Make me bad ¤ Holly [Intrigue II- Terminé]

"Make me bad"

La Mort est une chienne qui n'embrasse que ceux qui la craignent, mais se refuse à voir les illuminés prêts à recevoir son baiser. - Faith Cross

         Silencieuse, j’observais la maquette, elle était une réplique miniature d’une stèle égyptienne. Le cours d’aujourd’hui consistait à soigneusement dépoussiérer ce dernier, et le sortie du bac aux sables chimiquement solidifiés où il avait été placé plutôt par les intervenants, et ce, sans en abîmer l’objet. « Il est très important d’avoir en tête plusieurs approches pour déterrer délicatement un objet antique sans l’endommager. » Annonça le professeur qui passait à chacune des tables composés de plusieurs groupes. « N’hésitez surtout pas à discuter entre vous pour appliquer la meilleure méthode. » Rajouta-t-il, s’arrêtant un instant à ma table composé de deux de mes camarades de classe avec qui j’ai pris l’habitude de traîner depuis plusieurs années, Lesley et Hayley. Lorsque le professeur poursuivit son chemin, Hayley vint à marmonner. « Si j’avais su qu’on aurait des cours en août, j’aurais choisi une autre option au Lycée, Faith. »
          Un sourire naquit sur mon visage, j'étais légèrement amusée. Toujours concentré sur ma tâche. « Je te rappelle que ce sont des cours optionnels pour nous aider à prendre en main les futurs stages à venir, pourquoi t’es là si ça t’embête ? » Elle afficha alors un air faussement outré, se rapprochant davantage de mon oreille pour y chuchoter sa réponse. « Tu me demandes vraiment ça… Pour Wyatt, bien sûr ! » Dit-elle en fixant ce dernier non loin, et c'était sans grande surprise pour Lesley et moi. « C’est l’occasion de m’approcher de lui, le meilleur joueur de sa promo, doit forcément finir avec la nouvelle capitaine des Cheerleaders que je suis. » Oh mon Dieu… Ouais… Hayley était devenue la nouvelle vedette de cette université, et d'ailleurs, bien avant de devenir la nouvelle capitaine des pompoms girl. Elle avait su montrer très tôt ses qualités de danseuse l’année dernière, ce qui lui avait offert une place de choix lorsqu’elle entra dans sa sororité avec Lesley. D'ailleurs, Lesley l’avait suivi dans le cheerleading et si elle était talentueuse, elle était plutôt une danseuse ordinaire à côté de Hayley.

           Pourquoi une fille comme moi, qui avait tout du cliché de la gothique solitaire, avait réussi à s’entourer de fille aussi colorée et populaire que ces deux-là. Je n’avais pas vraiment de réponse, le pire étant qu’elle m’avait suivi à Gotham quand j’avais décidé de partir faire mes études là-bas après le lycée. Leur décision avait largement contrarié leur famille qui craignait très justement que leur arrive quelque chose à Gotham. Pourtant, les deux, dont moi-même, trouvaient Metropolis tout aussi dangereux. Et je ne pouvais réfuter leurs arguments quand nous trois, avions failli perdre la vie le 13 mars 2018 à cause du combat de Superman contre Zod. À l’époque, nous avions à peine 15 ans, lorsque les secours nous avaient sorti des éboulements en compagnie des corps sans vie de la plupart de nos camarades de classe. Metropolis était tout autant effrayant que Gotham, sans doute pire lorsqu'on imaginait les dangers cosmiques qui menaçaient cette ville parfois à cause de la présence de Superman. Bien sûr Gotham, restait une ville habitée par la débauche depuis la hausse de la criminalité, et même bien avant, mais très honnêtement, on n'en avait rien à branler.
         Mais bon, je pouvais comprendre le point de vue des filles, autant que celui de leurs parents à la fois. De mon côté, j’avais mes propres raisons de revenir à Gotham… C’était ici que vivait ma mère, c’était ici que j’étais née et surtout, c’était ici que se trouvait mon grimoire et la plupart de mes objets liés à la magie. La voix de Lesley s’éleva à son tour, m’arrachant à mes pensées. « Et si on sortait danser ce soir ? Tu n’as qu’à inviter Wyatt et ses amies ? » Hayley la fixa avait une moue satisfaite, se mordillant les lèvres en songeant à l’idée de boire et danser ce soir avec ce qu’elle imaginait être son futur petit ami. Elle m’attrapa par le bras et rajouta avec autorité. « Tu viens aussi ! Dean a des vues sur toi, j’espère que tu le sais ! » Comment ne pas le savoir, je pouvais presque sentir ses hormones en ébullition à chaque fois qu’il venait me parler. Et malheureusement, la seule raison à cela, était parce qu’il était beaucoup trop sensible à mes phéromones, ce n’était pas moi qu’il désirait, mais la part supposée Succube en moi. « Pourquoi pas. » Avais-je tout de même cédé… J’avais besoin aussi de profiter de ces vacances d’été…      

