Of talons and shadows [Terminé - Intrigue I]

L’invitation roulait entre ses doigts effilés, distraitement. Le papier, usé par de multiples manipulations, laissait entrevoir une écriture sèche à l’encre noire. De l’encre noire... Un peu old school, avait pensé Talia dans un premier temps. Enfin, dans un second temps. Le premier temps tout entier avait été consacré au danger qu’une telle missive représentait, à ce qu’elle signifiait pour lui avoir été adressée directement, pour avoir réussi à atterrir entre ses mains. L’homme sur qui elle avait été épinglée n’avait pas su lui en dire plus et pourtant la Fille du Démon avait donné le meilleur d’elle-même pour lui soutirer des informations. En témoignait la petite tache de sang qui ornait maintenant, tel un paraphe, le coin inférieur droit du message. Alors elle l’avait confiée à ses meilleurs agents, cette lettre, ceux qui auraient été capables de trouver une aiguille dans une botte de foin par une nuit sans lune. À sa grande surprise, ils étaient revenus bredouille.

Mais là encore, comment aurait-il pu en être autrement ? C’était un ergot qu’elle aurait dû chercher dans la botte et non une aiguille. Finalement, elle n’avait rien trouvé du tout et Talia avait dû se rendre à l’évidence : l’invitation, qui lui était adressée personnellement, était absolument authentique et ne laissait rien entrevoir de ceux qui désiraient la rencontrer. Alors il avait fallu prendre une décision à l’aveugle, et elle détestait ça. Elle connaissait le risque ; On ne se rendait pas à une réunion secrète sans savoir qui se trouvait en face mais force était de constater que, qui que ce soit, c’était quelqu’un qui avait des ressources, qui savait couvrir ses traces. Ne restait alors que deux possibilités : s’y rendre, et prendre le risque de tomber dans une embuscade, ou ne pas s’y rendre, et prendre le risque de passer à côté d’une alliance mutuellement profitable. Car c’était ce dont il était question.

En d’autres circonstances, Talia aurait probablement balayé cette possibilité d’un revers de main ; À ses yeux, il était clair qu’elle n’avait besoin de rien, ni de personne, pour atteindre ses objectifs. Après tout, elle avait réussi à refaire de Starcity un terrain fertile pour la Ligue des Ombres et cette dernière y avait prospéré au-delà de toutes leurs espérances. Malgré tout... Ses prunelles couraient à la surface du papier parcheminé, caressant amoureusement les lettres qui composaient le lieu du rendez-vous. Gotham. La ville du vice, la capitale du crime, le domaine du Chevalier Noir. Talia n’était plus reparue dans la ville depuis le Gran Plan. À dire vrai, elle l’avait même fuie comme la peste... Trop de souvenirs douloureux s’y nichaient, trop de difficultés pour la Ligue des Ombres de s’y implanter dans le contexte chaotique qui avait suivi la disparition de la Justice League. Alors Ra’s avait choisi de concentrer leur intérêt et leurs forces sur Starcity et Talia avait salué cette décision, pour ce qu’elle lui avait permis de se tenir éloignée de Gotham.

Mais de l’eau avait coulé sous les ponts depuis et sans aller jusqu’à dire que toutes ses blessures s’étaient refermées – elles ne le seraient probablement jamais – le Léviathan se sentait prête à affronter ses vieux démons. Et aussi à se venger d’eux, d’une certaine manière. Trop longtemps, Gotham avait été hors de portée de Ra’s, de la Ligue des Ombres. Eu égard l’accord que son père avait conclu avec Batman, il y a longtemps que la ville – une véritable poudrière – aurait dû sombrer dans sa propre vanité, dans sa propre concupiscence, dans sa propre corruption. Maintenant que le Batman avait perdu en influence sur la ville, il n’y avait plus d’accord qui tienne. Enfin, il était venu l’heure pour la Ligue de réinvestir Gotham. Restait qu’elle était rongée par les organisations criminelles... Et que, de fait, il était toujours de bon d’avoir des alliés.

C’était ce qui avait principalement motivé Talia à accepter la proposition qui lui était faite. Ça et la curiosité que l’invitation avait fait naître dans son esprit. Aussi, le jour convenu, à l’heure convenu, elle s’était rendue au lieu du rendez-vous accompagnée de ses meilleurs hommes. Ce soir-là, une lune haute et pleine jetait une lumière froide sur les bâtiments de la vieille ville, projetant leurs ombres sur les rues en contrebas. Dans la pénombre, le crime s’ébattait librement. Dans la pénombre, tout était permis. Au loin, un cri fendait l’air brièvement. Il avait été précédé d’un coup de feu sans équivoque mais les gyrophares avaient tourné quelques rues avant et s’étaient déjà éloignées du lieu de l’agression. C’était une histoire de tous les jours, on trouverait un corps le lendemain mais plus personne ne savait s’en émouvoir. Par une fenêtre brisée, pensive, Talia contemplait le tableau urbain lorsqu’un bruit se fit entendre derrière elle.

