Code by Sleepy

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Je sens les auras de mes protecteurs m’envelopper tendrement. Mon père n’a pas répondu mais mes demi-frères et mon oncle oui… Je ne suis plus seule en cet instant et c’est un immense réconfort. Un instant plus tard, le choc me propulse droit dans le bâtiment et je traverse les étages les uns après les autres comme s’ils étaient faits de papier. Je ne ressens aucune souffrance pourtant, il n’y a que ce halo doré qui m’entoure. Des images submergent mon esprit, je vois des combats qui se superposent, des uniformes que je n’arrive pas à identifier. Ça va trop vite, c’est trop intense, je me noie. La Guerre s’éveille, je la sens en moi, la connexion avec le front. C’est partout et nulle part. Mon coeur s’affole.

Des voix. Un choc brutal et douloureux.
Est-ce que j’hallucine ? Je n’arrive plus à savoir ce qui est réel et ce qui est fantasmé.
Il me faut quelques instants, les yeux grands ouverts, pour me reconnecter avec la réalité - ou ce que je crois être réel. Parce que plus rien n’a de sens. Je ne suis plus dans les entrailles du bâtiment, ou plutôt si, le bâtiment est tout autour de moi en pièce détachée. Et je flotte dans le vide, sans le vouloir.

Le ciel est devenu apocalypse.

Une chose énorme est sortie. Je me sens attirée par elle… J’observe, dans un état second, les gouttes de sang rouler le long de mon bras et s’envoler tout doucement…

Envoûtant spectacle…

Et puis soudain, je percute :
Je suis en train de flotter vers l’entité ! Merde !!!

Je me redresse d’un coup, yeux grands ouverts cette fois, l’esprit alerte. Combien de temps ai-je perdu pied ? Qu’est-ce qui est en train de m’arriver ?!

Autour de moi, ça crie toujours, ça hurle des sirènes. Et je vois des gens qui volent.

-Mais qu’est-ce qui se passe ?



Je vois un pan de mur être attiré vers une civile. Par réflexe, j’enroule le lasso autour de sa taille et la tracte vers moi pour la dévier de la trajectoire. J’ai l’impression de flotter dans un cauchemar, mais la souffrance physique qui recommence à irradier de chacun de mes membres achève de m’ancrer solidement dans la réalité. Tout ça est bien en train d’arriver. Qu’est-ce que c’est que cette chose ?!

Je ramène à moi la civile. J’essaie d'attraper ceux qui sont à portée, de les éloigner de ce nouvel enfer qui nous tombe droit dessus et d’esquiver ou repousser les projectiles. Je leur dis de s’agripper au lasso ou de se tenir les uns aux autres, c’est le mieux que j’ai à leur offrir en cet instant : une prise et un semblant de protection contre les débris. Deux kryptoniens ont disparu. Le général Dru-Zod et cette fille… Ils nous ont ouvert les portes du Tartare ou son équivalent pour mieux disparaître derrière. La rage m’étreint à nouveau, pendant quelques instants je brûle de vengeance et de combat, je me promet de les traquer dans le monde entier s’il le faut et de leur faire payer pour leurs crimes…

Un hurlement me ramène à des considérations autrement plus urgentes. Un bloc de béton armé file vers un homme. La tige de métal s’enfonce profondément dans son abdomen bien avant que je n’ai le temps d’intervenir et je le vois, je le sens... Il n’y a plus rien à faire pour lui.  

Ma rage est supplantée par un profond chagrin. Je me sens douloureusement faible et impuissante, mais je puise dans mes réserves pour continuer à avancer. Je peux peut-être en sauver quelques-uns, des innocents.  

Kal-El, est-ce qu’il va bien ?

Parmi les kryptoniens restants, j’identifie la jeune fille qui s’est approchée de la machine. Celle qui a surgit des entrailles du bâtiment, qui m’a demandé de ne pas détruire la technologie alien, qui l’a manipulé…  

-Qu’est-ce que tu as fait ?! Qu’est-ce que c’est, ces choses qui sont en train de sortir ?!

Je sais qu'elle m’entend, quelque soit la distance. Elle est la dernière à avoir touché l’engin, a-t-elle quelque chose à voir avec ce qui est en train de se passer ?! Ce qui est en train de s’échapper de la zone fantôme ?

