I will burn the heart out of you ¤ Zatanna [Terminé - Intrigue II]

"I will burn the heart out of you"

La Mort est une chienne qui n'embrasse que ceux qui la craignent, mais se refuse à voir les illuminés prêts à recevoir son baiser. - Faith Cross

         Cela fait depuis quelque temps déjà que la sorcière était sur les traces d’un individu causant la mort par combustion spontanée. En temps normal, Faith n’avait que faire du destin d’une personne quelle qu’elle soit et souvent, elle ne prenait le temps de se mêler aux enchevêtrements du fil des Moires que lorsqu’un esprit la sollicitait contre son gré. Tous ces cadeaux qu’elle avait laissés à sa tendre Zatanna, elle n’aurait jamais trouvé ou apprit l’existence et les méfaits de ces personnes-là sans l’aide d’entité qui la harcelait jusque dans sa propre chambre. Si Faith avait été la sorcière du temps où elle était encore au Coven, elle n’aurait pas eu de mal à chasser où exorciser ses esprits. Mais sans le Coven, elle était que l’ombre d’elle-même, si bien que pour faire usage d’un simple sort de lévitation, elle devait au moins sacrifier une bonne dizaine de rats. Et ce n’était pas une vie que de traquer des rats et les capturer vivant à travers les égouts de Gotham.
         Pouvait-on véritablement s’étonner qu’une adolescente découvrant ses origines mystiques puisse devenir accro à la sorcellerie, car sa mère ayant cru bon de lui cacher la vérité et de ce fait, être incapable de lui éviter cette dépendance aux arts occultes ? Pouvant-on en vouloir à un Junkie livré à ses pulsions, de céder à la prise de drogues illicites, malgré son envie de se sevrer ? Faith était dans le même cas, elle a goûté à la magie et elle était incapable d’en oublier la saveur. Tourmenter par des souvenirs lointains, de plusieurs vies qui furent apparemment les siennes, se rappelant entre autres des pouvoirs qu’elle avait et qui n’étaient plus. Créant en elle un manque qui la torturait psychologiquement. Victime de ses désirs et pulsion, elle supportait difficilement sa pauvre endurance en magie, finissant par faire le choix facile et terrible de cibler et sacrifier des âmes humaines. Des cibles plus faciles, plus évidentes et plus riches en magie... Pouvions-nous la condamner d’être malgré elle, ce que sa nature lui imposait ?

         Elle n’avait pas tellement le choix, pour pratiquer la sorcellerie sur le long terme, elle devait devenir ce croquemitaine des bois, longtemps craint par les puritains Anglo-saxons. Faith avait beau avoir du sang de démon coulant à travers ses veines, elle n’était pas comme l’un de ces magiciens nés avec un code triche graver dans l’âme. Elle avait évidemment peur que tout ce qu’elle cherchait à construire, s’effondre comment une pyramide de carte qu’elle avait pourtant pris le temps et le soin de monter au fur et à mesure. C’est pourquoi, cette histoire de combustion spontanée commençait à mettre ses nerfs à vive épreuve. Non seulement, il fut prouvé que ces cas étaient de causes mystiques, mais en plus de ça, peu importe qui ou quelle sorte d’étrangeté était derrière ses événements, c’était à Gotham tout particulièrement qu’il semait le chaos. Ce qui, évidemment, ne plaisait absolument pas à la jeune sorcière qui avait appris les raisons pour lesquelles, elle et sa mère vivait dans l’ombre sous la protection de l’hôtel.
         À l’aide des souvenirs issus de ses précédentes vies, la jeune femme fraîchement sortie de l’adolescence avait cru comprendre que la combustion humaine spontanée était en lien avec des pactes offerts par les sorcières du Coven LaSombra, autrement dit, par ses sœurs en personnes. Elle avait alors pensé à tort que peut-être, le Coven avait retrouvé leur trace et que tous ses meurtres mystiques, n’étaient qu’une vile mascarade pour la forcer elle ou sa mère, à sortir de l’ombre. Durant ses enquêtes précédentes, la sorcière était même persuadée avoir trouvé un lien entre une des victimes et son père lui-même. Pourtant, plus son investigation avancée et plus, elle ne trouvait rien qui puisse expliquer ou prouver la présence d’une de ses sœurs à Gotham. Au final, Faith était perdue et incapable d’avancer dans cette histoire qui la rongeait péniblement de l’intérieur. Sa mère était indubitablement au courant de ce qui se passait en ville, rien ne lui échappait, pas même les manigances de Faith pour utiliser la magie malgré l’interdiction que lui avait imposé Kassandra.

