The Dark Side [Terminé - Intrigue I]

The Dark Side

Bruce et Selina

La soirée était déjà bien entamée lorsque je fis mon entrée dans mon établissement. L'avantage d'être son seul patron, même si j'aurais aimé que les choses se passent autrement, mais il est un peu tard pour les regrets. Et je n'avais jamais été du genre à m'embarrasser de ce genre de sentiment, même si ces dernières années, la vie avait été clémente. Du moins, il y a plus de deux ans, maintenant la ville est de nouveau plongée dans le chaos et la légende de Gotham n'était plus. Je soupire et inspire, avant d'afficher un sourire sur mes lèvres, un air suffisant sur le visage et un regard se voulait dur et froid. Je n'avais plus le droit de montrer la moindre faiblesse, sinon elle sera exploiter et je signerais probablement ma chute. J'étais Catwoman après tout, la femme la plus riche de Gotham, celle qu'on venait voir pour financer des plans plus tordus les uns que les autres. Ah la pègre de la ville, un beau ramassis de minables pervers et sans la moindre ambition ! Les seuls à qui je ne pouvais rien refuser étaient mes nouveaux partenaires de jeu. Ceux qui avaient toutes les cartes en main pour faire de ma vie un enfer si je n'étais pas coopérative et vu le sort qu'ils avaient réservés à certaines de mes connaissances et amis, je n'avais bien évidemment pas d'autres choix que de dire oui. Mais ce plan, c'était le mien, celui que j'avais imaginé il y a des décennies. Bien avant les événements qui m'ont changé et changé le cours de ma vie. Habillée d'une robe noire qui dessinait mes courbes que j'arborais fièrement, perchée sur des talons de dix centimètres, j'avançais vers le bar, prenant le temps de boire un verre avant de faire des affaires. La soirée avance, entre sollicitations et menaces en tout genre que je ne prends pas réellement au sérieux. Qu'avais-je à craindre de minable à peine capable de surveiller leurs arrières ? D'ailleurs, l'un d'entre eux repartira avec un bras cassé pour avoir osé poser la main sur moi sans mon autorisation. Qu'ils prennent tous garde, je suis bien plus dangereuse qu'ils ne l'imaginent. Ma réputation est toujours aussi bonne, même si le fait que j'ai rejoint pendant un temps la team de Batman m'avait fait du tort. Une ombre passe sur mon visage, alors que j'allais m'asseoir au bar pour boire un autre verre. Cet aspect de ma vie, tout ce qui a un rapport avec lui, j'évitais soigneusement d'y songer, mais paradoxalement, c'était à lui que je devais la création de cet établissement. Soupirant une fois de plus, je m'empare de la bouteille de champagne et m'en verse une coupe, la buvant rapidement avant de m'en servir une seconde. Reprendre le contrôle, remettre un masque et faire comme si tout cela ne m'atteignait plus. Parce que c'était du passé, parce qu'il n'y avait plus le moindre espoir de le voir revenir et parce qu'il fallait que je survive désormais. J'avais Huntress, j'avais les Birds of Prey, j'avais mes chats, j'avais ce club. C'était tout ce qui me restait désormais. Je sentais pourtant une présence derrière moi, n'y faisant pas plus attention que cela dans un premier temps avant de soupirer et de lever les yeux au ciel alors que je gardais toujours le dos tourné. " Une seconde, je termine mon verre." Froide, dédaigneuse, sans jeter le moindre regard à cette personne derrière moi et finalement, je me retourne et m'aperçois que c'est l'un des clowns du Joker. Je grimace et me décale avant de prendre ma coupe et ma bouteille avec la ferme intention d'aller dans mon bureau pour la boire tranquillement. Sans un mot, je commence à traverser la salle, furieuse de voir l'un des sbires du Clown chez moi. Et je n'eus pas le temps de faire plus de vingt mètres avant que je ne sente qu'on essaye de m'attraper par le bras. Visiblement, cette personne avait aussi envie que je lui casse le bras...

copyright Bloody Storm

The Dark Side

Selina Kyla & Bruce Wayne

« Black Cat, Environs de Gotham, 22 juin 2022. »

J’avais hésité. Longtemps. Je me rappelais le serment que je m’étais fait à moi-même, sur le caveau familial. Sur la tombe d’Alfred, et celle de Jason. Et les mots échangés avec le groupe, l’avant-veille. Je savais ce que j’avais décidé. Je ne pouvais pas vivre avec ces sentiments, de toute façon. Pas avec toute cette suspicion. Ces non-dits. Comment avions-nous pu en arriver là ? Je savais que c’était ma faute. C’était moi le seul responsable de tout ce bain de sang. C’était à moi d’en assumer les conséquences.

Et il ne revenait qu’à moi de me venger.

Je devais la jouer fine, pourtant. Comme eux avaient procédé, deux ans plus tôt. Je devais parfaire mon niveau d’informations. Je devais me préparer. Placer mes pièces, soigneusement. Anticiper les coups. Etablir des feintes et contre-feintes. Je devais me montrer brillant, et plein de ressources.

Mais avant tout cela, je devais crever un abcès qui me rendait malade du soir au matin, et me privait de sommeil depuis cinq jours. L’alcool n’aidait pas. Les nouvelles que j’apprenais non plus. Je dois renoncer au costume. L’endroit est trop bien protégé, ce qui semble confirmer sources et rumeurs sur la réalité de la situation. On ne se paie pas une protection aussi efficace avec les revenus d’un simple club. Même si connaissant la propriétaire, l’endroit n’aurait rien de simple. Alors je me fonds dans la masse. J’ai de l’argent, à Lake Grass House. Loin de ma fortune, et j’ai d’autres planques de par l’Etat, le pays, voire en quelques autres endroits du monde. C’était une idée d’Alfred à l’origine, pour ne pas toujours transporter tout mon matériel par jet. C’était pratique. De l’argent, un costume discret de chez Hugo Boss, des boutons de manchette… La parfaite panoplie du trader plein aux as qui vient flamber en bourbons fins et en plaisante compagnie.

Malgré mon visage, que je ne peux changer que par petites touches, personne ne me reconnaît. J’ai pris deux ans. Mais pour moi, ils se sont écoulés en dix. Des rares cheveux et poils de barbe poivre et sel que j’avais en partant, le blanc s’était plus diffusé. Mes traits s’étaient tirés. J’arborais des poches, sous les yeux. Et de petites cicatrices, discrètes, mais qui changeaient mon apparence générale. Droit d’entrée. Verre de qualité. Des danseuses qui le sont aussi, de toute évidence. Je note les gros bras -souvent des femmes, anciennes militaires ou policières à leur posture-, et les entrées vers de petits escaliers conduisant aux étages, où l’imagination avait tôt fait d’en imaginer les spectacles.

Et Elle est là. A l’autre bout du bar. Mon palpitant cogne ma poitrine, comme pour s’en échapper, et j’ai le cœur au bord des lèvres. Elle ne me voit pas. Elle a changé, aussi. Elle n’a pas vieilli, Elle. Elle a mûri. Plus dure. Et je la connais assez pour savoir que ce n’était pas qu’une apparence.

Connaissais.

Robe noire, qui met en exergue sa beauté à couper le souffle. Verre en main. Elle était fatiguée. Et importunée par ses nouveaux alliés. Mes muscles maxillaires gonflent sur les côtés de ma mâchoire, alors que je serre les dents aussi fort que possible, et ma main tremble d’une rage froide en serrant mon verre. Que je termine.Je la suis, quand elle esquive le clown qui vient masquer, comme s’il était chez lui. J’enrage de voir que le crime a si bien pignon sur rue, dans ma ville, qu’il peut se balader à « visage découvert » devant tous ces gens, ces clients, qui se tiennent à distance raisonnable mais en poursuivant leurs petites affaires.

Qu’avions-nous accompli en vingt ans de Gotham, Alfred ?

L’homme la rattrape dans un couloir, qui longe la pièce principale. Je prends garde à toujours passer dans l’angle mort des caméras placées aux endroits stratégiques, ou qu’elles ne puissent simplement pas capter mon visage. Elles étaient bien réparties, mais pour moi comme ça le serait pour elle, c’est facile de les repérer ; nous les avions esquivées toute notre vie.

Il l’attrape par le bras. Je suis déjà derrière lui. Et je l’attrape, le déséquilibre par l’arrière en le tirant violemment par les épaules, avant de pivoter et de lui expédier le genou en plein diaphragme, de le saisir d’une main au col, de l’autre à la ceinture, et de l’envoyer tête la première contre le mur. Déjà, les chattes de garde de Cat déboulent au bout du couloir, alors que je me tourne vers celle à qui je fus fiancé. Regard glacial, et pénétrant. Je sondais son âme, au travers de ses yeux. Et j’étouffais mon cœur sans vergogne. Alfred, Jason, et tous les autres. Je devais avoir des réponses, et je devais en avoir maintenant.

| Bonsoir, Cat. |

En d’autres circonstances, je me serais jeté contre elle, et lui aurait donné le baiser de sa vie, l’étreinte du soulagement et du bonheur le plus pur, le plus complet. Mais ce n’était pas comme ça que nous étions amenés à nous retrouver. Je reste droit comme un i.

| Rappelle tes troupes avant qu’elles ne voient mon visage, ou je fais augmenter la prime de risque de la mutuelle sur leur contrat de travail. |

Comment pouvais-je sentir mon cœur se serrer autant, alors que je lui avais ordonné de se calmer ? J’aurais tout donné pour le choix numéro 1 de nos retrouvailles. Mais je repensais à ces dix années d’errance, au retour sans gloire, à Diana, à mon absence pour mes proches qui pour certains l’avait payée de leur vie.

| On doit parler, Cat. Et on doit le faire maintenant. |

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I'm Vengeance. I'm the Night. I'm Batman.

Don't say goodbye. Don't say I didn't try... These tears we cry. Are falling rain. For all the lies you told us. The hurt, the blame! And we will weep. To be so alone. We are lost! We can never go home. The Dark Knight (c)codage - Kanala - texte (c)Long Ways to Go Yet, Howard Shore

The Dark Side

Bruce et Selina

Il fut un temps où j'aurais paradé dans ce night-club. Trop sûre de moi, je me serais amusé comme une folle à manipuler, séduire, menacer sans doute certains hommes trop faibles, trop peureux, trop inquiets pour leur réputation si ça se savait qu'ils fréquentaient un tel lieu. Mais ce n'était pas le cas. Oh, je donnais le change, certainement, mais j'étais fatiguée, je donnerais n'importe quoi pour que tout redevienne comme avant, mais c'est impossible. Je me suis adaptée, mais rien n'est jamais simple. Rien n'est simple quand on habite à Gotham et pourtant, il ne m'est jamais venu à l'esprit de partir, je ne peux pas, parce que c'est chez moi ici et que je ne voulais pas recommencer ailleurs ce que j'avais réussi à accomplir dans cette ville. Tant pis, il fallait que je fasse avec tout ça, mais j'avais toujours autant de mal à voir des Clowns ici. J'avais préféré m'éloigner, finir cette bouteille seule, loin de toutes ces personnes, mais visiblement, cet idiot en avait décidé autrement. Malgré le bruit, je savais qu'il me suivait, sans doute, avait-il quelque chose à me dire, à me demander, mais je m'en fichais éperdument, je voulais juste avoir la paix ce soir. J'eus pourtant un sourire aux lèvres, parce que je savais qu'à l'entrée de ce couloir, je serais tranquille pour lui administrer une sacrée correction, parce qu'on ne m'importune pas quand je ne suis pas décidée, peu importe qui c'est... Je sentais sa main se poser sur mon bras et alors que j'allais me retourner, ce dernier fut violemment tiré en arrière et tout se passe si vite, pourtant, je n'en perds pas une miette. Mais pourtant, je reste figée, surprise non pas par la situation, mais par la personne qui se tenait devant moi. Non impossible, je dois rêver, mon inconscient avait tellement besoin et envie de le revoir que je me mettais à imaginer des choses. Il ne pouvait pas être là. Mais lorsque mon regard croise le sien et que j'entends sa voix, je n'ai plus aucun doute. Il était bel et bien là. Et pourtant, rien ne se passe comme on pourrait s'y attendre. J'entends mes gardes arrivés et je me reprends soudainement. " Bonsoir, Bat." Cela semblait si irréel et pourtant. J'inspire légèrement et reprends à l'intention de mes gardes. " Tout est en ordre, retournez à vos postes, mais jetez moi ce clown dehors avant." Je regarde le sbire du Joker par terre, inconscient pour un long moment avec un léger sourire satisfait sur les lèvres. Que cela lui serve de leçon. Et je repose les yeux sur lui, un peu plus froide que je ne l'aurais voulu, mais la situation avait changé, les cartes avaient été redistribuées en son absence et rien n'était comme avant. Pourtant, j'étais heureuse de le voir en vie, il ne pourrait jamais en être autrement, avec tout ce qu'on avait vécu et traversé ensemble, le contraire aurait été étonnant d'ailleurs, mais qu'importe. Le passé appartient au passé, seul le présent compte. " En effet, je crois qu'il le faut. Suis-moi." Sans attendre une réponse, je fais demi-tour et reprends la direction de mon bureau. J'ai le cœur qui bat la chamade, ne m'attendant absolument pas a ça après tout ce temps. Deux ans. Une éternité, autrement dit dans cette ville. Mais je suis partagée entre la stupeur, la colère et une pointe de tristesse. Mais je ne lui en fais pas part pour l'instant. Il était glacial et je le connaissais suffisamment pour savoir que la conversation n'aura rien d'agréable, mais il faut en passer par là de toute évidence. J'arrive devant la porte, l'ouvre et le laisse passer avant de la refermer derrière lui. Je traverse la pièce qui est assez simplement meublée, après tout, c'est un bureau, rien d'extraordinaire. Je pose la bouteille de champagne, ma coupe vide et je me retourne finalement vers lui. " Ainsi donc, tu es de retour." Simple constatation sans la moindre animosité. " Je suppose que tu n'es pas là pour fêter ce retour inespéré. Alors, de quoi veux tu qu'on parle ?" J'avais une petite idée, évidemment, mais j'en attendais la confirmation. Pourtant, je l'observe, détaille les traits de son visage, m'aperçois qu'il a dû vivre quelque chose d'intense et de stressant durant ces deux longues années, parce qu'il y avait plus de poils blancs dans sa barbe et ses cheveux que dans mon souvenir. Et pourtant, savoir qu'il était de retour était un grand réconfort.

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Selina Kyla & Bruce Wayne

« Black Cat, Environs de Gotham, 22 juin 2022. »

Cat se fige. Elle n’en croit pas ses yeux. Et tout, tout, me pousse à ne pas en croire les miens. Elle, si belle, si parfaite dans sa robe, si… Proche. J’avais rêvé d’elle pendant des années. Avant de lentement devoir faire mon deuil de la revoir un jour. Avant de me perdre, dans la guerre perpétuelle d’une planète en furie et de la seule proximité dont j’avais encore l’occasion de profiter… Cat est presque la même, mais pas tout à fait. J’ai rêvé tant de fois de ce retour. De ses yeux, de son visage qui s’illumine. De son rire, avant l’accolade. Avant le baiser. Avant l’étreinte. J’avais rêvé de la douceur de ses lèvres, de la chaleur de son corps, de l’odeur de ses cheveux. J’avais rêvé de nos sorties sur les toits de Gotham, de sa silhouette qui entreprenait des sauts fous, des cabrioles impossibles. De ce sentiment de sécurité et de plénitude que j’avais à ses côtés, avec Alfred qui nous préparait le petit déjeuner à l’étage du dessous, et qui lui rêvait que nous nous posions enfin, pour lui faire quelques « petits justiciers » en herbe.

