Long ways to go yet [Terminé - Intrigue I]

Ils avaient fini par partir de ce coin perdu, les héros, un par un, jusqu'à ce que qu'il ne reste plus que Bruce et Diana. Le "père" et la "mère" de l'organisation de héros qu'est la Justice League. Elle n'a pas hésité longtemps, Diana, avant de faire un pas vers Bruce. "Tu aurais un peu de temps...? Pour... Parler?" Elle a demandé, gentiment, cherchant à se donner l'air de quelqu'un qui est inquiet pour lui-même, tourmenté, alors que les réelles raisons de son inquiétude concernent le roc qui lui fait face. Pendant des années, leurs seules bulles d'oxygène, de repos, loin du carnage et de la destruction étaient lorsqu'ils évoquaient des proches. C'était des anecdotes, distillées ça et là, dans un moment de flottement, de fatigue, de nostalgie ou de peine... Sur dix ans, il y en avait eu beaucoup. Assez, en tous cas, pour que Diana comprenne l'attachement profond de Bruce envers celui qui a été un père à la mort malheureuse du sien, et envers ces enfants perdus dans lesquels il s'est reconnu, d'une certaine façon, et qu'il a adoptés. Le bat n'étant jamais loin de l'homme, ou plutôt l'homme servant de costume au bat, Diana entend encore la réprobation, la désolation, mais aussi la fière gratitude face au choix de ces enfants de suivre la même voie que lui. Apprendre qu'il en avait perdu un, ainsi que son père de substitution avait dû être dévastateur... Connaissant le détective comme elle le connaît, l'amazone jure que depuis, la nouvelle l'a transpercé des milliers de fois de ses lames, chaque fois porteuse d'une culpabilité différente. Si je n'étais pas devenu le Batman. Une lame. Si j'avais été meilleur. Une autre. Si j'avais été là. Encore une. Et ainsi de suite. Sous des centaines de déclinaisons, des milliers de fois. A retard, le cœur de Diana passe par les mêmes épreuves. Impossible, donc, pour elle de concevoir abandonner celui de qui elle a partagé la vie pendant dix ans ce soir.

Heureusement pour elle, Bruce n'a pas posé de questions. Diana aurait été bien en peine d'inventer un mensonge qui tienne la route. Après tout, contrairement à ses pairs, son propre retour ne s'est pas accompagné de tels drames... Peut-être ne les a-t-elle pas cherchés avec assez d'assiduité? Peut-être qu'elle n'en avait pas envie, de peur de ce qu'elle allait découvrir? Elle-même n'en sait rien. Diana est quelqu'un de pragmatique. Une crise à la fois. Certaines s'étaient jetées dans ses roues, éclipsant les autres. Et la voilà, deux jours plus tard, presque aussi perdue qu'à leur arrivée... Le fait est que l'amazone peine à intégrer qu'il ne s'est passé que quelques mois, ici. Quand elle repense à celle qu'elle était avant de partir, il lui semble avoir tellement changé, avec tellement de profondeur, qu'elle ne se reconnaît plus. C'est comme si elle se voyait dans un miroir déformant... Et cette difformité la retient de chercher trop fort après les siens... Parce que si elle découvre ce qu'ils sont devenus, elle va devoir les revoir. Elle va vouloir absolument les revoir. Mais comment leur expliquer qu'elle n'est plus la même? Le verront-ils? Comment réagiront-ils?

Après être montée à l'arrière de la moto et noué ses bras à la taille de Bruce, Diana passe l'heure de route plongée dans ses pensées, la joue en appui sur l'épaule du conducteur. Les paysages sont magnifiques. Terriblement calmes, ils ne rendent absolument pas justice au trouble qui agite les pensées de la déesse amazone. Comment est-ce que tout ce calme peut coexister avec la violence qui secoue Gotham, Métropolis, Centralcity? L'amazone soupire profondément, juste au moment où les bois les engloutissent, Bruce et elle, alors que la moto ralentit.

