Smells Like Teen Spirit [Terminé - Intrigue I]

Sujet: Smells Like Teen Spirit [Terminé - Intrigue I] Lun 17 Jan 2022 - 12:21

Bruce Wayne & Harleen Quinzel

« Nightclub Huggin and Kissin, Narrows, Gotham, 18 juin 2022. »

Il faut courir, pour s’en sortir. Les policiers ne me courent pas après, ils s’occupent de mes « victimes », de ces violeurs qui ont été interceptés à quelques instants à peine de leur passage à l’acte. Ils vont vite se rendre compte que ce sont des clowns qu’ils ont sous la main, et se demanderont sur quoi ils ont tiré, dans les ténèbres d’une ruelle délabrée du plus terrible quartier de Gotham en termes d’espérance de vie ou de criminalité.

Je suis le chasseur dans le noir. Je reprends mes repères. Et même si mon équipement n’est pas de première fraîcheur, puisque version ancienne du costume et matériel non utilisé pendant des années, tout cela fait l’affaire malgré tout. Je reprends mon souffle, sur la tour Wayne, histoire d’administrer les premiers soins à mon épaule touchée, et je saigne pas mal. Je dois partir. Personne ne m’attend ici, ni ailleurs en passant. Mais les rencontres fortuites sont à éviter. Je n’ai pas annoncé de retour. Je suis simplement venu à la pêche aux infos en me disant que de nuit, je prenais moins de risques sous le costume noir de Batman que sous celui de Bruce Wayne. Il faut que je regagne le métro de Gotham, pour me faufiler dans ses couloirs de maintenance, et regagner ma moto civile garée derrière le dépôt d’entretien des rames. Cela va me prendre du temps. Cela dit, on recherche peut être un type encapé dans le secteur. Je dois prendre garde. Une fois sommairement soigné, je reprends ma tenue civile, même si changer l’armure pour une chemise me coûte, mon épaule restant sévèrement endolorie. Ca me prend du temps, encore.

Mais du temps, j’en ai.

J’en trouve toujours.

Je me retrouve près d’une boîte de nuit. Le genre mal fréquenté, où les jeunes et moins jeunes vont s’encanailler, où la drogue et d’autres substances circulent librement. On entend la musique qui pulse à deux rues de là ; les riverains doivent vivre l’enfer. Mais je ne suis pas là pour lutter contre le tapage nocturne. Plutôt pour le provoquer. J’allais passer mon chemin quand j’entends des gens parler de la boîte, et j’entends Black Mask et Catwoman. Pas le choix. Mon instinct me fige, et la décision est prise en moins de trois secondes. Je dois aller voir. J’entre, alors. Correctement sapé, ça ouvre toutes les portes. Je demande un whisky sec au barman, que je paie avec le liquide laissé dans la planque que j’ai remise en ordre la nuit précédente, et toute la journée.

Le liquide ambré emplit le verre. Je prends la mesure de mon environnement. Ceux qui sont armés. Les sorties. Les escaliers vers les zones privatives de l’étage. Je suis là incognito, célébrité déchue, oubliée, que l’on n’attend pas dans ce genre de rade. Quand je vois une femme danser sur un podium, tripotée par deux hommes un peu entreprenants. Harleen Quinzel. Impossible de ne pas la reconnaître pour moi qui l’ai financée avant de la combattre pendant des années. Psychiatre prometteuse… En train de jouer à Harley Quinn. Je me tiens non loin, mais un des deux glisse sa main à l’arrière de sa ceinture.

Main que je bloque, coinçant la lame qui était dégainée.

| Je serais toi, je ne ferais pas ça. Cette femme t’éclatera la tête jusqu’à ce que tes yeux sortent de tes orbites, si tu continues… Et que tu arrives à me battre. |

Sous entendu, ça n’arrivera pas. Le type bat en retraite… Mais forcément, Harley m’aura reconnu, connaissant ma véritable identité depuis des années.

| Bonsoir, Harley. Jack Show, tu me remets ?

