The mysterious heiress | Ft. Zatanna [Terminé - Intrigue II]

Cela faisait des mois qu’elle n’avait pas utilisé sa magie pour autrui. Des mois qu’elle ne s’était plus présentée sur une quelconque scène pour divertir enfants comme adultes. Elle avait ressenti une certaine appréhension alors qu’elle s’était apprêtée en conséquence pour se rendre au sein de la si mystérieuse propriété de Prendergast. Etait-ce dû au fait de se servir d’un peu de sa magie durant ses tours en un lieu qu’elle ne connaissait pas ? Ou bien était-ce lié au fait que pour la première fois depuis des mois, depuis la défaite face à Enchanteress qui aurait pu la tuer, elle se produisait en spectacle ? L’appréhension du premier show, voilà bien un sentiment qui s’était montré fort silencieux depuis bien longtemps. Elle n’avait pu refuser une telle invitation. Non seulement elle jouissait d’une réputation qu’elle se devait de tenir mais il y avait aussi cette volonté de montrer qu’elle était toujours présente, qu’elle était toujours la Zatanna Zatara qui produisait des spectacles avec de cette magie que les humains prenaient pour une dextérité et un talent inégalés. Et plus il y avait de cette curiosité de découvrir l’intérieur de cette propriété tombée en décrépitude et dont les propriétaires avaient su lui faire retrouver sa splendeur d’antan.

La décoration de la demeure était à la hauteur de l’architecture qui s’offrait aux yeux de quiconque passant ou vivant au sein du quartier résidentiel de The Palisades. Avec les évènement actuels il apparaissait plus que jamais que cette partie de la ville était à l’écart de bien de maux qui affligeaient une grande partie de la population de Gotham et de Metropolis. Une fois arrivée dans la partie de la demeure dédiée au spectacle, la magicienne s’était alors préparée afin que tout soit en ordre le moment venu, se permettant ainsi d’occuper son esprit afin de ne plus penser à l’appréhension qui la rongeait. Ce ne fut qu’une fois les invités arrivés, le spectacle débuté, qu’elle commença à se sentir plus légère, retrouvant ces mécanismes qu’elle avait travaillés encore et encore durant des années jusqu’à les maîtriser les yeux fermés. Ses yeux avaient aperçu des visages connus mais concentrée sur sa tâche, elle ne leur avait prêté que peu d’attention. Qu’il était plaisant de pratiquer à nouveau, d’attirer les regards là où elle voulait qu’ils aillent pour ensuite les surprendre avec un brin de cette vraie magie qui coulait dans ses veines.

Ce ne fut que lorsqu’elle eut terminé sa prestation, s’inclinant sous les applaudissements qui lui étaient adressés, que son attention se porta sur les différents invités qui étaient présents. Si ses yeux survolèrent rapidement le visage de Samantha Vanaver, ils s’arrêtèrent plus longuement sur celui de Bruce qu’elle n’avait pas vu depuis plusieurs jours. Il était bien de retour. Elle lui adressa un hochement de tête mais alors qu’elle s’apprêtait à venir le saluer, elle fut coupée dans son élan par un mouvement en haut des escaliers de ce grand hall. Une jeune femme à la peau aussi laiteuse et aux cheveux aussi clair que la lune elle-même les descendaient avec une grâce sans pareille. Et si son allure pu captiver la magicienne, ce fut autre chose chez l’inconnue qui l’empêcha de détourner le regard. Il y avait quelque chose de sombre dans cette aura qui se dégageait d’elle dérangeant la magicienne qui sentit les poils de sa nuque se dresser alors que la jeune femme s’arrêtait à mi-chemin pour se laisser photographier par les journalistes présents. Le silence s’installa rapidement et elle prit la parole, captivant pleinement l’attention qui lui était déjà portée depuis son apparition.

Elizabeth De Clermont, deuxième du nom. L’information vint se graver dans l’esprit de Zatanna tandis que la De Clermont répondait successivement à un journaliste puis à Annabeth Prendergast et à d’autres jusqu’à finir par descendre entièrement les marches, saluée par ses invités avant de se diriger vers la magicienne qui l’avait suivie du regard sans s’en rendre compte. Qu’était-elle en train de cacher aux yeux de tous ? Les lèvres de Zatanna s’étirèrent en un sourire lorsque son hôtesse et employeur pour la soirée s’arrêta près d’elle.

