The Dark Side [Terminé - Intrigue I]

The Dark Side

Selina Kyle & Bruce Wayne

« Black Cat, Environs de Gotham, 22 juin 2022. »

Le plan est très simple, dans l’idée. Il est délicat dans son exécution. Il a pris forme depuis que j’ai vu les infos dans ce motel de bord de route, le soir de notre retour. Depuis que j’ai vu le bandeau annonçant la date, sous le présentateur télé qui énumérait les incidents du jour et qui faisait un parallèle entre l’explosion de la criminalité et l’évasion d’Arkham, concomitante à celle de Blackgate. Depuis ces quelques secondes à peine, où j’ai pu voir le gouffre auprès duquel Gotham était sise, ce plan se forme dans ma tête, il se transforme et il s’adapte. Je n’ai jamais compté me rendre ou m’enfuir. Pas sans tous ces gens qui dépendent autant de moi qu’ils ont appris à se passer de ma protection. C’est paradoxal, et c’est pourtant vrai. Je dois agir, pendant que je le peux encore. Et je compte respecter la stratégie dont je m’ouvre devant Cat. Frapper vite, fort, tout le temps. Pas un jour de repos ou de pause. Matraquer sans relâche ces empires du crime, enfoncer leurs portes, et les ravager de l’intérieur.

J’ai appris, il y a bien longtemps, qu’il n’y a pas de victoire sans sacrifice. J’ai longtemps cru que je n’avais rien de plus grand à sacrifier que ma vie. C’était faux. Il y avait tant et plus qui comptent à mes yeux, qui ne sont pas encore perdus, mais que je vais peut être devoir saigner sur l’autel de ma réussite.

Cat renouvelle ses appels à la prudence. Que j’aurais jadis entendus, et pris en compte. Jadis. C’est trop tard, désormais. Dix ans de mort et de chaos m’ont ouvert les yeux. La rage gronde dans ma poitrine, elle y fait résonner de funestes impulsions que je ne sais pas tenir à l’écart.

| Ils ont été relâchés dans la nature. C’est moi, le chasseur capable de les retrouver, et de les empêcher de nuire. La situation va devoir s’empirer avant de s’améliorer. |

La super-prison en projet à mon départ devait avoir été abandonnée. Cette partie-là serait assurée par une autre partie du plan. Son contact me retient. Me fait frémir, de la tête au pied. Intérieurement. Physiquement, j’ai appris à me dominer il y a bien longtemps, avec l’enseignement de la Ligue, et de Talia. Mais Cat me connait. Elle aura noté le regard de sa main à son bras, à ses lèvres. Je la fixe, toutefois. Les yeux dans les yeux. Je ne souris pas, quand elle me lâche et s’éloigne, malgré l’inversion de nos positions philosophiques sur l’existence et son combat.

| Ce n’est pas du gâchis, Cat, quand l’existence sert un intérêt supérieur que son propre bénéfice. Tu l’as compris, jadis. Tu le comprendras encore. |

Quand elle me verra baignant dans mon sang, quand ses amis et ses proches paieront le prix de sa sécurité qui n’est que provisoire. Selina avait fait le choix des citoyens de cette ville ; une protection ténue mais réelle, conditionnée à la folie des fous furieux qui lui font peur, et qui sont instables, imprévisibles. Je souffle, me perdant dans ses iris une fois de plus, quand elle craint que le sort ne nous fasse un mauvais tour.

| Quel sort voudrais-tu que je te réserve, Cat ? |

Ce n’est ni de l’ironie, ni du sarcasme. Et je me rapproche à nouveau, frôle son corps du mien. Je dépasse son front pour que mes lèvres frôlent son cuir chevelu, tout juste à portée d’oreille.

| Le choix t’appartient déjà. Retourner tes griffes contre eux, ou contre moi. Il n’y a pas de place pour la demi-mesure ou le compromis. Tu sais que tu devras choisir, entre le chaos et la justice. Et comme toujours, Cat, ton cœur devra combattre ta nature. |

Je la dépasse, sur le côté, et retourne près de la fenêtre en trois pas lents, regardant la lune au dehors, qui se faufile entre l’ombre pesante du béton et de l’acier de la plus grande cité des hommes. La brune s’émeut de ma décision. Elle me prend pour un fou. Le suis-je vraiment ? pour de bon ? Dois-je seulement lui expliquer pourquoi, au risque qu’elle me trahisse pour de bon ? La confiance est un acte de foi. Il n’est pas forcé d’être aveugle.