Je suis passé du type anonyme au gros bras dragueur en un instant, tant j’étais faux naturellement. Une des fausses identités, gueulées pour couvrir le son de la musique trop forte, et pour lui faire comprendre qu’il ne fallait pas parler de Bruce Wayne.

Avec elle, allez savoir si le message était passé, mais en parlant avec elle j’avais moins de risques qu’elle fasse quelque chose d’inconsidéré… Et beaucoup à gagner en termes d’informations. Mais il faudrait qu’elle tienne sa langue. Et pour ça, j’allais devoir improviser.

(c) DΛNDELION

I'm Vengeance. I'm the Night. I'm Batman.

Don't say goodbye. Don't say I didn't try... These tears we cry. Are falling rain. For all the lies you told us. The hurt, the blame! And we will weep. To be so alone. We are lost! We can never go home. The Dark Knight (c)codage - Kanala - texte (c)Long Ways to Go Yet, Howard Shore

18 juin 2022

Un pas par ci. Un pas par là. Quelques pas de plus accompagnent son déhanché au rythme de la musique. Sur cette scène elle oublie ce monde de folie, un monde qui ressemble trop à sa propre psychée, le chaos. Elle ne pense qu’à la rythmique, les yeux clos. Même si plus rien ne l’oblige à se produire sur cette scène, elle aime y retourner, se déguiser en elle-même et divertir son public. Ce pour quoi elle a été créé à l’origine, Il n’avait pas imaginé qu’elle dépasserait ses espérances. Aujourd’hui, elle préfère divertir de son propre fait que de servir qui que ce soit.

Elle le fait avant tout pour elle-même, une sorte de méditation quand tout va mal. Que son passé la hante. Mettre un terme à cette guerre dans sa propre tête. Malgré toutes les introspections qu’elle s’inflige, rien n’efface les événements passés, les horreurs commises au nom d’un Autre. Elle était douée, pas de remords, pas de regrets, juste cette folie de satisfaire son Homme qui l’a si bien remplacé par sa poupéepétasse.

Ce n’est pas de tout repos d’être dans sa tête. Ici, elle passait incognito, personne ne se doute qu’elle est la véritable Harley Quinn malgré son retour 3 ans plus tôt. Elle s’est faite relativement discrète sur le devant de la scène criminelle et médiatique, il lui arrive encore de disparaître quelques semaines à Coney Island pour voir ses amis et récupérer les loyers. Il suffit qu’une nana de la bande l’appelle pour qu’elle rapplique aussitôt, prête à l’action.

Un pas par ci. Un pas par là. Quelques pas de plus accompagnent son déhanché au rythme de la musique. Elle se sent étrangement chez elle, dans un environnement qu’elle connaît bien. Mais pas en sécurité visiblement. Un homme s’interpose, sa voix met en garde. Harley se retourne, le visage s’illumine d’un sourire quand elle reconnaît son “sauveur”. Il ne perd pas de temps, la met en garde à son tour et se présente sous une autre identité. Tu as conscience qu’ils m’attendront à la sortie ?

Comme s’il n’avait pas disparu depuis 2 ans, comme si la ville n’avait pas sombré en leur absence, comme si son amie n’avait pas vécu tout ce temps à attendre un héros qui ne revenait pas. Elle gratouille le menton de la chauve-souris, comme elle a toujours eu envie de le faire. Vous en connaissez beaucoup des femmes qui ont eu cet honneur ? Oui, probablement. Alors disons plutôt une criminelle qui gratouille le menton de Batman sans y laisser la vie ? C’est presque jouissif, elle profite allègrement du fait qu’il privilégie son anonymat pour lui planter un bisous sur la joue.

Que fais-tu là Ba… Jack Sparrow ? Show ? Elle préfère se rattraper et modifier son nom pour en faire un pirate. C’est ton nouveau hobby de reluquer les nanas ? De les faire attendre ? Harley commence à se fâcher, le regard assombri par les souvenirs de Selina attendant son amoureux. Oh, Selina ne s’est jamais plainte, ce n’est pas son style, mais Harley n’est pas dupe. Elle l’a vu se languir de son amoureux, de la même façon qu’elle se languissait de son Joker. Harley agrippe la cravate de la chauve-souris pour approcher son visage du sien. Bordel, vous étiez où ?