Mais les rêves, c’était pour les enfants. Et si j’en étais un qui n’avait jamais vraiment grandi, j’avais tout de même appris depuis longtemps que les rêves n’étaient que le pendant de nos cauchemars, et de nos peurs les plus secrètes. Elle me salue, aussi froide que j’ai pu l’être. Je vois ses narines frémir quand elle inspire, et repousse ses gardes. Je tourne le dos à ses équipières, équipées de pied en cape, et je continue de la dévisager. Jamais encore, je n’avais connu pareil trouble intérieur. Sauf peut être l’unique fois où j’avais failli transgresser ma seule et unique règle… Un secret confié à Cat, des années plus tôt, et partagé par les deux plus grands criminels de l’histoire de Gotham. Mais cette fois, c’était différent. Le dilemme n’était pas moral. Il était émotionnel. La belle acquiesce, et me demande de la suivre. Je le fais, même si pour ce que j’en sais, c’est peut être un piège.

Il se dit partout que Catwoman, ma Cat, était de mèche avec toute la pègre Gothamite, et que tout ce joli petit monde allait s’encanailler dans sa boîte de poules, non, de chattes, de luxe. La vie est belle, pour les criminels. Mais ça, c’était avant que je revienne. La fête était finie. Ils allaient tous devoir se le mettre dans le crâne, et vite, s’ils ne voulaient pas que je leur fasse pénétrer l’information à coups de poing.

Cat inclue ? L’avenir le dirait.

J’y étais préparé. Même si cela reviendrait à m’arracher moi-même mon propre cœur.

Cat ouvre la porte, la referme, et nous isole. Je regarde alentours, observateur comme toujours, et pas du tout gêné.

| En effet, je suis de retour. |

Taciturne, comme jamais. Froid, comme souvent. Mais c’était nouveau, avec elle. Même quand nous nous affrontions à nos débuts, nos échanges étaient biaisés par une attirance mutuelle qui même encore aujourd’hui était palpable. Mais le fiel s’était insinué dans l’ivresse de notre passion partagée. Ce poison qui nous dévorait les entrailles, à l’instant même où nous parlions.

| Le fêter ? Qu’est ce que je fêterais, Cat ? |

Elle était là, la rage. Elle se manifeste par la répartie, acerbe, froide. Je suis vrai, comme jamais. Tranchant. Je me retourne vers elle. J’expire, lentement. Je dois garder le contrôle. Je continue de détailler la pièce. Et reprends, de mon habituel timbre neutre, dénué d’émotions.

| Je ne pensais pas que tu te satisferais d’un bureau de comptable. Vu le standing et l’objet de ton club, je m’attendais presque à découvrir une cheminée, un énorme canapé, un bar, un coffre-fort, et peut-être même un lit. Car tu fais « panier commun » avec la Pègre désormais, d’après ce qu’il se dit, en ville. Dois-je me dire que mon argent a été bien dépensé pour que tu mènes ton affaire tambour battant et sois si frugale sur tes propres prérogatives ? |

Je me tourne vers celle que j’avais tant aimée, et lui fais face.

| Je suis venu pour savoir comment, Cat. Comment as-tu fait tout ça ? |

La justice n’était pas, et ne devait pas être une affaire de sentiments, mais de fait. Avait-elle subtilisé codes et mots de passe dans les registres de la Batcave ? Espionné Alfred, ou moi-même ? Comment ? C’était la question qui m’obsédait. Le pourquoi, lui, risquait de me briser. Il viendrait plus tard.

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Don't say goodbye. Don't say I didn't try... These tears we cry. Are falling rain. For all the lies you told us. The hurt, the blame! And we will weep. To be so alone. We are lost! We can never go home. The Dark Knight (c)codage - Kanala - texte (c)Long Ways to Go Yet, Howard Shore

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Bruce et Selina

Pourquoi, c'était si dur de le revoir ? Sans doute parce que je m'étais convaincue qu'il ne reviendrait pas, qu'il était mort, loin de moi, loin de cette ville et pourtant... Il était là et ça mon esprit avait du mal à le comprendre, alors que mon cœur lui, savait que c'était bien réel. J'avais tellement espéré, tellement attendue, cepandant, l'espoir était parti, laissant place à une incroyable solitude et la peur d'avoir tout perdu. Parce qu'avec lui, j'avais eu tout ce dont j'avais rêvé, un homme qui m'aimait et le sentiment que je n'avais rien à craindre, que je pouvais déposer les armes, que je n'avais plus besoin de me battre. Cela n'avait pas été facile, il avait fallu qu'on s'apprivoise, pourtant il y avait toujours eu cette attirance qui nous ramenait l'un vers l'autre. Mais aujourd'hui ? Dire que je n'avais jamais imaginé ce moment serait mentir, on était loin, très loin de ce que j'aurais voulu. Dans ce couloir, dans cette ambiance qui était loin de celle qu'on avait connue l'un comme l'autre et qui pourtant était familière à la fois. J'aurais voulu m'approcher, le toucher pour me dire que c'était bien réel, lui dire que j'étais contente de le revoir, mais je n'en faisais rien. La froideur était palpable et le lieu de s'y prêtait pas non plus. Alors une fois l'incident clos, je lui fais signe de me suivre, à l'abri des oreilles et des yeux indiscrets. Juste lui et moi, mais j'étais tendue, à mille lieues de ce que je voulais ressentir. Visiblement, il était bel et bien de retour et j'avais pas mal de choses à justifier. Je n'étais pas prête pour ça, mais il le faudra bien. Et une fois dans mon bureau, je souffle légèrement, me reprenant au passage. J'eus un léger sourire à sa réponse. Oui, il était de retour, mais il n'était plus tout à fait le même. Mais mon sourire s'efface et mon regard se durcit légèrement parce que je sentais sa colère, sa rage. Mais ce qui se passait n'était en rien de ma faute. Cela faisait deux ans que je me répétais en boucle cette phrase avec l'espoir de parvenir à me convaincre. " Je ne sais pas." Cela avait il seulement un peu d'importance ? Non, bien sûr que non. Je le laisse inspecter les lieux, pendant que je me sers une coupe de champagne, remarquant au passage que ma main tremblait légèrement. Reprends-toi Cat, ce n'est pas le moment. Ni même la première fois que je le voyais énervé, mais à ce point ? Jamais. Jamais je n'avais senti une telle colère, que ce soit contre moi ou n'importe qui d'autre. Je le suis du regard tandis qu'il reprend la parole, portant dans le même temps la coupe de champagne à mes lèvres. Il n'avait pas la même saveur que d'habitude. Tant pis, je saurais le boire quand même. " Tu n'arrêtais pas de dire que j'en faisais trop et maintenant que j'essayes de faire simple tu n'es pas satisfait..." Mais là n'était pas la question. " C'est donc pour ça que tu es venu jusqu'ici ? Pour voir comment j'ai géré ton argent ?" À mon tour d'être glaciale, même si je me sens blessée dans le même temps. Mais après tout, qu'est-ce que j'attendais au juste après deux ans d'absence ? Mais quand il me pose la question suivante, je ne sais pas ce que je dois lui répondre dans un premier temps. Reprenant une gorgée de champagne, essayant de trouver une réponse adaptée. " Que veux tu que je te dise ? La Pègre a de nouveau le contrôle de cette ville, je ne fais que survivre. Cela t'étonne donc à ce point ?" Depuis toujours je ne fais que survivre et les rares moments où j'avais vraiment vécu sans avoir peur des lendemains, c'était en sa présence. Même si j'étais avec Huntress actuellement, je n'étais pas aussi sereine, peut-être parce que les lendemains actuels étaient des plus incertains. Je ferme les yeux quelques secondes, me concentrant sur ce qui se passait actuellement et pas dans mes souvenirs de temps passés où le bonheur avait été sincère. " Comment j'ai fais quoi ? Sois plus précis." Parce que si j'étais en partie responsable de certaines choses, je n'endosserais pas la responsabilité de tout ce qui se passe en ville. Il en était hors de question. Qu'est-ce que j'avais bien pu faire pour mériter ça ? Qu'est-ce qui c'était passé pour que j'aie en face de moi un mur de froideur ? Moi aussi, j'avais des questions, mais je saurais que je n'aurais pas les réponses dans l'immédiat, pas quand il était dans cet état et je doute que les réponses à ses interrogations l'apaisent un tant soit peu. Je l'avais tant aimé, sans doute, est-ce encore le cas, je ne savais pas moi-même, mais je savais que je n'étais plus en mesure d'apaiser les tourments qu'il traversait actuellement. Avant, c'était si facile, maintenant, c'était presque de l'impossible. J'avais dû faire des choix, je ne m'attendais pas réellement à ce qu'il comprenne désormais.

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Selina Kyla & Bruce Wayne

« Black Cat, Environs de Gotham, 22 juin 2022. »

Comment. C’était la clef de tout. Le pourquoi venait après. Le comment permet de savoir la manière dont quelqu’un s’y est pris pour réaliser quelque chose. C’est d’autant plus important quand le plan est fantasque. Ces clefs permettaient de mieux identifier le point de départ, d’en comprendre ensuite chaque aspect, ce qui poussait à mieux se positionner sur ses conséquences. Le pourquoi, lui, n’était finalement là que comme question pour approfondir le sujet du comment, et pour savoir au mieux placer le curseur de la justice au moment de faire rendre des comptes. On n’était pas un grand détective en ne s’inquiétant que du pourquoi. On risquait trop de tomber dans l’écueil émotionnel, de la complaisance bienveillante pour des gens dont on estimait le cœur, ou l’intelligence, ou les deux.

Je ne devais pas me montrer faible, avec Selina. D’une part parce que ce serait insulter son intelligence. Ensuite, parce qu’elle ne le méritait pas.

Cat fait l’ingénue. Elle ne savait pas. Bien sûr, qu’elle savait. Qu’elle en avait au moins une toute petite idée. Mais elle préfère la camoufler derrière son champagne. Ou le mien. Il s’agit peut être même de celui qu’il y avait dans les caves du manoir, pour ce que j’en savais. Il avait été au moins financé par mon argent. Mais en assumer la possession ne me donnait pas plus envie d’en boire. Le sarcasme, l’ironie. Je suis protégé contre. La belle me renvoie dans les cordes avec la même fraîcheur.

| Ma satisfaction t’importe-t-elle sur ce sujet, Cat ? |

Je savais bien que non. Et je continue de la dévisager.

| Mais oui. C’est pour ça. En partie. Parce que nous savons tous les deux que si tu aimes le bon champagne dans un bar bien fourni, la musique de qualité et des danseuses qui ont au moins la moitié de ton talent, tu n’es pas seulement une chapardeuse qui aime le luxe. Tu n’as même pas nié qu’il s’agissait bien de mon argent, qui avait financé tout ça. Les rumeurs disent donc juste, et mes déductions se tenaient bien. | Je déglutis discrétement, détourne le regard. | Tu m’as dépouillé pendant que j’étais à l’autre bout de l’univers, en train de combattre une créature que je ne comprenais même pas, qui venait de détruire un soleil tout entier. |

Selina rétorque, glaciale toujours, mais un brin plus véhémente. Elle ferme les yeux. C’est dur, pour elle. Je la savais intelligente. Et parfois, manipulatrice, un brin garce. Mais pas avec moi. Je savais la lire. Nous nous connaissions depuis l’enfance. Tout cela la touchait. Je me sentais assez revanchard pour penser que c’était tant mieux, mais non.

| Non, ça ne m’étonne pas. Ce qui m’étonne plus, c’est la temporalité des événements. Le soir même où je disparais. Le soir même où l’on s’embrasse, où je te dis que je t’aime, Cat. Quelques heures plus tard, les principaux obstacles au crime de cet Etat, et de Starcity, sont abattus. Le Kinght’s Stadium, ce tripot de Starcity, le commissariat de Gotham… StarLab pillé. Le Joker vient faire main basse sur la Batcave, et Bane ... | Je me stoppe, furieux. J’inspire, je ferme les yeux une seconde. Et je lâche, timbre mortifié. | Bane assassine Alfred. Et toi dans tout ça, tu t’accapares une des plus grandes fortunes du monde sur des comptes qui ne sont recensés en même temps dans aucune base de données, dans plus d’une centaine de pays. Je ne crois pas aux coïncidences, Cat. |

Je ne la lâche pas des yeux, durant l’énoncé du déroulement des événements.

| Tu n’as pas pu improviser ça. Tu savais déjà comment faire. Alors je te le demande, Cat’. Comment as-tu fait pour devenir en l’espace d’une nuit l’une des plus grandes fortunes du monde ? |

Que je comprenne comment je m'étais fait voler. Puis, je comprendrais à quoi avait servi mon argent. Et enfin, je conclurais en comprenant pourquoi celle que j'aimais depuis toujours m'avait planté un poignard entre les côtes.

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Bruce et Selina

La tempête approchait, je le savais et cela serait en partie mérité. Je devais faire face à sa colère, sans doute à sa rancœur, mais je saurais faire avec, il le fallait. Je n'avais pas dit que ça serait facile, mais c'était nécessaire pour que je puisse continuer d'avancer. J'avais fait des choix, sous la contrainte la plupart du temps, mais je n'étais plus libre de mes mouvements depuis qu'il était parti. Et ça, il ne pourrait pas le comprendre. À dire vrai, je savais que l'heure n'était pas à la fête, mais je préfère laisser ça de côté, il le savait aussi bien que moi. Il n'y avait pas de quoi se réjouir étant donné que tout ce pour quoi il s'était battu pendant si longtemps n'était plus. Et pourtant, j'étais là, aussi glaciale que possible essayant de garder la tête froide, ce qui n'était pas compliqué vu son attitude. Mais je ne pouvais pas le lui reprocher, si les rôles avaient été inversés, j'aurais sûrement été pire. Seulement, voilà, il était le protecteur de cette ville, du moins, il l'avait été et moi, j'avais toujours été entre les deux, la limite était floue en ce qui me concerne. Mais j'étais liée à la pègre que je le veuille ou pas, j'étais liée aux maux de cette ville pas forcément directement, mais je n'avais jamais réellement fait l'effort non plus de la stopper, sauf quand il me le demandait ou que c'était inévitable. Et être entre les deux avait toujours été un avantage pour moi, d'être l'électron libre, de pouvoir faire ce que je voulais, quand je le voulais et de la manière que je le souhaitais. Mais ce n'était plus le cas. J'étais piégée dans ce jeu et je ne savais pas comment m'en sortir sans trop y perdre de plumes au passage. Pourtant, je garde les yeux sur lui, ne pouvant pas faire autrement. " Non c'est évident." Mais il continue et je sens ma main se serrer plus fort autour de cette coupe de champagne à moitié pleine. Pourtant, je me sentais mal, intérieurement parce que c'était bien résumé la situation, je l'avais dépouillé de tout, son argent, sa réputation et de tout le bien qu'il avait apporté à cette ville dans un sens. Mais c'était bel et bien son argent et dans une certaine mesure le mien, - enfin ça aurait pu l'être si je m'étais présenté devant l'autel - qui finançait tout ça, inutile de le nier, il le savait de toute façon. Je ne réponds rien, sans doute parce qu'il n'attendait pas de réponse et que je n'en avais pas à lui apporter. Mais quand il reprend, je sens la colère montée doucement, mais sûrement. Il pouvait m'accuser de plein de choses, mais certainement pas d'avoir prévu tout ça. D'un geste, je pose la coupe sur le bureau, qui se casse sous l'impact, mais je ne m'en préoccupe absolument pas. " Ne remets pas en cause mes sentiments pour toi, je te l'interdis parce que tu sais très bien que j'ai toujours été sincère avec toi à ce sujet." Qu'il pense le contraire me faisait mal. Mais j'avance d'un pas, l'index pointé sur lui, en colère à mon tour. " Tu crois vraiment que j'ai pu faire ça dans ton dos ? Que le fait que tu parte à l'autre bout de l'univers m'enchantait au point que je mette ce plan sur pieds ?" Je me détourne de lui et soupire, les mains sur les hanches avant de reprendre. " Je sais ce qu'ils ont fait." Et même si je n'avais pas été présente, je me sentais quand même responsable, parce que je n'avais rien pu empêcher. Tout, c'était passé si vite, je n'avais rien vu venir. La mort d'Alfred, celle de Jason, Harley laissé pour morte et ce plan qui avait été mis en marche assez rapidement. " Je ne sais pas ce qui me blesse le plus, que tu penses que je suis responsable de la mort d'Alfred ou bien que tu penses que je t'ai manipulé toutes ces années... ?" Mais savoir comment ne lui rendra pas ce qu'il a perdu. Je reste silencieuse quelques longues secondes avant de me retourner vers lui. " J'étais au courant pour la plupart de tes comptes. Alfred m'en avait parler après ta demande en mariage, juste au cas où." J'eus un léger rictus avant d'ancré de nouveau mon regard dans le sien. " De toutes façons, il vaut mieux que ce soit moi qui est le contrôle sur ton argent. Ils ont pillés toutes les banques, de cette manière j'ai le contrôle sur ce qui se passe, que cela te plaise ou non Bruce." Lui dire que j'étais contrainte et forcée ? Hors de question, je ne voulais pas paraître faible, je ne l'avais jamais été et je ne le serais jamais. S'il devait l'apprendre, ça ne serait pas par moi. Et s'il doit me haïr pour ça, alors soit, je prends le risque. Même si ça fait mal, je saurais y survivre. Ce qui ne vous tue pas, vous rend plus fort.