| Tu vas mettre en vente les deux tiers des actions que tu t’es appropriée. Ca devrait faire une part majoritaire, ténue mais réelle. Et tu vendras au premier acquéreur. Si j’ai bien lu les derniers indicateurs de la bourse de Gotham, ça devrait valoir au bas mot trente milliards de dollars, malgré la chute du cours de tes actions depuis deux ans. Ce sera le prix pour ton service, pour ces deux ans à surveiller mes intérêts. Tu gardes tes bénéfices sur cette période. Tu dois juste n’en parler à personne d’ici là, car sinon la police fédérale te tombera dessus pour délit d’initié. Et tu dois aussi attendre mon signal. Cette action fera de toi l’une des femmes les plus riches du monde, et en argent propre, cette fois, qui te permettra de mettre tous tes chats perdus à l’abri. |

Je me retourne vers elle, à nouveau.

| Quand tu auras fait cela… Nous serons quittes, jusqu’à notre prochaine rencontre, du moins, et du côté de la barrière sur lequel tu m’attendras. |

(c) DΛNDELION

I'm Vengeance. I'm the Night. I'm Batman.

Don't say goodbye. Don't say I didn't try... These tears we cry. Are falling rain. For all the lies you told us. The hurt, the blame! And we will weep. To be so alone. We are lost! We can never go home. The Dark Knight (c)codage - Kanala - texte (c)Long Ways to Go Yet, Howard Shore