            Faith ne comprenait pas pourquoi cette dernière ne faisait rien et se contentait de veiller au bon fonctionnement de l’hôtel, demandant même à Faith d'oublier cette histoire... Montrant ici qu'elle savait sa fille en quête de réponse. Sans doute parce qu’elle était désespérée ou bien consumée par une forme de paranoïa, Faith décida de contacter celle à qui elle n’aura jamais imaginé demander de l’aide un jour. Notamment, à cause du passif légèrement peu amical qu’elles avaient en commun. Elle envoya un message à Zatanna Zatara. Et elle ne s’attendait absolument pas à ce que cette dernière l’invite à une rencontre directe. En effet, la jeune sorcière était perplexe, parcourue de doute. Elle avait beau avoir la confidence d’une sorceress vieille de six-cent ans, en cette vie elle était redevenue une jeune fille inexpérimentée, noyée justement à travers un océan de souvenirs incompréhensible qu’elle tentait de déchiffrer petit à petit. C’était l’âme de la vielle sorcière en elle qui trouvait l’idée absolument sublime que de servir de la magicienne pour arrivée à ses fins. Mais c’était la jeune fille inexpérimentée qui craignait que tout ceci ne puisse être finalement qu’un piège de la part de miss Zatara.
           Au final, elle accepta sans vraiment savoir où cette histoire allait l’aller l’emmener. Faith hésita, elle se demandait si elle ne devait pas altérer son apparence pour cette rencontre. En se faisant vieillir légèrement pour paraître plus mature à côté de la magicienne. Mais elle réalisa que si cette dernière avait réussi à trouver son identité, elle devait savoir quoi qu’il en soit que Faith n’était qu’une gosse. Ce serait, donc au final, complètement ridicule de sa part que de gaspiller des ressources magiques en croyant pouvoir encore berner la magicienne. Faith n’avait pas pour habitude d’être en retard et encore aujourd’hui, elle ne l’était pas. Cependant, elle resta un moment à observer la magicienne à distance, alors qu’elle l’attendait au point de rendez-vous. Elle chercha à repérer toute présence mystique autre que celle de Zatanna avant de se résigner à l’approcher, certaine qu'un piège n'avait été installé pour la capturer ou la tuer... Elle approcha, mais en prenant soin de rester tout de même sur ses gardes. En arrivant à hauteur de la Zatara, Faith sentit une légère frustration l’envahir.

           Elle avait un temps supposé que la magicienne était petite en la contemplant depuis la scène durant ses spectacles passés, mais cette dernière se révéla plus grande que la sorcière. En vérité, tout était plus grand que Faith du haut de ses ‘‘un mètre cinquante-cinq’’, elle ressentait donc un agacement qu’elle garda pour elle. Ou presque... « T’as l’air plus vieille sans ton maquillage de scène. » Voilà une bonne manière de briser la glace, songea-t-elle.   

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La Mort est une chienne qui n'embrasse que ceux qui la craignent, mais se refuse à voir les illuminés prêts à recevoir son baiser. - Faith Cross

         Il était vrai que la sorcière jubilait intérieurement rien qu’à l’idée d’entretenir cette relation avec celle qu’elle avait quasiment harcelé dans le simple but d'obtenir une attention. Dans ces autres vies et avec ses personnalités précédentes, nulle doute que Zatanna n’aurait pas non plus échappé à l’attention de la sorcière. Mais elle n’aurait guère pris le risque de jouer avec la magicienne. Cette version de Faith n’avait pas été éduquée au risque et avait redécouvert ses origines de manière chaotique sans l’aide de sa mère qui avait tenté dans cette vie de lui épargner une existence de sorcière. C’est pourquoi, Faith était à présent ce qu’elle était, c’est-à-dire une simple jeune femme fraîchement sortie de l’adolescence, mais avec une morale détraquée, incapable de saisir les nuances du bien et du mal comme le faisait toute personne civilisée. Dès son enfance, elle avait été hantée par six siècles d’horribles souvenirs dont un seul événement était suffisant à traumatiser à vie du plus costaud des hommes mentalement parlant.
              Des souvenirs qu’elle ne comprenait absolument pas, où elle se voyait mourir à différentes périodes de l’histoire, et ce, on se rappelant mentalement et physiquement de la douleur qu’elle avait subi à ces époques. Elle a grandi avec ces cauchemars sans que sa mère ne l’aide à comprendre ce qui lui arrivait. Peut-être à raison, car la sorcière que fut autrefois Faith, celle éduquée par le Coven, était plus dangereuse et plus destructive concernant les vies humaines que la jeune femme qu'elle était aujourd'hui. Lui rappeler qui elle était, c’était donc prendre le risque qu’elle redevienne qui elle était. Kassandra, à la différence de Faith, ne mourrait pas et n’avait cessé de cumuler de l’expérience avec le temps. Elle avait donc fini par comprendre ce qui était sans une évidence ; pour que sa fille puisse avoir une chance d’être une autre personne, elle devait la laisser évoluer avec les humains que l’homme à tête de Bouc lui avait appris à mépriser dès la naissance. Grandir avec les humains a donc permis à Faith d’être plus empathique à leur sujet, il était vrai…