- Merci à vous de m’avoir donné l’opportunité de découvrir votre demeure, miss De Clermont, répondit-elle avant de prendre une coupe de Champagne. Je n’ai pas aperçu votre visage durant ma représentation, y avez-vous y assister ?

Il y avait quelque chose dans l’aura d’Elizabeth de Clermont que Zatanna n’arrivait pas à catégoriser dans l’immédiat. Il y avait ce quelque chose de puissant et d’ancien qu’elle avait pu ressentir face à des démons et pourtant rien ne laissait présager qu’elle en était un. Qu’était-elle ? Voilà la question à un million à laquelle la magicienne se devait de répondre rapidement car si elle laissait le moindre danger occulte marcher librement dans les rues de Gotham, elle s’en blâmerait à s’en rendre malade. Adoptant un sourire de convenance, elle se prêta à cette conversation initiée par son hôtesse.

Elle savait se montrer polie et sincère dans ses compliments même lorsque le sujet n’était que subsidiaire. Si les plus puissants de ce monde se montraient méfiants, la majeure partie d’entre eux aimaient être flattés. La De Clermont semblait, dans une certaine mesure, humble alors qu’elle qualifiait de « modeste » sa demeure en comparaison de celles de ses invités. Peut-être l’était-elle vraiment, humble ? Ou peut-être s’agissait-il d’une ruse faite pour la tromper. Rester ouverte et observatrice, ce serait seulement de cette manière qu’elle serait capable trouver la réponse à ce qui la dérangeait tant à cet instant.

Ainsi donc la maîtresse des lieux et employeur d’une soirée avait assisté à l’entièreté de son spectacle ? La discrétion était donc un grand talent chez elle. Mais ce qui fit naître un frisson le long de l’échine de la jeune femme fut cet aveu sur le fait d’avoir été observée dès l’instant où elle avait franchi le seuil de la demeure. En soit cela s’avérait normal et s’il n’y avait pas cette aura autours d’Elizabeth De Clermont, la magicienne se sentirait flattée. Malheureusement pour sa fierté, elle ne pouvait tout simplement pas faire abstraction de ce qu’elle voyait de son interlocutrice.

- Et bien je suis ravie d’être la première à avoir pu tromper votre regard, répondit-elle inclinant légèrement la tête vers l’avant avant de se figer, écarquillant légèrement les yeux face à la proposition qui lui était faite. Venir plus souvent, animer les soirées organisées par Elizabeth. Zatanna se retrouver prise en étau par sa raison et son instinct. La première lui dictait qu’elle devait rester accessible, qu’elle devait se représenter sur des scènes face à des centaines de spectateurs et non quelques dizaines, que cet argent ne lui était pas nécessaire. Le second quant à lui clamait qu’accepter lui permettrait de se rapprocher d’Elizabeth pour en apprendre plus à son sujet afin de juger ce qu’elle devrait faire par la suite. Votre proposition me touche Elizabeth, je ne peux cependant pas vous donner une réponse immédiate. Les grandes salles sont comme une deuxième maison pour moi et y préparer un spectacle est prenant, j’ignore si participer à ces extras me serait bénéfique… répondit-elle, un air désolé passant sur son visage.

Être amenée à produire d’autres représentations du même standing que celle de ce soir était une idée sur laquelle Zatanna ne savait comment se prononcer. Elle ne pouvait nier que le fait de monter sur une scène, de se produire devant des dizaines de personnes, lui avait procuré un sentiment allant au-delà de la satisfaction. Cela avait été un véritable plaisir. Être grassement payée pour le faire n’était pas le point qui lui permettrait de pleinement se décider : elle voulait rester accessible auprès de son public éclectique mais dans le même temps il y avait quelque chose chez Elizabeth qui dérangeait autant qu’intriguait la jeune femme. Soit elle se montrait suffisamment fine pour tirer des éléments lui permettant de trouver des bribes de réponse. Soit la mystérieuse hôtesse se montrait retorse et la magicienne se retrouverait dans une position plus délicate, éveillant l’attention sur elle-même. Elle botta donc en touche, déclarant alors qu’elle ne pourrait se prononcer dans l’immédiat. Non seulement elle avait d’autres chats à fouetter mais elle devrait appeler Jeff, son pauvre manager qu’elle avait dû laisser sur le carreau pendant de bien trop nombreux mois… encore fallait-il qu’il lui répondre et elle n’était pas certaine qu’il le fasse.