Je ne comprends pas son comportement. Elle n’est pas meurtrière comme les autres, elle n’a pas pour autant montré de signe de bienveillance envers nous. Elle ne s’est pas encore échappée avec les autres et tend la main à deux personnes…

Je reconnais Morgan. La rouquine doit être son alliée. Mon sang ne fait qu’un tour.

J’ai promis à Kal. Deux civils.
Ils sont là, si proches et si loin… La kryptonienne pourrait leur briser la nuque bien avant que je n'aie le temps d’arriver à portée.

-Ne leur fais pas de mal… Il y a eu assez d’innocents tués aujourd’hui…

Un souffle, destinée à cette kryptonienne. Une supplique, peut-être.

C’est la raison qui prime en cet instant sur la rage qui m’embrase. Elles alternent tour à tour, me poussent à réagir ou non. Cette même raison qui me pousse à ne pas attaquer frontalement cette petite qui a un comportement intriguant. L’envie d’en découdre est là pourtant. Mon esprit me souffle que le combat est terminé cela dit - celui contre les kryptoniens du moins. C’est un nouveau genre d’ennemi que nous allons devoir affronter à présent, un ennemi que les semblables de Clark ont décidé de fuir. Ça en dit long sur le danger…

Lâches et sans honneur.

Je m’approche, repousse sans effort un morceau de poteau et le dévie dans une direction où je ne vois personne sinon le monstre énorme qui est en train de renverser la gravité.

-Tu n’es pas comme les autres.

Je me trompe peut-être.
Je ne l’ai pas vu tuer là où les autres s’en étaient donné à cœur joie en extériorisant une violence primitive et barbare. En massacrant pour leur plus pur plaisir sadique. Elle ne paraît pas non plus agressive en cet instant.

Et moi, à quoi je ressemble, couverte de blessures et de sang, bouclier défoncé, armure salement amochée, rayonnant de cette nouvelle essence divine qui est devenue mienne et galvanisée par mon nouveau panthéon ? Amazone jusqu’au bout des ongles, fière et droite même quand tout aurait voulu que je rampe au sol. La force finira par me quitter, je m’effondrerais alors et ce sera brutal, mais j’entends bien puiser jusqu’à mes dernières réserves d’énergie pour protéger ce qui peut l’être.

-Qui es-tu ?

L’occuper suffisamment longtemps pour qu’elle détourne son attention de Morgan et de son acolyte. Qu’il ne lui vienne pas l’idée de leur faire du mal…  Elle ne semble pas manifester de malveillance envers eux, pour l'heure.
Je ravale ma colère, opte pour une trêve, cherche à sonder l'âme de cette étrangère.

-Si il y a un tant soit peu de bonté en toi... Aide moi à les sauver.

Je lui montre de ma main libre l'étendue et le chaos autour de nous. Toutes ces personnes qui sont prises au piège. Une bouteille à la mer. Je ne sais toujours rien de cette fille, elle est peut-être encore pire que les autres. Ou meilleure. Comment savoir ? Je vais vite le découvrir.

Récupérer les protégés de Kal-El et sortir de cette zone de gravité inversée pour déposer les civils à terre. Revenir, essayer de sauver les autres s’il en restent qui respirent encore…

Et ensuite, ensuite... Trouver un moyen de détruire ces foutus monstres et de refermer la faille.

J’ai mes objectifs.
Je n'ai pas plus de temps à perdre, je dois faire vite.

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Spoiler:

 

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Quelques civils évacués du champ, c’est une piètre consolation mais s’en est une tout de même. Je fais de mon mieux dans mon état de faiblesse pour agripper ce qui est à ma portée, sortir des civils de la zone, et revenir en chercher d’autres. Mais plus les minutes passent et plus il me faut lutter. Je sens alors que la fin est proche, le point de non retour…

Et je dois alors choisir d’abandonner ce nouveau combat et ces gens que j’entends hurler dans les airs pour m’éloigner de cette gravité qui se durcit un peu plus à chaque instant. C’est comme tenter de marcher dans une étendue de gel d’une densité à couper le souffler. Je dois forcer comme un boeuf pour réussir à avancer de quelques mètres et je sens toute mes blessures se crisper et la douleur me submerger un peu plus au gré des efforts…

Et puis c’est la fin.