copyright Bloody Storm

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Selina Kyla & Bruce Wayne

« Black Cat, Environs de Gotham, 22 juin 2022. »

Les questions étaient pour certaines purement rhétoriques. Ce n’était pas tellement pour saboter la conversation ou la parasiter, car il s’agissait de sujets importants. Mon retour, mon sentiment vis-à-vis de tout ce que je voyais ce soir de sa nouvelle « réussite »… C’était majeur, sans doute. Si on se plaçait dans une perspective personnelle. Ce qui n’était pas mon cas. D’abord, ma ville. Ensuite, ma famille. Et en dernier le bilan comptable de ce qu’il restait de Bruce Wayne, de sa vie, de sa fortune, de ses amours. Mais Cat n’était pas vraiment l’amour de la vie de Bruce. Elle était celui de Batman. Bruce n’avait pas l’amour. Bruce n’avait pas grand-chose, en dehors d’un vernis bien superficiel par-dessus tous les aspects de son existence.

Selina est bousculée, prise au dépourvu. Il était rare de la voir mise en défaut par quoi que ce soit. Mais deux ans d’absence à ses yeux. Dix pour moi. Cela creusait un sacré fossé… Surtout pour qu’elle jette aux orties tout ce pour quoi je me battais. Je la manipulais. Je l’amenais précisément où je voulais qu’elle soit. C’était malheureux, et assez déshonorant. Mais sa colère était un révélateur, et je mettais en pratique les conseils jadis reçus par Wycliff, puis Ra’s Al Ghul. Pousser le plus impétueux des deux à la faute, en appuyant fort là où ça faisait mal. La coupe qui se brise est la preuve que j’arrive à conduire Cat précisément là où je l’attendais. Je la dévisage. D’un calme glacial. Elle m’émeut, évidemment. A une époque, nous nous serions battus autour de ce bureau. A une autre, nous aurions fait l’amour dessus. Mais aujourd’hui, il comptait les points dans une bataille aux dimensions morales et presque judiciaires. Et je ne lâchais pas l’affaire.

Mon regard est humide. Pas de tristesse, ou de blessure. Parce que j’entérine la situation. De la froide constatation que rien, jamais, ne ferait revenir Alfred et Jason. Qu’ils étaient morts, et que je n’avais pas été là. Funeste mantra que je me répétais depuis des jours, depuis que j’avais appris l’information, qui m’avait laissé sonné, pantelant. K-O comme après une nuit à me battre avec Bane à coups de poings.

| Tu n’es pas responsable, Cat. Tu l’es de bien d’autres choses. Mais pas de ça. Tu as tes torts, sans le moindre doute. Mais les responsables sont ceux qui ont brisé la nuque de mon… D’Alfred. |

Je ne savais même pas comment le définir. Mon majordome ? Mon mentor ? Mon aide de camp ? Le juge de mon âme ? Mon père ? Alors, c’était Alfred. Comme l’épithète parfait d’un rôle qui ne l’était pas, et que je lui avais fait endosser des années durant. Rien que dire ce qu’il lui était arrivé était une épreuve, et mes muscles maxillaires roulaient sur l’arête de ma mâchoire tant je serrais les dents.

| Les responsables sont aussi ceux qui ont poignardé et abattu Jason. Et l’ont battu à mort, alors qu’il se vidait de son sang. |

J’opine lentement du chef, quand la belle brune me dit, pleine de sarcasmes, que c’était mieux que ce soit elle qui ai l’argent. Parler de sentiments, il n’y a rien de pire pour me faire douter. Et je bannis le doute. Alors, j’évite.

| Je ne pense pas que tu m’aies manipulé, toutes ces années. Je pense que tu étais sincère… Mais je pense aussi que ça n’a pas suffi. |

C’était l’évidence. Elle n’avait pas assuré les arrières de mes proches. Et ils avaient payé le prix fort de mon départ, et de son abandon. J’ai envie de me masser les yeux du bout des doigts, de me pincer le haut du nez et de fermer les paupières pour réfléchir, rien qu’une seconde. Je comprenais ce que disait Cat. Et tout ce qu’elle ne disait pas. Il n’était pas question que de comptes, et de codes d’accès qu’Alfred ne connaissait même pas tous, moins encore par cœur. Mais en connaître assez lui avait suffi pour tout craquer, et de créer le dispositif qui lui permettrait de tout vider et de tout centraliser. Je ne saurais peut être jamais le fin mot complet de cette histoire. Mais j’en savais assez.

| Qu’est-ce qui t’a décidée à passer à l’action, ce soir-là, quelques heures à peine après mon départ ? Tu aurais pu attendre quelques jours, pour voir si on revenait. |

Je suspectais qu’elle avait été contrainte de réagir vite. Elle avait des circonstances atténuantes, dans cette succession d’événements. Mais j’aurais préféré rentrer sans ressources, ma famille forcée de fuir, plutôt que de devoir fleurir deux nouvelles pierres tombales.

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I'm Vengeance. I'm the Night. I'm Batman.

Don't say goodbye. Don't say I didn't try... These tears we cry. Are falling rain. For all the lies you told us. The hurt, the blame! And we will weep. To be so alone. We are lost! We can never go home. The Dark Knight (c)codage - Kanala - texte (c)Long Ways to Go Yet, Howard Shore

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Bruce et Selina

Je n'arrivais pas à contrôler mes émotions. Cela avait toujours été facile pourtant, ne rien ressentir, parce que ça rendait tout beaucoup plus simple. Sauf aujourd'hui. J'avais appris ce que c'était d'aimer et de tout perdre et le revoir là devant moi alors que je ne m'y attendais strictement pas, remuais beaucoup de choses. Et je n'aimais pas ça. Alors cette colère, je n'avais pas su la maîtriser, la laissant éclater, sans que cela n'ait de réelles conséquences sur la suite de la conversation. Il avait visé juste, appuyer sur ce point sensible et je lui en voulais pour ça. Parce qu'à le regarder, je n'avais même plus l'impression que quoi que ce soit puisse le touché. Il avait déjà tellement perdu, si ce n'est tout. Mais on ne pouvait pas revenir sur ce qui avait eu lieu, sinon... Je l'aurais sans doute empêché de partir, peut-être que tout ça n'aurait jamais eu lieu et qu'on ne serait pas là à avoir cette discussion. Mais je prenais mes rêves pour des réalités du coup. J'avais toujours été sincère avec lui, depuis qu'on s'était connu alors que nous étions des gamins déjà trop amochés par cette vie. Et s'il ne remettait pas ça en doute, il se questionnait sur le reste. À raison. Il me dédouane au moins d'une partie des événements. Je savais bien ce qu'Alfred avait représenté à ses yeux et que Bane allait le payer cher, mais il n'était pas le seul. J'étais compris dans le lot. " Arrêtes." Je savais ce qui c'était passé, mais il continue sur sa lancée, mentionnant le sort qui avait été réservé à Jason. Je sers les dents, encaisse, pourtant, je ne veux pas en entendre davantage. Parce que ces deux personnes, je les avais aussi connus et respectées. Pas autant que lui les aimait, mais tout de même. " Arrêtes, je suis au courant." Je n'avais jamais aimé le Joker pas plus que Bane d'ailleurs, mais aujourd'hui, je devais travailler de concert avec le premier et supporter le second et je n'y arrivais que difficilement. Puis viens la question de l'argent. Son argent. Même si j'en gagnais beaucoup avec le night-club, tout ça était financé par ses fonds, mais pas seulement. Le fait que personne ne sache exactement sur combien de billets j'étais assise, me permettait de fiancer la riposte en secret. Et c'était le seul espoir que j'avais ces dernières années. On n'était pas arrivé à grand chose non plus, vu que la ville, Metropolis et Starcity étaient toujours sous le contrôle de ceux qui les avaient prises d'assaut après le départ de la Justice League. " Tu ne pense pas ? Donc tu n'en es pas certain non plus visiblement. Que tu remette tout en question, je peux le comprendre, mais pas le fait que je..." Je soupire et hausse juste les épaules, ne sachant même pas comment finir cette phrase. Tournant la tête vers le bureau, je prends la bouteille, sauf que je n'avais plus de coupe pour en boire une gorgée. Je m'en empare pourtant, reposant les yeux sur lui quand il reprit la parole, me demandant plus d'explications. Et je ne savais pas réellement quoi lui répondre, parce que rien ne serait satisfaisant. Ni à ses yeux, ni même aux miens. Alors je porte la bouteille à mes lèvres pour en boire une longue gorgée. " A choisir, j'aurais préféré que tu ne parte pas." Je bois une autre gorgée et repose la bouteille là où je l'avais prise et fait le tour du bureau, comme pour mettre un peu de distance entre nous. Cela m'aidera sans doute à garder les idées claires. " Personne ne savait quand vous alliez revenir et l'occasion était franchement trop belle pour la laisser passer. Tu t'attendais franchement à ce que tout le monde attende votre retour bien sagement ?" J'eus un rire amusé, un brin moqueur avant de reposer les yeux sur lui, plus sérieuse. " J'ai perdu l'espoir de te voir revenir au bout d'un an et trois mois." Triste réalité, qu'il fasse ce qu'il voulait de cette information. Après deux ans d'absence, je ne m'attendais pas à grand chose. " Je suis sincèrement désolée pour Alfred et Jason. Bane et le Joker m'ont prise de vitesse, je n'ai pas eu le temps de les prévenir." Parce qu'ils savaient l'un comme l'autre que je les aurais prévenus, alors pendant que j'étais forcée de vidé ses comptes, ils en avaient profité. Tout était bon pour lui faire du mal, même durant son absence. C'était tout ce que j'étais prête à admettre, il me savait déjà impliquée de toute façon, cela n'avait plus d'importance. Seul le sort qu'il allait me réserver comptait réellement. Mais je n'osais même pas lui demander. Peut importe ce qui pouvait bien se passer, j'étais et je resterais Catwoman, celle qui est à la tête d'une fortune et qu'on vient voir pour financer quelque chose. Il en dépendait ma survie et je ne lâcherais rien, pas même pour lui. Parce que j'étais comme ça et qu'au fond, on ne change pas ce que l'on est vraiment. Mais j'avais changé et aujourd'hui je payais pleinement le prix de ce changement. J'étais coincée, mais l'admettre n'était pas dans mes compétences pour l'instant. " Et maintenant ? Qu'est-ce que tu compte faire ?" Reprendre sa ville je suppose.

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Selina Kyla & Bruce Wayne

« Black Cat, Environs de Gotham, 22 juin 2022. »

J’essayais de rester concentré, de continuer à recenser toutes les pistes, à remonter le fil de ses explications. Comprendre, cela permettrait d’anticiper. Anticiper économiserait de la sueur, des larmes et du sang. Cette guerre n’avait même pas encore commencé pour moi qu’elle se présentait déjà sous de bien tièdes auspices. Et qu’elle réclamait déjà sa part de sang et de sacrifices. Cat n’était pas à l’aise. C’était nouveau. Rares avaient été les moments où elle s’était montrée sous ce jour incertain. Il n’en restait pas moins que cela ne me permettait de pousser mon avantage que dans une certaine mesure… Et sans doute que pour un temps seulement. Je devais en profiter. Et me dire que c’était possible, et même souhaitable, c’était déjà tirer un trait sur la particularité de notre relation, de ce lien si fort qui nous avait unis… Jusqu’au-delà du temps et de l’espace. Du moins, c’était ce que j’avais cru.

Pousser Cat dans ses retranchements, c’est étonnamment facile. Et je ne m’en prive donc pas. Elle me prie d’arrêter, de ne pas le raconter. Mais je reste droit, dur, sans m’émouvoir. Je ne suis pas cruel par désir de l’être, mais simplement parce que la réalité l’était, et nous imposait de l’être en retour.

| Je sais que tu l’es. |

Je savais bien que Cat n’était pas la meilleure guerrière du monde. Mais elle se débrouillait largement pour tenir la dragée haute à n’importe qui. Et ses compétences lui permettaient de se défaire de quantité de situations périlleuses… La colère me remplit de nouveau, et fait chanceler ma résolution, quand la brune me dit que je n’étais pas certain de ce que j’avançais.

| De quoi devrais-je rester certain, Cat ? Je pensais que ton premier réflexe, en cas d’attaque, aurait été d’évacuer Alfred, et la batcave, puis de rassembler nos amis et alliés. Et de tenir la barre, jusqu’à ce que je revienne. Mais non. Tu as pillé mon argent. Et celui de Wayne Enterprise. Tu n’as protégé personne. |

Personne si ce n’était elle, comme toujours. Mais je la provoque à dessein. Je continue d’appuyer où ça fait mal, pour qu’elle me relève de but en blanc son degré d’implication personnelle, ou la pousser à me dire si elle avait fait quelque chose, n’importe quoi, pour sauver quelque chose de la situation. Son rire sonne creux. Blessant. Je la dévisage, froid.

| Je me serais attendu à ce que tu guettes mon retour, à ce que tu gardes espoir en moi, en nous. A ce que tu te battes, pour que le futur que nous avions imaginé ensemble voit le jour. |

Un an, et trois mois. Ca tombe comme un couperet. Et cela me ramène sur cette planète infestée de bêtes sauvages, de démons, qui nous chassaient nuit et jour pour se repaître de notre chair. Je regarde vers la fenêtre. Je m’approche du rebord. Et regarde dehors, plonge mes yeux dans la nuit agitée que passe Gotham. Je garde le silence de longs instants. Plusieurs minutes, sans doute. Jadis, quand je réfléchissais et me plongeais dans mes propres ténèbres, je l’aurais sentie se glisser vers moi, enrouler ses bras de mon abdomen à mon torse, et m’attirer dans la chambre.