Bruce Wayne & Harleen Quinzel

« Nightclub Huggin and Kissin, Narrows, Gotham, 18 juin 2022. »

Les choses pouvaient aller vite, avec Harley. Dans un sens comme dans l’autre. Elle avait l’esprit versatile, et on ne pouvait pas vraiment dire que je pouvais nourrir de la confiance en elle, pas même un peu. La jeune femme avait sans doute toujours été comme ça. Et c’était sans doute pire maintenant. Depuis qu’elle avait rencontré le Joker, et qu’il lui avait retourné le cerveau. Imprévisible, ce n’était pas un vain mot chez elle. Alors il fallait bien chercher à assumer, d’une façon ou d’une autre. Je devais aller au bout des choses maintenant, au risque de voir la situation m’échapper pour de bon. Je n’étais pas vraiment surpris de la retrouver là, même si je saluais son esprit l’orientant vers une prise de risque véritablement maximale dans cette affaire.

Il était de notoriété publique que depuis quelques années, l’Arlequin était cherchée par les sbires du Joker, et le Joker lui-même, pour lui infliger des punitions à la hauteur des crimes qu’il considérés commis envers lui. Elle me reconnaît, évidemment.

| Si tu sors par la porte principale, et toute seule, oui. |

Pour le reste, elle n’avait pas survécu aussi longtemps pour se jeter dans le premier piège venu. Je lui faisais confiance, à elle comme à son instinct de survie. Je me fige, pas non plus surpris, quand elle me tripote le visage à moitié et m’embrasse sur la joue.

| Moi aussi, je suis content de te voir, Harley. |

Plus ou moins. Pour la galerie d’abord, et d’un certain côté, pour elle-même. Je la laisse m’attirer à elle, mais à mesure que la distance entre nous diminue mon visage se ferme de plus en plus et elle ne peut plus que se plonger dans les deux puits de ténèbres que je lui oppose. Je lui réponds aussitôt. En détachant bien les mots.

| Nous étions toujours sur la mission. Quant au reste, je suis venu ici pour une raison bien précise. |

Je la laisse continuer de me serrer le col, sans intérêt pour la distance. Même aussi près, je pouvais tout à fait me défendre.

| Je suis venu pour que tu me dises si tu es de retour auprès de Joker. Et pour que tu me parles de Catwoman. |

Je l’attire à moi, sur le canapé. Et la pose sur le cuir du sofa.

| Je n’ai pas toute la nuit, Harley. Commence par ta propre présence, ici. Et tu continueras pour me dire où étais-tu, quand ton compagnon a tué mon plus vieil ami, et l’un de mes fils. |

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18 juin 2022

La réponse de Batman la fait sourire, bien évidemment qu’elle compte sortir par la porte de devant. Seule, c’est à lui de voir s’il compte la laisser dans la merde. L’arlequin ne se cache pas, ne possède aucune once de prudence, mais beaucoup de ressources, ou elle ne serait plus de ce monde depuis des années. Il y a fort à parier qu’elle va oublier d’ici 5 min que des types ont tenté de s’en prendre à elle, c’est l’effet Batman sur sa mémoire de poisson rouge. Ses parents auraient dû l'appeler Dori.

Quoi qu’il en soit, elle est sacrément heureuse d’apercevoir cette gueule dans le coin. Le vrai visage de Batman dont l’identité a été révélée des années plus tôt. Quelle ironie que l’homme qui a financé ses recherches soit devenu celui qui la traquait. Sans le financement de la Wayne Entreprise, aurait-elle évolué de la même manière ? Se pose-t-il la même question parfois ? Parce qu’elle oui, tant de fois depuis sa rupture avec Joker. L’arlequin multiplie les introspections depuis 2018. 4 ans et malgré tout, elle éprouve bien des difficultés à vivre une vie raisonnable. Elle a essayé, à Coney Island, mais son passé a toujours fini par la rattraper.