 

          On vint me chercher en voiture… Lesley au volant d’une décapotable héritée de son père, papa poule comme en fait plus de nos jours. Je m’installais à l’arrière, avant de fixer Lesley. « Du coup, ce soir, tu ne bois pas, j'espère ? » Elle haussa les épaules avant de répondre. « Je peux m’amuser sans avoir à picoler. » Hayley précisa derrière que les garçons étaient déjà sur place et qu’ils payeraient eux-mêmes l’alcool. Rien de plus normal, aucune de nous n’avait 21 ans, ce qui n’était pas le cas des amis de Wyatt dont le plus âgé avec 22 ans ou 23 ans, je ne savais plus trop. Il s’agissait de Jonas qui n’était autre que le petit crush de Lesley et bien qu’elle ne l’avait toujours pas avoué, Hayley et moi-même avions fini par le deviner en voyant ses réactions parfois très pathétiques à côté du monsieur. Le trajet s’était plus ou moins fait en silence, bien légèrement portée par l'ambiance de la playlist de Lesley. Arrivée sur place, il n’avait pas fallu longtemps pour trouver la table des garçons.
          Je n’étais pas friande de ce genre de meeting, trois garçons pour trois filles. Même si je n’étais pas forcément intéressée par Dean, il aurait de son côté l’interprétation facile. Après une bonne heure, Hennessy et whisky dans le sang, je commençais enfin à me laisser à aller. Accompagnant le groupe sur la piste de danse, je ne cherchais pas à faire gaffe avec qui je dansais et qui me collait à l’arrière, même si je devinais que c’était l’intéressée du moment. Devrais-je lui dire que malgré cette proximité ce soir, il devait garder en tête qu’il ne se passera rien entre nous ? Je l’imaginais déjà se plaindre auprès de ses amis que je n’étais rien de plus qu’une allumeuse. Et quelque part, c’était sans doute ce que j’étais, par nature et non même par motivation. Je lui aurais donné ce qu’il voulait ce soir, si Mère, dans cette vie, ne refusait pas que je laisse cette part en moi un peu folle faire ce qu’elle voulait.