Pas aujourd’hui. J’entends qu’elle avait été prise de vitesse. Je le comprends. Je la savais depuis toujours capable du pire… Mais je connais comme personne l’intensité de son âme, et sa résonnance. J’ai bien conscience qu’elle avait tenu à Alfred, et à Jason. Et que ce ne serait pas juste de la rendre responsable. Alors, je ne le fais pas.

| Un an et trois mois. Je t’ai attendue près de neuf ans et demis. J’avais perdu espoir bien avant, mais je ne pouvais pas m’empêcher de continuer, tu comprends, Cat ? |

Je soupire et baisse les yeux, honteux, coupable. J’avais apprécié chaque instant, avec Diana. Des années de combats et d’intimité partagée, faute de camp durable, de base,d’alliés. Des années de solitude partagée, jusqu’à lâcher au cours d’une unique soirée. Ca avait été bon, salvateur peut être même. Mais je ne l’avais pas anticipé. Et j’aurais préféré que cela advienne si nous étions en situation de nous sentir légitimes à se rapprochement. Je comprenais ce que mon ex-fiancée me disait. Je ne demandais pas qui, si elle ne me le disait pas. A quoi bon ?

Je me retourne vers elle.

| Je vais continuer à me battre, Cat. C’est tout ce que je sais faire. C’est tout ce que je suis. Je suis Batman, pour toujours, et à jamais. |

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Don't say goodbye. Don't say I didn't try... These tears we cry. Are falling rain. For all the lies you told us. The hurt, the blame! And we will weep. To be so alone. We are lost! We can never go home. The Dark Knight (c)codage - Kanala - texte (c)Long Ways to Go Yet, Howard Shore

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Bruce et Selina

Je détestais cette sensation, celle qui me faisait comprendre qu'il me connaissait mieux, bien mieux que la plupart des gens et qu'il savait comment utiliser cet avantage pour parvenir à ses fins. Et je ne savais plus vraiment si c'était une bonne chose ou pas, pourtant, je ne lui donne pas réellement satisfaction, je ne lui dis pas tout. Cela pourrait complètement me dédouaner, enfin presque, mais à quoi bon de toute façon ? Je ne savais pas. La réalité était cruelle, mais c'était la réalité dans laquelle je vivais depuis deux ans. Deux longues années à vivre de cette manière et si j'étais parfois fatiguée, je savais que je n'avais pas le droit de baisser les bras. Parce que j'aimais cette ville, pour lui aussi, mais surtout parce que si j'abandonnais, je deviendrais une proie facile et ça, il en était hors de question. Je sens à nouveau sa colère et je lui tiens tête de nouveau, pas par plaisir, mais parce que je le devais. Je savais bien que c'était en partie de ma faute, que je n'avais pas agi de la meilleure des façons, mais il n'était pas là et j'avais dû faire avec les moyens du bord. Et si j'avais eu plus de temps... Une part de moi sera toujours responsable et je le serais toujours à ses yeux. Rien ne changerait ça, pas même ce que je pourrais dire pour me défendre. " Tu n'étais pas là, tu ne sais pas ce qui s'est passé. Mais de toute façon quoi que je puisse te dire, je serais toujours responsable." Phrases lâchées assez froidement, tout comme le regard qu'il posait sur moi à cet instant. On en était donc là ? Pourtant, je reste droite, sans me démonter, sans avoir à craindre quoi que ce soit parce que je connaissais ses faiblesses autant qu'il connaissait les miennes. " Ce futur qu'on avait tant espéré l'un comme l'autre a disparu à la seconde même où vous êtes partit. Je ne suis pas comme toi, je ne suis pas toi. Me battre contre Bane, Joker ? Seule ? Je ne serais même plus là pour te parler si tel avait été le cas." Quant à nos précieux alliés, ils étaient dispersés aux quatre vents. Et ils avaient tous leurs problèmes à gérer. Gotham comme les autres principales villes avaient été laissées à l'abandon par leurs héros et nous derrière, on en avait payé le prix. Chèrement, trop sans doute dans certains cas. Je le laisse s'approcher de la fenêtre et je m'assois sur mon bureau, consciente du léger tremblement qui secouait mon être. Mes jambes dans le vide se balancent lentement alors que mon regard se pose de nouveau sur lui. Sa présence m'avait manqué, mais je m'empêchais de le dire, d'y penser, parce que je ne me sentais plus légitime de rien à cet instant précis. J'aurais donné n'importe quoi pour que tout se passe autrement, pour qu'il me revienne avant, pour qu'Alfred et Jason soient encore en vie, mais ce n'était pas la réalité. Passant une main dans mes cheveux, je laisse ce silence s'installer après lui avoir demandé ce qu'il comptait faire et la réponse m'arrache un sourire. Plus doux, plus sincère sans doute, le genre de sourire que peu de personnes peuvent me faire avoir. " Je sais." Parce qu'il était le héros de cette ville, plus qu'il n'était Bruce Wayne. Parce qu'il était toujours ce dont cette ville avait besoin pour remettre les choses en ordre. J'avais aimé Bruce, mais c'était bien de Batman que j'étais tombé éperdument amoureuse, peut-être que c'était encore le cas, j'étais trop perturbée pour le savoir réellement. Mais savoir qu'il était de retour me faisait autant que peur que cela me procurait un sentiment de joie. Peut-être que j'allais déchanter dans quelque temps, c'était même certain, quand il commencera à faire le ménage, les autres allaient commencer à s'alarmer, mais j'aviserais sur le moment. Je me redresse, descends du bureau et m'approche de la fenêtre à mon tour, regardant la vue qui s'étalait devant nous. Et au bout de quelques secondes, je me retourne vers lui, levant la main et la posa sur sa joue. " Pour ce que ça vaux, je suis infiniment soulagée et heureuse de te revoir en vie." Il y aurait tellement de choses que j'aurais aimé lui dire, mais ce n'était pas le moment. J'eus un léger sourire avant d'enlever ma main. Ce contact avait rendu tout cela beaucoup plus réel. Et me faisait du bien autant que l'inverse. " Fais attention à toi, ils sont plus déterminés que jamais." Et je savais de quoi je parlais, évidemment.

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Selina Kyla & Bruce Wayne

« Black Cat, Environs de Gotham, 22 juin 2022. »

Batman pour toujours. C’était un constat froid, presque désolé, que j’avais fait jadis à Alfred. Et qui avait aussi provoqué l’absence de Selina à notre propre mariage. Tout était prêt, pourtant. Je me rappelais de cette époque où je croyais être prêt à tout raccrocher… Mais le croire ne suffisait pas. Il fallait en être sûr, sinon, cette retraite n’aurait rimé à rien. Cat m’avait blessé, ce jour-là. Mais j’étais un pragmatique. J’avais compris pourquoi elle n’était pas venue. Et j’avais saisi pourquoi elle avait fait cela en pensant à moi. Est-ce que ce genre de considérations la guidait encore, aujourd’hui ? Elle me soutient les yeux dans les yeux qu’elle n’a pas le choix de faire ce qu’elle fait. Et je la crois. C’est une survivante. Elle ne me propose pas son aide, ni de me rendre l’argent, tout ou partie. Elle mène la barque de sa propre existence, comme une chatte fière et indépendante qui n’a besoin de personne pour survivre aux chiens qui peuplent les rues en contrebas. Nous nous affrontons en tout cas dans un duel de regards, dans une lutte de volonté. Nous cherchons tous les deux à en savoir plus sur l’autre, elle à m’opposer ce qu’elle considère comme relevant de son innocence, ou de circonstances atténuantes, et moi de démêler l’exactitude de son comportement durant ces heures sombres.

| Ne me fais pas dire autre chose que ce que j’ai dit, Cat. Ce sont eux, les responsables de leur mort. Mais toi, tu es responsable de ne pas les avoir suffisamment aidés. Et moi, de les avoir laissés. Nous avons tous les deux nos raisons. |

Mais cela ne veut pas dire pour autant que nous devions nous pardonner facilement nos manquements à chacun. D’autant qu’il restait à faire le bilan d’autres choses, dont certaines plus personnelles. Je continue de la dévisager, Cat.

| Je suis content que tu sois encore en vie. Mais j’aurais préféré que tout le monde le soit encore. |

J’étais honnête, sincère. J’aime toujours Cat, c’est une certitude. Mais comment, à quel point ? Je n’avais aucune certitude. Je la désirais toujours. J’avais toujours envie d’être avec elle. Mais je ne pouvais pas le concevoir, pas avec l’affaire qu’elle gérait actuellement. Et pas dans la position qui est la sienne. Et puis, il y avait Diana. Et il y avait tout le reste de ces barrières que le temps et les dangers avaient érigés entre nous. De toute manière, il n’y a pas de temps pour tout ça. La guerre est partout dans ma ville. Comment pourrais-je prendre le temps de régler des histoires personnelles quand tant de monde souffrait, dehors ? A côté de moi, je capte son geste, dans mon champ de vision périphérique. Sa main passée dans ses cheveux. Et j’entends dans sa voix qu’elle sourit. Heureusement que je ne la regarde pas…

Cat se tourne vers moi, et je me tends. Plus encore quand elle me touche. Je déglutis, et mon regard doit l’esquiver à tout prix. Dix ans d’horreurs et de dangers remontaient d’un coup. J’inspire et j’expire plus forte. Je garde mon calme. Je m’y efforce. J’étais au bord de la rupture, depuis mon retour. Je ne savais pas si je devais être soulagé ou frustré d’avoir su tenir aussi longtemps avant de manquer de basculer. Mais c’était dangereux que cela arrive maintenant. Sa main est douce. Chaude. Je reste fermé, quand elle me souhaite bonne chance. Elle ne s’implique donc pas dans mon combat. A moins qu’elle n’attende que je le lui demande ? Je n’ai pas confiance. Pas encore. Elle peut revenir, mais pas sans efforts de sa part. Et sans doute pas si je n’en fais pas non plus. Mais je suis Batman.

| Moi aussi, Cat. Je suis content d’être revenu. Je ne voulais pas partir sans te revoir. |

Mais je me tourne vers elle, convaincu que je devais lui parler de Diana. Et brûlant de savoir, ombrageux, avec qui elle avait « cessé de m’attendre ». Mais était-ce le plus important, en cet instant précis ?

| As-tu gardé un œil malgré tout sur ceux qu’il reste ? |

Je brûlais d’en savoir plus sur ceux qu’il me restait. Plus sur elle, aussi. Mais dans ce cas précis, je ne savais pas par où commencer.

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Bruce et Selina

Je soupire, n'ayant rien de plus à dire. Nous avions tous les deux des torts, lui quant à son absence, moi pour ne pas avoir été plus rapide, pour ne pas avoir anticipé un peu plus ce qui était susceptible d'arriver. Je l'aurais fait, je les aurais éloignés, du moins, j'aurais essayé. Peut-être même que Bane m'aurait tué, mais au fond, je ne le saurais jamais et lui non plus. Se renvoyer la balle n'avait aucun sens, mais on avait aussi tous les deux nos raisons d'agir comme nous le faisions en ce moment même. Il n'était pas question que je plie, pas question non plus de le faire abandonner. Gotham était en proie au trouble, mais elle n'était pas encore tout à fait perdue. Il y avait encore un espoir s'il était là, mais je ne me propose pas pour l'aider. Je pourrais le faire, mais actuellement, je sais que je ne peux pas me battre à ses côtés comme je l'avais fait tant de fois il y a encore une poignée d'années. Et il ne me le demande pas non plus, sans doute conscient du fossé qu'il y avait présentement entre nous. Je n'avais jamais cessé de l'aimer, même si j'avais arrêté de l'attendre, c'est la seule chose dont j'étais sûre et à en croire les battements un peu plus rapides de mon palpitant, ce n'était que la vérité. Mais ce n'était pas possible, pas maintenant. Pas dans notre situation actuelle et si je ne m'étais pas présentée à l'autel lors du mariage, c'était exactement pour la même raison qui faisait que je ne lui demandais rien actuellement. Je pourrais, mais ça serait si égoïste et si peu légitime de ma part. Cette ville avait besoin de lui et lui avait besoin de ça pour exister. Tout l'amour que j'avais pu lui porter et que je lui portais encore ne comptait pas en comparaison et ça, je l'avais compris il y a longtemps. De toute façon, j'avais conscience que j'allais devoir me faire pardonner et que j'allais devoir regagner sa confiance avant de faire quoi que ce soit d'autre. Je sors de mes pensées quand j'entends le son de sa voix. Que répondre à ça ? Que j'étais désolée ? Cela ne les fera pas revenir, ni l'un, ni l'autre. Et il devait certainement le savoir. Mais au moins, il avait le mérite d'être honnête et sincère. Deux qualités que j'avais toujours appréciées chez lui et si je l'avais été avec lui en retour, je ne pouvais pas dire qu'il en était autrement pour les autres. Et pourtant, je m'approche de lui et me permets un geste tendre, un peu en décalage avec la froideur qui régnait dans la pièce, il y a encore quelques secondes. Cela me réconfortait de savoir qu'il était vraiment de retour, que ce n'était pas un rêve ou mon esprit qui me jouait des tours. Mais il ne me regarde pas et inspire et j'eus un léger sourire aux coins des lèvres avant de retirer ma main de sa joue. Ce fut bref, mais cela me fit le plus grand bien parce que j'allais certainement devoir me contenter de ça pour un long moment, mais c'était mérité après tout. " J'aurais voulu qu'on se retrouve dans de meilleures conditions." Je l'avais si souvent espéré, rêvé même, mais j'avais toujours gardé ça pour moi, n'étant pas du genre à être le genre de petite amie qui s'apitoie sur son sort. Mais je pouvais bien le lui dire à lui, même si désormais, c'était auprès de quelqu'un d'autre que je passais une partie de mes nuits. Il devait bien s'en douter, mais ne me le demande pas. Je soupire légèrement quand il se tourne vers moi et je recule d'un pas, croisant les bras et laissant mon regard se poser sur l'extérieur, un peu pensive. " Je ne sais pas où ils sont en ce moment, mais ils sont encore en vie." En revanche, je savais exactement où il pouvait trouver ses plus redoutables adversaires, mais il n'était pas en mesure de les affronter. " Gotham n'est pas la seule ville en proie au trouble, mais je suppose que je ne t'apprends rien. Mais ici... Les règles du jeu ont changées drastiquement, il ne te sera pas aisé de débusquer tes ennemis et ça le seras encore moins quand la nouvelle de ton retour se propagera." Encore que l'arrogance de certains pourrait jouer en sa faveur, je suppose. " Si tu ne veux pas ou ne peux pas contacter les autres, je peux le faire à ta place, mais dans l'immédiat c'est tout ce que je peux faire pour toi." Au final, nous avions les mêmes objectifs, mais pas la même manière de faire. Et puis je devais conserver ma réputation aussi intacte que possible, il en valait de ma survie. J'en connaissais beaucoup qui seraient ravis de me tuer, mais je ne leur donnerais pas ce plaisir. " Cette ville a besoin de toi et tu n'es pas seul, tu ne l'a jamais été. Je ne suis peut-être plus à tes côtés pour l'instant, mais tu as encore du soutien, sers toi en et redonne un peu d'espoir à ces habitants, ils en ont besoin." Parce qu'il était Batman et le seul qui puisse réussir un tel exploit. Et que malgré tout, je croyais en lui. Même si on ne jouait plus dans la même équipe et que j'allais certainement devoir contrecarrer certains de ses plans à l'avenir.