Rapidement, le moment de demander des comptes leur tombe dessus. Où étaient-ils ? Que faisaient-ils ? Batman en a autant à son sujet et le regard ne décolère pas, elle fulmine littéralement. Encore et toujours cette question, est-elle liée au Joker ? Non et j’en ai plus qu’assez qu’on continue de m’associer à lui. Elle trace d’un doigt la cicatrice qui orne sa gorge, une longue boursouflure, souvenir qu’elle ne peut effacer de sa poupéepétasse. Tu vois ça ? C’est lui le responsable. Qu’est-ce qui te fait croire que je suis retombée dans ses bras, je peux savoir ? Même si elle en a une vague idée, combien de fois est-elle retombée dans son piège ? Combien de fois lui a-t-elle pardonné ? Elle-même n’a pas l’assurance de ne pas le retrouver s’il la manipule à nouveau comme il sait si bien le faire, mais aujourd’hui, elle a Pamela et Selina… et les Birds.

Qu’est-ce que tu veux savoir que tu ne saches déjà à son sujet ? Elle voulait mettre tes fonds en sécurité, mais elle n’a pas eu le choix, ou elle me laissait crever. Catwoman m’a ramassé cette nuit-là, c’est à elle que je dois la vie sauve. Tu devrais savoir, mieux que quiconque, qu’il ne faut pas se fier aux apparences malgré tout en ce qui la concerne. Selina étant ce qu’elle est, une forte personnalité à qui on ne dicte pas sa conduite. Elle a toujours œuvré pour ses propres intérêts et surtout, son indépendance, dans l’ombre des grands.

La jeune femme se laisse attirer sur le canapé par l’homme, elle n’a jamais été aussi proche, du moins pas dans ces conditions, de Batman. C’est assez déstabilisant, mais elle se prête au jeu. Elle se mord la lèvre inférieure, le regard se détourne, les larmes aux yeux lorsqu’il aborde le sujet de son fils et Alfred. Elle est surtout affectée par la mort du gosse, si jeune, Joker l’a privé de toutes ses années. Bane a abattu ton ami le soir du Grand Plan, ce même soir ou j’aidais Selina. Le petit avait revêtu ton costume, J lui a mis la main dessus… Il était déjà trop tard quand on l’a su. Je… J’étais…

Elle lâche un soupir déchirant, coupable, en défroissant la tenue de Bruce. On n’a rien pu prévoir, ni les Titans, ni les Birds n’ont pu le prévoir et les arrêter à temps. Il faut croire que nous n’avons pas les moyens de la Justice League pour être à votre hauteur. Une évidence étant donné que le chaos règne toujours entre les mains des grands criminels de Gotham. Ils sont nombreux, les héros, à tomber entre les mains des criminels… Allons en parler ailleurs, ce n’est pas l’endroit idéal pour te faire un rapport des deux dernières années Sparrow!

Bruce Wayne & Harleen Quinzel

« Nightclub Huggin and Kissin, Narrows, Gotham, 18 juin 2022. »

Comment considérer qu’Harley soit un témoin fiable des événements, avec tout ce qui lui traverse l’esprit en permanence ? Je sais que je me mets en danger, ici, en sa compagnie, parce qu’il est clair que ses fréquentations ne se sont pas vraiment améliorées. En plus, il n’y a pas de solutions pour moi de l’interroger tranquillement ailleurs ; il est clair à mes yeux que je suis sur la corde raide et que les choses peuvent basculer d’un côté ou de l’autre à la plus petite pression. La tirer d’affaire ne suffirait pas et ce n’est de toute façon que provisoire. Entre sa tenue, son comportement et son débit de paroles, ce n’est probablement qu’une question de temps avant que les choses ne dégénèrent à nouveau. Plus je croiserais de gens différents et plus la probabilité que l’on me reconnaisse sera forte. Qu’importe, maintenant que le lait est tiré il faut le boire. Je fais la moue, silencieux, quand la blonde platine me demande pourquoi je pense qu’elle est toujours avec le Joker.[/i)

| Je n’ai pas le temps de ménager ta susceptibilité, Harley. Je suis désolé qu’il ai essayé de te tuer. |

