The Last War, to End all Wars [Terminé - Intrigue II]

The Last War, to End all Wars

Bruce Wayne & Richard Grayson & Timothy Drake & Barbara Gordon & Selina Kyle

« Tour de l’Horloge, 16 septembre 2022»

Je les ai tous prévenus, un par un. Le sauvetage de Vanaver n’avance pas. La restructuration de la Ligue, si. Je ne peux plus agir seulement dans les ténèbres, mais l’heure n’est pas encore venue de rejoindre la lumière. Je dois d’abord énoncer quelques vérités, révéler en quoi les nouvelles règles du jeu ont été changées au moment où j’ai décidé de renverser la table. C’est un devoir, d’un homme à ses protégés, quels qu’ils soient. Ils ont cru en moi à un moment donné. Ils ont accepté, voire demandé, que je leur apprenne ce que je sais. Que je les prépare à ce que ce monde a de pire à leur offrir, et à offrir aux autres. Comment vont-ils prendre ce que je vais avoir à leur dire, à leur avouer ? Je ne sais pas. Mes plans, le grand plan que je me suis forgé la nuit suivant mon retour, est toujours en place. Il s’accommode de leur acceptation, voire de leur rejet. Je compte sur l’un ou sur l’autre, pour des volets spécifiques. Les penser comme des parties, comme les éléments d’un tout, m’aide à les rendre moins proches à mes yeux. Moins réels. Moins… Sensibles. Et donc, moins humains. Les pièces de bois d’un vieil échiquier éprouvé ne souffrent pas quand elles combattent. Je sais que ça n’est pas le cas de mes protégés. Eux souffrent, eux endurent.

Je me rappelle ce que m’a dit Dent, jadis. Contre le crime à Gotham, soit on meurt en héros, soit on survit assez longtemps pour endosser la peau du méchant.

Batman n’a jamais été un gentil. Il a tabassé des tas de gens. Malmené des femmes, brutalisé des gens d’ordre et de loi. Il a pourchassé des innocents aux mains plaines, des malgré eux en pagaille. Il n’a jamais souffert d’aucune pitié… Et ce n’est plus la compassion qui aujourd’hui me meut.

Je repense à Jason. La vision terrifiante que j’ai de lui, dans mon costume trop grand, trop large. Qui fait le malin une dernière fois, en recrachant à Joker une insanité dont il a le secret, hoquetant dans le sang qui lui obstrue la gorge. Et se prendre un coup de barre à mine. Et encore un. Et encore. Je boue d’une rage contenue, qui me pique les yeux et m’étouffe. Alfred qui s’obstine à brandir le vieux fusil de chasse qu’il a emprunté à la cheminée. Bane qui lui adresse un message qu’il ne pourra jamais répéter. Et qui le serre, qui le serre si fort qu’il lui brise l’échine dans un craquement que j’ai entendu mille fois, pour de vrai ou dans mes cauchemars.

La pluie ne lave rien à Gotham. Elle coule, et dilue, mais elle reste empoisonnée de toutes les immondices qu’elle charrie.

La haine et la rage me crispent le muscle maxillaire. J’ai le souvenir vivant qui m’étreint d’une autre nuit de solitude sous une pluie battante, dans un monde où l’averse peut tuer mais pas autant que ce jappement aigu annonciateur d’une tempête de griffes et de crocs. J’entends leurs murmures, leurs petits sifflets. Les chimères me chassent.

Ca ne s’arrêtera jamais.

Ils arrivent un à un, dans une nuit d’un noir d’encre. Dick. Tim. Babs. Je les distingue malgré la pluie battante, le rideau qui étouffe toute lumière et toute chaleur de cet amas de béton, d’acier et de bois que l’on appelle Gotham. La pluie masque le sang et les larmes qui noient les rues.

Cat.

Ils ont reçu mon message.

Je continue de les regarder. Dick a mûri. Ce n’est plus un jeune homme. Tim n’est plus un ado. Babs est la fille que je n’aurais jamais. Son port et son maintien sont plus raides qu’avant, plus durs. Cat…

Je retombe dans le noir du sommet de la tour, de ce plafond silencieux dont les gargouilles encadrent la flèche. Le toit pentu de la cathédrale n’est pas toujours un bon point d’observation, moins encore par ce temps. Mais il y a de l’espace, et les buildins les plus hauts alentours sont masqués par la pluie. Je reste raide, encapé, alors qu’ils discutent entre eux, s’interrogent.

| Vous avez reçu mon message. |

Je m’avance d’un pas qui cogne contre le toit de la cathédrale. Mes bottes cognent contre le sol, et je ne fais ce bruit que parce que je le veux bien.

| Merci d’être venus. |

Un regard, pour chacun d’eux, de sous le masque. La pluie ruisselle sur mon masque, ma cape.

| Je vous dois quelques explications. Sur mon dernier voyage. Sur mon éloignement. |

Ma voix ressort assourdie, atone et grésillant, de sous mon masque. Je soupire, je me lance, alors, voyant Alfred derrière eux qui me regarde avec désapprobation.

| Quand je suis revenu, j’ai cru que tout ça était terminé. C’était un soir de juin. Il y a près de trois mois. J’avais promis à Cat que j’allais me retirer. Vous laisser la place. Je pensais que la présence de Superman, de Wonder Woman et des autres, allait me permettre d’assumer mon âge, mes blessures, et tout le reste. D’accorder son repos à Alfred. De vous veiller, de vous guider, à être meilleurs que moi. |

Mon regard dévie d’eux au ciel de Gotham, relevant le visage masqué.

| Il a fallu à Joker un doute. Un seul doute. Pour prendre un orphelinat en otage, et de réserver un piège que je serais seul capable de désamorcer. |

Je les regarde à nouveau. La voix est plus dure, même si la variation pour eux doit paraître infime avec le brouilleur de voix.

| Ca n’arrêtera pas. Ca n’arrêtera jamais. En vingt ans de Gotham, on a bien vu ce que valent les promesses. Rien n’a changé. La guerre dans laquelle je me suis lancé, dans celle pour laquelle je vous ai recrutés, ne connaîtra pas de fin. Pas en suivant ces règles-là. |

Je m’avance près d’eux, me dévoile dans leur lumière.

| Il y a plus de vingt ans, j’ai été approché par Ducard. Un homme intelligent, très sage. J’en ai déjà parlé à certains d’entre vous. C’était le chef d’une société ancienne d’assassins, les hashashins. Formés pour maintenir l’équilibre du monde. Ne pas préserver l’Homme des dangers du monde, mais s’assurer qu’il surmonte ses obstacles. Cet ordre m’a formé à être l’un des leurs. A tuer sur ordre. J’ai refusé, incendié le temple. J’ai pris la fuite. Et leur enseignement mis en pratique m’a fait devenir Batman. |

Je regarde longuement Barbara, qui elle plus encore que les autres, a accompli ce genre de chemin de sa propre volonté, au contraire des autres qui ont baigné dans un univers violent dès le départ.

| Ils m’ont voué une haine tenace, toutes ces années. Je les ai combattus, quand ils ont voulu détruire Gotham, jugée irrécupérable. Je les ai encore combattus quand Cat a été injustement accusée d’une multitude de meurtres qu’elle n’avait pas commis. La Ligue s’était dévoyée, s’était perdue en route. Et pourtant, quand je suis revenu et qu’à peine la nouvelle était suspectée, que j’étais déjà testé par le Joker dans un coup qui aurait pu tuer des dizaines d’enfants, j’ai compris que continuer comme avant ne rimait à rien. |

Je regarde Cat, maintenant.

| J’ai pris contact avec la Ligue. |

J’assume. Elle sait ce que ça signifie.

| J’ai accepté les lignes d’une ancienne prophétie qui faisait de moi l’héritier de l’Ordre. Sous réserve que je pourrais la réformer. Le chef, Ducard, a refusé. Ra’s Al Ghul -La tête du Démon- m’a combattu, et a essayé de me tuer. Quand je l’ai battu, il a fait sauter la montagne. J’ai mis longtemps à survivre à l’épreuve. Et depuis l’Ordre se déchire. Je voulais vous le dire, avant que vous l’appreniez d’un autre. Et pour vous demander de vous mettre en retrait, car cette guerre va faire couler beaucoup de sang, désormais.. |

Je redresse le menton, et sans bouger le visage, les regarde tous, un à un. Ma voix n’est plus qu’un souffle, un murmure brouillé et grésillant.

| Je suis devenu Ra’s Al Ghul, et j’ai accepté ce destin. |

(c) DΛNDELION

I'm Vengeance. I'm the Night. I'm Batman.

Don't say goodbye. Don't say I didn't try... These tears we cry. Are falling rain. For all the lies you told us. The hurt, the blame! And we will weep. To be so alone. We are lost! We can never go home. The Dark Knight (c)codage - Kanala - texte (c)Long Ways to Go Yet, Howard Shore

The last war, to end all the wars

@Bruce Wayne @Selina Kyle @Timothy Drake @Barbara Gordon

«There is no real ending. It's just the place where you stop the story. »

Rien n’était éternel, je ne le savais que trop bien. Pourtant jamais dans les pires tourmentes je n’aurais pu imaginer le futur qui se dessinait pour la Batfamily. Preuve d’un reste d’idéalisme ? Peut-être, même si j’en doutais. Je n’avais plus foi en grand-chose, sauf hormis quelques symboles existants. Dont celui d’une chauve-souris. Malgré la colère affichée lorsqu’enfin Bruce reprit contact, il y avait un soupir de soulagement. Le sentiment que tout irait mieux, naïvement, malgré les clivages et les divergences. Qu’enfin, l’on verrait la lumière au bout du tunnel et que nous pourrions de nouveau nous afficher comme uni. La famille était par essence dysfonctionnel, je crois, alors une famille recomposée des plus fortes têtes de Gotham, forcément c’était explosif parfois. Alors oui je lui en voudrais de ne pas avoir donné de nouvelles ces dernières longues semaines, mais ça serait très passager. Même sûrement inexistant. Les temps de la division devait se terminer pour que de nouveau l’ordre règne. Sans surprise, Barbara et Tim ont également reçu le message. Je passe la chercher elle d’abord, parce que Batgirl était plus proche.

A peine réceptionnée, je la regarde et je sens que quelque chose ne va pas. « Tu ne montes pas ? » Et je vois son regard évoluer de manière distincte du volant vers mes mains, à plusieurs reprises. Je soufflais. « Zé-ro confiance hein. » Je lui souriais, bêtement avant de céder ma place. Profitant d’être sur la place du passager, celle la plus mortelle en cas d’accident, pour contacter Cat qui me confirma elle aussi avoir reçu la nouvelle version du batsignal. C’était là un gage de bonne volonté de ma part, preuve que je pouvais faire confiance à la tenancière. Et j’imaginais volontiers que Tim avait pu la contacter auparavant. On arrivait d’ailleurs à l’embranchement pour le faire monter. Avait-il abordé avec Babs la rixe à laquelle il avait assisté il y a quelques jours auparavant ? Il fallait espérer que non. « Vous êtes prêt à revoir le vieux ? » narrais-je sur un ton plutôt neutre. « J’espère qu’il aura une solide excuse pour s’être absenté aussi longtemps. ». Puis finalement c’est cat que l’on récupéra en dernier. Je la salua par un simple Yo avant que nous ne reprenions la route pour la vieille cathédrale de Gotham. Un lieu connu pour les affrontements dantesque entre les forces de l’ordre, le Joker et Batman. Un choix presque curieux qui attisa ma curiosité. L’atmosphère étant cependant légèrement tendue, je tentais de mettre une musique qui permettrait de réduire un peu la pression de tout le monde. Bon le trololo song n’était peut-être pas le meilleur choix finalement quand je vis la mine dépitée de certains de mes partenaires.
C’est à quatre que nous arrivons vers l’immense édifice gothique. « Un milliardaire ruinée, une tenancière d’établissement de plaisir, un étudiant informatique et deux agents du fbi. On dirait le début d’un mauvais nanar. » Grimpé au sommet ne fut pas le plus difficile même si la pluie et le vent hurlant n’étaient clairement pas des plus agréables. Cela ne m’empêcha pas de faire quelques acrobaties, plus pour me détendre les nerfs que pour impressionner la galerie. Une rencontre dans un endroit à l’abri, au chaud, avec des boissons eut été trop simple à organiser. Au moins on ne pouvait pas nier l’originalité même si l’accueil laissait clairement à désirer. Trois sur dix. Et en plus il se payait le luxe de ne pas arriver tout de suite. « S’il nous pose un lapin, je veux être le premier à lui mettre mon poing dans la figure. » C’était non-négociable.

Puis finalement l’hôte daigna se montra. Et c’est là que tout bascula, et pas seulement parce que je manqua de trébucher sur un des vieux ornements des lieux. C’est sous couvert des clapotis d’une pluie battante qu’il nous expliqua les raisons de son voyage. Son ton était plus grave mais déjà ses paroles m’inquiétèrent alors qu’ironiquement, j’en partageais les idées. Puis il aborda la ligue… qui n’était pas celle des justiciers de toute évidence. Je ne compris pas immédiatement la teneur de ces propos, toute l’ampleur du bazar énoncé. Je ne sais pas vraiment pas quoi en penser et curieusement, ce n’était pas de la colère qui domina mes premiers mots. Simplement la consternation. « Donc tu es en train de nous raconter, sur le toit de la cathédrale de Gotham, que tu es devenu le chef de la ligue des ombres après avoir failli être enterré sous une montagne. Et que nous, l’on doit rester en conflit ce qui va arriver. Ah et que tu es Ras Al Ghul. L’un des personnages qu’on a autrefois dû affronter je ne sais combien de fois au nom de la justice. » Je ne sais pas si le résumé est juste, et je m’en contrefiche. « Je… Je ne comprends pas… » Et plutôt que de parler pour ne rien dire, j’allais me taire. Un peu comme si on nous annonçait demain que le Joker reprenait le costume de Batman.

(c) DΛNDELION

The last war, to end all the wars.