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Selina Kyla & Bruce Wayne

« Black Cat, Environs de Gotham, 22 juin 2022. »

La discussion change de ton, de tournure. Je reste offensif, et je ne lâche rien. J’incise l’abcès malsain qui s’est formé entre nous. Bien sûr, je me rends compte de l’ampleur des dégâts au fur et à mesure où je fouille, mais cela ne change rien. Il n’y a pas de limites à ce que nous sommes capables d’accomplir quand nous sommes ensemble, mais il n’y en a pas non plus à nos accomplissements en solitaire. Selina a réussi le plus gros casse du siècle, et en passant sous les radars. Pour ce faire, sous pression comme elle l’a indiqué et avec le peu d’informations dont elle disposait, elle avait réussi l’impossible. Suivre mes traces à partir des premières données transmises par Alfred. Puis passer toutes les sécurités, et en pleine nuit. Craquer mes codes, contourner les vérifications humaines. En une nuit. La belle à la tenue de cuir, souple et agile, savait tout aussi bien l’être avec un système qui s’évertuait depuis vingt ans à contrecarrer ses compétences, sans le moindre succès jusque là.

Je suis moins à l’aise sur le terrain des sentiments.

Elle est touchée par la mort d’Alfred, de Jason. Peut-être a-t-elle perdu des gens, aussi, même si sa nature l’inclinait plus encore que moi à la solitude. Je ne peux pas lui confier toute l’ampleur de mes doutes et de mes peurs, de mes appréhensions, alors que je me retrouvais sans espoir dans un autre espace et dans un autre temps. Je ne peux pas lui dire. Je n’en ai même pas vraiment parlé avec Diana.

| Moi aussi. Sur un toit. En tenue, côte à côte. Comme à nos débuts. Comme à notre apogée. Mais c’était une illusion, Cat’. Trop de choses ont changé. |

Et j’aurais pu l’en rendre majoritairement responsable. Serait-ce juste, toutefois ? Rien de moins sûr. Qu’importe, au fond. La belle croise les bras. Difficile de ne pas me laisser déconcentrer par son physique, sa posture, par toutes les émotions par lesquelles elle me fait traverser. J’attends les détails sur mes proches, mais Cat ne me confirme que leur survie. Partie remise, alors. Mais pourtant, la brune m’encourage. Elle me pousse à agir. Se charge de se faire mon relais. Je la dévisage. Longuement. Les yeux dans les yeux. J’ai envie de lui caresser la joue. J’ai envie de l’embrasser. Le visage de Diana parasite cette impulsion, et je ressens un élan nouveau de culpabilité qui me prend les tripes et les serre douloureusement.

D’autres choses me retiennent. D’autres visages. D’autres sentiments. Alors, je continue de la regarder, longuement, d’un regard qui doit lui paraître bien pesant.

| Je sais ce que c’est, d’être seul. J’ai commencé comme ça. Et même si tu étais là, si d’autres m’ont rejoint, je l’ai toujours été, d’une certaine manière. Parce que j’ai voulu que ça se passe ainsi. Mais la Justice League l’a changé. Au moins pour un temps. |

Je déglutis, tourne à nouveau la tête. Je repense encore à Diana. A ce qu’elle fait, maintenant. Pendant que je m’explique avec Sélina. Pendant que je glane des informations.

| Je t’ai demandé quand, pourquoi à ce moment précis, et comment. Je ne t’ai pas encore demandé pourquoi tu as fait ça, Cat. Pourquoi tu les as ralliés, et pourquoi tu m’as volé, et mis Wayne Enterprise au bord de la banqueroute ? |

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I'm Vengeance. I'm the Night. I'm Batman.

Don't say goodbye. Don't say I didn't try... These tears we cry. Are falling rain. For all the lies you told us. The hurt, the blame! And we will weep. To be so alone. We are lost! We can never go home. The Dark Knight (c)codage - Kanala - texte (c)Long Ways to Go Yet, Howard Shore

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Bruce et Selina

Son absence avait causé de grands changements. Que ce soit pour cette ville ou à plus petite échelle entre nous. Je n'aimais pas sa froideur, parce que j'estimais mérité mieux que ça malgré ce qui c'est passé, mais je ne pouvais rien y faire dans l'immédiat. Je n'étais plus en position de le faire et il me le faisait bien sentir. Trop de choses avaient changé, c'était indéniable et je n'étais pas certaines d'aimer ces changements dans l'immédiat. Mais sa réponse me fit sourire dans un premier temps. Il est vrai qu'on en avait passé du temps ensemble sur les toits de la ville à nous battre pour ce qui était juste. Mais ce temps était résolu visiblement parce que ça ne serait pas demain la veille que ça allait recommencer. Il fallait que je regagne sa confiance et je savais que ça allait être compliqué vu tout ce qui s'accumulait contre moi. Mais j'assumais, il le faudra bien. Et pourtant, ce sourire se fane à la fin de sa phrase, trop consciente de ce que ça impliquait. " Ce n'était pas une illusion et tu le sais parfaitement." Autant remettre les choses comme elles étaient, mais je savais qu'il n'était pas sentimental, moi non plus en général, mais lui était l'exception. Mais soit, il fallait laisser tout ça derrière nous si c'était ce qu'il voulait, mais je n'en étais pas sûre non plus. Je savais beaucoup de choses, évidemment, mais sur ses proches, c'était plus compliqué, j'aimerais avoir plus de choses à lui dire et je voyais bien qu'il semblait... Déçu, mais il allait devoir faire avec ce que je lui donne. Un léger sourire se dessine au coin de mes lèvres, mais je n'ajoute rien. Je n'allais pas inventer des informations dans le seul but de le rassurer, parce qu'on en était même plus là. Et a dire vrai, je m'intéressais aux informations qui pouvaient me garder en vie, si l'un d'entre eux était mort ou blessé, je le saurais. La pègre et les sbires de mes nouveaux compagnons de jeu, aimaient se vanter, alors ça me serait revenu aux oreilles. Mais le fait que je ne sache rien était rassurant, bien plus qu'il ne pouvait l'imaginer. J'étais plus seule que jamais désormais et ça m'allait, je ne voulais plus avoir autant mal, me sentir aussi mal, que le jour où j'ai appris pour Alfred et Jason. Plus jamais. Oh, j'avais Harley, j'avais Huntress, j'avais Laura dans une certaine mesure, mais tout ce que je faisais, je le faisais par calcul et pour moi. Je voulais survivre et ça avait un prix. Mais les filles le savaient. C'était comme ça. Et pourtant son regard qu'il pose sur moi alors que je l'encourage à reprendre le contrôle de sa ville me laisse perplexe, n'arrivant pas à le déchiffrer et me mettait presque mal à l'aise sans qu'il n'y ait de raison. " C'est toi qui m'a dit un jour que nous n'étions pas fait pour être seul, je t'ai cru. Alors ne me fait pas croire que tu as changé d'avis à ce sujet." Il détourne enfin la tête et j'inspire légèrement avant de me détourner de lui et de reprendre cette bouteille de champagne qui n'attendait plus que moi. J'en bois une gorgée et j'écoute ce qu'il dit, lui tournant toujours le dos, il voulait savoir pourquoi. Je ferme les yeux, secouant légèrement la tête avant de me tourner de nouveau vers lui. " Tu veux boire quelque chose ? Non parce que j'ai besoin de quelque chose de plus... Fort que du champagne." Sans réellement attendre de réponse, je me détourne une fois de plus, prends le téléphone et appuie sur une touche qui donne directement à la sécurité. " Une bouteille de bourbon et deux verres. Merci." Et je raccroche sans plus amples explications. Je me désintéresse de lui pendant les minutes qui suivent, profitant de ce laps de temps pour ranger les documents que j'avais sur mon bureau, rien d'important en somme, mais tout de même, ce sont mes affaires. Et lorsqu'on frappe à la porte, je vais ouvrir, prenant la bouteille, les deux verres, remerciant ma barmaid et referme la porte. Je pose le tout sur mon bureau et nous sert deux verres et j'en porte un à mes lèvres lui laissant le choix quant au second. " Pourquoi j'ai fais ce que j'ai fais ? Je suis une voleuse ne l'oublie pas." Sourire ironique sur les lèvres, je reprends une gorgée de bourbon. " En l'occurrance, il en va de ma sécurité et de ma survie." Je repose les yeux sur lui et soupire. " Ne crois pas que ça me fait plaisir de travailler avec Joker, Bane et Punchline pour ne citer qu'eux. Mes options étaient... Limitées." Je fais le tour du bureau et m'asseois de nouveau dessus, comme je l'avais fais un peu plus tôt. " Je ne m'attends pas à ce que tu comprenne." Avec un peu de temps j'espérais que si, mais là maintenant, je voyais bien que c'était au-dessus de ses forces.

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Catwoman

So close, no matter how far, couldn't be much more from the heart. Forever trusting who we are and nothing else matters. Never opened myself this way, life is ours, we live it our way. All these words, I don't just say and nothing else matters.

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Selina Kyla & Bruce Wayne

« Black Cat, Environs de Gotham, 22 juin 2022. »

Le comment dans mon métier était indispensable. Le pourquoi l’était tout autant. Parce que c’était lui qui permettait de nuancer –ou non- la mesure prise contre le criminel, de punir le fautif à la hauteur du crime qu’il a commis. Cat n’est pas en reste. Elle n’est pas différente des autres. Même si je nourris pour elle de puissants sentiments –jadis absolus, aujourd’hui des certitudes chancelantes-, je ne suis pas dupe. Je reste pragmatique. Elle est coupable de nombreux crimes, depuis des années. Seules ses intentions et la somme positive de ses actions d’autrefois m’avaient finalement permis de passer outre sa nature de criminelle, pour remise mes réserves au placard et me lover dans cette passion commune qui nous animait. Passion brûlante, ardeur quotidienne, que si nous ressentions encore nous restions habiles pour bien la camoufler…

Je hoche la tête, en silence. Un bref signe, ténu mais bien réel, quand la jolie brune me confirme que tout ce que nous avions vécu n’était pas une illusion. Sans doute pas, mais c’était trop tard malgré tout. Je pouvais me retourner, regarder en arrière… Mais je ne le ferais pas. Pas avec le Joker qui avait tué Jason, pas avec Bane qui avait assassiné Alfred. Cat avait été une priorité, jadis. Et sans doute l’est-elle encore aujourd’hui. Mais devant, bien devant, il y avait la rage et la vengeance. Mon regard transperce Selina quand elle me parle de solitude.

| Difficile de savoir où se placent mes limites avec les autres, Cat. Je pensais t’avoir à mes côtés pour la vie. Et être aux tiens jusqu’à la fin de mes jours. |

Ce n’est pas un reproche, mais un fait, une évidence que j’impose sans férir. Je conclus, neutre, jugement équivoque et définitif.

| Pour ce que j’ai à faire, il vaut mieux être seul. Les autres ont leurs propres impératifs. |

Et je ne donnerais aucune information sur eux à Cat’, qui n’en demande pas de toute façon. Difficile de savoir si c’est pour se préserver ou par absence d’intérêt, au fond. La brune commande du whisky, deux verres, et dit qu’elle a besoin de quelque chose de plus fort. Le silence perdure. J’attends, lui laissant l’intimité dont elle a besoin pour trier et ranger ses papiers. Si j’avais besoin de ces documents, je viendrais voler la voleuse. Mais ce soir, je n’en étais pas là. J’attends en silence, je fais le tri de mes pensées, alors qu’une barmaid apporte la commande et que Selina sert les verres. Je me rapproche. Je hume son odeur, remue doucement le verre, et prends une petite gorgée. Si près, elle sur la table… Avant mon départ, je l’y aurais couchée. Je lui aurais écarté les cuisses, soulevé sa robe, et lui aurais fait l’amour, en me fondant contre et dans la femme de ma vie. Elle m’explique les raisons de son action. J’entrevois bien sa situation. Et évidemment que je la comprends. Somme toute, Cat’ n’avait jamais agi différemment qu’en obéissant à son instinct de survie. Je pensais à une époque que l’amour et la fidélité la changent, mais quelque part, je l’aimais pour ce qu’elle était, pas pour ce qu’elle pourrait être.

Passé et présent qui s’entremêlent toujours.

L’alcool coule dans ma gorge et mon œsophage. Et me réchauffent agréablement. Le goût est fort, tourbé. Je le savoure, pas trop sec.

| D’accord. Tu as survécu. Et pourquoi es-tu ici, Cat ? |

Je pivote pour lui refaire face. Si près et si loin à la fois. Nos regards qui se croisent, qui se noient l’un dans l’autre. Ses yeux de chatte, pleins, curieux, scrutateurs… Et les miens, froids, ceux d’un animal sans vie, qui n’agit que d’instinct. Le requin plus que la chauve-souris.

| Tu es riche pour plusieurs vies, avec mon argent, et celui de Wayne Enterprise stocké à l’époque. Et pourtant, tu es là. Dans un bar, où des filles dansent, et accordent charmes et plaisirs aux nouveaux patrons de cette ville. Pourquoi es-tu encore là, Cat’, et pas dans un endroit, tranquille, en paix ? Qu’est-ce qui te retient, désormais. |

Puisque ce n’était pas moi, ni notre « famille ».