[i]Même si c’est sans doute ce qui leur pendait au nez depuis bien longtemps, finalement. Des contraires qui s’attirent, qui se rentrent dedans, cela pouvait donner lieu à une explosion, finalement produite, mais de plus en plus probable à mesure que le temps passe. J’en apprends plus sur ce qu’il s’est passé le soir de notre départ pour résoudre la crise du multivers. Pour le reste, sur la nature de leurs relations, ce n’est pas tellement à moi de la juger. Je hoche la tête, dents serrées quand j’entends son vibrant plaidoyer en faveur d’une piste sur l’innocence de la chatte. Mais jusqu’à quel point l’est-elle vraiment, innocente, au regard de tout ce qu’il s’est passé ?

| Je sais aussi que des apparences, si elles cachent la vertu, cachent aussi le vice. Joker t’a utilisée contre elle, c’est ce que tu es en train de me dire ? |

S’il l’a saignée et laissée au sol pour forcer la main à Cat, je pourrais peut être l’envisager comme la vérité. Mais cela n’explique pas tout. Un peu, pas plus. Je ne sais rien ni des moyens ni du mobile en fin de compte, ni pourquoi la collaboration ne semble pas s’être terminée depuis. Harley, de son côté, paraît heurtée par la situation, par mes questions. Je reste ferme et digne devant les confidences de l’Arlequin. La belle glisse sa main sur ma tenue. Je reste dur, neutre, froid.

| Titans et Birds ? Que sont les Birds, Harley ? |

Je ne parle pas de Jason ni d'Alfred.

A sa proposition, je hoche la tête, alors, reboutonne ma veste.

| Je te suis, alors. Je pense que si tu émets l’idée, c’est que tu as une idée d’endroit ? |

Dois-je craindre quel genre de place aurait sa prédilection, après un endroit comme celui-ci ?

(c) DΛNDELION

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Il est désolé que son ex ait tenté de la tuer… ça la fait rire. Il a toujours su qu’ils en arriveraient là, que Joker n’est pas capable d’amour et encore moins de ressentir autrement que par ses crises obsessionnelles. Elle l’a obsédé oui, mais rien à voir avec des sentiments, elle était simplement un moyen d’arriver à ses fins, seul Batman compte. Tu l’as toujours su… Que ça se finirait comme ça. Il a essayé de la prévenir au début, la mettre en garde, mais elle était trop enfoncé dans sa folie pour le Joker pour le croire. Harley hausse des épaules, de toute façon ce n’est pas grâce à lui qu’elle doit sa liberté et il est trop tard pour s’appesantir sur le passé.

Tu es si prompt à juger sans délai, mais pas elle Bruce, ne la juge pas. Tu n’étais pas là, le chaos règne en maître, on a essuyé plus d’un revers, crois moi elle intervient plus de fois qu’il n’y paraît. Ca la met en colère d’ailleurs, cette liberté prise par le chevalier noir, de se croire au dessus des magistrats. Tout ne se passe pas comme prévu. Je te dirais seulement qu’elle fait ce qu’il faut, Bruce. Même si elle passe pour la méchante, Selina se bat dans l’ombre et y garder un semblant d’ordre à défaut de pouvoir y faire régner la justice. Elle est à côté de Selina depuis ce Grand Plan, l’aide autant qu’elle peut, dans l’ombre, toujours, mais bel et bien présente. Chaton fait partie des personnes pour qui Harley sacrifierait tout et pas uniquement parce qu’elle lui doit la vie.