Bruce, Dick, Tim, Barbara et Selina

Il y a des messages que l'on reçoit parfois et qui vous donne une drôle d'impression. Celle que je ressentais soudainement alors que je lisais ces quelques mots. Juste quelques mots après des semaines de silence. Je soupire, laissant échapper un rictus. Je n'étais pas étonnée quelque part, mais au moins, c'était une trace de vie, il n'était pas mort, c'est déjà ça. Bien sûr que j'allais m'y rendre, curieuse, cela sonnait bien étrangement. Je pose le téléphone et me lève, la soirée était déjà bien avancée et je reçois deux autres messages dans la foulée. Tim, puis Dick. Preuve s'il en était que quelque chose allait se passer ce soir et je ne pouvais pas m'enlever l'idée que ça n'allait pas me plaire. Une intuition, rien de plus que ça, mais j'essaye de rester positive. Bat était de retour en ville, c'était une bonne chose. Sortant de mon bureau, je regarde la foule qui se presse en contrebas et cherche Holly du regard. Je la trouve au bar, en pleine discussion avec l'une de mes serveuses. Et je reste là une seconde, à la regarder. Elle semble heureuse et plus épanouie que jamais, même si ce n'était pas idéal comme travail, je le sais bien, mais c'est un travail au moins. Et si demain tout devait s'arrêter ? Que ferait-elle ? Je lui faisais confiance pour ne pas retomber dans ses travers contrairement à moi. Que l'une de nous deux reste à peu près droite pour le coup. Je soupire et m'approche d'elle pour lui dire que je devais m'absenter, qu'elle ne devait pas m'attendre, que je ne savais pas quand je rentrerais, mais qu'il ne fallait pas qu'elle s'inquiète. Et sur ces mots, je refais le chemin inverse et une fois de nouveau seule dans mon bureau, je réponds à Tim, puis à Dick. Oui j'étais au courant. Et oui j'allais me rendre au rendez-vous. Il fut convenu qu'ils passent me prendre à l'angle de la rue un peu plus loin.

Et j'enfile ma tenue, celle qui fait de moi Catwoman, à moins que ce soit cette robe rouge carmin et les escarpins sur le sol qui soit ma tenue. Je ne saurais le dire avec exactitude. Une fois prête, je ferme la porte du bureau à clef et passe par la fenêtre pour parcourir les quelques toits qui me séparent du lieu de rendez-vous. Il pleut, une fois n'est pas coutume, mais ça ajoute à cette impression globale qui est la mienne. La voiture arrive et je salue tout le monde avant de monter à bord. La musique se veut distrayante, mais il n'y a pas grand monde qui parle. Mon regard se pose sur Tim avant de se reporter sur l'extérieur. La cathédrale de Gotham, en voilà un lieu de rendez-vous étrange. C'était le lieu de bien des batailles entre Batman et Joker, batailles auxquelles j'avais participé de manière régulière au fil des années. Je regarde Dick avec un léger sourire aux lèvres à ses dires. " Je n'aurais pas mieux dit." Je lève les yeux vers le sommet, là où il devait nous attendre. Il était bientôt l'heure après tout. L'ascension commence et je garde le silence, regardant Dick faire le clown, sans doute dans l'espoir de nous faire sourire. A moins que ce ne soit sa façon d'évacuer le stress qui visiblement est palpable. L'ambiance n'est pas de mise ce soir. Une fois en haut, pas de trace de Bat et je soupire, prenant appuie sur un pilier en bois.

Finalement il apparait, ce qui met fin aux discussions. Mon regard se porte sur lui, alors que je me trouvais légèrement en retrait des trois autres. Il nous remercie d'être venus et il se lance dans des explications sur la raison de son absence prolongée et son silence. Je serre légèrement la mâchoire quand il évoque le Joker et son coup d'éclat au club, avant d'ajouter que les promesses qui avaient été faites étaient vaines. Et il commence à parler de règles et je me redresse légèrement, fronçant les sourcils, mais gardant toujours le silence. Cette histoire je la connaissais et l'impression que j'avais eue en recevant le message se confirme. Quelque chose va bien changer, c'est déjà en marche. Je soutiens son regard, mais je sens la colère montée. La ligue, celle qui nous avait causé autant de tort... Comment avait-il pu.. ? Et c'est Dick qui prend la parole en premier après qu'il est annoncé qu'il était le nouveau chef de la Ligue des Ombres. Je serre les dents, les poings, j'ai une furieuse envie de tout casser, de hurler. Parce que je ne pouvais pas croire ce qu'il venait de dire, c'était tout bonnement impossible. Pas lui. Il était le justicier de Gotham, il ne pouvait pas faire ça, pas s'allier avec la Ligue. Pas après ce que j'ai subi, ce que Gotham a subi. Ce que lui même a subi, ça n'avait aucun sens. " Ce qu'il est en train de nous dire c'est qu'il bafoue lui même les limites qu'il vous a toujours imposés." Ma voix était froide, tranchante, mais je maîtrisais encore ma colère malgré tout. Même moi je ne voulais pas croire ce que je venais d'entendre. J'avais l'impression d'être dans un cauchemar, mais ce dernier me semblait bien réel.

Je me mure dans le silence, parce que je ne savais même quoi répondre à cela.

copyright Bloody Storm

Catwoman

So close, no matter how far, couldn't be much more from the heart. Forever trusting who we are and nothing else matters. Never opened myself this way, life is ours, we live it our way. All these words, I don't just say and nothing else matters.

KoalaVolant

 The Last War, to End all Wars

Bruce Wayne & Barbara Gordon & Selina Kyle & Dick Grayson & Tim Drake

Après des semaines, enfin, plutôt des mois, Tim ne s'attendait pas à recevoir un message de Bruce. Mais tant mieux, se disait-il dans un premier temps, ignorant cette voix intérieure qui lui soufflait que cela n'indiquait rien de bon. Au moins il était en vie. Tim attrapa son téléphone pour prévenir Cat, se doutant cependant un peu qu'elle avait eu le même message, avec le même lieu de rendez-vous. Elle méritait d'être au courant du retour de Bruce. Il prit soin de contacter également Dick puis Barbara, plus pour savoir s'ils pouvaient s'y rendre tous ensemble que pour savoir ce qu'ils pensaient de ce message.

Bientôt, Dick et Babs seraient là pour le récupérer, il ne fallait donc pas traîner, Tim enfila rapidement son costume de Robin. C'était la première fois qu'il allait se rendre sur la tour de l'Horloge, en costume avec tout le monde. C'était un peu stressant, il devait le reconnaître. Mais ils n'allaient pas se retrouver pour se battre contre le Joker où tout autre criminel, il était question d'écouter ce que Bruce avait à dire pour expliquer son absence. La voiture arrive et Tim sourit un peu. Pas trop surpris de voir Babs au volant et Dick sur le siège passager. Il ouvre la portière arrière et s'assoit sur le siège « Salut ! » dit-il simplement en souriant aux autres membres de la Batfamily. Il tente de croiser le regard de Dick, comme pour lui faire comprendre qu'il n'avait rien dit à Barbara, pas un mot sur ce qu'il avait vu, et ce n'était pas ce soir qu'il allait aborder la violence de Dick... « J'espère aussi... ».

Finalement, Selina rejoint le groupe et Tim lui sourit. C'était étrange de tous se retrouver, dans une voiture, en costume en direction de la vieille cathédrale de Gotham. Il regarda la ville défiler par la fenêtre, essayant de deviner ce que Bruce allait leur dire ce soir. Mais comment le deviner ? Tim ne savait pas pourquoi il avait disparu autant de temps, si, un voyage en Asie, mais il n'avait pas plus de détails en sa possession. Personne ne parlait pendant le trajet, personne n'essayait de déterminer à voix haute pourquoi Bruce voulait les rencontrer là-haut. Est-ce qu'ils avaient déjà chacun leur petite théorie ? Alors que Timothy se torturait l'esprit pour essayer de trouver les raisons de cette rencontre, le choix musical de Dick le fit sortir de ses pensée, il arqua un sourcil en regardant son frère. Quel idée de mettre ça dans ce genre de situation. Il secoua la tête, c'était du Dick tout craché, essayer de détendre l'atmosphère.

Maintenant il fallait grimper en haut pour rejoindre le « vieux » comme disait Dick. Le trac grimpait dans le corps du plus jeune. Qu'allait dire Bruce ? Dans quel état allait-il le retrouver ? Il sourit doucement à la remarque de Dick et entama sa montée jusqu'en haut de la vieille cathédrale. Il observait autour de lui ses camarades grimper. Dick faisait quelques acrobaties, toujours impressionnantes, comme à son habitude. Puis, ils arrivèrent en haut. Pas de trace de Bruce. Pas besoin d'être le plus grand détective pour remarquer que cela agaçait Cat et Dick. « Il va arriver.. » dit le plus jeune, plus pour lui que pour les autres.

Tim l'écoutait attentivement. Croisant les bras, regardant de temps en temps Babs, Dick et Cat, observant leurs réactions. Tim fronça les sourcils. Les mots de Bruce étaient clairs, mais les décisions qu'il avait prises ne l’étaient pas. Pourquoi rejoindre une Organisation que Batman à toujours combattu ? Au grand mots les grands remèdes, certes mais pas comme ça. D'abord, c'est Dick qui s'exprime pour faire comprendre sa confusion, puis Selina qui semble gérer sa colère mais utilise des mots bien tranchant. Tim jeta un regard sur Babs, ne souhaitant pas s'exprimer pour le moment. Il baissa la tête en la secouant. C'était donc vrai, on finissait par être déçu par ses héros d'enfance. « C'est aussi logique que si tu décidais de bosser avec le Joker » dit-il simplement, la voix tremblante.

PrettyGirl

— Remember that you can't save everyone

Remember that I have to try

the last war

the last war, to end all wars

A gift, curse They track and hurt Say can you dream In nightmares seems A million voices, silent screams Where hope is left so incomplete I'm running with the wolves tonight — @Batfamily

Barbara était de mauvaise humeur, ce jour-là. Ce genre de journée qui commence en se tapant l'orteil contre la table basse le matin, en réalisant qu'on a plus d'oeufs pour faire son petit déjeuner, ou en se rappelant que la lessive qu'on devait lancer n'avait pas tourné. Ces journées étaient de plus en plus nombreuses, et le temps constamment maussade de Gotham n'aidait en rien à son humeur. La situation était désespérée, tout le monde le savait, et pourtant chacun trouvait une sorte d'énergie à tenter de faire bouger les choses, chaque jour. Que ce soit par son travail officiel ou par son travail de justicier. Barbara faisait partie de ces personnes. Mais aujourd'hui, c'était difficile. Recevoir un message de Bruce était la dernière des choses à laquelle elle s'attendait, et pourtant cela arriva. Et cela n'aida pas vraiment son humeur.

Pendant ces semaines d'absence, elle avait longuement espéré qu'il envoie un message, ou à défaut, un signe de vie. Il était parti d'un seul coup, et Barbara avait perdu son mentor. Elle n'était pas seule, pour autant. Mais elle se sentait néanmoins abandonnée. A nouveau. Alors ce message aurait du la réjouir. Pourtant, cela ne le faisait pas, un mauvais pressentiment s'emparait d'elle à la place. Elle comprit pourquoi, lorsque Dick et Tim lui firent part de ce même message reçu. Si tout le monde était réuni... Cela ne lui disait rien qui vaille.

Ce fut le visage fermé qu'elle accueillit Dick venu la chercher en voiture, le soir du rendez-vous. Il sembla prendre son attitude comme une inquiétude du fait qu'il conduisait. Il y avait un peu de cela, mais à vrai dire, Babs était plongée dans ses pensées, ruminant sur ce message reçu et envisageant tous les scénarios possibles dans sa tête. Il lui proposa de prendre le volant pour aller chercher les autres et elle accepta, grimpant dans la voiture. Quelque chose qu'elle pouvait contrôler. Et cela lui plaisait. Le reste du voyage jusqu'à la cathédrale se fit majoritairement dans le silence, malgré quelques phrases des compagnons récupérés sur le chemin pour rompre le silence. La musique que Nightwing mit en fond sonore ne sembla détendre personne, Barbara la première. La situation l'agaçait d'ailleurs un peu : était-elle la seule à s'inquiéter du sujet ? Connaissant Dick plus que les autres, elle se dit qu'il s'agissait plutôt de tentatives désespérées de faire de l'humour pour alléger la situation. Soit. Elle n'en avait cure. La seule chose qui pouvait la rendre meilleure c'était une explication et des excuses. Barbara commençait à penser qu'elle n'aurait ni l'un, ni l'autre ce soir.

L'ascension du bâtiment se fit sur le même état d'esprit, chaque comparse ruminant ses idées. Lorsqu'ils arrivèrent au sommet, aucune trace du justicier masqué. Dick réussit néanmoins à la faire sourire avec sa remarque, un sourire un peu jaune, mais un sourire malgré tout. Elle s'appuya contre un rebord, croisant les jambes, attendant qu'il apparaisse, depuis l'ombre, comme à son habitude. Instantanément, elle se raidit, l'écoutant parler. Son énoncé la laissa de marbre, quoi qu'un peu agacée. S'il était venu ici après tout ce temps pour simplement leur énoncer des faits qu'ils connaissaient tous, à quoi bon ? Puis il continua, la laissant tout bonnement sans voix. Rejoindre la Ligue ? Ra's Al Ghul ? Accepter ce destin ? Barbara sentit l'espace d'un instant le regard de Tim sur elle, mais elle laissa le sien sur la chauve souris. Est-ce que c'était une plaisanterie ? Elle serra les poings, luttant contre son envie d'exploser. Heureusement pour elle, Dick prit la parole, résumant ce qu'il venait de dire et ce que tous avaient compris. Sans pour autant l'accepter. Les autres réactions ne se firent pas attendre, chacun y allant de son petit commentaire. Barbara était sidérée. Toutes ces luttes pour le bien, tout ce temps. Et cela avait servi à quoi ? A ce qu'il finisse par tourner le dos à tout ce qui faisait qu'il était lui, et qu'ils étaient tous eux comme ils étaient ? Impossible. Barbara ne voulait pas y croire. La pluie tombait en trombes d'eau, comme si le ciel lui-même pleurait, réalisant à peine les conséquences des paroles de Bruce.

