Une soirée tranquille, c’était ce dont elle avait ni plus ni moins besoin après les récents évènements et ce qui l’attendait dans les heures à venir. Quelques heures pour souffler, s’aérer l’esprit comme si le temps viendrait se suspendre durant quelques heures avant de reprendre le cours de son écoulement et qu’elle ne soit à nouveau amenée à mettre son esprit à l’épreuve sur des questions infiniment plus importantes que le choix du bar dans lequel elle se rendrait avec son amie. Dinah Lance. Cela faisait longtemps qu’elles se connaissaient, vraiment longtemps, et Zatanna pouvait la compter aussi bien comme une amie que comme une alliée même si elles avaient des impératifs bien différents qu’elles se devaient de régler de leur côté en priorité. Ce fut donc poussée par cette nécessité de passer quelques heures avec une amie loin du tumulte qui faisait partie de leur vie que la magicienne lui donna rendez-vous à la sortie de la ville. Un endroit calme, dénué de toute interférence magique mais surtout sans âme pouvant venir perturber ce que comptait faire la jeune femme pour donner une réelle dimension à cette soirée qu’elle passerait avec Dinah.

- Ma chère Dinah, ce soir nous allons à Frisco ! lança-t-elle, un grand sourire venant étirer ses lèvres. Il n’était pas question de lui laisser penser une seconde de plus que leur soirée se résumerait à rester ici. Lui tendant la main, Zatanna concentra son esprit, visualisant leur destination. liatroP iot-ervuo à naS ocsicnarF, tnaved el s'relggumS evoc ! dit-elle avant que la magie ne se mettre à tordre l’espace peu à peu, chargeant l’air de ces particules si reconnaissables pour la jeune femme, afin d’ouvrir le portail dans les secondes suivantes. Une fois que cela fut ouvert, Zatanna entraîna son amie au travers, passant ainsi de la côte Est avec les frontières de Gotham à la côte Ouest en plein dans la Ville sur la baie. Une destination bien différente que la ville qu’elle côtoyait où elle comptait passer un bon moment. Loin d’être le plus grand bar de la ville le Smuggler’s présentait une carte tout à fait intéressante et son univers décoratif digne de l’attraction pirate à Disney était vraiment amusante et bien faite. Une fois que le portail fut soigneusement refermé, les deux jeunes femmes entrèrent alors dans l’établissement, ne se préoccupant que peu des regards qui s’étaient tournés vers elles à leur arrivée.

L’ambiance à l’intérieur fut vraiment plaisante et Zatanna se laissa quelque peu aller, profitant des différentes consommations proposées à la carte sans toutefois perdre pied : après tout elle devait les ramener de l’autre côté du pays, il valait mieux pour elles que la magicienne converse quelques traces de sobriété pour ne pas les amener au mauvais endroit. Lorsqu’elles ressortirent une légère brise vint leur caresser le visage, parfaitement salvatrice après la chaleur dans laquelle elles s’étaient trouvées, et prenant Dinah par le bras elles marchèrent jusqu’à trouver un endroit calme où la concentration pourrait être à son maximum. La ruelle devait se situer à une dizaine de minutes à peine du bar et elle était si calme que cela contrastait grandement avec le brouhaha ambiant dans lequel elles s’étaient plongées pour quelques heures. Ainsi seules, Zatanna pourrait plus aisément se concentrer mais c’était sans compter sur cette interruption qui survint. De petits bruits de pas sur le bitume. Ce coup porté sur l’arrière de son crâne, suffisamment puissant pour l’envoyer dans les tréfonds de l’inconscience sans qu’elle ne puisse avoir le temps de réagir pour se défendre.

San Francisco était une ville particulièrement agréable au sein de laquelle Zatanna aimait régulièrement se rendre, que cela soit pour des représentations dans les différents théâtres ou tout simplement pour profiter un peu de ce qui était offert par les différents lieux d’animations. Il allait donc de soi que la magicienne choisisse Frisco comme destination pour une virée avec cette grande amie qu’était Dinah Lance.

