Cascades à Métropolis [Clark] [Terminé Intrigue II]

Redessinez la ville.

Cette petite annonce dans le journal m’a happé et, malgré moi, m’a fait un sacré effet. Mon métier de journaliste me manque. Les vérités cachées, les histoires touchantes, les interviews de chercheurs ou scientifiques ou les articles sur les dernières découvertes scientifiques ou les événements populaires ou de quartier au cœur de Metropolis … tant d’événements à couvrir, tant de monde à rencontrer ! Or, je ne peux pas, incapable de savoir si je peux encore être Clark Kent. Ce gosse du Kansas n’a pas les mains souillées par le sang ou des millions, voire des milliards de vies gâchées sur sa conscience.

A nouveau, je ferme les yeux et concentre toute mon attention sur mon rythme cardiaque ou sur des sons agréables – un rire, une blague, une musique. Au milieu de ce grabuge sonore, j’entends distinctement le bruit propre aux artistes – une brosse sur une toile, ou une bombe sur un pan de mur. Je relève le regard et tombe nez-à-nez devant une œuvre urbaine. J’ai marché sans m’en rendre compte. Etrange. Je suis plus attentif, normalement, pour ne pas briser les pieds ou les bras d’une personne en la bousculant un peu accidentellement. C’est exagéré peut-être, mais super-force et surprise ne font pas bon ménage.

On m’interpelle. A sa tenue et à ses accessoires, je conclus que c’est l’artiste.
Un sourire se dessine sur mes lèvres lorsqu’elle me propose un churros.

- Avec plaisir, merci beaucoup, la remerciais-je, en m’emparant d’un bâtonnet.

Sans chichi, je l’engloutis. D’une part, je suis un solide gaillard. D’autre part, l’énergie solaire me fournit grandement en énergie, réduisant mes besoins de sommeil ou de nourriture au minimum par rapport à ma musculature ou nature krypton mienne. Je ne suis donc pas un grand mangeur comme Barry, mais je n’ai pas autant de besoins que mes autres collègues comme Batman ou Green Arrow.

- Je suis curieux de tout. Je dois avouer que je suis davantage un scientifique qu’un artiste mais, je ne peux pas dénigrer ce qui est beau, répondis-je, aimable et sincère à la fois.

Si je n’ai pas la verve et le talent de Lois, bien du monde s’accorde à dire que j’inspire davantage la confiance et la sympathie. On sent que je ne suis pas celui qui farfouille furieusement pour un article à sensation, ou qui se contente de deux lignes pour arrondir les fins de mois. Je m’intéresse sérieusement aux autres, à leurs passions, à leurs expériences, à leurs idéaux, à leurs rêves et leurs difficultés. L’Humanité m’a toujours passionné, évoluant au milieu d’elle sans véritablement en faire partie. Un seul faux pas suffit pour qu’Elle me dénigre totalement. Pourtant, je l’aime profondément.

Les événements s’accélèrent – du moins pour un œil humain. Je profite de mes capacités exceptionnelles pour me glisser dans le bon angle de quelques centimètres et éviter ainsi que la petite demoiselle ne prenne une balle perdue. Elle me percute avec force certes, mais encore insuffisante pour me faire tomber. Pourtant, je feins la chute et tente au mieux de feindre des réflexes propres aux victimes surprises. Etonnamment, si j’ai appris à maitriser mes pouvoirs et à les réguler au quotidien, l’affaire est tout autre pour mes talents d’acteur. Je ne suis pas très bon, bien trop honnête pour que mon mensonge soit acceptable.

Je me relève, recherche maladroitement mes fausses lunettes et les remets sur mon nez avec des mains tremblantes – du moins, je tente de donner cet effet. Puis, je balade mon regard autour avec frénésie. A nouveau, un nouvel acte inutile : bien avant de m’être relevé, j’avais vérifié cette zone pour tout blessés.

Je me suis même noté la plaque d’immatriculation. Je prends mon téléphone, compose le numéro d’urgence, et déclare aussitôt l’incident. Certes, je suis Superman mais je n’oublie pas pour autant mon devoir de citoyens.