Une présence connue vint détourner l’attention de Zatanna, perdue entre sa réflexion sur d’éventuels extras et ce sentiment de malaise qui l’assaillait au côté d’Elizabeth, et un sourire vint étirer les lèvres de cette dernière qui se tourna vers cette voix qu’elle ne connaissait que trop bien. Dieu merci, Bruce. Bruce finit par s’arrêter près d’elle, venant lui prendre la main et lui déposer un baiser sur le revers, la saluant de la manière la plus sophistiquée qui soit. Un léger rire s’échappa de la bouche de la jeune femme qui s’inclina légèrement avant de lui adresser un sourire un peu plus grand.

- Le plaisir est partagé M. Wayne. Oh mais je vous en prie ne le soyez pas, je suis quelque peu rouillée, il ne s’agissait pas de ma meilleure des représentations… Et bien sûr qu’il reste des places, il y en aura toujours une pour vous, répondit-elle en plongeant son regard dans le sien, ne sentant que trop bien ces perturbations qui émanaient de lui. Remarquait-il lui aussi quelque chose chez Elizabeth ? Evidemment qu’il devait s’interroger, il était le plus grand détective qui soit, il avait des habitudes qui lui collaient à la peau depuis bien des années désormais.

Se retournant vers leur hôtesse à présent que Bruce s’adressait à elle, Zatanna capta ce regard traînant que lui adressait son ami et tâcha de le cacher derrière un sourire apaisé. Lorsqu’Elizabeth -après s’être présentée- aborda la conversation qu’elle venait de tenir auprès de la Zatara, la magicienne se passa une main sur la nuque, riant légèrement face au compliment qui lui était fait : il était autant amusant qu’agaçant de se retrouver au pied d’un mur avec le sourire et sous la taquinerie. Haussant un sourcil en entendant la question qui fut posée par la suite, coula un long regard vers Bruce. Que dire ? Si un démon n’était pas en train de converser avec eux, ce qui se dégageait d’Elizabeth restait puissant et ancien, il ne fallait donc pas négliger l’expérience pouvant se cacher derrière ce visage juvénile et pourtant si humain… Aborder une rencontre via son père était pour Zatanna une réponse logique à donner à leur mystérieuse hôtesse.

- M. Wayne, je vous laisse le plaisir de répondre à cette délicieuse question. Pour ma part, je suis curieuse de connaître la raison pour laquelle votre cousine ait pu être si suspicieuse à votre encontre, dit-elle, reportant son regard sur son interlocutrice.

La présence de Bruce à ses côtés, rassurait quelque peu la jeune femme qui n’avait pas participé à un évènement mondain depuis… bien longtemps et qui se retrouvait face à un mystère que son esprit n’arrivait pour le moment pas à percer. Qui était réellement cette Elizabeth de Clermont ? Qu’occultait-elle derrière ce sourire de façade et cette apparence juvénile ? Zatanna pouvait presque sentir les poils de sa nuque se dresser sur sa nuque au fur et à mesure qu’elle restait au contact de son hôtesse. Elle n’avait rien d’un être démoniaque alors que pouvait-elle bien être ? Mais avec l’arrivée de Bruce, elle savait qu’elle aurait à son côté un regard acéré qui saurait remarquer ce qu’elle-même voyait.

Son ami ainsi arrivé, Elizabeth ne tarda pas à se présenter puis à lui demander comme la magicienne et lui avaient pu se rencontrer. Doué dans son rôle, il ne manqua pas de rebondir sur l’origine du nom De Clermont, mentionnant les origines de ses propres ancêtres avant d’agiter quelque peu sa coupe de Champagne un peu trop ravi de prendre la liberté de répondre à la question que Zatanna lui laissait délibérément. Une question qui ne manquait pas de faire remonter des souvenirs chez la jeune femme qui ne doutait pas le moins du monde que Bruce saurait trouver une réponse convaincante qui ne viendrait pas le mettre dans une position inconfortable.