Donner rendez-vous à cette dernière aux frontières de Gotham devait probablement laisser perplexe, la plonger dans une certaine réflexions quant aux raisons d’un rendez-vous en un tel endroit. Une petite plaisanterie afin de dignement cacher la réelle raison… un plan qui laissait un petit sourire satisfait sur les lèvres de Zatanna. Lorsqu’elle annonça à son amie le lieu où elle comptait les emmener, Dinah laissa échapper un rire franc qui vint agrandir un peu plus le sourire de la jeune femme qui ignora sciemment la question qui suivit. Comment comptait-elle les emmener ? La réponse tombait autant sous le sens que le fameux « l’eau, ça mouille ». Avec cette facilité qui était la sienne, la magicienne ouvrit un portail directement sur le trottoir donnant sur l’entrée du bar qu’elle avait soigneusement choisit, sans réellement se soucier des réactions que cela pourrait provoquer chez les passants à ce moment-là. Ce ne fut que lorsqu’elles eurent traversé le portail et que la magicienne l’eut refermé derrière elles que Dinah s’exprima à nouveau.

- Deal et en échange tu m’apprendra quelques mouvements défensifs, répondit-elle avant de prendre le feutre que lui tendait un homme qui venait de s’approcher d’elles, signant l’affiche qu’il lui présenta. Le saluant elle s’empressa par la suite d’entraîner son amie à l’intérieur de l’établissement.

Consommant rarement de l’alcool, en particulier lorsqu’elle devait être en pleine possession de ses capacités pour sa profession, Zatanna aimait cependant pouvoir participer à des soirée mondaines ou s’accorder des moments simples durant lesquels elle se libérait. Elle ne compta rapidement plus les verres ou shots consommés, finissant par se laisser aller dans cette ambiance festive en montant sur le bar et dansant comme une folle, sans soucier des regards. Profiter simplement de l’euphorie du moment. Les vapeurs d’alcool inhibant ses sens et altérant quelque peu son équilibre, elle finit par regagner le sol stable probablement à une heure fort tardive sonnant l’heure pour les deux amies de regagner la côte Est. Si toutefois il n’y avait pas ce trou noir quelques instants après qu’elles soient arrivées dans une ruelle à quelques minutes du bar qu’elles avaient quitté.

L’esprit vaporeux, ce fut le mal de crâne qui réveilla Zatanna tandis quelque chose lui mettait de petits coups au niveau des jambes. Que s’était-il passé ? Elle n’en avait pas la moindre idée et ne risquait pas de le découvrir dans l’immédiat alors que ses yeux prenaient du temps à faire la mise au point. La douleur était lancinante et il lui semblait sentir un liquide poisseux coller ses cheveux mais elle ne savait pas si c’était son imagination ou bien réellement le résultat d’un coup sacrément bien porté sur le côté de sa tête. Ederm ! Unique pensée qui émergea alors que son regard se posait sur une Dinah… attachée à une chaise ?! Zatanna plissa tout d’abord les yeux avant de froncer les sourcils, remarquant qu’une douleur venait aussi de sa mâchoire.

- D..mpfh…ah, tenta-t-elle de dire avant que l’inconfort généré par le bâillon ne l’amène à se stopper. Ô que cela sentait mauvais ! Ecarquillant les yeux, la magicienne balaya les alentours du regard avant qu’il ne se pose sur un objet à peine plus haut que trois concombres et vêtu comme un Napoléon bas de gamme. La terreur de son enfance : Oscar Hampel.

- Aussi connue sois-tu, tu n’as pas été facile à retrouver Zatanna. Cette fois papa ne sera pas là pour toi ! déclara le pantin qui se mis en mouvement pour se rapprocher d’elles. Alors comme ça on est amie avec la petite magicienne de pacotille ? demanda-t-il avant de sauter sur les genoux de Dinah, se mettant à hauteur de son visage.