             Cependant, l’influence de ses souvenirs était forte et dangereuse, ce qui faisait qu'elle voyait le monde à la fois à travers les yeux de celle qui avait grandi parmi les humains et celle qui les avaient pour ennemi mortel, proie et âme à sacrifier. L’entre-deux avait fait d’elle cette sorcière qui aujourd’hui n’avait aucun regret à détruire une vie humaine, même si cette vie appartenait principalement aux criminels qu’elle traquait. Cela ne voulait absolument pas dire qu’elle était désormais incapable de sacrifier la vie d’un bébé pour créer une potion de beauté et de rajeunissement. Elle s’en savait capable pour sa mère qui malgré l’absence de vérité de sa part, Kassandra restait son monde et l’univers autour duquel elle tournait. Sans sa mère, Faith serait sans doute fortement tentée de retourner auprès de son père, ce qui ne semblait pas être une bonne idée d’après les souvenirs de ses vies précédentes. Mais une sorcière comme elle, était dépendante du Bouc et seule sa mère l’en protégeait de par sa présence.
          Aujourd’hui, Faith avait appris à chérir cette existence avec sa mère et tenait à ce que rien ne change. C’est pourquoi, ce qui se passait actuellement à Gotham était un problème pour la Cross. Cet événement risquait d’exposer sa vie et celle de sa mère au Bouc lui-même dont Kassandra se cachait depuis plusieurs siècles. Alors, elle avait pris un autre risque que n’aurait jamais pris son alter ego d’un autre temps, elle avait invité la magicienne qu’elle avait harcelé. Notamment, car elle était plus âgée et sans aucun doute plus expérimenté que ne l’était actuellement la jeune sorcière, encore bien incapable de trouver les réponses à ses questions dans ses propres souvenirs antérieurs. Ces derniers se manifestaient de manière chaotique et sans aucun contrôle. Montrant des événements qui, souvent, n’aidaient en rien la jeune sorcière, hormis sans doute en la torturant, forgeant un peu plus son mental tourmenté.

             Accueillant la magicienne avec la négligence, Faith se montra discourtoise. Ce n’était pas tant parce qu’elle s’adressait à Zatanna avec qui, en réalité, elle était déjà bien plus aimable qu’elle ne l’était d’ordinaire. La gothique n’était pas non plus connu auprès de ses amis à l’université pour être quelqu’un au langage distingué. Et la réponse ne manqua pas de recadrer l’impétueuse sorcière, orientant rapidement le sujet sur la raison de leur rencontre. « Rien en particulier… Je croyais que seul les sorcières de mon clan étaient à l’origine des combustions spontanées. J’ai donc pensé qu’une de mes sœurs m’avait retrouvé et cherchait à me forcer à sortir de l’ombre en exposant notre art si ouvertement. Mais au final, si son but aurait été de me provoquer moi ou notre mère, elle aurait laissé des indices, une sorte de signature. » Ce qui n’était pas le cas, pendant plusieurs semaines Faith ne savait pas ce qu’elle cherchait, ayant fini par conclure que le Coven ne les avait pas encore retrouvées.
           Ce qui sous-entendait que quelque chose d’autre était derrière le cas des combustions spontanées, quelque chose que Faith ne connaissait pas, du moins dans cette vie. Toutefois, elle songeait que cela ne voulait pas dire que le responsable ne cherchait pas à l’attirer par un moyen autre que celui qu’une de ses sœurs aurait éventuellement utilisé. Si Faith se souvenait de son Coven, il y avait des rencontres passées qu’elle n’avait pas encore réussi à se remémorer. Des démons qui la connaissait, mais que la renaissance l’avait forcé à l’oubli. Ou bien plus simplement, peut-être que tout ceci n’était que le fruit d’un malheureux hasard. « Je sèche… J’ai donc besoin d’un avis et d’une aide d’un mage plus expérimenté. T’es la seule que je connaisse en dehors de ma mère. »   

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La Mort est une chienne qui n'embrasse que ceux qui la craignent, mais se refuse à voir les illuminés prêts à recevoir son baiser. - Faith Cross