Quelque chose me projette violemment en avant et je perds le contrôle de ma trajectoire pour aller m’encastrer dans une voiture bien plus loin en contrebas. La toile se froisse sous l’impact comme un bout de chiffon et j’y demeure un moment inerte, sonnée, incapable de penser, de voir et d’entendre.

Pendant un moment, je contemple ce ciel redevenu bleu comme si tout ce qui venait de se produire n’était jamais arrivé. J’ai presque envie de me laisser aller et de céder à la facilité. Fermer les yeux, m’endormir là… Une part de ma conscience lutte cependant pour reprendre pied.
Et puis peu à peu, mes douleurs se réveillent les unes après les autres. Mon corps devient un brasier, chaque recoin me fait souffrir le martyr.

Des bras se tendent pour m’aider à me redresser. Je n’arrive plus à savoir si j’ai affaire à des civils ou des militaires, leurs lèvres s’agitent mais leur voix ne portent pas à mes tympans. L’onde de choc m’a rendu sourde… Je fronce les sourcils, assise, observe autour de moi l’air hagarde.

-Kal…

Un murmure. Je le cherche et un profond soulagement m’étreins lorsque je l’aperçois vivant.

Le cœur de Métropolis a brûlé mais mon ami se porte bien. Suis-je devenue égoïste de me réjouir de si peu de chose ? Pour les avoir tous perdus dans le multivers, mes proches sont devenus plus important encore à mes yeux. Je ne peux me résoudre à les voir disparaître alors que je viens tout juste de les retrouver dans ce monde.  

Je ne vais pas bien. Je sens que je suis en train de défaillir physiquement et de me perdre psychiquement. J’ai accepté de changer pour protéger ce qui pouvait l’être aujourd’hui et j’espère que ce n’est pas pour le pire…

Ce calme plat autour de moi, le ciel redevenu normal, mon ouïe provisoirement endommagé, ne m’apporte aucune accalmie. Ça vibre dans mes tripes, je sens que nous sommes au cœur de la tempête. La violence se déchaîne encore, une bataille qui commence à peine… Ça résonne si fort, c’est comme si l’air vibrait d’une énergie nouvelle. Je n’aurais qu’à tendre le doigt pour toucher les fils et remonter chacun d’entre eux pour rejoindre une zone de combat. Une part de moi fulmine et appelle à se lever pour retourner là où est ma place, épée brandit, l’autre sait que la bataille est finit pour moi. Je n’ai plus la force, je ne contrôle pas mon nouvel héritage et il me dessert plus qu’il m’avantage.

Je me replie sur moi-même, une main crispée dans ma tignasse et ferme les yeux pour tenter de repousser les visions qui tentent de s’imposer à mon esprit.

"Vous ne me commandez pas".

Ma douleur m’aide à garder pied, elle me rappelle où je suis et m’ancre dans le présent. Je me concentre sur elle pour ne pas vriller. Et peu à peu, je recommence à percevoir quelques sons étouffés.

Toujours ces gens qui s’agitent autour de moi. Je croise des regards, ça a l’air de les rassurer. Je saisis une main et m’extirpe de cette carcasse de voiture, m’agrippe pour rester debout sur mes jambes bien amochées par les rayons de Zod. Il me semble entendre le mot “hôpital”... une proposition. Je secoue la tête.  

Où est donc passé mon bouclier ?
Et puis merde. Tant pis. Mon lasso et mon épée sont toujours là, c’est l’essentiel.

Je m’avance, fais quelques pas et lève la tête pour toiser mon ami, cherchant à accrocher son regard.

-Je ne peux plus me battre, Kal-El…

Un aveux qui me coûte en tant qu’amazone, mon honneur en prend un coup. Mais c'est aussi une preuve de sagesse de connaitre ses limites. Partir pour mieux revenir... Je sais qu’il m’entendra, quelque soit la distance. Je l’espère du moins. Ses tympans ont peut-être souffert comme les miens. Mais je commence à retrouver mon audition tout doucement.

-Prends la suite en main. Je reviendrai c’est promis.

Dès que je serai à nouveau sur pied. Ce n’est qu’une question de temps, je finis toujours par guérir.

J’offre un bref sourire aux personnes bienveillantes qui se sont souciées de mon sort et utilise mes dernières forces pour bondir dans les airs et m’extraire de la zone afin de regagner une planque sécurisée où je pourrai m’effondrer à souhait.

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Spoiler:

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