Shadowcrest

Les choses avaient complètement déraillé. Je venais de rentrer et on m’annonçait que Dru-Zod était revenu de la zone fantôme et que the Darkness avait attaqué Métropolis, blessant gravement l’une de nos alliées. Rien que ça.

J’étais restée à Themyscira lorsque ma mère avait décidé de renvoyer Zatanna, espérant trouver ce que la magicienne n’avait pas eu le temps de voir. la bibliothèque et les archives étaient plus que conséquentes, ce fut un travail de longue haleine et j’avais tiré parti de ce temps pour faire restaurer mes armes et armures mises à très rude épreuve par des décennies de combat dans le multivers contre des dieux antiques et des monstres infernaux. Je n’avais rien trouvé de tangible hélas… Rien qui n’apporte de solution concrète au mal antédiluvien qui errait dans notre monde. Toutes les créatures avaient leur faiblesse, nous finirions par trouver la sienne… J’étais confiante.

Renouer avec mon foyer m’avait fait un bien considérable. J’étais revenue brisée de mes expériences passées, bourrée de doutes, d’angoisses et de traumatismes. A peine rentrée d’une planète où j’avais vu l'humanité se faire massacrer et où je pensais bientôt mourir, on m’avait annoncé que je devais retourner au front aussitôt. Pas de répit pour les braves… La vérité c’est que je déchantais. Passée les retrouvailles émouvantes avec mon monde natal, j’avais finis par retomber de mon nuage pour subir le contrecoup émotionnel. Je n’étais plus dans le rush systématique et la tension pour survivre contre les monstres omniprésents, désormais, j’avais du temps pour capitaliser, réfléchir…

Alors j’avais cédé, faible que j’étais, à l’appel de mon foyer que je n’avais pas revu depuis une éternité. Ma famille, dont j’avais fait le deuil depuis longtemps et que je  pensais ne jamais revoir… Je m’étais gorgé du soulagement  d’être entourée par tous ces visages familiers comme si j’avais enfin atteint les berges de l’Elysée après une très longue errance sur les fleuves infernaux.

Pour autant je savais que les choses n’étaient pas simples et que les mortels avaient une fois encore besoin de moi. Je savais que mes amis souffraient tout comme je souffrais, et que la Justice League avait besoin que l’on se batte pour la sauver. Je savais que mon absence allait manquer, que la contrepartie si je persistais à me retirer du jeu, serait trop lourde à payer et à assumer.

J’étais rentrée aux Etats-Unis, j’avais revu Clark, j’avais appris…
Je me sentais coupable d’avoir manqué la bataille, j’aurais dû être présente. Mais je ne pouvais changer le passé… En revanche, je pouvais écrire l’avenir.

J’avais alors contacté Zatanna dans les plus brefs délais. Je voulais m’assurer qu’elle allait mieux, prendre des nouvelles… Je voulais également avoir sa version à elle, savoir si son enquête avait progressé et actualiser les informations dont je disposais sur Enchanteresse. Je ne louperai pas la prochaine bataille.

Elle m’avait invité à son domicile, un lieu en campagne, à proximité des deux villes géantes, Gotham City et Métropolis. Je m’y étais rendue sans sourciller, avec la voiture de location qui me dépannait bien… J’avais encore du travail pour remettre mes affaires en ordre. On ne disparaissait pas de la vie civile pendant deux ans sans conséquence.

Je vis la silhouette de la magicienne au lieu de rendez-vous et sorti de la voiture pour la saluer. Je lui adressai l’un de ces sourires chaleureux dont j’avais le secret.

-Zatanna… Ravie de te revoir.

C’était sincère. J’étais réellement soulagée de la voir sur ses deux pieds.

-Comment vas-tu ?

