No Gotham for you, boy [Terminé - Intrigue I]

Il m’a fallu plusieurs semaines pour appâter le prédateur, et l’attirer vers la cage ! Décidément, ces magiciens ou ces surhommes sont bien difficiles à dénicher ! Ils peuvent être partout, et nulle part, à la fois ! Heureusement, l’effort de mes deux Ergots – des assassins entrainés – avaient porté leurs fruits. A force de sillonner toutes les ruelles de Metropolis et de questionner les pires pourritures de cette ville, ils avaient réussi à remonter une maigre piste vers l’un des protagonistes et le rencontrer brièvement. L’objectif n’était pas de se confronter à la cible immédiatement, la menacer ou – au contraire – lui promettre monts et merveilles, mais simplement lui donner une carte décorée sobrement d’un hibou et signée au nom de la « Cour des Hiboux ». Celle-ci l’invite à se rendre à une petite église de Gotham, dans les quartiers Oldtown, vers vingt-trois heures. Si jamais cet homme – ou ce monstre – accepte de venir, il sera aussitôt accueilli par un prêtre qui le conduira vers une crypte. Là, le religieux ouvrira un passage secret et rebroussera aussitôt le chemin. En somme, si on réfléchit bien, le Sorcier aura deux occasions pour se raviser. Au-delà, il n’est plus question de demi-tour.

Et je l’attends assez loin, à un carrefour de quatre chemins. Je n’avais pas opté pour une conversation vidéo – comme avec Harleen Quinzel – ou un face-à-face amical – comme avec Talia Al Gul. Contrairement à ces deux femmes, je ne connais rien sur Black Adam, que ce soit ses désirs, ses buts, ses forces ou ses faiblesses. La finesse est donc nécessaire, dans cette affaire. Et elle débute par le choix du lieu même : le vieux Labyrinthe de la Cour. Jadis, ces dédales souterrains étaient notre fierté ! Mes prédécesseurs l’avaient usé tantôt pour échapper à leurs assaillants, tantôt pour piéger leurs victimes ou ennemis et les tuer. Car oui, chaque brique, chaque couloir, chaque petite porte cachée … tout avait été pensé pour que ceux qui ne sont pas mis dans la confidence y crève. Si ce ne sont pas les Ergots déviants ou les animaux délirants qui tuent, c’est la folie et le désespoir qui s’en chargent. Est-ce que ces spectacles sanglants me manquaient ? Si je n’étais pas friande, je dois avouer qu’ils étaient une bonne catharsis.

Malheureusement, cette glorieuse ère a pris fin suite à l’intervention du Chevalier Noir. Aux yeux de la majorité, en ayant réussi à s’échapper du Labyrinthe, il avait détruit tout le secret. Je soutiens le contraire. Il y a là une architecture trop complexe pour que tout le mystère disparaisse à cause d’un homme déguisé en chauve-souris !  Il faut simplement rénover le lieu, améliorer sa sécurité … et le tour est joué ! Qui sait, peut-être est-ce une occasion pour ouvrir ces sous-sols pour quelques jeux illégaux, et mortels ? Oh, les jeux sont un excellent – et classique – moyen pour corrompre des âmes, et les réduire en servitude … L’idée me plaît, et me séduit. Et déjà je réfléchis aux coûts, à la durée et aux difficultés que je pourrais rencontrer.

Des bruits de pas m’arrachent à mes pensées. Au loin, des silhouettes se dessinent dans les ombres causés par de petites lumières artificielles. J’aurais pu mettre des torches pour une touche d’excentricité, mais je me suis ravisée. Ces couloirs puaient déjà suffisamment la mort : nul besoin d’un effet de spectacle supplémentaire. Gilet pare-balle et costume d’hiboux sur le dos, brouilleur de voix à côté de mes lèvres, j’attends autour d’une petite table en bois carré. Elle avait davantage sa place dans une salle de classe des années 80, qu’ici.