« Non. » Ces mots se frayèrent douloureusement un chemin à travers sa gorge. Elle n'avait pas envie d'autodérision, d'ironie. De faire une petite blague qui aurait pu faire rire, si la situation n'était pas déjà absurde. Ce degré de subtilité ne lui était pas accessible pour l'instant. Le non était la seule chose qu'elle avait trouvé à dire, et qui pourtant encapsulait tant. Non à tourner le dos à ses principes. Non à laisser tomber le combat. Non à rejoindre la ligue des ombres. Non à cette trahison déguisée. Non à cette putain de blague qui avait déjà bien trop duré. « T'as pas le droit de faire ça. Tu donnes pas signe de vie pendant des semaines, et tu reviens pour dire ça ?! »

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The Last War, to End all Wars

Bruce Wayne & Richard Grayson & Timothy Drake & Barbara Gordon & Selina Kyle

« Tour de l’Horloge, 16 septembre 2022»

Je savais avant de venir quelle fronde je risquais de récolter avec mes révélations. Elles sont encore partielles, incomplètes. Ils ne sont pas prêts à tout entendre. Dick est perdu. Trahi par ce revirement stratégique et plus encore, par ce revirement moral. Je ne veux pas le heurter. Je ne veux heurter aucun d’entre eux. Je sais pourtant que c’est inéluctable. Que je ne peux plus rien arrêter. Je suis venu à eux par respect. Par affection, aussi. Dick résume grossièrement la situation, avec l’esprit analytique que j’ai cultivé chez lui, avec l’aide d’Alfred. Il est paumé. Je ne peux pas lui en vouloir ; je ne sous-estime pas la puissance du revirement que ça opère chez eux.

Je ne sais pas du tout comment la nouvelle sera prise par mes camarades de la Justice League, mais je me doute que même s’ils ne connaissent pas la Ligue des Ombres, sauf peut être Diana, la nouvelle risque d’être fraîchement accueillie… Je n’ai pas encore fixé comment je ferais ça, de toute manière. Ni même si je le ferais vraiment. Plus tard. Ce soir, je suis avec ce qu’il reste de ma « famille ». De celle que je me suis choisie au fil du temps, constituée dans la souffrance de nos histoires respectives.

Cat est folle furieuse. Je le vois à ses traits totalement fermés, à sa rage contenue. Elle sait. Elle comprend. Je m’attendais à ce jugement, de sa part, malgré sa moralité à géométrie variable, mon ancienne compagne a toujours eu à cœur de défendre ma propre probité, comme une forme d’innocence précieuse qu’il faudra toujours conserver. Je n’ai rien d’innocent, pourtant. Des gens sont déjà morts quand j’intervenais. Tim est plus chamboulé, et plus trahi encore que ne l’est Dick. Ca me serre le cœur. Et je serre les lèvres, bouche fermée, moue de pure résignation et de douleur qu’engendrent mes actes. Mais c’est ainsi.

La mission continue.

Barbara est en colère, aussi. Ca s’annonce compliqué. Mais j’affronte l’ire, stoïque. Je toise la seule avec qui je n’ai pas de lien presque « filial » et pourtant, celle dont j’ai longtemps été le plus proche, ou du moins, le moins en conflit, surtout en comparaison d’avec Dick à la même époque. Et proche, forcément, de Jim…

| Je suis désolé. Sincèrement. Mais c’est déjà fait. |

Le micro renvoie un murmure rauque, métallique.

| J’ai fait tout ça parce que je n’avais pas d’autre choix. |

Je déglutis, baisse un instant le regard sur les rues alors qu’une voiture de police passe non loin, la lumière de ses gyrophares courant sur la pierre.

| Enchantress et ses alliés menacent Metropolis, et par extension Gotham. Wonder Woman et Superman sont sur le coup, avec Zatanna et son groupe. Mais ce ne sera peut être pas suffisant. Ici, je vous ai vous. Mais pendant mes deux ans d’absence, la Ligue des Ombres a prospéré de nouveau… Elle a gangréné Gotham, et pire que tout, a repris Starcity entre ses griffes. Joker, Sphinx et Bane, se déchainent contre la ville et ses citoyens. Et Cat, malgré tous tes talents, ton vol le soir même de mon départ a soulevé beaucoup de questions. Des journalistes préparent des révélations, et la prison t’attendait à la clef. Ils étaient tout proches de découvrir toute la toile de nos secrets. De nos liens. De tout, en réalité. J’ai dû agir. Alors, j’ai pris les devants. J’ai neutralisé la Ligue en la rejoignant. Je devais juste assurer sa transition et ses réformes, mais Ra’s m’a mis devant le fait accompli. J’ai dû lutter pour survivre à un piège mortel. |

Je regarde les ombres danser sur les toits, tout proches.

| J’ai vu des esprits hantant Nanda Parbat dévorer les assassins qui s’entretuaient autour de nous. J’ai dû ramper, escalader, me hisser, pendant une douzaine d’heures, avant de retrouver le jour. Depuis, les centaines d’agents de la Ligue et tous leurs partenaires se massacrent aux quatre coins du monde, pour savoir s’il faut me tuer, ou me rejoindre. |

Je repose sur eux un regard d’acier noir, trempé dans dix ans de ténèbres et de désespoir solitaire.

| J’ai priorisé les problèmes, hiérarchisé les solutions. Aucun d’entre vous ne pouvait éloigner la révélation de nos secrets au reste du monde. Aucune de vous ne pouvait nous rendre Wayne Enterprise, faire le bien auprès de milliers de gens tout en nous assurant les moyens de poursuivre la lutte. La Ligue a les moyens physiques ou financiers de masquer toute trace des transactions suspectes du passé. De me rendre l’héritage des Wayne, pour en faire quelque chose de bien. |

La voix devient dure, désincarnée, sans émotion aucune.

| Personne ne pleurera la mort de dizaines ou de centaines d’agents de la Ligue des Ombres, ou de ceux qui gravitent autour. |

Impitoyable.

| Et personne ne regrettera que j’utilise les survivants pour exécuter les vœux qu’ils ont formulé : protéger l’équilibre du monde, et punir ceux qui menacent de le plonger dans le chaos. |

Dur, mais juste.

| Tous mes plans précédents ont échoué. Les règles du jeu sont faussées depuis le début. J’ai renversé la table, et j’ai changé les règles. |

Et je vais en payer le prix. Joker et Sphinx m’auront moi, mais pas eux, je m’en suis fait le serment.

| J’ai appris de mes années d’errance une leçon cruelle ; il ne peut pas y avoir de victoire si on ne jette pas tous les moyens possibles et imaginables dans la lutte. |

J’inspire profondément, je me redresse. Et tranche.

| Alfred, Jason, et tous les autres, vont enfin obtenir la justice qui leur est dûe. Je suis la Vengeance, je suis la Nuit. Il est temps que je le rappelle aux criminels qui terrorisent cette ville. |

Mâchoire serrée, regard intense, brûlant, rougi.

(c) DΛNDELION

I'm Vengeance. I'm the Night. I'm Batman.

Don't say goodbye. Don't say I didn't try... These tears we cry. Are falling rain. For all the lies you told us. The hurt, the blame! And we will weep. To be so alone. We are lost! We can never go home. The Dark Knight (c)codage - Kanala - texte (c)Long Ways to Go Yet, Howard Shore

The last war, to end all the wars

Bruce & Wayne & Selina Kyle & Timothy Drake & Barbara Gordon

«There is no real ending. It's just the place where you stop the story. »

La symbolique du lieu aurait dû éveiller les soupçons, ruine d’un temps révolu. Une foi qui ne doute pas est une foi morte disait Alfred autrefois lorsqu’il s’agissait de débattre sur la nation de bien, de mal, de ses frontières et limites. Des mots qui rejaillissaient dans ma mémoire maintenant alors que je demeurais interloqué. La voix de Selina laissait transparaître une grande colère. Je ne l’avais jamais entendu aussi ferme et glacial dans ses propos. Tim se montrait moins assuré. Quant à Babs que je sentais anxieuse depuis le départ, je sentais aussi une colère grandissante croître. Confusion, peur, colère. C’était un joli mixte explosif permettant aisément de manipuler tout un chacun. Et c’est vers cette folle hypothèse que je me retournais, tentant grotesquement de voiler une réalité qui déjà m’énervait profondément. Mais merde quoi, comment il pouvait balancer les choses aussi simplement. Lui restait austère, impassible, imperturbable. Comme toujours, et cela ne changeait pas. C’était un peu rassurant peut-être. Oui, vile tentative de se raccrocher à la roche dégringolant de la falaise. Des excuses à l’envolée, peut-être aurait-il fallu d’emblée commencer par ça. Puis finalement non, comme à chaque fois c’était la carte du jusqu’au boutisme. “Pas le choix”. Si, celui de préférer sa lutte acharnée contre le crime plutôt que sa famille.

Bruce donna ensuite le bilan de ce qui se déroulait. Comme si nous ne savions rien. Comme si nous étions incapable de comprendre l’ampleur de la situation. La marque de son insupportable paternalisme, ça non plus, ça ne changeait pas. Pourtant je ne peux que reconnaître une forme de véracité dans ses dires. Nous avions échoués, divisés, incapable de répondre manière convenable à la menace du Joker et de ses alliés. J’en portais une forme de responsabilité. La dissolution des Titans, puis leur renaissance tardive. Jason, Rachel et Alfred morts… Même si ses dires m’agaçaient, ils n’étaient pas pour autant réfutables. La question était finalement de savoir si une mesure aussi extrême que l’usage de la Ligue permettrait quoique se soit. Et si je pouvais mentir à autrui concernant mes petites dérobades à loi, difficile de soi-même se faire avaler la couleuvre d’être un parangon de vertu. De quoi renforcer l’aigreur et plus encore. J’avais envie de réagir avec grande violence, de laisser parler les poings. Mais en contrepartie, cela serait également reconnaître que le dialogue ne serait plus possible et que la partie était perdue. Pour nous, mais pour lui aussi. Je retenais presque mon souffle à chacune de ses paroles, préférant passer mes doigts sur mes tempes humidifiées par la pluie qui continuaient à battre.

Alors que l’atmosphère semblait de plus en plus lourde, le vieux continuait d’expliquer sa démarche racontant ses péripéties puis en faisant usage d’un présomptueux cartésianisme chercha à justifier sa position actuelle de maître de la ligue. Il profita de l’occasion laissé pour offrir quelques charmantes images visant certainement à témoigner d’une inédite brutalité qui avait par ailleurs toujours existé.

« Et tu seras bientôt le criminel puis le taulard. » disais-je sur un ton sec. « C’est pas contre toi, mais la théorie du moindre mal on l’a observé combien de fois à l'œuvre ? Combien de flics devenus ivre de justice l'on a coffré. D’autant que tu sais bien que moi-même, j’ai failli tomber dans cet abîme là. » Encore aujourd’hui d’ailleurs, cette dernière m’observait autant que l’inverse. Je ne souhaitais ni lui offrir colère, ni déception, cela le nourrissait même si mes poings étaient serrés. « Après tes deux chouettes monologues, j’ai plusieurs questions. Pourquoi continuer à porter le costume de Batman ? Après tout, tu aurais pu disparaître. Exécuter tes desseins comme tu le souhaitais sans nous en informer. Ce qui soulève une deuxième interrogation. Qu’attends-tu de nous ? J’apprécierais croire que tu n’es venus que par vertu cependant il doit y avoir autre chose. » Et dessus les hypothèses n’étaient pas si nombreuses que ça. Batman avait ce curieux paradoxe d’apprécier faire cavalier seul la nuit et pourtant de se lier à autrui. Un majordome, des protégés, des enfants spirituels, une femme…

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The last war, to end all the wars.

Bruce, Dick, Tim, Barbara et Selina

J'étais en colère et je sais que c'est exactement, ce, à quoi il s'attendait, venant de ma part. Il sait le passif que j'ai eu avec la Ligue, tout comme je connaissais le sien, mais jamais, ô grand jamais je n'aurais cru qu'il verrait cela comme une solution. Parce que la Ligue était absolument tout, sauf une solution à un problème. Dick était perdu, mais c'est la réaction de Tim, qui me fait le plus mal au coeur et à ses mots, je sens toute la déception et sans doute la peur que ça cache. Mon regard se porte ensuite sur la jeune Gordon. Je ne la connaissais pas spécialement, mais les garçons la tenaient en haute estime et ça me suffisait. Elle aussi était en colère. Et c'était tout à fait justifié. Mais encore une fois, il devait certainement s'attendre à ce genre de réaction. Mais il continue, semblant imperturbable, impassible, presque insensible. Et je me demande à quel moment tout à changer. Je sais que son séjour dans le multivers l'avait transformé, mais ça, je ne m'y attendais absolument pas. Il énonce alors des faits que nous connaissions. La situation actuelle n'était pas des plus avantageuses pour nous, pour eux, pour les justiciers, mais en quoi faire appel à des assassins allait régler le problème ? Cette limite qu'il avait toujours imposée, que ce soit pour moi, pour eux, pour lui. Tuer, prendre la vie de quelqu'un n'est pas quelque chose qui doit se prendre à la légère et bien que l'idée m'est effleurée l'esprit, je ne l'avais jamais fait, parce que je savais les conséquences que ça pouvait entraîner. Surtout par rapport à lui. Et voilà que cette règle est bafouée. Parce qu'il n'avait pas d'autres choix. Je ricane légèrement, sans rien dire de plus, le laissant parler encore et encore.