Shadowcrest

J’aurais pu venir en volant, c’est vrai. C’était un moyen de transport qui faisait gagner un certain temps même si c’était plutôt voyant. Les GPS avaient du mal à suivre, en revanche, sans cesse à recalculer l’itinéraire… Mais non, j’avais préféré la voiture. Il était étonnant de voir comme je prenais plaisir à renouer avec les petites choses de ma vie passée après tout ce temps à vivre comme une femme des cavernes. Même les embouteillages arrivaient parfois à me faire sourire, ils me rappelaient à quel point la Terre était une planète vivante et peuplée… Après quatre années à ne voir que le visage de Bruce, de la nature à perte de vue et des monstres, les jérémiades des citadins avaient un petit côté réconfortant. Je devenais tantôt euphorique en voyant autant d’humains rassemblés à un même endroit, et tantôt agoraphobe. Cette instabilité émotionnelle résumait assez bien ma vie depuis mon retour du multivers.

J’étais rentrée il y a peu, fermement décidée à faire le tour de chacun de mes alliés pour faire le point sur leur situation, moral, objectifs à venir. Ma conversation avec Superman, hier, m’avait faite longuement réfléchir et aidé à y voir plus clair. J’avais pu recentrer mes attentes et besoins… Je retrouvais doucement la flamme et l’envie de me battre.

Apprendre pour l’attaque de Métropolis m’avait porté un coup dur, c’est pourquoi j’avais fait le choix d’aller voir Zatanna en premier lieu, avant même de retrouver le reste de la ligue.

Errer dans le multivers, penser ne jamais rentrer et revoir mes proches, faire le deuil de leur existence… pour finalement revenir sur Terre après m’être préparée à mourir sous les assauts de la horde de démons... J’avais retrouvé mon foyer, mes racines et ma culture… Ce bonheur avait réveillé en moi une forme de nostalgie intense. J’avais tûe mes origines pour me fondre parmi les mortels, passé un siècle et demi à vivre comme eux… Aujourd’hui j’avais envie de revendiquer qui j’étais, ma culture. J’étais revenue chargée de Themyscira, emportant avec moi des épices, des mets non périssables, mais aussi des habits, pièces d’équipements… C’était dans l’une de ces robes que j’étais venue drapée.

-L’acide, la foudre… Te voilà prête à affronter les dieux, plaisantai-je en lui souriant avec chaleur.

Mon regard se fit plus triste.

-Je viens d’apprendre ce qui s’était passé, Themyscira est coupée du monde… J’aurais dû être là pour combattre à tes côtés. Je suis sincèrement désolée que tu ais dû affronter tout cela seule... Nous marcherons ensemble, désormais.

Cela au moins je pouvais le lui promettre. Je ne disparaîtrais plus pendant deux mois dans un lieu hors de tout relais satellite et réseau mobile.

J’entrouvris la bouche, la refermai, hésitai quelques instants le cœur lourd...

-Que t’ont-ils raconté ?

Mon regard balaya les environs, je finis par soupirer.

-C’est vrai… Ça a été un long cauchemar dont je peine à me réveiller, avouai-je.

Je me détournai et ouvrit la porte arrière de ma voiture pour en extirper un grand pot dans lequel étaient plantées des pivoines fleuries et éclatantes de couleur.

-Paiōnia, “qui guérissent”, traduisis-je. Elles sont comestibles et ont des valeurs médicinales. Je crois que les occidentaux ont pour coutume d’apporter des fleurs aux convalescents ? J’arrive un peu en retard, mais… Elles pourront toujours décorer ton jardin si tu le souhaite, plaisantai-je.

Et où était-il, ce jardin, à propos ? Je ne voyais rien alentours, sinon un petit chemin par lequel Zatanna était arrivée.