Le lieu du rendez-vous, un ancien théâtre désaffecté, avait été choisi pour son apparente neutralité mais, pour sa part, la fille du Démon considérait qu’elle se trouvait en territoire hostile, quoiqu’on puisse lui dire. Et s’était préparée adéquatement. Ses armes, elle ne les cachait pas, une manière de rappeler qu’accepter l’invitation ne faisait pas d’elle une proie facile, loin de là. Même si elle n’entendait pas s’en servir. Les lieux avaient été préparés pour accueillir une réunion ; Derrière eux, une large table ouvragée, en bois massif avait été disposée derrière une double-porte rongée aux mites et des tentures pourpres avaient été dressées pour couvrir les murs décrépis. La salle aurait presque pu passer pour accueillante, chaleureuse ou, tout du moins, l’effort y était. Restait à savoir ce que cachait toute cette mise en scène... Talia se retourna, observa la délégation venue à leur rencontre depuis l’autre côté du couloir, encore englobée d’ombres. Elle ne distinguait pas leurs visages.

« Est-ce vous que je dois remercier pour l’invitation ? » Fit-elle à la figure centrale.

10 Juillet 2022

Les alliances sont essentielles pour la survie d’une espèce, d’une communauté, d’une civilisation et d’une organisation. Mon prédécesseur, mon Oncle, avait eu la folie de croire du contraire, gérant ses activités comme un chien enragé et solitaire. Sous son leadership, Vanaver Corporation – son activité légale et officielle – s’était retrouvée enlisée dans de multiples opérations couteuses, et la Cour des Hiboux – son organisation secrète, dirigeant Gotham dans le secret via des sphères d’influence – avait failli être détruit suite à l’attaque du Chevalier Noir. Et pourtant, aujourd’hui, les deux organismes survivaient et étaient plus forts que jamais. Mes efforts, mes choix stratégiques, mes paris basés sur ma vision sur le long terme et pris à l’instant où j’avais hérité de ce large patrimoine avaient été récompensés !

Si j’étais sur le point de pérenniser Vanaver Corporation à travers une entente financière avec Bruce Wayne – et la reconquête de sa propre entreprise –, j’avais encore à garantir les intérêts de la Cour. Elle était isolée, au sein d’une Ville chaotique où les Fous régnaient en Maître et où la Corruption était une banalité. J’avais bien considéré les différents Seigneurs du Crime. Malheureusement, un mais planait au-dessus de chacun, s’ils n’étaient pas exclus d’office. Le Joker était une personnalité erratique et incontrôlable : il fallait être extrêmement bête pour le considérer comme un allié. Poison Ivy était du même acabit, dotée d’une personnalité trop indépendante et ayant des méthodes trop radicales. Le Sphynx et le Pinguin étaient les deux candidats potentiels, ayant une forme de stabilité, ou d’intellect, qui nous permettrait de trouver un terrain d’entente. Cependant, le Premier restait un élément imprévisible, ayant déjà déclenché une guerre sanglante et totale par le passé, et le Second nécessitait un réagencement des ententes au sein de la Cour – tout le monde n’a pas apprécié être taxé, disons même volé, par ce type.

Dans ce vrac, un nom était sorti du lot : la Ligue des Ombres. Le groupuscule n’appartenait pas à Gotham et leurs idéaux déviaient considérablement des nôtres – La Ligue prêche la destruction et la renaissance, là où la Cour croit en l’équilibre et en la continuité. Pourtant, contre toute attente et à la surprise générale, je les avais placés comme premier choix d’alliance. Leur structure était similaire à la nôtre – des têtes pensantes, et des assassins surentrainés –, et notre appartenance à deux villes distinctes et éloignées géographiquement étaient gage de respect du domaine de l’autre. Du moins, tel était mon humble avis. En m’appuyant sur ces hypothèses, j’avais lancé une invitation dans la plus grande et simple des traditions, soit avec du papier et de l’encre. Le lieu du rendez-vous n’échappe pas non plus à la symbolique, et au cliché, optant pour un vieux théâtre décrépi qu’on réaménage à la hâte afin de répondre à nos divers besoins. Nous avions besoin d’impressionner nos invités, s’ils daignaient à se présenter.

Pour l’occasion, et au vu de l’importance de cette rencontre, je décide à me présenter en personne – nulle vidéoconférence cachée, nul double à qui j’aurais collé un micro. Par contre, par respect à nos codes et à nos us et coutumes, je me cache sous une cagoule d’Hiboux. C’est désagréable, et c’est assez inconfortable mais je ne peux pas faire autrement, malheureusement. Reste à savoir si cet accoutrement allait déstabiliser et couper court à toute conversation, ou si les personnes allaient outrepasser les préjugés ou les incertitudes et accepter de m’écouter. De toute façon, la véritable question n’était pas de savoir qui j’étais, mais plutôt ce que nous allions respectivement gagner si une alliance se nouait. A quoi avoir un allié, s’il n’y a nul gain à l’affaire !