- Nous nous rencontrons enfin, Black Adam. Je vous remercie d’avoir accepté l’invitation. Nous avons bien des choses à discuter, et à faire, dis-je. Je vous propose que nous ne perdons pas de temps avec banalités. Parlons simplement, parlons franchement. Ma voix n’était ni féminine, ni masculine. Elle était métallique, criarde et nasillarde. Je suis la Grande Maîtresse de la Cour des Hiboux, une organisation ancestrale de Gotham. Vous pouvez m’appeler simplement « M », commençais-je.

- Nous savons que vous êtes Black Adam, et que vous collaborez étroitement avec Enchantress. Vous vous lancez dans des alliances incongrues, dans l’espoir de contrôler ou de semer le chaos sur différentes villes, comme Metropolis ou Gotham.

Ces informations ont été partiellement obtenues grâce à Harley Quinn. Le reste n’a été qu’une affaire de logique, de déduction ou encore de recherches historiques sur toutes nouvelles touchant, de près ou de loin, à Black Adam ou Enchantress. Ces deux personnalités semblent s’illustrer davantage pour un contrôle ou une destruction de masse. En somme, deux êtres exceptionnels dont Gotham n’a nul besoin : nous avons notre lot de fou-furieux et d’excentriques.

- Nous aurons un accord, et le prix sera le nôtre.

La Cour peut payer, mais la Cour reprend aussitôt. Nous ne faisons pas la charité, et nous ne ployons pas immédiatement face à la première menace. Autrement, il y a bien longtemps que nous aurions disparu.

- Je vous prie de nous épargner toute menace de mort. Batman et d’autres avant lui ont tenté de nous démanteler, ou nous détruire, et ils ont tous échoué. Il en serait de même pour vous. Je ne suis qu’une tête parmi d’autres.

La Cour est une entité intangible, éternelle et omnisciente. Nous sommes des entreprises, des politiques, des influences… Nous serons un groupuscule qui existe et qui existera toujours, sous des formes variées, voire des noms différents, mais Nous traverserons les âges. Et il est temps que Gotham et toute personne qui souhaite en prendre le contrôle le sachent.

- Gotham n’appartient à personne, et elle n’appartiendra à personne. Toute personne qui clame en détenir le moindre droit vit dans l’illusion. Une illusion que nous avons brodée soigneusement, avec les années. Evidemment, nous ne sommes pas naïfs, à croire que vous allez nous obéir.

Personne ne l’est, au sein de cette ville. Seuls les plus forts, les plus rusés ou les plus débrouillards survivent et se haussent au-dessus d’une masse anonyme et misérable. Et ces derniers n’ont jamais fait confiance à quiconque, hormis à eux-mêmes.

- Alors, dites-nous ce que vous cherchez à obtenir en promettant le contrôle de la ville à un avatar, ou sbire ? Nous vous dirons si vous avez raison de parier, ou non, sur Gotham. Et alors, nous aviserons sur un potentiel accord.

Ou guerre.

- Si vous suivez aussi aisément la source même de nos informations, soit vous manquez de main d’œuvres, soit vous avez une excellente mémoire, soulignais-je, cherchant à lui faire comprendre qu’il n’est pas plus – ou moins – malin que moi.

Je l’écoute, sans ciller. Il est inutile de faire preuve d’autant de contrôle sous ce masque, mais c’est inconscient – une seconde nature même. J’ai grandi en maîtrisant toujours chaque émotion, expression ou geste. Rien n’est laissé au hasard. Tout est calculé. En raison de cet exercice constant, je ne m’octroie pas des excès comme l’alcool, les drogues – dures comme douces – ou tout autre substance donnant lieu à une addiction. Chaque fibre de mon être doit m’obéir. Et cette maîtrise-là n’est pas une illusion : c’est un fait.

- Mon prédécesseur a cru qu’il pourrait prendre le contrôle de Gotham. Il s’est fourvoyé, et il en est mort.