[Tenue de Diana: Habits & Coiffure ]

Shadowcrest

Zatanna avait raison. Bruce avait toujours marché sur des braises ardentes, les flammes lui léchaient parfois douloureusement les pieds… Mais il avait su, malgré cette souffrance perpétuelle, trouver une compagne, reconstituer une famille (bien qu’atypique), combler un peu les choses dont il manquait cruellement… Il n’avait jamais été un as de la communication et Una n’avait pas arrangé les choses, après tout ce temps passé à vivre en ermite… Il était revenu en croyant prendre une retraite bien méritée… La douche avait été glaciale. Je redoutais que les braises ne se transforment en brasier. Bruce avait une manière très particulière de gérer ses émotions.

-Tu as raison…



Le raisonnement de la magicienne était implacable. Que pouvais-je y répondre ? Je n’avais pas revu Bruce depuis trois mois, pour lui laisser de l’espace. Etant donné les circonstances, notre relation était devenue trop fusionnelle pour notre propre bien… Je m’étais retirée du jeu pour lui laisser une chance de recréer un lien avec la femme de sa vie, de retrouver au moins l’une des choses dont il rêvait depuis dix ans. Je ne l’avais pas revu depuis, mais j’entendais bien renouer incessamment sous peu. Il me manquait, c’était peu de le dire… Je pouvais me contenter de rester loin pour protéger son bonheur, mais avait-il seulement retrouvé Cat ? Ses enfants ? Recréer ce lien social dont il avait désespérément manqué toutes ces années ?

-Vous vous connaissez depuis longtemps ? Comment vous êtes vous rencontrés tous les deux ? lui demandai je avec curiosité.

Je lui souris. Zatanna était une personnalité empathique et bienveillante, elle nous avait bien cerné.

-Je compte sur toi pour me briefer sur tout ce qui est arrivé depuis que je me suis absentée, lui dis-je d'un air tranquille. Tu as sûrement plein de potins à partager, ajoutai-je un brin taquine.

Je saisis mon sac dans la voiture et verrouillai l'habitacle avant d'emboîter le pas à Zatanna.

-Pour ma part, J'ai fouillé la bibliothèque de Themyscira, mais je n'ai malheureusement rien trouvé qui pourrait nous aider dans notre combat. J'ai bien peur d'avoir perdu mon temps.


L'île possédait une immense collection couvrant plusieurs milliers d'années d'histoire… autant dire qu'en faire le tour avait demandé du temps, surtout en sachant que la reine des amazones avait refusé de laisser ma partenaire rester plus de quelques heures… Nous aurions pu nous partager le travail, sans compter que les connaissances mystiques de Zatanna aurait probablement permis de faire le tri entre l’utile et le superflu. Tant pis, on ne pouvait réécrire l'histoire, mais on pouvait construire le futur.

Shadowcrest… Je ne voyais toujours rien à l’horizon, pas l’ombre d’une maison.

-A quoi je dois m'attendre ?


Et soudain nous franchîmes la limite. Je sentis l’air vibrer autour de moi au contact de la magie et la demeure m’apparut…
Un sourire entendu éclaira mon visage.

-Voilà une protection qui me rappelle mon chez moi… Le manoir est magique, lui aussi ?

Shadowcrest

Je souris en imaginant ce jeune garçon plein d’ambition, déjà désireux de se former et de se dépasser… Le tout sous une fausse identité. Avait-il déjà prévu de devenir le Batman à cette époque ? Portrait-il déjà le costume ?

Je suivis la très mystérieuse Zatanna sans poser plus de question, comprenant qu’elle préférait me montrer plutôt qu’en parler. Et je réalisai effectivement à son sourire plein de fierté qu’elle était ravie de sa surprise.

-C’est intéressant, c’est comme si le lieu lui-même était vivant.

Comment cela fonctionnait-il ? Le manoir était-il une dimension à part entière, ouvrant un chemin vers la nôtre et se déplaçant à son gré dans l’espace ? J’avais l’habitude de côtoyer le mystique, mais on ne pouvait pas dire que j’en saisissais toute l’essence. Mes propres pouvoirs me venaient de mon ascendance et des dieux grecs, je n’étais pas moi-même une utilisatrice de magie. J’arrivais à la percevoir jusqu’à un certain point, l’affinité s’arrêtait là.