- C’est dangereux, il faut évacuer ! Allez là-bas ! Je vais aller chercher les jeunes !, lui ordonnais-je. Je m’y attèle aussitôt et tombe bien vite des nus. L’un d’eux est blessé à la jambe, jurant et pleurant considérablement. Je sais que je n’ai pas à jouer une quelconque comédie. C’est un poids plume, même pour un humain lambda. On y va !

Je le soulève aisément et commence à accélérer le pas vers un possible abri.
Et la voiture revient.

Pourquoi ?

J’ai fait au mieux pour anticiper la chute, feindre le déséquilibre et coordonner un faux grognement de douleurs à l’impact au sol. Malgré tout, je sens que l’impact a été rude pour elle. Elle est surprise de ma corpulence cachée et, surtout, de mes muscles d’acier. Heureusement, nous n’avons pas le temps de nous attarder sur les spécificités de mon corps. La jeune fille m’écoute et part chercher un abri bien vite. Quant à moi, je me trimballe un civil entre les bras, me demandant bien s’il est innocente victime ou criminel subissant le karma de ses folies passées.

Les assassins reviennent à la charge, cachés dans leur bolide. Il semble que celle que j’ai congédié à de la ressource ! Un pot de peinture s’écrase sur le pare-brise. La surprise est totale, et le véhicule fait un beau tonneau. La diversion est suffisante pour que je dépose mon poids plume à même le sol, que je m’éclipse à l’angle d’une rue déserte et que je puisse user de ma force et de ma vitesse pour changer de personnalité. Adieu le parfait inconnu, et bonjour au Kryptonien. Je ne mérite plus véritablement ce S, mais il est nécessaire pour le futur que je veux construire – ou léguer – avant d’aller payer pour mes crimes. Je ne peux pas m’enfermer quand les fondements de notre société s’effondrent, que la jeune génération manque de guides et de protecteurs et que les vieux ennemis jouent et farandolent !

Le petit rire satisfait de la petite délinquante du jour n’échappe pas à mon attention. Son humeur détonne avec l’ambiance et surtout le contexte. Elle est aussi étrange que moi, ou d’autres super-héros, voire criminels. Soit elle est inconsciente et voit le tout comme un jeu vidéo – c’est un fléau parmi les jeunes, récemment. Soit elle cache bien mieux son jeu que moi. Malgré moi, je repense à son placage au sol – presque instinctif. A-t-elle l’habitude de faire face au danger ? Certes, Metropolis n’est plus aussi serein qu’il y a deux ans, mais la ville n’est pas un chaos au point de transformer ses habitants en soldats entrainés. Je ne m’interroge pas plus longtemps : j’ai des vies à sauver.

J’arrive, enfin, et à temps ! Les hommes se sont extirpés difficilement du véhicule, mais encore bien indemnes. Ils ont la capacité de tenir une arme, de viser et de tirer. Je me mets sur la trajectoire d’un premier tir. La balle fait un ricochet, avant de s’écraser contre un mur. Je n’ai rien ressenti, si ce n’est un très léger pincement. Je lance un regard interrogateur aux deux assaillants. Vont-ils agir stupidement et tenter de m’abattre avec quelques balles ? Au contraire, ils vont admettre leurs défaites et se rendre gentiment ? Malheureusement, la réponse n’est jamais claire à ces situations-ci. Chacun agit différemment face à la peur. Je n’aime pas ce sentiment. Je n’apprécie pas cette lueur d’effroi au fond de leur prunelle. Je n’ai jamais voulu être une telle chose, un sentiment qui s’est accentué avec mon dernier voyage.

- Rendez-vous maintenant. Je m’assurerai que les autorités prendront en compte votre collaboration, soufflais-je.

Je sais pertinemment qu’ils ne feront rien de tel, qu’ils se fichent d’avoir ou non la possibilité d’une remise de peine. Pour autant, je dis encore et toujours ces quelques lignes, dans le fol espoir qu’une personne saura faire preuve de prudence, de compassion et, surtout, de remise en question. Je ne leur laisse plus le temps, et fonce sur eux à une vitesse étonnante, invisible à l’œil nu. Ils perdent leurs armes en un temps record, et ils se retrouvent enchainer à des barrières.