Diana découvre sans surprise la retraite du Bat. Descendue de la moto, elle marque un temps d'arrêt, juste pour regarder. La transparence du verre donne l'impression de vivre à l'extérieur, et donne une vue imprenable sur la nature environnante. L'amazone reconnaît le goût sûr de Bruce, élégant et moderne. Sobre. Comme lui. C'est sans doute présomptueux de la part de l'amazone, mais avant même d'y avoir mis le pied, Diana a le sentiment de la connaître, tant elle semble exprimer une partie bien précise de la personnalité de son propriétaire... La sensation est très particulière.

Mains au fond des poches, l'amazone suit son hôte et pénètre en sa demeure. Le feu de cheminée est le bienvenu, puisqu'il réchauffe agréablement la pièce. Une chaleur sèche... Qui donne malgré tout un frisson à Diana. Ca ne fait que 49 heures que la chaleur l'assommait presque, sur un monde de feu et de flammes. "Je prendrai volontiers un verre de vin, s'il te plaît. Merci." Elle répond, l'estomac trop noué pour penser à manger. En revanche, le vin était l'un des plaisirs qu'elle avait appris à apprécier depuis son arrivée dans le monde des hommes. Certains alcools forts lui plaisaient aussi, même si l'amazone ne peut se targuer de connaître l'ivresse. Aussi calme que les plaines qu'ils ont traversées un peu plus tôt, Diana vient s'asseoir à son tour. Elle ne veut pas braquer Bruce en appesantissant de trop son regard sur lui, mais elle sait qu'il doit être dévasté, et il sait qu'elle sait, et il est tellement pudique...

"Drôle n'est pas le terme que j'aurai employé..." Elle finit par dire, après avoir eu frisson à la mention de Steve, avec un sourire d'excuse. "Je n'ai eu de nouvelles de personne... Je suis allée à la bibliothèque de New-York, pour lire la presse parue depuis notre départ. Pour comprendre ce qu'il s'était passé, comment est-ce que ça a pu dégénérer à ce point..." Les sourcils de l'amazone se froncent de frustration, avant qu'elle ne se relâche. Un peu. "Dans mon cas, il est de meilleur augure que la presse internationale n'évoque pas Themyscira..." Si l'île des amazones avait dû faire une une, ça n'aurait été que pour de mauvaises raisons...

L'amazone prend son verre de vin, et vient le faire trinquer contre celui de Bruce. Si elle sourit, son sourire est sans éclat, triste. Se rasseyant, elle soupire profondément à nouveau, perdant un moment son regard à travers la robe rouge sombre du vin. Au point d'en voir les minuscules dépôts de tanin flotter dans son verre. Il n'a pas décanté. Ce n'est pas grave. Il sera un rien plus âpre. "Tu vois, quand je nous imaginais, là-bas, savourer un verre ensemble à notre retour, je n'aurai jamais imaginé que ce serait comme ça..." A nouveau, ce même sourire triste. Ils en avaient bu, avant, des verres ensemble. Puis il n'avait plus été question de se souder par objectif commun mais par question de survie. Et maintenant...? Maintenant, est-ce encore de la survie, pour eux, de s'associer? Diana, de son côté, le ressent ainsi. Impossible pour elle d'avouer à Bruce qu'elle s'est éveillée une demi-douzaine de fois la nuit dernière, ne sachant plus où elle était, mais, pire, où lui était. Ca ne fait que deux jours..., elle se répète. Il va lui falloir du temps pour désapprendre tout ce qu'elle a appris sur le monde infernal, et retrouver des repères dans ce monde-ci... Comment faire si ce monde-ci n'était lui-même pas stable? Comment faire si Bruce se révèle être la seule stabilité qu'elle connaisse, ici encore? Comment réintégrer les autres membres de la Ligue à son schéma de fonctionnement, en particulier Clark s'il doute de lui? Diana en a, finalement, des raisons de s'inquiéter pour elle... Plus parce qu'elle est perdue, que parce qu'elle manque d'objectifs... Mais ce soir, son unique objectif est de veiller sur son ami, celui qui est devenu une partie d'elle-même...