La température était douce dans la maison, je déposai mon gilet et suivi Zatanna jusqu’au salon, jetant des coups d'œil curieux autour de moi. A première vue, le manoir ressemblait à une maison tout à fait normale…

-Le manoir établit un lien télépathique avec nous ?

Etait-il doué de conscience ? Voilà qui poussait à la réflexion.

-Tu veux dire que si je pense à un ballet russe, il va apparaître dans ton salon ?

Petite plaisanterie glissée là… Même si j'étais réellement curieuse de connaître la limite de la magie des lieux.
Je pris place dans un fauteuil après avoir pensé à un rafraîchissant jus de grenade - n’en déplaise à Perséphone.

-Et comment les humains ont-ils procédé pour l’enfermer ? lui demandai-je sans m’arrêter sur son hésitation à propos du genre du contact qui lui avait donné le tuyaux.

Je hochai la tête.

-Quel est le nom de cette déité ?

La connaissai-je, par hasard ?

-Que voulait-elle?



Certains dieux exigeaient des sacrifices particulièrement atroces ou demandaient des compensations trop élevées… Tous n’avaient pas l’âme altruiste. Ils l’avaient rarement, à dire vrai. J’en déduisais que ça avait été le cas pour Zatanna et John.

Je levai les yeux vers le majordome, l’observant quelques instants. Humain, à première vue. Un mage lui aussi ?

Shadowcrest

-Pourtant, je peux le solliciter aussi pour obtenir à boire ?

J’imaginai que le lien principal se faisait avec le propriétaire de la maison, mais que cette dernière possédait la faculté de se connecter à tous les invités de passage.

-J’ai une connaissance limitée de la pratique de la magie, confessai-je pour justifier mon ignorance.

J’avais une meilleure connaissance des panthéons antiques, des pouvoirs divins et des artefacts qu’ils avaient laissés derrière eux et après lesquels je courrais depuis un siècle de cette temporalité. La magie pure et dure, dans sa pratique courante, n’était pas une science dans laquelle je me sentais très à l’aise. C’était peut-être la raison pour laquelle nous faisions une bonne association, Zatanna et moi. Elle, l’incarnation même de la magicienne, moi, la connaissance historique des mythes avérés. Bruce avait été bien inspiré de nous présenter l’une à l’autre. En mettant de côté nos intérêts communs vis-à -vis d’Enchanteresse, nous pourrions certainement former une équipe efficace.

-Tupä… De la mythologie guaranie.

Je me plongeai dans mes souvenirs, dressant l’inventaire de ce que je savais de ce panthéon et de la déité en particulier.

-C’est un dieu de premier ordre que vous avez convoqué, dis-je avec une petite moue admirative.

C’était culotté. Et le dieu avait répondu alors qu’il n’était pas appelé par ses fidèles, ce qui était d’autant plus impressionnant. Zatanna et John avaient eu de la chance, même s’ils n’avaient visiblement pas obtenu gain de cause.

-C’est donc par le sang que le peuple a réussi à mener son rituel qui a emprisonné l’âme d’Enchanteresse…

Je soupirai, secouant doucement la tête.

-Je comprends… Le prix à payer est souvent cher lorsqu’on veut enfreindre les règles. Les dieux qui ont perdu la foi des Hommes peinent à franchir le voile entre leur univers et le nôtre. Leurs apparitions sont souvent courtes et leurs capacités d’interventions limitées. A moins d’être aidés par quelqu’un de ce côté… Un rituel, des prières… Des sacrifices. Vous avez été bien avisé de refuser. Sans parler de l’inconcevabilité de lui offrir ton bébé, l’esprit de John aurait pu être sévèrement endommagé par la possession divine… Ou définitivement altéré.

Il y avait d’autres options à explorer avant d’avoir recours à de tels extrêmes. Nous allions forcément trouver autre chose, il le fallait.