Il connaissait son père. Vérité. Il l’avait rencontré durant ses études. Vérité quelque peu manipulée même si dans les faits, il avait étudié quelques sujets auprès de Zatara. Quant au lieu, ce n’était pas d’une réelle importance. Alors que Zatanna se contentait d’écouter Bruce d’une oreille distraite, l’observant de temps à autres, elle se senti piquer un fard lorsqu’il déclara à leur hôtesse qu’à l’époque il ne la laissait pas indifférente. S’éclaircissant la gorge dans l’espoir de retrouver un peu de contenance, elle porta sa coupe à ses lèvres et pris deux courtes gorgées avant que le Wayne ne pose sa main sur son bras en riant et ne lui déclare qu’il plaisantait. C’est ça, essaye de te rattraper ! songea-t-elle en levant les yeux au ciel avant de poser à nouveau son regard sur Elizabeth.

Cette dernière répondit alors aux paroles de Bruce qui déclarait ne pas la connaître malgré le fait qu’il ait grandit en ayant fréquenté bon nombre de ces vieilles familles de Gotham. Elle justifiait son apparition dans la société en évoquant une vie loin du tumulte gothamite au sein d’une communauté semblable aux amish, qu’elle avait grandit dans une branche de sa famille conservatrice et religieuse bannissant science et technologies. Prenant une nouvelle gorgée de Champagne, Zatanna commença à réfléchir aux mots prononcés mais quand le regard d’Elizabeth se posa une nouvelle fois sur elle, la magicienne se figea. Comment réagirait-elle si un étranger clamait être un Zatara ? Ô il lui serait aisé de le savoir mais cela, Elizabeth ne pouvait pas le savoir…

-Vous avez raison. J’en serais plus que surprise et je ferais tout pour tester la véracité de son affirmation, répondit-elle sans toutefois décrocher son regard de son hôtesse. Et quels sont ces projets ? Si ce n'est pas indiscret.

Laissant Bruce discuter avec Elizabeth comme il pouvait si bien le faire, Zatanna n’écouta leur conversation que d’une oreille discrète : il restait un mystère qu’elle se devait de percer au plus vite. Si l’instinct pouvait se tromper, le suivre ou du moins l’écouter était important afin de s’éviter des très mauvaises surprises par la suite. John était particulièrement doué pour écouter son instinct… Elle prit une discrète inspiration alors que son regard ne cessait d’observer la jeune femme qui se trouvait en face d’elle. Il y avait toujours ce qui se dégageait de l’hôtesse sur lequel la magicienne n’arrivait pas encore un mettre un mot dessus malgré ses connaissances.

Foncer dans le tas était aussi une possibilité qu’elle pouvait envisager mais elle ne pouvait se permettre de se mettre dans l’embarras face à la société gothamite, ni entraîner Bruce dans des conséquences qu’elle se révélait bien incapable de prévoir. Un point sur lequel Madame Xanadu pourrait lui être utile mais ce genre de cas était insignifiant face au don qu’elle possédait et ce serait griller une cartouche qu’il fallait conserver coûte que coûte pour des combats bien plus importants que celui de découvrir la vraie nature de ce qui semblait être humain.

Bruce finit par s’éloigner d’elles pour se mettre officiellement en quête d’une autre coupe de Champagne, le connaissant et au vu du regard qu’elle avait capté, Zatanna se doutait qu’il profiterait de ces instants pour mener l’enquête de son côté. Jouant toujours le jeu de la mondanité la jeune femme s’intéressa alors à la raison pour laquelle Elizabeth de Clermont semblait sortie de l’ombre, s’attirant la suspicion de sa famille. Investir son argent, c’était donc cela ? Soit, n’était-ce pas après tout ce que faisaient bon nombre de milliardaire ? Elle hocha la tête, acquiesçant aux paroles qui venaient d’être prononcées.

Peut-être était-elle guidée par de bonnes intentions dans son propre dessein, il restait néanmoins à faire tomber ce masque qu’elle arborait. Pas un démon mais pas non une magicienne. Aucun glamour n’était actuellement utilisé ce qui signifiait qu’il ne s’agissait pas d’une créature dont il fallait occulter l’apparence, les zombies par exemple étaient moins gracieux et trainaient une odeur de putréfaction. La dose de magie utilisée serait telle que la magicienne le sentirait sans peine. Alors qu’était Elizabeth ? Cette apparition soudaine dans la société devait être prise en compte dans cette analyse. Tout comme la mention d’une famille conservatrice et religieuse, semblable aux Amish, bannissant la science et les technologies. Peut-être vrai mais pratique. En dehors d’humains plus que soucieux de leur rapport avec certains domaines, qu’est-ce qui pouvait autant apprécier ces conditions ? Quelque chose d’ancien et indéniablement puissant sans qu’il s’agisse d’un démon.