            Elle allait même jusqu’à veiller à ce que mon hymen soit toujours en place, afin de vérifier que je n’ai pas détruit la vie d’un pauvre homme pour mon propre plaisir. Mes mains étaient liées… Après un moment, je suis la première à quitter la piste de danse, emportée par le besoin d’hydrater à nouveau mon gosier avec quelque chose de fort… Portefeuille en main, je m’arrêtai devant le bar. Je fixais un moment les boissons et finalement, je m’étais décidée à prendre quelque chose de moins fort, mais pas moins cher. « Vous auriez un Caipirinha Framboise ? » Demandais-je à la barman, plutôt jolie à regarder, avant d’être rejoint par Dean. Décidément. « J’ai de quoi faire des cocktails chez moi, si ça te tente… » Plutôt direct le monsieur, j’imaginais que c’était la réaction naturelle d'un homme qui attendait son moment depuis plusieurs mois. « Seulement si t’es ok avec l’idée de… » Je l’interrompis finalement, posant une sur son épaule. « Dean, t'es un mec bien, mais je suis vierge… Et je compte le rester pour le moment. »
            Et il avait tout intérêt à ce que je ne change pas d’avis et que je m’offre à lui cette nuit, car il n'aurait rien à gagner si ce n'était que de me laisser me nourrir de sa semence jusqu’à ce qu’il ne reste rien de lui qu’une carcasse desséchée, vide de vitalité. Et je pensais mes mots, c’était un gars bien, mieux valait qu’il m’oublie dès maintenant, car un jour, même l'autorité de mère ne suffira plus à retenir ma partie Succube. « Tu penses que c’est juste le sex qui m’intéresse… Il y a de ça, mais... » Il se tut… En voyant la barman revenir. « Est-ce qu’on peut en parler un autre jour ? » J’acquiesçais de la tête, mais sans vraiment lui accorder un regard. Il retourna auprès du groupe, ne laissant rien paraître de sa déception. Je fixais par la suite la barman qui avait dû tout entendre sans grand mal. « Il mérite mieux, crois-moi. » Oui, mieux que quelqu’un comme moi, pour sûr.    

"Make me bad"

La Mort est une chienne qui n'embrasse que ceux qui la craignent, mais se refuse à voir les illuminés prêts à recevoir son baiser. - Faith Cross

         Voilà qu’une douce personne se présentait à moi, portant sur ses épaules le poids d’une étrange responsabilité qui la rendait protectrice envers celle qui n’était rien de plus qu’une inconnue à son égard. Pire encore, je n’étais qu’une enfant à ses yeux et quelque part, c’était sans doute ce que j’étais… Si je tentais d’oublier le fait que je portais en moi la mémoire d’une sorcière vieille de plus de six cents ans. Non, il serait plus exact de dire, que mon âme était celui d’une sorcière vieille de six cents ans. Cependant, quelque part, mon corps était bien celui d’une gosse de 19 ans, née en 2003 et il y a encore quelques années, j’ignorais encore si cette sorcière était bien une part de mon passé ou un rêve absurde. L’on pouvait donc dire que j’étais à la fois cette jeune femme, mais aussi cette sorcière, apprenant à accepter d’être les deux, bien que c’était compliqué. Ne sachant parfois plus si j’étais l’enfant ou l’adulte.
        Mais par conséquent, j’étais bel et bien celle sur qui l’on devait éviter d’avoir des attentes comme Dean en avait. Parce que même si j’étais à la fois cette jeune femme fraîchement sortie de l’adolescence, j’étais aussi ce monstre plusieurs fois centenaire qui épiait, dont l’ombre la moindre opportunité pour ressurgir. « Il mérite mieux... » Répétais-je alors à nouveau, réaffirmant mes propos face à la question de la barmaid. Ici, le bonhomme n’était en rien fautif dans cette histoire, il était même plutôt la victime si l’on considérait soigneusement les choses à tête posée. Car c’était avant tout un relâchement de ma part qui l’avait infecté, qui l'avait influencé à venir vers moi. Si j’avais été plus prudente, mes phéromones succube ne l’auraient jamais atteint en premier lieu. Ce qu'il ressentait pour moi, n’était qu’une réponse au désir qu’il était incapable de contrôler, le corps humain étant un engrenage organique fragile et facilement manipulable.