Et je reste stupéfaite de la suite de ses propos. D'ailleurs je cligne plusieurs fois des yeux, n'arrivant pas à assimiler ce que je venais d'entendre. Ce ton, ces propos, ce n'était pas lui. Cela ne lui ressemblait pas. Je savais que je pouvais finir en prison à tout instant, ce n'était pas franchement nouveau comme fait, mais je sais aussi que je n'y resterais pas longtemps. Blackgate est coutumier des évasions en masse, j'aurais su m'en sortir. Mais il est vrai que si la vérité avait été exposée aux yeux de tous, on aurait eu quelques ennuis. Mais est-ce que ça méritait vraiment qu'on en arrive là ? Non, bien sûr que non. Ce n'était pas dans l'optique de nous protéger et de se protéger, mais il s'agissait bien de vengeance. Il venait de le dire lui-même, Alfred, Jason, deux personnes qui nous étaient chères et qui étaient mortes désormais. Et pour se venger il fallait s'aider de ce que cette terre faisait de pire et ça n'avait aucun sens. Tim avait raison quand il disait que c'était comme s'il venait de nous annoncer qu'il faisait équipe avec J.

Dick parle en premier, je sors de mes pensées, posant les yeux sur lui. Toujours appuyer contre un pilier, je ne bouge pas davantage, préférant rester loin de Bat au cas où l'envie de lui en mettre une me prendrait. " C'est un foutu cauchemar... Je rêve putain." Je serre de nouveau les poings et reprends. " Est-ce que tu te rends bien compte une seule seconde de ce que tu viens de nous dire ? Parce que de mon point de vue, tout ce que tu nous a répété maintes et maintes fois, tout ce que tu as appris aux garçons, tout ça, tu le foule du pied. Mais si j'me trompe dis le moi surtout ." Il y avait une certaine dose d'ironie dans la fin de ma phrase, parce que c'était la vérité. Mon regard se pose sur Tim et je secoue la tête une fois de plus, inspirant et préférant me taire et laisser les autres donner leur point de vue sur la question.

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Catwoman

So close, no matter how far, couldn't be much more from the heart. Forever trusting who we are and nothing else matters. Never opened myself this way, life is ours, we live it our way. All these words, I don't just say and nothing else matters.

KoalaVolant

 The Last War, to End all Wars

Bruce Wayne & Barbara Gordon & Selina Kyle & Dick Grayson & Tim Drake

Le monologue de Bruce assommait Tim. Toutes ces choses qu'il racontait, ils en avaient toutes les quartes consciences, ils n'avaient pas besoin d'être réunis ici, sur ce toit pour entendre que le danger, l'insécurité et le crime était ultra présent à Gotham. C'était les premiers à le constater depuis des années. Raconter tout ça pour justifier sa stupide décision ne lui semblait pas juste. Pas juste du tout. Parce que pendant des années, ils avaient respecté une ligne de conduite, une ligne de conduite que Bruce lui-même leur avait dicté. Ils n'étaient pas les criminels, ils étaient ceux qui faisaient régner l'ordre.

Après tout, qu'est-ce qu'il allait différencier le Chevalier de Gotham de ses nombreux ennemis si demain, il devait combattre le feu par le feu ? Si demain, il devait travailler main dans la main avec des assassins, si demain, c'étaient ses poings qui tueraient ? Mais est-ce que Bruce s'entendait-il parler ? Est-ce qu'il constatait la violence de ses mots ? C'était troublant. Bruce demandait à ses alliés de mettre aux oubliettes des années d’apprentissage, des années à ne pas sombrer du côté sombre. Tim avait l'impression que Bruce lui demandait de tirer un trait sur ses années à l'admirer, à chercher à lui ressembler. Les justifications apportées par Bruce ne suffisaient pas. Rien ne pourrait justifier une telle décision de toute façon.

Mais le plus difficile à entendre venant de lui, c'était probablement lorsqu'il évoqua les pertes potentielles de la Ligue. Et qu'il n'en avait rien à faire. C'était vraiment dur de l'entendre parler de cette manière impitoyable. Tim fronça les sourcils, en fait, il n'avait pas l'impression d'être face à Bruce. Clairement, ses années, bloquées dans le multivers l'avaient changé, mais à ce point ? C'était surréaliste. Le plus jeune savait qu'il n'était pas le seul à ressentir tout ça, il jetait quelques coups d’œil à ses compagnons pour voir ce qu'ils pensaient de tout ça et globalement les nerfs de tout le monde était tendus, choqué par les dires de Bruce. Puis, Tim baissa la tête, lorsque la mort d'Alfred et de Jason fut évoquée. Rien que d'entendre cela le faisait replonger dans ce souvenir douloureux, celui de voir le majordome mourir, dans le manoir, seul, après les avoir protégé. Il y avait aussi le souvenir douloureux de la disparition de Jason. Tim soupira et secoua la tête, pour chasser ses images horribles de son esprit. Oui, bien sûr que Tim voulait venger la vie des deux hommes, mais pas comme ça. Ce n'était pas rendre justice à Alfred. Et c'était jouer le jeu du Joker et ça, il en était hors de question.

Selina et Dick parlent les premiers et finalement, il n'y avait rien à rajouter. De toute façon, est-ce que Bruce allait les écouter même ? Il n'allait pas faire machine arrière. Tim soupira, sans rien ajouter de plus. En entendant Dick parler, il repensa à cette soirée, celle où il avait croisé son frère passer ses nerfs sur un sous-fifre de Deathstroke. Dick avait réussi à s'arrêter à temps et franchement, c'était un soulagement. Mais maintenant, c'était Bruce qui avait totalement perdue la tête et voulait se lier à la Ligue ? Comme le disait Selina, c'était un cauchemar. Que rajouter de plus finalement ? Tim avait envie de partir, c'était trop difficile d'entendre Bruce parler comme ça et ignorer tout ce qu'il avait appris à ses protégés. « Tu penses vraiment qu'avec la Ligue, tu peux réussir à effrayer les criminels ? Ils vont voir que tu as sombré, que tu es devenu que ce que tu combattais. » Barbara n'avait pas encore parlé, mais elle allait probablement trouver les bons mots elle aussi, pour faire comprendre à Bruce qu'il avait perdu la tête.

PrettyGirl

— Remember that you can't save everyone

Remember that I have to try

the last war

the last war, to end all wars

A gift, curse They track and hurt Say can you dream In nightmares seems A million voices, silent screams Where hope is left so incomplete I'm running with the wolves tonight — @Batfamily

La pluie tombait à grosses gouttes autour d'eux, résonnant en tombant sur le sol. Barbara jetait un oeil à ses partenaires. Difficile de dire qui était le plus choqué de tous. Bruce sembla s'excuser.. jusqu'à conforter l'idée qu'il n'avait pas le choix. Barbara serra les poings. On a toujours le choix. Il avait fait le sien, seul, et les mettait maintenant au pied du mur. Elle jeta un oeil à Dick, visiblement encore plus en colère qu'elle. Cat également, se tenait de façon rigide, prête à bondir si quelque chose lui déplaisait. Tim était peut être celui qui avait la posture la plus calme, mais ses traits fermés en disaient long sur son ressenti. Quand à Barbara, elle se forçait à respirer calmement, malgré les lourds battements de son coeur. Comment pouvait-il faire ça ? Il avait reprit la parole, justifiant ses choix. Cette partie l'énerva encore plus. Il leur parlait comme à des enfants, prenant cette stature paternelle et leur enseignant exactement ce qu'ils devaient savoir. Ridicule. Ils savaient, ils vivaient dans cette ville ! Ils n'étaient pas nés de la dernière pluie, et prétendre le contraire lui donnait envie de tout casser. Elle croisa les bras, faisant quelques pas pour détendre ses jambes, se rapprochant un peu de Dick. Peut-être qu'il voyait ce monologue comme une façon d'expliquer son geste - qui ne l'était pas et qui le resterait. Mais cela avait l'effet inverse sur Barbara. L'équipe présente ici ce soir n'avait pas cessé de se battre. Même lorsque lui n'était pas là. Ce qu'il insinuait revenait à nier tout ce pour quoi ils s'étaient battus. Peu importaient les résultats, car le constat était là et il n'était pas modifiable : personne n'avait baissé les bras. Tous avaient lutté, et continuaient de le faire. Tous le feraient encore. Sauf Batman. L'homme même qui avait créé ces principes. Et qui maintenant agissait comme s'ils n'avaient pas de valeur.

Au delà du choc, de l'incompréhension et de la colère, naissait un sentiment de trahison pour Barbara. A mesure qu'il parlait, elle prenait conscience du virage qu'il avait pris, si différent de ce qu'il lui avait enseigné. Elle qui lui avait consacré tant de temps, tant d'admiration au fil de toutes ces années. Il était son héros, le père qu'elle aurait pu aimer avoir. Elle aurait sacrifié sa vie pour lui en une fraction de seconde si elle avait du le faire. Mais visiblement cela ne comptait pas. Ses idéaux se brisaient, réalisant le fossé qui les séparait à présent. Peut être même qu'il n'était pas nouveau, ce fossé. Peut être qu'elle ne l'avait juste pas vu. Un sentiment de culpabilité aussi. Et si leur inefficacité était ce qui l'avait poussé à faire ce choix radical ? Non, non. Pas besoin de lui trouver des excuses. Rien ne pouvait justifier la violence. Sous aucune forme. Leur crédo était clair, jusque là. Il avait ses failles, mais au moins ils pourraient se regarder dans la glace, le soir. La voix magnétique de la chauve souris se fit plus dure. Il énonçait un tas de choses, mais il disait surtout être prêt à sacrifier des gens pour arriver à ses fins. En quoi était-ce différent de tous ces vilains qu'ils combattaient jour et nuit depuis tout ce temps ? La justicière déglutit, réprimant un frisson de dégoût tant la situation la révulsait.

La mention finale de leurs proches morts pour leur grande cause qu'il prenait un malin plaisir à renier faillit la faire sortir de ses gonds... Encore une fois, Dick fut plus rapide et recadra l'homme d'un ton sec. Elle tourna la tête vers lui, acquiesçant d'un mouvement raide lorsqu'elle était d'accord. Il posait des questions pertinentes ceci dit : pourquoi leur en parler, alors que son choix était déjà fait. Il n'était pas cruel au point de vouloir constater les dégâts de ses propres yeux... ou bien si ? Le connaissait-elle vraiment comme elle le pensait ? Contrairement à Cat, elle ne croyait pas au cauchemar. C'était juste un énième retournement de situation dans ce monde de merde qui était le leur depuis trop de temps. Sauf que cette fois, c'était personnel. Trop personnel pour Barbara qui soutint le regard que la chauve souris semblait lui lancer, à travers son masque aussi noir que la nuit. Serrant ses bras contre elle, elle prit la parole juste après Tim.

« T'as ptêtre raison, qui sait. Les dés sont peut être pipés depuis le début, j'en sais foutre rien ! Mais ce que tu fais là... c'est pas une solution, ça l'a jamais été. Non mais est-ce que tu t'entends sérieux... C'était des paroles en l'air, tout ça ? Tes pseudo principes, tes "enseignements"... C'était pas la peine de te faire chier à nous recruter si c'était pour en arriver là. »

Elle lui en voulait. D'agir avec des oeillères, de faire comme s'il n'y avait que lui dans cette lutte qui les concernait tous. Et elle lui en voulait de l'avoir pris sous son aile, de l'avoir fait grandir. Pour mieux la jeter dans la boue ensuite et piétiner ses principes. Mais surtout, elle s'en voulait à elle-même. D'avoir si longtemps cru en cet homme et en sa vision, alors que lui n'y tenait pas plus que ça. Les criminels pourraient se réjouir de ce retournement. Le sentiment de joie et de jubilation qui allait suivre serait terrible, et ils en paieraient le prix. Tous.

« Tu parles d'Alfred, de Jason... Ils ont rejoint ta lutte et ils l'ont payé de leur vie. Et c'est comme ça que tu les honores toi ? En leur crachant dessus ?! Moi je pense qu'ils auraient honte de voir ce que tu es devenu. Ce que tu choisis de devenir. Mais ton choix est fait, hein ? On est juste des idiots priés de fermer leurs gueules et de te remercier de faire le bon choix, c'est ça ? »

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The Last War, to End all Wars

Bruce Wayne & Richard Grayson & Timothy Drake & Barbara Gordon & Selina Kyle

« Tour de l’Horloge, 16 septembre 2022»

Ils ont tous oublié. Les criminels, certains d’entre eux du moins. Jusqu’à ma propre famille. Ils ont oublié que je suis la peur, que je n’existe encore que par celle que j’inflige aux autres. Ils ont oublié que Batman n’a jamais réussi à survivre que parce que la crainte qu’il ne soit plus là guide les uns, tandis que les autres craignent simplement qu’il soit là, juste derrière eux, au moment où ils souhaitent accomplir leurs méfaits. J’ai marqué des gens. D’autres sont morts parce que j’ai agi. C’est comme ça que les choses ont toujours fonctionné. Ca m’arrache peut être dix mètres d’entrailles de m’être compromis avec la Ligue. Mais je me revois encore dire à Alfred que rien ne change jamais à Gotham, et lui me soutenir c’est l’espoir que notre nombre augmente, qu’ensemble, tous ensemble, nous soyons assez forts pour changer les choses. Mon plan est toujours en marche, et il est toujours plus que temps de venger Jason. Je les sens… Réticents. Brisés.

Tout ça, et bien… Cela fait aussi partie du plan.

Je dois poursuivre, sinon tout ce que je sacrifie ne servira jamais à rien. Je dois aller jusqu’au bout, dans une vaine tentative de tout tenter, de tout miser, pour doubler ma mise ou pour la perdre. Je les vois me rejeter. Ca me touche. Mais je n’y prends pas garde. Je suis Batman parce que depuis le tout début je peux faire le choix du paria, je peux aller plus loin, envers et contre tout. Y compris contre ceux que j’aime, et qui m’aiment. Dick me tance. Il marque un point, sur les dangers de ma stratégie, les dangers de mon plan. Il touche du doigt ses finalités, ses potentialités. Et deux questions, très intelligentes, et pleines de conséquences… Qui je suis, aujourd’hui, suis-je encore Batman ? Et de quoi ils serviront, à l’avenir, ceux qui se réclament de la batfamily ? Cat dit cauchemarder. Mon regard se tourne vers elle, masque gouttant de la pluie qui doucement se calme. Je suis dur. Plus dur que ce que je ressens. Mais c’est nécessaire, ça aussi.

| Tu te trompes, Cat. |

Je n’ai pas encore répondu à Dick.