Alors, je m’occupe des civils et rescapés. Le blessé et son compère sont non loin, se trainant hors de la scène. Ils semblent avoir quelque chose à se reprocher. Les sirènes des polices s’entendent au loin. Mon regard finit par échouer sur l’asiatique et je prends mon envol pour m’y approcher.

- J'ai vu ce que vous avez fait. Vous avez été d'une grande aide. Je vous remercie, commençais-je. Vous ne semblez pas effrayer. C’est étonnant et admirable. Qui êtes-vous ?

Je change le tout pour le tout. L’expression faciale, la tonalité de la voix et j’en passe. C’est presque un travail de contorsionniste que je fais là, pour marquer clairement la différence entre le sympathique et effacée humain et l’imposant et trop célèbre Superman.

Malgré moi, je souris à la jeune asiatique. Certains sont effrayés par ce symbole sur ma poitrine et tout ce qu’il sous-entend, là ou d’autres sont admiratifs. Je suis tantôt un Kryptonien placé sur un piédestal divin, tantôt un alien menaçant et dangereux, tantôt un homme en justaucorps avec un complexe du sauveur. Il y a autant d’avis et de critiques à mon sujet que d’humains sur terre. Je ne les écoute pas, agissant de la façon que je juge juste. Du moins, jusqu’à récemment. Les doutes sont nombreux, me rendant subitement sensible à toutes ces théories qui circulent sur moi. Plus je m’y enfonce, et plus cet intérêt pour mon retour m’inquiète. Je n’ai jamais voulu toute cette attention. Si Zod n’avait pas exigé que je me révèle au monde, j’aurais continué ce rôle de super-héros anonyme, usant de ma vitesse pour être aveugle à l’œil nu – ou être un mirage surprenant et inexplicable comme le Flash.

- Je n’effraie que les criminels, marmonnais-je, davantage pour moi que pour elle.

L’ironie veut que je sois effrayé de moi-même, de ma force et de toutes ces horreurs que je pourrais accomplir d’un claquement de doigts.

- Un cheat code génétique ? , m’étonnais-je, avant d’éclater d’un rire franc et honnête. Je suis désolé de vous décevoir, mais je suis né ainsi

Evidemment que je sais que cette voiture est tout sauf innocente et qu’elle s’éloigne à une folle vitesse. La police n’aura pas le temps de la rattraper. Pour autant, je ne suis pas inquiété ou gêné.

- Il est plus intéressant de savoir ou la voiture se rend. S’il y a un QG, ou un commanditaire plus important et imposant, expliquais-je d’un ton tranquille. Je garde un œil, ne vous inquiétez pas.

Toujours dans les airs, je tourne légèrement ma tête vers la direction prise par la voiture. Sans aucune surprise, le brigand se dirige tout droit vers Hell’s Gate. Le quartier est extrêmement mal famé et est un concentré de tous les crimes plausibles et inimaginables. A chaque passage au-dessus ou entre ces rues, je m’interroge sur un moyen efficace et définitif d’arreter cette folie. Et à chaque fois, ma réflexion me mène à cette inéluctable conclusion : l’Homme a besoin de cette noirceur. Si ce n’est plus Hell’s Gate, ça sera un autre lieu. Tout ce qu’il nous reste à faire est d’apporter notre aide autant que nous pouvons et jusqu’à notre dernier souffle. Mes sauts temporels m’ont davantage ancré cette idée dans le crâne. Je ne suis pas Dieu. Je ne suis pas un Tyran. Je ne peux pas changer la nature humaine. Nous ne pouvons pas connaitre la beauté de cette dernière, s’il n’y a pas une touche d’horreur. Il en est de même avec les Kryptoniens. Sans Zod, sans le Tyran, je n’aurais jamais su de l’alternatif qui s’offre à moi pleinement et totalement.

- Généralement, dès que j’apparais quelque part, les forces de l’ordre ne tardent pas à apparaitre.