          Et par conséquent, j’étais fautive malgré moi de cette situation. Par la suite, la barmaid m’annonça que c’était un endroit dangereux. J’imagine qu’elle n’avait pas forcément tort, je reconnaissais certains visages liés au monde de la pègre sans que cela ne m'affecte réellement. Après tout, l’hôtel de Baba était lié au monde de la pègre, mère avait une affaire avec le Pingouin afin que l’hôtel puisse justement prospérer tranquillement dans son territoire. Si je n’ai jamais rencontré le Pingouin directement, j’ai déjà croisé plusieurs de ses sbires qui trouvaient refuge à l’hôtel… Du moins, la partie qui leur était dédiée, loin de celle où siégeaient les êtres auxquels l’hôtel était véritablement destiné. L’on pouvait dire que le danger n’était pas tant un souci pour moi, mais c’était différent pour mes camarades de classe, eux, étaient normaux et n’avaient aucun lien avec le monde de la pègre. Et je n'étais même pas certaine qu'ils aient conscience des fréquentations du lieu. Ma foi, je ne pouvais pas non plus sciemment lui donner la raison pour laquelle cette histoire ne me faisait ni chaud, ni froid.
         « Honnêtement, peu importe où on se trouve de nos jours, Gotham n’est plus sûre nulle part de toute façon…» Je sortis mon porte-monnaie tout en récupérant le verre. Elle pointa le verre en question avant d’annoncer qu'elle ne voudrait pas avoir de problème. Je lui souriais, lui montrant ma carte d'identité… Dessus, il y était indiqué que j’y avais 21 ans. Une simple illusion magique qui changeait mon année de naissance, un petit tour pour au moins rassurer sa conscience. « Rassurée ? » Demandais-je en rangeant à ma carte d’identité, je la fixais dans les yeux, rajoutant. « Je paye avec le ''sans contact''... » Montrant cette fois ma carte bancaire… Mon regard s’attardant toujours sur ses yeux clairs. Intriguée, je lui demandais alors, sans doute très soudainement selon ce qu’elle pourrait en penser : « Et qu’est-ce qui pousse une si jolie personne à travailler dans un endroit ‘‘parfois dangereux’’ ? »    

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         Elle était si protectrice, si prévenante alors que rien ne l’y obligeait. Mais était-ce sincère ? Il y avait des gens en ce monde qui ressentait le besoin de se convaincre d’être du bon côté de la balance, pensant agir pour le bien commun alors qu’en réalité, seule leur conscience avait besoin d’un enrobage d’illusion. Souvent, par culpabilité et d’autres fois, par besoin de reconnaissance à la manière de ses influenceurs qui montraient Ô combien généreux, ils étaient en se filmant donner un repas et des vêtements à un SDF. Toutefois, il était certes vrai que des personnes pouvaient réellement être mués d’intention honnête et sincère. Leur âme valait d’ailleurs plus d’une dizaine de vie. Est-ce qu’elle était de ceux-là ? J’en avais aucune idée et je pense que c’était la dernière chose que je devais me demander en cette soirée. Tout ce que je voulais concrètement, c’était de me bourrer la gueule afin de mettre un peu sur pause mon esprit.
          Elle accepta de me servir ce verre, après je pouvais comprendre sa réticence à vouloir servir de l’alcool à une jeune femme qui semblait à peine sortir de l’adolescence. Tous ces faits divers et pas seulement à Gotham, sur ces femmes agressées, violer ou pire, retrouver parfois sans vie dans une ruelle. J’aimerais bien lui dire que ce genre de chose n’était pas prête d’arriver avec moi, sauf si mon agresseur était un être capable de survivre à une succube. La barmaid sembla d’accord avec mes propos avant d’ajouter que ce n’était pas une raison pour se mettre davantage en danger. Je souriais avant de lui répondre avec une forme d’indifférence. « Qu’est-ce que le danger au final ? Ne pense-tu pas que si on cherchait à l’éviter absolument personne n’aurait de vie… J’ai plus de chance de mourir sur les routes à cause de barjo au volant, qu’à cause des hommes de la pègre qui ont mieux à faire ce soir que de s’occuper d’une gamine. »
   