Et baisse les yeux, vers Tim, qui touche un autre élément du doigt.

| Précisément, Robin. |

Je déglutis, à peine l’ai-je appelé par son pseudo. La dernière fois que je l’avais dit, c’était à Jason. Bien avant qu’il ne se fasse battre à mort par le Joker et ses séides. Batgirl reprend. La migraine qui ne me quitte jamais depuis mon retour du multivers revient, plus forte. La folie avec, et ses spires délicieuses, sources d’outrages, qui vrillent dans mon cerveau. Barbara n’aime pas ce qu’elle entend. Si aux autres, c’est comme si la révélation du père de famille, du chef, était sa propre corruption, elle vivait cette trahison là à une autre échelle encore. Je le vois dans ses yeux. Elle n’est pas souvent impétueuse, Babs. Mais elle est à deux doigts de succomber à la colère, à la rage. Je soutiens son regard, longuement.

| Je savais que vous preniez tous le risque de finir comme Jason, si je vous recrutais. Je pensais l’accepter. Je pensais que je serais assez fort pour ça. |

Où est-ce que ça a vrillé ? Quand est-ce que c’est devenu trop dangereux ? Quand je me suis mis à les aimer, tous ? Quand j’ai commencé à plus les protéger eux que cette ville ? Quand j’ai vu des autochtones se faire dévorer vifs, hommes, femmes, enfants, ou quand je pensais peut être que je n’étais pas revenu à la bonne époque ni sur la bonne planète ? Je soutiens encore son regard.

| Ce que vous ferez, maintenant, c’est à vous de le décider. |

je dois enfoncer le clou jusqu’au bout. C’est Dick que je regarde, maintenant.

| Je vous libère de vos engagements. De vos promesses. Vous n’avez plus à porter le masque. |

C’est Cat que je regarde, aussi. La seule qui peut me comprendre, si elle fait abstraction de la surprise et de ses sentiments. Je ne sais pas si elle comprendra, aujourd’hui. Plus tard, peut être. Je l’espère, avant qu’il ne soit trop tard.

| Vous êtes des personnes admirables, enquêteurs émérites, ou bienfaiteurs de quelque nature que ce soit. Cette guerre, je ne l’ai pas perdue. Mais elle va devenir trop sale pour ce que j’ai fait de vous, et je me refuse à vous voir impliqués dedans avec ces méthodes. Je vais tous vous sauver, y compris de ce choix. C’est là mon dernier serment. Et pour vous, mon dernier ordre ; arrêtez, pendant que vous le pouvez. |

Je revois défiler dans ma tête, sous fonds de hurlements, dix ans de tourments, pour revenir et constater ce que j’ai perdu.

| Faites le Bien. Faites ce que je suis incapable de faire. Soyez plus forts que je l’ai jamais été. Sauvez cette ville par la loi, par votre morale, votre éthique. Sauvez la parce que vous êtes des gens de bien. |

Je regarde le ciel, qui ramène jusqu’à nous le grondement de l’orage qui n’en a pas fini avec nous.

| C’est trop tard, pour moi. |

Ce serait plus simple pourtant de leur confier que ces deux années en ont été dix pour moi, et ce que j’ai vécu là-bas. Ils comprendraient. Ils m’aideraient. Et tout ça à quoi bon, pour recommencer comme avant et continuer d’échouer ?

| C’est trop tard depuis longtemps. |

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Don't say goodbye. Don't say I didn't try... These tears we cry. Are falling rain. For all the lies you told us. The hurt, the blame! And we will weep. To be so alone. We are lost! We can never go home. The Dark Knight (c)codage - Kanala - texte (c)Long Ways to Go Yet, Howard Shore

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Pour une soirée de merde, s’en était une. Peut-être la meilleure depuis la mort de Jason. Certes, il n’y avait pas de décès cette fois-ci, mais le poids de ce qui était annoncé sonnait un peu le glas de la fin de quelque chose. Était-ce une suite logique ? Oui. Notre précédente rencontre en avait été les prémices et ce n’était pas la première fois que Batman tournait de l'œil sur ses objectifs initiaux à la différence qu’Alfred qui le connaissait mieux que personne était toujours parvenue à le recadrer. Un peu comme nous tous d’ailleurs, et maintenant il n’était plus là. L’équilibre d’antan ne serait pas retrouvé, plus jamais. C’était ça le plus dur à avaler alors que les trombes continuaient à s’abattre sur nous. Si j’étais poétique je dirais que c’était le ciel qui pleurait, mais ça c’était juste pour que Batman gagne en dramatisme, encore. Colère et incompréhension dominait, mais pas suffisamment pour que je n’aperçoive pas Babs se rapprochait de moi de quelques pas. Alors je fis de même, jusqu’à ce que ma main attrape la sienne. Elle serait mon attache pour éviter que j’aille fracasser l’imbécile qui se tenait face à nous… -ou que je me fasse fracasser en essayant-. Chacun notre tour, l’on émettait nos critiques, nos réserves, nos incertitudes. Et gardant son austérité légendaire, il nous répondait sur ce ton monocorde dont il avait l’habitude, à l’abri derrière son masque.

Ce fut à Cat qu’il répondit en premier alors que l’orage semblait commencer à faiblir, enfin, laissant se dégager toute la puanteur de cette discussion. Une réponse sèche, brève, sans état d’âme qui ne parviendrait pas à la détendre. Il poursuivit avec Robin en se contentant d’affirmer son hypothèse sans plus d’explications. On les avait déjà de toute façon, aussi partielles soient-elles. Puis c’est au tour de Batgirl qui s’était montrée particulièrement pugnace et corrosive dans ses propos. Il est vrai que des quatres chérubins de Bruce, c’était elle qui avait toujours porté la plus grande admiration à l’homme chauve-souris et la chute du piédestal était haute. Depuis la fin de mes années en tant que Robyn, la rousse avait dû jouer plus d’une fois les faiseuses d’équilibre dans la relation chaotique que nous entretenions Batman et moi. Toujours, dans ma relative mémoire, elle incarnait l'apaisement qui désormais n’était plus. Alors la tension continuait à augmenter. Plus de la colère, mais de l’exaspération. Il repartait dans son monologue s’incriminant pour mieux nous donner le beau rôle, comme pour mieux faire passer la pilule. Quoiqu’il en dise, quoiqu’il en pense, Batman n’avait pas changé. Égal à lui-même, à porter le monde sur ses épaules.

« C’est un risque que l’on a toujours couru, de mourir. Dès la première mission. » Et où j’avais fini à l'hôpital, preuve qu’il y avait eu du progrès après pour les autres. « Tu crois vraiment que nous avons accepté la mort de Jason ? Personnellement j’en cauchemarde encore parce que j’aurais pu l’arrêter avec Cassandra et que l’on a rien fait. Et je suppose que pour les autres c’est pareil. » Je me retournais vers eux même si, Selina était d’une manière moins concernée que Babs et Tim. Surtout Tim avec qui il y avait une relation forte. Sa mort nous a toutes et tous marqué. « Tu n’étais pas là, tu n’aurais rien pu faire. Tu n’as pas le monopole du fardeau des morts ou de la tristesse. Et que tu puisses montrer un tant soit peu ce que tu ressentes sur le sujet, c’est un peu rassurant. » Montrer ses sentiments était-ce si difficile pour lui. « Je donnerais tout pour le revoir… » Si nous ne nous étions pas fourvoyés, Cassandra et moi, Jason n’aurait pas péri.

Bruce poursuivait en contant que nous étions des personnes admirables, parfait je ne me comptais pas dedans ce qui faciliterait la suite de l’échange, je crois. Et parce que ça commençait à bien faire d’entendre des idioties. « Tu nous y plonges dans ta guerre. Sauf qu’à défaut d’être à tes côtés, l’on risque de se retrouver dans des camps opposés. Tu en as d’autres des plans de génie ? » et la voix s’élevait bien malgré moi, préférant desserrer l’étreinte de ma main sur celle de Babs afin de ne pas lui faire mal. « Ce que je vois, c’est toi tout craché. Tu n’as pas changé. Toujours à souhaiter nous protéger, à garder tes secrets, à porter de nombreux fardeaux pour éviter que nous ayons à en souffrir. Malgré les difficultés et tes propres désirs, tu as toujours su, avec plus ou moins de réussite, faire prévaloir la difficulté. Et c’est pour ça qu’à titre personnel j’essaye de défendre ton héritage. » Je ne parlerais pas pour Selina, Babs et Tim. Nous avions tous des histoires bien différentes avec lui. « Abandonner à la première tempête, c’est reconnaître que la Batfamily n’a jamais rien était. » Quelle douce ironie de dire ça alors que c’était ce qui s’était déroulé avec les Titans en 2019 d’une certaine manière… et avec Batgirl.

« Si c’est trop tard pour toi, ça l’est aussi pour Selina vu son passé de criminel. Et peut-être aussi pour moi, je crois. » La pique était gratuite, mais certainement actuellement valait-elle mieux que moi d’autant qu’elle avait suffisamment d’élément pour comprendre mon allusion. Je n’en dirais pas plus. M’avançant vers lui, le visage crispé mais les mains dévoilées pour ne pas montrer d'agressivité, je finis par poser ma sénestre sur son épaule. « Je suppose que ton choix est fait. » Je retournais le visage vers mes trois comparses, un léger sourire triste. « J’espère qu’ils parviendront à te convaincre car j’ai plus rien en réserve moi. » Mon regard se figea dans le sien, alors que ma main droite allait chercher quelque chose proche de ma ceinture. « Malgré nos divergences, je peux entendre ta décision… » Toujours avec la même main, récupérant un traceur d’un demi pouce (1,2 centimètre), je tentais au mieux de le placer discrètement sur sa cape. Ne restait plus qu’à espérer qu’il ne s’en rende pas compte ou que la pluie ne le décolle pas. « … même si je suis désolé de te dire que nous serons certainement forcés de nous confronter tôt ou tard. » Cette hypothèse n’était pas réjouissante. J’enlevais la main gauche de son épaule.

Je reculais de nouveau, reprenant place près des miens puisque Batman avait de lui-même décider de s'exclure.

(c) DΛNDELION

The last war, to end all the wars.

Bruce, Dick, Tim, Barbara et Selina

Je l'écoutais sans vraiment le faire, perdue dans mes pensées, essayant déjà de calmer ce sentiment de colère qui montait toujours un peu plus au fur et à mesure que les minutes passaient. Si je faisais abstraction de ce que je ressentais, le choix était logique et même si ça me tuait de l'admettre, c'était peut-être une chose à faire, mais en dernier recours. Et là, il y avait encore des choses qu'il pouvait mettre en place sans avoir à en arriver là tout de suite. C'était trop radical. Mais d'un autre côté, il parlait de la Ligue, celle à cause de qui j'aurais pu perdre ma liberté et possiblement la vie si j'étais restée à Blackgate, sans compter l'accueil plus que chaleureux qu'ils nous avaient réservé quand on était allé leur rendre une petite visite. Lui avait balayé cela d'un revers de la main. Moi je ne pouvais pas. Il n'était pas question que je pardonne. Je repose les yeux sur la chauve-souris quand il soutient avec aplomb et froideur que je me trompais. J'eus un léger rictus, mais mon regard était froid. Et il continue sur sa lancée en disant que dorénavant, nous pouvions faire ce que bon nous chantait. Bah tient première nouvelle, mais je sentais que ça s'adressait plus à eux qu'à moi. J'avais toujours été libre de mes choix, de mes actions, même si je m'en mordais parfois les doigts. Je regarde Tim, puis Batgirl et enfin Dick. Qu'est-ce qu'ils vont bien pouvoir faire maintenant ? Moi j'en avais une petite idée, mais ce n'était pas à moi de les en dissuader. Pas alors que je m'enfonçais toujours un peu plus dans ma croisade contre J.

Je croise de nouveau le regard de Bat et je me demande ce qu'il peut bien attendre de moi à partir de maintenant. Pas que je me tienne à carreaux, ça c'est une certitude. Que je comprenne ? Impossible dans l'immédiat. Que je cautionne ? Jamais. Alors quoi ? Il reprend la parole et je ne l'écoute même plus, marchant de long en large, les mains croisées dans le bas de mon dos, essayant de faire abstraction de tous sentiments, de toute envie de lui mettre ma main dans la gueule et de le secouer comme un prunier pour lui faire comprendre que ça ne va pas. Mais je devais me résigner. Il avait choisi la ligue. Et même si ça me faisait mal de l'admettre, j'éprouvais une certaine forme de soulagement parce que je n'aurais plus de culpabilité à réellement faire mal pour arriver à mon objectif. A celui des Birds. Dick reprend la parole, alors que je suis toujours en retrait et en mouvement. Je l'écoute parler de la mort de Jason et mon coeur se serre une seconde. Ce n'était pas juste, il n'aurait pas dû mourir. On aurait peut-être pu s'occuper de J bien avant, régler le problème une bonne fois pour toutes, mais ça aurait été prouvé que ce maudit clown avait raison, que Bat ne valait pas mieux qu'eux. Et durant des années, je m'étais battue pour que ce ne soit pas le cas. Et cela n'aura, au final servit à rien. Une déception de plus, sans doute l'une des plus amères.