Je m’entoure de mes meilleurs Ergots, tant pour m’imposer que pour me protéger. Il serait bien dommage de mourir car mes invités sont extrêmement sensibles, et la gâchette facile. L’attente ne dure pas si longtemps, et une dame se présente, les armes à découvert, avec quelques hommes. Un sourire s’étire sur mes lèvres carmin sublimés par un beau rouge. Certes, je me cachais mais ce n’était pas une raison pour ne pas soigner mon apparence. A tout instant, nous pouvons être forcée de nous découvrir, ou de voir notre sablier de vie égrener son dernier grain ! Il fallait toujours être présentable, même face à la Mort.

- Je vous souhaite la bienvenue à Gotham City, et je vous remercie d'avoir accepté mon invitation, lui répondis-je aimablement. Grâce à un appareil sophistiqué intégré dans cette cagoule, ma voix était parfaitement audible mais on pouvait deviner qu'elle était modifiée due au léger son synthétique qui transpirait. Je suis la Grande Maitresse de la Cour des Hiboux, mais vous pouvez tout naturellement m’appeler « M », continuais-je, m’humectant un tantinet mes lèvres. En raison de nos traditions et, surtout, de nos règles, nous ne pouvons pas vous révéler nos identités ou nos visages. La discrétion, le secret et l'anonymat sont primordiaux, pour notre survie et notre épanouissement. Cependant, si j'ai à résumer notre activité, je dirais que nous sommes ceux qui alimentons toutes ces théories du complot, celles qui concernent des groupuscules qui dirigent ce monde dans l'ombre. C'est ce que nous faisons, avec Gotham City, expliquais-je calmement. Vous m'excuserez de ma franchise et de cette entrée en matière aussi brute, mais il me semble nécessaire de vous offrir quelques explications ou information sur ce qui nous sommes et ce que nous faisons, afin de vous poser une seule et unique question. Acceptez-vous de nous écouter et entendre notre offre, ou préférez-vous couper court à cette conversation ?

À son regard perçant répondit celui, cousu ou peint, d’un hibou. Les arrivants étaient masqués, tous, ce qui expliquait qu’elle ait trouvé leurs silhouettes étranges, lorsque ces dernières s’étaient découpées dans la pénombre. Maintenant qu’ils faisaient leur avancée dans la lueur sèche et jaunâtre des lumières d’appoint, tout semblait presque plus clair. Presque... Car cette apparition, quoiqu’elle réponde en partie à certaines de ses interrogations, soulevait irrémédiablement de nouvelles questions. Talia ne laissa toutefois rien entrevoir de son trouble, pas plus qu’elle ne releva le fait qu’elle ait été la seule à se présenter à ce rendez-vous à visage découvert. La Fille du Démon ne savait que trop bien comment fonctionnaient ces choses-là ; Dans ce genre de rencontre, il y avait ceux qui menaient la danse et ceux qui se laissaient porter par les premiers. Et pour le moment, quoique ça ne lui plaise guère, elle faisait partie de ceux-là.

Par ailleurs il aurait été inutile qu’elle tente de se dissimuler derrière des apparences car ceux qui l’avaient invitée avaient adressé leur invitation à Talia al Ghul, le Léviathan. Rien de moins. Et c’était peut-être ce qui l’avait le plus inquiétée, jusqu’à l’instant fatidique de cette rencontre. Comment avait-on pu l’atteindre ? Qui l’aurait pu ? Mais Talia commençait à comprendre. Sans pouvoir affirmer savoir en présence de qui, réellement, elle se trouvait, la Fille du Démon commençait à formuler quelques hypothèses quant à leurs identités. La figure du hibou avait évidemment aidé à combler les blancs, mais il restait encore à démêler le vrai du faux. Car c’était de la Cour il était question et, si elle en avait déjà entendu parler, Talia ne l’avait jamais reléguée qu’au rang de légende. Il fallait croire qu’elle se trompait et que l’organisation était bien réelle, ou qu’on usurpait du mythe.

La figure centrale prit la parole et Talia reconnut le timbre métallique d’un modificateur de voix. Rien n’était laissé au hasard ; À sa bienvenue, la Fille du Démon inclina doucement la tête en signe de remerciement, et le fit une nouvelle fois pour signifier qu’elle comprenait et acceptait les termes de cette entrevue. Quant à la suite... Elle ne sut trop quoi en penser. Des choses pouvaient être dites, ça ne signifiait pas qu’elles étaient vraies ; Quiconque plongeait dans l’histoire obscure de Gotham pouvait entendre parler de la Cour des hiboux, ce qui ne signifiait pas qu’elle existât réellement. D’autant plus qu’en ces temps troublés, rien n’aurait été plus simple que de jouer sur les idées complotistes et la peur qu’elle suscitait pour gagner en influence. Mais elle n’était pas non plus complètement fermée à cette idée. En fait, elle était surtout intriguée, suffisamment pour considérer sérieusement de poursuivre cet entretien.