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Don't say goodbye. Don't say I didn't try... These tears we cry. Are falling rain. For all the lies you told us. The hurt, the blame! And we will weep. To be so alone. We are lost! We can never go home. The Dark Knight (c)codage - Kanala - texte (c)Long Ways to Go Yet, Howard Shore

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Bruce et Selina

Je n'étais pas blanche comme neige, j'en avais parfaitement conscience, j'avais une série de crimes à mon actif et s'il avait partiellement fermé les yeux, c'était uniquement parce que je l'aidais, parce qu'il m'aimait. Je n'avais pas remis en cause ses sentiments, je ne le faisais pas actuellement non plus, même si c'était une incertitude qui pourrait être problématique pour la suite. Je ne voulais pas avoir de réponse, pas de certitude à ce sujet, pas pour le moment. Faire semblant, ne rien montrer est bien plus simples que je ne le pensais. Sans doute aider par ces deux ans d'absence, par sa froideur, par les événements. Pourtant, malgré tout ce que j'avais pu faire dans ma vie, le nombre d'histoire que j'avais pu avoir, rien n'avait été comparable à ce que j'avais vécu avec lui, ce que j'avais ressenti pour lui et pourtant, je reste à distance. Et ses paroles me font l'effet d'un coup de couteau dans la poitrine et je me contente juste de fermer les yeux quelques secondes, inspirant légèrement, mais ne laissant rien transparaître de plus pour autant. " Je rêvais de cette vie avec toi, je t'ai attendu pendant longtemps." Sans même en avoir conscience la plupart du temps, mais ce n'était pas non plus un reproche, juste un énième constat de la situation. Mais il annonce ensuite vouloir avancer seul, que les autres avaient leurs propres choses à régler et je souris légèrement. " Il vaut peut-être mieux en effet." Je ne pouvais pas savoir ce qu'il avait en tête exactement, mais je me doutais bien que ça impliquait des plans de vengeances et de la violence. Et tout ce que j'espérais, c'est qu'il ne franchisse pas la seule limite qu'il lui restait encore. Je ne pouvais pas être certaine de ce que j'avançais, mais il avait changé, ce qui c'était passé l'avait irrémédiablement changé. Et je ne pose pas plus de question, il ne me répondrait pas et je pouvais avoir les réponses autrement. Être avec les Birds était ma manière de protester contre ce qui se passait en ville. Financer les Titans, c'était comme pour me faire pardonner d'avoir contribué à la mort de façon indirecte de deux personnes que je respectais. Mais je ne lui dis rien de tout cela, il ne comprendrait pas. Alors en attendant que le whisky arrive, je me désintéresse de lui, triant des papiers sans trop d'importance. Et le silence qui s'installe est salvateur, me permettant de remettre de l'ordre dans mes pensées, me focalisant sur les raisons de sa venue, me demandant ce qu'il pouvait bien me cacher encore. Il n'était pas entièrement franc, je le savais, je le connaissais, du moins, je pouvais espérer encore que ce soit le cas. Il ne pouvait pas changer de tout au tout, pas lui. Finalement, l'alcool arrive et je nous verse deux verres, il s'approche pour prendre le sien, alors que je m'assois sur mon bureau. Il me suffisait de tendre la main pour le toucher et je me surprends même à nous imaginer faire l'amour sur ce bureau, mais ça ne serait pas convenable. Pourtant, cette envie d'avoir un contact physique avec lui, quel qu'il soit était présent, mais ça serait totalement déplacé au vu de la situation. Je n'étais plus légitime, mais est-ce que ça devait m'arrêter pour autant ? Je ne savais plus. Ses propos me sortent de mes pensées et je pose les yeux sur lui. Je lui explique que je n'ai pas franchement eu le choix et sa question me fit froncer les sourcils, ne voyant pas vraiment où il voulait en venir. Nos regards se croisent de nouveau, mais je maintiens le contact, sûre de moi et reprends. " Gotham est chez moi Bat. Où veux tu que j'aille ?" Évidemment que j'avais songé partir, loin, très loin recommencer ailleurs, mais pour aller où et pour faire quoi ? Attendre qu'il vienne me chercher ? Non, je ne voulais pas partir, je ne pouvais pas partir. J'avais mes habitudes ici, mes amis, mes alliés, mes ennemis aussi toute ma vie était ici et il le savait. " J'ai mes raisons pour rester, pour ne pas être partie avec ton argent sur une île paradisiaque. Au lieu de ça, je tiens le night-club le plus en vu de la ville. Je veille sur des dizaines de filles, qui font ce que j'ai fais à une époque, mais avec plus de sécurité que je n'en avais quand je faisais le trottoir." Je descends du bureau et viens lui faire face. Il me suffit seulement de me mettre sur la pointe des pieds pour poser mes lèvres sur les siennes, mais je reste à ma place et l'analyse, essaye de comprendre ce qu'il veut que je lui dise, ce qu'il a besoin d'entendre. " Mais tu sais, même si j'avais voulu partir, on ne m'aurait pas laisser faire. Je suis bien trop importante pour que je disparaisse dans la nature." Je n'étais plus dans son camp, c'était comme ça désormais, nous le savions tous les deux. Pourtant, je ne m'éloigne pas, je ne mets pas de distance entre nous et reprends plus doucement. " Mais malgré toutes tes questions, tu ne m'as pas poser la plus importante, celle qui te brule les lèvres depuis tout à l'heure." Mon regard se fait plus doux et je reprends. " Qu'est-ce qui c'est passé là-bas Bat ? Qu'est-ce que tu ne me dis pas ?" Pourquoi nous, mais ça c'était le jeu. La vie était une chienne, je le savais, je n'avais jamais rien pris pour acquis, mais pour une fois, une seule fois, j'avais eu accès au bonheur, au bien-être et on m'avait tout repris sans que je ne sache ce que j'avais bien pu faire pour mériter cela.

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Selina Kyla & Bruce Wayne

« Black Cat, Environs de Gotham, 22 juin 2022. »

La situation n’est pas facile. Mais elle pourrait être plus tendue encore. Pour l’instant, je découvre. J’interroge. Je réfléchis à voix haute, et je dois naviguer entre tout ce que Cat’ me dit, et surtout, dans ce qu’elle ne me dit pas. Je ne suis ni idiot ni naïf, et ses silences sont d’or… Comme tout le reste, chez elle. Alors, je conçois bien que les choses peuvent paraître simples. Qu’elle a survécu, et c’est tout. Mais je sais pertinemment qu’il y a eu autre chose. Qu’elle a dû anticiper son forfait, car malgré tout le talent du monde, dont elle est effectivement dotée, on ne pourrait réussir un coup pareil juste en l’improvisant. Je n’y crois pas une seule minute. Je la sens touchée. J’ai envie, évidemment, de la réconforter. C’est une impulsion naturelle. La serre contre moi. Doucement mais fermement. Embrasser son front, et lui dire que je serais toujours là, Cat’. Mais pas ce soir. La rage n’était pas née à cause d’elle. Mais ses actes l’avaient alimentée. Alors, maintenant, il fallait en payer le prix. Et la facture est salée pour moi, il n’y a pas de raison qu’elle n’en paie pas les frais non plus. Je sais ce qu’il y a derrière ses paupières qui se ferment ; sa remarquable capacité à encaisser.

| Pendant longtemps. Moi aussi. Mais ça n’a pas suffi, Cat’. |

C’est ça, le coup que je prends en plein cœur, et qui va la toucher en égale mesure. Mais ce n’est jamais qu’un fait, ni plus, ni moins. Un an et quelques pour elle, plus pour moi. Et au fond, ça ne change rien du tout, car le résultat est le même. Cat’ sait déjà ce qu’il va se passer, de toute façon. Ce n’est pas le moment d’avoir des remords, de nourrir de la culpabilité. C’est difficile de s’imposer cette discipline, mais je me l’impose malgré tout. Parce que nous avions eu de belles années, et de beaux projets. Qui sait, peut-être plus tard… Si je survis. Si elle survit aussi. Si nous trouvons en nous et l’un dans l’autre la capacité à surmonter tout ça. Rien n’était moins sûr, évidemment. Cat’ s’enfonce dans ses pensées en même temps que ses lèvres purpurines ne s’immergent dans le verre d’alcool ambré. Sa question est purement rhétorique. Je connais déjà la réponse.

| Hm. |

Je bois encore. Il est bon. Et je ne me méfie pas d’un empoisonnement quelconque. Ce n’est pas l’arme que choisirait Cat’. Elle me divertirait, plutôt. Avant de me frapper en plein cœur. Mais ce ne serait pas facile pour elle de me faire plus mal sans m’abattre que ce qu’elle avait déjà fait. Nous sommes si près, maintenant qu’elle me parle de son travail… Et je me rappelle de nos débuts. De toutes ces fois où, effleurés, nous n’avions rien concrétisé d’autre que des défis et des regards pleins de promesses. Avant qu’enfin sa fermeture éclair ne soit ouverte, et mon masque tombé au sol. Je continue de la distinguer, de la jauger. Ses iris aux reflets verts et jaunes sont pétris d’électricité qui me hérisse les poils, me donnent l’impulsion de la rejoindre, de cueillir ses lèvres et de la serrer contre moi. De mettre bas ma fierté, de hisser le drapeau blanc, et de l’aimer sans retenue.

Je n’en fais rien.

Et mon silence s’éternise. Plusieurs minutes, où mon regard ne dévie pas du sien, quittant ses pupilles pour s’attacher à l’étude de ses iris, et au scanner intégral de son âme, les yeux dans les yeux. Puis, je réponds.

| L’ombre et la flamme. Pendant dix ans, pour moi. Nous avons combattu et vaincu, ensemble. Puis nos appareils ont cessé de fonctionner, et nous nous sommes retrouvés perdus, isolés les uns des autres. Je me suis retrouvé seul, sur un monde où presque tout voulait ma peau. Puis, Diana m’a retrouvé. |

Devais-je lui dire ? Je suis Bat. Elle est Cat. Je déglutis, je mâchonne les mots qui ne veulent pas sortir, et je détourne le regard.

| Nous sommes devenus intimes. Elle est la seule compagnie que j’ai eue pendant neuf ans, en dehors de celles de monstres ou de proies vite disparues. Et nous avons survécu ensemble, pendant des années, avant que Barry ne nous retrouve. |

Je lui passe les cauchemars éveillés, la survie constante, l’armure modifiée pour résister aux griffes et crocs d’airain de ces monstres qui voulaient nous dévorer, je lui cache les plus profondes blessures et, évidemment, les abîmes de noirceur dans lesquels la solitude, la mort et la violence m’ont plongé pendant des années. Je reste factuel, encore et toujours. Et honnête. Je vide mon verre, et je reprends.

| Il n’y a pas de question plus importante que celles sur les raisons et moyens de tes actes, Cat’. |

Car je reste Batman, jusqu’au bout des ongles, envers et contre tout.

| Mais il y en a quand même une que je dois te poser. Tu me connais trop bien. |

Et pour cause, nous avions partagé la même vie, et des fiançailles, pendant des années.

| Pour qui travailles-tu, Cat’, si ce n’est pas pour toi. Pour qui as-tu fait tout ça, et à quoi sert vraiment ce club ? |

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Bruce et Selina

Ces quelques mots mirent fin au peu de sentimentalisme qu'il y avait dans cette conversation depuis qu'elle avait commencé. Pas que je n'avais pas envie, mais au final, c'était peut-être mieux comme ça dans l'immédiat. Parce que nous avions tous les deux des choses bien plus urgentes à régler et rêver de ce qui aurait pu être serait une perte de temps. J'y repenserais peut-être plus tard à cette discussion, en me demandant ce que j'aurais pu dire où faire autrement, mais pour le moment, toute mon attention était focalisée sur ce que je lui disais pour que je ne commette pas d'impair. Il y a des choses qu'il ne doit pas savoir, pas tout de suite du moins. Mais ces quelques mots sont autant un coup de poignard en plein cœur pour lui comme pour moi, je le savais, je l'avais bien compris, mais il était sans doute trop tard pour éviter cela. Je n'avais que peu de remords sur la situation depuis deux ans et les seuls que j'avais, sont ceux que je lui avais dit, mais de toute façon, on ne pouvait rien y changer, quand bien même je le souhaitais plus que tout. Tout était allé bien trop loin, trop vite aussi et maintenant, je me retrouvais dans une position des plus inconfortables. Mentir, duper, tromper et faire bonne figure. Mais avec lui, comme avec une petite poignée de personnes, c'était plus compliqué. Il me connaissait, autant que je le connaissais et pourtant, j'avais l'impression d'avoir quelqu'un de totalement différent en face de moi. Mais la réponse quant à ma fuite de Gotham ne me surprit pas, il savait que je resterais ici, quoi qu'il arrive. Je connaissais des lieux où j'aurais pu profiter d'une sécurité relative, mais ce n'était pas ce que je voulais. Alors j'étais restée, par manque de choix, mais aussi pour avoir une vision d'ensemble sur ce qui se passait et ce qui allait arriver. Et pourtant, malgré tout ça, j'arrivais encore à me tenir debout devant lui, fière et droite comme si tout ça n'était pas si grave. La promiscuité entre nous aurait pu facilement être rompue, mais on n'en fait rien, ni l'un ni l'autre alors que je lui fais un léger rappel de mon passé. Celui dont je ne suis pas fière, mais qui m'avait pourtant donné la force de vouloir m'en sortir, de vouloir être mieux qu'une fille qui faisait le trottoir. Parce que je valais mieux que ça. Difficile de l'imaginer en me voyant aujourd'hui et pourtant... Mais ce silence ne me plaisait pas, je sentais bien qu'il s'était passé quelque chose là-bas. Et la réponse tarda un peu à venir, son regard accrochait le mien et je ne déviais pas plus les yeux qu'il ne le faisait. Et il commence à répondre et je n'osais même pas imaginer ce qu'il avait dû supporter et vivre tout seul. Et il mentionne Diana et l'espace d'un instant, je suis contente que la déesse l'ait retrouver, mais sa réaction me laisse deviner qu'il s'était passé autre chose. Il semble hésiter et intérieurement, je ne voulais pas admettre qu'il puisse y avoir plus, jusqu'à ce qu'il me confirme mes doutes. Et je ne sais même pas si j'ai le droit de réagir, de dire quelque chose, alors je reste là, sans avoir trop de réactions pendant quelques secondes. " Je vois." Trop froide, trop dure, blessée, certainement alors que je savais que je n'avais pas fait mieux de mon côté. Je pourrais lui dire que je couche avec Helena, je suis certaine que ça ne lui ferait pas plaisir, mais le blesser plus qu'il ne l'est actuellement n'était pas mon intention. Je soupire et reprends. " Au moins, vous étiez ensemble, c'est pas si mal." Il ne me disait pas le reste et je n'étais même pas certaine d'avoir envie de le savoir de toute manière. C'est lui qui reprend la parole et j'eus un sourire en coin quand il avoua avoir une question à me poser, ajoutant que je le connaissais bien. Evidemment que c'était le cas et la réciproque était réelle. Personne d'autre que lui ne me connaissait comme il le faisait, j'avais sans doute été idiote de lui avoir presque tout montrer, mais je n'avais pas non plus de regrets à ce sujet. Et il pose sa question. Je ris légèrement dans un premier temps, ne répondant pas, buvant mon verre d'une traite et recul d'un pas, puis deux, mettant fin à cette distance. " Pourquoi penses tu que je travailles pour quelqu'un ? Et même si c'était le cas, je suis certaine que tu as déjà une idée sur la question." Il était loin d'être bête et les criminels de cette ville capable d'organiser quelque chose d'aussi gigantesque et magistrale étaient peu nombreux au final. Il allait vite trouver, j'en étais certaine. " Quand à cet endroit, c'est une simple lubie de ma part. N'y voit rien de plus qu'un club Bat." Je vais me resservir un verre lui tournant le dos quelques secondes. " Quant à la clientèle ma foi... On a celle que l'on mérite je suppose. Je suis une criminelle après tout, n'est-ce pas ? Alors je reçois ici ce que cette ville fais de pire, mais c'est rentable. C'est tout." Je porte de nouveau le verre à mes lèvres, m'amusant quelque peu de l'ironie de la situation. " Mais ton retour signe la fin de cet âge d'or je suppose. D'ailleurs, si tu n'as rien de plus à ajouter, j'ai un club à faire tourner, même si bien évidemment, je suis contente de te revoir et de parler avec toi." J'eus un large sourire sur les lèvres, qui sonnait pourtant faux. Je ne voulais qu'une chose là tout de suite, être seule. Parce que j'étais au bord de la crise de larmes, même si je n'en montrait rien. Je devais calmé les tourments que mon âme et ma conscience m'infligeaient en ce moment même, mais pas en sa présence. Ce n'était plus lui qui devait les calmer, c'était moi et moi seule. " Je te raccompagne si tu veux. Je ne veux pas que tu te fasse prendre sur le fait. N'aie crainte, je n'ébruiterais pas ton retour non plus." Il n'était peut-être pas prêt a faire son come-back. Mais moi, je savais qu'il était là et j'allais devoir agir en conséquences désormais.

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Catwoman

So close, no matter how far, couldn't be much more from the heart. Forever trusting who we are and nothing else matters. Never opened myself this way, life is ours, we live it our way. All these words, I don't just say and nothing else matters.