           Je portais mon verre à ma bouche, me laissant saisir par le nectar alcoolisé qui envahissait mon système. Et dans un moment d'euphorie, je me laissais à penser que l’alcool était sans aucun doute la meilleure invention de l’homme. Parfois dormir alcooliser empêchait les cauchemars d’avoir autant d’impact sur mon être, comme si les souvenirs se noyaient sous l’ivresse. La vie l’avait conduit ici… Au final, elle n’était pas si différente de moi ? Choisir l’endroit le moins pire, c’était une façon de justifier son choix. Elle en parlait comme si pour elle ce qui l’avait amené ici, était un événement inéluctable. Je déposais alors mon récipient, encore rempli de moitié de son contenu. « Archéologie et tout ce qui touche à l’antiquité. » En réalité, je ne savais même pas ce qui m’avait poussé à étudier cette matière. Il serait assez véridique de prétendre qu’avec les souvenirs de mes anciennes vies, je n’avais que peu d’intérêt pour les activités ordinaires.
        « Vous travaillez ici depuis combien de temps ? » Lui demandais-je, légèrement intriguer, portant à nouveau mon verre à la bouche.   

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La Mort est une chienne qui n'embrasse que ceux qui la craignent, mais se refuse à voir les illuminés prêts à recevoir son baiser. - Faith Cross

         Que signifiait pour moi cette conversation ? Au fond, pas grand-chose… Nous n’étions, cette barmaid et moi, rien de plus que deux étrangères ouvert à un peu de dialogue. J’avais beau être peu loquace, je n’étais pas pour autant ouvertement anti-sociale. Et puis, je devais bien avouer que ce moment était une échappatoire plus que bienvenue. Au final, mon esprit était bien trop attiré vers les abysses torturés de mon esprit, lui-même soumis aux aberrations de mes vies passées, pour que j’arrive véritablement à prendre du plaisir dans cette soirée. Je n’avais franchement qu’une envie, que tous disparaisse dans les rives impies de l’ivresse. Est-ce que j’avais peur de me réveiller dans une ruelle, presque à poil ? Non, pas forcément. Au fond, je méritais certainement pire comme châtiment après tout ce que j’avais pu commettre dans mes vies antérieures. C’était sans doute déjà une forme de pénitence que je puisse être ainsi forcée de subir, à chacune de mes nuits, les terribles souffrances de mes morts précédentes.
         J’observais quelquefois ce que faisaient Lesley et Hayley, les honteux personnages qui m’avaient poussé à les suivre ici alors que nous avions cours demain. Même si les cours en question étaient de nature optionnelle, une fois inscrit, il faudrait justifier nos absences qui apparaîtront quoi qu’il arrive dans notre dossier scolaire. Mais j’étais là, car une part de moi avait aussi besoin de relâcher une pression qui prenait de plus en plus de place. Une question faisait suite à ma réponse concernant mes études, je souriais légèrement, d’un sourire qui se voulait toutefois bref. « Même pas… » Je relevais mon regard vers elle et j’avais beau fouillé dans ma mémoire, je n’étais pas certaine de me rappeler de la raison qui m’avait poussé à prendre cette voie. « Je voulais sans doute une excuse pour revenir à Gotham, je l’ignore… J’ai aussi postulé en psychologie. » Preuve que j’avais juste besoin de remplir mon esprit, le forcer à porter son attention sur autre chose que la magie.

           Au fond, je n’en savais rien, je n’avais pas forcément besoin d’aller à l’école avec la fortune de ma mère, ni même besoin de travailler. Mais ne rien faire, me laisser souvent sans défense face à la cuisine de mes tourments et démons intérieurs. Elle s’absenta, prétendant qu’elle devait chercher quelque chose. Il était vrai qu’elle avait un métier à faire et encore une fois, nous n'étions rien de plus que deux étrangères. Je profitais alors de son absence pour retourner auprès de Lesley et Hayley sur la piste de danse verre en main.