Ma voix ne tremble pas, alors qu’il est question de mon oncle, l’homme qui m’a recueilli au lieu de m’abandonner dans un orphelinat et surtout le précédent Grand Maître qui m’a offert une opportunité ! Je lui dois tant ! Pour autant, aucune larme ne coule sur mes joues. Mes parents, des amants qui se sont suicidés, et mon oncle m’ont bel et bien appris une chose : la vie humaine est un cycle nullement perpétuel. La mort est la seule finalité connue, et assurée. Alors, au lieu de chercher à y échapper – ou la retarder –, il faut profiter de ce temps pour construire, et briller pour toute l’éternité. Un nom auquel se rattache des droits et qui se transmet d’une génération à un autre, voilà ce qui compte à la fin.

- Sous ma direction, la Cour se contente d’influencer à travers des institutions, vers un objectif que Nous considérons nécessaires ou importantes. Pour autant, si les événements dévient et prennent une tout autre tournure, offrant une face inattendue à cette Ville, nous nous adaptons naturellement soit en corrigeant le cours de l’histoire, soit en suivant le courant.

En somme, si nous sommes satisfaits de la situation, nous nous contentons de l’apprécier. A l’inverse, si elle nous déplaît, nous tentons d’apporter quelques ajustements mineurs ou importants. Les moyens ne nous manquent pas. Quoique, certaines de nos infrastructures sont dorénavant désuètes – notamment dans le domaine de l’information – et nous devons sérieusement changer certaines méthodes de travail – et être moins prévisible pour des super-héros ou des ennemis.

- Si une ville s’enlise trop longtemps dans le crime, ou la guerre, elle tombe. Et si une ville s’élève jusqu’à toucher le soleil, elle brûle. L’équilibre est nécessaire, avec la confrontation à des crises pour apporter un nouveau souffle et une nouvelle étape à son évolution.

Je me tais, cherchant à savoir si je dois ou non confier quelques projets.
J’ai déjà lancé une première pierre avec la Ligue, une organisation bien établie et peu flexible.
Dois-je renouveler l’affaire avec cette organisation inconnue, encore jeune mais avec du potentiel ?

- Lorsque les Super-héros reviendront, et s’ils reviennent, vous et moi sommes condamnés tout bonnement. Il est temps que les organisations criminelles cessent de se battre entre eux ou, dans votre cas, servent les uns et les autres comme appât à leurs ennemis respectifs. Nous avons des ennemis communs, c’est-à-dire toute personne qui nous empêche d’accomplir les objectifs que nous nous sommes fixés.

Je me tais, pour rajouter un effet dramatique.

- Il est temps, Black Adam, que les plus grandes organisations criminelles, ou criminels, s’allient durablement et forment un véritable barrage contre des hommes et des femmes habillés en collant, des psychopathes sortis d’on-ne-sait-où. Ce dont j’ai besoin est une véritable alliance, où nos frontières seront établies et nos obligations pour les uns et les autres clarifiées. Il ne sera pas question de garanties, si ce n’est un objectif commun et la parole de chacun. Voyez ça … comme un retour en arrière, au temps des chevaliers.

A nouveau, je me tais.

- La Cour a les moyens de créer de telles alliances et d’honorer sa part du marché. Cependant, qu’en est-il de vous ? Selon les archives, votre collaboratrice est instable, dis-je franchement.

No Gotham for you, boy

29 juillet 2022

avec @Samantha Vanaver  

Disons plutôt qu'il s'agit là simplement d'un choix. Plus nombreux sont les hommes, plus le risque d'une fuite augmente. Alors qu'un petit nombre permet d'identifier la dite-fuite bien plus facilement. Mais qui sait, peut-être qu'un jour je parviendrais à obtenir une multitude approchant la vôtre. dis-je pour réagir à ses paroles. Devions-nous entrer dans une guerre d'ego? En quelque sorte oui, mais cela serait plus joli de dire qu'il s'agissait juste de poser un rapport de forces. Montrer que nous étions tous deux à la hauteur de nos prétentions respectives.