Avait-elle déjà eu peur dans sans vie ? Oui et plus d’une fois, sous des degrés et des situations bien différentes. L’appréhension d’échouer lors de la première semaines de chacune de ses tournées. La crainte ressentie lorsqu’elle avait été assaillie par la solitude à Shadowcrest lorsque son père avait été emporté par la Mort. La peur panique lorsqu’enfant elle avait été témoin d’un crime, le meurtrier cherchant à abattre son couteau vers elle avant que son père ne s’interpose et maudisse cet homme. Oscar Hampel… Un nom qu’elle avait rangé bien loin dans son esprit, repoussé par le traumatisme et enfermé par des années d’apprentissage de la magie, des savoirs occultes. Cela faisait bien vingt ans qu’elle n’avait pas revu ce maudit visage de pantin au sourire figé, aux mouvements désarticulés et dont les cliquetis produits par les pas des chaussures en bois provoquaient de terribles frissons lorsqu’elle les entendait. Que voulait-il ? Pourquoi s’en prenait-il à elle maintenant ? Elle n’était pas revenue à San Francisco depuis bien longtemps… Malgré la douleur lancinante qui assaillait son crâne, Zatanna écarquilla les yeux lorsqu’elle vit le pantin se rapprocher dangereusement de Dinah jusqu’à venir grimper sur ses jambes pour se mettre à sa hauteur.

- Cette merde ? Tu n’es pas très polie jeune f… l’entendit-elle commencer à répliquer avant qu’elle ne voit la tête de son amie se rapprocher rapidement avec force de celle de Hampel, faisant tomber ce dernier au sol dans un claquement comme s’il s’agissait d’un jouet qu’un enfant jetait au sol. Sentant sa respiration s’accélérer sous le poids de l’appréhension, la magicienne commença à bouger ses poignets malgré les liens relativement serrés dans le but de commencer à les détendre. lep…mmmf…amH, po…mpfh Rah qu’il était frustrant de ne pouvoir prononcer le moindre mot pour neutraliser le marionnettiste maudit comme pour venir en aide à son amie tout aussi entravée qu’elle. De petits cliquetis se firent à nouveau entendre et le pantin se remis sur ses pieds avant de se reculer dans l’ombre, semblant récupérer quelque chose.

- Vous sortir de là… Voilà qui est fort présomptueux jeune fille, tu es entravée et la petite magicienne ne peut lancer le moindre sort. C’est donc moi qui ai le pouvoir de décider qui sort d’ici ! répondit-il la hauteur de sa voix quelque peu atténuée par la distance avant qu’elle n’augmente à nouveau, signe qu’il revenait vers elles. Vingt ans que ton cher papa m’a maudit par ta faute Zatanna, tu crois vraiment que tu allais t’en sortir comme ça ? Ce salaud osait réellement rejeter la faute sur elle, lui qui avait drogué puis brûlé ses employeurs qui lui refusaient la scène ? Lui qui avait poignardé le directeur du théâtre où il s’était représenté au côté de Zatara, pris sur le fait alors qu’il volait des biens de son père ? Il n’y avait que les psychopathes dans son genres qui osaient faire cela comme s’ils n’avaient rien fait de répréhensible. Un cri de colère s’échappa de la gorge de Zatanna, en partie atténué par le bâillon.

Comment pouvait-elle expliquer à Dinah comment neutraliser Hampel suffisamment longtemps pour qu’elles puissent se libérer et l’enfermer quelque part ? Comment s’assurer qu’aucune d’entre elles ne reçoive un coup de couteau dans les minutes qui suivraient ? La magicienne commença à s’agiter, continuant son mouvement de torsion des poignets malgré la douleur de la brûlure engendrée par le frottement du cordage contre sa peau s’ajoutait à la douleur à sa tête.

- Je vais commencer par ton amie, Zatanna. Promis je vais prendre mon temps pour que tu puisses bien regarder, chantonna-t-il joyeusement alors qu’il s’approchait de Dinah, agitant un couteau qui -de là où se trouvait la magicienne- semblait bien aiguisé, prêt à taillader la moindre parcelle de corps à sa portée.

Avec la menace que représentait Enchanteress, la magicienne en avait oublié la folie vindicative de Hampel, son désir si ardent de terminer son travail et de se venger de Zatara. Ce qu’il se passait en cet instant lui rappelait qu’elle ne pouvait pas baisser sa garde tant qu’un de ses ennemis pouvait encore courir dans la nature. Avec le retour de cet homme maudit, elle faisait aussi face au traumatisme le plus profond qu’il avait provoqué en elle : la peur des marionnettes et autres pantins. De viles créations dont elle ne pouvait décemment pas s’approcher avec calme ni sans s’assurer qu’elles étaient bien dénuées de la moindre trace de vie. Malgré cette douleur lancinante qui assaillait son crâne, Zatanna commença à bouger ses poignets, les mouvant dans un sens puis dans un autre pour que peu à peu elle puisse sentir les cordes commencer à se distendre sans que toutefois cela puisse être suffisant pour qu’elle se libère dans l’immédiat. Elle poussa un grognement puis posa à nouveau son regard sur son amie vers laquelle s’approchait le pantin armé, elle le vit presser le pas puis elle vit Dinah basculer en arrière et la lame réfléchit la faible lumière.