Alors qu’Elizabeth lui présentait des excuses quant à l’intérêt qu’elle lui portait, elle finit par se retourner avec elle en lui adressant un sourire. Elle espérait bientôt la revoir ? Zatanna l’espérait tout autant mais il ne s’agissait probablement pas des même raisons. La magicienne afficha à son tour un sourire puis hocha la tête.

- Nous ne m’avez aucunement importunée par votre intérêt, je dirais même que j’en suis flattée. J’espère aussi vous revoir sous peu, si vous avez besoin de quoi que ce soit, vous savez comment me contacter et je vous offrirai mon aide, répondit-elle avant de la saluer et s’éloigner dans la foule en espérant pouvoir y rejoindre rapidement Bruce pour lui parler de ses doutes.

Zatanna savait qu'elle ne jouait pas à un jeu des plus aisés en tentant de lever le voile sur le mystère qui émanait d'Elizabeth de Clermont. Il pouvait s'agir d'un être venu d'une autre dimmension ou bien il pouvait s'agir de quelque qui venait bien de ce monde, dans tous les cas la frêle jeune femme qui lui avait demandé de se représenter ce soir savait parfaitement jouer des apparences et des conventions quelles soient actuelles ou traditionnelles des grande et anciennes familles de Gotham. Plongée dans ce doute qui était le sien, la magicienne n'éprouvait guère l'envie réelle de répondre aux besoins de son hôtesse, n'étant motivée que par le désir de découvrir ce qu'elle était et de déterminer si elle constituait un danger ou non pour les êtres humains. Finissant d'échanger avec la mystérieuse demoisee, Zatanna s'éloigna le plus possible d'elle dans l'espoir de faire disparaître ces sensations de malaise et de danger qui s'étaient emparées d'elle avec force. Un jeune serveur armée d'un plateau s'approcha d'elle. Le visage fin et harmonieux, il avait ce petit quelque chose de plaisant à observer si toutefois la fatigue ne se lisait pas dans ses yeux et les cernes. Peut-être n'était-ce que lié à la péninbilité habituelle de sa profession ou peut-être était-ce lié à ce que De Clermont pouvait imposer en termes de standards. La jeune femme il adressa un léger sourire compatissant avant d'accepter une des coupes qu'il lui présentait et le salua d'un hochement de tête, l'observant s'éloigner dans la foule. Elle vint boire une gorgée de Champagne puis s'éloigna du tumulte ambiant des conversations et des rires de la haute société gothamite, cherchant un peu de calme afin de réfléchir sur la nature de leur hôtesse.

Pour commencer, elle était presque certaine qu'il ne s'agissait pas d'un démon : s'ils étaient capables de faire preuve de ruse, leur nature à vouloir générer du chaos et récolter des âmes reprenait le dessus sur leur jeu d'acteur, et quand bien même, leur aura était bien trop sombre pour être occultée sans l'aide d'un puissant glamour ou d'un capacité qui leur serait propre. Bon sang, si seulement John était là pour l'aider à éliminer définitivement cette possibilité ; ensuite il y avait le cas de la sorcellerie et de la magie. Zatanna le sentirait si une force était à l'œuvre, ce qui éliminait ainsi les magiciens et sorcières tout autant tirant un trait ce qui pouvait être le plus monstrueux à créer : un zombie. L'odeur de la mort -ou plus précisément de la chair en décomposition- était probablement l'une des choses les plus difficiles à cacher aux sens. Alors de quoi pouvait-il s'agir ? D'un vampire ? Ou bien réellement d'un démon qui se jouait d'elle ? Buvant une nouvelle gorgée de Champagne, elle observa les alentours avant de se figer lorsqu'elle senti une main se refermer sur son avant-bras avec une certaine douceur et elle frisonna lorsqu'un souffle vint lui murmurer à l'oreille. Bruce ! Silencieuse, elle l'écouta la questionner avec discretion avant qu'il ne lui révèle avoir lui aussi ses doutes concernant ce qu'il pouvait se passer en cette demeure. La jeune femme roula des yeux, soulagée que le détective qu'il était ressente la même chose qu'elle, puis elle tourna légèrement la tête vers lui.