L'évolution en somme. Ceux qui ne sont pas capables de survivre laisse la place à ceux qui en auront tiré l'expérience nécessaire. dis-je à sa suite, davantage pour penser à haute voix que lui faire part d'un quelconque avis. Je notais au passage le bref court d'histoire au sujet de la cour qu'elle venait de m'offrir. Mais était-ce une vérité? Peut-être était-ce là une concession obligatoire lors de tels échanges.

Auront peut-être lieu
les adieux déchirants
des humains à la Terre
par la volonté d’un tyran
qui se croit dieu
Plus de ciel bleu
ni de soleil éblouissant
que le règne du feu
et les derniers cris des innocents
que le noir entre nous et la lumière
la fin de toute vie
et l’hiver nucléaire
Cet homme qui est-il
pour tant haïr son espèce
pour qu’en moins d’un battement de cils
le vivant disparaisse ?

Vladimir, que la grâce
de la raison
enfin t’illumine
pour que chacun
en sa saison
sente encore ce mystère
qui l’anime.

Si je venais de déclamer Kamal Zerdoumi ce n'était pas pour faire la sérénade à mon interlocutrice. Mais plutôt parce que je trouvais que cela collait bien avec les propos qu'elle venait de tenir. Son exposé quant aux objectifs de la cour, et leurs manières d'opérer était très instructif. Elle présentait quelques incertitudes, mais quels accords n'en contenaient pas?

Voilà ce que m'inspire votre histoire, avec tout le respect qu'il pourra y avoir entre nous. Je n'ai pas pour habitude de transiger. Mais je dois essayer. Parce que mon sort actuel est pire que la mort. J'ai été oublié. lui dis-je sans pour autant lui expliquer ce que cela signifiait. J'avais traversé les époques grâce aux pouvoirs du sorcier Shazam, mais nul n'avait retenu mon nom. L'esclave que j'étais alors était tombé dans les oubliettes de l'Histoire. Mais il n'en serait pas de même pour Black Adam.

A vous Gotham, à moi Metropolis. dis-je pour énoncer le but premier de l'alliance proposée. Présentez les obligations respectives que vous envisagez. ajoutai-je avant de tout de même lui adresser un petit détail supplémentaire, un léger sourire aux lèvres. En revanche je vous préviens, je continuerai à porter mon collant.

La Cour des Hiboux qui me proposait une alliance, ce n'était pas anodin. J'avais toujours présenté The Darkness comme ayant pour objectif de prendre le contrôle de bien plus que Metropolis, aux rares personnes à qui j'en avais parlé. Mais cela passerait assurément par divers étapes intermédiaires. Et celle-ci en était une parmi tant d'autres.

Son instabilité est sa force. Et aussi l'avantage qu'elle sert de paratonnerre anti-emmerdes. Comme une lumière dans la nuit qui attire tous les insectes grouillants ou volants. Ce qui permet d'oeuvrer à l'abri de l'attention. ajoutai-je pour répondre à son inquiétude au sujet d'Enchantress.

S'il faut en revenir aux temps des chevaliers, il vous faudra alors faire comme moi. Nous n'avons pas d'autre choix que de nous accorder un minimum de confiance si nous voulons nouer cette alliance.

Hrp:

Il est temps d’énoncer nos conditions. Je repense à l’offre faite à la Ligue des Ombres, et je me décide à présenter une proposition similaire – quoiqu’avec une variante. Si le Démon, ou sa Fille, ne sont toujours pas revenus vers moi, soit j’ai manqué d’arguments, soit ils ne sont pas prêts pour une telle alliance. Puis, Einstein aime dire que seuls les idiots espèrent un résultat différent en faisant deux mêmes tentatives – et je ne suis pas une idiote, assurément.

- La Justice League réussit à défaire les organisations criminelles, ou tout criminel solitaire, car ils peuvent se coordonner et forcer ensemble un même front, ou se répartir convenablement différents fronts. Si la Cour a une force de frappe conséquente, je ne peux pas me permettre cette seconde stratégie si j’y suis forcée. Or, toute guerre nécessite quelques coups audacieux, n’est-ce pas ? , soufflais-je.