         Faith croisa les bras, une mine légèrement plus grave lorsque la magicienne lui envoya une pique assez véridique et bien méritée. Si sa mère venait à apprendre qu’elle enquêtait sur un événement d’origine surnaturelle, il y avait de forte de chance que la gothique n’en sorte pas indemne dans cette histoire. Sa mère était dernièrement très en colère, Faith lui ayant désobéi à plusieurs reprises. Sans compter que ça n’avait guère plu à Kassandre, le fait que sa fille ait consciemment fait usage des arts sombres pour la forcer à retrouver une forme plus juvénile, et ce, même si c’était dans le but d’atténuer la souffrance qu’apportait son vieux corps. Elle avait lancé un maléfice sur Faith, la condamnant à subir une altération temporaire de son physique à chaque fois qu’elle désobéissait de nouveau à sa mère en faisant usage d’une puissante magie. Pour autant, la crainte que le Coven ait pu retrouver leur trace à cause de ses actions passées, effrayait bien plus la petite sorcière à l’heure actuelle.
          Son angoisse prenant forme principalement quant à l’idée que Kassandra puisse d’une façon ou d’une autre découvrir ce que la jeune sorcière avait fait endurer à Zatanna par exemple. Quoi qu’il en soit, la sorcière resta silencieuse et écouta la suite de ce que la magicienne avait à partager. Lorsqu’il fut question de l’enfer, la sorcière eut un air perplexe. Des dimensions infernales, il y en avait plusieurs, elle se demandait du coup à laquelle d’entre elles Zatanna faisait référence. Puis quand elle demanda à Faith, à voir l’endroit de la combustion le plus proche, le regard de la gothique se détacha de la Zatara pour se poser sur l’immeuble non loin, il y avait un étage qui semblait recouvert de bois. Toutefois, la jeune femme se dirigea à l’opposé du bâtiment, se rendant vers ce qui semblait être une petite boutique. Elle n’invita pas la magicienne à la suivre, car songeant que Zatanna comprendrait sans grand mal qu’il fallait simplement la suivre. La boutique était vide et malgré l’entrée de la gothique et de la magicienne, l’homme à la caisse avait l’attention accaparée par la course de chevaux dans son smartphone.

            La Cross se dirigeait vers les toilettes publiques de la boutique, elle attendit que la magicienne entre derrière elle avant de refermer la porte. La jeune femme s’entailla alors l’index avec une petite dague rituel qu'elle garde toujours sur elle, avant de dessiner du doigt plusieurs symboles autour d’un pentacle sur la porte en question, qu’elle venait de refermer. « Porta Locus Infinitum Tempus. » Peu après ses mots, les lettres de sang se mire à luire et vibrer, alors que le pentacle tournait lentement sur lui-même. Cela ne dura à peine que quelques secondes avant que le sang ne laisse place à une trace de suie comme si les symboles avaient été enflammés. Lorsque la sorcière ouvrit la porte qui devait donner de nouveau dans la boutique et donc, hors des toilettes, elle et la magicienne se retrouvait à l’intérieur d’un appartement. À nouveau, Faith attendit que Zatara entre dans l’appartement pour refermer la porte et couper toute connexion avec la boutique. La gothique indiqua par la suite la porte d’entrée de l’appartement qui se trouvait juste en face de la pièce d’où il venait d’émerger. « Ils ont fait condamner la porte d’entrée. Les propriétaires sont des superstitieux qui ont désormais peur de cet appartement. »
            Le logement avait une odeur de renfermé, les fenêtres avaient été scellées avec l’aide de planches de bois. Il n’y avait pas beaucoup d’endroits ici qui permettait d’aérer les pièces, mais l’odeur n’affectait aucunement la sorcière qui avait déjà senti bien plus terrible parfum. Faith s’arrêta vers l’entrée de la chambre parentale, restant silencieuse. Il n’y avait rien à dire, juste comprendre par l’observation… Du lit au mur, il y avait des traces de suie. Soudain, une légère douleur fantôme faisait serrer la mâchoire de la jeune femme, alors qu’un souvenir s’imposait à elle bien subitement. Elle se rappelait de l’intense douleur des flammes dévorant lentement sa chair, ainsi que de ses propres cris d’agonie. Ce n'était pas juste un simple souvenir, elle ressentait à nouveau ce qu'elle avait enduré comme si elle y était. Attrapant discrètement son bras, s'efforçant de ne pas gémir, Faith s’éloigna de la chambre pendant que Zatanna y faisait son inspection. Les douleurs fantômes liées à ses vies précédentes ne se manifestait généralement que lorsqu’elle dormait. Elle ne comprenait pas pourquoi celles-ci s'éveillaient maintenant. Était-ce un effet secondaire du sortilège qu’elle venait d’utiliser ?