The Dark Side

Bruce et Selina

Il a l'air décidé et je sais que je ne suis pas en position de le faire changer d'avis. Je sais donc que je dois m'attendre au pire et ça ne m'enchante pas vraiment. S'il était craint dans le passé, c'était pour une bonne raison, il inspirait autant la peur que le respect et c'était une bonne chose parce que cela voulait dire que tous les criminels de la ville y réfléchissaient à deux fois avant de commettre l'irréparable. Mais là, ce qu'il suggérait, ce n'était à mon sens pas la solution et j'avais peur de ce qu'il pourrait advenir de lui. Mais je comprenais aussi qu'il n'avait pas d'autres choix, que c'est moi, nous, qui le poussions à cette alternative parce qu'il n'y en avait pas d'autres. S'évader de Blackgate ou d'Arkham était si facile quand on s'en donnait les moyens, mais on était aussi certain d'y retourner pour que le manège se répète encore et encore. Combien de fois avait-il renvoyé Joker à Arkham ? Trop de fois et à chaque fois, il trouvait le moyen de sortir. Mais la mort... Bien que ça me soulagerait et que ça soulagerait cette ville, ce n'était pas non plus la solution, mais nous n'avions plus le temps pour penser à une alternative. Et cette peur, je la contenais, je la maîtrisais, parce que je n'avais pas le choix. J'étais terrifiée par le plus dingue des clowns de cette ville, Bane m'inspirait le même sentiment, mais sur une autre échelle, mais je savais que pour l'un et l'autre, je n'étais qu'un pion pour l'attendre lui. Est-ce que ça marcherait encore ? Je n'en savais rien et je ne voulais pas avoir la réponse à cette question, mais fatalement, ça arrivera. Je le savais et lui aussi. " Je sais bien et je sais aussi que tu es à court d'alternative. Mais si tu les tue tous les deux, cela ne t'apportera rien de bon. Tu sais très bien que c'est ce que cherche Joker depuis des années, ne lui en donne pas l'occasion, ni même raison. Tu vaux mieux que lui, mieux que nous, ne t'abaisse pas à ça, parce que ça seras lui donner raison." Si j'étais catégorique sur ce point, c'est parce que je le connaissais mieux que personne, du moins, j'aimais encore croire que c'était le cas. Et je connaissais aussi ce triste clown pour devoir le supporter dans ma vie de façon insistante depuis ces deux dernières années et pour l'avoir combattu de nombreuses fois avant cela. Je savais que le tuer, le fera plonger dans une spirale infernale et que ce statut de protecteur de la ville ne vaudra plus rien. Gotham ne devait pas perdre ce qu'elle avait de plus précieux, bien qu'elle l'a oubliée depuis que nous avons pris le contrôle de la ville. Et moi, je ne voulais pas le voir sombrer, pas de cette manière. Pas par ma faute. Le fait de lui saisir le poignet ne le laisse pas de marbre, je le sais et je vois son regard passer de ma main à mes lèvres et l'espace d'une seconde, j'ai bien envie de les poser sur les siennes, mais ça ne serait pas juste et ça ne serait que retarder cette discussion que nous devons avoir maintenant. " Le comprendre ne veux pas dire que j'accepte que tu te sacrifie inutilement. Il doit y avoir une autre alternative Bat. Prends le temps d'y réfléchir encore un peu avant de verser plus de sang que cette ville ne pourra le supporter." Et je sais que le prix que je vais devoir payer lors de cette guerre qui est sur le point de s'enclencher va être à la hauteur de ma trahison, que ce soit envers lui ou envers les autres. M'entourer ne sert à rien, si ce