A nouveau la magicienne écarquilla les yeux, tentant de prononcer le nom de son amie dont elle voyait du sang s’écouler de la plaie causée par le couteau. Ce salaud devrait payer pour ses crimes et cette maudite soirée, en temps voulu car pour le moment elles étaient toutes deux en mauvaise posture. Dinah sembla avoir réussit ce qu’elle avait imaginé : parvenir à se libérer, au prix du sang. Zatanna la vit avoir une main libérée puis la seconde alors qu’Oscar revenait encore à la charge, il fallait faire vite sans quoi elles risquaient plus qu’une coupure au couteau. La jeune femme continua à tourner ses poignet malgré la chaleur qu’elle ressentait à l’endroit où la corde jusqu’à ce que l’entrave soit suffisamment lâche pour qu’elle puisse à son tour se libérer. Alors qu’elle ressentait une pointe de satisfaction à s’être libérée rapidement malgré son état, elle s’empressa de faire tomber son bâillon sur son cou.

- racsO lepmaH pots ! lança-t-elle d’une voix forte, venant frapper le pantin d’une vague de magie qui le figea dans son mouvement d’attaque contre Dinah. Tu oublies à qui tu as affaire, Hampel, ajouta-t-elle alors qu’elle s’attelait à libérer ses pieds. Se levant rapidement sa vision commença à tourner et le vertige l’assaillant, elle dû s’empêcher d’aller auprès de son amie le temps qu’elle puisse retrouver un semblant de stabilité. Une profonde inspiration puis expulsa lentement l’air de ses poumons et répéta l’opération jusqu’à ce que ça aille mieux. Ce ne fut donc que lorsqu’elle fut fin prête qu’elle se rapprocha de son amie qui se libérait de ses entraves.

- Je suis désolée, j’étais persuadée qu’il avait enfermé de sorte à ce qu’il ne puisse faire de mal à qui que ce soit. Je vais devoir m’en occuper moi-même… Dinah ton bras ! dit-elle avant de s’exclamer en ayant une « meilleure » vision de la blessure infligée par le psychopathe maudit. Sans plus de cérémonie la magicienne attrapa le bras blessé de son amie par le poignet et plaça sa main libre à quelques centimètre au-dessus de la plaie. siréuG !

Savoir se libérer d'entraves était un tour des plus connus dans la profession et dès sa plus tendre enfance Zatanna avait été entrainée à s'en défaire dans se nombreuses conditions, des plus simples aux plus périlleuses. Des enseignements qui devaient par la suite lui permettre de produire des tours toujours plus efficaces et innovants pour impressionner ceux qui se déplaçaient pour la voir. Un savoir-faire acquis qui pouvait s'avérer plus qu'utile dans cette vie où elle était amenée à faire face à de nombreux dangers. Dans des situations comme celle à laquelle elle faisait face, au côté de Dinah. Ce fut alors avec les poignets quelques peu affectés par sa technique pour se libérer de ses entraves, que Zatanna s'empressa d'ôter son baillon et d'utiliser la magie pour figer Hampel, le rendant ainsi inoffensif quoi que se trouvant dans une position on ne peut plus menaçante. Dans l'immédiat il lui fallait aider Dinah, non seulement parce qu'elle était son amie et que la magicienne ne se pardonnerait pas s'il lui arrivait quoi que ce soit alors qu'elle serait sans défense mais aussi parce qu'il lui fallait un soutien si jamais elle ne se trouvait pas en état de terminer ce qu'elle avait à faire. Mais alors que sa vision se brouillait quelque peu et qu'elle se sentait sur le point de chanceler, elle se sentie être retenue par la présence de Dinah contre elle.