           En l’espace de quelques secondes, la jeune sorcière avait perdu de la couleur… Désormais presque pâle, en sueur et en larme, elle venait indubitablement de revivre l’une de ses précédentes morts. Oui et à force, elle ne savait même plus laquelle d'entre elle s'était. Les mains tremblantes, elle avait encore l’impression que sa chair souffrait de cloques formait par l'intense chaleur sur tout son épiderme, pourtant, il n’y avait rien. Quand la douleur passa enfin, la gothique essuya ses larmes et tenta de paraître aussi naturel que possible. Bien que mentalement, la torture venait de briser quelques fondations. Inspirant et expirant, Faith se redressa pour repartir en direction de la chambre. Elle sursauta toutefois en se retournant, la magicienne l'attendant juste derrière elle. « Putain… » Cracha-t-elle sous la surprise. « Je… J’inspectais les autres pièces. » Mentit-elle… « Alors, c’est quoi ton plan maintenant qu’on est là ? » Le cœur de Faith battait vite, sa respiration était encore légèrement saccadée et de la sueur continuait à s’installer sur son visage pâli.   

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La Mort est une chienne qui n'embrasse que ceux qui la craignent, mais se refuse à voir les illuminés prêts à recevoir son baiser. - Faith Cross

         Elle ne comprenait pas d’où pouvait venir cette soudaine crise ? Elle n’avait jamais eu de tels effets secondaires après l’utilisation d’une sorcellerie complexe. Sa mère voulait certes la punir, mais pas de la sorte. Lui faire revivre ses morts était bien la dernière chose que Kassandra voulait, Faith en était persuadée. Puisque sa mère lui avait caché ses origines dans cette vie, pour ne pas qu’elle sombre à nouveau dans une destinée toujours plus terrible et plus implacable que la précédente. Mais, surtout, la sorcière millénaire était la première à souffrir de ce que traverse la gothique, témoin immortel de toutes ses vies passées et de toutes ses morts. L’adolescente avait de toute façon déjà goûté à la malédiction que sa mère lui avait infligée, elle savait donc que ce n’était pas de sa volonté. En effet, la plupart du temps, le contre-coup d’une magie trop puissante rajeunissait le corps de Faith selon la puissance qu’elle utilisait. Il faillait alors que la concernée boit une potion de vieillissement pour retrouver son apparence d'origine au risque de refaire sa scolarité depuis la maternelle.
         Une malédiction qui faisait beaucoup rire sa mère, une punition idéal pour sa fille qui avait, sans aucun doute, en horreur cette situation. Ce qui forçait d’ailleurs Faith à faire moins usage de sortilège trop obscur ou trop complexe. Rien que la téléportation venait de rembobiner quelques mois de son existence. Pas assez pour observer un changement physique cela dit et tant mieux, songeait la gothique. Ce n’était pas une faiblesse qu’elle avait envie de montrer à Zatara pour le moment. La bonne nouvelle, c’était qu’à la différence de la malédiction de son père, celle de sa mère était facilement brisable. Mais Faith ne voulait absolument pas avoir la bêtise de la détruire au risque d’avoir une malédiction bien plus terrible en guise de punition. Elle savait sa mère, dans ses colères, plus terrible que son père. Mais il était tout aussi fort possible que Kassandra ait choisi cette malédiction afin de contrer les pulsions succubes de sa fille.

         En effet, après tout, les enfants n’ont pas les mêmes pulsions que les adultes. Mais ce n’était qu’une théorie, Faith n’avait aucunement l’arrogance de savoir ce qu’il y avait dans la tête de sa mère. Elle ne faisait toutefois que réunir des éléments qui allaient dans ce sens. Comme le fait que Kassandra examinait elle-même Faith pour savoir si son hymen était toujours en place. Preuve qu’elle ne voulait pas que la succube se nourrice ne serait-ce qu’une fois dans cette nouvelle incarnation de sa fille. Forcer Faith à redevenir une enfant était finalement la plus méthodique des préventions contre sa part démoniaque. La succube avait, de plus, besoin que le corps de Faith soit à maturité pour profiter de bien des avantages anatomiques, que ce soit une apparence pulpeuse ou les hormones qu’elle ne pouvait sécréter qu’à partir de l’adolescence. Faith inspira pour se reprendre, peu avant d’être surprise par la présence de celle qu’elle avait contacté.
       Oui, en dépit du fait qu’elle aurait pu finalement tout avouer à sa mère, elle avait préféré contacter Zatanna Zatara qui n’était pourtant pas la personne qui avait une haute estime de l’adolescente. La magicienne aurait pu interroger le défunt, Faith leva un sourcil face à ce fait. Si cela avait été aussi simple, elle n'aurait pas eu besoin de la Magicienne. Les esprits venaient très souvent voir Faith et la hantaient jusqu’à ce qu’elle cède à leur apporter leur aide, ainsi afin de leur offrir la paix en vengeant leur mort. La petite sorcière a donc forcément songé à interroger les esprits, mais dans les cas, ces derniers étaient absents. La gothique devait avoir aux alentours de cinq ou six ans, peut-être sept quand elle rencontra son premier fantôme. Sa maîtresse de classe lui avait dit qu’elle avait en réalité qu'un simple ami imaginaire, que c'était tout à fait normal à son âge, Faith y a longtemps cru, même quand cet ami lui révélait certains secrets. Des secrets qui pouvaient détruire la vie d’une personne et en sauver plusieurs une autre. Le fait que le directeur de l’école maternelle profitait de l’innocence de ses élèves dans la plus perfidie des secrets. C’était cet ami imaginaire qui avait alors apprit que ce que faisait ce directeur était mal et qui devait souffrir pour cela.