n'est à mettre plus de vies en jeu. En plus de la mienne. Sa question exige une réponse, mais même moi, je n'en savais rien. " Je ne sais pas. Celui que tu estimeras être juste j'imagine." Et il se rapproche, je pouvais sentir son odeur et ça mettait mes sens à rude épreuve. Et je ferme les yeux, écoutant juste ce qu'il me disait, sans faire le moindre geste, sans donner la moindre impulsion à ce que me demandait chaque partie de mon corps. Il serait si simple d'abandonner, de céder, de l'embrasser et d'oublier tout le reste l'espace d'un instant, ne profitant que du moment présent, mais c'était impossible. " Je vis dans un monde où chaos et justice cohabitent depuis que tu es revenu dans ma vie. Mais si tu te perds dans ce chaos, alors il n'y aura plus de justice. Tu me demande de choisir alors que tu ne sais même plus vers quoi te tourner." Il s'éloigne et j'inspire légèrement et je reste silencieuse avant de tourner la tête vers lui lorsqu'il m'explique ce qu'il attend réellement de moi pour l'avenir de son entreprise. J'écoute, j'assimile, mais je ne comprends toujours pas. " Je ne veux pas de cet argent, j'ai déjà bien assez et je t'ai déjà bien assez dépouillé il me semble. Mais soit, je peux vendre mes parts si c'est ce que tu veux. J'en connais deux trois qui se jetteront sur cette occasion. Mais dis moi, comment je justifie le fait que Selina Kyle liquide l'entreprise de Bruce Wayne ? Sans son accord, sans avoir une seule trace de vie ? Pas que ça me posera problème, mais tout de même, certains se poseront des questions, fatalement." Il se retourne et m'assure qu'après ça, on sera quitte jusqu'à la prochaine fois. Et je ne savais toujours pas dans quel camp je serais. Sans doute du sien, si la chance était de mon côté, sinon, contre lui et qui sait ce qu'il adviendra à ce moment-là. " Je ferais au mieux, c'est tout ce que je peux te promettre." Pour être du sien, parce que c'est là que je voulais être. C'est là que je devrais être d'ailleurs.

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Catwoman

So close, no matter how far, couldn't be much more from the heart. Forever trusting who we are and nothing else matters. Never opened myself this way, life is ours, we live it our way. All these words, I don't just say and nothing else matters.

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The Dark Side

Selina Kyle & Bruce Wayne

« Black Cat, Environs de Gotham, 22 juin 2022. »

Est-ce que je suis devenu fou ? La question revient encore, lancinante. Ai-je déjà tout misé comme ça sur mon instinct, sur mes décisions, sans aucune capacité de prophétie, sans rien d’autre que la rage froide qui me glace le cœur et qui me permet d’entrevoir des solutions bien plus désespérées que celles dont je peux avoir l’habitude ? Est-ce que ces années d’errance et de mort ont achevé ma volonté ? J’entends leurs hurlements dans le lointain, leurs cris bestiaux, rauques, ces quasi-aboiements qui n’en sont pourtant pas. J’entends encore le bruit de la chair rompue et déchirée, de ces silhouettes qui se font desosser. Je revois le cauchemar. Je l’entends. Je le respire tout entier. La migraine pointe le bout de son nez. La présence de Cat est source d’une puissante attraction. Elle agit comme un catalyseur de ce que j’ai de meilleur, et aussi, de pire. De cette tentation muette de tout flanquer par terre, elle inclue, ma vertu par-dessus. C’est dangereux. C’est source, là encore, d’incertitudes.