Je fronce les sourcils aux dires de Dick. Il sait que je vais comprendre ce qu'il sous-entend, mais je garde le silence. Après tout ce n'est plus le problème de Bat, ce n'était pas réellement le mien non plus, mais je ne le laisserais pas non plus. Il conclut en disant qu'il nous laissait le soin de le raisonner. Même moi je ne pourrais pas, il a fait son choix après tout. Un léger silence s'installe et je sens que c'est à mon tour de dire quelque chose. Je m'arrête de marcher alors que je suis au bord du toit et je contemple la ville qui s'étale sous mes yeux. L'eau coule sur ma combinaison, mais c'est habituel. Je me retourne, toujours au bord du toit et je regarde les trois plus jeunes avant de poser un regard totalement inexpressif sur Bat. " Je ne vais pas essayer de te faire changer d'avis, je sais que ce n'est qu'une perte de temps." Je le connaissais après tout. " Vu que tu t'es allié à la Ligue, je suppose que tu as garder Talia à tes côtés..." Ce n'était même pas une question, j'étais persuadée qu'elle devait être contente de l'avoir récupérer pour accomplir cette prophétie ridicule. Mais soit. " Je n'ai que trois choses à te dire. La première c'est de tenir ta nouvelle... Partenaire loin de Gotham." Mais bon ça je n'en étais pas certaine, elle allait certainement trouver un moyen de venir me narguer, d'une manière ou d'une autre. " Ensuite je ne veux aucuns de tes sbires dans mon club. Si tu as quelque chose à me dire tu te déplace, sinon tu t'abstiens." Au moins, on ne pourra plus venir me dire que je suis en contact avec Bat, je sens que ça va considérablement se réduire. " La dernière chose, c'est que tu peux tabasser autant de vilains que tu veux, j'en ai rien à foutre, mais Joker est à moi. Et aux Birds. Si tu t'interpose, on va avoir un souci." Au moins c'était clair. Et ce ne serait pas la première fois qu'on en viendrait au mains tous les deux, même si là, il n'y aura plus de retour en arrière possible. " C'est tout pour moi." Je me retourne et expire légèrement. Je me sens mal.

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Catwoman

So close, no matter how far, couldn't be much more from the heart. Forever trusting who we are and nothing else matters. Never opened myself this way, life is ours, we live it our way. All these words, I don't just say and nothing else matters.

KoalaVolant

 The Last War, to End all Wars

Bruce Wayne & Barbara Gordon & Selina Kyle & Dick Grayson & Tim Drake

En recevant le message de Bruce, ils savaient tous qu'ils n'allaient pas passer un bon moment. Ils n'étaient pas le genre de famille qui se réunissait pour de bonnes nouvelles. Mais est-ce qu'ils pouvaient tous se douter que Bruce les assommerait avec une telle nouvelle ? Sûrement pas. Et les choses n'allaient pas en s'arrangeant, chaque nouvelle prise de parole de Bruce était pire que la précédente et peu importe ce que les membres de cette famille pouvait lui dire, c'était comme s’il ignorait, comme si il était impossible de lui faire changer d'avis. Finalement, c'est Barbara qui avait raison, ce n'était qu'une bande d'imbéciles priés de fermer leurs bouches.

Tim observait Bruce, il remarqua déglutir en l'appelant Robin. C'était la première fois qu'il l'appelait comme ça. Ce qui aurait pu être très plaisant et même émouvant dans d'autres circonstances. Mais rien n'allait dans cette soirée entre sa stupide décision et les rappels constants de la mort de Jason, de celle d'Alfred. « C'est pas juste que tu utilises sa mort pour justifier ça. Tu sais ce qu'il penserait, ce qu'il dirait s'il se trouvait à ma place. » Puis Tim posa son regard sur Dick, avec un pincement au cœur lorsqu'il évoqua sa tristesse d'avoir perdu Jason et aussi ce sentiment de culpabilité. Il savait très bien que son plus grand frère souffrait de cette perte et que la culpabilité le rongeait chaque jour un peu plus. Ils souffraient tous. Tim avait envie de s'approcher de son frère, le prendre dans ses bras, lui dire qu'il n'avait rien fait de mal, que la seule personne qui avait du sang sur les mains c'était J. Mais il tourna sa tête vers Bruce qui venait encore de dire un truc incroyable.

Il écarquilla les yeux. Avait-il bien entendu ? Ils avaient le droit de quitter le masque ? De laisser tous les engagements derrière ? Non. Ce n'était pas envisageable une seule minute, une seule seconde. Quitter le masque c'était admettre sa défaite. C'était laisser le crime gagner encore, laisser le chaos s’étendre un peu plus... Mais le plus jeune avait quand même envie d'arracher son masque, de le jeter par terre, le laisser se noyer dans une flaque, d'aller dire à Bruce de se faire foutre. Il n'avait pas le droit de leur demander d'arrêter, pas après des années à essayer de lui ressembler, de faire comme lui, de croire en la justice, de croire en ses héros. Il voulait les protéger ? Ne pas les laisser finir comme Jason ? Comme si s'associer à la Ligue allait régler le risque qu'ils meurent. Tim hocha la tête quand Dick lui répondit. Non, il n'allait pas jeter ce masque à terre et partir, enragé. C'était jeter à la poubelle toutes ces années à s'entraîner, toutes ces années à s'éduquer avec Dick et Jason. C'était laisser derrière lui un paquet de souvenirs, comme s’ils ne signifiaient plus rien. Être Robin était important pour lui, c'était rendre hommage à Jason, à sa façon, c'était continuer son combat.

Il ne rajoutait pas grand-chose aux paroles de Selina et Dick, finalement les deux exprimaient bien ce qu'il pouvait ressentir. Mais plusieurs inquiétudes naquirent pour Tim. Il avait peur que Dick sombre à son tour, comme Bruce, après tout, il l'avait vu. Il avait témoin d'une violence terrible de la part de son frère. Ça l'effrayait un peu de voir Bruce partir alors que Dick avait tout ça en lui. Mais bon... il en parlerait peut-être à son frère au moment venu... Donc pas maintenant.

L'autre inquiétude... C'était de se retrouver contre Bruce. Se battre contre lui, plutôt qu'avec lui. « J'ai pas envie de me battre contre toi, Bruce. » dit-il doucement, en reniflant, essayant de cacher ses émotion. « Mais j'imagine qu'on a pas le choix. » dit-il en haussant les épaules. Dick s'approche de lui pour lui dire au revoir. Selina lui demande de lui laisser le Joker. Peu importe... Chacun réagissait comme il pouvait... Tim resta figé, ici, comme depuis le début. Que faire, que dire de plus ? Finalement ils étaient en train de dire adieu à Batman et au Bruce qu'ils connaissaient. Qu'il avait idéalisé. Il n'allait pas essayer de trouver mieux à dire, il était résigné. La Batfamily n'était plus ce qu'elle était, et elle ne serait plus jamais ce qu'elle avait été. Dommage.

PrettyGirl

— Remember that you can't save everyone

Remember that I have to try

the last war

the last war, to end all wars

A gift, curse They track and hurt Say can you dream In nightmares seems A million voices, silent screams Where hope is left so incomplete I'm running with the wolves tonight — @Batfamily

La pluie continuait de tomber, et la situation ne s'améliorait pas. Finalement, peut-être que Cat avait raison. Peut-être que c'était un vrai cauchemar duquel ils ne pouvaient pas se réveiller. Barbara sentait une sorte de malaise s'emparer d'elle, graduellement, insidieusement. Chaque seconde qui passait accentuait son dégoût. Chaque phrase qu'il prononçait manquait de la faire tomber au sol. Elle avait envie de hurler, de crier son désaccord et sa déception. Si toutefois elle arrivait à faire des phrases. Mais les mots de ne sortaient pas, et prononcer ces quelques phrases agressives lui avait coûté beaucoup d'énergie. La chauve-souris, pendant ce temps, n'en démordait pas. Il était convaincu, droit et fier. La descente était trop grande pour Babs, qui n'en croyait pas ses yeux. Mais l'heure n'était plus à la désillusion, même si elle peinait encore à s'en détacher. Il avait été clair, peut-être pour la première fois depuis longtemps. Batgirl se doutait qu'il leur cachait tout de même des choses, il n'était pas aussi ouvert. Il avait beau dire qu'il tenait à eux, il leur dissimulait parfois beaucoup, pour les tenir éloignés. Cette attitude, elle avait pu s'y habituer, venant à considérer l'homme comme une figure paternelle, pour elle qui en avait cruellement manqué, sans vraiment le savoir. C'était la raison pour laquelle ce qu'il disait lui déchirait le cœur. Elle avait l'impression de perdre son idole, son mentor, son ami, et son père. Et tout ça, en une soirée.

Dick s'approcha d'elle également, glissant sa main dans la sienne. Elle tenta de se détendre, mais les inspirations qu'elle prenait étaient saccadées et peu reposantes. La jeune femme se sentait prête à exploser, à céder à la colère. Le contact de son ami arrivait cependant à tempérer un tant soit peu ses impulsions. Barbara écarquilla les yeux, abasourdie en entendant les paroles de Bruce. Alors là c'était le pompon ! Parce que lui abandonnait le combat, il fallait qu'ils en fassent autant ? Et puis quoi encore ? Autant prendre toute son existence et la jeter par la fenêtre, cela aurait le même effet. Elle avait grandi en entendant les histoires de super-héros et de Batman. Elle avait construit toute sa vie autour de lui, autour de la lutte pour la justice. Abandonner cela c'était tirer un trait sur toute sa vie. C'était annuler tout ce pourquoi elle avait lutté, tout ce pourquoi ils avaient tous lutté, collectivement. Impossible.

Dick reprit la parole, et Barbara se tourna vers lui lorsqu'il évoqua la mort de Jason... et la culpabilité. Des discussions animées avaient eu lieu, de nombreuses fois, entre Batman et Dick, lorsque les méthodes divergeaient. Le chemin du jeune homme avait été sinueux, pour le moins. La mort de Jason les avait tous secoué, mais lui particulièrement. Son ombre planait toujours. Barbara serra un peu plus fort la main de Dick dans la sienne, tentant de lui faire passer un peu de réconfort. L'annonce de Batman ne devait rien faciliter pour lui. Il s'agaça de nouveau, et elle hocha la tête lorsqu'il insinua qu'ils pourraient se retrouver dans des camps opposés. Barbara se demanda quelles seraient leurs réactions respectives, si cela devait arriver. Imprévisible, impossible de le savoir avec certitude. Comment faire pour avoir le dessus sur quelqu'un qui vous a appris tout ce que vous savez ? Sans compter le fait que ce qu'ils faisaient était dangereux, pour tous. Et si quelqu'un venait à mourir dans l'affrontement ? Il s'approcha de l'homme en costume, posant sa main sur son épaule. Puis Cat prit la parole, semblant abandonner le combat pour le ramener du bon côté, ce qui la rendit furieuse. Elle émit des conditions, prête à s'accommoder de la situation. Barbara l'observa, incrédule. Comment pouvait-elle le laisser sombrer comme cela ? Ce fut au tour de Tim, visiblement détruit par l'annonce, de s'exprimer. Batgirl sentit un frisson remonter son échine, lorsqu'il vint appuyer ce que Dick leur avait déjà dit. Ils seraient dans des camps différents.

Barbara fit quelques pas, se séparant du groupe et se plaçant entre lui et la chauve-souris. Elle se tourna vers ce qu'il restait de la Batfamily, sans chef de famille.

« Alors c'est tout ? Vous voulez baisser les bras et le laisser faire une énorme erreur ? »

Ce n'était sans doute pas judicieux de risquer de se mettre à dos le reste des justiciers présents, mais la colère guidait ses mots, et elle peinait à se contrôler. Elle se tourna ensuite vers Batman, le fixant droit dans les yeux, espérant toucher son âme, à défaut de son cœur. Elle reprit, le cœur battant au même rythme que les grosses gouttes de pluie qui tombaient à présent.

« T'es pas le seul à avoir souffert, ou à souffrir encore. Je pense que j'ai pas besoin de lister tout ce qu'on a tous perdu, autour de toi. Toi y compris. C'est la merde, ici, partout. Mais on était une famille, on pouvait compter les uns sur les autres. Une famille unie autour d'un même symbole, ton symbole putain ! Si tu veux faire comme si ça ne comptait pas pour toi, alors soit, fais ce que tu veux. Mais j'abandonnerai pas. Je te combattrai, si c'est ce que tu m'obliges à faire, mais jamais je laisserai tomber ce symbole qui nous a tous unis. Même si je dois en mourir. Parce que je veux pouvoir me regarder dans la glace et savoir que quelqu'un en a encore quelque chose à foutre. »

Les poings serrés, elle n'avait pas bougé, faisant face à cet homme dont elle ne savait plus quoi penser. Elle jeta un œil aux autres à côté d'elle, espérant qu'ils étaient de son avis. Elle reporta son regard sur Bruce, le voyant se brouiller, mais sans doute pas à cause de la pluie.

« Je crois qu'on a plus qu'à se dire adieu. »

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The Last War, to End all Wars

Bruce Wayne & Richard Grayson & Timothy Drake & Barbara Gordon & Selina Kyle

« Tour de l’Horloge, 16 septembre 2022»

A cet instant précis, je me souviens des discours de plateaux télé pendant des années, qui débattaient sans cesse des intentions que tous ces chroniqueurs et présentateurs, vedettes du petit écran, prêtaient à Batman. Certains parlaient de moi comme d’un héros, d’un justicier. D’autres comme d’un frustré social et émotionnel, une sorte de sociopathe et de menteur pathologique. A peine meilleur que les tarés que je traquais, mais pas bien différent. Il y avait les derniers, qui me catégorisaient comme un fasciste en puissance, un homme qui fait régner la Loi par la terreur dans les rues de Gotham. Est-ce que c’est ce que je suis devenu ? Un extrêmiste, qui se donne pour excuse la loi pour commettre ses méfaits ? Je ne sais pas. Je ne sais plus grand-chose. Ce qui m’étonne, tout compte fait, c’est qu’aucun ne met sur le compte du multivers et de mes années de disparition ce qui m’arrive ; aucun ne semble faire ce lien. C’est une information dont je dois tenir compte. Ils se doutent que je n’ai pas besoin d’un énième traumatisme, de dommages psychiques supplémentaires, pour me compromettre.