Il l’interroge encore, partagée entre la joie de le savoir vivant et de retour, l’agacement de son jugement et l’émotion relative au jeune Robin, elle fait savoir que ce n’est pas le lieu idéal pour avoir cette conversation. Il acquiesce, elle lui prend innocemment la main et l'entraîne à sa suite, louvoyant entre la clientèle, les danseuses et les serveuses, elle fait signe à Belzébuth, le videur, de leur laisser l’accès à l’espace VIP. Il ouvre une porte sur un couloir aux lumières tamisées aux nombreuses portes closes.

Elle ouvre l’une d’entre elles et entre dans une chambre. Pour avoir déjà inspecté les pièces, elle sait qu’aucune caméra ne s’y trouve. Ici, le mot d’ordre est l’intimité, strictement respecté par le maître des lieux. Toutefois, ses filles sont efficaces et lui rapportent tout ce qu’elles entendent et soutirent de leurs clients. Sauf Harley, qui n’est là que pour amuser la galerie en jouant son propre rôle. Juste un divertissement de plus.

Quand vous êtes partis, c’est devenu le bordel, pas seulement à Gotham, alors ton premier petit prodige à reformer les Titans et Black Canary a fondé les Birds of Prey. Elle se dirige vers le mini bar pour en observer le contenu et proposer à son invité quelque chose à boire. C’est bien la première fois qu’ils se retrouvent dans une pièce close sans chercher à se cogner. C’était quoi… Six mois après votre disparition, quand il est devenu difficile de croire à votre retour, alors on a agit et tenté de suivre votre exemple. A notre manière… Black Canary a surtout passé son temps à préserver l’équilibre de notre bande, sauf qu'on ne faisait pas le poids face à l’ennemi, les héros sont tombés un à un… Rachel, Supergirl… Robin… Alors l’année dernière on a formé des alliances, avec Waller et la Suicide Squad.

La jeune femme observe le fond de son verre plein. Est-ce voué à l’échec ? Trop disparates, différentes, peu nombreuses, trop de zones à défendre, les Birds sont pourtant réunis autour d’une même cause, mais ça finit tellement en pugilat à chaque fois. Quant à leurs alliances c’est une autre histoire, Waller ne peut pas se la voir depuis son évasion et ce que ça a occasionné. Les Titans n’ont pas davantage confiance.

Bruce Wayne & Harleen Quinzel

« Nightclub Huggin and Kissin, Narrows, Gotham, 18 juin 2022. »

Je ne peux pas dire que je sois particulièrement surpris du comportement d’Harleen, et de tout ce qu’il s’est passé depuis un moment maintenant à Gotham. Mais je ne suis pas à mon aise. Dans cette tenue civile, j’ai le sentiment d’être un imposteur dans un genre d’endroit que j’ai pourtant largement écumé sous d’autres apparences. Ce qui m’étonne plus en revanche, c’est que l’ancienne psychiatre d’Arkham semble avoir fait du chemin. Difficile de dire s’il s’agit d’une rémission, voire d’une guérison bien réelle. Mais il y a quelque chose dans ses yeux, qui ne brillent plus seulement d’une intelligence malsaine et perverse. Il y a autre chose. Je ne confirme pas vraiment ce qu’elle affirme de son côté, l’arlequin qui a trop longtemps côtoyé la mort.

| Il ne peut y avoir qu’une issue, autour du Joker. |

C’est ferme, définitif. La fin, d’une façon ou d’une autre. Soit de ses victimes, qu’il s’agisse de leur intégrité physique, morale ou psychique, ou encore de ses alliés, voire de lui-même. La prison est tout ce qu’il mérite. Même si je dois lutter, tempêter, contre les déraisons de mon âme depuis que je sais quel est le destin qui fut réservé à Alfred et à Jason. Je garde un long moment le silence à propos de Selina. J’ai déjà des pistes, et j’ai déjà compris quelques petites choses sur son comportement en apparence ambitieux, déraisonnable, erratique. Mais je ne peux pas me confier à Harley. En vérité, je ne peux véritablement me confier à personne. A Diana, ce serait prendre le risque que notre relation se transforme en quelque chose d’autre que ce que nous avons déjà, et ce n’est pas le moment. Pas avec une vraie héroïne, pas avec ce parangon de bravoure et de vertu. Pas comme ça, en tout cas. Je souffle, dans un quasi-murmure.