-Il y a un point qui me chagrine… J’ai recherché dans toutes les mythologies, exploré le savoir themyscirans, celui des historiens du monde des Hommes… Mais je n’ai rien trouvé sur Enchanteresse. Je ne sais rien des origines de cette entité et j’en viens à me demander si elle vient seulement de cette dimension. As-tu appris quelque chose à ce sujet ? lui demandai-je pleine d’espoir.

Auprès de Tupä peut-être ? Connaître son origine nous apprendrait tant de choses sur elle, autant de pistes à explorer pour la faire tomber.

-Il y a autre chose, Zatanna. J’ai eu beaucoup de temps pour réfléchir et profiter de la sagesse de mes sœurs… Je pense détenir une arme contre Enchanteresse.

Je me levai, fis quelques pas en direction de la fenêtre pour jeter un regard vers l’extérieur, incertaine. Je me retournai pour regarder la jeune femme.

-Ca a l’air simple dit comme ça… dis-je avec un léger rire jaune. Je suis passée à un cheveux de mourir quand j’ai procédé avec Arès et je n’ai pas fait la moitié de tout ça. Enchanteresse est une magicienne, un domaine dans lequel je ne brille guère… Et je la sais capable de manipuler les esprits. Elle me résistera, je ne pourrai pas la vaincre seule. Mais…

Mes yeux plongèrent dans ceux de Zatanna.

-Par chance, je fais équipe avec l’une des plus brillantes magiciennes que cette génération ait connu. Nous devons établir un plan. Tu peux peut-être m’entrainer et me préparer aux assauts mentaux, pour commencer…

Avait-elle ce genre de sorts dans sa manche ? Ce serait une préparation non négligeable en vue du combat titanesque qui s’annonçait.

-Ensuite, nous allons établir un plan solide. Il faut affaiblir Enchanteresse, l’isoler de ses alliés, pour que je puisse l’approcher suffisamment longtemps pour prendre l’ascendant et l’emprisonner. Nous avons besoin d’alliés. Des magiciens, pour l’affronter elle. Des méta-humains, éventuellement, pour contrer le reste de son association. Nous allons les attirer dans un piège et les vaincre, dis-je la tête haute, déterminée et prête à en découler.

Shadowcrest

-Il a été contrarié par votre refus ? lui demandai-je.

Certains dieux étaient plus caractériels que d’autres et je ne connaissais Tupä qu’à travers les quelques traces historiques qui avaient subsisté à travers le temps. Je l’imaginais mal débarquer dans un futur proche, c’était une déité pratiquement oubliée, mais sait-on jamais, des fois qu’une communauté locale ne se décide à le vénérer à nouveau… Il avait visiblement fait suffisamment forte impression à Zatanna pour qu’elle soit inquiète à l’idée de quelques retrouvailles.

-Ne t’en fais pas, ça va aller… Les dieux interagissent peu avec notre réalité, voulus-je la rassurer.

Mais ça arrivait. Je notai de m’abstenir de lui parler de la manière dont Arès, les dieux et les monstres qui lui avaient prêté allégeance jadis, galvanisés par les envies de guerre des Hommes, s’étaient mêlés en secret aux mortels pour tenter de les mener au devant de leur propre destruction, jadis. Du nombre de créatures ou d’artefacts maudits que j’avais eu à repousser depuis que je marchais dans le monde des Hommes… Les intéractions étaient bien présentes, mais à l’échelle d’une vie humaine elles étaient de l’ordre de l’occasionnel. Je percevais le temps différemment, de part ma longévité.

-Je vois…

Nos recherches et nos conclusions semblaient converger. Enchanteresse était une entité venue d’ailleurs. Que ce soit d’une autre planète ou d’une autre dimension, son arrivée remontait à trop loin pour que nous en gardions une trace physique.