Après un instant, la Fille du Démon esquissa un sourire entendu.

« J’accepte d’entendre ce que vous avez à me proposer, fit-elle pour toute réponse. De sa main tendue, elle invita les individus masqués à pénétrer dans la pièce et à prendre place autour de la table. Après-vous. »

Ses hommes et elle-même leur emboîtèrent le pas, s’installant face à eux dans une disposition miroir parfaite. La double-porte de bois se referma sur leur réunion, dans le secret de la nuit. Talia savait que rien de ce qui se dirait ici, ce soir, ne sortirait jamais d’entre ces murs. D’une manière ou d’une autre. Au fond d’elle, elle espérait retirer quelque chose de positif de cette entrevue ; Il était toujours bon d’avoir des alliés, surtout dans une Gotham ravagée par le crime, par la corruption, par le chaos. D’un autre côté, elle ne pouvait pas s’empêcher de se demander ce qu’ils en retireraient si cette discussion n’aboutissait à rien. Un sourire avenant aux lèvres, la Fille du Démon ne perdait pas de vue en présence qui elle se trouvait. Si tant est qu'ils disent vrai.

Mais ça, il n’y avait qu’un seul moyen de le savoir.

Nous nous asseyons autour d’une table sobre, mais solide. Un petit objet rond et noir dont le design sophistiqué et simplet jurait avec le décor décrépi et poussiéreux du lieu émit une petite lumière bleutée. Aussitôt, en réponse, deux lumières émanèrent des murs de dispositifs similaires. Aussitôt, un écran holographique, avec le logo d’un hibou, se présenta à nous. C’était mon support pour la présentation à venir.

- En remerciement de votre patience, et de votre intérêt, nous allons nous présenter plus amplement et plus largement. La Cour existe depuis plusieurs siècles, bien avant que Gotham City ne soit construit. Depuis, nous œuvrons pour que la ville prospère et s’agrandisse malgré une population… particulière.

Nous voyons la gravure du premier Wayne – enfin, supposé – tenir la main d’un maçon, autour d’un muret – le premier de Gotham, soi-disant. Puis, l’image laisse place à une représentation 3D des deux plus grands monuments dont les Gothamites sont les plus fiers. Enfin, cette première présentation s’arrête sur la sinistre modélisation de la façade d’Arkham Asylum.

- Nous pensons qu’une ville peut traverser les âges si un équilibre est respecté entre la Justice et le Crime. Un Etat de Paix ne peut pas s’enrichir sans guerre, mais un Etat ne peut pas prospérer sans paix. En somme, il faut savoir maintenir le juste équilibre, en alternant intelligemment le temps de paix, et de guerre, dis-je, dévoilant clairement nos ambitions. Je ne doute pas un instant qu’une organisation telle que la vôtre, qui a su survivre à travers les années, a ses propres idéaux. Si vous vous sentez d’humeur à les partager, je suis tout ouïe.

Bientôt, les silhouettes des membres disparus de la Justice League se dessinent au-dessus de cette table.

- Pendant de nombreuses années, consciemment ou inconsciemment, le Batman a été un vigil qui a su réguler ce flux. Malheureusement, il reste une personnalité incontrôlable et surtout inflexible. Quoi que je puisse lui proposer, il refusera par principe. Il est donc, de facto, un ennemi, conclus-je, repensant à la dernière confrontation entre le Justicier et la Cour. Vous avez également eu la même problématique, en la personne du Flash ou de Green Arrow, n’est-ce pas ? ne pus-je m’empêcher de l’interroger. A la disparition de la Justice League, et sans surprise, les criminels ont pris le pouvoir et sèment aujourd'hui la terreur dans les différentes villes. Nous avons, sûrement, tiré notre épingle du jeu respectivement. Vous devez sûrement vous demander pourquoi je vous offre un tel exposé ? .

A nouveau, après un petit jeu de lumière, c’est la carte des Etat-Unis qui se dressent devant nous.

- Si la Justice League revenait, ou qu’un groupuscule équivalent s’imposait dans votre ville, ou dans la mienne, que va-t-il se passer à votre avis ? lui demandais-je. La réponse me semble bien évidente : nous allons être écrasé. Sauriez-vous pourquoi ?

Talia inclina doucement la tête et, avec une langueur féline, prédatrice, s’installa confortablement sur l’un des sièges de cuir rongés aux mites ; On lui avait promis une présentation, et c’est ce qu’elle s’attendait à avoir. Mais quelle serait-elle ? Les images commencèrent à apparaître, défilant devant ses yeux alors qu’une histoire lui était contée. Ou plutôt, plusieurs histoires. Celle de la Cour des Hiboux, celle de Gotham, celle des Wayne ; Toutes trois s’entremêlaient au fil des âges, tantôt marchant main dans la main, tantôt s’opposant dans des affrontements sanglants. Dans l’ombre, dans la lumière. La Fille du Démon comprenait cela mieux que personne ; La Ligue, elle aussi, avait dû faire face à la plus farouche des oppositions et Gotham, comme une bête insatiable, avait tôt fait de dévorer ceux qui tentaient de la défier, ceux qui tentaient de la maîtriser. Le Batman, à bien des égards, n’était rien de moins que sa personnification vengeresse.