C’est peut être ma dernière croisade. L’ultime effort.

Je secoue la tête, quand Cat parle de meurtre. Elle sait, jadis, que j’ai failli commettre un acte que je ne me serais pas pardonné. Dans une tour de béton et de verre, au dernier étage, avec le Joker et le Riddler.

| Je n’ai pas parlé de meurtre, Cat. |

Du moins, pas de mes mains. La vérité, c’est surtout que je n’en sais rien. La vérité, c’est surtout que le plan se modifie à toute vitesse, aussi vite que je peux l’imaginer de nouvelles spirales apparaissent. Je ne fais pas machine arrière. J’invente. Je compose. Je m’adapte. Je ne compte pas prendre plus de temps que nécessaire pour chacune des étapes. Au-delà de ma réussite, c’est ma vie que je mise, et sur certains points la vie d’autres personnes. Cat a oublié ce que je suis. En partie, du moins. Elle est trop terre-à-terre, c’est une voleuse et une fille des rues. Une pragmatique. Elle comprend la portée des symboles ; elle en a inventé certains. Mais si elle a depuis longtemps compris les nuances de ceux que je porte, elle n’arrive pas à tolérer que ce soit moi qui m’y colle.

| Le comprendre et le refuser malgré tout ne veut pas dire que je te laisse le choix, Cat. Il n’y a pas d’alternative. Cette guerre-là sera totale, ou ne sera pas. Argent, image, forces vives. Tout devra y être consacré. Peut être même jusqu’à mon identité, s’il le faut. |

Je n’oublie pas qu’elle ai rompu nos fiançailles parce que tant qu’il y aurait Bat et Cat, il ne pourrait y avoir de Bruce et Sélina. Ca me parle forcément.Même encore maintenant. Cet horizon lointain, c’est tout ce qu’il me reste d’espoir. Même si ça doit se faire sans Cat, car la guerre que je vais mener fera peut être de nous des ennemis à tout jamais.

Je murmure, presque, un regard porté vers la fenêtre et la nuit, vers la lumière de la lune, et celle de la ville qui se réverbère sur les nuages.

| Il n’y a qu’une chose qui m’appelle et qui me parle depuis toujours, Cat. C’est parce que tu ne partages pas les mêmes certitudes, que tu ne m’as pas attendu. |

Ce n’est pas un reproche, mais un constat. Catwoman était avant tout régie par son instinct de survie. Depuis toujours. Et aujourd’hui, c’est plus que jamais le cas. Je reste factuel et pragmatique.

| Cet argent, c’est le mien. Mais tu as volé ces actions. Tu en récoltes le fruit, aujourd’hui, tu bénéficies des parts du chiffre d’affaires, de ce qu’il en reste en tout cas. Cet argent doit être blanchi pour que tu puisses en jouir… Et en faire profiter tes amis. Et les miens. J’ai autant besoin que tu sois au dessus de tous soupçons et que rien ne puisse t’incriminer ; cette vente effacera le vol pour le législateur, surtout si l’identité de l’acheteur est connue et reconnue. |

L’innocenter, encore et toujours. Cat est coupable d’autres méfaits. Mais elle ne doit porter le chapeau que pour ce dont elle est réellement responsable. Peut être qu’elle comprend, alors, où je veux en venir.

| Tu ne pourras plus prêter d’argent au crime, s’il est légal. Plus aucune tâche sur ta réputation, plus rien qui puisse porter atteinte à ton nom, même si tu n’y tiens pas plus que ça. Tu seras ma réserve, tu comprends ? Pas monétaire, mais ma remplaçante, en cas de problème, auprès de Dick et de tous les autres. |

J’ai envie de lui demander de remettre son capuchon et ses cuirs noirs, de venir avec moi sur les toits. De combattre le crime à mes côtés. Mais si elle le désirait vraiment, elle l’aurait déjà fait.

| J’aurais aimé que les choses se passent autrement, Cat, et que tu combattes à mes côtés. |

Je lâche, d’un ton mort. Mais déterminé.