- Je t'expliquerai plus tard, promis, répondit-elle avant de remarquer le bras sanguinolant de son amie qu'elle s'empressa de guérir non sans s'être exclamée face à cette vision.

La magicienne serra les mâchoires : la blessure était survenue à cause d'elle. Rien de tout cela ne se serait passé si elle s'était assurée que Hampel soit enfermé quelque où il ne pourrait l'atteindre. Les mots qu'eut Dinah tirèrent Zatanna de ses pensées et lui arrachèrent un fin sourire, elle vint lui prendre la main pour la presser avec douceur avant de la relâcher alors que son amie lui demandait qu'elle était la suite. La magicienne prit une profonde inspiration puis s'écartant de la justicière, elle vint s'accroupir près du pantin figé dans sa position d'attaque. Se trouver aussi proche de lui la révulsait au plus haut point, elle pourrait sa mâchoire trembler si toutefois elle ne la serrait pas. Elle resta là un instant à lutter contre elle-même avant de tendre le bras pour venir arracher le couteau de cette petite main de bois et le jeter le plus loin possible.

- La caisse qui est près de la porte, prends-la s'il te plait, je vais l'y mettre et la sceller. Et... Et quoi ? Elle l'enterrerait ? Elle la confierait à un de ses alliés quitte à leur montrer qu'elle n'était pas capable de régler ses problèmes sans une aide extérieure ? Elle la ferait couler dans le béton ou la baie de San Francisco ? L'enverrait-elle dans un poche dimmensionnelle ou la garderait-elle à Shadow... non il était hors de question qu'elle garde Hampel auprès de puissants artefacts. Venant se masser les tempes, elle soupira. On va prendre un taxi et enterrer la boîte plus au nord, dans la Golden Gate Recreaction Area. Personne ne pensera à y creuser, finit-elle avant de mettre ses paroles à exécution.

Zatanna luttait contre elle-même, contre cette peur viscérale qui la suivait depuis l’enfance, face à cette marionnette qu’était Oscar Hampel depuis qu’il avait été maudit par son père. Elle ne pouvait pas lui rendre son apparence humaine et le remettre à la police, elle ne pouvait pas non plus le détruire tant ce qui avait été apposé sur lui était puissant même plusieurs années après le décès de son poseur. Il pouvait être rendu inoffensif comme en cet instant mais la magicienne ignorait combien de temps cela pouvait durer car après tout la tournure qu’avait pris sa soirée avec Dinah prouvait que Hampel avait de la ressource et qu’il pouvait se libérer d’endroits où il était enfermé. Seule la présence de son amie lui permettait de rester concentrée et de ne pas se noyer sous les souvenirs qui remontaient à la surface de son esprit avec force. La main qu’elle senti sur son épaule la détendit quelque peu avant qu’elle ne hoche la tête à la proposition de la jeune femme. Relâchant un profond soupir, la magicienne se recula de quelques pas puis laissant son amie s’affairer, elle détourna le regard préférant pas regarder ce monstre une seconde de plus alors qu’il lui fallait se soigner.

Lorsqu’elle entendit le signal de Dinah, la magicienne prit une profonde inspiration la suivit d’un pas décidé. Il fallut affronter une porte verrouillée avant qu’enfin elles puissent retrouver l’air frais nocturne et ne puissent s’éloigner de cet endroit pour trouver un taxi.

- Je n’en doute pas, j’aurai tout autant préféré qu’on fasse une tournée des bars… Cela devrait être assez pour un temps, s’il avait des alliés ils mettrons un moment avant de le retrouver, répondit-elle alors qu’elles arrivaient au niveau d’une rue fréquentée, avant d’appeler un taxi.

*****

La forêt était calme tant et si bien qu’alors que les deux femmes s’éloignaient du parking, il leur était encore possible d’entendre le moteur du taxi tourner en les attendant. Les minutes défilèrent au rythme des mètres effacés avant que Zatanna n’indique un pin suffisamment éloigné du moindre passage de randonneurs.