- Je ne suis là que parce qu'il m'a été demandé de donner un spectacle pour cette demoiselle De Clermont et ses invités. C'est la curiosité et sûrement l'envie profonde de ne pas perdre la main qui m'ont fait accepter, répondit-elle avant de décrocher son regard de Bruce pour promener à nouveau ses yeux sur les visages présents dans cette grande pièce. Je ne les connais pas. Elle dégage quelque chose qui met mes sens en alerte et ça ne me plait pas du tout car je suis incapable de déterminer pourquoi. Elle n'est pas magicienne ou sorcière, elle n'est pas non plus le résultat du sort d'un vaudou. Elle pourrait être un démon mais je n'en suis absolument pas certaine parce que si ce démon est capable de cacher ce qu'il est alors pourquoi suis-je tout de même capable de voir son aura ? Elle a définitivement vécu longtemps au sein de la société humaine pour savoir s'y mêler et converser des codes qui ne sont plus si actuels. Tout en répondant aux questions de Bruce, elle donnait vie à ses réflexions silencieuses qui avaient débuté dès lors qu'était apparue Elizabeth, dès lors qu'elle s'était approchée d'elle.

Les doutes étaient présents chez Zatanna depuis l’instant où son regard s’était posé sur la maîtresse des lieux, Elizabeth de Clermont. Il y avait quelque chose qui se dégageait de cette dernière que la magicienne n’arrivait pas à déterminer malgré ses connaissances et si elle devait probablement lui laisser le bénéfice du doute, elle ne pouvait cependant pas se permettre de laisser une potentielle menace parcourir librement les rues de Gotham. Il y a en avait déjà une ayant manqué de la tuer qui se trouvait à Metropolis, il était hors de question qu’il y en ait une seconde.

La magicienne ignorait combien de minutes s’étaient écoulées depuis qu’Elizabeth et Bruce s’étaient éloignés chacun de leur côté, elle fut tirée de son observation dans un sursaut lorsqu’elle sentit tout d’abord une main se refermer sur son bras avant qu’une voix qu’elle ne connaissait que trop bien ne vienne lui murmurer à l’oreille. Le point positif dans ce que Bruce venait de lui dire ? C’était assurément le fait que lui qui était un humain sentait lui aussi quelque chose clochait dans ce manoir et ce n’était pas la qualité du Champagne qui était servit à tout le gratin de la société gothamite. Elle ne pu donc pas lui cacher son soulagement à l’idée de ne pas être la seule éprouvant des doutes et s’employa alors à répondre à ses questions. A la réaction de son ami, un léger sourire étira ses lèvres. La pratique de la magie c’était probablement semblable à la pratique du vélo, ça ne s’oubliait pas, pourtant après un certain temps sans servir comme habituellement il pouvait y avoir un petit temps d’adaptation. Elle lui fit ensuite part de ses pistes de réflexion, quand bien même il n’était pas un expert dans le domaine occulte, car elle aimait réfléchir à voix haute. Ecoutant la question qu’il lui posa en réaction à ce qu’elle venait de dire, elle se pinça les lèvres, se muant dans une moue de réflexion tandis que ses yeux se détachaient de son ami pour balayer du regard une nouvelle fois les visages présents dans l’immense pièce. En un sens il n’avait pas tort : si elle n’avait pas à déterminer ce que cachait la De Clermont, cela ne voulait pas nécessairement dire qu’elle était une véritable menace. Elle senti Bruce se rapprocher à nouveau de son oreille et tout en l’écoutant elle l’observa du coin de l’œil.

- Rien de bien prudent pour moi mais ça te permettra d’observer les réactions de la De Clermont. Eloigne-toi un peu s’il te plaît, je ne voudrais pas tâcher ton costume, répondit-elle avant de terminer d’une traite son Champagne et de regarder la coupe désormais vide. Pas une magicienne ni une sorcière, elle en était certaine. Pas un zombie ou une goule, certaines de leur caractéristiques ne pouvaient être pleinement masquées même avec l’aide d’un puissant glamour ou des objets ensorcelés. Il y avait toujours la possibilité qu’Elizabeth soit un démon mais aussi autre chose. Elle prit une profonde inspiration puis enfermant la coupe dans sa main droite, elle se concentra, visualisant ce qu’elle voulait faire. esirB-iot, lui intima-t-elle avant que presqu’instantanément la coupe ne se brise, les éclats venant entailler sa peau jusqu’au sang, lui arrachant un rictus de douleur tandis qu’elle desserrait prudemment la main pour faire tomber les bris de verre sur le sol. Je vais essayer de l’attirer à l’écart, informa-t-elle Bruce avant de s’éloigner de la pièce principale.