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The Dark Side

Selina Kyla & Bruce Wayne

« Black Cat, Environs de Gotham, 22 juin 2022. »

Elle ne pense peut être pas à ça, quand Cat parle de la question que je rumine de poser depuis le début de notre entrevue. Elle sait l’impatience qui se meut, sous le vernis bien lisse de mon épiderme et de mon attitude, neutre et objective, factuelle à l’extrême. Ce pragmatisme monstre, qui faisait de moi une forme de sociopathe. Bien différent, certes, des criminels que je pourchasse. Mais seulement au niveau des motivations. Des moyens, aussi. Pas toujours. Mais ça compte tout de même forcément pour quelque chose. Je ne pose pas cette question. Je reste concentré autant que faire se peut. C’est compliqué, avec Cat. Ca l’a toujours été. La distance, et dix ans d’absence pour moi, deux pour elle, n’aident pas à rendre les choses plus faciles. Ce fossé sur lequel nous avions jadis jeté tant de passerelles et de ponts, aujourd’hui détruits ou branlants. Cat a ma propre vérité. Elle a le détail de mon absence, de ce qui m’arrive. Elle sait, maintenant. Et elle l’encaisse mal, même si physiquement rien ne la trahit. Elle est infiniment plus froide que d’habitude. Neutre, factuelle. Ce qui lui ressemble moins encore que son attitude jusque là. J’acquiesce, verre porté aux lèvres pour en engloutir une généreuse partie.

Mais je ne réponds rien. A quoi cela pourrait-il me servir de la blesser plus encore ? Si Cat se place dans le camp ennemi, elle pourrait faire de chaque information une arme. Si elle reste neutre, elle n’a pas besoin, ni sans doute envie, d’en savoir plus. Et si, au fond, il lui reste un certain sens du devoir…

| J’ai beaucoup de soupçons, Cat. Mais je préfererais que tu sois honnête avec moi. Depuis le début de cette… Entrevue. Tu éludes beaucoup, et tu me pousses à dévoiler ce que j’ai appris ou ce que je suspecte. |

Mais soit, si elle insiste. Pour un enquêteur, dévoiler quelques-unes de ces cartes permet parfois de mettre la main sur le reste du paquet. C’est une arme potentiellement puissante… Mais à usage unique. On ne peut prétendre tout emporter en les dévoilant au compte-goutte. Sinon, la cible comprend qu’elle n’a pas d’intérêt à dire la vérité tout de suite.

| J’ai deux solutions sous les yeux. Deux principales, du moins. Avec une multitude de variantes. La première, c’est que tu as senti le vent tourner. Le Joker et ses séides ont mis la main sur toi, et sur Harley Quinn. Ils l’ont menacée, tu as cédé, et tu as assuré ton confort de survie et ton avenir en te saisissant des outils nécessaires. Pour faire ce que tu sais faire de mieux ; faire les poches des puissants de ce monde. Sans espoir de me revoir, en comprenant que si les criminels de la ville agissaient le soir même de mon départ, c’est qu’ils étaient déjà sûrs que je ne reviendrais pas. Qu'ils savaient quelque chose de plus que toi. |

Je me rapproche, encore, alors qu’elle propose de me raccompagner.

| Ou tu t’es exécutée non pas par désir de survie, mais par manque de choix. Parce qu’ils allaient tuer Harley. Et toi aussi, peut être. Et que tu t’es dit que si je revenais, j’aurais besoin de récupérer mes fonds, pour reprendre la lutte. |

Mais si je plonge longtemps mon regard dans le sien, si je pénètre son âme par tous les brins et éclairs de lumière dans ses yeux si sombres, je ne souris pas, je ne la touche pas. Je ne fais rien d’autre que la sonder, que de plonger les yeux dans une vérité qui m’échappe.

| Cette seconde solution est réconfortante. Mais si tu croyais à un retour, tu n’aurais pas cessé de m’attendre. Et tu ne serais pas allée dans le lit de quelqu’un d’autre, Cat. Cette seconde solution n’est donc pas non plus la bonne. Dis-moi, maintenant, ce qu’il me manque pour recompléter les morceaux manquants de ta vérité. |

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Don't say goodbye. Don't say I didn't try... These tears we cry. Are falling rain. For all the lies you told us. The hurt, the blame! And we will weep. To be so alone. We are lost! We can never go home. The Dark Knight (c)codage - Kanala - texte (c)Long Ways to Go Yet, Howard Shore

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Bruce et Selina

Connaître la vérité sur ce qui s'était passée durant son absence ne rendait pas les choses plus simples. Bien au contraire et je prenais mal la nouvelle, même si je ne le montrais pas. Il me connaissait assez bien pour le savoir, même si cette fois, je suis plus mesurée, je ne jette pas d'objets à travers la pièce ou ne lui hurle pas dessus. Parce que ça ne changera rien. Rien au fait que tout ça est en train de nous arriver, qu'au final, il n'y avait sans doute plus rien à sauver. Lui avait fauté une fois avec Diana, moi, je fautais depuis des mois avec Helena. Mais la froideur que je dégageais à cet instant n'avait pas d'égal et c'était bien la première fois que c'était aussi glacial entre nous. Pourtant, on a eu des moments difficiles au travers de toutes ces années, mais jamais à ce point. J'étais sans doute la plus grande fautive, mais il n'aidait pas non plus. Pourtant, ça faisait mal, mais je devais l'accepter. Le devoir était une chose, le pouvoir en était une autre, mais pour le moment, je ne me posais pas la question. Je recule, prends un peu mes distances et j'inspire profondément avant d'expirer et de me concentrer sur ce qu'il était en train de dire. " Tu n'aimeras pas ce que je pourrais te dire." C'était une certitude. Alors dans l'espoir de ne pas avoir à lui dire toutes ces choses, je propose de le raccompagner, mais visiblement, il ne voit pas les choses de la même manière. Alors je l'écoute, croisant les bras, affichant un air neutre, du moins que je voulais neutre, mais il avait raison sur quelques points. Je ne savais pas qui il avait pu avoir avant moi, mais je soupire légèrement, décroisant légèrement les bras, gardant toujours le silence, alors qu'il avançait sa seconde hypothèse. Il s'approche de nouveau, brisant encore un peu plus cette distance que je venais tout juste de mettre entre nous. Et il ancre de nouveau son regard dans le mien et je maintiens le contact, je l'écoute encore une fois, mais il fait mouche quand il confirme qu'il sait que je vois quelqu'un d'autre et je baisse les yeux, coupable sans aucun doute. J'en perds même de ma superbe à vrai dire parce qu'il avait raison, je devais au moins être honnête avec lui sur certains points. Qu'il l'apprenne de moi semblait important, même s'il savait visiblement pas mal de choses. " Très bien." Je m'avance de nouveau vers le bureau, en prenant bien soin de le contourner et je me sers un verre que je bois presque cul sec pour m'en resservir un autre. Je le repose pourtant sans le boire et me retourne vers lui. " Il y a du vrai dans les deux hypothèses que tu avance. Mais pas seulement." Je soupire et reprends. " Ce plan, je l'avais imaginé avec les autres, bien avant que tu revienne et que tu devienne Batman. Mais on avait jamais réussi à se mettre d'accord avec les autres, alors il a été abandonné. Du moins, c'est ce que je croyais." Je prends mon verre pour en boire une gorgée et le garde entre mes mains. " Je te promets que je ne savais rien des évènements qui se sont passé après votre départ. Si je n'ai rien pu faire pour Alfred et Jason, c'est parce que je me trouvais à l'autre bout de la ville à combattre les clowns de Joker et que je sauvais la vie d'Harley. Je n'ai sus que plusieurs heures plus tard ce qui c'était passé. Ils m'ont obligés, tu comprends ? Je n'avais pas le choix. J'ai pillé tes comptes personnels et torpillé ton entreprise parce que si je ne l'avais pas fait quelqu'un d'autre s'en serait chargé et ça aurait pu mal se finir pour Lucius et moi-même." Lucius étant en prison, je savais qu'on n'aurait pas la même manière de voir les choses tous les deux, mais il ne savait pas que j'allais le voir régulièrement m'assurer qu'il allait bien. " Ils ont l'ascendant sur moi et je n'ai rien vu venir. Je dois me plier à tout ce cirque parce que je tiens tout de même à ma vie. Que tu sois de retour ne changera pas ce qui est désormais. Considère moi comme ton ennemie si ça doit faciliter les choses, mais ils n'hésiteront pas à me mettre sur ton chemin et toi et moi on sait qu'on fera ce qu'on sait le mieux faire." Puis j'eus un léger rire avant de poser mon verre. " Je n'ai pas cessé d'espérer ton retour, mais tu sais que je ne supporte pas la solitude, même si je reste indépendante. Elle... Hélena m'apporte ce qui me manquait depuis deux ans." Et plus encore dans un sens. Je baisse le regard sur le sol quelques secondes avant de le poser sur lui une nouvelle fois. Je ne cherchais pas la compassion de sa part, il voulait la vérité, je la lui avais dite. Si je lui cachais la vérité concernant les Titans et les Birds, il n'allait pas tarder à le savoir de toutes façons. " La voilà ma vérité." Je laisse le silence s'installer quelques secondes et je reprends d'un ton plus doux. " Tu n'es pas obligé de me croire. Je ne t'en tiendrais pas rigueur d'ailleurs si tu ne le faisais pas." Je soupire une fois de plus et secoue légèrement la tête. " Mais si je peux me permettre un conseil, ne les sous-estime pas. Surtout Joker, il a la main mise sur la grande partie de ton matériel et je ne sais pas ce que Bane à récupérer, mais tous les deux t'attendent de pieds ferme. Sans compter les autres. Même s'ils passent leur temps à se taper dessus dans des guerres de territoire, ils ont appris de leur erreurs passés, aussi surprenant que ce soit. Attends toi au pire. Vraiment." Parce que le pire dans cette histoire serait de le voir revenir en ayant vécu un enfer, dieu seul sait où, et le voir mourir des mains de Bane ou de Joker. Je ne le supporterais pas.

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Selina Kyle & Bruce Wayne

« Black Cat, Environs de Gotham, 22 juin 2022. »

Dans tous les cas, Cat n’a pas cru que je reviendrais. D’une façon ou d’une autre, elle a fini par abandonner tout espoir. Comment lui en vouloir sur ce point spécifique, compte tenu de mon propre abandon ? Je dois rester pragmatique, et concentré. Je dois mobiliser les ressources qui peuvent l’être. Pas celles qui sont incertaines. Pourtant, j’ai envie de la croire. Envie de lui apporter le même crédit qu’autrefois. Je la sens se tendre. Je casse quelque chose, en évoquant Diana. Je le sais. Comme un gamin qui avoue à ses parents une bêtise qu’il sait que même s’ils finissent par la pardonner, ils la garderont pour toujours dans un recoin de leur tête. Cat se replie dans une position de défense. Chat noir qui fait le dos rond, face à ce qui l’oppresse et l’agresse. Je ne peux pas nier la virulence de l’attaque. Insidieuse, parce qu’elle n’est exprimée ni par la colère ni par la haine. Ce n’est pas volontaire de la blesser. Mais je ne compte pourtant pas l’épargner. Cat a les reins solides, depuis toujours. Lui cacher des choses, les atténuer, c’est irrespectueux. Je ne connais personne qui soit plus fort qu’elle, plus indépendant. La ménager, ce n’est pas rendre justice à la femme qu’elle est, même aujourd’hui. Je ne souris pas, quand je lui réponds. Je reste neutre.

| Ce n’est pas important, ce que j’aime ou n’aime pas. Dis-moi ce que tu as à me dire. |

Car seule compte la mission. Parce que l’individu que je suis ne vaut pas autre chose que le résultat qu’il produit quand il part, la nuit, sous une cape et un masque qui expriment sa vraie nature aux yeux d’un monde qui le craint et l’admire, mais qui n’inspire peut être plus. Cat boit, et vite. Elle esquive, après que je me sois rapproché. Non sans avoir d’abord accroché mon regard, pour me signifier que si elle bat en retraite ce n’est pas pour céder, mais par besoin. La brune me confirme alors, ce que je sais, et ce que je crois être possible. Elle ajoute du détail. Cat évoque le fait qu’elle a préparé son plan il y a bien longtemps, quand elle était Cat et moi, à mes débuts de Bat. Je note, toutefois, qu’elle évoque Lucius.

| Lucius est en vie. Mais c’est bien le seul point positif à sa situation. Je me suis renseigné. Sa santé mentale ne tient qu’à un fil. Je vais le sortir de là où il se trouve. |

Le faire évader, chose rarissime chez moi, que je n’ai jamais faite en réalité que pour Cat, bien des années plus tôt, quand elle était accusée de meurtre à cause d’Holly Robinson. C’est dans ma quête de justice, et sa quête de rédemption, que nous avions trouvé de quoi exprimer notre amour si spécifique. Sa vérité s’imprime en moi. Mon entreprise, mes fonds, son absence aux tournants de la vie de la famille Wayne. A cet ascendant, sur eux. Et elle lâche, alors, cette information que je n’ose pas lui demander depuis le début. Helena. Je ne la connais pas. Pas sans nom de famille, en tout cas. Mais ce n’est pas ça, le plus important. La mort dans l’âme, je reste digne, pas froid. J’encaisse le coup droit sur mes jambes, bien debout. Sans la regarder, toutefois. Finissant mon verre.

| Je suis content que tu ne sois pas seule, Cat. J’espère que tu connais le bonheur avec Helena, au regard du reste de ta situation. |

Que dire d’autre ? Je n’ai pas été là quand il le fallait. Et aujourd’hui, je n’ai rien à lui offrir qu’une croisade violente et désespérée. Je ne me sens pas remis en question en tant qu’homme, moins encore dans ma virilité, par le fait qu’elle partage sa vie avec une autre femme. Je n’ai pas d’a priori, et je connais le plaisir féminin, et l’inclinaison du cœur de Cat. L’important, c’est qu’elle ait un repère qui lui permette de tenir, envers et contre tout.

| J’ai cru mille fois que j’allais mourir, Cat, là-bas. Je voulais rentrer. Pour toi. Pour tous les autres. J’ai cru que ça n’arriverait jamais, à plusieurs reprises. Mais je suis de retour. Je ne laisserais pas ma ville, et ses citoyens, entre les mains de ces psychopathes. Ils ont une armée, et du matériel, mais ils ont besoin de toi pour les financer. |

Je regarde ses mains. J’ai envie de les prendre dans les miennes. J’ai envie de l’embrasser. De me lover contre elle. De l’aimer, tout court. Je sais qu’elle ne m’a pas trahi. Pas totalement, du moins. J’en ai eu le doute, mais j’ai vite eu des présomptions sur les raisons de son acte. Il reste des zones d’ombre, du flou, entre ce qui a été de l’amour et de la trahison. Ses secrets ont provoqué ma chute, en mon absence. Jamais elle ne m’a parlé de ses moyens de me voler. Jamais elle ne m’a parlé de cette collaboration avec d’autres génies du crime. Jamais elle n’a voulu me protéger par ses confidences, ou protéger les miens. Elle n’est pas blanche. Je n’ai jamais attendu d’elle qu’elle le soit. Maintenant, moins que jamais. Je ne peux me laisser aller au manque, à l’amour et à la tendresse. Elle a quelqu’un d’autre. Et je ne veux pas de ça, pas dans ces circonstances. Avec Cat, comme avec des femmes comme Diana, il ne peut y avoir d’entre-deux. Soit tout, soit rien. Pour le moment, rien, c’est tout ce que ça peut être.

Je suis mort un petit peu plus, avant de me plonger dans ses grands yeux sombres pour me noyer dedans. Le cœur brisé, mais la détermination froide, glacée, nourrie par la rage qui couve dans les abîmes de mon âme.