La surveillance américaine est importante, presque paranoïaque. Elle est encore très tatillonne à mon sujet, et n’hésite pas à envoyer l’artillerie lourde au moindre signe de danger, de dérapage ou de combats potentiellement titanesques. Selon mon humeur et, surtout, mes besoins, je me montre conciliant – ou je démolis le satellite qui me gêne. Si je reconnais l’importance de la Sécurité, je refuse d’être un fichu rat de bibliothèque constamment sous loupe. Malgré mon voyage dimensionnel, et cette crainte omniprésente d’être défaillant, cette observation constante est perturbante.

- Icare, je vois. Vous ne semblez pas être surprise. Je vais croire que vous êtes habitués aux catastrophes. Est-ce que Metropolis manque autant de sécurité ? , demandais-je.

Je veux comprendre ma ville, à nouveau.

Je continue à sourire à ses bêtises de jeunesse. Je ne m’en départis pas davantage lorsqu’elle souligne, avec justesse, que le monde peut être bruyant. Je me rappelle encore cette jeunesse chaotique ou mes pouvoirs se révélaient les uns après les autres, créant une angoisse renouvelée tant pour mes parents que pour moi.

Bambin, j’avais déjà cette force propre, soulevant des tracteurs et autres objets lourds avec une facilité déconcertante. Mes parents ont été forcés de m’isoler, et ainsi éviter que je ne blesse inconsciemment mes camarades. Je ne sais pas encore comment ils osaient m’approcher au vu du danger que je représentais pour eux, ou encore pourquoi ils ne m’ont pas simplement livré au gouvernement …

Enfant, mon ouïe et ma vue se sont développées d’une façon abrupte et soudaine. En plein milieu d’un cours de classe, je pouvais soudainement percevoir le monde entier – ses bruits, son rire, son mouvement. Au milieu de ce tumulte, les copains de classe et la maitresse étaient tantôt qu’un ensemble de chair et d’os, tantôt nus, tantôt un réseau de nerfs et de muscles étranges et glauques.

Adolescent, toutes mes autres aptitudes sont apparues du jour au lendemain. Vol et vitesse, entre autres. Par contre, ces deux aptitudes m’ont plus et non effrayé. Je me souviens encore de mes premiers vols, ou de ce rush propre à une vitesse accrue. Subitement, l’envie de m’évader dans l’immensité du ciel me démange. J’aurais pu, si cette demoiselle, les forces de l’ordre ou cette voiture en cavale ne me retenaient pas.

- J’ai appris à contrôler mes pouvoirs. C’est comme marcher, ou respirer maintenant. C’est naturel, me contentais-je de répondre.

Elle s’inquiète pour moi, inconsciemment. Elle ne le sait pas, simplement.

- J’ai mis cet homme à l’abri, la rassurais-je.

Un beau jour, cette supercherie ne se tiendra plus. Lois, Bruce et d’autres m’ont démasqué à force de me côtoyer – ou de suivre Superman à la trace. Clark et Superman sont constamment sur les mêmes scènes, entre autres. Si me faire passer pour un journaliste attitré à ce héros peut aider, l’illusion vole en éclat pour celui ou celle qui farfouille davantage – comme Lois, Bruce ou des ennemis.

J’arque mes sourcils lorsqu’elle fait référence à Gotham. S’il n’est pas rare de se balader d’une ville à un autre, la ville du Chevalier Noir est plus particulière. Peu, voire personne, ne la quitte. Amour déraisonnée ou misère … qu’elle que soit la raison, elle retient chaque âme. Alors, comment est-ce que l’une d’elle s’est égarée parmi nous ? Mon regard s’accroche sur une œuvre. Je comprends.

Elle est une esprit libre.

Malgré moi, je me crispe lorsqu’elle me remercie. Je ne peux pas m’empêcher de repenser à cet univers brisé de mes propres mains – ou celles de mon alter-égo – ou à celui-ci qui divague et qui tombe en ruine malgré notre retour. Ai-je vraiment aidé et sauvé qui que ce soit, quoi que ce soit ? Au contraire, n’ai-je pas tout condamné ? Ces questions sans réelles réponses me hantent et pourrissent mon quotidien.