Rien de prudent pour elle. Dans l’immédiat la solution qu’elle avait trouvé afin de sortir Elizabeth de l’ombre était de se blesser et de l’attirer à l’écart afin de pouvoir s’adresser à elle plus librement, éventuellement utiliser la magie si cette dernière perdait toute trace d’éducation et l’attaquait. Elle pouvait presque entendre John lui faire remarquer qu’elle agissait comme lui-même pouvait le faire, lui dire sur son habituel ton nonchalant que ce n’était pas bien intelligent de prendre le risque de mettre en danger les invités alors qu’elle ignorait ce qu’était précisément la De Clermont. Et il aurait eu raison. Mais dans le manque de clarté auquel elle faisait face, ce à quoi elle avait affaire était ancien et non une création récente de quelques jours ou de quelques années, elle sentait que c’était ancien et la manière dont agissait, dont s’exprimait Elizabeth la laissait penser qu’elle avait reçu une éducation bien différente et plus ancienne que les membres des hauts cercles de la société dont elle avait pu croiser le chemin. Lorsque Zatanna regarda une dernière fois Bruce, il avait un bon instinct mais pour ce qu’elle cherchait il ne pourrait être certain de son intuition qu’une fois qu’il aurait la preuve devant ses yeux. Il ne semblait pas aimer ce qu’elle comptait faire et si elle le comprenait, il s’agissait du moyen le plus efficace à sa disposition.

Elle fit briser le verre dans sa verre et sous la force de la magique, les morceaux de verre vinrent entailler sa main et la douleur lui arracha un rictus. Serrant les mâchoires elle laissa tomber les morceaux sur le sol puis informant Bruce de ce qu’elle comptait faire, elle commença à traverser la pièce en contournant chaque invité se trouvant sur son chemin ou s’approchant pour la féliciter, elle poursuivit son chemin jusqu’à quitter la pièce et prendre le couloir qui lui permettrait d’accéder aux toilettes. Mais alors qu’elle s’approchait de la porte, elle entendit la voix d’Elizabeth à quelques mètres d’elle. Elle a été rapide.

- Ce n’est qu’une petite coupure, nul besoin d’aller chercher l’un de vos domestiques, répondit-il avant de tourner la poignée et de pousser doucement la porte pour entrer. Elle prenait évidemment un risque en entrant dans une pièce aussi « petite » mais il valait mieux éviter d’attirer l’attention plus que de raison. Aux aguets, elle s’approcha du lavabo puis ouvrant la robinet elle s’attela à faire couler l’eau sur sa main blessée. Etait-elle certaine qu’Elizabeth la suivrait à l’intérieur ? Pas vraiment. Elle comptait cependant sur son appétence pour le sang et sa volonté de protéger ce qui était à elle, pour la suivre. Je sais ce que vous êtes, Elizabeth de Clermont, reprit-elle avant qu’elle ne se referme le robinet et ne prenne la serviette qui se trouvait à côté pour essuyer délicatement sa main de toute trace d’eau et empêcher l’écoulement de sang le temps qu’elle utilise un sort pour se soigner. Elle se retourna pour être certaine qu’elle serait regardée. siréuG, dit-elle d’une voix claire avant de souffler sur ses plaies qui se refermèrent jusqu’à ne laisser qu’un mince filet pâle. Elle braqua son regard vers Elizabeth, elle espérait que Bruce avait pu réussir à les suivre et que désormais il écoutait. Je ne suis pas là pour vous faire quoi que ce soit, Elizabeth, en revanche cela peut changer si j’en viens à considérer que vous êtes une menace pour les humains. Vous avez dit vouloir faire des investissements, je suppose que c’est vrai. Pourtant j’ai du mal à croire qu’un vampire se contente uniquement de ça...

