Article saison 3 - La Fièvre gagne Gotham

Batman a fait les choux gras de la presse, ces dernières semaines. D'abord porté par les espoirs de son retour du multivers, puis accablé par les accusations à son encontre pour son traitement sans pitié du crime. Pire encore que jadis. On avait cru que la création de la Justice League, que son éloignement pour longtemps, auraient pu adoucir le Chevalier Noir. Il n'en était rien. Aux aspirations plus sombres que jamais, le retour en trombe du Bat-Justicier mis un coup de pied terrible dans la fourmilière qu'était Gotham. Et les fous qui ne demandaient qu'un peu d'émulation pour stimuler leurs ambitions autant que leur imagination ne furent pas en reste. A commencer par le Joker, qui deux mois plus tôt, forçait Batman à quitter la clandestinité de son retour en menaçant un orphelinat d'un attentat à la bombe.

Joker travailla avec la concentration propre aux fous qui se sont trouvés un nouveau casse-tête à solutionner, un nouveau chef d'oeuvre à produire. Après une dizaine de jours de convalescence suite à leurs retrouvailles, le sinistre clown de Gotham avait commencé à bâtir l'ébauche d'un plan. Les autres n'étaient pas en reste... Mais Batman semblait conserver l'initiative.

Bientôt, les attaques de guerriers cagoulés, des « ninjas » accompagnant Batman, furent recensées à intervalles plus fréquentes, à Gotham.

D'abord, un baron du cartel Escabedo. L'homme, en voyage discret à Gotham avec sa famille -sa fille étudiant sur le campus-, fut violemment pris à partie par Batman et ses sbires tout de noir vêtus. Le 10 octobre, le commando pris à partie un des convois majeurs dont il était venu confirmer la bonne réception auprès de ses clients en ville. La mêlée sur les docks, ultra-violente, laissa un carnage derrière elle. On retrouva de nombreux corps de mafieux, mais aucun des assaillants alors que les survivants affirmèrent, choqués, qu'ils avaient pourtant atteint de nombreuses cibles. Dans le même temps, un restaurant du cartel surveillé par plusieurs agents de la DEA fut sauvagement attaqué et l'on vit les éclairs des coups de feu précéder la fuite en panique de la majorité des clients alors que porte-flingues et ninjas se massacraient à l'intérieur. Quand la police arriva sur les lieux au bout de seulement quelques minutes, un parterre de cadavres... Mais les premières analyses par la scientifique ne donnèrent rien.

Le lendemain, ce fut le tour du procureur de Gotham. Alors qu'il rentrait chez lui, l'homme fut attaqué par un autre groupe de ces tueurs et par Batman, mais la sécurité des personnalités publiques de premier plan avait été renforcée. Les policiers du service de protection répliquèrent à peine la première silhouette avait été aperçue sur le toit du domicile du procureur et la fusillade, brève et intense, fit des victimes des deux côtés. Un policier fut abattu, trois autres salement blessés à coups de sabres et d'autres armes blanches, et l'on dénombra deux corps de ninjas envoyés à l'institut médico-légal de Gotham sous bonne escorte policière.

Et enfin, le 12 octobre, un PDG d'une grande société de prestations informatiques, Maxim Zitrinskov, qui avait récemment fait les choux gras de la presse pour les accusations de violences conjugales dont il venait d'être relaxé. La sécurité de la société est totalement prise au dépourvu et plusieurs de ses agents de sécurité sont salement amochés quand les équipes d'intervention du GCPD prennent possession des lieux pour les sécuriser. Ils trouvent Maxim Zitrinskov, joue marquée au fer rouge et encore fumante, saignant à mort de plusieurs blessures, la pièce et son corps recouverts de photos de lui ayant une attitude équivoque avec d'autres femmes que la sienne.

La tempête médiatique n'attend pas que l'enquête progresse pour se déchaîner.

Aussitôt, on blâme Batman. Ce fou furieux qui délivre la justice par lui-même, qui n'en fait qu'à sa tête et qui torture, qui blesse, et maintenant qui tue, pour obéir à son vieux schéma mortifère. Les débats s'enflamment. Sempiternels « adulons-nous le meilleur ou le pire d'entre nous ? ». La société s'embrase en même temps que ses rues. On n'attend plus les rapports de police, les communiqués de presse du procureur et de ses substituts. Certains remettent en question la responsabilité de Batman dans ces actions, brouillonnes et dispendieuses en sang versé. Que le Bat-Justicier ai toujours agi avec une forme de brutalité, tout le monde s'accorde pour le dire. Mais avec autant de pertes humaines, alliées comme ennemies ?

Les médias se déchirent sur la responsabilité de chacun. Tous s'accordent à dire que les preuves incriminent Batman ; vérifications de vidéos, analyses comparatives sur son armure, sa voix... Certaines voix évoquent que les « ninjas » retrouvés par la police sont pour certains des zonards. D'anciens fous furieux adeptes de théories du complot ou réceptifs des discours factieux des maîtres à penser de l'ombre de Gotham. Certains se fichent de savoir qui est le responsable. Si c'est Batman, alors tant mieux qu'il débarrasse la ville du cancer qui la ronge ? D'autres considèrent encore qu'en s'en prenant au procureur, il aura franchi une ligne rouge impossible à ignorer à l'avenir.

Unanimement, les voix publiques s'élèvent contre le bat-vigilante de la ville. Et réclament sa tête.

Retour de vingt ans en arrière, brutal et sans concession. Il redevient le paria, honni de tous.


Batman et ses « ninjas » attaquent à nouveau à Gotham. Le 10 octobre, un cartel de drogue. Le lendemain, le procureur de la ville. Le 12, un patron d'une grosse entreprise récemment blanchi d'un procès houleux. Le sang coule à flots.
La responsabilité de Batman est facilement établie ; on le voit sur de nombreuses images captées par les témoins, et ses ninjas se font parfois abattre, révélant dans l'enquête préliminaire des profils de mercenaires, ou de désaxés solitaires, facilement réquisitionnés par quelqu'un de charismatique.
La presse, les autorités publiques et la police se tournent toutes entières vers la traque de Batman.