Une heure à peine était passée, la soirée semblait à peine avoir débuté pour certains dont l’effet de l’alcool commençait à faire effet. C’était le cas de la sorcière qui avait franchi enfin le seuil d’éthylisme qui noyait son esprit dans l’euphorie. Ses déhanchements se révélaient d'ailleurs plus sensuels et Dean était revenu à la charge avec les encouragements des deux amies de Faith. Ses déhanchements se révélaient d'ailleurs plus sensuels et Dean était revenu à la charge avec les encouragements des deux amies de Faith. Bientôt, les yeux de Dean étaient grandement dilatés, comme s’il était sous l’effet d’une drogue et pourtant, il était bien clean. Oui. Seulement victime des hormones succubes qui émanait à mesure que Faith suait à forcer de danser. Et elle ne semblait se soucier que de remplir s’en verre. Une autre heure passait et Dean, ainsi que la sorcière avait disparu. Hayley semblait savoir que les deux tourtereaux s’étaient dirigé vers le W.C du club, ignorant le potentiel risque et drame à venir.

           J’avais la tête qui tournait, mes idées et mes pensées, complètement chaotiques. La seule sensation que je sentais, c’était ce goût de salive qui se mêlait au mien, alors que je sentais ma langue emporter par mouvement autre et fougueux, presque forcé. Ce ne fut qu’en sentant la caresse interdite d’une main contre mes lèvres génitales, éveillant ainsi l’instinct terrible de la bête que je repris mes esprits face à la transe provoquer par l’aphrodisiaque. Remarquant enfin Dean attaché à mes lèvres. « St… Stop… Arrête. » S’il continuait, j’allais assurément céder à cet appel impie et dévorer toute vertu. La lumière avait un instant faibli, clignotant comme si le courant rencontrait un subit problème, signe que les sinistres forces magiques commençaient à échapper à mon contrôle. L’appel du désir ameutait les rapaces du monde au-delà du voile, les ombres de père rattaché à mon existence et la sienne. Elles se manifesteraient bientôt en des chuchotements que l’homme allait progressivement entendre. Mais lorsqu’il les entendrait, alors sa vie serait condamnée. « Ne va pas plus loin… » Ou tu mourras… Et il ne méritait pas un tel sort.    

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         Est-ce que j’étais en danger ? Est-ce que j’avais peur de perdre ma vertu, dernière trace de mon innocence depuis qu’il m’avait été révélé la terrible vérité ? Est-ce que je désirais être secouru ? Non, rien de tout ça. Je n’étais pas la victime et sans doute, jamais je ne pourrais l’être. J’étais à demi-démon, j’étais ce monstre biblique qui hantait l’imaginaire des pieux, qui les faisait craindre l’agonie éternelle dans les chambres damnées des sept sous-sols infernaux. J’étais malgré moi le prédateur dans cette situation et ce que je désirais, allait à l’encontre de ce qu’on attendait de moi. Je devais éviter de répondre le mal, pourtant ce que je désirais à cet instant, ce à quoi je résistais, était cette envie dévorer l’âme de cet homme, pour ne laisser qu’une carcasse momifiée, vide de toute vitalité. J’étais la succube qui était encore vierge, brillant de cette innocence contradictoire à la nature impie qui se devait pourtant d’exprimer la luxure.
         La voix de la barmaid se fit entendre, presque salvatrice pour l’homme, car sa vie venait d’être sauvée. La magie chaotique émanait de moi comme un robinet ouvert à fond, le danger était que les femmes commencent à ressentir en ma présence une énigmatique attirance sans pour autant que la pulsion les pousse à commettre un acte sur lequel elles auraient aucun contrôle comme cela pouvait être le cas des hommes. Oui. Car si les femmes commençaient à ressentir de l’attirance pour la succube, alors qu’en serait-il, des hommes qui polluaient à l’heure actuelle le club. Ce n’était plus une personne qui allait se montrer audacieuse, mais plusieurs en même temps. Les hommes étaient par nature, très compétitive, la rivalité sujette à des jalousies parfois extrême. Imaginer alors que mes phéromones exacerbent les émotions de plusieurs hommes ne supportant pas l’idée qu’un autre homme qu’eux pose les yeux sur leur dulcinée. Un carnage.