- J’ai rencontré Oscar Hampel lorsque j’étais enfant et à l’époque il était un marionnettiste sur le déclin, tentant de survivre en commettant des larcins, commença-t-elle à expliquer alors qu’elle indiquait à Dinah qu’elle pouvait poser la boîte. Focalisant son esprit sur ce qu’elle voulait faire, elle lança alors un sort qui vint creuser un trou sur une profondeur d’environs un mètre. Un soir où mon père s’était représenté, le directeur du théâtre a surpris Hampel en train de voler dans son coffre et il s’est fait tué pour avoir tenté de l’en empêcher. Malheureusement pour moi j’ai tout entendu et quand je l’ai vu tenter de s’enfuir… il a tenté de me poignarder. Prenant une inspiration elle s’approcha de la caisse avant de s’atteler à minutieusement la sceller à l’aide de la magie, pour rendre la tâche plus difficile à Hampel si le premier sort venait à se rompre. Encore aujourd’hui j’ignore comment il a fait mais mon père est intervenu. Pour me protéger il a maudit Hampel en le faisant prisonnier de sa marionnette et depuis je les ai en horreur, finit-elle avant de se relever, tendant la main vers la boîte. etivèL !

A peine le mot prononcé, la boîte s’éleva doucement puis suivant le geste de la magicienne elle se déplaça avant de s’enfoncer peu à peu dans le trou qui avait été creusé à cette fin. Elle ignorait combien de temps ce stratagème tiendrait mais il fallait que ce soit le plus longtemps possible, il était hors de question qu'Enchantress apprenne son existence et s'en serve contre elle. Une fois que la boîte eu atteint le fond de l'excavation, Zatanna s'employa à la recouvrir.

- Pardonne-moi Dinah, je n'aurais pas cru qu'il puisse s'en prendre à nous de cette manière. Je n'ai pas été assez vigilante, dit-elle après s'être retournée vers son amie.

Expliquer la situation à Dinah n’était pas vraiment un exercice facile. Non pas que Zatanna craignait que son amie puisse se moquer d’elle de quelque façon que ce soit mais il s’agissait de replonger dans des souvenirs qui avaient été suffisamment traumatisants pour la hanter encore aujourd’hui. L’effort avait été rude pour ne serait-ce que regarder Hampel sans être pétrifiée par la peur, le fait que Dinah soit menacée avait grandement plus l’aider à trouver ce supplément de force pour agir mais cela ne l’épargnait pas de s’en vouloir qu’elle se soit retrouvée dans cette situation à ses côtés. Jusqu’où serait allé Hampel pour la torturer avant de la tuer ? Ne serait-ce qu’à cette question flottant dans son esprit alors qu’elle recouvrait le trou dans lequel avait été déposée la boîte, Zatanna ne pouvait s’empêcher d’imagine tout ce qu’aurait pu subir son amie si elle n’avait rien fait. Qu’elle piètre amie elle pouvait faire… Ce ne fut que lorsqu’elle eut terminé sa tâche que Zatanna se retourna enfin vers la blonde et lui présenta ses excuses. Oui, elle s’en voulait que Dinah se soit retrouvée dans cette situation et elle savait que ce sentiment serait pire tout ça avait été plus dramatique.

Dinah venant lui prendre la main dans une volonté rassurante, la magicienne la pressa doucement : elle pouvait s’estimer chanceuse d’avoir quelqu’un comme Dinah dans son entourage. Elle prit une profonde inspiration puis expulsa doucement l’air de ses poumons tandis qu’elle essayait de ranger les souvenirs liés à Hampel dans un coin éloigné de son esprit. Il n’était pas question qu’il ne s’ajoute aux problèmes qu’elle avait déjà et qu’il se mette à la hanter dans ses rêves. Elle l’oublierait jusqu’à la prochaine fois et lui, il restait ici, sous terre et incapable de faire quoi que ce soit tant que la magie le tiendrait prisonnier.

- Tu sais que je t’adore Dinah. Je ne peux juste pas m’empêcher de me dire que ça aurait pu être bien pire si je n’avais pas su réagir, répondit-elle avant de se laisser aller à sourire alors qu’elle pensait à la proposition qui venait de lui être faite. Oui, allons-nous en. Même sous terre il me file les chocottes. Alors sans lâcher la main de son amie elle l’entraîna sur ce chemin qu’elles avaient emprunté pour venir jusqu’ici afin de retourner au taxi -dont le compteur tournait- et de retrouver un semblant d’insouciance entre amies.