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The Dark Side

Bruce et Selina

Je n'aimais pas le ton que prenait cette discussion. Est-ce que je faisais bien de m'inquiéter ? Sans doute, peut-être à tort, mais au fond, les signaux d'alarme viraient au rouge bien trop rapidement. Je soupire légèrement et pose sur un lui un regard lourd de sens quand il m'affirme qu'il ne parle pas de meurtre, mais il doit y songer, quelque part, je le sais. Après, n'est-ce pas la seule solution pour empêcher le Joker ou les autres de sortir d'Arkham ou de Blackgate et de tout ravager sur leur passage ? L'idée lui a forcément effleuré l'esprit et je le savais parfaitement, mais qu'il passe à l'acte, c'était encore autre chose et si jamais il devait en être réduit à ça, je ne donnais pas cher de sa santé mentale par la suite. Au fond, peu importe les décisions qu'il prendra pour cette ville, pour essayer d'y remettre un peu d'ordre, tant qu'il ne tuait pas de ses propres mains. " N'y songes pas non plus, ce n'est pas la solution." Avais-je encore le droit de lui dire quoi faire ? Sans doute pas, mais là, nous parlions de choses bien trop importantes pour que je laisse ça passer. Il était beaucoup de choses, mais pas un meurtrier et ça, j'en avais encore la certitude. Peut-être qu'il me donnera tort, mais dans ce cas, rien ni personne ne pourra l'aider. Pas même moi. Je l'écoute parler, je comprends bien ce qu'il me dit et pourtant, une part de moi refuse de cautionner, refuse de le laisser faire, alors que dans le fond, il n'y a pas d'autres solutions. Il fallait tous les mettre à genoux, leur rappeler qui commande, qui fait respecter la loi et pourtant, il n'est plus obligé d'endosser ce rôle. D'autres ont repris le flambeau, pas avec autant d'efficacité, mais petit à petit. Avec un peu d'aide, rien n'est impossible et je leur apporte justement cette aide, financière, quelques tuyaux également, mais lui, il s'obstine. Il est Batman avant d'être quoi que ce soit d'autre. Tout comme je suis Cat avant d'être Selina. " C'est donc le dernier recours ? J'espère que ta conscience sera assez forte pour porter le poids de tout ce que ça va comporte. Rien ne t'y obliges ! Rien ! Tu... Tu... Pourquoi il faut que ce soit toi ? Laisse quelqu'un d'autre s'en charger ! Tu en as assez fait !" Je suis en colère, à cause de lui, de moi de cette situation. " Cette ville ne t'a jamais remercier pour tout ce que tu as fait. Et toi, toi tu es prêt à tout mettre en jeu, jusqu'à ta véritable identité pour la sauver ? Sois réaliste un peu je t'en prie c'est peine perdue ! Même si tu arrives a redresser un tant soit peu la barre, tu ne peux pas t'exposer de la sorte ! Cela n'a pas le moindre sens !" Bien sûr que j'avais peur des répercussions que ça pourrait entraîner, mais je m'inquiète d'abord pour lui parce que ça me semblait complètement dingue comme plan. Et soudainement, je réalise que c'est exactement pour ce genre de situation que je n'ai jamais pu l'épouser, malgré tout l'amour que je lui portais et que je lui porte encore, même si c'est moins flagrant présentement. On arrivait au point de non-retour où tout ce qu'on va entreprendre aura des répercussions en chaîne sans retour en arrière possible. Peut-être que je l'avais déjà perdu, qu'il n'était pas réellement revenu de cet ailleurs cauchemardesque. Peut-être. Mais je ne pouvais pas le laisser tout sacrifier pour des prunes. " J'avais perdu espoir, cela n'a rien à voir avec les certitudes." C'est un constat comme un autre. Mais c'était plus compliqué, tout était plus compliqué quand il s'agissait de nous deux, pendant un temps, j'ai cru que tout serait plus simple, mais la vie m'avait démontré que non et nous voilà aujourd'hui, dans deux camps opposés. On change de sujet pour parler de la liquidation de son entreprise et de l'argent que ça va rapporter et j'écoute son explication et j'en reste sans voix parce que ça tendait à me disculper de toutes les charges si quelqu'un apprenait que c'était moi qui avais détourné les fonds de l'entreprise en plus des siens. Mais j'eus un léger sourire amusé, sans rien dire, parce que je faisais déjà profiter ses amis de l'argent que j'avais sous la main. Pas autant que la pègre, mais assez pour qu'ils puissent survivre dans cet enfer et avancer de leur côté sans être inquiété. Il allait falloir que je parle à Dick rapidement, lui demander de ne pas lui révéler que je le finance, lui et les Titans d'une manière générale. Pourquoi ? Parce que s'il l'apprenait, les autres finiraient par l'apprendre aussi. Autant retarder le plus longtemps possible ce moment. " Je comprends parfaitement mais..." Je n'ai pas le temps de finir ma phrase qu'il reprenait la parole en indiquant que je ne pourrais plus financer la pègre. C'était là où je voulais en venir. Je reste silencieuse, réfléchissant à toutes mes options si jamais je faisais cela. Et c'était extrêmement limité. J'avais encore de quoi financer leurs projets un moment, mais si tout devenait légal, la vanne d'argent allait considérablement se tarir pour eux. À moins que j'engage les fonds que me génère le club, parce que c'était une mine d'or également. " Cela me prendra quelques semaines au bas mot pour tout mettre en place et ne pas vendre ça au premier blaireau venu qui voudra juste s'enrichir. Laisse moi choisir à qui vendre." J'avais quelques noms, parce qu'on m'avait déjà demandé de vendre il y a plusieurs mois de cela. " J'ai perdu la confiance de pas mal d'entre eux quand le plan s'est mis en place. J'ai aussi perdu la tienne, comment veux tu que je fasse si jamais le pire doit vraiment t'arriver ?" Ce n'était pas entièrement vrai, du moins pas pour tout le groupe, mais la majorité ne me voyait plus que comme une criminelle désormais et c'était bien ce que j'étais au fond. Je relève la tête et eus un sourire triste sur les lèvres. " Je sais, mais pour le moment ce n'est pas possible. Ce n'est pas que je ne veux pas, c'est que j'ai les mains liées pour l'instant. La vie d'Harley dépend en grande partie de la mienne et inversement, sans parler des autres." Je m'avance de quelques pas vers lui puis m'arrête, regardant dehors à nouveau. " Je suis vraiment navrée de te décevoir tu sais. Si j'avais pu anticiper, ou agir autrement, j'espère que tu sais que j'aurais choisie cette option." Rien n'est tout blanc ou tout noir, il y a des nuances de gris entre les deux. Je n'étais ni une justicière, ni une criminelle au sens strict du terme. Certes, j'étais une cambrioleuse, mais c'était bien moindre face aux autres. Le chaos et la justice entremêlés, voilà dans quel monde j'évoluais désormais.

