de l’ordre. Si tout le monde enfile une cape et impose sa propre loi à chaque coin de rue, c’est l’anarchie. Cependant, en parallèle, elles ne peuvent pas nier l’efficacité des super-héros aux grands ou petits pouvoirs face à certaines menaces hors-normes.

- Mademoiselle Vale est une journaliste très efficace, mais à la langue acérée. Je pense que vous vous entendrez à merveille.

Je glisse un regard amusé à l’homme. Il a dû comprendre ce léger trait d’humour. J’ai bien compris qu’il a la langue assez pendue et est prompt à rire ou à tourner en dérision certaines choses ou situations. Je ne doute pas que lui et la rouquine s’adonneront à quelques joutes verbales aussi passionnées que bruyantes. Je me demande bien si j’en serais témoin. J’en doute. L’homme est un flic, il a donc l’œil acéré. Il vaut mieux que je me tienne à l’écart avec mon apparence civile.

- Je vous fais confiance pour le financement.

Le nom Wayne me brûle les lèvres mais je me retiens. Il ne faut pas que je nourrisse le moindre soupçon d’une connexion de l’homme d’affaires Bruce Wayne à la Justice League – ou plutôt, le lien de jadis. Moi-même, je ne sais pas si je lui soumettrais une telle proposition. Je vais simplement patienter et voir les engrenages que cet inspecteur va enclencher – et les conséquences positives et négatives.

Financement, politique, social, règlement … est-ce qu’il est nécessaire de discuter d’autres aspects d’un business ? Au final, je suis un super-héros, un paysan et un journaliste et non un homme d’affaires. Qu’en est-il de l’inspecteur ? Je lui glisse un regard, cherchant à deviner s’il a d’autres éléments à ajouter.

- J’ai déjà deux profils qui peuvent être intéressants pour cette agence. L’un est un humain, mais motivé pour aider, pour inspirer et pour diriger. L’une est une sorcière capable d’entendre les morts et, donc, connaître les raisons de leur mort.

Il y a également un troisième profil mais je la compare davantage à une renarde effrayée. Je ne peux pas trahir cette fragile confiance de sitôt et la pousser contre son gré sous le feu des projecteurs. La proposition sera faite, mais elle décidera si elle s’y risque ou non.

- Mais, chacun a un passé pavé d’erreurs plus ou moins graves. Et bien d’autres méta-humains auront des passifs similaires. Jusqu’à récemment, ils vivaient dans l’ignorance de leur pouvoir, l’ont découvert de bonnes ou mauvaises façons, ont eu à se cacher ou ont été exploités.

Je me tourne vers lui.

- Si ces informations deviennent publiques, ou arrivent aux oreilles des politiques, nous risquons de tout perdre … jusqu’à notre propre crédibilité. Acceptez-vous de prendre ce risque ? Moi, oui.

Codage par Magma.

- J’insiste pour que les membres lisent le brouillon avant la finalisation dudit document. Si vous souhaitez consulter un professionnel avant, bien. Mais il faudra le consulter à nouveau après concertation avec les premiers membres.

L’inclusion de futurs membres, les membres fondateurs, m’importe considérablement. Ils vont être les principaux acteurs de ce projet. Ils ont donc davantage de droits que de devoirs, que l’inspecteur ou moi-même. Il est engagé auprès de la GCPD, et je le suis auprès de la Justice League. Une allégeance est difficilement accordée à plus d’une cause, surtout si ladite allégeance exige déjà bien des sacrifices sur le plan personnel.

- Je n’ai pas eu le temps de fouiller le passé de la sorcière, mais je compte le faire très prochainement. Cependant, vous pouvez être plus efficace que je ne le saurais. Elle est de Gotham, elle est donc davantage sur votre territoire que le mien.

Bientôt, je vais revenir en tant que Clark Kent. Est-ce que je serais toujours journaliste au Daily Planet, ou est-ce que j’opterai pour un tout autre emploi, je ne le sais pas encore. J’hésite. J’ai un grand mal à réitérer les prouesses passées. Elles me semblent désuètes, insipides et, surtout, inefficaces. Si Superman cherche des solutions auprès d’une génération plus jeune et plus idéalistes, Clark Kent doit également innover et agir différemment.

- Quant au jeune homme auquel j’ai fait référence, je peux vous garantir qu’il n’a pas encore agi comme un justicier masqué. L’idée a été soufflée mais elle ne le tente pas tant que ça. Il a voulu être policier, mais la corruption dans ce milieu l’a refroidi.

En somme, il veut agir tel qu’il est, sans faux-semblant. Une attitude brave, quoique dangereuse sur bien des aspects. Un profil public est synonyme de danger pour ses proches et ses amis. Plus l’ennemi est fou ou dangereux, plus les êtres aimés seront les cibles privilégiées et des dommages collatéraux colossaux. Je ne dis rien, évidemment. L’inspecteur a assez de bouteilles pour qu’il soit tout autant au courant. C’est une chose que de connaître la théorie, c’est tout autre que de vivre ladite théorie.  

- S’il est votre coéquipier, il est donc déjà engagé auprès de la GCPD. Je doute qu’il puisse concilier deux emplois.  

Le doute est présent.

- S’il le peut, un tel profil, avec de l’expérience en prime, est inestimable.

Enfin, vient la question du contact.

- Avant mon départ, j’avais une ligne dédiée. Aujourd’hui, je n’ai rien. Jusqu’à ce que je rétablisse une ligne sécurisée, communiquez directement avec Loïs Lane. Elle est la journaliste attitrée de la Justice League et peut nous contacter rapidement et facilement.

Je n’ai pas besoin de lui dire pourquoi il n’a pas accès à cette ligne. Elle ne peut pas être donnée au premier venu, et pour le premier projet embryonnaire. Il faut qu’il gagne la confiance des uns et des autres des membres de ce groupe et, surtout, que lui-même est prêt – ou volontaire – à avoir un tel contact privilégié, quoique à risque. Qui ne donnerait pas cher pour pouvoir le traquer et le pirater et ainsi piéger des grands héros.

- Je pense que nous avons terminé cet entretien, inspecteur.

S’il n’a plus rien à dire, je vais le saluer et m’envoler loin … jusqu’au prochain crime. Jusqu’à la prochaine idée.

Codage par Magma.