"Je suis tellement désolée, Bruce..." Elle a beau murmurer, sa voix se fend malgré tout et ses yeux s'embuent. Pas besoin de développer d'avantage. Il saura forcément de quoi elle parle. Du bout des doigts, elle vient prendre ceux du détective et les serre. Elle veut lui faire sentir qu'elle partage sa peine, et qu'elle comprend son chagrin. Elle aimerait qu'il sache que, contrairement à ce qu'elle lui a demandé, ils n'ont pas besoin de parler s'il ne le souhaite pas. Tout ce qu'elle veut, c'est que, ce soir, Bruce se sente compris, accompagné dans sa peine... Elle veut briser sa solitude, sans l'envahir. Elle veut qu'il sente qu'indépendamment du monde, en flammes, face à un ennemi d'envergure multidimensionnelle, ou bien dans le confort de cette maison glacée par le deuil... Il pouvait compter sur elle, qu'elle serait son roc, comme lui avait su être le sien.

Il ne devrait peut-être pas mais le regard de l’amazone s’attarde longuement sur Bruce. Elle le voit, humer son vin avec la distinction d’un homme bien né, quand, il y a deux jours à peine ils étaient contraints d’arracher des chairs à même les os de proies qu’ils avaient chassé. Diana en demeure bouche bée. « Comment fais-tu… ? » Elle murmure, incrédule. Elle avait l’impression d’avoir eu besoin d’une éternité pour redécouvrir la conduite, le monde moderne, le monde tout court ! Et lui semblait faire cela avec tellement d’aisance, tellement de naturel… Que ça la frappe. Violemment. Ça aurait dû, en fait, la frapper bien plus tôt. L’homme de planète de feu n’est pas celui qui fait face. Quand la nécessité surpasse la pudeur, Bruce n’est pas le même. Bruce ? Ou Batman ? Diana comprend. Les dix ans qu’elle a passés sur les terres de la désolation, ce n’était ni Bruce, ni Batman qui l’accompagnait, mais un ersatz des deux. Sur un monde qui ne connaît pas Bruce Wayne, le justicier noir pouvait se montrer au grand jour… Mais ça voulait dire aussi pas ou peu de poses dans le port d’un costume écrasant… L’amazone finit par baisser les yeux, comprenant, sans doute un peu tard, qu’il était illusoire pour elle que de souhaiter conserver les acquis de sa collaboration avec Bruce, maintenant qu’ils étaient de retour.

Quand elle porte son verre de vin à ses lèvres, non seulement elle boit, mais elle déglutit, également. Il lui faudrait sans doute plus de temps que les autres pour se remettre de cet épisode. Est-ce le prix à payer d’une existence plus longue ? Ne devrait-ce pas être le contraire ?

Indépendamment de ses propres blessures, c’est Bruce, ce soir, qui est en peine. Alors Diana s’efforce de taire, d’oublier, de fuir, pour un temps, la pénibilité de la vérité, et s’efforce de faire ce qu’elle a fait pendant dix ans, à savoir, être présente pour l’homme qui lui fait face. Sa main dans les siennes, elle lui laisse le temps, partageant en silence sa douleur. C’est sans surprise qu’elle accueille le poids de la culpabilité pesant sur les épaules du justicier noir. La peine de la perte de ce qui a été, les regrets de ce qui aurait pu être. Si Diana ne dit rien, ses mains serrent celle de Bruce avec plus de force. « Il n’y avait pas de bonne décision… Ta culpabilité aurait été la même si tu n’étais pas venu et que l’un de nous avait succombé. » Sa culpabilité, sans doute, mais il n’aurait pas été aussi malheureux. Loin de là. «Personne ne le peut, et nombreux sont ceux qui le souhaiteraient… » Après tout, qui n’a jamais rêvé de pouvoir remonter le temps pour empêcher un drame ? Diana baisse brièvement les yeux.