         Mais que valait concrètement la parole d’une enfant qui disait que son ami imaginaire avait vu le directeur faire des choses avec une camarade de sa classe. Rien, si ce n’est qu’une confusion quant à la santé mentale de l'enfant au sein du personnel éducatif, sinon un doute concernant la manière dont une fillette pouvait savoir ce genre de chose à son âge. Pire encore, l’homme était devenue plus prudent lorsqu’il agissait sans que personne ne remonte jusqu’à lui et ne prouve ses méfaits. Les victimes silencieuses et les esprits pour seul témoin de ses horreurs, ce qui inspirera l'enfant à devenir ce qu'elle est aujourd'hui. La magicienne prit le bras de la petite sorcière et l’entraîna de nouveau vers la chambre. Il n’y eut aucune forme de résistance de la part la gamine silencieuse et à l’écoute. Elle avait besoin de voir… Elle ne savait pas trop si c’était possible et pourtant, Zatanna baragouina quelque chose dans une langue qui rappela celle du Diable… Et il était probable que c'était véritablement ça. La langue de son père était une langage miroir, certes issue de l'Akkadien et du Sumérien, mais un langage miroir malgré tout.
          Cependant, pour Faith, découvrir que la magicienne utilisait elle aussi un langage miroir de ce qui semblait être l'anglais contemporain de base, ne pouvait que la laisser perplexe… « Donc tu parles aussi l’une des langues du diable ? Huh... » Les non-mages arrivaient souvent à trouver le diable dans leur discours depuis qu’il avait accès à l’inversion de la bande son… "Yes We Can" devenait bizarrement "Thank you Satan", beaucoup pensaient qu’il ne s’agit que d’un effet de perception, l'esprit jouant des tours, et ce, pour rationaliser la situation. Ce n’était pas le cas. Et ce n’était qu’un exemple parmi tant d’autres. De son côté, le clan de Faith utilisait un langage qui leur était propre, cela ressemble à plusieurs sifflements de serpents, bien que leurs sortilèges les plus courants étaient souvent écrits en latin. Elle attendit que les pouvoirs de l’Homo Magi se manifestent.   

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La Mort est une chienne qui n'embrasse que ceux qui la craignent, mais se refuse à voir les illuminés prêts à recevoir son baiser. - Faith Cross

         Voilà que la magicienne avait eu une pensée qui était loin d’être ridicule et à laquelle Faith n’avait guère encore songé. Étaient-ce les lieux qui déclenchaient soudainement cette crise maudite ? Il n’y avait que peu de chose qui pouvait influence la malédiction de son père, c’était la raison pour laquelle l’idée ne lui avait pas traversé l’esprit. Pourtant, dans ce contexte, pouvait-on réellement dire que c’était la malédiction en question qui était touchée ou bien l’essence même de l’âme de Faith qui, quelque part, était intrinsèquement liée à la sinistre pénitence de son père ? Dans ce cas, y avait-il encore en ces lieux, quelque chose capable de toucher l’essence de Faith ? Et si c’était le cas, était-il possible que la sorcière s’en rende compte ? Incertitude. La première que l'adolescente était venue dans cet appartement, elle n’avait rien trouvé, rien senti, rien qui n'avait affecté son essence spirituelle. Mais elle n'avait pas eu à faire usage de magie pour rentrée dans les lieux la dernière fois, la porte d’entrée n’était pas encore condamnée.
          L’adolescente fut entraînée par la magicienne de nouveau jusqu’à la chambre où la victime avait perdu la vie. Usant par la suite de sa science occulte pour invoquer une magie qui semblait à première vue inconnue à la jeune sorcière. Cependant, sans les six cents de souvenir qui devaient encore revenir progressivement, Faith n’avait que son grimoire pour seule base… Un livre des ombres qui ne contenait qu’une sorcellerie que beaucoup de magicien considérerait impie, dû au savoir occulte intimement lié à de la magie noire. Et pour le moment, aux yeux de la gothique, la magicienne ne semblait pas être le genre de personnage à faire volontaire usage de savoirs obscurs et corrompus, d'où l'écart entre leur savoir. Il paraît que les magiciennes étaient des Homo-magi, descendant d’une espèce particulière, capable de faire usage de la magie.