Je ne comprenais pas. Etais-ce ma faute ? Faisaient-ils payer à mes soeurs mes propres péchés ? Ma disparition ? Les avions nous contrariés de quelque manière que ce soit ? Y avait-il une justification que nous ne connaissions pas ? Quelque chose qui se passait sur l’Olympe, un problème ?

Je continuai à réfléchir à haute voix.

-Je connais quelqu’un, du côté de l’Unique… Peut-être aura t-il une idée. Je le contacterai sous peu.

Si l’archange acceptait de prendre parti dans ce conflit. Je trouverai les mots pour le convaincre...

-Tu ne connais donc aucune magie qui saurait emprisonner une âme dans un objet ?

Shadowcrest

-Exactement ! dis-je à la jeune femme pour la rassurer.

Je comprenais qu’elle soit effrayée à l’idée qu’un dieu vengeur puisse en avoir après sa vie. Je ne la pensais pas en danger cela dit, mais si la Puissance parvenait à quitter sa marche et à franchir le voile entre nos mondes, il y aurait un comité d’accueil pour s’interposer entre sa cible et elle.

-Effectivement, c’est peu, répondis-je en hochant la tête. Un justicier qui se rangerait du côté d’une Entité comme Enchanteresse ? Ce serait un sacré revirement… Quel est le nom de ce “super-héros” ?

Ça ressemblait à un début de piste. Il nous faudrait creuser de ce côté-là.

-En effet, la nature de notre adversaire diffère des démons de l’Unique qu’il a l’habitude de côtoyer… Tu penses que ses pouvoirs auront un impact sur Enchanteresse ?

Ce serait un véritable atout d’avoir quelqu’un à mes côtés pour m’appuyer pendant “l’exorcisme”, voire de le laisser prendre la main. Je m’attendais à me confronter à une terrible opposition en face. Il me faudrait rencontrer à nouveau Constantine, échanger avec lui sur la meilleure manière dont nous pourrions collaborer ensemble. Je redoutais l'usage du lasso et le pont mental qu'il allait créer entre Enchanteresse et moi. L'Entité était plus ancienne, plus fortes que moi peut-être sur le plan mental... Et si mon attaque se retournait contre moi ?

-Les morts et les vivants se côtoient dans le Tartare et il s’y trouvent piégés des êtres bien plus effroyables qu’Enchanteresse, tous placés sous la garde du dieu Hadès et de ses nombreux sujets qui peuplent son royaume. Laisse moi un peu de temps pour gérer tout cela, je dois également reprendre contact avec les camarades de la Ligue des Justiciers et les réunir...

Je saisis mon verre pour boire une gorgée en écoutant attentivement la proposition de Zatanna.

-Le problème n’est pas tant de piéger l’âme que d’empêcher nos adversaires de s’emparer de l’artefact pour libérer sa prisonnière comme a pu le faire June par accident lorsqu’elle menait ses fouilles… Mieux vaudrait que l'artefact soit mis en lieu sûr, placé sous bonne garde. Je pourrai convaincre mes soeurs de veiller dessus s'il le faut, mais il faudrait que ton ami soit près à abandonner sa “cape”...

Je connaissais peu de gens près à se défaire d’un objet aux grands pouvoirs comme celui-là.
Le Tartare me semblait de plus en plus être la solution la plus sécuritaire et définitive à nos problèmes. Je devrai trouver le moyen d’entrer en contact avec les dieux, négocier avec les olympiens leur aide. L’autorisation de placer sous la garde d’Hadès une prisonnière qui menaçient la paix du monde dont ils rêvaient.

-Zatanna, penses-tu pouvoir m’aider à renforcer mon esprit contre les assauts psychiques ? Ou Constantine, peut-être ? Toute l'équipe devrait s'entrainer. Superman aussi... Ce serait dramatique si Enchanteresse le retournait contre nous.



Nous continuâmes à échanger un long moment sur les possibilités et compétences des uns et des autres, sur des hypothétiques plans de bataille... Quand je repartis, j'avais une vision plus claire de mes objectifs à court termes.