Zatanna prenait un risque en s’éloignant de la foule d’invités de la grande salle, en entrant dans une pièce bien trop petite en comparaison, un risque qui avait deux répercussions différentes : si elle se trompait Elizabeth pouvait tout à fait s’emporter et la chasser de sa demeure, si elle avait raison elle pouvait tout aussi bien subir les foudres du vampire -et mourir- ou bien oublier d’une quelconque manière que ce soit cette conversation. Lorsqu’elle sortirait d’ici, il lui faudrait contacter John car elle ne pouvait se contenter de connaissances faméliques sur les vampires si ces dernières s’avéraient fausses et ce même si les légendes étaient fondées sur une part de vérité.

Alors qu’Elizabeth aurait pu la suivre à l’intérieur des toilettes, libre de céder aux pulsions qui pouvaient l’habiter, cette dernière n’avait pas bougé de là où elle se trouvait, restant ainsi à l’extérieur avec une plus grande liberté de mouvements. Si la magicienne voyait là un choix avisé de la De Clermont, il lui apparaissait pourtant qu’elle pouvait traduire cela par une certaine méfiance à son égard : si elle était un vampire, elle devait sentir qu’elle n’était pas une humaine lambda et comme tout bon chasseur ne sachant comment pouvait se comporter sa proie, elle choisissait la distance et l’analyse.

Lorsque la magicienne prononça le mot « vampire » elle ne pu analyser ce que pouvaient exprimer les traits de son interlocutrice tant ils ne reflétaient rien d’autre qu’impassibilité glaçante. Il ne fallait pas qu’elle montre le moindre doute pourtant son esprit commençait déjà songer à Bruce et à la position dans laquelle elle l’avait mis en lui partageant ses doutes sur Elizabeth alors même qu’elle était incapable de déterminer ce qu’était cette dernière. Dans sa volonté de démasquer un danger potentiel, voilà qu’elle se ridiculisait comme si elle avait de nouveau seize ans. Laissant ses mains retomber le long de son corps, elle marcha doucement en direction d’Elizabeth et ne s’arrêta qu’à peine à une longueur de bras tandis que la jeune femme en face d’elle lui répondait. Pas un seul instant elle ne flancha -elle ne pouvait se le permettre- alors que la De Clermont démentait sa condition sous couvert qu’elle ne pouvait tolérer les blagues de mauvais goût faisant le lien entre son apparence et le vampirisme. Zatanna plissa légèrement les yeux alors que son interlocutrice poursuivait. Eviter les artifices liquides semblables au sang car cela pouvait heurter certaines personne. Si Elizabeth n’avait pas tort, la magicienne entendait dans ces mots un indice d’importance : il s’agissait d’un vampire suffisamment vieux pour savoir se maîtriser face à autant de tentations mais trop jeune -ou solitaire- pour connaître tous les rouages de ce monde occulte peuplé de tant de créatures.

- Vous n’avez pas assisté à un tour de passe et vous l’avez vous-même senti, vous savez que je ne suis pas comme les autres tout comme je sais que vous êtes dans ce même cas. Les légendes ont toujours une part de vérité, Miss De Clermont, finit-elle par réagir alors que cette dernière avait tourné les talons et s’éloignait.

Prenant une profonde inspiration, Zatanna expulsa doucement l’air de ses poumons avant d’à son tour se mettre en marche pour retrouver Bruce.

- Pardonne-moi je me suis laissée guider par mon instinct bien trop facilement et j’ai été imprudente, commença-t-elle lorsqu’elle se rapprocha de lui, venant lui presser doucement la main avant de la relâcher. En d'autres termes elle avait vu un plat et elle avait sauté les deux pieds dedans. Je manque de réponses mais je suis certaine que cette femme n’est pas humaine, un… vampire pour être précise mais je dois en parler à John, il est bien plus calé que moi sur les créatures qui parcourent cette Terre et pas uniquement. Il faut que je sache si elle est ou non une menace. Elle jeta un coup d'oeil en direction des escaliers puis porta à nouveau son regard sur Bruce. Je ne vais pas m'attarder ici. Si tu restes sois prudent s'il te plaît, s'il t'arrivait quoi que ce soit à cause de mon imprudence je ne me le pardonnerai pas.

Elle se pinça les lèvres puis le saluant, elle le contourna et quitta la demeure.