          L’on pouvait alors partir du principe que cette magie était dans leur ADN même des mages, là où pour la sorcière, c’était son âme lui-même qui emmagasinait l’énergie. Et on ne parlait pas simplement d’énergie mystique comme avec la plupart des mages, mais démoniaque dans le cas de Faith. La sorcière ne pouvait alors aucunement cultiver la magie dans l’environnement comme pouvait le faire certains occultistes, il lui fallait passer par les "ombres", les djinns de son père, qui convertissait les ressources qu’elle leur sacrifiait, en une essence infâme et infernale qui nourrissait la sorcière. L’autre solution, était que la succube se nourrisse par la voie de la luxure, l’énergie sexuelle qu’elle dévorait devenait une part d’elle-même et de ce fait, se transformait en magie démoniaque. Toutefois, si l’essence différait, la méthodologie entre un magicien et une sorcière semblait identique. La voix étant le facteur clé de leur art, au point d’en être pour certains entièrement dépendant.
          Faith écouta la réponse de la magicienne, alors expliquant que son langage magique était une marque de fabrique de sa famille. Sans doute au même titre que le "demonic psalmodié" qu’utilisait son Coven et qu’elle utilisais elle-même pour les sorts les plus complexes, mais aussi les plus sombres. Mieux valait plus communément rester sur le latin pour faire dans la simplicité et la rapidité. Et surtout, pour éviter au possible le poids des mots que la langue latine rendaient moins impactant que celle du langage démoniaque : sombres chuchotements qui laissaient penser à plusieurs sifflements de serpent accompagnés de voix d’outre-tombe. Faith comprenait en tout cas ce que signifiait une langue développée par la famille, cette marque de fabrique. Être capable de redéfinir la science occulte, au point de manipuler la magie à partir d’un langage réinventé, c’était du très haut niveau en termes de connaissance. Sa famille devait être très puissante, assurément.

         Faith ne répondit rien, se concentrant sur la silhouette d’ombre. Elle se demandait ce que signifiait ce sortilège, jusqu’à observer les mouvements de l’ombre en question. Dans un moment de réflexion, cette dernière lui faisait penser aux « Ombres », les créatures des ténèbres vers qui elle devait passer lorsqu’il était question de sa magie. Les infâmes serviteurs impies de son père, mais la chose devant elle ne dégageait aucune conscience, aucune volonté ou avarice perverse. Cela ne semblait n’être que le reflet d’une réalité déjà perdu dans le temps. Mais les témoins de la scène ne voyaient que ce reflet, pas une seule autre ombre pouvant indique la présence d’une autre personne sur les lieux. Après un moment, la sorcière s’était murée dans un silence, le regard perdu dans les abysses de ses pensées. Pourquoi s’était-elle tortillée de la sorte ? La malédiction qui entraînait une combustion spontanée était souvent immédiate, sans signe avant-coureur. Pourtant, la victime avait souffert ? Cela n’avait aucun sens ?
         Elle avait vaqué à ses activités avant de souffrir soudainement, une souffrance qui précédait sa mort. Qu’est-ce qui en avait causé les douleurs ? À ce moment-là, Faith aurait aimé avoir l’intégralité de ses souvenirs passés, la sorcière qu’elle fut par le passé, aurait certainement pu trouver d’innombrables hypothèses tant par son vécu que par ses connaissances. « La victime n’avait aucun antécédent médical notable, elle était en bonne santé. Ça fait partie des choses que j’ai vérifiées avant de sollicité ton aide. Du coup, ce qui a causé cette souffrance est très probablement extérieur à son état de santé. » Faith approcha du lit et de l’endroit où l’ombre s’était tortillée. « Pas de trace de lutte, ni sur lit, ni au sol… Pas de goutte de sang, rien. Mais elle a souffert ? Pourquoi ? » Pourquoi la victime a-t-elle subi cette combustion au final ? Et pour quelle raison avait-elle dû souffrir avant ça ? Il devait y avoir un sens. « N'y vois aucune insulte, mais à quel point peut-on se fier à ton sortilège ? Est-il possible qu’un être puisse malgré tout empêcher que sa présence puisse être détectée ? »   