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Bruce et Selina

J'aurais dû être plus patiente, j'en avais la preuve sous les yeux désormais, mais je ne pouvais pas revenir en arrière. J'avais mal, mais sans doute pas autant que lui et pourtant, on arrivait presque à faire abstraction et je me contente de prendre la nouvelle avec froideur. Parce que je ne pouvais rien faire de plus. Mais je me sais assez forte pour l'accepter et pour surmonter cette situation, pour accepter tout ce que ça peut engendrer, non pas par choix, mais par habitude. Je dois être forte, je n'ai pas le choix et il le sait. Il est plus honnête que moi à vrai dire et maintenant que je savais l'essentiel de ce qui s'était passé pour lui, je me devais de lui rendre la pareille. Pourtant... J'avais conscience que ça pouvait être à double tranchant, qu'il pourrait tout aussi bien décider que j'étais définitivement son ennemie, ce que j'accepterais aussi, après tout, mes actions et mes choix ne me menait que vers cette direction. Peut-être que ça aurait dû être comme ça depuis le début, nous ne venions pas du même monde, n'avions pas la même vie et pourtant, je l'ai aimé. Passionnément et c'était réciproque, il me l'avait bien prouvé au fil du temps. C'était sans doute pour ça que c'était aussi dur de se retrouver dans cette situation, du moins pour moi. Et même si je savais qu'il n'allait pas aimer ce que j'allais lui dire, je commence à lui expliquer les choses. Je commence par lui parler de ce plan dont il ignorait absolument tout. Quand ce plan est tombé à l'eau, je l'avais purement oublié et j'avais pensé que c'était le cas pour tout le monde et de ce que j'ai compris, c'était le cas, du moins jusqu'à ce qu'on vienne le mettre en route. Et que je me retrouve mêlée à tout ça. Il écoute et il semble réagir quand je mentionne Lucius et j'eus un triste sourire. " J'ai essayé de négocier sa libération, mais visiblement, c'est pas à l'ordre du jour." Mais je n'avais pas voix au chapitre à ce sujet et quand j'aborde le sujet, on me demande de fermer ma gueule si je ne veux pas aggraver son cas, alors je me contente seulement d'aller le voir et de lui demander de tenir le coup et que j'étais désolée que les choses se soient passé ainsi. Ce qui ne changeait rien à sa situation ni même à sa santé mentale. Toujours est-il que s'il avait le moyen de le faire sortir de là, il fallait qu'il le fasse. " Tu as bien réussi à me faire évader, si tu peux le faire sortir de là, fais-le." Et puis je lui explique le reste. Je lui avoue avoir été occupée à l'autre bout de la ville à me battre pour ma survie et celle d'Harley au lieu de défendre deux personnes que j'aimais et il encaisse. De toute façon, on ne pouvait plus rien y changer. Puis je termine en mentionnant Helena et sa réponse me laisse sans voix pour commencer. Puis je sens une pointe de colère montée en moi, sans que je ne sache vraiment pourquoi. Il était content ? Sérieusement ? J'avais envie de hurler, mais je n'en fis rien. Je secoue la tête légèrement, signe de réprobation et soupire profondément, afin de me retenir de dire quelque chose que je pourrais regretter. Pourtant, je sentais bien qu'il fallait que je dise quelque chose. Je passe une main sur ma nuque et souffle. " Ouais... Je... Toi aussi j'espère que... Tu trouveras." Je serre les dents encore quelques secondes parce que ça me coûte de dire ces quelques mots. Je ne savais pas où j'allais avec Helena, on n'y avait pas vraiment réfléchi, on vivait un peu au jour le jour. Et ça me plaisait parce que je savais parfaitement que ce que j'avais eu avec lui, je ne le retrouverais avec personne d'autre. Mais là n'était pas le sujet. Il reprend la parole et je relève les yeux vers lui, soupirant légèrement et relâche la pression que j'exerçais sur ma mâchoire. " Je sais. Je sais que tu ne resteras pas les bras croisés, mais fais attention, par pitié, fais attention à toi. Je ne veux pas que tu meurs." Ce n'était pas une supplique, mais plus une demande. Gotham avait besoin de lui, maintenant plus que jamais et s'il devait tomber, la ville ne s'en relèverait pas. Et le silence s'installe, je ne savais pas quoi dire de plus. Ce retour n'est sans doute pas celui qu'on espérait l'un comme l'autre.

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Selina Kyle & Bruce Wayne

« Black Cat, Environs de Gotham, 22 juin 2022. »

Je mets cartes sur table. Mais pas sans prudence, pas sans calcul. Je n'oublie pas mes débuts, où je ne pouvais, alors, compter sur personne. Personne en dehors d’Alfred. Mais maintenant Alfred est mort. Maintenant, tout a changé. Je ne dis rien, quand Selina dit avoir négocié la libération de Lucius. Négocier. Ca veut donc dire qu’elle a le bras assez long pour faire jeu égal, ou peu s’en faut, avec les autorités. Ca signifie que je suis bel et bien de retour à la case départ, et que rien ne fonctionne comme attendu. Je ne suis ni surpris, ni vexé, que Selina arrive à trouver la faille du système tout entier, et qu’elle pénètre en son sein avec son agilité morale ou physique. J’imagine sa silhouette se faufiler dans les bureaux du juge d’application des peines, y prendre les dossiers qui l’intéressent, et arriver en audience avec toutes les armes juridiques dont elle a besoin. Le tout, bien sûr, sous le couvert de l’innocence et de ses avocats grassement payés pour prendre les volées de plomb à sa place. Je hoche la tête, sans le moindre besoin de son autorisation pour faire libérer Lucius Fox sans le concours des autorités.

Je ne dis rien.

Et Cat qui se retient, qui se contient tout juste, quand j’évoque mon sentiment vis-à-vis de sa relation avec cette Helena, qui pourrait bien être Helena Sparrow du conseil municipal, Helena Bertinelli la tueuse, ou Helena Radom qui dirigeait cette boîte de strip tease sur Red Corner Street. Qui sait. Est-ce important ? Pas en cet instant précis. Je ne souris pas. Je ne suis même pas amusé par son souhait.

| Tu sais très bien, Cat, que j’avais déjà trouvé. |

De but en blanc. Franc et direct. Mais c’est terminé, le ton est brutal, mais froid. A quoi faisais-je référence, exactement ? A cette fois où elle me faisait les poches, alors que nous étions deux orphelins ? A cette fois, sur les toits de la ville, où après un vol et sa fuite, elle m’avait embrassé ? A notre première fois, en costume et sur un autre toit, dans un autre événement ? A ces moments où plus que la nécessité, l’amour nous avait tenu côte à côte face à l’adversité ? Au passé. Peut-être simplement le fiel de se rendre compte qu’on est seul, le jour de son propre mariage. Peu d’amis. Pas de parents. Pas de collatéraux. Pas de mariée. Qu’importe. Pas de regrets, ni rien de ce genre. J’ai eu le privilège d’être heureux, d’avoir de l’espoir.

Un temps, du moins.

La brune m’appelle à la prudence.

| Cat. |

Laconique. Pas de menace. Je ne l’implore pas non plus. Je lui intime juste que je sais, que j’ai conscience de ce que j’entreprends. Et que rien ne m’arrêtera, hormis la mort. Mais il est trop tard pour tout le reste. Un stop laconique. Je n’ai pas besoin d’hausser la voix. Ce n’est pas une plainte, pas même le début d’un appitoiement sur moi-même. Ca me serait insupportable. Mais parfois, les gens prennent ce que vous dites pour une complainte, quand il ne s’agit que d’un énoncé clair et concis d’une situation simplement désastreuse. Comme si dans la peine, on est obligé de mettre une partie de soi, une forme d’empathie, une conscience dévastée et désastreuse.

Ce n’est pas mon cas.

| Oui. Je l’ai attaqué. |

J’ai plutôt défendu, mais une querelle de détails est superflue ; aux yeux de l’Arlequin de Gotham, un combat est une attaque. Je soutien le regard de Cat quand elle me dit que je suis fou. Le suis-je devenu ? C’est possible. Des années de solitude, de combats ininterrompus, d’horreurs et de morts sans aucune commune mesure avec ce que j’ai connu durant vingt ans de drames à Gotham…

| Il y aura des dégâts collatéraux. C’est une course, Cat’. Entre lui, moi, et tous les autres. Je dois être plus rapide, plus intelligent, plus fort. D’ordinaire, ce sont tous ses semblables qui impriment leur rythme aux événements, et moi qui le subis, moi qui y réponds, moi qui doit les rattraper. Cette fois, je vais leur imposer le même rythme d’enfer. |

Je me rapproche encore. Assez pour sentir son odeur, pour en fermer les yeux, abandonnant ma neutralité proverbiale. Je me sens si vieux, si las, si… Obsolète. Et pourtant, la Gotham qui est là, juste au-delà de cette porte, c’est celle que j’ai toujours connue. Celle pour, et contre laquelle, je me suis toujours battu.

| D’accord. Je comprends. J’aurais donné beaucoup, pour avoir une silhouette à deux oreilles dressées, focalisée sur ma couverture, quand sera venu le temps de me replonger dans le noir. |

Je me détourne, enfin, avant de commettre l’irréparable. L’alcool est de trop, ce soir, dans des retrouvailles déjà complexes.

| Mais le noir, Cat, c’est moi. Je dois le rappeler à Gotham. Et je dois le rappeler à tous ceux qui ont cru avoir gagné la partie. La trêve, causée par mon départ, est terminée. La guerre reprend, et je serais sans pitié. |

C’est si dur, de ne pas tout abandonner, de ne pas l’embrasser, de ne pas me tirer loin d’ici. Je replonge dans un cauchemar ancien, et éveillé. Et au fond de moi, sans jamais me l’avouer, l’étincelle.

| Tu t’es choisi un rôle compliqué, dans cette mortelle sarabande. |

J’hésite. Je me dis que je ferais bien de trouver autre chose. Et pourtant… Sur ce point, je ne saurais dire si j’ai besoin d’alliés, si j’ai besoin de soutien, d’une partenaire comme jadis, ou si simplement je manipule mon entourage, comme Crane m’a déjà « diagnostiqué » ce comportement.

| J’ai besoin que tu achèves Wayne Enterprise, Cat. |

(c) DΛNDELION

I'm Vengeance. I'm the Night. I'm Batman.

Don't say goodbye. Don't say I didn't try... These tears we cry. Are falling rain. For all the lies you told us. The hurt, the blame! And we will weep. To be so alone. We are lost! We can never go home. The Dark Knight (c)codage - Kanala - texte (c)Long Ways to Go Yet, Howard Shore

The Dark Side

Bruce et Selina

J'avais vraiment essayé et ça, personne ne pouvait venir me le reprocher. Et surtout pas lui, alors qu'il avait brillé par son absence durant tous ces derniers longs mois. Je n'avais pas été à la hauteur de ce qu'il aurait pu attendre de moi, c'est un fait, mais pour le reste, j'avais été parfaite dans mon rôle de criminelle. J'avais une armée d'avocat, de garde du corps, mais ce n'était jamais assez et ça ne le sera sans doute pas tant que la situation n'évoluera pas d'un sens comme dans l'autre. Le ton de sa voix me ramène au moment présent et je me contente de serrer un peu plus la mâchoire, consciente qu'il avait raison. On avait tous les deux trouvé ce qui nous convenait, mais les choses ne se sont pas exactement passées comme on l'aurait voulu. Inutile de revenir là-dessus, Je baisse néanmoins les yeux quelques secondes, bien consciente de tout ce que j'avais perdue au final, mais il restait les souvenirs, même si c'était tout aussi douloureux. Faire une croix sur quelque chose qui nous tient à coeur n'est pas des plus simple, je l'apprenais à mes dépens. Mais on ne s'éternise pas sur le sujet qui est clos une bonne fois pour toutes sans doute. Et je relève le regard vers lui, sans trop savoir ce que j'attendais au juste. Qu'il ne meurt pas serait une bonne chose, qu'il ne m'en veuille pas trop serait carrément se faire du mal pour rien, mais j'encaissais. Mais lui rappeler d'être prudent n'était pas du luxe, ce qu'il semblait comprendre, du moins je le pensais. Bien que Batman avait des choses à se reprocher, c'était toujours moindre par rapport à la situation et il avait toujours fait au mieux, mais ce qu'il m'annonçait clairement n'avait rien d'un bon plan. Il confirme qu'il l'a attaqué et je sais, au fond de moi, je sais que ça va mal se terminer. Toutes les fois où il avait arrêté le Joker et les autres pour les ramener en prison jusqu'à la prochaine évasion réussie, tout ça, c'était le passé et je sentais bien qu'il avait en tête quelque chose de plus expéditif et définitif. Le sang appelle le sang et Joker et Bane avaient tous les deux commis l'irréparable. Je l'écoute toujours surprise, mais un vent de panique commence à se lever et je sens que ce n'est pas bon du tout. Ni pour lui ni pour les autres et encore moins pour les citoyens de cette ville. " Je sais et ça a toujours été comme ça, mais tu sais très bien que si tu leur force la main tout va mal se terminer. Que ce soit pour toi ou pour les citoyens de cette ville." Et alors qu'il était près de moi, je lui explique que je ne peux pas me tenir à ses côtés. Une part de moi aimerait tellement tout envoyer promener, le club, les alliances, le fait de faire la belle, de sourire et de financer les projets les plus fous de la pègre, mais je ne pouvais tout simplement pas. Pas sans mettre en danger les filles qui travaillent pour moi et Harley. Et moi-même. Je sens qu'il est déçu et quand il se retourne, je tends la main et lui attrape le poignet. " On a toujours été plus à l'aise dans les ténèbres toi et moi. Mais ne t'y perds pas, sinon personne ne pourra t'aider. Tu n'es pas seul, je te le répète. Je t'aiderais du mieux que je le peux, mais je ne peux pas me découvrir sans mettre en danger plusieurs vies. Tu sais très bien que si ça ne tenait qu'à moi, j'aurais été la première à te rejoindre, mais ce n'est pas le cas." Je le relâche et recule d'un pas. " C'est grâce à toi que j'ai compris que chaque vie était importante. Je ne te laisserais pas gâcher la tienne." Je l'observe et je peine vraiment à le reconnaître, ces années bien terribles avaient laissé sur lui quelque chose qui ne partira sans doute jamais. Lorsqu'il reprend la parole, j'eus un léger rire chargé d'amertume sincère. " Personne d'autre que moi ne peut assumer ce rôle. Ne te méprends pas, je déteste cette place, mais c'est là que je dois être sans doute, entre toi et eux. Parce qu'ils n'hésiteront pas à me mettre en travers de ton chemin. Que se passera t'il alors ? Quel sort me réservera tu ?" Mais moi qui pensais avoir tout entendu ce soir, le voilà qui avance une demande à laquelle je ne m'attendais clairement pas et j'écarquille les yeux et secouant la tête. " Je te demande pardon ? Tu n'es pas sérieux ?" Bien sûr que si il l'était, c'était bien ça le pire. " Comment veux tu que je proccède ? A qui la vendre ? Tu es bien sûr de toi ?" J'avais toujours refusé de m'en séparer, parce que je savais que c'était l'œuvre de plusieurs vies, la sienne, celle de son père, même si j'avais mis l'entreprise à genoux en pillant les fonds, je n'avais pas pu me résoudre à la liquider complètement. Et c'était ce qu'il me demandait. Je devais rêver, c'est ça, c'est un mauvais rêve et je vais me réveiller en constatant qu'il ne venait pas de me demander un truc pareil.

copyright Bloody Storm

Catwoman

So close, no matter how far, couldn't be much more from the heart. Forever trusting who we are and nothing else matters. Never opened myself this way, life is ours, we live it our way. All these words, I don't just say and nothing else matters.

KoalaVolant

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