« Je sais. » Elle répond, sobre et discrète, face à l’affirmation résolue du chevalier noir concernant ses sœurs… Et Steve. Le regard de Diana reste baissé. Elle ne sait pas encore quoi lui dire, au soldat, ni comment le lui dire. Elle est moins inquiète de lui parler de Bruce que de lui expliquer qu’elle n’a plus la moindre idée d’où elle en est, qu’elle se sent perdue dans un monde qu’elle a bien connu, plus perdue encore qu’à son arrivée de Themyscira. C’était beaucoup moins difficile dans le sens où tout, sans exception, était nouveau. Ici, c’est comme un jeu des sept différences, et de projections qu’elle tente de faire en fonction des souvenirs de ce qu’elle était il y a dix ans, pour correspondre à ce que l’on attend d’elle. Ça ne fait que deux jours, et l’amazone est déjà épuisée, rien que par l’idée. Diana a le sentiment de se noyer dans un mélange gluant de fausses vérités, dans du brouillard palpable. Dans ces conditions, elle ne se sent pas capable de faire face à l’homme le plus honnête qu’elle n’ait jamais rencontré. Elle temporise, aussi, parce qu’elle redoute de voir de la douleur dans son regard. Elle ne veut pas lui faire de mal pour rien, et si possible, une seule et unique fois. Pour cela, elle doit déterminer ce qu’elle veut, ce qui ne se fera que progressivement, au fur et à mesure qu’elle retrouvera des repères.

Bruce était devenu son repère. Elle espérait qu’il continuerait à l’être, au moins pour quelques jours encore. Malgré la distance qu’elle essaie de mettre entre la vérité et elle, celle-ci la rattrape, semble-t-il. L’empressement avec lequel Bruce la poussait vers Steve, était-ce une façon de lui faire comprendre qu’il ne la voulait plus dans le secteur ? Qu’il regrettait… ? Préférant se moquer d’elle-même, pour dédramatiser son propre comportement, l’amazone tente un sourire, espérant exprimer une douce détermination dans le soutien sans faille qu’elle souhaite apporter au justicier, en dépit de tout le reste. « Je crois aussi que Gotham a besoin que Batman revienne… » Ses ennemis avaient plus que dépassé les bornes. Gotham devait faire l’objet d’une reconquête. Que Batman revienne les fera regrouper leurs forces, ce qui les rendra plus faciles à démanteler. Le chevalier noir, comme souvent, fera l’appât maître. Mais Diana n’est pas dupe. Elle connaît aussi suffisamment l’homme qui lui fait face pour savoir que chaque coup qu’il prendra se faisant sera encaissé avec la conviction qu’il le mérite… « Si tu as besoin de moi, je t’appuierai. » Comme elle le fait depuis qu’ils se sont rencontrés.

Délicate dans ses gestes, l’amazone vient poser son verre à peine entamé sur la table basse. « Tu avais dit que tu pouvais m’aider à retrouver Steve et mes sœurs ? Pour Steve, si tu as toujours un numéro de l’armée, ça ne devrait pas être compliqué, mais ce sera moins facile pour mes sœurs. » Après tout, les amazones sont des guerrières millénaires. Elles savent traquer, chasser… Et Diana les a aidées à s’acclimater du mieux qu’elle a pu à la technologie. Il est temps de découvrir celles qui s’en sont le mieux sorti…

C'est ce que j'ai toujours fait, Diana. M'adapter, et continuer. Le nez de l'amazone se fronce d'une colère soudaine. Bruce essaie de la subjuguer d'une façon grossière pour la réduire, et se réduire soi-même surtout, au silence. « S'adapter et continuer, c'est ce que font toutes les créatures qui ne se suicident pas, Bruce... » Peut-être que son ton aurait pu, aurait dû, même, être plus doux... Il l'aurait sans doute été, sans les dix années qui venaient de s'écouler, dix années qui avaient endurcit Diana au-delà de toute mesure. Etant donné qu'en matière de douceur, l'amazone revient de loin, elle l'est, d'ordinaire, encore bien plus que la moyenne... Mais pas ce soir, pas avec son unique partenaire depuis dix ans, pas après toutes les difficultés et les chagrins qu'ils avaient endurés et surmontés ensemble... La princesse n'est pas vexée que le chevalier noir la tienne à l'écart de ses états d'âme. Elle s'y attendait, elle le connaît par cœur. Non, ce qui la vexe, c'est qu'il s'y prenne d'une façon aussi grossière... Et pourquoi grossière, selon elle ? Parce que cette réflexion est une preuve aveuglante que Bruce est tellement perdu dans son chagrin qu'il ne se rend même plus compte qu'il traverse une situation, certes, tragique, mais, malheureusement... Très commune. Le deuil est une chose affreuse, mais nécessaire. Dans ces temps difficiles, pouvoir compter sur un ami est indispensable pour certains... Pour Bruce aussi. Si seulement il pouvait s'en rendre compte...