Je me rappelle encore du fabuleux coup de ce cher Batman. L’homme a pu nous démasquer, car il détient clairement des moyens importants. Il n’est pas possible qu’un seul individu puisse en avoir autant, à moins d’avoir un QI exceptionnel élevé et un compte en banque extrêmement bien fourni. Voilà bien une dizaine d’années que je tente d’étudier la Chauve-Souris, et d’en deviner l’identité, les forces et les faiblesses. Une tâche bien rude, ma foi : il sait bien se protéger, et se couvrir de secrets.

- La Cour peut assurer des moyens financiers et politiques pour vos différents projets. Si le cœur de nos opérations reste Gotham, nous avons assez d’agents ou de connexions hors de cette ville pour y apporter notre propre influence. Un désordre social peut être d’une grande utilité : les super-héros n’oseront pas attaquer des innocents. Vous et moi n’aurons pas un tel scrupule, et c’est notre plus grand avantage.

Je ne lui laisse pas le temps de répliquer, que je poursuis mon monologue.

- En échange, Darkness devra fournir une force de frappe supplémentaire si la situation l’exige à Gotham ou ailleurs.

Bien, je viens d’annoncer les mêmes conditions qu’avec la Ligue des Ombres. Maintenant, il est question d’apporter une nuance, ou variante.

- Enfin, afin que cette collaboration marche au mieux, nous aurons à nous maintenir respectivement au courant des alliances considérées ou de projets qui pourraient impacter l’une ou l’autre des villes. Dans ces cas-là, il faudra discuter et arriver à un terrain d’entente. Par exemple, dans votre cas, il n’est plus question de faire la moindre entente avec une personnalité de Gotham, sans en aviser la Cour. Quant à la Cour, si elle a un projet d’alliance, ou une alliance en cours, Elle devra en faire part.

En somme, une communication un brin plus ouverte. Si je peux me permettre que la Ligue ne communique suffisamment avec moi, au vu de la distance entre Gotham et Starcity, l’affaire est autre avec Metropolis. Cette ville est voisine et une baie ridicule nous sépare. En somme, ce que Darkness fera là-bas pourrait nous impacter – et inversement. Par ailleurs, j’ai quelques projets d’alliances, également, avec Lex Luthor. Si je viens à m’entendre avec Darkness avant, il serait bon ton que je protège déjà mes ouailles futures – d’une façon ou d’une autre et sans trahir immédiatement mes ententes.

Pour autant, je ne suis pas stupide. Je sais bien que l’entente sera temporaire, et aussitôt que l’une des parties obtiendra ce qu’elle désire – puissance, influence ou richesse - , elle s’attaquera à l’autre immédiatement. En somme, nous aurons une entente de circonstance, qui se maintiendra tant que nous aurons un ennemi commun.

Et je le créerai, s’il faut, si jamais la Cour a besoin de répit ou de distance avec Darkness.

Je l’écoute attentivement. Il semble qu’il y a une cervelle sous ce tas de muscles. L’affaire n’en est que plus intrigante – et dangereuse. S’il est difficile d’arrêter une force brute, la tâche frôle l’impossible quand le cerveau est de la partie ! Déjà, je me promets de creuser davantage l’identité – ou la nature – de cet homme, ou surhomme, et de lui trouver quelques faiblesses. Il n’existe nul vivant sans un ennemi naturel – un prédateur, un élément ou un concept. Voilà à quoi je dois m’employer dès maintenant, en plus de renforcer mon réseau d’information sur tout Gotham.

- La Cour recherche des alliances tant avec les criminels, qu’avec les justiciers, en effet, répondis-je calmement. A l’heure actuelle, vous et la Ligue des Ombres êtes les seuls à avoir été réellement contacté. Nous avons encore à trouver le profil d’un justicier malléable, ou aux principes plus flexibles que ceux des membres de la Justice League.