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La Mort est une chienne qui n'embrasse que ceux qui la craignent, mais se refuse à voir les illuminés prêts à recevoir son baiser. - Faith Cross

         L’adolescente écoutait l’explication de la Zatara sur ce qui n’était pas un sort. La magicienne allant jusqu’à traiter la magie comme une volonté propre. Et peut-être que l’essence mystique devait sans doute être une volonté en soit ? Celle de la gothique prenait bien sa source en des créatures faites de ténèbres, viles ombres conscientes, charognards de l’au-delà qui pressait la sorcière de les gâtés d’une âme ou deux à dévorer. Aussi, Faith préférait garder pour elle tout commentaire douteux. Selon la magicienne, ce qui pourrait avoir frappé la victime pourrait bien être une sorcellerie à l’origine africaine : le Vaudou. Cette magie n’était pas bien différente de celle des sorcières, la sorcellerie ayant des rituels quelque peu similaires au vaudou et qui prenait la forme de malédiction. La première fois que Faith en avait jeté une, c'était sur une fille populaire de son lycée, Jane qui s’était moquée de ce qu’elle était et qui s'amusait à la tourner en dérision devant tout le lycée…
          Et ce, uniquement parce qu’elle était une gothique introverti. Pour les autres, elle était devenue la bizarre et l’asociale sur qui l’on avait le droit de jeter la pierre. La vérité était que Jane comme le reste du lycée, ressentait une fascination frustrante pour la gothique sans qu’il n’arrive à l’expliquer. L’époque du lycée, c’était aussi l’époque où le corps de Faith était devenue assez mature pour que ses traits liés à sa part succube se manifeste progressivement. Faith l’ignora, elle était encore jeune et facilement influençable. La colère l’avait poussé à jeter sur Jane une malédiction où chaque soir, à minuit pile, celle-ci vomissait des clous. Elle avait bien failli en mourir si Kassandra n’était pas intervenue pour briser la malédiction de sa fille. Le vaudou n’était pas si différent, dans le sens ou un rituel devait avoir lieu pour que la magie opère. La similarité des malédictions et des vaudous, se rencontrait dans le besoin d’avoir un élément de la victime pour la maudire.

          Une mèche de cheveux, du sang, un chaudron pour les sorcières, une poupée pour les sorciers vaudous. Pour autant… La magie vaudoue, était-elle assez puissante au point de provoquer une combustion spontanée ? Faith avait un léger doute… La magie avait un prix quel qu’il soit. Faith elle-même devait payer les conséquences d’un usage important, même sans la malédiction de sa mère. Utiliser une magie puissante allait forcément demander en retour un sacrifice à la hauteur de la magie invoquée. Le vaudou en cela n’était pas si différent, il faisait appel à des forces qui n’étaient aucunement sous le contrôle du sorcier. À l’image d’un pauvre fou qui cherchait l’aide d’une force supérieure en invoquant un démon. L’adolescente ignorait quel prix les sorciers vaudous payaient en invoquant leurs dieux et esprits malins, mais c’était bien la première fois qu'un sorcier vaudou était capable de combustion spontanée. Et quelque chose d’aussi rare avait en plus été commise à plusieurs reprises.
           La sorcière n’y croyait pas, mais c’était surtout parce qu'elle sous-estimait grandement les pouvoirs des sorciers vaudous. La victime pouvait avoir pris feu sous l’effet d'une poupée enflammée, certes... Mais il y avait malgré tout une différence subtile entre prendre feu et subir une combustion. Dans le premier cas, tout le corps est enflammé et les flammes en question se répondent sur tout ce qu’elles touchent et dévorent. Et surtout, il reste un corps à analyser, même brûler. La combustion est plus spécifique, plus chirurgicale et destructrice, seul la partie touché par le feu est affectée et il ne reste du corps qu’un tas de cendre… Du moins la partie visée, car dans ce genre de cas, des membres intactes peuvent être trouvé sur place, comme si les flammes avaient consciencieusement posé une limite à ce qu’elle devait brûler. De plus, il fallait une poupée intacte pour que la magie opère. Par conséquent, même dans le premier cas où l’on devait brûler la poupée, pour brûler la victime, c’était ici prendre un risque de détruire la connexion avec la victime avant qu’elle ne meure.

           En effet, puisque si la fameuse mèche de cheveux venait à partir en cendre trop tôt, comment alors savoir si son effet sur la poupée, s’était réalisé sur la victime ? Et là, ce n’était que dans la possibilité d’enflammer la victime… Comment reproduire par contre l’effet de combustion ? La sorcière était dépassée et c’était-là un sentiment qui ne lui plaisait guère. « Je connais un gars qui peut peut-être nous filer quelques informations. »