Ses yeux noirs toujours rivés sur les hologrammes, Talia opinait du chef silencieusement, imperceptiblement et presque pour elle-même, à ce que son hôte lui contait. Sa moue boudeuse trahissait une fascination croissante, un intérêt accru par la certitude que derrière le masque se cachait véritablement celle que « M » prétendait être. Si tel était le cas – le doute était de moins en moins permis – c’était autant une occasion inespérée qu’un jeu dangereux auquel jouait Talia. La réputation de la Cour n’était plus à faire et puis... Difficile de ne pas se souvenir de son entrevue avec le Batman, alors. Lorsque les images de la Justice League apparurent devant ses yeux. Lorsqu’il fut asséné que Bruce était un ennemi, de facto. L’était-il ? C’était toujours un sujet délicat pour elle. Le visage de Talia se durcit sensiblement. Dans quelle mesure cette rencontre contrariait leurs plans pour la Ligue ?

Happée dans ses pensées, « M » s’adressa à elle et Talia tourna vers la femme un regard indescriptible.

« Je commence à l’entrevoir. » Admit-elle avec un demi-sourire.

Ses prunelles sombres caressèrent presque avec affection la carte des Etats-Unis, où se distinguaient notablement Gotham, Star City et Metropolis. Trois villes, triplettes maudites si différentes les unes des autres qu’il aurait été impossible de les confondre. Et pourtant plus proches les unes des autres que quiconque pouvait l’imaginer. Il suffisait de voir leurs dessous pour le comprendre : elles étaient toutes trois sous tension, depuis la mise en œuvre du Grand Plan, et toutes trois au bord de l’explosion. Talia laissa s’installer un silence avant de reprendre la parole.

« Parce qu’ils sont unis et que nous sommes seuls ? » Souffla-t-elle sans quitter la carte des yeux.

L’hologramme vacilla une fois, puis une seconde, avant de se suspendre dans les airs, comme une question qu’on n’osait pas poser. Les lumières grèges revinrent doucement, berçant les lieux d’une ambiance pas moins sordide que lorsqu’elles étaient éteintes, signant la fin des présentations et le début des discussions. Quelles qu’elles soient, où qu’elles mènent. Talia vrilla ses prunelles dans celles, masquées, de la femme qui lui faisait face. Après une inspiration, elle prit la parole :

« Nous, la Ligue des Ombres, croyons que l’Humanité est faillible. Mais nous croyons aussi qu’elle peut évoluer, atteindre son plein potentiel et même se dépasser si tant est que nous lui en donnions les moyens. Elle marqua une pause. Nous croyons qu’un monde meilleur est possible, mais nous savons que cela ne peut s’opérer que par le fait de changements radicaux : purger par le feu ce qui est déjà corrompu, reconstruire des bases saines sur les cendres dispersées d’une civilisation décadente. Voilà en quoi nous croyons. Voilà notre idéal. Un sourire ourla la lippe de la Fille du Démon. Merci de votre présentation. J’avais mes réserves, mais c’était très instructif. »

Talia devait admettre, si « M » disait la vérité sur leurs intentions, ce n’était pas entièrement incompatible avec les objectifs de la Ligue des Ombres. Encore fallait-il en discuter plus en profondeur, si tant est que son interlocutrice considère, elle aussi, que leurs buts pouvaient converger. La Ligue n’avait pas conclu beaucoup d’unions par le passé, préférant œuvrer seuls, dans l’ombre. Avec la Cour, ce serait une première. Talia reprit la parole :

« Je suis curieuse toutefois, comment envisagez-vous cette... Collaboration ? Star City et Gotham sont séparées par plus de trois-cent kilomètres, quel soutien peut exister, à une telle distance ? Après un instant, elle ajouta : Et pourquoi maintenant ? Vous pensez que la Justice League est sur le point de revenir ? Son sourire s’étira un peu plus : ne vous sentez pas obligée d’entrer dans les détails, je m’interroge seulement. »

- Oui, tout à fait. Les super-héros gagnent régulièrement car ils sont unis et que leurs adversaires sont seuls et isolés, répondis-je, confirmant les propos de cette femme.

Je suis ravie que nous partagions un même sentiment vis-à-vis de cette situation redondante, et frustrante. Ces hommes et ces femmes prétendant défendre d’honorables valeurs se contentent simplement de mettre en branle-bas les fondations de solides organisations, mettant à mal nos activités et nos projets. Ils peuvent se le permettre, car nous sommes constamment en infériorité « numérique ». Ils se chargent de chacun, un par un. Or, si les plus grandes organisations acceptent de travailler main dans la main, assurément la situation sera différente. Les forces s’équilibreront, voire seront à notre avantage. Et je ne refuse pas un soupçon de déséquilibre, s’il me favorise pour un laps de temps.