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Selina Kyle & Bruce Wayne

« Black Cat, Environs de Gotham, 22 juin 2022. »

Je me dis que je me confie trop, peut-être. Cat est digne de confiance, mais l’expérience de ces vingt dernières années a plutôt tendance à prouver que ce n’est que jusqu’à un certain point. Pour de bonnes raisons, ou pour certaines moins avouables, la belle est indépendante, et fait souvent la surprise de son allégeance ou de ses desseins. Individualiste et opportuniste, elle n’est pas moins extrêmement attachante quand on la connaît, quand on se bat à ses côtés, quand on sait de quelle couleur est son âme. Elle me connait, aussi, mais elle a oublié aussi. Oublié, ou est-ce que ses mises en garde ne sont pas plutôt le signe qu’elle me connait finalement mieux que personne ? Dur et délicat à trancher.

| Je sais. |

Laconique, comme toujours. Je ne prends jamais le temps de m’épancher inutilement et de me perdre en détails fallacieux et inutiles. Dans tous les cas, je ne peux que me pencher sur la question avec intérêt, éviter les travers qui s’élèvent devant moi, et distinguer du mieux possible le bien du mal.

Plus étonnant, Cat s’insurge. En général, ce n’était auparavant que quand elle était réellement poussée à bout de fatigue, de blessures, voire d’une lassitude extrême. Je sens alors, je sais. Ce qu’elle ressent. Ce que je ressens moi. Elle hésite. Elle trébuche. Malgré son Helena, malgré son tripot, malgré son argent, il y a encore quelque chose. Cela ne va que contribuer à rendre les choses plus difficiles… Mais pas le choix que de l’affronter, une fois encore. Il y a du vrai dans ce que Cat me dit. Je ne suis pas aveugle, ni insensible. Je sais bien que les choses sont complexes, et que je ne suis pas rétribué, en aucune manière, pour ce que je fais et ce que je mise.

| C’est un outil plus qu’un recours. Je dois y réfléchir. Je dois me préparer à tout ce qui va suivre, Selina. Mais Bruce Wayne n’a plus d’importance, aujourd’hui. Il est disparu, et personne n’est parti à la recherche de ses fantasques aventures du bout du monde. Mon nom n’est plus rien, aujourd’hui. C’est un outil de plus à la palette de ceux que je peux mobiliser, c’est bien tout. |

Pour le reste, je me dois évidemment de la contredire.

| Si, Cat, cela a tout à voir. |

C’est lourd de sens qu’elle ne me donne pas du « bat » en retour. Ce fossé s’est creusé, et notre intimité a été abolie. Elle reste pourtant vivace dans nos cœurs et dans nos corps, qui ne demandent qu’à se retrouver. Mais plus que quiconque, je suis un être de raison, et je distingue bien les appétits du corps de ceux du cœur. Je reste prudent. Vis-à-vis d’elle, et de ce que je peux lui confier. Je la dévisage longuement.

| Ce n’est pas à un blaireau que tu vendras, mais à une chauve-souris. C’est moi qui vais racheter. D'une manière, ou d'une autre. Tu reconnaîtras ma patte, dans la proposition. |

C’est peut être déjà trop. Mais comme ça, elle sait. Elle ne sait pas pourquoi, ni comment… Et c’est justement des variables de mon plan qu’il me faut adapter en permanence. Parce que d’autres vies que les nôtres sont en jeu dans cette affaire. Je continue de la regarder. Alors, je brise le statu quo. Replace une de ses mèches brunes derrière son oreille. Glisse ma main contre sa nuque. Doucement, sans qu’on ne distingue de la timidité de la gêne, que de la langueur du geste. J’embrasse Cat sur le front, non sans tendresse, cette fois évidente. Comme un baiser de regrets.

| Pour le meilleur et pour le pire, j’espère te revoir en tenue, Cat. C’est ça, le vrai toi. Et pas la mère maquerelle de cet endroit qui sent le cigare, le whisky et le sexe. |

Je m’éloigne. Ce n’est pas le moment de rajouter de la complexité à ce monceau de difficultés, devant moi.

| Fais attention à toi, Cat. Il va bientôt venir te demander des comptes. Les choses vont devenir plus sombres, et le rester un moment. Si tu accèdes à mes quelques demandes de ce soir, ce sera déjà un premier pas… Mais tu restes libre, malgré tout. Libre de choisir. |

De quel côté, et avec qui elle allait se battre. Je la regarde une dernière fois. Mais je ne dis rien, et tourne les talons, lentement, déterminé. Je suis venu instiller mes messages, jeter quelques ébauches de mon plan, jauger ses intentions. J’ai confiance. Je suis bête, peut être. Mais si un fossé rempli d’épieux se dresse entre nous, il y a désormais une passerelle qui passe par-dessus.