Réalisant rapidement, cependant, que s'agacer pour cela était puéril, Diana inspire un bon coup pour chasser la colère soudaine qui l'avait saisie, et tente plutôt, ensuite, d'être l'amie dont Bruce a besoin. Gotham, prépare-toi à être reconquise... Ton chevalier part en croisade... Elle songe, en elle-même, la détermination de Bruce lui éclatant au visage, presque aussi agressive qu'un stroboscope. Discrètement, l'amazone soupire, et laisse une très légère pause avant de répondre. « Clark et moi tâcherons d'épauler Zatanna du mieux que nous le pourrons. » Connaissant l'étendue des pouvoirs du démon, c'est tout ce que Diana peut promettre. Bien sûr, elle croit fermement qu'ils vaincront, parce qu'ils le doivent, mais elle préfère aussi ne pas trop s'avancer quant à leur succès, car elle doute qu'il soit total, et c'est cette victoire en demi-teinte, victoire à la Pyrrhus, qui l'effraie.

« Je vais tenter de passer par Etta. Je vais me rendre chez elle, dans les jours qui viennent... » Oui, les jours seulement, puisqu'elle doit encore éplucher les articles, écouter les fichiers audios et regarder les vidéos, ce qui, comme le relève très justement le chevalier noir, prend énormément de temps... « Je sais... C'est à ça que j'ai passé la majorité des derniers jours. » En attesteraient de larges cernes et un teint assez blanc, si elle n'était pas... Ce qu'elle est. « Si ton ordinateur peut me faire gagner du temps, je ne vais pas dire non. Les recherches sont forcément larges. Si mes sœurs sont en fuite, on ne devrait trouver que des articles de seconde zone dans les rubriques « divers »... » D'où l'absence de résultats, pour l'instant, de la princesse amazone. Le silence de Bruce la pousse à se retirer dans ses pensées, au point qu'elle se laisse surprendre par les insinuations de ce dernier. « Je n'imaginais pas les choses autrement. En ce qui me concerne, je compte bien tout lui raconter de ce que nous avons vécu sur cette planète dès que je le reverrai. » Tout. Le bon, le moins bon, tout. Diana mettrait son âme à nu aux pieds du pilote, pas pour implorer sa clémence, mais parce qu'elle l'estime, lui et son intellect, qu'il a été son ami avant d'être autre chose, et que là, tout de suite, elle a désespérément besoin de son amitié... Certes, c'est beaucoup lui demander, l'amazone en est parfaitement consciente, mais elle a aussi conscience qu'elle a besoin de retirer ce poids de sa poitrine, et ce, dès que possible.

Le dernier commentaire du chevalier noir, cependant, fait hocher la tête à l'amazone en signe de négation. « La vengeance est un chemin qui a tendance à apporter plus de souffrances qu'il n'en soulage... Je ne t'apprends rien. » Délicate, elle repose le verre de vin sur la table et se lève. « J'attendrai ton retour vis-à-vis de mes sœurs. Et si tu as besoin... » Elle ne poursuit pas, sachant déjà qu'il déclinerai son offre de l'écouter, ou de l'aider, de toute façon. Autant, donc, laisser l'offre en suspens. « Bonne soirée, Bruce. » Une main sur son épaule qui la presse avec douceur, et l'amazone s'éclipse, sans un bruit.