| Rien ne se passe jamais comme prévu, Harleen. |

C’est aussi une forme de jugement, mais au fond qu’importe. Ce n’est pas ce qui compte. Ce qui compte n’existe plus vraiment. Il n’y a plus à en tenir compte, en tout cas. Je me laisse guider dans une salle pour invités importants, particuliers. Le genre de lieu où d’ordinaire on négocie un contrat, ou on s’encanaille dans le dos de sa femme, avec ce qui nous sert d’amis. Je ne suis pas étranger à ce genre de lieux, même si je n’y suis jamais pour le plaisir. Je note des visages. Des sons. Des odeurs. Je me laisse guider, puis conter l’histoire de cette ville qui sans cesse m’échappe et suit son propre rythme, sa propre aventure. J’écoute calmement, inspirant et expirant sans m’emballer. Je plisse les yeux, toutefois, et la dévisage fixement pour la première fois depuis de longues minutes quand elle parle de Waller et du Suicide Squad.

| Pourquoi Waller ? |

Pas de jugement. Contrairement à ce que pense Harleen, je ne raisonne souvent qu’en coûts, avantages, et calculs d’équilibres. Les émotions, je les enterre. Mais il y a des choses qui toujours font naître quelque chose en moi. Réagir sur Waller me permet aussi de masquer le déglutissement discret et l’inspiration quand Robin est évoqué.

| J’avais confiance en Nightwing pour prendre sa part. C’est aussi une bonne chose que Black Canary ai décidé de se battre à nouveau. Tu me diras qui a rejoint ces groupes, mais pas ici, pas maintenant. |

Je l’énonce sous le ton de l’évidence plus que de l’ordre direct. Je ne prends pas d’alcool, et la laisse boire de son côté.

| Et les autres. Joker, et ses acolytes. Que sais-tu de leurs dépôts, de leurs lieux de rassemblement, de leurs projets ? |

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18 juin 2022

Le silence s’installe entre eux à la mention d’une seule fin possible pour Joker. Elle le sait, la mort. Toutefois, lequel de lui ou elle aura le fin mot de l’histoire ? Joker lui appartient, autant qu’elle lui appartient, la seule façon de s’en libérer est de porter le coup fatal. Harley veut sa mort, si fort qu’elle devient déraisonnable, si fort que son esprit est fragmenté par la peur de ne pas y arriver et celle de le mettre à mort. Que deviendra-t-elle sans Joker ? C’est une question qu’elle se pose sans arrêt, de quoi provoquer plus d’insomnies qu’elle ne peut supporter. Plus d’insomnies que lors de leurs premières rencontres. Quoi qu’il fasse, il sera toujours source de tourments.

Pourquoi Waller ? Elle le dévisage, sans comprendre le sens de cette interrogation. Puis elle sourit, mystérieuse, tandis qu’elle songe qu’il ne sait pas tout de ce qu’a fait sa chère fiancée. Selina est parfaitement capable d’assurer sa défense, c’est pourquoi Harley n’explicite pas davantage l’implication de Catwoman dans cette alliance. Pourquoi pas ? Elle a reformé la Suicide Squad, une belle équipe de nazes, des gigolos, mais elle est pas con cette diablesse. On fait avec les moyens du bord Sparrow. Je crois… Qu’elle veut nous garder à l'œil aussi. Répond-elle avec un haussement d’épaule.

Il lui demande des noms, mais pas ici. D’un soupir, elle prend son téléphone et commence à noter les pseudonymes qu’elle connaît, eu l’occasion de rencontrer et ceux qu’elle sait de sources sûres qu’ils ont rejoint la bande des Titans. Avant de montrer l’écran à Bruce, elle n’aura pas le temps d’une autre entrevue ailleurs, elle se méfie des idées de Batman, du moment où il se convaincra que sa place est à l’asile. Or, il n’est pas question d’être ailleurs que Gotham, en zone de combat pour l’arlequin.