En somme, je recherche un petit héros à pervertir et à enchainer à la Cour – bon gré, mal gré. Un idéal est aisé à corrompre, mais une détermination hors du commun est ardue à mater. Il, ou elle, ne doit pas être fait du même bois que Batman. Ce dernier n’a pas pu être brisé, dans ce labyrinthe que nous foulons et qui a eu raison de milliers d’esprits avant lui. Pire ! Il a réussi à s’en échapper, et à nous clouer au sol pour une décennie.

- Nous ne pouvons pas être bon dans tous les domaines. Nous profiterons d’une alliance, ou de plusieurs alliances, pour renforcer notre position à Gotham et étendre notre réseau d’influence dans plusieurs autres villes. Par-là, je sous-entends le contrôle total et sans partage de tous les réseaux de communication et d’information. Nous serons les yeux et les oreilles de ces villes choisies.

Pour le moment, du moins.

- Si nous nous entendons aujourd’hui même, nous reviendrons très vite vers vous avec un projet plus concret. Nous ne pouvions pas le finaliser, de notre côté, tant que nous n’avions pas une alliance concrète avec une organisation répondant à nos critères. Avez-vous une préférence pour un mode de communication au sein de votre organisation ?

- Notre champ d’action nous oblige à nous implanter dans les différentes villes. Si nous voulons vous aider, nous devons en faire de même à Métropolis. Cependant, nous vous confierons les noms de nos principaux contacts, promis-je.

Je me note que cette ville doit, temporairement, être reconsidéré comme perdue dans notre scope. Fort dommage ! La ville a un tel potentiel ! Ce n’est pas bien grave. Considérons cette perte comme un mal pour un grand bien. Si le colosse sème le chaos dans la métropole, il va faire fuir les principaux investisseurs et fortunes. Gotham sera une terre d’exil pour ces derniers tous naturellement, et après que j’aurais épuré un tantinet les rangs.

- J’ai bien pris en compte votre demande vis-à-vis de Metropolis et je vais déjà réfléchir sur la faisabilité. Je ne sais pas si je pourrais faire exactement selon vos termes, mais je vais tenter au mieux, dis-je en toute franchise. Vous êtes un élément inattendu que nous n’avons pas considéré dans nos projets. Nous avons besoin de temps pour repenser à nos projets et trouver un rôle qui correspond parfaitement à vos capacités. Il faut savoir que, jusqu’à maintenant, votre profil était davantage celui d’un adversaire que d’un allié. Cependant, comme déjà expliqué, si nous voulons faire face à ces héros, nous devons changer nos perspectives. Nous vous contacterons dans les jours à venir. Avez-vous une préférence ? Il serait assez gênant si nous devons écumer constamment les ruelles de Metropolis et laisser un petit message dans le sang. Nous pouvons vous proposer ce numéro, sécurisé. Il suffira d'appeler, ou de décrocher les appels, soufflais-je.

Certes, mes Ergots sont plus que ravis que de semer sang, douleur, et terreur, et moi-même n’a nul scrupule à l’ordonner. Malheureusement, une mort laisse toujours des traces et je voudrais bien éviter d’en semer une multitude dans l’immédiat. Je dois encore renforcer mon réseau, avant de sortir la force brute. Un court instant, j’imagine Gotham prise en étaux par Darkness et par la Cour. La victoire pourrait être totale, si je compte sur l’effet de surprise.

Je dois attaquer avant que l’Arlequin, ou un autre contact, ne parle de nous à leurs amis et ennemis respectifs …

- Au plaisir que cette association soit fructueuse, je pense que nous nous sommes déjà tout dit. Je vous prie de suivre cette personne. Elle va vous raccompagner à la sortie.

Il semble que j’ai trouvé l’allié le plus improbable qu’il soit. Je n’aime guère ce genre d’association, car elle est synonyme de nombreux paramètres inconnus et incontrôlables. Malheureusement, en l’absence de réponse de la Ligue des Ombres, et avec le retour de grands héros comme Superman ou Batman, les solutions drastiques et extrêmes doivent être envisagées. Et appliquées.

Alea Acta Est, comme dirait un grand homme mort.