Ils s’attendaient sans doute à ce que ça arrive, un jour ou l’autre.

Ils ne sont pas surpris. Sur le moment, oui. Mais ils n’ont pas besoin de mes raisons. Ce n’est pas tellement qu’ils s’en fichent, c’est autre chose. J’ai brisé un tabou, un interdit. J’ai soulevé la table pour la renverser, et flanquer par terre le jeu pratiqué jusque là.

J’espère que ceux que je traque auront la même réaction.

Mon regard se durcit, sous mon masque. La colère me gagne, pour la première vraie fois depuis le début de ce petit rendez-vous. J’inspire, par le nez. Une pleine bouffée d’oxygène. Distribuer des remontrances ne servirait à rien. Je ne suis pas sûr d’avoir déjà été légitime pour le faire, et aujourd’hui, je ne le suis assurément plus. Dick aurait pu empêcher Jason. Mais il ne l’a pas fait. Si j’ai failli comme père, ils ont failli comme frères, comme amis.

| Les cauchemars sont la monnaie des drames, Nightwing. Et les intérêts se paient à vie. Toi, tu es encore là pour pleurer Jason. Lui n’a plus de larmes à donner. | Je reporte mon regard sur Tim. | Il n’y a pas grand-chose de juste dans ce que nous vivons tous depuis le début. Mais je crois qu’au contraire, Jason m’aurait plus compris que vous tous, Robin. |

Mon cœur se serre, j’étouffe. Je serre les dents. La rage supplante tout. Je ne le blâme pas. SI je ne serais pas parti, Jason n’aurait pu se rendre seul à cette embuscade, et j’aurais peut être pleuré un autre fils. Il est trop tard pour défaire ce qui a déjà été fait. Je médite ses paroles, pèse mes mots. Les ombres s’agitent, quand il me touche. Je le laisse abdiquer, en apparence. Mais je connais Richard mieux que personne. Il ne compte pas abandonner, pas comme ça. Je regarde mon épaule, quand il a fini, et se recule. Je n’ai rien senti. Mais ma paranoïa d’une vie dans les bas fonds de cette ville me suffit.

| J’ai vu des choses que vous ne pourriez pas croire. J’en ai fait de terribles, aussi. |

Dans le lointain, l’orage gronde. Suis-je encore le Bruce qu’ils ont connu, avant les chimères et les Unagr, et ces années de survie dans la mangrove et dans l’horreur indicible des traqueurs d’outre-monde ? Plus de vingt ans d’expérience. Trente, si on compte les années que je n’ai partagées qu’avec Diana et contées à personne, sur la planète qui nous accueillit après notre dernier saut dans l’espace et le temps. Et il croit qu’en le connaissant, je ne vais pas me douter que tout ça est un peu trop facile ? Je tourne légèrement le bouton sur ma ceinture permettant le courant électrique, qui aligne ou pas les mailles de ma cape. Juste un peu, pour changer la polarité. Et un tout petit objet tombe. Je ne sais pas de quoi il s’agissait, micro, traceur, qu’importe.

J’écrase le capteur, qui craque sous la dure semelle de ma botte..

| Il te faudra faire mieux que ça, alors, si tu souhaites aller plus loin dans la confrontation. |

Le ton est menaçant. La situation dégénère un brin. Mais je n’ai pas terminé. Il y a d’autres choses à dire. Ils ne me demandent pas plus d’explications, et je ne leur en donne pas. J’ai évoqué brièvement ce que j’ai dû faire pour blanchir les uns, protéger les autres, condamner le reste. Je n’ai rien dit sur le fait que j’étais bien forcé de prendre le contrôle de la Ligue, pour obtenir cette arme en sa possession, cette antidote au plus terrible des maux de l’Humanité. Et cette carte maîtresse, non pour protéger l’Humanité, mais pour la venger. Si on doit en arriver là. Je regarde Cat, qui trépigne de colère, de déception. Je sens son malaise ; elle doit avoir le tournis, le cœur au bord des lèvres. Je ne vais pas la serrer, la prendre par la main. Je ne bouge pas.

| C’est même elle que je suis allé voir en premier, Cat. Et aujourd’hui, elle est mon bras droit. La Fille du Démon. | Pause. | J’ai besoin d’elle. |

Je ne dis pas pourquoi. S’ils oublient leur colère, ils en comprendront la raison. Sinon, tant pis. Chaque vérité n’est pas bonne à dire. Mon regard se durcit à nouveau. Cat a fait ses choix. Talia les siens. J’ignore ses avertissements ; avons-nous déjà atteint un point de non-retour ? Est-ce que les choses auraient été différentes, si Cat avait accompli ses promesses et ses serments, m’avait attendu ? Ca ne suffirait sans doute pas. On ne le saura jamais.

| Tu as eu ta chance, Cat. Tes… Amies… Aussi. Maintenant, c’est mon tour. Avec mes méthodes. |

Aucune compromission d’aucune sorte, l’inverse du Black Cat, et des Birds of Prey dans leur nature même. On me rétorquera que je me suis compromis avec la Ligue des Ombres, pourtant.

Nous verrons, pourtant, comment l’histoire se finira.

Robin est à bout, de son côté. Je l’entends renifler. Il est sensible. Plus que les autres. Il n’a pas forcément vécu moins d’horreurs, mais il a peut être moins laissé de son Humanité que tous les autres.

| Moi non plus, je n’en ai pas envie, fils. Mais je fais ce pourquoi je suis fait. |

Je les combattrais, à ma manière, s’ils ne m’en laissent pas le choix. Batgirl prend le relais. Et Barbara continue sur sa lancée enflammée. Elle s’interpose, véhémente, et je la vois prête à dégoupiller, tremblant de colère difficilement contenue. Il y a tant de vrai dans ce qu’elle dit, mais rien de ce que je pourrais dire pour me défendre n’aurait grâce à ses yeux. Pas maintenant, et pas ici. Je la toise, alors que sa menace tombe comme un poids qui nous écrase tous. C’est la conséquence logique de toute une succession d’événements, de leur recrutement, leur entraînement à nos expériences partagées, et aux vérités que j’ai communiquées ici. J’ai la gorge serrée. Le palpitant qui cogne, lourd, dans ma poitrine. Elle me combattra, s’il le faut.

| Ainsi soit-il. |

La phrase achève, comme une tonne de plomb qui tomberait sur le toit, l’escalade vers un nouveau cycle de violence bien différent des anciens. Plus terrible, sans doute. Et qui me mortifie.

Mais tout cela fait partie du plan. Je suis capable de l’endurer. Ou bien je chuterais, pour de bon cette fois. Je les regarde tous, un par un, dans un long silence qui s’éternise entre toutes ces âmes malmenées dont on entendrait presque qu’elles se brisent.

| Une dernière chose. |

Je lève une main gantée pour pressée un point contre l’oreillette droite de mon masque. Et l’ordre est lâché, rauque et métallique, déformé par le micro de mon masque.

| Havi. |

Des toits des buildings surplombant la cathédrale s’élèvent des ombres. Mouvantes, elles glissent en dehors des ténèbres et se tiennent derrière les parapets, sur les gargouilles ou accroupies au bord du vide. Turbans et masques grimaçants réflétant la lueur des éclairs striant l’horizon, sabres au poing. Ils se figent, alors, en figures dangereuses et contemplatives. Des agents, dans un nombre indéfini. Ils toisent la scène. Je ne me leurre pas sur la nature de leur fidélité. Mais ils restent là, parfaitement immobiles en dehors des lanières de leurs protections et bas de turbans qui volètent dans les bourrasques de l’orage qui arrive.

Les lâcher du regard me déchire l’âme. Je sais que c’est un au revoir. J’espère que ce n’est pas un adieu.

Le plan est en marche, maintenant.

Et je ne serais jugé que sur mes actes, pas sur mes intentions.

Je me détourne, et ça me met en charpie. Sans me retourner, mon dernier ordre, debout sur la corniche, bras qui s’écartent en clipsant les pans de ma cape pour déployer mes ailes.

| Lorsque mon signal illuminera le ciel, ne sortez pas. |

Et plonge dans le vide.

(c) DΛNDELION

I'm Vengeance. I'm the Night. I'm Batman.

Don't say goodbye. Don't say I didn't try... These tears we cry. Are falling rain. For all the lies you told us. The hurt, the blame! And we will weep. To be so alone. We are lost! We can never go home. The Dark Knight (c)codage - Kanala - texte (c)Long Ways to Go Yet, Howard Shore

The last war, to end all the wars

Bruce & Wayne & Selina Kyle & Timothy Drake & Barbara Gordon

«There is no real ending. It's just the place where you stop the story. »

Les choses dégénéraient lentement. Il était probable que Batman rêvait d’un meilleur accueil au vu de la teneur de ses propos ou plutôt une meilleure compréhension de notre part. Aucun de nous ne lui offrait de l’empathie, mais difficile de faire autrement. Il nous prenait en défaut sans crier gare, chauffant canicule et blizzard. Impossible de ne pas le voir comme un antagoniste sur l’instant. Les mots qu’il employait étaient comme des balles perforantes. Ceux sur Jason me laissaient particulièrement amer. Mais merde, il croyait qu’on avait pas tenté avec Wonder Girl de le dissuader de faire sa connerie. Pensait-il vraiment que nous n’avions que ça à faire à l’époque ? Le surveiller alors que le monde brûlait. C’est ce qu’un grand frère respectable et conscient de ses responsabilités aurait dû faire. Ma gorge se nouait et nombreuses de mes articulations se serraient. J’avais envie d’hurler que Bruce avait tort, mais je savais pertinemment qu’il était dans le vrai. Je tentais de déglutir cette colère qui montait, pas tant contre lui, mais bien contre moi-même. Je gardais bien trop fraîchement en tête notre dernier échange. Une dispute d’apparence ordinaire. Ce n’était pas la première et je ne songeais nullement que cela serait la dernière. Nous avions des points de vue relativement différents sur de nombreux sujets, cependant nous avions toujours eu une complicité un peu particulière. Une que ce dernier avait aussi avec Tim et Babs de nature différente. C’était l’avantage d’être au centre de la fratrie. Son ombre filant, claquant la porte une dernière fois avec une injure.

De nouveau il invoquait le nom de Jason et s’en était trop. « Et Alfred réprouverait toutes tes actions et les condamnerait. » Le ton était tranchant. Facile d’invoquer les morts quand ils n’avaient plus voix au chapitre, alors pourquoi s’en priver. Il parlait, parlait. Sans apporter rien de plus à la conversation. Toujours la même rhétorique, sans aucune explication. Il ne se confiait jamais, sauf peut-être à Selina et si ce fut le cas, celle-ci n’avait plus le bénéfice d’être la personne à qui se confier. Nous en prenions tous pour notre grade. Je tentais une malice qui ne trompa pas l’homme chauve-souris qui se montra plus menaçant. « Ce n’était pas pour chercher la confrontation… mais pour mieux comprendre. » Y avait-il quelque chose à comprendre seulement. Ce fut Cat qui prit le reste de la colère de Batman en évoquant Talia et je ne pouvais que comprendre en partie la colère qui pouvait désormais l'atteindre.

La fin des échanges furent ubuesques et finalement notre interlocuteur invoqua ses sbires nous entourant sur les toits autour de la Cathédrale. Que fallait-il y voir comme symbole ? La colère avait laissé la place à une forme de désespérance mordante. Batman conclua ses propos par une menace semie voilée avant de déployer ses ailes pour se déployer vers d’autres cieux plus propices. Aurait-il la triste rédemption de Darth Vador ou bien la plus folklorique de Kylo Ren ? Impossible de se prononcer dessus. Nous avait-il trahi ou bien était-ce nous qui l’avions trahi en nous montrant inflexible. Inutile de chercher à le poursuivre. Une histoire se terminait, la dernière page peut-être était arrivée. La même sensation lors de la fin de lecture d’un livre trop prenant. Il fallait bien continuer à avancer.

« On est fixé au moins désormais. » C’était ça l’avantage, on avait plus à douter ou à s’inquiéter que quelque chose de grave soit arrivé puisque quelque chose de très immensément grave était arrivé. Chouette. « Je suis tenté de dire que chacun prenne le temps de réfléchir cependant, séparer plusieurs d’entre nous risque de faire des conneries. » Et ce n’était absolument pas moi que je visais en disant ça, vraiment pas. « Alors ça serait sympa si tout le monde se motiver autant que possible à rendre cette soirée de merde un peu plus gai. Qu’importe l’activité. » C’était très con dit comme, et ridicule. Et si Batman nous surveillait encore, ce qu’il ferait probablement si ce n’était pas le cas actuellement. « Plus vite on se remotivera, plus vite on sera capable de repasser à l’attaque et de concevoir des plans pour se relancer. On est tous d’accord qu’un moment où l’autre nous devrons interférer avec les ambitions de Batman ? » Ces mots me brisaient le cœur et c’était bien la dernière chose que je souhaitais. Nous n’étions ni prêts psychologiquement ni physiquement et à moins d’une impérieuse raison, c’était un combat dans lequel je refuserais de me lancer. Pourtant ce que Bruce et les autres ne savaient pas, c'est que j'avais déjà rencontré Nyssa et que par conséquent, j'étais déjà impliqué dans l'engrenage d'une guerre entre la Ligue et la Ligue rénégate. D'un autre côté Cat voudra problament coincée sous ses griffes le Joker avec son ex-conjoint. Peu probable qu'à terme, la confrontation ne soit pas inéductable.

(c) DΛNDELION

The last war, to end all the wars.