         Je ne pouvais pas quitter ces chiottes tant que je n’aurais pas réussi à reprendre le contrôle sur cette magie. Les lampes clignotaient jusqu’à ce que l’une d’entre elle pète, puis une autre jusqu’à plonger les lieux dans les ténèbres. Impossible de calmer ma propre pulsion, l’ivresse n’aidant guère. Dean n’était plus là, certes, mais il restait la présence de cet autre être-humain. Elle m’apparut pourtant comme une issue de secours qui allait sans doute me permettre de redescendre sur terre sans pourtant que je mette sa vie en danger. Alors je posais mes lèvres sur les siennes, profitant de l’obscurité pour m’accaparer inconsciemment les désirs les plus enfouis de la barmaid, m'en nourrir. Le démon en moi savait ce qui se trouvait dans l’esprit des humains, ce qu’il désirait, ce qui les animait. Odeur, goût, touché… Toutes ses sensations manipulées pour éveiller en elle ce qui pouvait la poussait à la luxure.
         Et pourtant, j’ignorais paradoxalement ce qu’elle ressentait quand ma salive rentra en contact avec la sienne sans un consentement au préalable, j’ignorais quelle odeur elle ressentait émaner de moi, je n’avais aucune idée si lorsque les lumières reviendraient, elle verrait toujours cette adolescente, où l'illusion de ce qu'elle fantasmait au fond d'elle. Une succube séduisant une femme était bien différent de la manière dont elle attirait un homme. C’était un phénomène plus complexe, plus psychologique, peut-être même plus profond. Ce que je faisais, n’était sans doute pas quelque chose qu’elle méritait, mais j’étais à l’image d’un incendie qui avait besoin d’être étouffé au plus vite, sans quoi il risquait de tout consumer. Elle était mon unique moyen de le faire sans que la succube ne dévore une ou plusieurs âmes ce soir, car elle ne le pouvait qu’avec les hommes et non pas les femmes...     

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         La tension avait du mal à redescendre, ce n’était pas tant ma volonté le problème, mais davantage l’instinct bestial, voire démoniaque qui avait ici dépassé toute lucidité. Elle était humaine, elle ne pouvait assurément, guère entendre ou sentir les battements de ses ailes qui s’agitaient dans mon dos. Des ailes relier à l’âme qui était la mienne, intangible et invisible, force spirituelle impalpable qui trahissait ma nature inhumaine. Déployées dans leur majestueuse et infernale allure, qui ne pouvait être contemplée que par les silhouettes dans les ombres, obscures engeances des ténèbres. Le baiser était bref, mais riche d’œstrogènes nourrissant et qui vint à calmer paradoxalement ce qui avait enflammé l’homme avait elle… Toutefois, si elle ne m’avait pas repoussé, il était possible que je l’aurais dévoré elle, plus tôt que l’homme. Les ténèbres cachaient l’aspect de mes yeux, devenus noir comme une nuit sans lune, plongé dans une obscurité totale.

Mais là où les ténèbres aveuglaient la pauvre barmaid, ce que je voyais sous les yeux de la succube était un monde aux couleurs qui échappaient à la compréhension et à l’imagination humaine. Je voyais ici comme en plein jour si on oubliait ce qu’était le jour sous le spectre lumineux. Mon regard se relevait vers la barmaid, dont les yeux étaient perdus dans le vide, incapable de capter, ne serait-ce qu'un relief. Je trouvais ce moment si fascinant, je n’ai jamais réellement su ce que percevaient les humains dans l'obscurité. Et je me demandais ce que pouvais ressentir celle qui ne m’avait toujours pas dit son nom. Qu’est-ce que ça faisait que d’être aveuglé malgré que l’on avait les yeux pleinement ouverts, et que notre perception était toujours fonctionnelle. Son corps dégageait des couleurs chaude qui la rendait sublime, elle était telle une luciole qui brillait plus ou moins fort en fonction de ses battements de cœur. La contemplation me calmait un peu plus progressivement, je sentis alors mes ailes se rétracter.