Ace Chemicals et Amusement Miles sont les zones les plus évidentes, il a la main mise sur Uptown. Il s’affronte souvent dans les Narrows contre le Sphinx, mais il envoie le plus souvent ses clowns. Il a des bases un peu partout, si officieusement le Pingouin a le monopole de Gotham, Joker veut prendre l’ascendant. C’est qu’une question de temps. La jeune femme avale d’un trait son shot de vodka avant de venir se planter devant lui, les mains sur les hanches. Sérieuse, déterminée.

Je te mets en garde. Il est à moi. C’est ma vengeance Bruce, j'y travaille depuis des années, je ne te laisserais pas te mettre en travers de mon chemin.

Bruce Wayne & Harleen Quinzel

« Nightclub Huggin and Kissin, Narrows, Gotham, 18 juin 2022. »

Harley a changé. C’est l’évidence même. Ca s’impose à moi de plus en plus comme une vérité, impossible à nier, à contourner, à travestir de quelque manière que ce soit. Je reste circonspect. Prudent, plutôt. Car Harleen Quinzel a longtemps côtoyé Joker. Peut être trop longtemps pour qu’une forme de « rémission » soit devenue impossible. J’ai lu dans ma vie quantité d’ouvrages de criminologie, de psychologie et de sociologie. Il n’en reste pas moins qu’on nage, concernant mon plus terrible ennemi, dans les rouages les moins bien connus de l’esprit, de ses abîmes et profondeurs les plus secrètes et dangereuses. Joker a ce talent incroyable de corrompre tout ce qui l’entoure. La folie le drape comme un drapeau le ferait d’une image héroïque.

Harleen reste dans le vague, mais je comprends l’essentiel. Elle explique que Waller reforme le Suicide Squad… Et que ces fameux « Birds » ont semble-t-il une sorte d’accord avec elle. Les moyens du bord. L’ennemi de mon ennemi est mon ami. Ils se leurrent, tous. Waller si elle croit contrôler ses psychopathes et ses criminels. Harleen si elle pense qu’elle peut pactiser avec la cheffe de l’ARGUS sans conséquences. Mais j’étais absent, jusqu’à maintenant. Je ne juge pas.

La migraine, revient, encore et encore, avec plus de force. Je me contrôle, je me domine. Tout ce flux d’informations est dense, et mes pensées sont saturées par mes efforts pour étouffer toute forme de sentiment sur le sujet et sur tout ce que l’horreur de la situation et les pertes endurées m’évoque.

| En effet. Waller n’est « pas con ». Elle a un intérêt qui pour l’instant semble concorder avec les vôtres. Mais il y a toujours un prix à payer. Elle ne se contentera pas comme certaines d’entre vous d’un butin pris sur l’ennemi. |

Ce n’est pas une mise en garde, mais une déduction. Presque une pensée émise à voix haute. Ce qui me laisse ensuite le temps de lire l’écran du téléphone de l’Arlequin et d’y lire des noms, dont j’en connais –très bien- plusieurs d’entre eux.

| Merci, Harleen. |

J’écoute ensuite ce qu’elle raconte sur les relations de Joker avec le Sphinx notamment, et sur leurs zones d’influence respectives. J’ai ce qu’il me faut. J’en sais assez. Pour le moment, du moins. Quand je me lève, je retrouve la jeune femme devant moi, fermement campée sur ses appuis comme pour se montrer intimidante… Ou en tout cas, déterminée.

| Ce n’est pas un concours. La nécessité prime, Harleen. |

Je me tourne vers la table. Quelques billets verts laissés dessus, une petite poignée qui doit suffire. Peu économe, mais ce n’est pas là-dessus que je perdrais mes fonds de réserve.

| Merci pour les informations. Et pour le verre. Nous nous reverrons, bientôt. |

Indispensable. Et impossible à éviter, dans la guerre qui s’annonce.

(c) DΛNDELION

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Sujet: Re: Smells Like Teen Spirit [Terminé - Intrigue I]

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