La Fille du Démon reprend la parole, présentant les idéaux de sa propre organisation. J’écoute avec grande attention, enregistrant les principaux préceptes. Leur vision est un subtil mélange d’espoir en ce que l’Humanité a de bon, et des méthodes radicales pour éradiquer ce que l’Humanité a comme tares. Je me demande un tantinet les projets qu’une telle organisation nourrissait pour Starcity. La Ville est-elle sur son déclin, prête à être purgée dans le Feu comme la Ligue préconise, ou est-elle sur son essor, prête à réendosser son vieux nom – Starling City, joyaux industriels de la côte Est ? Je me note qu’il ne serait pas mauvais de suivre la situation économique et financière de près, et investir dans les bonnes entreprises pour tirer un profit maximum dans le futur.

- Je vous remercie grandement de votre confiance, en partageant vos idéaux avec moi, répondis-je, confirmant les propos de cette femme.

Mon invitée pose quelques questions légitimes.

- Nous vivons dans un monde qui évolue vite. Nous n’avons plus à attendre une décennie entière, avant que nos modes de vie soient chamboulés. Les changements sont réguliers. Et nous devons nous y adapter. Je me permets de souligner que trois cent kilomètres ne représentent rien, avec les bons moyens de communication et de transport. Ce que nous avons, commençais-je. Notre organisation et votre organisation ne sont pas différentes de toutes ces organisations légales : nous devons nous adapter pour survivre. Aujourd’hui, nous avons deux choix. Soit nous gaspillons une quantité considérable d’énergie, de temps et d’argent pour combler nos faiblesses ou rattraper notre retard sur nos concurrents et nos adversaires. Soit nous nous allions à d’autres organisations pour mettre en commun diverses ressources, et nous calquer au rythme du monde convenablement, dis-je tranquillement, m’interrompant pour choisir au mieux mes prochains mots. La Cour a longtemps opté pour la première méthode. Si elle convenait jusqu’à maintenant, elle a montré ses premières limites sur cette nouvelle décennie. Aujourd’hui, un Clown ou un Penguin peuvent prétendre être les nouveaux maîtres de Gotham, si ce ne sont pas quelques héritiers de la Chauve-Souris, avouais-je. Si je désire une quelconque alliance avec la Ligue, autant que j’offre une part d’honnêteté. La véritable question que nous devons nous poser ce soir est la suivante : que manque-t-il à nos organisations pour atteindre nos objectifs ?

Je me tais, me demandant bien ses sentiments vis-à-vis de tout ce que je viens de dire.

- La Cour des Hiboux souhaite reprendre le contrôle total, et sans partage, sur Gotham. Nous allons rencontrer de la résistance, évidemment, que ce soit à travers les institutions locales, les pègres ou encore tous ces super-héros, qu'ils fassent partie ou non de la Justice League ou d'autres associations. Pour un tel projet, je dois être capable de couvrir plusieurs fronts. Il me manque clairement une force de frappe. Si la Ligue est aussi talentueuse et aussi efficace que les rumeurs prétendent, à n'en point douter, je serais ravie de faire avec vous, finis-je par dire. Qu’en est-il de la Ligue des Ombres ?

Et c’est le moment de vérité.
Si elle n'a nul besoin, la négociation allait se compliquer et être clairement à mon désavantage.

Talia inclina la tête, laissant ses boucles noires couler sur son épaule gainée de cuir. Elle eut un léger mouvement d’acquiescement, si discret qu’il aurait presque été pour elle-même plus que pour son interlocutrice. Ses prunelles, elle, ne quittaient pas le masque au hibou, comme s’il lui était possible de percer au travers pour voir qui se dissimulait dessous. Derrière l’abysse de ses yeux bruns, un éclat intéressé brûlait ardemment. Car il y avait du vrai dans ce qu’avançait M, elle devait en convenir. C’était dans l’ordre des choses ; Les super-héros gagnaient parce qu’ils étaient unis, les criminels perdaient pour la raison exactement opposée. Se battre sur trop de fronts à la fois, empiéter sur les plates-bandes des uns et des autres, l’avarice, la quête de pouvoir... Autant de choses qui faisaient qu’ils ne pourraient jamais l’emporter sur ceux contre qui ils s’opposaient. Le monde du crime était un château de cartes aux fondations fragiles, qu’un souffle justicier faisait s’effondrer un peu trop aisément. Après tout, n’avait-il pas pu s’expandre de façon prodigieuse avec la disparition de la Justice League ? Tout ce qu’ils avaient eu à faire, c’était écraser les mafias locales et la ville leur tombait dans les mains.

Oui, M, à bien des égards, était dans le vrai.

« C’est un juste retour des choses. » Souffla Talia aux remerciements de la femme.