Sa nouvelle camarade de fortune qui avait, sans le savoir, empêché deux drames en une nuit, ne semblait plus savoir où se placer avec moi désormais. Je ne pouvais lui en vouloir. Cela dit, même en essayant de me concentrer pour l’écouter, le son de sa voix me semblait comme déformer à mesure que je me sentais perdre connaissance. Oui. Je me sentais proche du coma éthylique, tant j’avais bu sans forme de modération. Je compris toutefois un mot… Que je répétais, évasive. « Taxi. » Les lumières ne revenaient pas, rien d’étonnant, la magie en avait certainement grillé les circuits. « Baba. » Rajoutais-je, incapable de formuler des phrases complètes. J’avais la tête terriblement lourde désormais, du moins j’en avais l’impression. Alors même que cette ignoble sensation me saisissait, celle que le monde lui-même tanguait comme si l’on était sur un navire en pleine mer. Je sentais que si ça continuait, je risquais de vomir tout le contenu de mon estomac très bientôt.    

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         Baba… S’évertuait à répéter presque inconsciemment l’adolescente qui finalement perdait peu à peu connaissance. L’alcool faisant son effet final sur la conscience fragilisée de la sorcière et pourtant, elle continua à en chuchoter le nom. Baba. Sa voix portait alors soudainement une note étrange qui s’accompagnait d’un écho, pouvant à l’oreille humaine, sembler guère naturel. Baba. Répétait-elle avant que le son étrange d’un vent ne s'élève dans la pièce plongée dans les ténèbres, puis soudainement le silence. Total. Un silence qui n’avait pas lieu d’être, car même le son pourtant bruyant des sonos n’était désormais plus. C’était comme si tout s’était subitement arrêté, si bien que les gouttes d’eau qui s’écrasaient du robinet au lavabo non loin avait sa propre résonance et ses échos. Après quelques secondes, il y eut comme un pas traînant provenant de l’extérieur des WC, comme si un corps lourd était tiré sur le sol. Il y eut alors un son plus inquiétant que n’importe quelle sinistre protubérance sonore.

C’était là comme entendre un dernier râle, comme si la voix venait d’une personne dont la gorge avait été arrachée. Un râle qui semblait alors se noyer dans une douleur proche de l’agonie. La chaleur qui régnait en ses lieux disparus alors subitement pour laisser place à une froideur des plus terrible. Les lumières se rallumèrent, mais elles n’étaient plus les mêmes. La lueur qui éclairait l’endroit était d’un sombre pourpre, les yeux humains discernaient à nouveau, mais peinaient à y voir clair. Elle était là, soudainement devant la barmaid. Une inquiétant silhouette que nulle n’aurait l’audace d’approcher. On y voyait assez bien pour distinguer ce qui semblait être la silhouette d’une vieille femme nue, mais dont le visage baignait encore dans l’obscurité. « Baba. » Répéta alors Faith qui avait désormais perdu connaissance. L’instinct humain empêchait toute tentative d’avancer vers ce qui semblait de moins en moins ressembler à un humain, plus l’on distinguait les traits du visage de la vieille dame.

Deux orbites vides et ténébreuses semblaient remplacer ses yeux et la chose n’avait pas de mâchoire. C’était ce que l’on pouvait ressentir en observant ce visage, mais il y faisait bien trop sombre pour être certain de ne pas être influencé par l’imagination. Finalement, les lumières naturelles revinrent, avec elles, la musique du Black Cat. En face d’Holly, une cliente l’observait avec un sourcil lever. « Vous êtes sourdes ou quoi ? Est-ce que je peux aller pisser ? » Cracha-t-elle à bout de nerfs. La Silhouette de la vieille dame n’était plus là, mais surtout Faith avait elle aussi disparue. Avait-elle imaginé tout ça à l’instant ? Ou même imaginer cette rencontre avec cette adolescente ? Les lumières avaient pourtant éclaté, mais là, ils étaient comme neuf. Peut-être que la folie à Gotham était contagieuse.