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Bruce et Selina

Il pouvait bien avancer n'importe quel argument sur ce sujet, cela ne changera rien à la situation actuelle, parce que je savais bien qu'inconsciemment, il avait dû envisager l'option définitive pour certains de ses ennemis les plus virulents et dangereux. Mais je ne pouvais pas le laisser aller jusque-là, c'était impossible, cette ville avait besoin d'un justicier, pas d'un meurtrier, bien que pas grand monde ira lui jeter la pierre s'il en arrive à tuer Bane ou Joker, mais lui, lui, il ne se le pardonnera jamais. Pourtant, il me dit qu'il sait et je secoue la tête, n'arrivant pas vraiment à comprendre ce qu'il essayait de me dire. Ou pas, d'ailleurs, la frontière était assez floue. Mais je sais par expérience qu'il n'en dira pas davantage. Il n'était pas du genre à faire de grands discours de toute manière et je me contente de soupirer légèrement, essayant de contenir cette inquiétude et cette colère que je sentais monter en moi au fur et à mesure que les minutes passent. Pourtant, je n'y arrive pas, pas cette fois et sans pour autant crier ou même élever la voix, je lui fais part de ce que cette situation m'inspire et peut-être que mon inquiétude se fait trop sentir, mon incompréhension également, mais je n'en reviens tout simplement pas qu'on puisse avoir ce genre de conversation. Il y a deux ans, elle n'aurait sans doute jamais eu lieu. Ciel que je détestais ces derniers mois, je maudissais le fait qu'il soit partit, mais plus encore, j'avais une rancœur tenace contre ceux qui m'ont forcé la main et qui m'ont mise dans cette situation. Mais je ne pouvais pas le laisser faire, c'était quelque chose que je savais au fond de moi et il le savait désormais. Je fus surprise de la justification qu'il avançait et ouvrit la bouche pour répondre, mais me révise. Il n'avait pas tort au final. Deux ans que Bruce Wayne était parti, mais personne n'avait été faire part de son inquiétude, pas même moi, même si je savais où il était parti. Est-ce que j'aurais dû ? Sans doute. Mais qu'il sacrifie son identité au profit de ce qu'il est, je n'arrivais vraiment pas à me faire à cette idée. " Il n'y a que toi pour prendre une telle décision après tout." Si j'étais indépendante, il avait toujours mené sa barque comme il l'entendait également, même s'il se souciait plus des autres que moi. Je soupire, résignée, mais pas rassurée pour autant. Il tient à ma contredire et je me contente de secouer la tête, gardant le silence. Essayer de me justifier sur le fait que je ne l'ai pas attendu n'en valait pas la peine. Certitude de le voir revenir ou pas, espoir ou pas, le fait est qu'il est là maintenant, que moi, je suis avec une autre et qu'un fossé s'est creusé de nouveau. Le même fossé qu'on avait mis tant d'années à traverser l'un comme l'autre. Un pas en avant, deux en arrière. Il en était de même présentement, sauf que là, je reculais plus que je n'avançais. Je reste silencieuse pendant quelques secondes avant qu'il ne reprenne la parole et m'annonce qu'il voulait racheter sa propre entreprise. Je hausse un sourcil, cureuse, mais renonce à lui demander comment il comptait s'y prendre. Il gardera ce mystère pour lui et c'est sans doute pas plus mal dans le fond. " Très bien, j'attendrais ton signal dans ce cas." Si cela pouvait lui permettre de récupérer un tant soit peu de ce qu'on lui avait pris, de ce que je lui avais pris, alors ce n'était sans doute pas une mauvaise chose. Mais le contact de sa main sur ma peau me fit le plus grand bien, ce n'était pas grand-chose, mais je sentais mon cœur s'emballer légèrement dans ma poitrine, tandis qu'il posait ses lèvres sur mon front. Si je me laissais aller, je savais que j'irais me réfugier dans ses bras, mais ce n'était pas le moment, alors je me contente simplement de fermer les yeux et d'avoir un sourire sur les lèvres. Le temps de me reprendre. " Pour le meilleur et pour le pire mh..." J'inspire et reprends levant les yeux vers lui. " Je sais, mais pour l'instant je me dois de rester à cette place." Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas sorti ma tenue pour autre chose que remettre les sbires du clown en place. Mais au fond, je savais que ce n'était plus qu'une question de temps désormais. Que ce soit avec lui ou contre lui, parce que les deux étaient possibles. Il s'éloigne, mais je ne bouge pas, je l'écoute une dernière fois et eus un sourire sincère sur les lèvres. " Je sais bien. J'attends ton signal pour mettre en marche la vente en tout cas. Et Bat... Fais attention à toi s'il te plait." Le regarder partir est au moins aussi difficile cette fois qu'elle ne l'avait été il y a deux ans. Je soupire et reste silencieuse quelques secondes. " Ne te perds pas dans les ténèbres parce que même moi je ne pourrais pas venir te chercher..." Un murmure, une peur inavouée et pourtant palpable. Je reste là encore quelques secondes avant de sortir de mon bureau et de regagner l'agitation du club. Il avait l'air d'avoir réussi à sortir sans encombres. Une bonne chose. Je repenserais à cette discussion plus tard, mais pour l'heure, j'avais un club à faire tourner et il fallait que je fasse bonne figure. Souris Cat. Il le faut.

Fin du RP

copyright Bloody Storm

Catwoman

So close, no matter how far, couldn't be much more from the heart. Forever trusting who we are and nothing else matters. Never opened myself this way, life is ours, we live it our way. All these words, I don't just say and nothing else matters.

KoalaVolant

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