Après tout, la Grande Maîtresse de la Cour des Hiboux n’avait pas essayé de cacher leurs intentions, alors il n’y avait aucune raison qu’ils fassent de même. Cela dit, Talia n’avait pas été totalement honnête avec son interlocutrice ; Si les objectifs de la Ligue des Ombres demeuraient inchangés, la Fille du Démon s’était vue contrainte de repenser leur mode de fonctionnement selon des règles nouvelles, car ses retrouvailles avec le Chevalier noir avaient semé la graine du doute dans son esprit. Elle n’était plus certaine qu’il soit judicieux de s’enliser dans une croisade contre le Batman et le reste de la Justice League, alors qu’ils pouvaient marcher main dans la main moyennant quelques... Changements de leur part. Elle y avait pensé longtemps, seule, dans le secret de la nuit. Elle était arrivée à la conclusion que les méthodes comptaient peu et que seule importait la finalité. Or, il lui avait assuré qu’il ne changerait rien aux idéaux de la Ligue des Ombres, ni à son dessein suprême. Seulement leurs méthodes.

Cela ne valait-il pas d’y réfléchir ?

Son souffle était calme, son cœur battait à un rythme régulier et tout en elle semblé apaisé. En somme, rien ne laissait transparaître le fourmillement des pensées qui s’entrecroisaient, qui entraient en collision les unes avec les autres. Frontalement. Dans quelle mesure son alliance avec la Cour mettrait à mal son arrangement avec le Chevalier Noir ? Et inversement ? Concilier les deux semblait impossible : la Cour souhaitait reprendre le contrôle total et sans partage sur Gotham, Batman souhaitait libérer la ville de la corruption qui la gangrenait. Ses mots lui revinrent à l’esprit. Je veux pouvoir me consacrer au sauvetage des villes que j’ai juré de défendre.

« Vos positions sont des plus sensées, affirma Talia lorsqu’elle reprit finalement la parole. Pourquoi investir du temps et de l’énergie à la constitution d’une force de frappe quand une coalition peut vous apporter exactement ce qu’il vous manque. Elle sourit. Maintenant, il me faut demander. Si la Ligue des Ombres devait constituer votre bras armé, que nous apporterait la Cour des Hiboux en retour ? En dehors de ce qu’on attend classiquement d’une alliance, cela va sans dire. »

À savoir la certitude de ne pas être seul face à l’adversité. La Fille du Démon, au regard de ses connaissances sur la Cour, situait ce qu’ils pourraient retirer d’une telle alliance ; Des informations, de l’influence, de l’argent possiblement... Cela dit la question se posait et elle préférait avoir une réponse claire. Après un instant, Talia reprit la parole :

« Je me dois également d’être parfaitement transparente. Elle marqua une pause. Votre offre est intéressante, et parfaitement honnête, mais c’est une décision que je ne peux prendre seule. Si j’ai toute latitude en ce qui concerne la gestion de la Ligue des Ombres à Starcity mais, pour le reste, je ne suis pas la seule décisionnaire. Il me faut m’entretenir avec Ra’s al Ghul. Entre autres. Quand désirez-vous avoir une réponse ? »

Spoiler:

- La principale monnaie d’échange de la Cour est notre ascendant sur les sphères politiques, économiques et financières. Nous avons des agents, ou des informations pertinentes, qui nous permettent d’influencer les différents marchés, ou décisions politiques. Si le cœur de notre opération est à Gotham, nous avons également des leviers importants dans des villes de petites ou moyennes importances, commençais-je. Par contre, il y a méprise. Il n’est pas question que vous soyez notre seule force de frappe : nous en disposons également. Ces hommes et ces femmes acquis à la cause la Cour pourront également apporter leur aide et leur soutien en cas de besoin.

La demoiselle a également parlé du Démon en lui-même, le fameux Ra’s Al Ghul. Je suis bien curieuse de rencontrer cet homme. Comment est-il ? Une telle organisation nécessite un leader rigoureux, brillant, charismatique et surtout aussi fort mentalement que physiquement. Il doit être impressionnant, à n’en point douter !

- Je suis consciente que la proposition est soudaine, et inattendue. Je peux comprendre que vous avez besoin de consulter, en amont. J’ose espérer que la réponse donnée sera positive. Je ne doute pas un instant que cette collaboration sera bénéfique pour vous, et pour nous. Il y aura des gagnants, et nuls perdants … si ce n’est nos ennemis respectifs.

Malheureusement, la théorie est une chose, la pratique en est une autre. Si aucune organisation criminelle n’a fait d’alliances jusqu’à ce jour, c’est que nous avons une maladie chronique appelée narcissisme ou orgueil … D’autres, avant moi, ont pensé à de telles alliances. Et tous, sans exception, ont échoué. Est-ce que j’allais rejoindre ce club de perdants ou, au contraire, allais-je la première à mettre sur pied un large réseau d’entente entre des organisations aux ambitions douteuses ?