- Moi non plus, je ne sais pas exactement ou j’étais. Si je le savais, je serais revenu plut tôt, admis-je, d’un soupire lourd de sens.

Mon regard la fixe sans véritablement la voir. Je suis perdu dans mes pensées, et surtout mes souvenirs. Subitement, tout entrain et joie m’ont quitté. Je ne suis pas non plus une figure d’amertume ou de tristesse. Non, je ne suis plus qu’un colosse d’acier, divisé entre mille courants contraires.

- Je m’excuse d’avoir tardé, finis-je par dire.

Et je m’excuse de tant d’autres choses.

Mais qui m’entendra ? Qui acceptera ces mots ? Et, plus important, est-ce suffisant pour justifier la mort de millions, voire de milliards de vie ?

- C’est comme tout apprentissage. Nous aimons certains aspects, nous détestons d’autre, me contentais-je de répondre à cette brunette.

Je ne veux pas aller davantage aux détails de ces capacités. Certaines sont extrêmement connues, d’autres sont secrètes et, enfin, certaines sont fantasmées, imaginées ou fabulées. J’ai appris qu’il ne faut pas donner trop d’information à autrui, et surtout au grand public. L’effet de surprise est important pour surprendre les adversaires et les ennemis et prendre immédiatement l’ascendant.

- Vous avez raison. Le monde continue à tourner, soufflais-je. Et qu’il continue à tourner, qu’il soit rond, pas rond …

Oui, ici, le monde tourne. Oui, ici, il y a encore des vies. Et non, je porte bien le poids d’un monde sur mes épaules. Celui-ci ne se nomme pas Terre, mais Krypton. Dernier enfant de Krypton est l’un de mes autres surnoms, connu seulement des Kryptoniens et de mes plus proches amis. Je suis un héritage alien oublié, passé et perdu. J’ai à concilier deux mondes, d’une façon ou d’une autre. Si j’échoue, il n’y aura que de la méfiance, de la crainte et de la peur vis-à-vis des gens comme moi.

Or, il peut y avoir davantage comme moi : des Kryptoniens qui ont échappé in extremis à la destruction de la planète, des espèces d’un système solaire différent, voire mes propres enfants. Dans cet autre univers, l’alter-égo de Loïs portait l’enfant de mon propre alter-égo. C’est une preuve que je peux me mêler davantage à l’Humanité, d’une façon, ou d’une autre, sur une à plusieurs générations.

- Je pense que mes couleurs favorites sont claires, me moquais-je en écartant mes bras, révélant ce costume bleu sombre avec des touches dorées et rouges. J’ai appris à aimer ces ondulations, ces reflets et ces accords. Peut-être … les pivoines. Elles ont une odeur enivrante, dis-je, avec une certaine hésitation. Je connais bien des fleurs, que ce soit leurs odeurs, textures ou couleurs. Je ne me suis jamais posé la question de ma favorite.

Elle attire mon attention sur cet agent patientant en bas. Est-ce la fin d’une rencontre, et d’une conversation ?

- Je suis simplement Superman. Je n’ai pas pour vocation de signer des autographes, dis-je. Je n’ai pas non plus pour volonté de perdre mon temps en déposition et paperasse. Je veux aider et, qui sait, au détour d’une ruelle, rencontrer des personnes remarquables.

Je ne compte plus le nombre de cœur et d’espoir j’ai brisé en refusant de signer quoi que ce soit. La pudeur et la prudence sont les principales raisons. D’une part, il n’a jamais été question de sauver la vie de quiconque pour de l’admiration et de la reconnaissance. D’autre part, je crains toujours qu’on tente de me piéger – une trace adn sur un stylo et j’en passe – et qu’on retrouve la trace de Clark Kent et, par extension, de Loïs Lane.

- Icare, je vous souhaite une excellente journée. Continuez à être aussi courageuse et à apporter du beau à ce monde avec votre art. Ce monde a besoin de personne comme vous, lui dis-je, sourire rassurant aux lèvres, prunelles chaleureuses fixées sur elle.

Courant d’air nonchalant, je m’élève au ciel et m’apprête à disparaître pour apparaitre devant le dernier criminel. Il ralentit, il arrive à destination.