Bruce, Dick, Tim, Barbara et Selina

C'était parti tellement loin. Est-ce que les choses devaient obligatoirement en arriver là ? Des choix différents auraient pu être faits, mais qui ne l'avaient pas été. Soit par manque de choix, soit par égoïsme et je n'étais dédouané ni de l'un, ni de l'autre. Pour autant, j'avais l'impression que plus les minutes passaient, plus j'allais de surprise en surprise et la colère ne demandait qu'à exploser. En temps normal, je l'aurais fait avec violence, à grands renforts de cris. Mais je me contiens, ne voulant pas lui laisser la satisfaction de retourner la situation à son avantage. Je marche, j'écoute, mais j'étouffe de rage. J'avais mes objectifs et ils étaient plus clairs que jamais désormais. Avec ou sans les filles d'ailleurs. Et sans lui. Batgirl s'interpose entre nous et Bat et d'adresse à nous, mais je ne me retourne pas vraiment. Que dire ? Il avait pris sa décision et je le connaissais suffisamment pour savoir que c'était déjà trop tard. À partir du moment où il avait été chercher la ligue. Du moins, je pensais le connaître. Je ne sais plus. Pourtant, elle avait raison pour le reste de ses propos. Et je pose un regard sur elle, elle brûlait de colère, à l'image de nous tous.

Dick s'adresse à lui une dernière fois, mais la chauve souris ne se laisse pas prendre au piège et je sens la froideur dans sa voix et le ton plus menaçant que jamais. Et quand il reprend la parole pour s'adresser à moi, je n'arrivais pas à assimiler ce qu'il venait de me dire. Non seulement, il avait été la voir elle, mais en plus, il en avait fait son bras droit ? La surprise se dessine sur mes traits une poignée de secondes, sidérée. Mais quand il ajoute qu'il avait besoin d'elle, je secoue la tête avec un rire désabusé. " Après tout ce qui s'est passé tu..." J'inspire légèrement. Mais je comprends qu'il se fiche complètement de mes mises en garde. Sans doute, ne me croit-il pas capable d'aller jusqu'au bout. Mon regard se durcit de nouveau et je sers les poings avec force. Le point de non-retour, celui que je craignais depuis toutes ces années était visiblement franchit. Et cela venait de lui, pas de moi comme ça avait été ma hantise tout ce temps. " Alors on va avoir un problème. Mais soit, comme tu veux." Je n'écoute pas le reste des mots échangés, mais je comprends que tôt ou tard, j'aurais à me battre contre lui, contre ses sbires et contre Talia visiblement. Si la nouvelle aurait pu m'enchanter de pouvoir régler mes comptes avec cette démone, le contexte fait que je ne peux pas me réjouir. Pourtant, avant qu'il ne s'en aille, je lève les yeux et vois des ombres sur le toit et j'écarquille les yeux. Non seulement, il nous plante un couteau dans le dos, mais visiblement il ne nous faisait même pas confiance pour cette discussion qui mettait fin quelque chose. Et aussitôt, il disparaît, sans nous laisser dire quoi que ce soit. Et le silence s'installe une poignée de secondes, la stupéfaction était réelle.

Je ne comprenais pas. Qu'est-ce que je n'avais pas fait ? Qu'est-ce qui c'était passé depuis son retour ? Si je savais que son expérience dans le multivers avait été particulièrement violente au vu de ce qu'il m'avait dit sur le sujet et des marques qu'il portait, jamais je n'aurais imaginé que ça le conduise à cette extrémité. " Putain je vais la tuer..." Je serre les dents, furieuse. Je savais que l'occasion allait se présenter, Talia n'allait pas résister à l'envie de venir me narguer. Et je ne la louperais pas. Je me tourne vers Dick et hausse un sourcil. " Cette situation me sidère personnellement. J'avais tout envisager mais certainement pas ça. Je jette un regard à Tim aux dires du jeune homme et je hoche la tête. Se séparer maintenant ne serait clairement pas une bonne idée, même si j'étais partagé entre l'envie de boire jusqu'à plus soif et m'effondrer dans mon lit en me persuadant que ce n'était qu'un cauchemar et l'envie de taper sur quelque chose. N'importe qui ferait l'affaire, j'avais une vague de rage et de frustration à évacuer. J'avais mal, tellement mal, mais je ne pouvais pas penser à moi maintenant. Ils étaient tous les trois la priorité, même si je n'étais certainement pas la mieux placée pour ça. Pour m'assurer que ce soir personne ne fasse de conneries. " Je ne laisserais aucuns de vous ce soir." Un dernier regard vers la ville et je me retourne pleinement vers eux, les regardant à tour de rôle. " Il va interférer dans les miens, pourquoi je me priverais de faire de même ? Mais rien ne vous oblige à faire de même. Je dois m'occuper de Joker, il a dépassé les bornes définitivement et cette vengeance c'est la mienne et celle des Birds. Il n'a aucun droit de nous en priver." Je suis catégorique sur ce fait. Je soupire longuement et je me radoucis ensuite. " Je suis désolée que vous ayez eu à subir une telle situation, vraiment, je le suis." Ils ne méritaient pas cela. Moi peut-être bien que si, à force de jouer avec le feu toutes ces années. Pourtant, je sens mon coeur se pincer, j'ai mal, mais je pourrais laisser libre court à cette tristesse une fois seule. " Venez, on va trouver quelque chose à faire. Si l'un de vous à une idée, je suis preneuse." Parce que là, j'étais complètement vidée de tout. J'avais l'impression d'être anesthésiée, je n'avais pas envie de ressentir quoi que ce soit. Plus jamais je ne voulais remettre les pieds dans cet endroit.

copyright Bloody Storm

Catwoman

So close, no matter how far, couldn't be much more from the heart. Forever trusting who we are and nothing else matters. Never opened myself this way, life is ours, we live it our way. All these words, I don't just say and nothing else matters.

KoalaVolant

 The Last War, to End all Wars

Bruce Wayne & Barbara Gordon & Selina Kyle & Dick Grayson & Tim Drake

Pourtant figé sur place depuis le début de cette conversation, Tim commençait désormais à marcher, tourner en rond, un peu pour essayer de se concentrer sur autre chose que toutes ses émotions qui remontaient. Il ne prit même pas la peine de réagir quand Bruce évoqua une énième fois Jason et que Dick de son côté évoqua Alfred. Pourquoi faire ? Même parler des morts ne lui suffisait pas, ah si, pour justifier ce choix d'être la nouvelle tête du démon, c'est tout.

Puis, Robin se figea de nouveau et se retourna vers Bruce. Il pinça ses lèvres. Oui, il avait vécu de choses horribles. Mais il n'avait jamais pris le temps de se confier et il osait dire ça ? Il osait reprocher à sa famille de ne pas le comprendre ? « Ah non. Tu peux pas nous dire ça Bruce ! Nous on aussi on a souffert ! Tu crois que j'aurais pas préférer mourir à la place d'Alfred dans ce putain de manoir ? J'aurais préféré souffrir à la place de Jason. Et pourtant j'ai pas l'impression de retourner ma veste et de trahir les miens ! » . Tim n'en pouvait plus, clairement plus, comme les autres finalement, mais là s'en était trop. Il fallait que cette discussion cesse. Il écrasa le traceur que Dick avait posé sur son épaule. C'était une belle tentative, malheureusement cela aussi ne suffisait pas. Puis Dick et Cat parlaient et franchement Tim n'écoutait plus trop, encore un peu choqué d'avoir parlé à Bruce sur ce ton, mais bon.... C'était fait. Tant pis. Il aurait toute la soirée pour y repenser et regretter, pour se repasser cette rencontre dans sa tête et imaginer comment les choses auraient pu être différentes...

Les conversations continuaient, du moins, Selina répondait à Bruce, peut-être que Dick et Babs avaient pris la parole une nouvelle fois, Tim n'écoutaient même plus en tout honnêteté, il n'avait pas l'impression d'avoir tout tenté, d'avoir tout dit pour essayer de convaincre Batman de pas s'associer avec la Ligue mais les autres n'avaient pas trouvé les bons mots, les bons actes, alors en quoi allait-il faire la différence ? C'était bien trop tard maintenant de toute façon. Bruce appela ses nouveaux sbires et disparaître dans la nuit, les laissant là, tout quatre, sous le choc.

Robin tourna la tête vers Nightwing et Catwoman qui évoquait de faire quelque chose après cette rencontre. « Je pense que je vais rentrer... J'ai besoin de réfléchir, vraiment. » Dit-il en soupirant. Il avait besoin d'être seul pour accepter la situation, il n'allait pas faire de connerie, ce n'était pas son genre. Même si il était content que la conversation soit close, il avait une impression d'inachevé, comme si il devait prendre la bonne décision maintenant, voir Bruce partir comme ça, c'était douloureux, surtout après ses derniers mots. Mais quelle était-ce la bonne décision ? Peut-être que Dick avait raison, se changer les idées pour avoir un meilleur plan dans le futur. Mais rentrer chez lui, c'était aussi essayer de trouver un stratagème pour comprendre ce que manigançait vraiment Bruce, ce qu'il allait faire... Les pensées de Tim s'emmêlaient et il avait vraiment envie de régler le problème ce soir, du moins, d'essayer de trouver une demie solution. Peut-être que c'était ça la connerie dont parlait Dick ? « Quelqu'un aurait peut-être dû jouer son jeu, pour le suivre et le surveiller ? Enfin... Si le traqueur a pas marché... » Il soupira « Faut vraiment que je rentre. »

PrettyGirl

— Remember that you can't save everyone

Remember that I have to try

the last war

the last war, to end all wars

A gift, curse They track and hurt Say can you dream In nightmares seems A million voices, silent screams Where hope is left so incomplete I'm running with the wolves tonight — @Batfamily

Ses paroles prononcées avec amertume et désinvolture ne l'avaient pas autant soulagée qu'elle aurait aimé. Barbara se sentait malade, comme si une main empoignait son cœur avec force, lui donnant la nausée. Le cauchemar semblait pourtant continuer. Elle n'était visiblement pas prête à se réveiller. C'était pourtant bien réel, son souhait d'abandonner, de les trahir. Aussi réel que la pluie tombait à grosses gouttes sur le toit. Aussi réel que cette sensation de malaise qui s'emparait d'elle. La justicière avait tenté de le raisonner, par ses mots, par son regard qu'elle avait tenté de faire dur, pénétrant. Pour qu'il comprenne, qu'il se raisonne. Qu'il l'écoute pour une fois, qu'il puisse voir ce qu'il était en train de lui faire, écouter ce qu'elle lui disait et déduire ce qu'elle taisait. Cette tentative avait été aussi désespérée qu'égoïste tant Barbara ne pensait même plus à ses coéquipiers en lui parlant comme en tête à tête. Et infructueuse. Cela avait été vain, comme le reste de cette soirée. Il décidait, il parlait, il imposait. Il n'échangeait pas, il ne partageait pas. Quelques souvenirs maladroitement heureux lui revinrent en tête, de moments partagés ensemble, avec Bruce, mais également avec Dick. Des petites choses, une blague, une situation cocasse, un quiproquo. Un anniversaire. Des souvenirs bêtes mais auxquels elle s'était accrochée tout ce temps. Pendant ses absences répétées. Elle venait de perdre une partie de la famille qu'il lui restait. Le malaise fit place à la colère, sourde, qui embrasa ses nerfs. Tout cela était donc à jeter à la poubelle, c'était le message qu'il leur envoyait ? En guise de réponse à sa tirade enflammée, il n'avait rien trouvé de mieux qu'un sobre "ainsi soit-il" qui avait entériné leurs échanges.

Barbara était épuisée. La suite sembla se passer sous ses yeux, sans qu'elle ne puisse rien faire. C'était comme si elle assistait à un film sans pouvoir parler ou bouger. D'un signe de main, il sembla appeler des sbires qui apparurent sur les toits à côté. Puis il disparut aussi vite, englouti par la nuit. Un silence de mort plana sur le groupe restant, le temps que Dick ne reprenne la parole. Ses paroles se fondirent dans un brouhaha sourd. La colère laissa place au choc, pur et simple. Machinalement, elle fit quelques pas vers l'endroit où il s'était tenu, quelques secondes auparavant. Mais il n'était plus là. A cet instant, elle sentit ses yeux la piquer, et elle dut se faire violence. Barbara n'était pas croyante, pourtant, elle se surprit à prier. Prier comme s'il pouvait l'entendre. Elle voulut s'excuser, de lui avoir dit tout cela. Elle voulait lui parler, qu'il puisse lui expliquer à elle les raisons de son choix. Elle voulait une nouvelle chance de le convaincre de ne pas faire cette erreur. Elle voulait se jeter dans ses bras et tout oublier. Après tout, c'était bien cela la famille, non ? Des racines auxquelles on s'accrochait farouchement, malgré les problèmes, les déceptions, les erreurs. Des gens qui toujours étaient là pour vous. Elle s'était accroupie, alourdie par le poids des émotions qu'elle ne pouvait pas contrôler. L'incompréhension, le malaise, la colère, le choc, la tristesse. La peur, également, de ne pas réussir à l'oublier et à passer outre. S'il n'était pas là, qu'était-elle elle ? Engourdie, elle ne parvenait pas à détacher son regard de la corniche sur laquelle il s'était tenu juste avant. Comme si la fixer avec insistance suffirait pour le ramener, comme par magie. Elle avait presque envie d'y croire.

Barbara sentait que des échanges avaient lieu à côté d'elle. Elle entendait des bruits semblables à des mots prononcés par l'un, ou l'autre. La jeune femme n'avait pas la force d'y participer. Elle ne parvenait pas à s'extirper de la torpeur qui l'entourait. Elle en était comme prisonnière, clouée au sol, ne souhaitant pas quitter ce passé qui les avait tous amené à travailler ensemble. Ne voulant pas lui dire au revoir, malgré les mots durs qu'elle avait eu envers Bruce et qu'elle regrettait déjà. Les yeux braqués sur ce bout de toit, elle espérait qu'il puisse réapparaitre et leur dire qu'ils avaient rêvé et que rien ne changerait. Que tout puisse redevenir comme avant. Mais les instants étaient fugaces et insaisissables, et l'instant présent se transformait bien vite en passé si l'on n'y faisait pas attention. N'avait-elle pas fait attention à ce qui était arrivé à Bruce, lentement, doucement, pour qu'il en soit arrivé à prendre cette décision ? Batgirl tenta de ravaler la culpabilité qui pointait le bout de son nez. Tout allait changer à présent.

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