Seul l’avenir nous le dira. J’ai jeté ma pierre, et j’attends d’en voir les conséquences. Qu’est-ce qui allait sortir du fond du lac ? Le Loch Ness, mon futur ami. Ou, une minable anguille.

Je me lève, prête à partir.

- Je ne vais pas vous retenir plus longtemps. Vous et moi avons surement beaucoup à faire dans nos villes respectives. Je n’ai aucune intention de perturber davantage ce trafic. Je vous prie de transmettre mes sincères salutations au Démon, Ra’s Al Ghul, et au plaisir de nous recroiser en tant qu’alliés.

D’un signe de tête, je salue. Et je prends le chemin de la sortie, mes ergots à mes talons, prêts à bondir sur le premier qui oserait s’en prendre à moi.

La Fille du Démon, laissant cascader ses boucles brunes sur ses épaules gainées de cuir, avait acquiescé silencieusement aux précisions que lui apportait son interlocutrice au sujet de leur possible coopération. Lorsque M avait repris la parole, clarifiant quelques points sur lesquels il y avait vraisemblablement eu méprise, il avait semblé clair d’un côté comme de l’autre que la discussion ne pourrait aboutir en ces lieux. Talia n’était pas la seule décisionnaire, ce qu’elle s’était fait fort de le lui signifier en arguant que c’était une affaire qui devait être présentée à Ra’s al Ghul en personne. Il était de notoriété que lui seul, après tout, était en mesure de décider quelle direction la Ligue des Ombres devait adopter. Elle-même n’était jamais que son bras armé.

Mensonge en demi-teinte, mais son interlocutrice n’avait pas à savoir, pour le moment, quel jeu se jouait concernant la Ligue des Ombres. Elle ne doutait pas, toutefois, que l’annonce de leur victoire écrasante – ou de leur défaite cuisante – trouverait un écho dans les sphères criminelles. Or, la Cour était suffisamment renseignée pour la trouver... Elle n’avait pas trop d’inquiétudes quant au fait qu’ils entendent parler des revendications du Chevalier Noir sur la Tête du Démon en temps et en heures. La Grande Maîtresse avait toutefois entendu ses impératifs d’en discuter avec les instances de la Ligue des Ombres avant de lui offrir une réponse définitive et Talia l’en avait remerciée comme il se devait.

Alors, M avait pris congés d’elle et Talia l’avait saluée avec tout le respect que l’on devait à une égale. Elle-même était restée immobile bien longtemps après le départ de la Grande Maîtresse. Elle était restée à ressasser la discussion et les conséquences de son refus pour la Ligue des Ombres... Et pour elle-même. Ses hommes les plus fidèles avaient flanqué ses côtés, aussi figés que leur maîtresse, jusqu’au bout de la nuit. En d’autres circonstances, Talia n’aurait probablement pas eu besoin d’y réfléchir à deux fois avant d’accepter la proposition de la Cour des Hiboux ; Elle savait qu’elle se serait fait une alliée puissante, qui partageait au moins en partie sa vision du monde, et aux côtés de laquelle elle aurait tout affronté. Et elle savait aussi ce que signifiait tourner le dos à cette proposition.

Se faisait-elle de la Cour une ennemie ? Nécessairement.

Son alliance avec le Batman signait la fin des réjouissances pour celles et ceux qui espéraient faire de Gotham leur royaume. D’ailleurs, les doutes à ce sujet continuaient de l’assaillir, sans réellement parvenir à entamer sa résolution. Elle lui avait donné sa parole et, en son cœur, la décision était prise. Et ce même si c’était une folie qui ferait couler le sang de la Ligue des Ombres, même si elle était déraisonnable au point de les affaiblir tous. S’en relèveraient-ils ? Les conséquences en seraient à la fois sublimes et terribles, quelle que soit l’issue de leur affrontement. Sublimes et terribles.

Au fond d’elle, la Fille du Démon songeait à M et savait que leurs chemins finiraient par se recroiser. Dans quelles circonstances ? Cela restait à déterminer. La seule chose dont elle était certaine, c’était que son père n’accepterait jamais une alliance avec quiconque... Il avait trop d’orgueil pour cela, il tenait les idéaux de l’Organisation entre trop haute estime. Une estime par trop rigide. C’était une chance pour elle et pour le Chevalier Noir ; La Ligue des Ombres et la Cour alliées représentait un risque mortel, même pour eux. Même pour eux. Pour tous, à dire vrai. Elle eut un sourire aigre, pour elle-même, en songeant à tout cela.

Mais au fond d’elle, Talia était curieuse de savoir ce que l’avenir leur réservait.

« Allons-y. » Fit-elle finalement, tandis qu’un sourire étirait sa lèvre.

Accompagnée de ses hommes, la Fille du Démon sortit de la pièce et prit soin de fermer la porte derrière elle.

Spoiler:

Sujet: Re: Of talons and shadows [Terminé - Intrigue I]

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